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Ven 26 Mar 2021 - 2:10
Perdu entre ses courbes, perdu entre leurs souffles, perdu entre ses reins, perdu, perdu, perdu. La tête qui tourne un peu, comme lorsqu'on fournit un ultime effort après avoir gravi la montagne, la tête qui tourne comme lorsqu'on commence à manquer d'oxygène, la tête qui tourne comme lorsqu'on s'asphyxie de désir. Seth est en sueur, il sent les ongles de Dizzalyr s'enfoncer dans son dos et glisser jusqu'à la cambrure de ses reins alors qu'elle l'attire toujours plus contre elle. Elle a ce pouvoir étonnant, détonnant, passionnant. Il n'est plus étonné, depuis le temps. Elle séduit, non pas d'une manière romantique, mais de façon à la fois plus subtile et plus brutale, plus charnelle. Elle est hypnotisante, un mystère à résoudre, et parfois il se demande si elle n'est pas simplement une illusion savamment orchestrée, digne d'un travail d'orfèvre.

Seth ne sait jamais ce qu'elle a en tête, et à cet instant, Seth n'en n'a que faire. Il est bien, là, entre ses cuisses, sa chaleur lui réchauffe les entrailles, son corps lui fait perdre la tête, et il en redemande encore, encore, encore. D'un geste infime, presque délicat, elle le repousse après de longues minutes, lui fait comprendre que c'est assez. Alors il se retire et s'effondre sur le matelas à côté d'elle. Elle est reine et impératrice, et il voudrait pouvoir satisfaire le moindre de ses désirs. Mais il sait également que sitôt qu'il aura rempli sa part du contrat, il se fera éliminer sans sourcillement de sa part. Dizzalyr est peut-être royale, presque divine, elle n'en demeure pas moins sans pitié. C'est ce qui caractérise les dieux, après tout, non ?

Alors Seth se méfie. Il est là pourtant, il est là comme elle l'a exigé un peu plus tôt. Comme un chien bien éduqué et un peu trop fidèle. Parfois, il se dit qu'il pourrait lui échapper. La vérité, c'est qu'il n'en n'a pas envie. Il la laisserait volontiers refermer ses griffes autour de lui, si elle ne mettait pas sa vie en danger. Oh, bien sûr, il y a cette histoire d'immortalité, d'intemporalité. Sur le plan technique, ils sont égaux. Mais tout le monde n'est pas marié à Asarith. Elle possède cet avantage que lui n'a pas : la marge de sécurité.

Passant une main dans ses cheveux roux imbibés de sueur, Seth soupire. À quoi bon ressasser tout cela ? Il est dans son propre lit, là, maintenant, tout de suite. Mais on dirait que c'est celui de Dizzalyr. Et il n'a pas envie d'aller ailleurs. Il tourne la tête pour croiser son regard et frissonne. Il fait froid, lorsqu'il n'est pas en elle. Et pourtant, il se sent libéré d'un poids. Un sourire lui étire les lèvres ; il sait comment lui échapper. Mais il ne le fera pas, pas tout de suite. La laisser croire qu'elle le domine, qu'elle le possède, est essentiel. Il ne faudrait pas qu'elle se rende compte qu'il est un peu plus animé qu'un pantin, doté d'une réflexion propre et aiguisée par les millénaires qu'il a déjà vécus.

Il prend sa main, sur laquelle il dépose un baiser presque tendre, puis il se dégage des draps sous son regard d'acier. Elle le transperce de ses yeux, mais ça ne l'intimide pas. Pourtant, plus d'un et plus d'une se sont retrouvés liquéfiés par son regard glacial. Mais pas lui. Il est en danger constant auprès d'elle, mais il n'a pas peur. Il sait ce qu'il peut lui apporter, il sait ce qu'elle peut lui donner, et c'est ce qui crée le fragile équilibre dans leur relation. Là où elle croit régner, lui agit dans l'ombre pour défaire ce qu'elle a déjà tissé, discrètement. Mais ils partagent quelque chose d'essentiel : leur point de vue sur l'humanité. Opportuniste, jalouse, faussement dominante, faible dans le fond, elle se reproduit comme les cafards, elle n'est que nuisance. Elle a grande gueule, l'humanité. Et pourtant, secrètement, dans le fond, il l'aime bien, cette humanité.

Michelangelo apparaît sous ses paupières closes. Lui n'était pas comme eux, lui avait bon cœur, lui était son humain favori. Lui, il lui donnait l'espoir que les hommes puissent être un peu plus que des insectes. Mais Michelangelo a disparu depuis des siècles. Pourquoi ruminer ce que l'on a déjà perdu ? La coïncidence le fait sourire. C'est Dizzalyr elle-même qui, des siècles plus tôt, lors d'une rencontre impromptue à Rome, lui avait suggéré de le tuer. Il avait refusé, prétextant que son corps était trop faible pour lui convenir. La vérité, c'était que Michelangelo était bien assez solide pour servir de réceptacle. Il n'était tout simplement pas prêt à tuer quelqu'un à qui il s'était attaché. Seth avait usé de tout son cynisme et de toute sa ruse pour échapper à ce qui relevait plutôt de l'ordre que de la suggestion. Il avait été furieux qu'elle ose réclamer ça de lui. Il n'avait pas compris pourquoi lui. Peut-être parce qu'il était là sur le moment, tout simplement.

Assis au bord du lit, Seth se rend compte que les secondes passées dans le silence s'étirent sans qu'un mot ne soit échangé. Il attrape son caleçon, ses chaussettes et son pantalon. Il a plus que tardé dans ce lit, il est l'heure de la faire partir. Tournant sur lui-même pour chercher son t-shirt, il s'interrompt en croisant son regard bleu et froid. Elle ne trahit aucune émotion ; en a-t-elle jamais eu ? Un sourire narquois sur le visage, il décide d'interrompre cette bataille silencieuse entre eux :

"Qu'est-ce qu'il y a, votre altesse sérénissime ? On dirait que vous avez perdu la voix."
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I want to ft. Dizzalyr Empty Re: I want to ft. Dizzalyr

Dim 28 Mar 2021 - 23:46
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Dizzalyr x Seth

Je le sens aller et venir comme s’il n’y avait rien d’autre au monde. Comme si sa vie en dépendait, que tout se jouait là, maintenant, entre les draps trempés de sueur. J’ai appelé et il répond, Seth, il répond de son énergie, de ce corps jeune qui est le sien, il va, il vient, et comme à chaque fois avec lui le plaisir est au rendez-vous. Une main entre ses omoplates, l’autre sur la cambrure de ses reins, et il s’agite comme il le peut, son corps se couvre de sueur. J’aimerais dire que le mien aussi, mais en vérité je ne fais rien, que fixer son visage d’enfant et gémir quand ça devient bon, ça devient bien, ça devient assez.
Je sais qu’au fond il me désire, plus grave, qu’au fond je le désire, mais ça n’a aucune importance. Nous sommes juste deux corps qui vibrent du même désir incontrôlé. Deux corps qui s’emboîtent à l’envi, lorsque l’une de nous -moi- le désire. Deux corps volés, qui ont appartenu avant à d’autres êtres biens moins vifs, bien moins intéressants ni beaux. Oui, ces corps on les a volés, pourtant on les a pas volés. Dès le début, ils auraient dû nous appartenir. Voilà tout ce à quoi je pense quand je sens Seth bouger en moi, éveiller ces frissons d’extase que j’ai attendus en silence.
D’un geste de la main, avec un délicat refus, je repousse son épaule trop claire pour qu’il retombe à mes côtés.
Faudrait pas que je m’habitue. J’ai appelé et il répond. J’ai appelé et il revient. J’ai appelé et il accueille, ça n’a aucun sens mais c’est vrai, mais il est là, tout en sueur, je demande et il s’exécute alors même qu’il est bien plus vieux, alors même qu’il est bien plus jeune, qu’il n’a pas de compte à me rendre pourtant je sais qu’il sera là.
Il fait chaud dans la chambre moite, j’aimerais bien replier mes bras sur quelque chose de plus tangible que le simple contact de mes seins, ces seins que jadis j’ai tétés, pourtant il n’y a rien au monde. J’aurais sans doute voulu qu’il reste, et le sentir qui jouit en moi, mais ça voudrait dire qu’il aime ça, et faudrait pas que je m’habitue. Et faudrait pas qu’il s’habitue. Il faudrait pas qu’on s’habitue.
Lorsqu’il se relève en un baisemain, je fais cette remarque en moi-même que je suis plus bien sûre de tout. C’est peut-être la nudité, ou bien cette merde de parfum qu’il y a dans l’air de l’appartement. Je sais plus qui joue, et si on est toujours un jeu, je sais même plus qui a gagné. Ce doit être moi, j’imagine, puisqu’il est là quand je l’appelle. Mais je suis pas folle et je sais qu’au fond de ses yeux, derrière ses lèvres, y a bien d’autres idées que les miennes et que j’y pourrai rien changer. Il est intelligent, c’est peut-être ça qui fait peur. Il est intelligent, et le souci avec ceux-là c’est qu’ils sont jamais de votre côté. Ils vous feront croire qu’ils le sont, je vous ferai croire que je le suis, et en fait il attendront l’heure où votre dos se dévoilera pour y planter une large lame.
Je le fixe, je sais plus bien pourquoi, je secoue la tête pour chasser mes doutes quand à sa loyauté. Car Seth n’est loyal qu’à lui-même, et si son ton mielleux suggère qu’il pourrait en être autrement, je dois garder ce fait en tête quand je plante mes ongles en son dos.

« Va pas croire que je suis ivre de désir, figlio di buena donna. »
Va pas oublier qui tu es, va pas oublier qui je suis. Le désir a cet effet là, mais je te permets pas de douter un seul instant qui mène la danse, je joue ce jeu depuis longtemps, sans doute plus longtemps que toi si on compte tous ces instants pourris que t’as gâchés au purgatoire.
Je finis par me redresser, assise en tailleur au milieu des draps, l’entrecuisses encore tout humide de cette étreinte désincarnée. Oui. On a volé des corps et on les force à nous servir, rien que d’imaginer cela pourrait mener à la jouissance bien plus que le moindre coup de reins. D’un regard, j’embrasse la chambre et sur le visage du rouquin le sourire glorieux de son âge. Il est insupportable.
« Tu as une cigarette pour moi ? »
Je suis nerveuse sans trop comprendre, je devrais remettre mes vêtements mais y a une part de moi qui est bien comme ça. Pas besoin d’avoir des vêtements pour cultiver de bruns mensonges. Pas besoin d’avoir des vêtements pour lui rappeler quelle est sa place. Pas besoin d’avoir des vêtements pour revêtir le rôle de reine.
Pas besoin d’avoir des vêtements pour être Dizzalyr Borgia.

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Mer 31 Mar 2021 - 11:03
"Va pas croire que je suis ivre de désir, figlio di buena donna."

Seth sourit de plus belle. Il la sait pourtant ivre de désir, contrairement à ce qu'elle lui dit. Mais il sait également qu'elle ne renoncera à son rang pour rien au monde. Il la sait reine, et elle le sait loyal sujet. Pourt ant, Seth se sent l'âme d'un mutin sur l'instant. Il l'observe se redresser dans le lit, divine enveloppe charnelle. Assise en tailleurs, elle ne démontre aucune once de pudeur, et ça lui plaît. Pour un peu, il aurait de nouveau passé sa main derrière sa nuque pour attirer ses lèvres contre les siennes, et recommencer.

"Tu as une cigarette pour moi ?"

"Bien entendu."

Seth fouille dans la poche de son pantalon, en ressort un paquet cartonné et y prélève deux bâtons de nicotine. Il s'assoit sur le lit, proche d'elle, muni d'un briquet et d'un cendrier qui trônait sur la table de chevet. Seth glisse une des deux cigarettes entre les lèvres de Dizzalyr, et armé de son briquet, il l'allume. Le bout brûlant, rougeoyant de la cigarette le rappelle à l'ordre et Seth ignore le désir qui revient le submerger. Il allume la sienne, en tire une grosse bouffée pour étouffer l'envie.

Ils sont là, tous les deux, et Seth se demande encore combien de temps elle va rester. Il apprécie sa compagnie, bien entendu. Qui ne le ferait pas ? Divine incarnation du pouvoir qu'elle est, il ne cache pas ce qu'il ressent pour elle. Si ce n'est de l'amour ou de l'affection, ils sont reliés par quelque chose de plus… profond. Mais évidemment, il ne sait pas quoi. À part le désir et la provocation dont il joue tout le temps, Seth ne sait pas ce qui les unit. Il se décide à briser le silence seulement perturbé par les grésillements des cigarettes sur lesquelles on tire.

"Alors, dis-moi, tes rêves de domination du monde, c'en est où ? J'aurai pensé que tu serai présidente des Etats-Unis à l'heure actuelle, y a cinq cent ans. Peut-être plus. Je perd le fil."

Un léger rire s'échappe de sa gorge. C'est vrai, il l'aurait vu reine d'un empire. Mais Dizzalyr œuvre dans l'ombre, comme lui. La seule question demeurante : pourquoi ? Elle avait les capacités de régner sur le monde entier, alors pourquoi ne le faisait-elle pas ? Plus puissante sûrement, que la Dark Dragon, et pourtant, elle prend son temps, comme si elle n'était pas pressée. Mais Seth devine bien qu'elle s'impatiente. À ses yeux, il n'est qu'un pion sur l'échiquier. Alors comme pour contrer ses plans et s'y pliant, il demande :

"Et d'ailleurs, que puis-je faire pour toi ? Tu as demandé à me voir, mais ce n'est sûrement pas pour une simple partie de jambes en l'air, j'me trompe ?"

Il tourna la tête vers elle, tapote sa cigarette contre le rebord du cendrier. Bientôt, il n'aura plus rien à fumer, mais bientôt est encore lointain. Il lui reste des cartes plein les manches, des talismans pour le protéger d'elle, et des armes pour la menacer, des coupures pour lui rappeler qu'il ne peut l'attaquer. Pas frontalement. Des entailles qui disent tu vois, c'est elle qui te domine. Mais Seth refuse d'être dominé par qui que ce soit, tant que ça ne sert pas ses intérêts.

Lui aussi, il peut tracer des entailles sur sa peau, à Dizzalyr. Il le fera sans hésiter lorsqu'il en aura l'occasion, discrètement. Mais pour l'heure, c'est l'instant de complicité qui le consume comme il consume sa cigarette. Ça y est, il est arrivé au filtre. Il écrase le mégot dans le cendrier sans pour autant détourner le regard du sien. Il ne sait pas quoi y lire, et ça attise sa curiosité. Un énième défi à ajouter à sa liste. Réussir à la percer à jour, est-ce seulement possible ? Seth veut croire que oui, même si la réponse est non. Elle cache trop bien son jeu, mais lui aussi. Ils savent tous les deux qu'ils sont sur une pente glissante, en terrain miné. Ça les amuse. Peut-être qu'ils exploseront en marchant au mauvais endroit. Peut-être pas.
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Ven 9 Avr 2021 - 18:43
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Dizzalyr x Seth

Bien entendu. Evidemment. Je ne posais la question que pour la forme. Il n’y a pas de versions de cette terre où Seth serait sans cigarettes. La nicotine fait partie de lui comme la mort partie de la vie. Profondément néfaste et fourbe, mais pourtant fondamentalement liée. Alors bien entendu, évidemment, il glisse le Graal entre mes lèvres et l’allume d’un geste du pouce ; ça pourrait presque être érotique, si le rouquin n’avait pas remis son pantalon. Quelle idée, aussi.
Je tire une longue bouffée de tabac, laissant la fumée dans ma bouche se lover contre mon palais. Et puis j’expire, je souffle, visage tourné vers le plafond sans me soucier un seul instant de ce que Seth en pensera. Oui, c’est chez lui. Et alors ? Ce lien qui s’est tissé entre nous me ravit autant qu’il m’effraie. C’est pour ça que je suis ici. Parce que je n’allais tout de même pas lui dire de venir à Naples. Quand la rumeur enfle dans les rues, que chaque journée est une violence. Qui, je vous le demande, qui pourrait encore vouloir de Naples ? A part moi, bien sûr. J’en suis la reine, la recluse brune dévidant son fiel argenté dans les miroirs et les secrets.
Seth se fait rire lui-même, avec ses remarques à la noix. C’est indélicat, dans le fond, de saisir combien il me ment. Bien sûr que non, Seth, tu ne perds pas le fil. T’as pas vécu assez longtemps hors des limbes pour que ça t’arrive. Tu perds absolument pas le fil, t’endors seulement toute ma méfiance en me faisant croire que c’est le cas. Joue pas trop avec moi, Seth. Je t’aime bien, t’es un gentil djinn, un bon amant, t’es puissamment intelligent, mais joue pas trop. Tu serais pas sûr de gagner.
Je souris quand même, malgré ça. Après tout, je reste l’invitée.
« A la place de cette catin de Kane ?! » je m’indigne presque, doigts sur les lèvres pour tirer une nouvelle bouffée de jouissance. « Penses-tu, elle est bien assez folle pour faire son travail de sape seule. Quand elle aura poussé son pays au bord de la guerre civile, alors nous entrerons en scène. »
Oui, j’ai dit nous, parce que tu es de mon côté, Seth, n’est-ce pas ? J’essaie de retenir mon sourcil de s’élever, inquisiteur, mais déjà le roux renchérit.
« Qu’est-ce qui te fait croire ça ? J’ai pas le droit d’avoir des … pulsions ? »
J’ai murmuré le dernier mot contre le creux de son oreille, avec un sourire orgueilleux qui ne lui laisse plus aucune place pour cacher le petit frisson qui anime son corps immortel. Un sourire orgueilleux pourtant qui n’a pas la moindre raison d’être. Non, il ne se trompe pas, ça m’agace un peu de l’admettre mais je n’en laisse rien présumer tandis que je me rassied là.
Encore un peu de tabac brun que je lui souffle sur le visage.

« J’aimerais savoir où tu en es, Seth. De tes idées, de tes envies … je sais que ça ne fait pas longtemps que tu es … comme ça. » Regard vertical pour ce corps, qui il y a une fraction d’instant encore était plaqué au mien. « Je sais que ça donne la sensation d’être humain. »
Cigarette coincée dans mes doigts, je caresse sa joue douce et tiède. Oui, je le sais. Je sais qu’à force on oublie qu’on est pas des leurs. Et je veux pas que tu l’oublies, Seth, y a trop de choses qui en dépendent. Va pas t’attendrir pour les humains, va pas croire que t’es pareil qu’eux. Eux ils ont l’air d’être innocents, mais à la première incartade, ils te vomiront dans les bronches.
Aux Etats-Unis, il se passe n’importe quoi depuis Dark Dragon. Ce simulacre de Conseil, ces rébellions dans tous les sens … la belle affaire que cela sera quand les pantins qui n’en sont pas élèveront des murs de poussière, que leur guerre civile éclatera pendant que de ma belle Naples je me pourlècherai les doigts. Non, vraiment n’importe quoi. Mais Giorgio, Seth, où sera-t-il ?
Je reprends ma main et ma clope, pour en tirer les dernières taffes.
« Je voudrais juste être sûre, mi amor, que tu seras du bon côté. »
J’écrase d’un ton définitif mon mégôt dans le cendrier. Je sais combien Seth déteste qu’on en laisse traîner de partout, aussi l’abandonné-je là où il ne salira rien d’autre.
« Comment ça se passe, à la Nouvelle-Orléans ? »
Toujours nue, ça ne me fait pas peur, je m’étire paresseusement comme un chat trop longtemps laissé au soleil d’un ennui morbide. Façade, bien sûr, et j’ose imaginer que ce petit maraud trop roux a appris à lire ma figure. Appris à lire l’appréhension derrière mes iris filigranes.
Est-ce-que tu es toujours du bon côté, Seth ?

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Lun 12 Avr 2021 - 10:22
Il ne l'écoute que vaguement injurier Kane et lui cracher dessus, et parler de sa chute où nous entrerons en scène mais il a déjà posé sa dernière question. Le visage de Dizzalyr s'approche dangereusement du sien, et elle répond :

"Qu'est-ce qui te fait croire ça ? J'ai pas le droit d'avoir des… pulsions ?"

Son souffle brûlant à proximité de son oreille le fait inévitablement frémir. Elle ne répond pas à sa question, se contentant de sourire et de se rasseoir à sa place, cigarette aux lèvres. Elle lui souffle la fumée au visage. La discussion n'est pas terminée, loin de là. Il sent déjà qu'elle a moult questions à lui poser et quelques menaces bien camouflées à lui lancer nonchalamment.

"J'aimerais savoir où tu en es, Seth. De tes idées, de tes envies… Je sais que ça ne fait pas longtemps que tu es… comme ça."

Son regard le transperce, Seth le sent.

"Je sais que ça donne la sensation d'être humain."

Tu te trompes, ça ne donne pas la sensation d'être humain. Ça donne la sensation d'être en vie. Néanmoins, il ne répond rien, se laissant caresser la joue.  Evidemment que ça donne une sensation grisante de liberté, mais de là à se rabaisser à un humain… Non, Seth ne fait pas partie de cette plèbe. Il s'y fond à merveille, mais n'a rien à voir avec eux. Quelque part, le sentiment d'anonymat est tout de même satisfaisant. Plus besoin de se cacher, plus besoin de faire des tours de passe-passe pour se prétendre être le cousin de l'ami du frère de la tante de Ramsès, plus d'attachement, plus de… plus de deuil à faire. Un long soupir las s'échappe d'entre ses lèvres. Ces pensées, il les garde pour lui.

"Je voudrais juste être sûre, mi amor, que tu seras du bon côté."

Seth arque un sourcil invisible qui souligne son regard d'un air mi outré mi amusé, et observe Dizzalyr, qui écrase avec trop d'attention son mégot dans le cendrier. Elle enchaîne en demandant :

"Comment ça se passe, à la Nouvelle-Orléans ?"

Un sourire naît sur les lèvres de Seth. Il décide d'éluder complètement ses questions sur le bon côté qu'il est censé choisir, et à la place, il lui raconte un peu de tout et de rien. La fois où il a croisé un djinn qui lui avait étalé sa glace à la figure, la fois ou une de ses clientes s'était évanouie sous la douleur au bout de trente secondes passées sous la machine à tatouage, cette jeune blonde trop solaire qui lui avait fait la morale, quelques anecdotes de beuverie, le tout de manière exagérément théâtrale comme pour la narguer devant l'absence de réponse sur les questions qui l'intéressaient réellement.

"Bref, la Nouvelle-Orléans, c'est top. Pardonne mon emballement, c'est la première fois que je peux vivre pour moi, alors franchement j'en profite. Pour ce qui est… la sensation d'être humain. Ne te trompe pas, je ne me sens pas humain. Je suis immortel, j'ai des souvenirs d'une trentaine de vies différentes, je ne m'abaisserai jamais, jamais, à me sentir humain. Ils sont cloportes là où je suis intemporel. Je suis fier de ma nature. Je pense que tu sais de quel côté je suis."

Nouveau sourire. À vrai dire, lui-même ne le sait pas. Il a passé trois mille ans à errer s'existence en existence, et il s'est attaché à chacun des humains qu'il ait servi – ou presque. Il avait même failli s'attacher un peu trop à Jude, mais enfin. Il était tombé amoureux d'une humaine, grâce à Michelangelo qui lui a insufflé quelque chose de… quelque chose de plus. Rien ne garantissait que ça ne pouvait pas se reproduire. L'attachement aux humains fait partie de lui, bien plus qu'il ne souhaite l'admettre, même s'il les méprise en surface. Alors de quel côté sera-t-il ? Un haussement imperceptible d'épaule. Il ne le sait pas. Mais il est curieux d'avoir la réponse.

Seth s'allume une autre cigarette sous le regard tranchant de Dizzalyr.

"Et toi alors, t'en es où ?"
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Mar 4 Mai 2021 - 0:17
I want to.
Dizzalyr x Seth

Tu m’énerves, Seth. Tu m’énerves avec ce sourire sempiternel que t’as vissé sur ta face de vieil adolescent. Tu m’énerves avec tes clopes au bec, avec tes caresses à demi-mot, tu m’énerves avec cette manie que t’as de répondre à côté, tu m’énerves avec la toute puissance qui transpire de chacun de tes gestes, qui ferait parfois regretter moi-même de n’en pas disposer. Tu m’énerves, Seth, pourtant on en est là. Je te reconnais. Tu me reconnais. Pour ce que tu es, ce que tu fuis.
Tu m’énerves parce que je te contrôle pas, je sais que je te contrôle pas, je sais qu’il y a rien dans cette pièce qui te contrôle plus que ta clope et ton addiction au tabac, et pourtant tu es là quand même et j’ai peur de savoir pourquoi. Alors j’accepte. La part de risque. La part de chance. Si t’étais un mauvais amant, Seth, j’aurais renoncé depuis longtemps.
Il élude, encore, avec son sourire sur la gueule que je viens d’embrasser à loisir. Je m’en cogne, Seth, de ce que le monde devient fou, des djinns que tu croises et qui ne veulent rien avoir à faire à toi, à nous. Je m’en cogne et pourtant je t’écoute.
Je finis par sourire un peu. Oui, mon trésor, tu as trente vies qui sont bien rangées dans ton crâne dans les boîtes d’archive qu’il faudra. Oui, je sais, tu es immortel et tu l’aimes, cette vie d’insouciance infinie qui résonne comme de longues sonates dans les échos fiers de la nuit. Mais je sais que dans l’une des boîtes, y a un truc qui t’a défiguré, qui a sali ta belle nature, Seth, mon Seth. A chaque fois que t’y penses y a ce regard qui se lit sur ton visage jeune. Qu’est-ce qu’il croit, à la fin, le plurimillénaire ? Que juste parce qu’il est plus vieux je lirai moins sur tout son corps tel un livre ouvert comme par magie à la bonne page ? Pathétique.
« J’espère. »
Ce n’est même pas une menace, je n’ai pas eu envie de cela. Ce n’est même pas un constat, il sait que je le pense quand même. Ce n’est rien. Rien qu’un mot jeté dans le vide, qui résonnera à nos oreilles tandis qu’il s’allume une nouvelle cigarette.
J’espère.

A peine Seth l’a-t-il allumée que je lui ôte la clope des mains et vient la nicher dans ma bouche. Un mince mouvement des commissures, comme une provocation suprême. Que vas-tu faire, si je te la vole, tesoro mio ? Qu’est-ce-que tu vas me faire, à moi ?
Après une trop longue bouffée, je lève mes yeux vers le plafond en recrachant la fumée sale.
Qu’est-ce-que je suis censée répondre ? Qu’est-ce qu’il veut que je lui réponde ? Attend-il une marque de faiblesse, ou au contraire confirmation qu’il ne s’est pas trompé de cible ? Giorgio, Giorgio, Giorgio … il essaie toujours de me lire, me décrypter et me comprendre, comme si je n’avais pas muré la moindre faille de ce visage pour en faire un masque de verre. Allons, Giorgio. C’est inutile, et il le sait, pourtant, il a tenté bien des journées sans pouvoir jouir un seul instant de la jubilation intense d’avoir su percer mes pensées.
La cigarette n’a plus le même goût, elle semble fade pourtant je continue à aspirer, filtre crépitant, la substance qui pourrait tuer mon corps s’il n’était pas à moi.
« Je suis lasse. » Honnête sans trop l’être vraiment. « Je regarde tout ça de si loin, j’ai vu tout l’univers changer pendant que je clignais des yeux, et chaque jour qui passe le destin nous montre combien tout peut partir en vrille. »
C’est vrai, c’est faux. J’ai tellement menti à tout le monde que je ne suis pas vraiment sûre de savoir encore différencier le mensonge de la vérité. Le cynisme me va mal au teint, il me rend crue et détestable. Un peu de tabac détaché vient s’écraser sur ma poitrine, toujours vibrante de je ne sais quoi à une dizaine de centimètres de mon hôte qui me dévisage.
« Quand on voit qu’ils peuvent se haïr pour un simple tweet déplacé, je demande si je n’ai pas qu’à attendre pour dominer qu’ils aient fini leurs petites guerres avant de prendre le relais. »
J’aimerais te demander ton avis, mais j’ai trop de fierté pour ça. Alors je me contenterai. De mensonges qui n’en sont pas, de demi-vérités comme ça. Et tu vas m’énerver, Seth, tu vas jouer avec les fusibles qui sont câblés à ma patience. Et j’encaisserai, visage de marbre, tes railleries et ta puissance, Seth ; plutôt que d’admettre simplement la vérité de cette langueur.
Le monde change bien plus vite que moi.

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Ven 14 Mai 2021 - 18:22
Une cigarette allumée aussitôt volée, comme un baiser un peu trop enflammé. Seth regarde ses doigts qui se referment dans le vide. Sa précieuse clope, allumée avec tant d'amour, lui est refusée. Il sourit lorsque les connexions se font dans son cerveau et qu'il constate que c'est bien Dizzalyr qui la lui a prise des mains. Il la reconnaît bien, là. Prête à tout pour étaler sa puissance, que ce soit par le biais de ses paroles, ou de ses actions. En l'occurrence, lui arracher sa nicotine est un signe de dominance. Elle sait qu'il ne dira rien, parce que la provoquer coûterait trop cher à son égo. Et puis, c'est juste une clope. Mais rien que pour le principe, Seth commence à réfléchir.

"Je suis lasse. Je regarde tout ça de si loin, j’ai vu tout l’univers changer pendant que je clignais des yeux, et chaque jour qui passe le destin nous montre combien tout peut partir en vrille."

Il écoute sans être très attentif, Seth. Pas qu'il ne soit pas intéressé par ce qu'elle a à dire, non. D'ailleurs, il est même plutôt d'accord avec ses propos, mais il sait qu'il y a une probabilité bien trop présente qu'elle soit en train de lui mentir éhontément. Il la dévisage, mais il ne la regarde pas. Ses yeux sont attirés par le mouvement d'une cendre incandescente qui tombe de la cigarette pour atterrir sur sa poitrine. Si elle a mal, elle n'en montre rien. Alors il relève les yeux vers Dizzalyr.

"Quand on voit qu’ils peuvent se haïr pour un simple tweet déplacé, je demande si je n’ai pas qu’à attendre pour dominer qu’ils aient fini leurs petites guerres avant de prendre le relais."

Ah, le fameux tacle sur les réseaux sociaux. Seth réprime son sourire, et tâche d'afficher un air sérieux sur son visage. Evidemment, c'est un échec, ses dents se découvrent, son sourire scintille presque dans l'obscurité ambiante. Une lueur moqueuse dans les yeux, il lance nonchalamment :

"Tout à fait, on ne peut plus rien dire de nos jours ! Quand que je pense qu'à l'époque on s'amusait avec un bout de bois et un caillou, c'est fou, les temps changent, les gens deviennent des moutons qui se suivent mutuellement jusqu'à l'abattoir, et ça c'est quand ils se foutent pas sur la gueule sur twitter hein."

Il ne sait pas dire s'il se moque où s'il est ironique, Seth. Il ne sait pas, parce qu'après tout, elle n'a pas complètement tort. Mais s'il en rajoute, s'il devient vraiment honnête envers lui-même sur son point de vue concernant les humains, s'il fait ça, alors elle saura aussi, parce qu'il lui est aisé de lire en lui, parce qu'il n'a pas le loisir de se cacher de ses yeux qui le scrutent encore, comme s'ils cherchaient le moindre indice trahissant ses réelles réflexions à ce sujet. Alors il préfère ne rien dire de plus. Tandis que la djinn tire sur sa clope, il en sort une autre du paquet, l'allume et la fait tourner entre ses doigts. Cette fascinante petite lueur rougeâtre pourrait bien lui provoquer un cancer qu'il fumerait toujours autant.

"Plus sérieusement, ça ne répond pas à ma question. Mais je suppose que si tu as des plans concrets, tu les garderas pour toi. Tant pis, notre alliance si prometteuse tombe à l'eau."

Seth tire sur sa cigarette une nouvelle fois et détourne les yeux. Ou est donc passé son t-shirt ? Une fraction de seconde de silence qui plombe l'ambiance. C'est dit sur le ton de la plaisanterie mais il sait au fond qu'il ne rigole pas tant que ça. Leur alliance tombera à l'eau si elle ne lui ouvre pas la porte. Il plante ses yeux dans les siens, inquisiteurs. Il ne sait pas vraiment ce que ça fait de mourir, mais en croisant son regard, parfois, Seth se dit que ça pourrait bien être le dernier souffle qu'il rendra.

Il le sait, elle est puissante. Elle pourrait le réduire à néant, faire des miettes de son cadavre. Mais lui est joueur, c'est son plus gros défaut. Et c'est un joueur tenace. La bataille qui opère silencieusement entre Seth et Dizzalyr ne fait que commencer.  
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Dim 30 Mai 2021 - 22:05
I want to.
Dizzalyr x Seth

Incapable de rester sérieux.
Il n’a pas toujours été ainsi. Fut un temps il était sérieux, très sérieux, trop sérieux, refusant de tuer au nom de quelque chose, je ne sais quoi. Et puis il lui est arrivé ce qui arrive à tous les êtres qui parcourent de trop longues arcanes : l’ennui. Quoi de plus ennuyeux, au fond, que de traverser les années, immuables comme une roche dans l’eau, en attendant que le courant porte de bien meilleurs auspices ? C’est ce qui nous est arrivé, à nous tous. A Asarith, à moi, à lui. Sans doute même, si je suis honnête, au vieux Pabésobek quelque part, s’il a pas fini par caner la gueule ouverte dans sa servitude.
Tu essaies de rester sérieux, mais je vois derrière ton visage, Seth. Tu as tôt fait de l’oublier, alors que tu ne devrais pas. J’aimerais rire à tes plaisanteries, qu’on puisse interagir posément comme deux ados qui se découvrent. Mais nous sommes bien plus que cela, je le sais et je crois que toi aussi. On se découvre depuis des siècles, temporalité ralentie qui vient nous plonger dans les ombres. Je ne ris plus depuis si longtemps. Je ne sais même plus quel son cela aurait si ça passait mes cordes vocales. Alors dis moi, Seth, dis moi, pourquoi est-ce-que tu joues encore ?
Bien sûr, la question ne se pose pas, je garde cette question pour moi et préfère une douce ironie.
« Toujours aussi spirituel, à ce que je vois. Ton analyse du monde est imparable. »
Une nouvelle clope hors du paquet, qui tournoie dans ses doigts trop jeune. Pourquoi avoir choisi ce corps ? Il est tellement trop jeune pour lui, il lui va bien sans lui aller. C’est tout le paradoxe de Seth : avoir bien plus de 3000 ans, agir comme s’il en avait trente. C’est fatiguant, c’est épuisant, et si une part de moi l’envie je me garderai de le lui dire.

« Des plans concrets ? »
Un sourire étire ma joue droite. Qu’est-ce-qu’il est en train de me dire ? Notre alliance qui tomberait à l’eau ? Mais personne ne décide pour moi, ô Seth, mon doux Seth, mon bel ami. Tu crois que tu peux menacer ainsi ce que nous construisons ? Demande, vas y, va trouver ceux qui ont tenté. Demande au vieux Pabésobek, demande à Cinder, à ces autres dont les noms perdus par les siècles ont tenté de lever mes doutes.
Pourquoi faut-il que tu gâches tout, Seth ?
Faudra-t-il, pour rester près de moi, que je t’en donne plus, t’en prenne moins ? Si tu veux avoir autre chose, si tu veux partir, ou rester, parle clairement, arrête de rire. Tu vas finir par m’énerver.
« Pour toucher les humains » commencé-je en écrasant ma cigarette. « il faut abattre leur bouclier. Leur bouclier, ce sont les dragons. »
Je prends une grande inspiration. J’ai l’impression d’en avoir mille fois parlé, avec lui et avec tant d’autres, je ne sais même plus réellement si mon discours lui-même est fiable.
« La difficulté, aux Etats-Unis, c’est qu’ils n’ont pas qu’une seule famille. Ils en ont quatre, qui viennent garder chacune un territoire puissant. C’est un désavantage, car ils sont plus nombreux. Mais c’est aussi un avantage … » Soupir. « … parce qu’ils se déchirent entre eux. »
Je fixe mon regard d’acier dans les prunelles trop jeunes de Seth.
« L’équilibre est fragile, entre eux, Seth. Je sais que tu en vois les failles, que nous en voyons tous les failles … il suffirait de pas grand-chose … faire croire aux Stonegold que leur banque a été prise par les Lightstorm, semer la dissension partout. »
J’approche mon visage près du sien, jusqu’à pouvoir compter ses cils, sentir le moindre mouvement de cœur qui se dessinerait dans ses veines. Les yeux ouverts sur la pièce creuse, je dépose encore un baiser sur ses lèvres sans cigarette. Un baiser qui ne veut rien dire, et qui veut pourtant dire beaucoup. C’est l’équivalent d’un sourire, le plus tendre que je puisse faire, même si ça ne suffira pas.
« Alors dis moi, Seth, dieu du chaos, comptes-tu mériter ton nom ? »

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Dim 25 Juil 2021 - 15:13
"Toujours aussi spirituel, à ce que je vois. Ton analyse du monde est imparable."

Seth sourit de nouveau. Il sent qu'il l'agace, avec son manque de sérieux, il sent qu'il l'agace, avec ses plaisanteries à moitié sérieuses, il sent qu'il l'agace avec ses pensées qu'il garde pour lui, masquées par son éternel sourire idiot et ses yeux pétillants de malice. Il sent qu'il l'agace, bien sûr, mais il sait aussi qu'elle l'apprécie quelque part pour ça.

"Des plans concrets ?"

Un demi-sourire étire les lèvres de Dizzalyr. Evidemment qu'elle a un plan. Elle n'est juste pas assez stupide pour le lui confier, parce qu'il risque de tout gâcher. Et en même temps, elle est prête à le lui balancer sans artifices, sans mensonges, sans fausses promesses mielleuses. Oui, Dizzalyr a un plan, et Seth, s'il n'en montre rien, s'y intéresse.

"Pour toucher les humains, il faut abattre leur bouclier. Leur bouclier, ce sont les dragons."

Elle écrase sa cigarette tout en lâchant cette information. Seth fronce les sourcils imperceptiblement, puis son visage se détend de nouveau et il tire une nouvelle bouffée de tabac jusqu'à ce que l'incandescente braise ne grignote le filtre, puis l'écrase à son tour dans le cendrier. Il ne la regarde pas, et s'allonge plutôt dans le lit, ses yeux fixent le plafond sans un mot. Elle n'a pas finit de parler, et il attend la suite avec impatience.

"La difficulté, aux Etats-Unis, c’est qu’ils n’ont pas qu’une seule famille. Ils en ont quatre, qui viennent garder chacune un territoire puissant. C’est un désavantage, car ils sont plus nombreux. Mais c’est aussi un avantage … parce qu’ils se déchirent entre eux."

Finalement, il tourne la tête vers Dizzalyr et ses yeux se plantent dans les siens comme une lame un peu trop aiguisée.

"L’équilibre est fragile, entre eux, Seth. Je sais que tu en vois les failles, que nous en voyons tous les failles … il suffirait de pas grand-chose … faire croire aux Stonegold que leur banque a été prise par les Lightstorm, semer la dissension partout."

Dizzalyr est sûre d'elle. Avec raison, au final. Elle sait sur quelles cordes elle doit appuyer jusqu'à les couper pour semer la confusion, elle sait avec précision sur quels points faibles elle peut jouer, et elle sait également que la victoire sera sienne si elle trouve les bons alliés. Elle compte sur lui, Dizzalyr. Elle compte sur lui, et peut-être qu'elle a raison car il est comme ça, Seth, il aime le trouble, le désordre, il aime la provocation, il aime quand les gens se tirent dans les pattes, mais surtout, peut-être qu'elle ne devrait pas compter sur lui. Parce qu'en réalité, Seth aime l'équilibre fragile et précaire sur lequel repose le monde. Il apprécie ces hu-mains sans importance, il apprécie l'ambigüité dans laquelle les individus se font face, il aime l'ambivalence, il aime être double-face, et c'est ce qui est dangereux pour elle dans le fond.

Elle approche son visage du sien, jusqu'à ce qu'il sente son souffle chaud brûler ses lèvres, son cœur s'em-balle furieusement quand il les sent s'écraser contre les siennes. Pourquoi s'emballe-t-il d'ailleurs ? Pour elle, où pour le nouveau jeu qui se dessine lentement sous ses yeux curieux ? Ce baiser est insignifiant pour elle, probablement. Elle compte sur lui et le lui fait sentir. Mais pour Seth, c'est plutôt une vaine tentative de s'en faire un allié sur qui elle a le dessus. Et il apprécie autant qu'il déteste cette forme de joute entre eux. Il appré-cie car il se sent puissant, il déteste car il se sent emprisonné. C'est à lui d'établir les règles, cette fois.

"Alors dis moi, Seth, dieu du chaos, comptes-tu mériter ton nom ?"

Nouveau sourire, plus tendre, plus sincère sur son visage. Compte-t-il mériter son nom ? Dieu, qu'elle est naïve. Son nom, il le mérite déjà. Il l'a mérité durant plus de trois mille ans, et ne compte pas s'en défaire. Il sème le chaos partout où il va, quand il le souhaite. Ses victimes se comptent par centaine, et pourtant, pourtant, il se sent être une meilleure personne chaque jour qui passe. Il ne l'est pas, il ne se leurre pas, mais il essaye. Alors, peut-être… Peut-être qu'il voit dans ce challenge qu'elle lui lance sans sourciller une occasion de devenir réellement meilleur. S'il doit la trahir au dernier moment, il le fera sans hésiter. S'il sent qu'en fait, elle a raison de vouloir supprimer la pseudo bonne entente des dragons, il agira sans scrupule.

"Je mérite déjà mon nom, très chère. J'ai fait en sorte de le mériter toute ma vie durant. Mais si pour toi, je ne le mérite qu'en me ralliant à ta cause, alors très bien. J'en suis. Ne te méprend pas, je suis pas ton subalterne pour autant. Mais je t'aiderai dans la mesure de mes moyens."

Seth ne sourit plus, l'intensité de son regard dans celui de Dizzalyr lui brûlerai presque la rétine. Ça y est, il l'a dit. Il a choisi son camp, officiellement. Officieusement, il se réserve le droit d'agir selon son bon vouloir.

"Maintenant, tu m'excuseras, mais je dois aller au shop. Tu sais, mon travail. Si je veux te servir comme tu le souhaites, maintenir ma discrétion est essentiel. Je compte sur toi pour me tenir informé, cela étant."

Seth se redresse, embrasse une nouvelle fois cette reine de l'ombre et se tire du lit dans l'optique de retrouver son t-shirt. Le boulot l'attend, ses dessins ne sont pas tous terminés et il a trois rendez-vous cet après-midi avec des clients qui le payent bien assez cher pour mériter sa ponctualité.
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Jeu 12 Aoû 2021 - 13:18
I want to.
Dizzalyr x Seth

Je suis sûre de moi. Peut-être que j’ai tort, au fond. Peut-être que ce que je construis s’effondrera au premier vent comme autant de châteaux de cartes. Mais si je n’y crois pas vraiment, alors personne n’y croira.
Je compte sur toi, Seth. Je compte sur toi parce que comme moi tu as vu le hasard des jours, les civilisations qui s’embrasent avant de s’éteindre en un battement de secondes. Je compte sur toi parce que, plus encore que moi, tu as su lire parmi les hommes et trouver toutes leurs moindres failles. Je compte sur toi parce que tu m’as montré ta faiblesse et que tu voudras te racheter, me montrer que tu es plus fort. Me montrer que tu ne joueras pas mon jeu, que tu n’es pas un pion mais le fou, qui se déplacera à sa guise et qui quittera l’échiquier s’il sent qu’on ne l’estime pas. Et tu le dis, d’ailleurs, rouquin, tu dis que tu acceptes de jouer si seulement tu fixes les règles, je l’entends à travers tes mots. Et je n’ai jamais été dupe.
Qu’il joue donc. Je sais. Je sais, Seth, je sais ce que tu cherches, je sais ce que tu ne feras pas. Tu es devenu tendre, et las, et je sais que viendra le jour où tu quitteras avec fracas le jeu dans lequel tu m’aidais. Ce n’est pas grave.
Nous avons du temps d’ici là.
« Je ne veux pas d’un subalterne, Seth. C’est de ta ruse dont j’ai besoin. »
De sa ruse et de son chaos, de sa ruse et de son ironie, du froid mordant de ses yeux glas. Oui, c’est de lui que j’ai besoin, un peu plus que je ne voudrais. Pieux mensonge que de lui dire que je n’ai pas de subalternes, pourtant c’est de lui que j’ai besoin. Voyant qu’il va pour me chasser, je décide de rester maîtresse et me lève avec négligence. Mes vêtements sont éparpillés, tailleur de marque, escarpins bleu nuit. Je les ré-enfile en silence, savourant encore les arômes de tabac froid restants dans l’air.
Je relève mes cheveux bouclés, encore moites de transpiration. Je me demande où est Asarith en cet instant. Est-ce qu’il divague, est-ce qu’il cogite, est-ce qu’il est à Naples m’attendant ? Je ne pense pas. Je ne crois pas. Et, à vrai dire, je n’espère pas. Ou bien est-ce ce que je me dis alors que chaque journée sans lui devient un poids glacé de plus …
Je secoue la tête doucement et reporte mes yeux glacés sur le visage bambin de Seth.
« Bientôt, j’aurai une ouverture auprès de la famille Stonegold. Je ne peux pas t’en dire plus pour l’instant, mais tu sauras à l’heure venue. »
Veste renfilée, sac à l’épaule. Je suis prête à quitter les lieux.
« Si tu peux, trouve-moi la faille des Riverwood. Ce sont les plus jeunes, les plus idéalistes, les plus soudés … et je sais que tu travailles avec l’un deux. » J’ai d’autres sources que toi, Seth. « N’entreprends rien auprès des dragons. Mais trouve-moi la faille. »

Avant de refranchir la porte que j’ai perçue dans l’autre sens lorsque Seth déjà m’embrassait, je pose un baiser sur sa joue. On se retrouvera bien vite, toi le fou blanc aux milles couleurs, toi qui dessine le chaos sur les peaux et dedans les âmes. Toi l’allié qui me trahira quand le vent sera favorable. Je sais, Seth. Je sais. On se retrouvera bien vite, après tes clients de pacotille et tes considérations vaines sur la beauté de l’humanité. Quand tu te souviendras alors où est ta véritable place ; elle n’est pas parmi les mortels.
« Au revoir, mio stimato. »
Je retrouve l’air de la rue. Bientôt, sur ma droite, le portail qui me ramènera chez moi, à des milliers de kilomètres, en à peine un battement de cils. Sans aucun pli sur le visage, je jette le dernier des regards à la fenêtre du tatoueur.
On se recroisera bien vite.

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