Refusing to love for fear of suffering is like refusing to live for fear of dying [PV Colton]

On a tous un endroit ou on ne regarde jamais. Quelque chose. Un objet. Une image. Un bruit. N'importe qui fait que l'on revient des années en arrière. Aspirée dans une tornade de souvenir triste et douloureux dont on ne s'échappe plus. Tu es installé à la Nouvelle-Orléans depuis plusieurs mois maintenant, tu as une nouvelle vie. Tu attend beaucoup de toi. De ce qui t'entoure, absolument tout. Mais tu sais qu'il te suffit d'un regard en arrière pour voir que ton passé te nargue. Il ne s'agit que d'un carton. Un gros carton qui s'abîme et qui prend la poussière au fond de ton placard. Tu as toujours refusé de l'ouvrir, de regarder à l'intérieur. Tu as peur d'y plonger et de te noyer dans tes propres souvenirs d'un passé obscur.

Tu sais pas vraiment pourquoi mais tu te décide à l'ouvrir, tu le vois absolument tout les jours et là, tu pousses le carton dans ta direction, soufflant sur la poussière qui s'est accumulé et qui fait éternué ton fidèle matou. Tu vois des affaires de tes parents, des brides de souvenirs qui ont survécu au tremblement de terre. Les seules choses qui te reste d'eux. La seule chose qui te fait penser à eux. Qui remonte les souvenirs. Leurs visages. Leurs sourires. Tu as beau creuser au fond de ta tête, tu te souviens d'eux mais du son de leurs voix. On dit pourtant que c'est ce qui arrive quand on perd quelqu'un. On oubli une petite partie d'eux. Mais cela, tu le supporte pas. Tu refuse d'oublier des personnes qui ont tant compté pour toi.
Tu jettes le coffret sur le sol, cognant le mur d'un grand bruit.
Tu pose ta tête sur tes bras, les genoux contre toi. Tes larmes te brûlent mais elles ne coulent pas. Elle n'ont pas le droit de couler. Ebène est là, tu sens qu'il se pose près de toi. Tu sens ton félin qui t'apporte la force dont tu as besoin pour ne pas t'écrouler.

Mais par terre, il y a des documents. Des papiers. La plupart non pas le moindre sens pour toi. Sauf un. Un test ADN. Un simple morceau de papier qui t'apporte des réponses dont tu ignorais l'existence. Tu as un nom. Un nom avec un gros point d'interrogation. Mais c'est un nom trop important pour être mis de coté. Celui de ton père.
Sur le trajet qui t'emmène jusqu'à la capitale, tu réfléchis. Tu te demande si tu peux faire ça. Débarquer comme un cheveux sur la soupe. Si tu peux t'infliger ça de nouveau. Si tu peux croire qu'il s'agit d'une famille. Une famille pour toi. Si tu pourrais goûter à l'amour infini d'une famille après avoir tout perdu. Pendant ce trajet, tu as eu envie de faire demi-tour environ 8 fois. Mais pourtant, tes pieds te conduisent jusqu'à l'adresse que tu as réussi à récupérer. Les quelques mètres qui te permettent d'arriver jusqu'à la porte sont les plus long de ta vie. Tu sais que tu n'as jamais eu peur de toute ta vie. Tu sens que ton cœur pourrait exploser de ta poitrine. Tu pris pour ne pas faire de crise chez de parfait inconnu !

Quand tu frappes et tu vois un visage guère très vieux, tu te demande si tu ne t'es pas trompé. Pourtant, tu as beau regardé plusieurs fois l'adresse, tu sais que c'est la bonne. Tu es là, maintenant.

- Je cherche Liam Shail, je crois qu'il s'agit de mon père.

Pendant ce petit moment, tu ne quitte pas l'homme des yeux. Tu attends des réponses. Tu attends toi-même si tu as bien fait de faire le déplacement. Si tu as bien fais de laisser un peu de place à quelqu'un d'autre. Même si tu ne te sens pas prête à souffrir de nouveau.

Tu aurais pu t'attendre à n'importe quelles situations. Avec un nom, tu ne pouvais pas t'empêcher de t'imaginer à quoi pouvait ressembler ton père. Parce que tu n'y avais jamais pensé. Tu avais déjà un père. Ton père adoptif était et resterait ton père. C'était lui qui t'avait aimé comme sa propre fille même si tu n'étais pas de son sang. C'était lui, ton père. L'homme qui avait accepter toutes tes facettes. Ton caractère. Ta morosité et sa réserve avant d'accepter de porter son nom. Tu ne connaissais pas Liam Shail. Tu ne savais pas qui il était. Ce qu'il avait été pour ta mère biologique. Liam Shail était juste un nom. Il était ton géniteur mais il n'était pas ton père. Tu n'étais pas encore prête à lui donner ce titre. C'était trop symbolique. Trop important. Si tu accepter ça, tu devrais accepter le fait que tu étais sa famille. Que tu devais mettre derrière toi, tous les souvenirs de ta famille d'adoption. Et ça, tu refusais de le faire.

Mais là, ce n'était pas un père qu'il y avait. Mais bien un fils. Un enfant. L'enfant légitime. La famille légitime. Une famille dont tu ne faisais pas partie. Tu n'avais jamais voulu ça, tu voulais seulement des réponses. Mais rien de tout ça. Tu voyais simplement que tu allais être une élément de plus. Une question de plus. Parce que ce n'était pas seulement Liam qui rentrerait dans ta vie. Mais toute la famille dont il faisait partie.
Ton cœur était trop brisé pour faire rentrer quelqu'un d'autre. Il ne laisserait plus entrer personne parce que tu savais comment cela allait finir. Tu avais plus de larmes pour pleurer un autre membre d'une famille qui vivrait bien mieux sans toi.

Tu sortais la feuille de papier. Un simple morceau de papier. Mais une vérité qui pesait lourd. Un livre que tu avais commencé à ouvrir sans connaître la fin de l'histoire. Tu savais que tu avais le choix. Rester ou partir. Revenir à la Nouvelle-Orléans et reprendre ta vie en laissant les Shail derrière toi. Rester dans cette maison dont tu étais une étrangère. Parler à un frère dont tu ne connaissais rien. Parler à un inconnu. Et prendre le risque de t'attacher sans savoir te détacher.

- Je suis tombé sur ça et j'ai eu besoin de comprendre d’où je venais.

Cours Az' et regarde l'opportunité qui te fait face. Regarde la famille que tu pourrais avoir. Regarde ceux qui pourraient faire partie de ta vie. Regarde Az'. Regarde bien ce que tu vas perdre si tu décide de partir.

- Mais j'aurais pas dû, j'ai été bête de croire que...enfin, ça n'a pas d'importance. Tu n'as qu'à faire comme si je n'étais jamais venue.

Encore une fois, l'attachement était une véritable épée suspendu au dessus de ta tête. Parce que tu savais ce que voulais dire le mot famille, c'était des gens important dans une vie. Pour toi, on en avait une et une seule. Tu avais déjà perdu la tienne. Tu ne prendrais pas le risque d'en prendre une autre. Même si c'était ta seule chance de te rappeler tes propres origines.