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Lun 29 Nov 2021 - 23:55
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Aurore x London


Avril 2017.

Salut London. C’est moi. Ouais, moi. Aurore. Ta pote, tu sais. Celle à qui t’as pas dit au revoir quand t’as quitté sa vie. Celle qui croyait qu’t’étais heureuse et qui s’est plantée sur toute la ligne. Qu’a attendu une lettre de toi, un signe, même un mail désastreux ; mais rien n'est jamais arrivé.

L’adolescente a répété vingt-cinq fois devant son miroir. Les mots lui arrachent la poitrine comme le feraient des tonnes de plâtre. Elle arrive pas, chaque son accroche, Aurore tousse et se dévisage ; qu’est-ce qu’elle est conne, à galérer. Ça devrait pas être aussi compliqué, les émotions. Si ça tenait qu’à elle, ce genre de trucs serait bannis. Hop, plus se souci à se faire, juste à penser sans être pollué par toute la douleur de la terre. On devrait garder que l’amour et la colère, le reste ça sert qu’à faire mal. Même, des fois, la colère fait mal. Manquerait plus qu’l’amour aussi.
Bien sûr, c’est l’idée d’Oliver. Elle lui a parlé de London, il a tout fait pour qu’elle la cherche, qu’elle la retrouve, qu’elle vienne retrouver derrière elle les miettes de leur amitié. Et elle, qu’est-ce qu’elle a bien pu faire, à part doucement obtempérer, admettre que oui, ce serait bien. Parce qu’il y a une partie d’elle qui sait pas quoi faire de tout ça, tout ce qu’elles ont vécu à deux et qui s’est effacé d’un coup sans qu’elle puisse mettre de point final. Alors Aurore l’a retrouvée, Aurore a pris un autobus pendant un bon milliard d’années. Elle a l’impression de dormir, mais à chaque fois qu’elle rouvre les yeux, le paysage n’a pas changé. La route.
Mille fois, elle songe à descendre, à rebrousser chemin. Oliver avait offert de l’accompagner, elle aurait dû accepter au lieu de se trouver, idiote, à traverser 40 états pour trouver une fille qui, peut-être, ne voudra même plus lui parler. Mais c’est trop tard, maintenant. Elle a progressé bien trop loin, elle peut plus revenir en arrière.

Il va bien falloir qu’elle arrive.

Mais si, tu sais. Celle avec qui t’as partagé bien plus de silence que d’éclats, que t’as pas cru utile d’informer, à qui t’as rien dit quand vous êtes partis, comme si ça avait aucune importance. Comme si rien n’avait eu d’importance. Et quand j’ai cherché, j’ai rien trouvé. Que du vide. Comme si moi j’étais rien, pour vous. Mais moi j’y croyais, moi, London. J’veux pas que rien ne soit arrivé.

Elle sait même pas ce qu’elle va chercher, au juste. Une forme de closure, peut-être ? Juste une simple confirmation que c’était bien réel, tout ça ? Ou bien un truc, autre chose, quelque chose. Un truc qui la rattache au monde, maintenant qu’il y a plus personne. Toutes ses croyances évanouies, volatilisées, elle pensait être seule au monde, ben non, y a mille monstres d’histoire qui veulent la croquer de leurs dents, la strier de leurs griffes acerbes. Sans doute qu’elle a besoin de revoir qui elle était avant tout ça. Et comme elle était pas grand-chose, faut qu’elle retrouve son pas grand monde pour pouvoir rien lui dire du tout.
Ouais, elle a répété, mais après quoi ?
Après elles vont se tomber dans les bras en pleurant de s’être trouvées ? London peut toujours rêver. Aurore lui en veut trop pour ça. On passe pas de tout à rien comme ça. Sans un geste. Sans un signe. Sans rien que l’absence à laquelle on pourra pas se préparer. On passe pas de 100 à 0. Des confidences dans la nuit noire, cheveux mêlés sur l’oreiller à ça, rien que des souvenirs. Le vide. Le néant. Une taie d’oreiller de princesse que l’on a cessé d’habiter. Y a même plus de princesse pour dormir dessus, parce qu’Aurore c’est plus une princesse. Elle a dû grandir bien trop vite, on l’y a forcée, sans merci.
Peut-être que c’est ça, finalement. Elle vient sauver London, encore. Elle vient cesser d’être princesse pour devenir son chevalier. Parce qu'elle a rien à faire là, non. Son ancienne amie s’est terrée dans un refuge avec des monstres, et elle évolue au milieu, sans doute à en perdre la tête. Peut-être qu’en la tirant de là, en lui proposant autre chose, en lui rappelant qu’elle est humaine, peut-être que London reviendra. Que London lui reviendra, elle qui lui a tout dit sur elle.
Ouais, peut-être qu’elle vient la sauver.

Elle saura quand elle sera arrivée.

Ouais, London, c’est moi, ton amie. Celle avec qui t’as ri, parfois. Celle avec qui t’as joué, souvent, avec qui t’as tout murmuré pendant que le monde s’effondrait. Celle qu’a cru en toi bien trop fort pour pas avoir le cœur brisé.

Alors elle la retrouve, maintenant, et aucun mot franchit ses lèvres, comme si le désert en entier s’était invité dans sa gorge. Elle a besoin d’eau, d’air, d’un truc, besoin de se dégourdir le cœur. Quand elle voit sa silhouette quitter l’enceinte du refuge d’aberrations, Aurore sent tout son corps trembler. Ça fait mal juste en dessous des côtes, comme un battement désagréable qu’elle avait failli oublier à force de se barricader.
Elle voudrait trouver un truc à dire, peut-être juste reprendre contact, mais sa gorge est tellement nouée qu’on dirait qu’elle y arrivera pas. La seule chose qu’elle voudrait dire, là, maintenant, à observer cette même démarche qui a grandi de dix bons centimètres, c’est combien elle lui a manqué.
La blonde s’avance, maladroite, et pose une main sur une épaule sans savoir même ce qu’elle va dire.
« London. »

Dis moi que tout peut arriver.

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Nombre de dés : Un.
Résidence : Refuge de la Rose Noire, Bayou, Nouvelle-Orléans. De temps en temps elle squatte un appart miteux à Phoenix.
Profession : Enchaîne les jobs foireux et les licenciements express, est probablement sur la liste noire de tous les Macdo du pays.
Faceclaim : Billie Eilish
Pouvoirs/capacités : Glousse comme une pintade, n'est jamais à court de briquets, vous a fait les poches discrètement pendant que vous lisiez ce profil.
Crédits : LadyEilie aka Serena la sista clownesque
Disponibilité RP : Pas avant 2027.
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Ven 24 Déc 2021 - 16:56


Ashy SunrisePictures of the old us got me feeling older

main tenant un chronomètreLe passé, c’est un joueur de rugby. Un arrière, un numéro 15, costaud, excellent au plaquage. Celui que tu vois pas venir, trop occupée à courir pour éviter les autres, trop focalisée sur le sol que foulent tes pieds, sur l’horizon de l’en-but adverse que tu essaies d’atteindre, sur le ballon contre tes côtes, sur ta respiration sifflante. C’est le dernier joueur, celui que t’as oublié parce qu’il est en retrait, celui que t’as pas le temps d’éviter, celui qui vient frapper tes certitudes et l’euphorie d’être presque arrivée à tous les semer. Celui qui fait voler en éclat le présent que tu avais réussi à conserver entre tes bras serrés à t’en faire éclater la cage thoracique. Celui qui te fait mordre la poussière, juste au moment où tu te croyais presque prête à t’envoler vers l’avenir.

Le passé ne prévient pas. Tu peux courir, London, tu peux slalomer encore et encore pour éviter les souvenirs qui te traquent, il suffira d’une seconde d’inattention, d’un instant de ralentissement, pour qu’ils ne te rattrapent, dans une mêlée d’émotions paradoxales. Et courir, tu sais faire, tu l’as fait toute ta vie. Dans les rues pavées de la Nouvelle-Orléans, une main dans celle d’Aaren, une autre remplie de bijoux volés. Dans la chaleur moite de la nuit de Phoenix, fugue loin d’un énième foyer non désiré. Dans la moiteur humide de la campagne, après avoir brisé l’union fragile d’une famille que pourtant tu aimais. Sur le terrain, le ballon ovale lové contre toi, sous les acclamations des parents dans les gradins. Courir, toujours, tout le temps. Courir loin des lieux, loin des gens. Courir en regardant vers l’avant, obstinément.

Mais le passé est toujours là. Il est dans les objets que tu gardes dans une nostalgie qui tranche avec ta fuite perpétuelle. Il est dans la fiole vide que t’avait offerte Allie, ce talisman qui ne t’a jamais quittée. Il est dans ce porte-clefs en forme de ballon de rugby que Liam t’avait acheté un jour après une défaite cuisante, pour te réconforter. Il est dans ce maillot où toute l’équipe avait marqué son nom, après une victoire écrasante. Il est dans ce numéro 11 que tu vois partout, tout le temps, sur les horloges, sur les portes, sur les plaques des maisons, sur les étiquettes des vêtements que tu voles. Le passé est toujours là, silencieux comme une ombre, il te surveille, il te guette, il attend le moindre moment de faiblesse. Il est là comme un fantôme qui ne supporte pas qu’on ne le voie pas. Alors quand tu l’oublies un peu trop, il revient te hanter plus fort, il fait claquer des portes qui s’ouvrent sur des visages trop familiers.

Le passé vient de faire une percée dans tes défenses, de s’extirper de la mêlée de distractions dans lesquelles tu t’enlises pour ne plus penser. Le passé est devant toi, il t’appelle, de cette voix bien trop familière et qui pourtant a tant changé. « Aurore ? » Et dans son prénom résonnent mille goûters après l’école, mille soirées pyjama pendant les grandes compétitions de Liam et Arnaud, mille courses sur le trajet vers le club de rugby, mille heures passées dans ta grande chambre dans un silence que ni l’une ni l’autre n’osait briser, mille plaquages pour se défouler, mille rires un peu moqueurs aux blagues des parents à table, mille soupirs exaspérés pour se donner l’air rebelle, mille regards complices pour être à deux contre le monde, mille cris de joie quand votre équipe de benjamines gagnait, mille muffins aux myrtilles pour adoucir l’amertume des défaites, mille blagues un peu vaches pour ne pas trop se dire qu’on s’aime, mille tu dors ? balancés dans le noir pour ne pas se sentir trop seules, mille monosyllabes en guise de conversations, mille plaintes rageuses quand rien n’allait comme vous vouliez.

Le passé est venu alors que tu ne l’avais pas invité. « Qu’est-ce que tu fous là ? » Ton un peu dur, un peu brutal, comme un plaquage, mais Aurore sait prendre les coups, elle les a toujours encaissés. Pas un bonjour, pas un ça va, pas un quoi de neuf, pas un désolée. Tu lui fonces dedans, le ballon toujours contre le ventre, priant pour qu’elle ne te barre pas la route trop longtemps, pour qu’elle ne soit pas vraiment réelle, pour qu’elle se mette sur le côté pour te laisser passer, te laisser continuer ta vie comme si sa présence n’avait rien changé. Tu lui fonces dedans sans douceur parce que tu lui en veux un peu et tu t’en veux surtout beaucoup. Tu lui fonces dedans avec rage contenue parce que la colère c’est plus facile que les regrets, parce que la fureur c’est plus gérable que la peine et que tu sais pas faire autrement. Désolée, Aurore, de pas être désolée.

Parce que le passé, c’est le passé. Alors non, tu ne lui donneras pas d’excuses, tu ne t’en voudras pas de la brutalité des mots, pas alors que c’est elle qui t’a foncé dedans en premier, comme un bulldozer chargé de tous ces souvenirs que tu voulais éviter. Tu serres les poings, prise en étau par l’angoisse de cet autre temps qui revient te hanter. Tu te pensais en sécurité, London, tu pensais avoir avancé, mais te voilà projetée de nouveau en arrière, prise dans la mêlée, tandis qu’on t’arrache la balle et toutes tes certitudes avec. Aurore est là. Aurore est venue ici en sachant t’y trouver. Aurore ne t’a pas oubliée, non, elle t’a cherchée. Il y a une part de toi qui s’en émeut, une part de toi qui voudrais la serrer dans tes bras, d’une accolade franche que trop rarement vous vous accordiez. Il y a une part de toi qui pleure de joie, parce qu’en dépit de ce que tu croyais, il y a quelqu’un qui t’aimait assez pour te courir après. Mais il y a la peur aussi. La peur de te faire rattraper par ce que tu as tant cherché à fuir. Tu jettes des regards suspicieux autour de toi, à la recherche de silhouettes que tu ne trouves pas. « T’es toute seule ? » Ou bien tu es venue avec eux ? Eux, les Shail, la meilleure famille que tu aies eue, un foyer chaleureux que tu as dévasté. Eux qui t’ont peut-être cherchée, pour te punir, pour se venger, pour t’accabler de reproches que tu t’étais déjà fait. Eux que tu aurais pu vouloir retrouver, si seulement tu n’avais pas tout gâché.


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Mer 29 Déc 2021 - 12:04
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Quand elles jouaient au rugby ensemble, elles étaient inarrêtables. Ailières, chacune de son côté. Personne pouvait les attraper. Personne osait les attraper. Elles allaient chacune bien trop vite. Des fois, même sans avoir la balle, Aurore fonçait de son côté, pour faire la course avec London. C’était débile, stupide, inutile. Elle fonçait droit vers le néant, vers l’inconnu, vers le fragile. Mais parfois, elle était première. Et quand elles marquaient leurs essais et que l’équipe portait l’une d’elles, l’autre n’était jamais vraiment loin. Prêt à savourer la victoire avec des cartons de pizza et des soirées à rien se dire, ou rien qui importe vraiment.
Elle a envie de partir, là, maintenant. De prendre ses émotions sous le bras comme elle prend le ballon ovale, et partir en courant, ailleurs. Là, elles verraient bien, finalement, qui est la plus rapide des deux. Pour peu que London la poursuive. Mais pourquoi elle la poursuivrait, quand elle est partie sans rien dire ? Quand elle a juste disparu, évanouie de son quotidien, alors qu’Aurore avait trop peur ?
Son prénom, sur les lèvres de l’autre, ça lui donne envie de tout péter.
Parce qu’elle l’a dit cent fois, mille fois, mais jamais avec ce ton là.
Aurore ? Cherchant partout dans la maison, après qu’une des deux soit partie, frustrée d’avoir perdu à un jeu, une connerie. Aurore ? Au milieu d’une nuit sans étoiles, où elle dormait sur le futon, juste pour être sûre de pas être seule dans l’obscurité dégueulasse dont les replis formaient le monde. Aurore ? Sur le ton de la menace, quand allait trop loin, trop fort, quand l’élastique qu’elles partageaient et qu’elles appelaient amitié menaçait doucement de péter, l’une lâchant, l’autre doigts éclatés.
Elle a jamais réfléchi à qui lâcherait. Sans doute qu’elle pensait que ce serait elle. Ça lui fait mal de réaliser que non, c’est elle qui a mal aux doigts, qui s’est pris le coup d’élastique, le revers de cœur dans la tronche. Ça lui fait mal, le ton de London, parce qu’à la seconde où leur yeux se croisent, elle réalise qu’elle a toujours ce putain de bout de caoutchouc dans la main, qu’elle l’a pas lâché une seconde, et qu’elle avait ce fol espoir qu’il se soit juste pété en deux, chacune avec un petit bout qui lui avait fait mal vivement. Ça lui fait mal parce qu’en fait, peut-être qu’elle était la seule à y tenir, dès le début, et ça la fait profondément chier de s’être tapée 2 jours de bus pour quelqu’un qui veut pas la voir.
Pourquoi t’es partie sans rien dire, London ? Pourquoi tu m’as rien dit ? Rien écrit ? Y avait la guerre, je sais, d’accord. Mais après ? Après, t’aurais pû juste, je sais pas, glisser un jouet de Happy Meal dans ma boîte aux lettres et j’aurais compris. Que t’étais là, que t’étais vivante. Moi, j’avais peur que tu sois morte. J’avais peur qu’un truc grave se soit passé, et toi t’étais juste là, tranquille, à errer dans tous les états. Pourquoi tu m’as fait ça, London ? J’étais réellement rien, pour toi, en fait. Je me rappelle, tu m’avais dit que t’en avais marre de bouger. Marre des familles d’accueil, des gens qui croyaient pas en toi. Alors moi, moi qui croyais en toi, pourquoi tu m’as rien dit du tout ?
Elle a envie de tout casser, de s’emporter, de lui faire bouffer le caoutchouc jusqu’à ce qu’elle s’étouffe avec, elle a envie de lui faire payer les soirées pyjamas toute seule, à dormir par terre pour faire semblant qu’il y avait quelqu’un dans le lit.
« Qu’est-ce-que je fous là ? » elle répète, sonnée sous le choc de ce revers, la fatigue de deux jours de bus qui revient lui péter les dents.
C’est tout ce qu’elle a à dire, en fait. Tout, tout ce qu’elles ont traversé, résumé dans ce ton hargneux, presque inquiet, presque inquisiteur. Elle voudrait s’énerver, Aurore, pour pas qu’on voie ce trou béant que ça lui creuse dans la poitrine.

« Non, je suis seule. Avec qui veux-tu que je sois. »
Avec qui, hein ? Puisque même sa meilleure amie, celle en qui elle croyait tellement, elle l’a laissée sur le carreau ? Avec qui pourrait être Aurore, hein ? Avec son père, toujours en train de courir derrière un ballon au lieu de souvenirs communs ? Avec Ollie, qui lui envoie huit cent texto pour savoir si tout se passe bien ? Avec tous ceux qui la détestent, avec qui elle pourrait bien être, hein ?
« Je te cherchais, Lon. »
J’ai fait deux jours de bus pour toi, parce que j’avais pas la thune pour l’avion. J’ai fait deux jours de bus, mais c’est rien en comparaison du nombre de fois où je me suis posée la question. Où t’étais, ce que tu devenais. Est-ce-que tu te l’es posée, toi ? Parce que j’ai pas trop l’impression.
Au milieu des t’aurais pu, au milieu des t’aurais dû, au milieu des injures qu’elle aimerait bien lui lancer, y a l’enfant qui tremble dans ses côtes. Qui se dit qu’elle est juste surprise, mais qu’elles vont pouvoir renouer. Un nœud de pêcheur à l’élastique qu’elle laisseront plus jamais claquer.

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Dim 9 Jan 2022 - 19:39


Ashy SunrisePictures of the old us got me feeling older

main tenant un chronomètreJe te cherchais, Lon. Le ballon file comme une flèche sur le terrain, le ballon se rit de toutes les défenses, le ballon franchit la ligne d’en-but. Un essai comme un coup de poing dans l’estomac.

Je te cherchais. Si tu savais, Aurore, combien de fois j’ai rêvé d’entendre ces mots-là. Si tu savais toutes les nuits à supplier le plafond silencieux dans un lit qui n’était pas le mien, le mantra résonnant dans ma tête au rythme des respirations des autres gamins perdus comme moi dans cette chambre qui ne serait jamais la nôtre. Ils vont revenir, hein ? Ils vont revenir me chercher, c’est sûr. Si tu savais toutes les heures passées le nez contre la vitre à regarder défiler les gens dehors, à la recherche d’une chevelure blonde vers laquelle je pourrais courir en criant Maman !. Si tu savais tous les indices laissés un peu partout, London gribouillé au feutre sur un coin du mur, une barrette laissée dans un coin, juste au cas où ils reviendraient quand, moi, je serais partie, juste au cas où ils reconnaitraient mes affaires ou ma calligraphie hésitante, et ce nom qu’ils m’avaient laissé. Si tu savais toutes les affirmations péremptoires devant les regards compatissants des adultes tout autour, si tu savais tous les cris, tous les pleurs, toutes les crises de rage et les sillons salés sur mes joues quand on me disait que non, non personne n’était venu pour moi aujourd’hui encore. Si tu savais tous les lendemains attendus avec impatience, si tu savais tous les hier désespérants de silence. Si tu savais l’espoir qui s’amenuise un peu chaque jour, comme une flamme vacillante.

Je te cherchais. Tu en es sûre, Aurore ? Parce que les autres, eux, ils m’ont pas cherchée. Parce que j’ai eu beau les attendre des mois durant, mes parents ne sont jamais venus. Et les suivants non plus. Je sais pas si tu sais, Aurore, ce que ça fait d’attendre dans le vide permanent. De voir défiler les familles, les enfants, les parents, d’attendre que les tiens reviennent, adoptifs ou biologiques, peu importe, tant que quelqu’un est là pour frapper à la porte. D’entendre ces mots seulement dans la bouche d’un éducateur soulagé de te retrouver au poste de police après une fugue ratée, sur un ton chargé de reproches et d’inquiétude agacée. De faire face aux autres gamins esseulés, abandonnés qui veulent réduire ton espoir en miettes parce qu’ils peuvent pas le tolérer. Tu peux toujours attendre, ils reviendront pas, tes darons. Tu crois pas qu’ils seraient déjà là sinon ? Ils avaient raison, tu sais. C’est peut-être ça le pire, le plus grave au fond.

Je te cherchais. T’en es sûre, Aurore ? T’es sûre que c’est bien moi que tu cherchais ou tu as passé des années à courir après une chimère, le souvenir d’une amitié perdue ? T’es vraiment sûre d’avoir envie de me trouver, moi, London, pas la gamine de 13 ans avec qui tu faisais des soirées pyjama, non, la London presque adulte maintenant, la London qui porte en elle les stigmates d’une guerre qui est venue tout réveiller. Tu es sûre d’avoir envie de me retrouver ? Parce que moi, j’en suis pas persuadée. Et si j’étais toi, Aurore, je fuirais, sans hésiter. Je me plongerais dans les souvenirs de cette silhouette floue idéalisée, dans ma colère contre cette amie qui m’a quittée, dans les bons douces réminiscences du passé, par peur que les instants suivants soient mauvais. Parce qu’ils le seront, Aurore. Je sais pas ce que t’es venue chercher, je sais pas ce que t’attend de moi, de ces retrouvailles inespérées, je sais pas ce que t’espères en venant me retrouver. Mais quel que soit ton espoir, prépare toi à tomber. Parce que je vais te décevoir, Aurore, c’est ce que j’ai toujours fait, c’est même ce que je fais de mieux, il paraît. Alors remballe tes rêves naïfs et ton espoir idiot, celle que tu cherches est morte, et même avec toute l’énergie du monde, tu n’arriveras pas à la déterrer. London Shail a disparu, quelque part après la guerre, et la London qui se tient devant toi est juste couverte de cendres et de regrets. Remballe la nostalgie, Aurore, j’ai passé ma vie à courir après le passé, je t’assure que même la meilleure ailière du monde ne pourrait pas le rattraper.

Je te cherchais. Vraiment, Aurore ? C’est vraiment moi que tu cherches, tu t’es pas trompée ? Mauvaise adresse, mauvais destinataire, erreur sur la personne, numéro erroné. Tu me cherches comme on cherche cet élastique si pratique et coloré qu’on a porté pendant des années et qui un beau jour a glissé sous le canapé. Est-ce que tu veux vraiment le remettre dans tes cheveux, ce vieux bout d’élastique élimé par le temps, aux teintes devenues moins vives à force d’attendre dans l’obscurité, est-ce que t’en veux encore de ce truc plein de poussière qui va sans doute te péter dans les mains si tu le tords un peu trop ? Est-ce que ça vaut la peine de s’attacher autant, alors que tu pourrais simplement attacher tes boucles blondes avec un chouchou flambant neuf, un truc à la mode, un truc fiable, un truc avec lequel tu serais fière de te balader ? Peut-être que tu t’en fous au fond, c’était quelque chose que j’aimais bien chez toi, je crois, ta manière de prendre les choses comme elles venaient, de foncer dans le tas peu importe ce qu’on en dirait. C’est peut-être pour ça qu’on est devenues amies, au fond, parce que tu t’en foutais. Parce que quand mes fissures étaient visibles, tu choisissais de les ignorer. Mais aujourd’hui, Aurore, est-ce que tu les verrais ? Aujourd’hui, Aurore, est-ce que tu resterais ?

Je te cherchais. Et tu m’as trouvée. C’est pas comme si je pouvais faire semblant de rien et retourner me cacher, c’est trop tard maintenant, je peux plus t’ignorer. T’as gagné. Tu m’as rattrapée, t’as su courir assez vite pour me talonner, me doubler, me barrer la route. Bravo, Aurore. Au jeu de la fuite, tu m’as surpassée. Et maintenant je suis acculée, écrasée par la mêlée des émotions qui s’agitent entre nous et qui se battent avec les bribes du passé pour tenter de me voler le ballon du déni que j’avais tenté de garder. « Bah, j’suis là. » Haussement d’épaules. J’ai choisi ma tactique, Aurore, ce sera l’indifférence érigée comme défense, et le ballon qui renferme notre enfance n’atteindra pas ma ligne d’en-but. Et tant pis si ça fait mal, si tu te pètes les dents en essayant. C’est plus mon problème, Aurore, après tout c’est pas moi qui t’ai forcée à venir me trouver.

Je te cherchais. Mais t’es venue quand même. T’aurais pu m’oublier, me laisser moisir sous ce canapé, t’aurais pu te souvenir et choisir de me jeter dans la poubelle aux vieux souvenirs d’enfance, aux idéaux qu’on abandonne une fois passée l’adolescence. T’aurais pu faire comme moi et tourner cette page de ta vie, te dire que j’en valais pas la peine et que c’était tant pis, c’était fini. T’aurais pu trouver d’autres amies, d’autres gamines paumées avec qui rager pour n’importe quelle raison débile, avec qui aller manger à la pizzeria du coin quand t’as pas envie de rester seule à déprimer, avec qui parler de tout et de rien, de crush et de potins, et parfois quelques vraies confidences dans l’anonymat de l’obscurité. T’aurais pu trouver des dizaines de personnes pour me remplacer. Et pourtant t’es là, pourtant tu m’as cherchée. Et ça doit compter un peu quand même, au nom de la nostalgie sans doute, ou pour saluer l’effort peut-être. Ca doit compter au moins un peu, ne serait-ce que parce que Allie m’aurait tirée par la peau des fesses pour que j’accepte de te parler, parce qu’une amitié comme ça, il faut pas la gâcher. Même si ça vaut plus grand-chose, même si tout s’est émietté. « J’allais chercher des clopes. Tu viens ? »

Je te cherchais, Lon. Je sais pas ce que tu pensais trouver, Aurore. Mais puisque t’es là, puisque t’as fait le trajet, alors autant aller au bout. Autant tourner la page pour de bon, ou peut-être la continuer. Au nom des vieux délires, des anciennes amitiés. Au nom des victoires dorées et de tous les échecs grisés. Parce que tu m’as cherchée, Aurore, et ça me touche bien plus que je ne pourrais jamais l’avouer.


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Lun 24 Jan 2022 - 23:15
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Aurore x London


Parfois, on trouve pas ce qu’on cherche.
Elle sait même plus ce qu’elle est venue faire, qui est-ce qu’elle est venue chercher. La gamine qui jouait avec elle a disparu à travers temps, lavée par des pluies si acides qu’elles ont mis l’amer sur sa langue. La gamine qui jouait avec elle n’existe plus, il reste que ces cheveux bleus pâle, cet air délavé sous la glace, et ce masque d’indifférence qui existait déjà avant. A croiser ces yeux comme inertes, elle se demande si c’était vrai. Peut-on réellement tenir à quelqu’un, si c’est pour le quitter ensuite ? Peut-on on vraiment aimer quelqu’un, si on part sans se retourner ? A-t-on vraiment aimé quelqu’un, si l’on ne manifeste pas une joie lorsqu’on est retrouvé ?
Parfois, on sait plus ce qu’on cherche.
Pas ça, en tous cas. Pas cette indifférence. Pas cet air de pas y toucher, de faire comme si rien ne l’atteignait, comme si ces années de silence pouvaient tout juste être oubliées. Pas ça, non.
Ou peut-être précisément ça. Les mots qu’on met pas sur les maux. L’amitié qui reprend, d’un geste, qui raccroche ses wagons rouillés pour se remettre doucement en branle. Comme si l’intervalle n’était rien, comme si la distance n’était rien, comme si rien de rien n’était rien. Et c’est ça qu’elle retrouve, Aurore : rien. Rien de ce qu’elles ont bien pu être, rien de ce qu’elles pourraient devenir, rien de ce qu’elle a cru comprendre. Rien, et finalement, ça lui va.
London dit j’suis là et elle sait pas si elle veut y croire. Elle était là, la dernière fois, et puis d’un coup elle était plus là. Elle était plus là, et Aurore a collé son front contre les vitres de son appart à tenter d’entendre au travers. Elle était plus là, et Aurore a feuilleté en boucle le cahier où elle a collé les petits mots qu’elles s’écrivaient. Elle était plus là, et elle a joué au rugby toute seule, elle a fait des soirées pyjamas toute seule, elle a râlé sur tout toute seule jusqu’à faire fuir tous les voisins. Elle était plus là, et Aurore a pas voulu déménager parce qu’elle s’est dit que s’ils revenaient, si les Shail ou London revenaient, il faudrait qu’ils puissent la trouver. Il faudrait qu’il y ait quelque chose qui soit resté de leur passé. Et vu que ça n’était pas eux, il fallait bien que ça soit elle.
Parfois, on aime pas ce qu’on trouve.
Est-ce qu’elle-même est vraiment pareille ? Toujours cette même gamine, avare de mots, avide de tout, incapable de fermer les yeux sans une veilleuse près d’elle le soir. Toujours cette même gamine qui détalait dans les couloirs au lieu d’assumer ses conneries, qui renversait tous les verres d’eau à vouloir les prendre à deux mains. Toujours cette même gamine, qui fonçait ballon sous le bras en espérant qu’on l’attrape pas. Est-ce qu’elle peut reprocher au monde d’avoir bougé en même temps qu’elle ? Est-ce qu’elle peut reprocher aux autres d’avoir bougé pour être loin d’elle ? C’est ça, la question finalement. Elle leur en veut pas d’être partis, peut-être qu’ils avaient une raison. Elle leur en veut d’avoir rien dit, et plus qu’à eux, c’est à elle-même qu’elle se fait porter le chapeau.
Parfois, on trouve plus ce qu’on sait.

« Ouais. » Ouais, je viens, ouais. Ouais, je viens, et je serais venue y a trois ans si tu me l’avais demandé. Parce que je pensais que c’était vrai. Je pensais que c’était sincère. Je pensais qu’on avait pas besoin de le dire pour que ça le soit. Je pensais que toi et moi, London, c’était un truc si différent qu’on avait pas besoin de parler. Ouais, je viens, pour pallier cette fois-là où t’es partie sans même me dire où tu allais. Sans même m’écrire où tu étais. Ouais, je viens, et je vais te coller aux basques, maintenant, parce que je veux plus que ça arrive. Je veux plus être laissée derrière, abasourdie par mes angoisses au point de plus savoir mon nom. Je veux plus être laissée pour compte, à pleurer des larmes en silence tandis que personne ne reviens. Je veux plus être laissée, tout court.
Alors, d’un geste pas calculé, Aurore glisse ses doigts dans ceux de London et elle serre un petit peu sa paume. Elles sont mauvaises pour discuter, et elles le savent l’une comme l’autre. Elles sont meilleures à grommeler, râler, se chamailler ; parler de tout ce qu’elles ressentent, ça sera jamais leur point fort.
Et ça, on dirait que ça change pas.
C’est pour ça qu’elle lâche pas sa main, et London la traîne derrière elle jusqu’à un bar tabac de merde qui sent des odeurs qu’elle déteste. C’est pour ça qu’elle lâche pas sa main, qu’elle attend que son ex-amie paie et qu’elles ressortent toutes les deux. Elle a jamais fumé, Aurore, mais si c’est pour trouver London, elle deviendra comme un pompier à foutre le cancer dans ses bronches. C’est pour ça qu’elle lâche pas sa main, elle se laisse guider en tremblant sur des aventures inconnues, et elle se dit que ça fait du bien.
« La semaine dernière, on a perdu le match. » Elle lance. « On perd de plus en plus souvent. Ça fait chier. »
Aurore voudrait bien lui sourire et lui faire dire que c’est une blague. Mais c’est pas une blague. Ça fait vraiment chier de perdre, et ça la fait d’autant plus chier qu’avant, elle avait une personne avec qui pleurer les défaites. Une personne dont elle tient la main, qu’elle laissera plus la lâcher. Maintenant, c’est juste un sermon un peu triste que le coach leur balance comme ça. On s’habitue à tout. L’absence. La solitude. Et la défaite.
« Tu pourrais revenir. »

Parfois, on sait pas ce qu’on trouve.
Mais parfois, c’est pas grave du tout.

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Résidence : Refuge de la Rose Noire, Bayou, Nouvelle-Orléans. De temps en temps elle squatte un appart miteux à Phoenix.
Profession : Enchaîne les jobs foireux et les licenciements express, est probablement sur la liste noire de tous les Macdo du pays.
Faceclaim : Billie Eilish
Pouvoirs/capacités : Glousse comme une pintade, n'est jamais à court de briquets, vous a fait les poches discrètement pendant que vous lisiez ce profil.
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Disponibilité RP : Pas avant 2027.
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Dim 13 Fév 2022 - 19:56


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main tenant un chronomètreOn n'était pas à vendre, mais on pouvait revendre des montagnes d'amitié

Sa main dans la tienne comme une promesse, des doigts qui serrent un peu mais pas trop, comme pour pas étouffer, pour pas couper la circulation du sang comme tous ces élastiques trop neufs et trop petits qui agrippent trop fort le poignet. Un contact léger qui te surprend un peu, parce que tu n’as plus l’habitude, sauf peut-être avec les enfants plus jeunes du refuge, du moins ceux qui sont assez jeunes pour des contacts spontanés mais assez hardis pour venir te les donner malgré ton air blasé. Pas que tu ne sois pas tactile avec Aaren, tu t’écroules souvent sur son épaule après avoir tiré trop fort sur le joint, vous êtes toujours collés l’un à l’autre comme des jumeaux qu’on aurait trop longtemps séparés et qui se retrouvent enfin après toutes ces années. Oui, vous n’êtes pas avares de contact envers l’autre, et cette proximité en fait jaser plus d’un, auxquels tu réponds par un simple haussement de sourcils ou de majeur, selon l’humeur.

On n'avait pas de peur, on sentait la chaleur qu'on savait se donner

Mais ce n’est pas pareil. Ce n’est pas aussi doux, pas aussi direct, pas aussi intime et assumé, et puis vous êtes rarement sobres alors c’est plutôt les substances qui parlent que votre volonté. Mais la main d’Aurore dans la tienne, c’est inattendu et ça réchauffe le cœur un peu, de savoir que malgré les briques que les années ont pu empiler entre vous, sa main peut toujours passer au travers pour attraper la tienne. Aurore saisit ta main, London, et ça te ramène à toutes ces fois où tu as cherché la sienne dans l’obscurité de ta chambre, juste pour savoir que tu n’étais pas seule. Elle saisit ta main et tu te souviens des étreintes dans l’euphorie des fins de match, des coups de coude amicaux qui faisaient plus de bien que de mal, des check parfois trop longs pour vous saluer parce que se faire la bise c’était pas votre tasse de thé. Tu te demandes si elle fait la bise maintenant, tu te demandes à quel point elle a grandi, à quel point elle a changé, à quel point vous êtes encore compatibles et ce qu’il reste aujourd’hui de votre amitié.

On était plein d'ardeur, mais on sortait vainqueur de nos pauvres blessures

Mais vos doigts s’imbriquent encore alors qu’elle ose te prendre la main, et te la reprendre juste après que tu l’aies brièvement lâchée pour payer, alors peut-être que finalement rien n’a vraiment changé. Car elle est là, comme avant, et tu sais que t’es pas seule sur Terre. Qu’il te reste encore ce fragment d’un passé dont tu as voulu te détourner et qui t’a poursuivi en traversant probablement tout le pays puisque, tandis que tu l’entraînes derrière toi, à louvoyer au milieu des gens entre les ombres qui se pressent et les regards qui se baissent, elle te parle encore de votre ancienne équipe de rugby. C’est un peu bizarre de l’entendre raconter une défaite comme si tu avais juste été absente à cette rencontre, comme si tu étais juste malade et qu’elle était venue te tenir compagnie et te transmettre les dernières nouvelles pour que tu ne sois pas complètement larguée lors de ton retour. Quand elle te dit qu’ils ont encore perdu, tu as presque envie de faire une blague sur le fait que c’est à cause de ton absence, parce que la nouvelle ailière avec le maillot onze est sûrement moins rapide que toi, parce qu’elles forment certainement une équipe moins soudée toutes les deux.

Un beau jour nous avions fait ensemble une promesse

Tu as presque envie d’en rire, presque envie d’être sérieuse aussi. Presque envie de croire que tu avais ta place là-bas, que tu étais chez toi dans cette équipe comme dans la maison des Shail, que tu y as toujours eu ta place et que tu pourrais encore l’avoir. Presque envie de l’écouter quand elle te dit que tu pourrais revenir, parce que ça sonne comme une promesse à tes oreilles, la promesse de vivre à nouveau les meilleurs moments de ta vie, de revivre les promenades sur le Waterfront et les dîners animés à six où même les pièces rapportées se sentaient à leur place, de revivre l’effervescence des trajets en minibus les jours de match et l’adrénaline des coups de sifflets qui signalaient le début des rencontres, de revivre tous ces moments dorés où vous avez osé, où vous avez été fières, où vous vous êtes levées pour entrer dans la lumière, sous les regards d’une poignée de supporters – mais ils auraient pu être des milliers sans que cela ne change rien à votre fierté.

Même au milieu des chimères on y croyait plus fort quand le courage manquait

Ce serait doux d’y croire. Ce serait doux d’entrer dans le mirage qu’elle projette entre vous et qui se reflète dans les nuages de fumée qui s’échappent de la cigarette que tu viens juste d’allumer, assise en tailleurs sur un muret un peu à l’écart de la rue. Ce serait doux de te mentir à toi-même, de te dire que tu n’as pas tant changé, que tu peux encore te fondre dans le moule de l’adolescente que tu étais comme si en plus de trois ans tu ne t’étais pas endurcie, comme si en plus de trois ans tu n’avais pas grandi, comme si tu n’étais pas à présent incapable d’entrer de nouveau dans tes vêtements d’enfant. Ce serait doux mais tu n’es pas douce, London, trop habituée à l’âcre goût du tabac dont tu prends des bouffées qui assombrissent tes poumons et tes dents autrefois nacrées. Ce serait doux mais ce n’est rien de plus qu’un songe dont tu t’es déjà réveillée brusquement lors d’un bombardement, et il est trop tard maintenant que tu as ouvert les yeux, maintenant que les détonations létales des armes et des explosions de magie ont remplacé les crépitements scintillants des feux d’artifices. Il vous aurait fallu rêver avant que la nuit ne s’achève.

Quand les peurs étaient lourdes, on se trouvait toujours une voix qui nous rassure

Ce serait doux mais ce n’est plus toi. Alors tu secoues la tête, doucement, avec un sourire un peu désabusé sur les lèvres, tandis que tu souffles un peu de fumée grisâtre sur ses espoirs trop colorés. Non, tu ne peux pas revenir. Tu ne peux pas revenir sur tes pas, car le chemin s’effrite sous tes pieds et tu ne peux qu’avancer en regardant parfois en arrière tes beaux souvenirs s’écrouler. Tu ne peux pas revenir car là-bas il n’y a que des ruines, celles de ta ville, celles de ta maison, celles de ta famille. Celles de la gamine que tu étais. Au lever du jour, l’orage est passé, mais ce n’est pas pour autant que tu peux revenir sur ce terrain dévasté. « Non, j’peux pas. » Je peux pas revenir, Aurore. Je peux pas revenir là-bas s’il n’y a pas Allie, s’il n’y a pas les Shail au complet, s’il n’y a pas ma chambre avec la poussière sous les meubles et des vieux élastiques qui traînent et qu’on retrouve par hasard, ma chambre avec mon lit et la place juste à côté pour ton matelas, s’il n’y a pas la pâtisserie au coin de la rue avec son enseigne bleu pastel et ses beignets à la framboise dont on pouvait se gaver à l’infini, s’il n’y a pas l’aire de jeu à deux pas du terrain d’entraînement avec les balançoire jaune sali par le temps sur lesquelles on s’asseyait pour le passer. Il n’y a plus rien pour moi là-bas, il n’y a plus que toi à m’attendre et toi aussi il va falloir que tu tournes la page, comme moi je l’ai fait. Il faut que j’aille voir ailleurs, il n’y a plus rien pour moi là-bas.

Oh vous mes compagnons, mes amis de jeunesse

« C’est ici, ma vie maintenant. » C’est ici et pas là-bas, parce que tu as appris à tourner la page vite, à apprivoiser les nouveaux lieux comme les nouveaux visages, à développer une capacité d’adaptation parfois poussée à l’extrême, au point de renier presque entièrement tous les endroits précédents où tu as tenté de t’enraciner. Pas que tu n’en gardes aucun souvenir, non. Tu pars, oui, mais tu n’oublies rien, de ton passé, ni de tes liens. Et c’est précisément parce que tu te souviens, parce que tu as glissé dans tes bagages bien plus que des images, parce que les voix, les odeurs, les regards te suivent, que tu ne retournes que rarement poser tes valises dans un lieu que tu as quitté. Surtout Seattle. Seattle, berceau de tes plus beaux souvenirs comme des pires. Seattle qui t’a fait miroiter un avenir pour mieux briser la glace dans laquelle tu avais osé contempler le reflet de tes espoirs.

Quelle que soit mon histoire, non je n’oublie jamais

Non, tu ne retourneras pas à Seattle. Ta ville, maintenant, c’est la Nouvelle-Orléans. Ta maison, c’est la Rose Noire, et tant pis si elle est au cœur du Bayou. Ton équipe, c’est le refuge et ses résidents. Ta famille, c’est Aaren, ce nymphe qui te renvoie des échos de toi-même plus que n’importe qui avant. Tu croises brièvement le regard un peu blessé d’Aurore, Aurore qui a fait des kilomètres pour te revoir et pour te convaincre de rentrer, Aurore qui ne va pas s’arrêter là, qui va tenter de te persuader. « C’est pas la peine d’essayer d'me convaincre, j’te suivrai pas là-bas. » J’y ai jamais remis les pieds depuis et même pour toi je ne suis pas sûre d’être prête à franchir ce pas. Perds pas ta salive à essayer d’argumenter, Aurore. Je ne veux pas perdre mon temps. Et tant pis si je fais des choix qui déplaisent parfois, je refuse de me taire. Tu me connais, Aurore, je suis pas du genre à mentir. « Mais toi tu peux v’nir si tu veux, des fois. T’as qu’à prendre un portail chaque fois que vous perdez un match, on mangera des beignets nola, ils sont encore mieux qu’à Seattle. »

Et aujourd'hui encore je refais la promesse

Tu ne lui tournes pas le dos tandis que tu tournes la page de votre relation. Ce n’est pas la fin d’une histoire, simplement celle d’un chapitre. Tu lui offres un nouveau départ, une destination, le même étendard, une seule direction, main dans la main ensemble vers quelque chose d’autre. Tu lui proposes de tracer vous-même le chemin s’il n’existe pas encore, et en silence tu la défies d’accepter. Si t’es cap, Aurore, on la redessine ici, notre amitié. On se verra moins souvent, on sera pas aussi proches, il faudra réapprendre à s’apprivoiser, il n’y aura plus de victoires ni de défaites mais je vivrai les tiennes par procuration pendant que tu me les raconteras. Je te filerai des clopes aussi si tu veux, je t’apprendrai à voler des trucs sans te faire prendre et à fumer sans tousser à chaque bouffée. Ce sera pas pareil mais ce sera pas mieux ni moins bien. Ce sera nous, juste un peu différentes, un peu plus grandes. Tu jettes ton mégot et lui tends le paquet ouvert, sans un mot mais avec un regard inquisiteur. Alors, Aurore, t’en dis quoi ?

S’il n’en reste qu’un, nous serons ce dernier


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Jeu 24 Mar 2022 - 22:37

Watch the time go right out the window
Aurore | London

Ouvrir les portes, briser les murs, fendre nos masques et nos armures

Mal dans le dos, mal dans les côtes ; elle a porté un poids trop lourd, franchi de trop vastes espaces, pour y renoncer maintenant. Elle raconte le match comme si c’était rien, comme si London avait glissé dans ses bagages bien plus que des images. Aurore n’a pas l’habitude, de ça. Pas l’habitude d’être attachée, les doigts crispés dans ceux d’une autre, comme un élastique coloré sur le métal d’un appareil dentaire. Pas l’habitude de revenir, se présenter la tête basse près de quelqu’un qui est venue chez elle, venue d’on ne savait où, s’est invitée dans le salon que formait son cœur de gamine, s’essuyer les pieds sur le paillasson, mettre de la boue sur le canapé. Pas l’habitude d’avoir ainsi quelqu’un pour inventer la route et sentir la chaleur de sa main dans la sienne. Pas l’habitude. Pas de mode d’emploi, pas de plan, pas de guide. Elle avançait en terrain aride, inconnu, et déboussolant.

Nous sommes tous d’un même pays où l’homme se différencie

Mais London est-elle inconnue, quand elle balance avec son flegme un non qui vient tout dévaster ? C’est London et c’était son non. Non, Aurore. Non, je ne veux pas. Non. Elle peut pas s’empêcher de se mordre la lèvre face à ce refus, catégorique, sans appel, impossible de négocier. Elle dit que sa vie est ici, et Aurore a envie de répliquer que c’était pas le cas, avant. Avant, sa vie était pas là. Avant, elle était son amie. Alors qu’est-ce qu’on garde de ça ? Qu’est-ce qui peut rester, bien plus tard, de ces trésors échangés, de ces rencontres sur la route, de ces joies au bout de l’effort sous des étoiles en clé de voute ? Qu’est-ce qu’il peut rester, après tout, quand cet avant s’est aboli et que seul subsiste, au milieu de mille fumées de cigarette, le souvenir d’un jour effacé lorsqu’il faut qu’on aille voir ailleurs ?
La blonde doit bien réaliser : cette fille, elle ne la connaît pas. Cette fille, elle ne la connaît plus.


J’ai la soif de te connaître

Prendre le temps pour inventer une nouvelle façon d’habiter

Alors Aurore hausse les épaules.
Elle ne sont plus vraiment amies, plus réellement, pas après aussi longtemps à attendre, aussi longtemps à espérer. Pourtant, une braise demeure, fébrile. Il est encore temps, qu’elle se dit. Elle n’a pas attendu assez pour que le feu soit mort, il y a quelque chose à raviver, à ranimer, à adorer. Elles ne sont plus vraiment amies, mais il reste toujours quelque chose. C’est ce truc, auquel elle s’accroche. Elles inventeront de nouvelles manières, feront du saut à l’élastique au cœur de ravins inconnus, elle embarqueront, parties en caravelle et elles iront vivre debout.

Autant de temps pour innover que de temps passé à rêver

Elle s’en fout, des beignets, Aurore.
Elles réécriront d’autres moyens, d’autres manières de se retrouver ; si ça convient pas à London, elles retrouveront d’autres biais. La proposition la séduit, et elle s’empare d’une cigarette dans le paquet de l’inconnue qu’elle jaugeait sa meilleure amie. Elle la glisse entre ses lèvres, sans l’allumer, parce qu’elle a jamais fumé, elle. Elle sait pas trop comment s’y prendre, à rebâtir des relations sans leur ré-emprunter des pierres. Elle le fera à sa manière.
« Jamais de ma putain de vie je prends un portail. »


Le monde nous appelle à changer

Lâcher l’aiguille et ses cadrans, les sabliers voleurs de temps

Oui, elles ont toutes les deux changé, elles sont devenues des adultes presque dans un monde où on les hait. Elles ont changé, elles ont grandi, elles sont plus ces deux gamines là même si elles restent bien fluettes. Les années se sont écoulées, le temps est loin de leur cabane ; pourtant il y aura bien des choses à viser de leur sarbacane. Elle s’est tapé trois jours de bus, c’est pas pour prendre la putain de merde créée par les Surnaturels pour venir voir cette fille étrange dont elle sait même pas si elle l’aime.
La bouche d’Aurore s’est déformée dans un rictus un peu mauvais, la cigarette tressaute doucement.
« Jamais de ma putain de vie je m’approche d’un truc conçu par un Surnaturel, t’sais ? »


Oser la vie et les projets pour enfin me réaliser

Parce que ça, ça a tout changé. La révélation, et la guerre. Et la fuite, et l’indifférence. Ça, ça a tout bouleversé. Et s’il y a bien une chose dont elle est sûre, la française égarée, c’est que c’est pas un bon changement. C’est pas quelque chose de positif. C’est pas un conte pour les enfants, c’est un putain de cauchemar en technicolor qui lui donne des envies d’hurler dès qu’elle s’y appesantit trop. Elle se dit qu’Oliver ferait les gros yeux s’il l’entendait parler comme ça. Ou bien alors, il sourirait. Mais elle s’en fout.
Elle retrouve son amie, Aurore. Peut-être la seule amie sincère qu’elle ait jamais pu développer. Alors elle va pas lâcher, pas comme ça. Elle va lui montrer qui elle est, et avec un sourire tordu elle tend la main pour le briquet.
La pierre craque, et le feu s’allume. C’est ici, là, qu’une pure flamme à l’avenir s’élèvera. Celle des nouvelles personnes qu’elles sont, et qu’elles se restent à découvrir.

Prendre un chemin de vérité

Plus de mensonge. Plus de silence. Ou si, mais des silences heureux. C’est ça, qu’elle voudrait lui promettre sans pouvoir en trouver les mots. Un chemin de vérité, oui. Elle tire une taffe sur la clope et elle tousse à en perdre les bronches. Les larmes montent à ses paupières, tandis qu’elle balance un « J’les hais. » qui résonne dans toute sa poitrine.
Et tandis que le tabac plonge dans la brume de ses poumons tristes, Aurore se dit qu’elles ont de la chance. Elles ont encore du temps, pour ça. Du temps pour manger des beignets. Du temps pour se réinventer. Du temps pour réécrire un monde avec leurs quatre mains maladroites. Du temps pour choper ce ballon et transformer l’essaie étrange qu’elles ont commencé à marquer. Du temps pour rire, pour pas parler, du temps pour bâtir des conneries avec des pierres d’angles trop usées. Elles ont du temps, là devant elles.
Aurore se fera bookmaker pour spéculer sur leur avenir. Elle donnera pas cher de leur peau, mais elles essaieront quand même, à cent contre un, un contre cent.
Elle prendra les paris d’avenir.
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Dim 12 Juin 2022 - 13:14


Ashy SunrisePictures of the old us got me feeling older

main tenant un chronomètreQuand on est gamin, on se sent invincible. Il n'y a pas de muret trop haut pour renoncer à l'escalader, il n'y a pas de flaque trop profonde pour ne pas y sauter, il n'y a pas de fossé trop grand pour abandonner. Les gamins, ça connait pas les limites, ça a pas conscience de l'impossible. Et si tout est possible, alors on peut être invincible. Avec Aurore, tu te sentais invincible aussi. C'était comme remonter le temps jusqu'à toucher du doigt ce sentiment puissant qui nous étreint quand on est encore enfant. Quand le monde ne nous a pas encore heurté, quand la réalité ne nous a pas encore déçue. Quand vous courriez en parallèle vers les buts adverses ou bien côte à côte pour arriver à l'heure aux entraînements - et ne pas avoir à faire les pompes des retardataires - tu te sentais plus forte que jamais. Vous auriez pu traverser les murs, défoncer tout sur votre passage, vous auriez pu faire le tour du monde sans jamais cesser vos foulées. Avec Aurore, tu te sentais invincible.

Quand on est gamin, on se sent immortel. Le temps paraît si long à hauteur d'enfant, les minutes s'égrènent et les jours s'étirent à l'infini. Il y a des dizaines de gens plus vieux tout autour pour nous dire qu'on est bien trop jeune, qu'on a toute la vie devant nous, qu'on va grandir encore et encore. Quand on est petit, on ne saisit pas le temps, on n'a pas conscience qu'il passe, tout ce qu'on voit c'est un élastique qui ne cesse jamais de s'agrandir, sur lequel on peut tirer sans jamais qu'il fatigue. Avec Aurore, tu te sentais immortelle aussi. Tu te souciais pas du temps, London, tu pensais qu'il était à vous et que jamais il ne vous échapperait. Quand vous restiez éveillées toute une nuit, sans pour autant parler beaucoup, ou par monosyllabes et questions redondantes sur votre état d'éveil - hey, oui, tu dors ? non, moi non plus - tu peinais à imaginer un monde dans lequel vous ne dormiriez plus jamais côte à côte pour une soirée pyjama. Tous vos rires, tous vos secrets, toutes vos promesses, avaient un goût d'éternité. Avec Aurore, tu te sentais immortelle.

Aujourd'hui, avec Aurore, tu te sens de nouveau un peu invincible, un peu immortelle. Le naturel reprend ses droits comme si vous vous étiez quittées la veille et même si vous ne vous connaissez plus vraiment vous vous connaissez quand même encore. La nostalgie comme un ciment vous tient toutes les deux bien soudées. Et tu te dis qu'il n'y a pas d'obstacle assez grand pour faire taire votre amitié, que si vous êtes de nouveau là toutes les deux c'est bien parce qu'il y a quelque chose qui ne mourra jamais dans ce lien que vous avez forgé. Si la guerre ne l'a pas tué, alors tu te demandes bien ce qui le ferait. Tu esquisses l'ombre d'un sourire lorsqu'elle parle de son aversion pour les portail. Tu n'as pas de mal à l'imaginer s'entêter à faire les choses à l'ancienne, après tout elle n'a jamais rêvé de se téléporter. Si elle était une super-héroïne, elle aurait choisi la super vitesse, sans doute, pour l'adrénaline de la course. Les portails, c'est un peu trop facile après tout.

Tu hausses les épaules. C'est pas grave, elle prendra le bus, ou vous vous retrouverez à mi-chemin. C'est pas grave, rien ne l'est, la distance ne saura pas vous séparer. Votre élastique il est trop long, trop flexible, et il traversera le pays d'un bout à l'autre s'il le faut pour vous maintenir liées. Votre élastique, il tiendra, il rompra pas, peu importe combien de temps vous le tenez. Votre élastique sera invincible, votre amitié sera immortelle. Jusqu'à ce qu'elle le lâche, brutalement, et qu'il vienne te frapper le visage violemment, sans prévenir. J'les hais. Tu te figes, London, la clope gardée en l'air un peu trop longtemps. Des images t'assaillent, celles de ton errance après la guerre, celles des gamins traumatisés qui se vengeaient sur les mauvaises cibles. J'les hais. A ces deux mots s'en superposent mille, insultes contre lesquelles tu t'es construit un bouclier au fil des années, invectives auxquelles tu répondais tantôt par une tête baissée, tantôt par un majeur levé. A ces visages flous, étrangers, oubliés, se superpose celui net, familier, aimé, de cette amie que tu pensais avoir retrouvée. J'les hais.

La réalité te frappe aussi fort que le retour de l'élastique. Tu vous pensais immortelles, London, tu vous pensais invincibles. Tu t'accrochais à tes rêves de gamine pour oublier que tu n'en es plus une, adolescente bientôt adulte aux yeux déjà abîmés par la fumée des explosions. Quand on est gamin, tout semble possible, on se fait des promesses d'éternité, des serments qu'on pense trop profondément gravés. Mais vous êtes plus des gamines, depuis longtemps déjà. La guerre est passée par là pour ravager le peu d'innocence qu'il vous restait. La guerre est passée par là pour dresser des murs entre vos réalités. « C'est quoi ton problème avec les surnat' ? » Sur la défensive, un peu brute, encore secouée par ce plot twist tourniquet que tu n'attendais pas. Mais tu poses quand même la question, London, parce que c'est Aurore et qu'elle a droit à une chance. Pour les gamines que vous étiez, tu lui laisseras le bénéfice du doute. Pour vos rêves d'invincible immortalité, tu garderas l'élastique dans ton poing serré, refusant de lâcher trop vite cette amitié fraîchement retrouvée.


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Mar 28 Juin 2022 - 14:42

Watch the time go right out the window
Aurore | London


Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Le front collé contre la vitre, à observer tout ce dehors qui semblait ne pas avoir sens. Aurore regardait ses prunelles qui se reflétaient à moitié, entrecoupées par les éclairs d’une guerre qui ne voulait pas passer.
L’enfance balayée trop vite, devenue pré-adolescence sans même qu’elle puisse s’y préparer. Et l’adolescente aujourd’hui n’a que ce souvenir d’un avant, un idéal loin de ces monstres qu’elle n’avait pas imaginés.
Aurore en a passé des heures, à contempler cet univers rempli de violence et de rage, à garder les larmes à ses yeux jusqu’à en noyer son cerveau. Hébétée, enfermée, terrorisée. Et les cauchemars, l’énurésie, les hurlements qui résonnaient dans son crâne de grandie trop tôt.
Toutes ces choses, elle aurait bien voulu les partager avec London, parce que moins seule on a moins peur, et que naïvement elle se dit que son amie aurait pallié toute sa détresse de ces jours-là. Y a une part d’elle qui lui en veut, mais la plus grosse part veut seulement rembobiner un peu le temps, avant ce saut à l’élastique qu’elle a fait dans la vie d’adulte, uniquement pour réaliser qu’elle avait beaucoup trop la trouille pour ne pas s’écraser au sol.

Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Elle les hait.
Elle les hait pour ça, elle les hait de lui avoir volé ce temps où elle pouvait être innocente, d’avoir fait du monde un chaos où ses cauchemars trouvent leur théâtre. Elle les hait de lui avoir pris une amie, la seule qui en valait la peine. Elle les hait pour cet élastique qui lui est revenu dans la gueule, réalisant qu’elle était seule avec ses regrets sur les bras. Elle les hait d’avoir tout gâché, tout aboli, tout déchiré.
Elle les hait même au nom des autres. Au nom des Shail qui ont dû fuir, quitter sa vie avec fracas comme des acteurs après le rappel. Au nom de son père qui pleurait au-dessus de la table de la cuisine, quand il pensait qu’Aurore dormait. Au nom de London, en face d’elle, obligée d’avoir traversé le pays dans sa diagonale pour trouver de nouveaux enjeux dans une ville loin d’être idéale. Au nom d’Oliver, du rugby, au nom de tous ces gens qu’elle aime sans réussir à le leur dire, elle les hait.
Elle hait les dragons pour leurs gueules remplies, les sorciers pour leur magie noire, elle hait les nymphes qui plient la terre et les tritons trop envoûtants, elle hait les djinns si immortels, les gorgones reptiliennes et fourbes, elle hait les zouwus bons menteurs et tous ceux qui, demain encore, peuvent décider de basculer, faire rompre l’équilibre du monde, l’éloigner de London encore et faire de sa vie un cauchemar.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

Elle n’entend pas le ton brutal qu’a emprunté son étrangère, cette amie qu’elle ré-apprendra si l’histoire veut bien les laisser. Aurore n’entend que la question, l’intérêt, sincère et non-feint, de London pour ses sentiments ; elle se rappelle de ces questions qu’elles se posaient à demi-mots, les yeux fixés sur un plafond aussi noir qu’une nuit sans étoile.
Alors, elles répareront tout.
Elles iront visiter Londres, comme elles se l’étaient promis, en volant dans tous les magasins de quoi ressembler à des femmes. Elles mangeront des churros et de la socca sur les ruines d’amitiés anciennes pour les prendre comme fondations à des élastiques plus serrés.
Elles courront encore, dans les rues, l’une provoquant un starting block d’où elles s’élanceraient toutes deux.
Elles répareront tout à l’aune des confidences d’Aurore, qui pas une seconde ne doute lorsqu’elle réplique d’une voix sincère.
« Bah, c’est leur faute, tout ça. On avait rien demandé, nous. »
La petite blonde hausse les épaules, rendue insouciante de ce on avec lequel elle les désigne.
« Ce serait mieux s’ils existaient pas. »

Derrière ses mots, y a des j’ai peur, y a des rassure moi, des à l’aide. Mais c’est pas comme ça que ça sort, parce que ça fait plusieurs années que pour la frenchie la colère est la plus facile à gérer. Alors sans même réaliser que l’élastique, avec le temps, perd de sa souplesse et sa force, elle tire dessus de toute ses forces, dans l’idée de se faire comprendre de celle qu’elle appelait amie.
Et sans le savoir, le vouloir, elle a enroulé l’élastique autour d’un minuscule cercueil de leur amitié renaissante qui ne se rouvrira jamais.

– Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

Sous ses doigts, l’élastique s’effrite.

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Profession : Enchaîne les jobs foireux et les licenciements express, est probablement sur la liste noire de tous les Macdo du pays.
Faceclaim : Billie Eilish
Pouvoirs/capacités : Glousse comme une pintade, n'est jamais à court de briquets, vous a fait les poches discrètement pendant que vous lisiez ce profil.
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Mar 26 Juil 2022 - 12:12


Ashy SunrisePictures of the old us got me feeling older

main tenant un chronomètreI just realized everything I have is someday gonna be gone
Entre vos doigts entrelacés l'élastique vient juste de craquer.

Vous étiez amies autrefois, London Shail et Aurore Lecomte. Vous étiez amies autrefois, peut-être même meilleures amies, ensemble contre vents et marées, jamais seules si vous vous perdiez. Vous étiez amies autrefois, liées par des secrets murmurés, dans la lumière et la pénombre, sur le terrain et sur les lits. Vous étiez amies autrefois, promesses d'éternité sur la peau, tatouages malabar éphémères et concours de bulles roses et bleues. Vous étiez amies autrefois, vous auriez pu l'être de nouveau mais vous ne l'êtes plus désormais, éloignées par des mots tranchants.

« Va te faire foutre, Aurore Lecomte. » Ton majeur fièrement relevé, tu l'appelles par son nom entier, comme le faisait votre entraîneur quand il n'avait que des critiques, mais toi tu l'insultes en français, comme elle te l'a appris un jour. Tu t'es redressée d'un seul bond, la cigarette tombée au sol, les yeux étincelant de rage, la tête pleine de réminiscences, réminiscences d'une vie d'errance, entre leur effroi et leur haine, souvenirs de la décadence des autres comme toi qu'on malmène. Ses mots résonnent dans ta tête comme autant de coups de marteau. Elle ne voudrait pas te voir vivre, car tout serait bien mieux sans vous. Tu peines à croire ce qu'elle te dit, aveuglée par ton amitié, tu as oublié qu'elle aussi n'était qu'une humaine apeurée.

Il y a une bouteille d'eau par terre, laissée là à moitié remplie, tu la regardes assez longtemps avec tes prunelles flamboyantes jusqu'à ce que des bulles apparaissent, signe que le liquide devient chaud. Tu montres très rarement tes pouvoirs, mais tu feras une exception, pour lui donner une bonne leçon. Bienvenue dans mon monde, Aurore, j'espère que tu aimes le voyage. « Tu t'es vraiment jamais d'mandé pourquoi je me brûlais parfois avec de l'eau pourtant pas chaude, pourquoi souvent quand j'étais là les verres soudain "se renversaient", pourquoi après nos raclées au rugby une douche des vestiaires explosait ? » Ta voix est rauque d'avoir fumé, ton timbre cassé par les blessures que ses mots sont venus réveiller. Son regard te fixe incrédule comme si elle te voyait enfin. Entre vos doigts entrelacés, l'élastique vient juste de craquer. « Je suis une putain de nymphe d'eau. »

Tu éclates d'un rire un peu sec qui ressemble à un étouffement. Tu n'aurais jamais cru un jour défendre tes origines ainsi, ces pouvoirs que tu honnis tant pourtant portés en étendard. Tu revendiques fort ta nature, après l'avoir maintes fois reniée. « Alors moi aussi ce s'rait mieux si j'avais jamais existé ? » Quelque chose s'est brisé dans tes côtes mais tu sais pas encore trop quoi. Ses paroles n'attaquent pas que toi, elles viennent érafler tous les autres, les réfugiés de ton foyer, les surnaturels égarés, cette famille que tu t'es créée. Vous étiez amies autrefois mais le passé ne sera plus. Vous étiez amies autrefois, London Shail et Aurore Lecomte, mais vous n'êtes que des étrangères couvertes des cendres de la guerre. Vous étiez amies autrefois, unies même dans l'adversité, prête à piétiner tous les autres mais à toujours relever l'autre. Vous étiez amies autrefois, d'un lien qui parfois se délite mais qui semble toujours réparable, jusqu'à ce qu'il casse pour de bon.

Entre vos doigts entrelacés, l'élastique vient juste de craquer.
Wish I'd never grown up, it could still be simple


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Ven 26 Aoû 2022 - 11:11

Watch the time go right out the window
Aurore | London


Je suis une putain de nymphe d’eau.
Le sang d’Aurore dans ses artères a la consistance du mercure, lui indiquant l’ébullition qui ne manquera pas d’arriver. Incrédule, elle fixe London sans comprendre. Un miroir s’est érigé entre elles, renvoyant les imperfections d’une amitié qu’elles connaissent peu.
Non. Non, c’est pas possible, elle n’en est pas une. Elle lui fait une blague, juste une blague. Le genre de blague qu’elles se font en permanence, qu’elles se faisaient en permanence. Déjà les lèvres d’Aurore s’étirent, prête à rire à la plaisanterie.
Mais elle ne plaisante pas, London. Elle fait bouillir l’eau d’une bouteille en même temps que le crâne de son amie, et tous les élastiques du monde ne réussissent pas à recoudre le vêtement qui s’effiloche. Un masque en tissu sur les yeux, que London vient de déchirer, et l’élastique qui le maintenait à l’arrière du crâne d’Aurore s’est étiré dans la manœuvre jusqu’à ce point de rupture qu’elle ne peut même plus endiguer.
Non. Non, ce n’est pas possible. Si London était une nymphe, elle lui aurait pas caché aussi longtemps. Elle l’aurait pas laissée dans le brouillard, avec ses yeux dans la pénombre sur la réelle nature du monde. Si London était une nymphe, elle aurait dit quelque chose, fait quelque chose, y aurait eu des signes avant-coureur ; ça peut pas se révéler comme ça, d’un coup sec qu’elle a pas vu venir. Si London était une nymphe, elle …
« Non. »
Le mot dégringole de ses lèvres pour rejoindre la cigarette que la nymphe a laissé tomber. Un sourire tremblant se dessine comme une fissure dans un réel auquel elle n’a pas voulu croire.
« Non, je … non. »
Les mots se cassent, ces imbéciles, refusent de lui prêter main forte alors qu’il ne reste plus rien. Dans des murmurements silencieux, Aurore passe ses questions en tête.
Comment c’est possible ? Est-ce-que tu l’as toujours été ? Est-ce-que tu m’as menti ? Pourquoi est-ce-que tu me l’as pas dit ? Pourquoi tu me l’as pas montré ? Pourquoi tu m’as laissée croire, tout ce temps, qu’on était amies, toi et moi ?
Parce qu’elles étaient vraiment amies.
Non. Si elles sont réellement amies, alors le fait que London puisse faire surgir des vagues n’importe où devrait pas avoir d’importance. Pourtant ça en a, de l’importance. Ça en a, un peu trop sans doute. Ça en a et Aurore frémit, la bouche déformée par l’incompréhension d’une rage qu’elle se doit d’éprouver sans pouvoir vraiment s’y résoudre.
« Tu es … une nymphe d’eau. »

Elles étaient dans la même équipe. Lecomte et Ashford, les ailières.
On leur a arraché les ailes, désormais elles sont adversaires.

Dans la lutte interne d’Aurore, l’émotion qui finit par vaincre est bien sûr celle de la colère. D’un geste brusque, elle se relève, jette la clope, l’élastique, le reste. Elle rejette tout ce qui s’est passé ; c’est bien plus simple de nier que d’avoir des contradictions. Plus facile de blâmer les autres que de se remettre en question.
« Tu t’es bien foutue de ma gueule, hein ?! »
Putain, qu’est-ce qu’elle a été conne à croire que tout était possible. Derrière ses yeux un brin crispés se déroule comme un tapis rouge toute la généreuse imposture.
Elles ne joueront plus au rugby ensemble. Elles ne mangeront pas de donuts, non plus. La cigarette qu’elle a jetée est sans doute la dernière partagée. Le dernier moment. La dernière seconde. Avant que de la faille purulente creusée entre leurs abdomens ne sortent des monstres voraces qui engloutissent toutes les années à vivre des instants complices.
D’un geste brutal, elle pousse London, violemment, dos contre le mur.
Elle se dit qu’elle l’a mérité, mais elle est plus bien sûre finalement de ce que chacun mérite ici. Et ça lui fait peur d’y penser, alors elle reste plusieurs secondes à fouiller, dans les prunelles anciennes alliées, pour y trouver l’honnêteté.
Est-ce qu’on était amies, London ? Ou rien de tout ça n’a compté ?
Hors de question qu’elle baisse les yeux la première, elle lui fera pas ce plaisir. Pas à elle. Pas comme ça. Hors de question. Un millier d’anciennes disputes remontent à l’aube de sa mémoire, et elle cherche désespérément autre chose à quoi s’accrocher. Mais il n’y a plus rien, désormais.
Un deuxième coup pour renvoyer la nymphe au mur, et elle finit par tourner les talons, grommelant simplement au passage.
« J’veux plus jamais t’voir. »

Plus jamais. Plus jamais, London, plus jamais.
Plus jamais plus jamais jamais plus.
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Pouvoirs/capacités : Glousse comme une pintade, n'est jamais à court de briquets, vous a fait les poches discrètement pendant que vous lisiez ce profil.
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Dim 12 Fév 2023 - 19:24


Ashy SunrisePictures of the old us got me feeling older

main tenant un chronomètreVotre ciel bleu a viré au gris sans que tu ne le voies venir et maintenant l'orage éclate dans l'air trop chargé de tensions. Aurore répond à ta question par des bégaiements incrédules et son refus de voir la vérité en dit trop long sur ce qu'elle pense. T'aimerais pouvoir déceler des merveilles dans les nuages qui assombrissent votre relation, t'aimerais que la pluie de ses mots qui te frappent ne soit pas annonciatrice du déluge qui viendra engloutir les vestiges flottants de votre amitié. T'aimerais voir le verre à moitié plein, penser qu'elle en aura rien à faire, que ça ne vous affectera pas, parce qu'après tout elle ne l'a pas dit, elle n'a pas répondu oui, oui London, ce serait mieux si t'étais morte. Mais elle n'a pas vraiment répondu l'inverse, non plus. Elle n'a pas dit que t'étais son amie, qu'humaine ou nymphe, peu lui importe, qu'elle veut juste faire du rugby avec toi et manger des beignets aux framboises, qu'elle veut encore crapoter avec toi jusqu'à ce qu'elle sache bien fumer. Que si la vie vous joue des tours parce que c'est la règle du jeu, vous saurez vous relever encore et faire de votre mieux à nouveau pour préserver ce lien fragile que vous venez de resserrer. Que si rien ne sera comme avant, demain est un nouveau présent et vous pourrez le redessiner comme des enfants même si vos mains ont trop grandi.

Mais Aurore est pas prête pour ça. Pas prête à dépasser la peur qui a envahi les avenues, les terrains de rugby, les écoles, leurs maisons et leurs cœurs d'ado, quand une dragonne a décidé que les humains devaient payer pour le simple crime d'être nés. Pas prête à dépasser la rage qui lui noue les tripes et lui perfore le cœur et que tu lis dans ses yeux aussi claire que si elle était tienne. Aurore est juste prête à hurler face à un monde trop cruel et si tu faisais un effort, au fond tu pourrais la comprendre. Tu pourrais comprendre sa peur et son dégoût que tu partages pour des pouvoirs dont tu ne veux pas. T'as pas envie de faire d'efforts, London, pas alors que t'as trouvé une famille qui t'accepte enfin comme tu es, qui s'en fiche que tu sois différente, qui ne te pose pas de questions et qui n'attend rien d'autre de toi. T'as passé trop d'années à te battre, à tout enfouir au fond de toi, à craindre chaque débordement de tes pouvoirs incontrôlables, à appréhender la lueur que tu vois briller dans ses yeux. Il fallait bien que ça arrive, tu peux sauter assez vivement pour que tes jambes évitent d'être fouettées par l'élastique mais pas le faire infiniment, un jour ou l'autre tu manques ton saut et tu te prends les pieds dedans. Il fallait bien que ça arrive, que ça revienne comme un boomerang que t'as lancé en espérant naïvement qu'il resterait longtemps en l'air.

Aurore te plaque contre le mur et des souvenirs remontent comme les bulles que tu as fait monter dans la bouteille. Elle t'a déjà plaqué sur le sol et tu le lui as bien rendu, lors de vos entraînements intensifs, avec votre équipe ou à deux. Combien de fois avez-vous fini couvertes de boue mais tout sourire, fières d'avoir eu le dessus une fois de plus que l'autre, complices épuisées mais heureuses de partager avec quelqu'un cette passion, exutoire de vos émotions ? Aurore te plaque contre le mur mais cette fois ça n'a rien d'amical et ton dos s'éclate contre les pierres de tout ce que vous avez construit. Votre amitié est tombée en ruines, abimée par les bombes, les mensonges, les secrets, abimée par le monde qui a changé trop vite pour que vos rêves d'enfants puissent suivre. T'avais oublié en chemin que vous aviez qu'un château de sable dont vous auriez dû prendre soin, et la marée est arrivée pour ne laisser qu'un tas informe de vase brune et de coquillages. Aurore te plaque contre le mur et avec toi tous vos espoirs, votre affection complice d'antan. Un coup de bulldozer dans les ruines pour qu'il n'en reste que des gravats, pour morceler jusqu'aux souvenirs d'un temps où vous vous compreniez.

Un temps où vous étiez deux. Un temps où vous vous êtes rassemblées, attirées par vos similitudes, vos passions communes, vos envies. Un temps où vous vous ressembliez, où vous n'étiez que deux ados aux tignasses blondes retenues en arrière par des élastiques colorés. Où vous n'étiez que deux gamines abandonnées par leurs parents qui avaient trouvé un refuge dans le foyer accueillant des Shail. Où vous n'étiez que deux ailières qu'on appelait les foudres jumelles tant on vous distinguait à peine une fois lancées à vive allure. Mais la nuit a remplacé le jour quand les ailes de la Dark Dragon se sont fait nuages dans le ciel et tous vos rêves ont pris feu comme les lieux qui vous étaient familiers. Le monde s'est trop complexifié et vous n'êtes plus deux aujourd'hui, plus rassemblées, plus ressemblantes. Aujourd'hui, vous ne voyez plus que la seule chose qui vous sépare. Aujourd'hui, ce n'est plus Aurore et London, les numéros 11 et 14, les foudres jumelles, les reloues comme aimait vous appeler Colton, tic et tac comme disait parfois Liam, les sportives préférées d'Allie. Aujourd'hui vous n'êtes plus que deux choses : une nymphe d'eau et une simple humaine.

Aurore dit qu'elle ne veut plus te voir et tu peux pas t'empêcher de rire. Elle t'a asséné trop de coups pour que tu ne rendes pas la monnaie - les seules dettes que tu veux bien rembourser. « Ouais, c'est pas comme si c'était moi qui étais venue te faire chier pour te supplier de revenir dans ma vie, hein. » Je m'en fous de notre amitié, Aurore, ça fait longtemps que j'ai tiré un trait dessus. C'est toi qu'a voulu réactiver le passer, rouvrir des blessures encore fraîches qui attendaient de se fermer. T'aurais pu me laisser tranquille, continuer ta vie comme avant, mais t'as voulu me confronter alors maintenant viens pas te plaindre. « La prochaine fois, envoie juste un message pour me dire que t'es dev'nue une putain de connasse raciste qui veut pas parler aux gens comme moi, ça s'ra plus rapide pour nous deux. » Ce sera moins douloureux aussi. Tu voudrais croire que t'as pas mal, London mais la vérité c'est que t'y as cru un instant, à ce passé qui revenait, à ces retrouvailles bienheureuses avec une presque sœur d'antan. T'as vu le verre à moitié plein jusqu'à ce qu'on te l'envoie dans la gueule et qu'il se fracasse au sol, vide. T'as cru qu'il y aurait un après, un ensemble et un nous, mais la vérité c'est que rien ne sera jamais comme avant.


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