Before sowing the seeds we must choose the soil, we must also choose the person to confide in [PV Caliban]

Tu ne peux pas t'empêcher d'y repenser.
Tu cherches. Tu ne trouve pas de solution. Tu ne trouve rien. Tu ne sais rien de plus. Tu te trouve complétement impuissante. Parce que tu n'aurais jamais pu comprendre. Pourtant, tu savais une chose : ta mère avait disparu.
Dans toute la maison, tu ne cessais de la voir partout. Tu le voyais dans le salon quand tu regardais par dessus son épaule. Tu la voyais dans la cuisine quand tu t'amusais avec Isida. Tu la voyais jusqu'à dans ta chambre quand elle venait te border le soir. Tu pouvais encore l'entendre te dire qu'elle serait toujours là. Que tu ne serais plus jamais seule. Que plus rien ne t'arriverait quand elle serait là. Maintenant, tu te retrouvais au pied du mur. Tu avais vécu l'enfer, les cinq années les plus douloureuses de ton existence. Tu pensais que cela avait été la pire chose. Et si c'était ce qui t'attendait, au fond ? Y avait-t-il encore quelque chose que tu devais subir ?

Tu te sentais seule dans ta quête pour retrouver ta mère. Tu ignorais si tes frères et tes sœurs se souciaient d'elle comme toi. Tu savais que la relation était différente. Mais maman avait toujours voulu que sa famille soit soudé. Uni. Ou quelque chose comme ça. Tu voulais que son souhait se réalise. Tu voulais faire ça pour elle. C'était pour ça que tu devais rester à l'écart.
Tu étais prête à laisser tomber le peu de place que Stella t'avait accordé. Tu devais pas gâcher le souvenir de Orion pour elle. Tu savais qu'au fond, rien ne changerait entre vous deux.
Tu devais laisser Sol dans l'ignorance. Tu devais pas profiter de sa gentillesse et de son amour débordant pour toi. Tu ne méritais pas tout ça.
Tu devais rester à l'écart de Isida même cela te faisait terriblement mal. Tu devais faire en sorte qu'elle vive sa vie sans que tu puisse la ralentir. Elle avait toute sa vie devant elle. La tienne était morcelé.

Tu sortais, prenant la direction de la capitale sans t'en rendre compte. Tu avais fais la route jusqu'à l'appartement de Sol. Mais tu décidais de faire demi-tour. Tu ne pouvais pas. Tu ne devais pas. Tu devais continuer à avancer, même si chaque pas était une torture sans nom. Même si tu sentais que ta vie n'avait plus de sens. Tu te sentais vide. La tête empli des souvenirs du passé et le corps meurtris. Parce que les cicatrices restent. Toujours.

Tu avais continué à avancer, tu avais suivi deux personnes qui marchaient devant toi. Une mère et sa fille. Comme si tu devais pas oublier. Mais tu n'oublierais jamais. Que ta mère était partie sans un mot, sans rien dire à personne. Et que tu te sentais responsable de sa disparition. Tu voulais juste que personne ne te quitte. Plus personne. Ta vie était déjà assez vide. Rempli de courant d'air et de bourrasque qui ne s'en irait jamais.
Tu tournais brusquement,  te retrouvant à l'entrée d'un jardin. Tu n'avais aucune idée de la distance que tu avais parcouru. Mais tu étais là. Toi face à la nature. Face à ce qu'il pouvait y avoir de plus beau sur Terre. Rien que le calme et la beauté à l'état pure.

Tu trouvais un coin à l'écart, posant tes genoux sur le sol et ton carnet non loin. Tu avais sortis ton crayon et tu dessinais sans un bruit. Comme une ombre que personne ne voit. Tu dessine pour oublier. Tu trace le moindre détail les fleurs qui sont devant toi. Tu dessine comme si ta vie en dépendait. Tu devais en être à la moitié de ton dessin quand ton crayon tomba de ta main. Tu ne savais pas mais tout était en train de t'échapper. Comme le sable fin d'une plage. Tu l'avais entendu tomber comme si sa chute avait duré des heures. Tu n'avais plus la force de le ramasser. Ou de le prendre. Ou simplement de continuer à faire ce que tu sais fais.
Tandis qu'une larme solitaire coule, tu te demande encore si ta propre existence à de l'importante après tout ce qui s'était passé. Si tu étais encore en droit d'avoir une autre chance.

Tu as l'habitude d'être invisible. Avant, cela t'avait toujours déranger parce que tu avais toujours été différente des autres. Des gens de ton âge. De ceux que ta famille. Si tu avais été djinn, peut-être que les rapports avec tes frères et sœurs auraient été moins compliqué ? Tu étais expansive. Tu adorais être avec les autres. Tu riais trop pour les autres. Tu n'entrais pas assez dans le moule des Delacroix. Tu n'avais jamais perdu espoir qu'un jour, tu pourrais vraiment avoir le sentiment de faire partie de la famille.
Maintenant, tu préférais raser les murs, passer dans la foule parce que tu te sentais plus en sécurité derrière un masque. Derrière quelque chose. Parce que la lumière est trop lumineuse et l'obscurité trop sombre. Encore une fois, tu n'avais ta place nul part. Tu te demandais si tu pouvais avoir de nouveau, quelque chose de normal. Simplement revenir à l'époque ou tu étais accompagnée d'un sourire. Mais ton sourire avait disparu. On te l'avait volé pour le remplacer par des larmes et des cicatrices.

Encore plongé dans les songes et le papier rempli d'esquisse inachevé, tu vis que quelqu'un t'avait rejoint. Il venait de prendre place à tes coté et tu n'avais rien dis. Tu n'avais ni la force de partir ni celle de lui dire que ta solitude était ta seule compagnie.
C'est quand il reprit la parole une seconde fois que tu compris qu'il n'était pas un illusion. Un fantôme. Une personne qui parle. Tu voyais la vie dans ses yeux. Tu voyais une certaine bienveillance. Tu savais que si tu parlais, son regard serait chargé de pitié. Parce que c'était ce qu'on voyait quand on pose le regard sur toi. Une pauvre petite chose qui n'arrive pas à vivre. Qui n'arrive pas à avancer par le drama frappe sa vie en permanence. Tu étais comme la bougie qui finit par s'éteindre. Parce que la mèche est fini. Et il n'y a rien pour rallumer la petite flamme. Rien que le froid et le noir. Ce qui est paradoxale puisque que tu as peur du noir.

- Je sais pas...ça fait longtemps que j'arrive plus à répondre à cette question.

Même tes dessins arboraient les traces obscurs de ta vie. Tu avais perdu tes couleurs. Tu avais perdu ta joie. Tu avais tout perdu. Si seulement il fallait prendre un crayon pour repeindre une vie plus facile. Plus vivable. Mais tu savais que ce n'était pas aussi simple.

- Je sais même pas...je sais plus rien

Tu es dans un trou et tu ne sais pas comment en sortir. Tu es coincée et tu ne sais pas ou aller. Tu ne sais rien. Et tu te sens incapable de continuer si tu perds tout ceux que tu aime. Tu n'arrête pas de souffrir. Les larmes coulent et tu sais qu'elle continueront toujours. Parce que c'est comme ça. Ta vie est comme ça.

Tu vois les visages qui passent sans jamais vraiment prêter attention à ce qui se passe. Tu te demande pourquoi il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Ceux qui te seront arraché et ceux qui resteront contre vent et marée. Tu sais que personne n'est éternel. Qu'un beau jour, tout le monde finira par rejoindre un monde bien meilleur. Ou la cruauté et la méchanceté n'auraient jamais sa place. Un monde ou tout le monde finira par se retrouver, un jour. Tu ne t'étais jamais intéressé à la mort. A ce qu'il pouvait se passer une fois que la vie quitte un corps pour toujours. Pour avoir été une des rares personnes à avoir tenter l'expérience, tu avais encore du mal à comprendre les réponses à tes questions muettes. Malgré tout, tu savais qu'il y avait une personne que tu ne retrouverais peut-être jamais. Une personne que tu avais condamné malgré toi, à l'obscurité la plus sombre. Si tu savais combien je suis désolé Orion. Même tes dessins et ta volonté ne pourraient rien contre la vérité. La dure vérité.

Tu aurais aimé garder le sourire de Caliban. Il est doux, ce sourire. Le genre de sourire qui peut réchauffer n'importe qui. N'importe quoi. Qui peut donner la vie quand tout est impossible. Tu avais l'impression que tu avais besoin de ce sourire. Pour réapprendre à vivre quand tu pensais que tu étais morte à l'intérieur. Pourtant, les plantes étaient vivantes. Pourtant, tout était vivant autour de toi. Son ton était presque paternel. Presque. Le genre de mot que pouvait prononcer quelqu'un avec une grande paix intérieur. Comme un espèce de sage sans la toge et la longue barbe blanche. Quand il disait ça, tu avais l'impression que c'était sincère. Que c'était vraiment sincère.

- Isis...je m'appelle Isis.

Quand tu regardais ton dessin, tu avais même l'impression que toi-même, tu n'aurais jamais pu savoir ce que représentait les images griffonnés sur la feuille de papier. Tu savais qu'avant, tu aimais bien dessiner avec des couleurs. Utiliser les nombreux crayons de couleur pour rendre le papier plus beau. Plus vivant. Tu te souviens que Maman pouvait t'acheter des crayons et des feutres par centaines, tu n'en avais jamais assez. Aujourd'hui, mes tes propres affaires étaient étrangères.

- C'est...c'était mon frère. Il...aimait bien les fleurs.

Tu trouvais que tout était trop beau pour toi. Trop lumineux pour toi. Trop. Simplement trop vivant. Ta main caressant les quelques pétales qui étaient près de toi. Ce jardin. Quelque chose qui aurait plus à Orion. Tu aurais aimé comprendre. Savoir vraiment si son esprit aurait pu être ici. Quelque part. Ou être familier de cet endroit. Toi, qui espérait pouvoir de nouveau sentir sa présence.

Tu connais le cycle de la vie, tu sais qu'il y a de la vie. Mais tu sais aussi qu'il y a la mort aussi. Que ça fait partie des nombreuses choses les plus terrifiantes d'une existence. Tu sais qu'on vit pour mourir un jour, qu'une vie peut prendre fin parce que c'est simplement la vie. Comme une plante, La graine grandit pour devenir une magnifique plante pleine de vie. Puis un jour, il y a un moment ou la fleur meurt. Ou ses couleurs deviennent ternes. Tu sais que la mort guette chacun d'entre nous, mais, tu croyais bêtement qu'en faisant partie d'une famille de djinn, la mort pourrait se détourner de toi.

Mais tu n'es pas une fleur, Isis, tu n'es qu'une mauvaise herbe. Cette touffe d'herbe résistante à n'importe et qui ne s'en va jamais. Même si personne n'a vraiment besoin de toi.

Orion n'aurait jamais dû mourir. Il aurait dû se tenir sur ses deux jambes. Continuer sa belle et magnifique qu'il vivait. Il avait une famille. Il avait des projets. Il avait une vie que tu lui as prise. Une vie dont tu n'avais plus besoin. Tu voudrais confronter la Mort elle-même mais tu manques de courage. Tu voudrais aller au purgatoire et tendre la main à un frère que tu as perdu. Mais tu sais que c'est un lieu interdit. Un lieu ou tu n'iras jamais.

- Mon frère est mort.

Tu as perdu tes pétales. Tu as perdu la petite flamme qui brillait dans tes yeux. Tu as perdu ton innocence. Tu as perdu et tu te demande ce qu'il te reste à part une âme brisé. Tu sais que c'est la culpabilité plutôt que le chagrin. Tu pensais qu'une fois que tu aurais compris, tout redeviendrait claire. Mais tu es dans le brouillard. Tu es perdu. Tu cherches. Quelque chose. La meilleur chose de tenir encore debout le lendemain.

- C'était...pendant la guerre, il a essayé de me sauver alors qu'il était gravement blessé. Il aurait dû fuir mais il est venue jusqu'à moi. C'est ma faute s'il est mort. C'est à cause de moi que ma mère a perdu un fils. C'est à cause de moi !

Tu sais que les larmes ne le ramènera pas. Tu sais que ta peine ne changera rien. Tu sais qu'il n'es plus et qu'il ne reviendra plus. Que tu ne croiserais plus jamais son sourire. Que tu n'entendras plus ses paroles. Il n'était qu'un souvenir et c'était toi, la responsable. Tu étais l'arme du crime. Tu étais la tache d'encre qui tâchait les Delacroix. Tu étais la racine qui avait survécu dans la tempête. Tu étais là et pas lui.

- Il aurait mieux fallu que j'y reste. Pour ma famille. Pour moi. Pour tout le monde.

Tu ne sais plus vivre sans songer au passé. Tu ne sais pas mourir sans revenir d'entre les morts. Tu ne sais pas ou la vie se situe dans ce mélange clair obscur. L'ombre est trop sombre. La lumière est trop éclatante. Il n'y a plus de soleil. Plus d'arc-en-ciel. Juste les nuages au dessus de ta tête.