FAOXAS II 屮 take a good thing and fuck it all up

Encore aujourd’hui, Xas ne peut pas résister à la tentation de réparer, de sauver, d’aller mettre ses mains dans la plaie coagulée et jamais cicatrisée.

Souvent, il a repensé au claquement sonore de la porte derrière lui, le tout dernier regard qu’il a porté sur l’appartement de Nashville avant de tout envoyer péter. Souvent, il se demande ce qui aurait pu être différent, si Cléo et lui auraient pu ne pas être seuls avec tout ça, si Faolan aurait pu l’éloigner du précipice et éviter la chaîne de catastrophes jusqu’au démon, jusqu’à Flora, jusqu’à Abraxas lui-même. Mais c’est une utopie, une pirouette de conte pour enfants ; on ne peut pas revenir en arrière, inutile de faire semblant. Parce que ce n’est pas Phoebus qui a claqué la porte ce jour-là, ce n’est même pas les prémices du sorcier des âmes qu’il deviendrait. C’est le grand, bâtard, honteux, insoutenable Deuil et ses amis vêtus d’ombre et de regret.  Qu’importe qu’on courre, qu’on se cache, qu’on fuie ou qu’on le regarde droit dans les yeux avec le barillet d’un 95, il nous retrouve toujours, et Abraxas sent encore sa faux plantée entre deux vertèbres de son dos.

Lorsqu’il arrive devant la bâtisse en briques, il se sent comme une fourmi, insignifiante devant le luxuriant lierre et la vaste nature que l’arrière de la demeure laisse deviner. Il s’y reprend à deux fois pour frapper, remet d’abord sa main dans sa poche avant de la ramener sur le lourd cogne-porte, comme guidée par la voix dure d’Artemis. Don’t be such a fucking coward. Au moins, elle ne sera pas là. S’il a bien retenu quelque chose de leur entrevue dans la cuisine entre deux films avec Orpheus, c’est qu’elle passe moins de temps ici qu’à l’accoutumée.

Quand la porte s’ouvre, la première chose que Xas remarque, ce sont les cernes. Dans un camaïeu de violet et de bleu, tracées grossièrement jusqu’aux tempes, se fondant presque dans les couleurs qui avaient dû autrefois être vives de ses cheveux. Réparer, sauver, mettre ses mains dans la plaie. « Don’t shut the door just yet » il marmonne, non sans apprécier l’ironie de la situation. Une porte qui claque, une porte qui s’ouvre. Est-ce qu’il serait resté, si Esmée lui avait demandé ?
   

CODAGE PAR AMATIS
   

T’es seul·e au sanctuaire, Esmée, c’est peut-être l’unique raison pourquoi t’y es resté aujourd’hui. Tu peux plus croiser leurs regards, qu’ils soient chargés de pitié ou d’incompréhension, tu pourrais pas supporter d’y lire de la désapprobation sans t’effondrer pour de bon. T’es seul·e au sanctuaire avec ta gueule de bois et tes cauchemars qui veulent pas quitter ton crâne et s’incrustent sous l’intérieur de tes paupières, t’as presque les récurer à la javel mais ça te ferait trop peur d’être plongé dans le noir où se cache tes plus sombres pensées. T’es seul·e au sanctuaire et tu peux appeler personne parce que personne comprends, ni ta famille ni tes ami·e·s, y avait qu’une seule personne qui pouvait et c’est plus pareil avec elle maintenant.

T’es seul·e au sanctuaire et quand quelqu’un frappe à la porte, ça résonne dans les recoins de la bâtisse autant que dans les recoins de ton être. T’hésites, pendant quelques instants, à pas aller ouvrir du tout. À faire le mort, parce que de tout façon tu l’es déjà un peu à l’intérieur. Veuillez réessayez ultérieurement, aucun Riverwood n’est présent·e actuellement, parce que de toute façon tu mérites pas d’être nommé·e comme ça. T’espères que c’est pas quelqu’un avec de mauvaises intentions parce que t’es pas sûr·e que t’aurais la force de le repousser, alors que tu titubes encore du manques de ton sommeil trop troué.

Tu sais pas trop à quoi tu t’attendais Faolan quand t’as ouvert la porte, mais certainement pas à ça. Au début, tu te dis que t’as mal vu, que c’est pas vrai, que t’as confondu. Il a changé aussi - mais ça fait quoi, sept, huit ans que vous vous êtes pas vus ? T’es pas du genre à stalker sur les réseaux, et même à l'hôpital t’as pris soin de l’éviter ; tu tenais pas à le voir, et tu savais bien qu’il voulait pas te voir non plus. Alors, qu’est-ce qu’il fout là ? À toquer à la porte de l’habitat d’une famille qu’il méprise ?

Sa voix est plus rauque que dans tes souvenirs, en même temps même eux commencent à s’effacer. T’as envie de lui fermer la porte au nez mais t’es trop choqué pour réagir et avant que tu bouges, il te dit de pas le faire.

-What do ya want ?

T’es un peu trop fatigué·e pour être vraiment agressif·ve, mais tu restes méfiant·e, Fao. Après tout, ça s’est pas très bien passé, la dernière fois que vous vous êtes vus.
   

CODAGE PAR AMATIS
   

Heureusement que tu lea connais bien, malgré tout, et que tu l’as entendu•e parler des centaines de milliers de fois, parce que la seule chose qui te traverse l’esprit quand ael ouvre la bouche, c’est qu’avec la manière dont son accent fait bouger sa mâchoire tu serais dans la merde pour lea comprendre si c’était la première fois. Qu’est-ce que tu veux, Xas? « Just to talk » il croasse, douloureusement conscient de sa voix inadéquate. Il voudrait ravaler sa fierté plus facilement, il voudrait lui dire pardon, il voudrait lui dire les millions de trucs qu’il aurait du lui dire mais qui ne sortiront probablement jamais.

C’est marrant d’ailleurs, il ne réalise seulement maintenant que s’il a croisé Artemis à l’hôpital a plusieurs reprises, il n’a jamais croisé Fao. L’a t’ael évité sciemment? Coïncidence, délicatesse, peur ou malaise, certainement qu’aucune option ne serait bonne. « Thanks for being there for Orpheus and all » On dirait une platitude et peut-être que c’est est une parce qu’il ose pas demander à rentrer, et il ose pas demander pourquoi ael a une sale gueule à ce point (même s’il suspecte), et il ose pas tendre la branche d’olivier  métaphorique qui est en train de lui transpercer la peau. « I know what you did. » Il voulait pas que ça sorte de manière si sinistre, mais ça lui a échappé parce qu’il fallait parler, ne pas laisser le temps à Esmée de lui dire d’aller se faire foutre. « Thank you » Encore une fois. Merci de nous l’avoir rendu, merci de jamais avoir abandonné, merci d’avoir continué à l’aimer quand j’avais le dos tourné.
   

CODAGE PAR AMATIS