Balade et collision ~ Iridescence & qui veut

Depuis ma sortie de prison, je me baladais. Je goûtais la liberté, que je n'avais jamais vraiment expérimentée auparavant : liberté de faire ce que je veux, d'aller où je veux. J'avais travaillé un peu à Washington et travaillais quand le besoin d'argent se faisait sentir, mais entre temps, je découvrais la vie.

J'avais atterris à Phoenix sans vraiment savoir comment, au gré de mes déplacements jamais anticipés, et avait décidé de visiter la ville avant de repartir. Je n'avais pas besoin d'argent, tout de suite, j'avais ce dont j'avais besoin. Aussi ai-je laissé les passants m'indiquer quelques endroits soit-disant incontournables de la ville.

Je me trouvais actuellement assise à la terrasse d'un café, dans le quartier Roosevelt Row. On m'avait conseillé ce quartier en insistant sur le fait qu'ici, pas besoin de payer pour voir de l'art : l'art était partout, sur les trottoirs, sur les murs, les tables des cafés. Et je n'avais pas été déçue. La rue principale était un patchwork coloré, représentant tantôt des animaux imaginaires, tantôt des personnages publics - j'avais entrevu Roosevelt faisant la bise à un homme d'affaires français, visiblement, d'après l'immense drapeau posé sur son chapeau haut-de-formes.

Lassée de marcher, je m'étais posée à la terrasse d'un café et, assise devant mon diabolo menthe, j'observais les passants. J'adorais m'imaginer leurs vies, leur inventer des problèmes, un travail, un conjoint, des enfants. Et, parfois, je me demandais s'ils étaient comme moi. Des créatures magiques sous couverture.

Mon verre terminé, je me suis levée, perdue dans mes pensées. Je n'ai pas fait attention où je mettais les pieds et ai foncé droit dans une personne, qui marchait sur le trottoir. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux les fesses par terre, et je me suis relevée rapidement en tendant la main à la personne que j'avais fait tomber.

Je suis vraiment désolée ! Je ne vous ai pas fait mal ?

J'ai pris la main de la personne pour l'aider à se relever, tout en continuant de m'excuser.