ISRHEA III ϟ your string of lights is still bright to me

Isra est retournée là où elle l’a vu pour la première fois.

Elle ne peut plus aller voir Rhea maintenant, pas après tout ça. La dragonne l’a rejeté et elle a bien raison. Alors la djinn est retournée là, à cet endroit qui comptait vraiment. Qui voulait dire quelque chose, même si ce n’était que le début des mensonges, ça avait aussi été le début des sourires. Ça avait été l’endroit où les Rhodes avaient été heureux, même si ça n’avait pas été très long, là où l’enfant invisible avait été envoyé pour les espionner, là où elle avait été ébloui pour la première fois par le sourire d’une petite fille. Maintenant cette petite fille avait grandi, maintenant elle ne souriait plus vraiment, et surtout elle ne se souvenait même plus d’ici.

C’était injuste. Injuste que ce soit l’intruse, dans ce lieu, qui en détienne la mémoire. Injuste que ses murs soient inconnus pour celle qui avait grandi là alors que celle qui les avait espionnés s’en souvenait bien trop. Injuste que les histoires inachevées qui flottaient dans les airs soit inaccessibles à celle qui les avait vécues alors que celle qui les avait vues de loin pouvait les raconter.

Et pour une fois, Isra a décidé de faire quelque chose. Ce n’est juste pour personne, ni pour Dakota, ni pour Rhysand, ni pour elle-même, et elle a toujours si désespérément peur du noir, mais elle a fait son choix ; si pour Rhea cela pouvait être un peu moins injuste, alors c’est la bonne chose à faire, non ?

Parce qu’elle est toujours terrifiée Isra, mais la douleur qu’elle avait aperçu dans les yeux verts de la blonde lui fait encore plus mal que l’anxiété qui l’étouffe. Elle a tout gâché, encore, et elle ne peut pas s’empêcher de croire la voix au fond d’elle qui lui murmure qu’ils seraient tous mieux sans elle.

Alors, Isra est retournée là où elle l’a rencontré pour la première fois. Pour regarder une dernière fois les restants de ce bonheur qu’elle a foutu en l’air et qu’à défaut de pouvoir rendre en entier, elle peut au moins tenter d’en rendre la sensation oubliée. Elle ne peut plus supporter d’être égoïste, elle n’a jamais voulu l’être, et après tout ce que Rhea a vécu par sa faute, elle lui doit au moins

Tant pis si elle doit se sacrifier.

Mais soudain elle entend des pas et, affolée, lève les yeux seulement pour croiser ceux de celle qu’elle ne s’attendait pas à croiser, ceux de celle qu’elle essaye de sauver.

Sa gorge se serre, pendant un instant elle n’a plus de mots, juste l’envie de se jeter dans ses bras. Sauf qu’elle n’a pas le droit. Pas tant qu’elle n’a pas fait ce qu’elle compte faire, tout en sachant très bien que si elle finit son dessein alors elle n’y aurait même plus accès - coincée entre les mondes pour une autre éternité.

Isra tressaille en entendant les phalanges craquées, elle aimerait pouvoir se recroqueviller, se rouler en boule par terre et se laisser rouer de coup si cela pouvait compenser. Au lieu de ça, elle va juste y laisser toute son énergie vitale, et se dissoudre dans le néant comme si elle n’avait jamais existé.

-C-c’est le seul moyen…

Elle aimerait bien que sa voix ne casse pas, à la fin de ses mots, elle aimerait bien ne pas pleurer, être une meilleure Isra, au moins pour cette fois.

-Je dois faire ça.

Je dois faire ça, Rhea, je dois le faire pour toi.