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Nous sommes en 2022 If you ever forget how much you really mean to me. ♦ Odalie 1639275293 La période jouable actuelle va du 30 juin 2022 au 30 septembre 2022 If you ever forget how much you really mean to me. ♦ Odalie 1050276528
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MEMBRE ◊ INDEPENDANT·E
Odalie Maelström
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Personnage
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i hate accidents except when we went from friends to this
If you ever forget how much you really mean to me. ♦ Odalie Giphy


Pseudo / Pronoms : Valhdia
Messages : 973
Âge : 27 ANS (03/07/1994) ♦ encore jeune et bien l'intention de ne pas vieillir trop vite
Nombre de dés : contrôle sonore ♦ 1, hypnose/persuasion ♦ 3
Résidence : NOUVELLE ORLÉANS ♦ appartement à Pontchartrain
Profession : GESTIONNAIRE du disquaire indépendant Peaches Records ♦ BRISEUSE de coeurs et de sommiers
Faceclaim : Cynthia Senek
Pouvoirs/capacités : SIRENE ♦ spécialisée dans la manipulation d'autrui par le son de sa voix
Crédits : swan (ava)
Disponibilité RP : Azur, Alaric, Jade, toi ?
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Jeu 19 Aoû 2021 - 16:51
If you ever forget how much you really mean to me.
Odalie x une maison vide

Janvier 2008.

Il était une fois une famille.
Une famille pas très fonctionnelle, asymétrique, un peu bizarre, une famille tout près de la côte qui attendait d’être soudée par d’autres ciments que le sang. Parce que ça ne suffit pas, le sang. On dit le sang, mais on pourrait dire le hasard, au fond. C’est tellement aléatoire, on choisit pas où on est né. Ce serait différent, n’est-ce pas ? Si nos âmes toutes prêtes à naître pouvaient savoir au cours du temps quel serait le meilleur pour elles, si chacun de nous s’écriait non pas de douleur mais de joie pour célébrer d’être au grand jour ?
Non, non, on ne choisit pas.
Il était une fois une famille, elle portait le nom des abysses et des tourbillons de la mer. Nul n’aurait su vous dire vraiment si c’était là le nom de naissance ou bien une pure invention. Maelström. La tourbe tellement bien choisie, l’écume dévisageant le ciel, le marasme futile et bleu qui s’élève des silencieux cris.
Il était une fois une famille, dont la cadette était trop brune, dont la cadette était trop jeune, dont la cadette avait le cœur bien trop grand pour comprendre encore. Insupportable enfant sauvage, prête à jouer des coudes pour savoir, à dévorer tous les nuages pour saisir un peu l’inconnu de ce monde qui la taraudait.
Il était une fois une famille.
Il était une fois un violoncelle.

Odalie laissa tomber son sac de classe à peine la porte entrebâillée. Trop lourd. Incroyable ce qu’on leur faisait porter, à ces pauvres jeunes collégiens ; elle qui ne pesait pas bien lourd soulevait la moitié de son poids en manuels et en cahiers. Trop lourd.
« Maman ? »
Pas de réponse, évidemment. Anjela avait dû sortir. Elle sortait un peu trop souvent, laissant la brune adolescente errer dans cette maison trop grande dont le frigo était trop vide. Odalie soupira. Ils étaient 5 avant. Maman, Maxime, Aurèle, Alix et elle. Maintenant, il ne restait que Maman et elle ; le plus souvent, même, il n’y avait qu’elle.
Maxime était parti le premier. Il avait toujours été si odieux avec eux. Disant qu’elle n’était pas sa sœur, qu’elle ne méritait pas d’être là, que sa génétique de sirène ne la rendait pas assez proche du fervent triton qu’il était. Il était parti lorsqu’elle était toute petite, trop petite pour se souvenir vraiment d’autre chose que ça. La seule mémoire qu’elle avait de lui, c’était ces moqueries incessantes. Tout le reste était oublié, jusqu’à la forme de son visage ailleurs que sur cette vieille photo que Maman affichait encore.
Et puis, Aurèle. Aurèle qui naviguait sans fin, ne trouvant pas vraiment sa place. Il avait navigué ailleurs, les voiles gonflées par d’autres vents, et elle était encore trop jeune pour réaliser certainement la relation qu’ils avaient eue.
Impossible de dire combien de temps ils étaient restés à trois. Toujours le même trio, toujours le même refrain. Maman et Alix s’engueulant, Odalie montant dans sa chambre et qui claquait très fort la porte juste pour que quelqu’un l’entende. Pour que quelqu’un tienne compte enfin que la sirène était enfant, qu’il faut protéger les enfants de ces colères de grandes personnes. Alix, son frère, son aîné, le seul au fond en qui elle avait confiance. Son unique grand frère.
Odalie se laissa tomber dans le canapé, alluma machinalement la télé avec une assiette de pâtes froides qu’elle avait glanée en cuisine.
C’était pas la même chose, sans lui. Avant, quand Maman était pas là, ils sortaient acheter des glaces, il l’aidait à faire ses devoirs, des fois ils s’embrouillaient un peu. Mais Alix remplissait le frigo, et quand elle était malheureuse ils se calaient devant la télé enroulés dans une couverture avec du pop corn cramé. Il était très mauvais à faire du pop corn, Odalie se moquait de lui. A croire qu’il le faisait exprès pour qu’elle continue à le charrier.
Mais là, personne à charrier. Le rembourrage du canapé avait la forme des silhouettes qu’il avait cueillies sans faiblir, mais seule la place de la jeune fille parvenait encore à chauffer. Alors elle regardait, l’œil vide de sens, le cœur atone, les jeux débiles à la télé. Y avait rien d’autre à faire, de toute façon. Tant que Maman ne rentrait pas, elles pouvaient rien faire toutes les deux. Une fois, elle avait essayé. De chercher sa mère dans les rues, de l’appeler jusqu’à ce qu’elle réponde. Tout ce qu’elle y avait gagné, c’était une bonne paire de gifles et la certitude impartiale que sa mère était prête à tout pour qu’Odalie grandisse plus vite.
Une fois le repas terminé, l’adolescente laissa tomber sa nuque contre le dossier du canapé, fixant le plafond sans le voir. Elle en avait marre. Elle avait joué du violoncelle, s’était appliquée pour ses devoirs, elle avait regardé mille fois les mêmes épisodes de séries françaises de seconde zone à la télé, et il n’y avait plus rien à faire. Elle s’ennuyait profondément. D’un ennui solennel et creux, qui la laissait pleine de regrets de n’avoir pas fait autrement. Un ennui qui la consumait, comme une chandelle trop vacillante, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus en elle que ses si et ses s’il te plaît. Même nager ne la distrayait plus, même nager ne l’empêchait pas de voir ce qui était en train de se passer.
Elle avait 11 ans et demi, mesurait moins d’un mètre trente, et devenait doucement invisible.
Invisible aux yeux de ses frères, qui avaient tous les trois fait choix de s’éloigner vivement d’elle. Si elle se moquait bien, au fond, qu’Aurèle ou Maxime soient partis, la brûlure laissée par Alix lui trouait toujours la poitrine. Elle préférait ne pas y penser, ne pas penser à son grand frère, sinon elle pleurait dans la nuit, n’osant plus monter sur le toit depuis qu’il en était parti. Invisible aux yeux de sa mère, qui agissait comme si Oda était déjà une grande personne, capable de se gérer seule et n’ayant pas vraiment besoin de quelqu’un pour ses récitals. Invisible pour elle-même surtout.
La sirène se perdait, doucement, se fondant dans un quotidien dont les contours étaient pastel. Elle fondait comme neige au soleil pour devenir ce qu’on attendait. Juste assez rêveuse à l’école, juste assez sérieuse à l’école. Juste le niveau qu’il faut en violoncelle, alors que sur son vieux parquet les lames grinçaient de volupté. Juste comme il faut. C’était ce qu’on attendait d’elle ? Alors ainsi elle le serait.
11 ans et demi. Le temps qu’il lui avait fallu pour comprendre que les émotions c’est sale ; que quand on en a trop, il vaut mieux parfois les cacher. Alors elle les cachait, Odalie, elle les cachait tout le temps, comme une immense cocotte-minute où elle balançait sa colère, sa peine et son ressentiment en les laissant mijoter là sous un couvercle bien opaque. Le temps qu’il lui avait fallu pour décider qu’elle serait comme maman. Forte. Seule, par choix et non pas par destin. Capable de prendre soin d’elle-même. Puisque personne d’autre ne le ferait pour elle.
Redressant mollement la tête, l’adolescente essuya d’une manche la larme qui avait parlé au carrefour de ses cils bruns. Elle débarrassa la table, fit la vaisselle, éteignant un peu la télé qui déblatérait sans cesser des inepties enquiquinantes. Et puis elle monta à l’étage. Son violoncelle n’y était pas, elle l’avait laissé au conservatoire tandis qu’une fois de plus maman n’était pas venue la chercher. Il n’y avait que sa chambre vide, ses posters de fonds sous-marins, ses carnets, ses stylos pailletés, et elle au milieu de tout ça qui recherchait juste une présence. Une présence, une pièce pleine au lieu d’être vide, juste une, une seule dans tout ce long couloir. Juste quelqu’un sur qui compter.
Mais il n’y avait personne, Odalie, personne que son propre reflet, personne que la flamme bien ardente qui brulait dedans sa poitrine. Elle apprendrait à s’en suffire. Elle apprendrait à ce que la cocotte-minute reste enfouie sous un millier d’armes qu’elle serait prête à dégainer. Elle apprendrait, oui, à ne plus s’en préoccuper, à s’asseoir sur ses émotions et à être une si bonne actrice qu’elle saurait se duper elle-même. Jusqu’à oublier son essence, oublier tout ce qu’elle était, jusqu’à n’exister pleinement que par l’image qu’elle renvoyait, que par les envies qu’elle lisait dans le regard des autres enfants. Elle apprendrait. Il faudrait bien, de toute façon.
Mais pas là. Pas ce soir-là. Ce soir-là, elle avait 11 ans et elle voulait juste quelqu’un.
D’un pas traînant sur les lattes brunes, elle retourna dans le couloir et poussa une porte close qui l’était depuis trop longtemps.

Son odeur la prit à la gorge.
Ça sentait comme s’il était là, comme s’il n’était jamais parti. Son bureau tout désordonné, son lit fait à la couette froissée, son placard ouvert sur des fringues qu’il ne mettait presque jamais. Celles qu’il mettait, il les avait prises avec lui. Il avait tout pris avec lui. Tout ce dont il avait besoin.
Et il n’avait pas besoin d’elle.
Son odeur la prit à la gorge et elle sentit une boule énorme qui menaçait de l’étouffer. Elle s’allongea sur le lit, en travers, laissant pendre ses pieds jusqu’au sol, et regarda cet autre plafond. Le plafond qu’Alix avait fixé, chaque soir avant de partir, et qu’elle-même regardait en boucle depuis qu’il les avait laissées. Elle sortit de sa poche le baladeur qui ne quittait jamais ses affaires, glissa les écouteurs dans ses oreilles.
♫ If you ever find yourself stuck in the middle of the sea
I’ll sail the world to find you
If you ever find yourself lost in the dark and you can’t see
I’ll be the light to guide you
Ohhh … ♫
La moitié de la chanson s’écoula avant qu’Odalie ne comprenne qu’elle était en train de pleurer. De lourds sanglots, presque écrasants, qui lui comprimaient la poitrine. Ça faisait mal, et en même temps un peu de bien. Face à ce plafond vierge de vagues, elle se laissa doucement porter jusqu’à ce que la peine s’apaise.
Alix était parti.
Alix était parti, et il ne reviendrait pas, et elle l’avait bien cherché. Elle lui avait dit qu’il ne serait plus son frère, elle lui avait dit qu’elle le détestait, mais ce n’était pas vrai. C’était elle qui l’avait fait fuir. Si seulement il avait su voir, derrière le voile de sa souffrance, les vrais sentiments de sa sœur, qu’est-ce-que ça aurait pu changer ? Une question qui la taraudait, la malmenait, lui faisait mal, question qu’elle se posait chaque jour, question dont la réponse toujours devrait lui rester inconnue.
Alix était parti, maintenant.
Elle avait fait n’importe quoi, prétendant que ça ne touchait pas le cœur d’enfant qu’elle abritait. Pathétique. Il fallait qu’elle assume maintenant. Qu’elle arrête de jouer à l’enfant. Alix était parti ? Tant pis. Il faudrait bien qu’elle se débrouille. Il faudrait bien qu’elle le mette dans la cocotte-minute, lui aussi, avec les trucs désagréables, pour qu’elle n’ait plus à y penser, qu’elle se forge une armure de fer pour mettre autour de ses brûlures.
Lovée au milieu des souvenirs de ce frère qu’elle avait aimé, bien trop pour le vouloir malheureux, pas assez pour le retenir, la musique jouant à ses oreilles, Odalie se recroquevilla et attendit silencieusement que le sommeil vienne la cueillir.
Puisqu’il n’y avait plus que ça.


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