WILD STAR ✢ doe-eyed as you buried me

Beatriz & Stella

Be careful making wishes in the dark, can't be sure when they've hit their mark. And besides, in the meantime, I'm just dreaming of tearing you apart.

C’est une chaude soirée d’été comme il en existe plein, au mois de Juillet, à la Nouvelle-Orléans. Les rues de la ville résonnent des airs de Jazz qui font sa renommée alors que les discussions, les rires, les coups de fourchette et les tintements de verres créent une symphonie harmonieuse et délicate. L’air moite fait transpirer les peaux dénudées et coller les mèches de cheveux sur les fronts. Rien ne saurait pourtant atteindre le cœur des passants, habitants ou touristes, là pour un soir ou pour toute une vie. On mange, on chante, on rit, on danse, on oublie le temps qui passe et les soucis d’une vie routinière, pour une soirée d’été et quelques verres de rosé. Stella marche seule sur ces talons instables qu’elle ne porte que pour sortir. Légèrement trop habillée, dans une robe parfaitement moulante, pour la soirée entre professeur qu’elle vient de quitter. Quelques collègues, deux, trois sangrias. Des plaintes sur l’organisation de l’école, du ravissement sur l’épanouissement des enfants. Elle n’était pas des plus mondaines, pas avec ces gens-là, mais ce soir-là, elle avait accepté de venir. Et ce n’était pas si terrible. Parfois elle lâchait un peu prise, parfois elle s’intéressait à ce qui d’habitude lui provoquait de l’ennui. Et ce n’était pas si terrible. Elle avait bien mangé, elle avait bien ri et elle ne marchait pas tout à fait droit sur le chemin du retour.

Ses pieds la torturaient à chaque pas, mais elle avait appris à ne plus les écouter, au fil des années. Ce soir, elle avait attiré les regards et ça lui plaisait, lui donnant une nouvelle confiance en elle, même si elle n’en manquait jamais réellement. Dans quelques minutes, elle passerait la porte de son appartement. Ophelia était chez une amie, elle serait seule et pourrait se servir un dernier verre avant de s’écrouler sur son canapé. Mais en premier, elle retirera ces talons infernaux. Demain, elle ne travaillait pas. Elle aurait toute l’occasion de trainer au lit, peut-être retournerait-elle en ville pour s’accorder un brunch ou peut-être serait-elle trop feignante et déciderait-elle de rester sous la couette. Elle avait l’éternité devant elle pour profiter de chaque instant et s’accorder le loisir de ne rien faire quand cela lui disait.

La main sur la porte boisée, elle glisse la clé dans la serrure avant d’ouvrir le battant sur son appartement plongé dans le noir. L’odeur est différente de d’habitude, mais elle imagine un instant Ophelia se parfumer d’une nouvelle fragrance avant de quitter les lieux dans un sourire. Nonchalamment, elle allume la lumière, quand elle aperçoit cette ombre assise sur son canapé. « ¡Sorpresa, perra! » Ca fait des années. Elle ne saurait même pas dire combien. Pourtant elle la reconnait instantanément. Sa voix, son regard, son visage. Tout est familier et évoque en elle mille souvenirs qui viennent tous se bousculer au creux de son esprit. Mais rien n’est réconfortant. Ce ne sont pas des souvenirs tendres car ils sont tous gâchés par une trahison, par une douleur que ne connaissent que ceux dont le cœur a été brisé. Elle a l’air énervée, mais Stella l’est tout autant. « ¿Ahora dejan salir a los traidores de la cárcel? » Elle réplique en haussant le menton, d’un ton parfaitement méprisant. La dernière fois qu’elle a eu de ses nouvelles, elle allait croupir en prison pour quelques années et elle s’était arrêtée à cette information. Bien sûr elle avait pensé à elle depuis, même si elle aurait préféré le contraire. En revanche, elle avait bien espéré ne jamais avoir à la revoir. « ¿Qué coño haces aquí? No quiero ver a tu clase de víboras en mi sofá. » Si c’était pour des reproches, elle pouvait se les garder, elle s’était pris à son propre piège et Stella n’avait aucune intention de s’excuser. « Tu novia no está desde hace mucho tiempo, pero eso ya lo debes saber. » Elle crache enfin. Pas question de faire semblant. Oui Vassilya est morte depuis longtemps et si il fallait le refaire, je n’hésiterais pas une seule seconde.

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Beatriz & Stella

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Elle est belle comme dans ses souvenirs. C’est peut-être le plus douloureux. Les traits de son visage se sont marqués par les épreuves et la rancœur, elle peut le lire facilement, mais ça n’a rien enlevé à celle qu’elle a toujours été. Le temps a eu son emprise sur elle, comme il l’a sur tous les mortels. Comme il ne l’aura plus jamais sur la djinn. Quand il lui arrivait de penser à elle, elle l’imaginait souvent défigurée, rongée par sa trahison et le fond noir de son cœur, devenue aussi sombre et méprisable que les actes qu’elle a fait pour la ridiculiser. Mais elle se tient face à elle et si elle n’était pas au courant de la force de ses pièges, Stella pourrait parfaitement y plonger sans réfléchir à deux fois.

Elle est belle mais quand elle la regarde la djinn n’arrive pas à voir autre chose que ce que la zouwu a pris un malin plaisir à détruire. Elle a joué avec le feu, a pensé être plus forte, plus douée, elle a tout perdu. Il est trop tard pour venir pleurer dans son appartement maintenant. Peut importe si elle regrette les années ou les liens perdus, Stella n’a plus rien à lui offrir qu’un regard froid et la certitude de ne jamais avoir plus rien d’agréable à lui dire. « No tenías que matarla para escapar, sabes. Te habría encontrado a pesar de todo para pagarte. » Elle sourit sans exprimer la moindre joie alors qu’elle s’avance vers le salon pour s’asseoir sur son canapé, comme si la présence de l’intruse n’était pas un réel sujet pour elle. Je n’ai pas peur de toi Beatriz et quoi que tu fasses là, tu finiras bien par partir et ma vie reprendra son chemin. « A no ser que fuera parte de un plan largamente pensado y sólo esperaras la oportunidad de traicionarnos a todos, como la perra que eres? » Rictus toujours dénué de sentiment. Elle se fout de sa gueule et ça commence à faire bouillir son sang déjà chaud. A une époque, elle aurait pu la laisser la titiller de la sorte, parce qu’elle l’aimait et qu’elle ne voyait que le bon en elle. Aujourd’hui elle pourrait la gifler pour son impertinence et pour terminer de mettre un terme au semblant de relation qu’elles ont un jour eu.

« ¿De qué estás hablando? Te golpearon demasiado fuerte en la cabeza en la cárcel o algo así. » Sans la quitter des yeux, elle attrape le verre de vin que la zouwu a reposé quelques secondes auparavant et avale elle aussi une gorgée. Tout ce qui est ici est à elle, s’il fallait le rappeler. « Te atreves a hablarme de un plan como si no lo hubieras planeado todo el tiempo. Te habrás reído mucho cuando estaba de espaldas, lo habrás disfrutado. Querías jugar y ambos perdieron. Esa perra tuvo su merecido, y tú, considérate afortunado de estar vivo, la cárcel es lo mejor que te pudo haber pasado. »  Elle plante son regard sombre dans le sien, la défiant de lui mentir à nouveau, de nier face à elle ses méfaits. « No soy un idiota al que se le pueda tomar el pelo, se enteró demasiado tarde y si tuviera que volver a hacerlo no lo dudaría. » Elle n’avait jamais regretté son geste et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencerait.

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Beatriz & Stella

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Chaque geste était contrôlé et effectué pour tester sa patience, Stella en avait bien conscience. Elle le voyait dans le regard flamboyant de Bea, dans son rapprochement physique et dans la façon dont elle pencha son verre vers elle. Chaque geste était censé l’énerver, mais elle se retenait de bouillir. La diablesse avait beau tout tenter, elle n’avait plus de prise sur elle. Dans son appartement, dans sa ville, c’était elle qui devait mener la danse, et elle ne se laissera pas impressionner.

Reposant son verre sur la table, elle s’écarta de la zouwu. « ¿Tu venganza? ¿TU venganza? » Elle répéta en haussant le ton. « Acepta que has perdido y el juego termina. Sólo tienes que salir por esa puerta y culparte por haber apostado por el caballo equivocado durante el resto de tu vida. » A son tour, elle fit un pas vers Beatriz. Cette fois, c’était sa décision, son contrôle. « Guarda tu falsa inocencia para los que se preocupan. Orion me lo contó todo cuando estaba encerrado. Me dijo que Rose nunca estuvo en peligro, que Vasilya me mintió para que aceptara la cárcel y pudierais estar solas. Siempre te quiso para ella y no tardaste en aceptar cambiarla por mí. Tu plan era bueno, caí de lleno en él, pero no me digas ahora que no sabes de qué va. » Les mots coulèrent de ses lèvres avec fureur. Après toutes ces années, elle pensait avoir tourné la page, satisfaite de sa vengeance. Mais il n’avait suffit que d’une étincelle pour rallumer son brasier. Si Beatriz voulait qu’elles règlent leurs comptes en personne, elle était prête à l’affronter.

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L’incompréhension et la fierté se mêlent dans l’espace familier de son salon et se dresse comme troisième témoin de leur échange. Beatriz semble prête à camper sur ses positions, certaine de son innocence. Stella adopte la même attitude. Aucune ne s’avouera vaincue, aucune n’acceptera d’avoir tord. Aucune n’a ça dans le sang. C’est sûrement ce qui les a rapprochées à l’époque, c’est sûrement ce qui les a fait autant se déchirer. Beatriz est furieuse, Beatriz a souffert. Stella aussi. Elle lui attrape la mâchoire, la forçant à la regarder et Stella ne cherche même pas à la repousser. Elle ne comprend pas ce que la jeune femme chercher à lui faire dire. Elle n’arrive pas à envisager le mensonge dans lequel elle s’est drapée pour venir le retrouver aujourd’hui et soutenir son regard en lui clamant son innocence. Stella n’a pas agit sans raison. Elle a été trahie. Elle a riposté.

La djinn fixe la jeune colombienne avec défi, jusqu’à entendre le nom de sa fille. Les paroles l’attaquent comme un coup de couteau planté en plein coeur. Si elle est certaine d’une chose, c’est qu’elle ne laissera pas Beatriz s’en prendre à ce qu’elle a de plus précieux. D’un geste vif, elle attrape le poignet de la zouwu, l’écarte de sa propre mâchoire et le tord pour l’immobiliser. « Si crees que sufriste en la cárcel, intenta acercarte a mi hija. Verás lo que es sufrir de verdad. Te juro, Beatriz, que esta vez no te daré una oportunidad y no saldrás viva. » Violemment, elle la repousse, s’écarte d’elle. « No me lo estoy inventando. Vassilya me mintió, me dijo que tenía que entregarme para salvar a Rose, pero Rose no arriesgaba nada. Aparte de guardarte para ella, no veo por qué habría hecho eso. » Ca lui avait toujours paru évident. Et elle n’avait jamais envisagé que Beatriz puisse ne pas être au courant. « Atrévete a decirme que no lo sabías. » Elle rajoute en maintenant ses distances. Elle ne laisserait plus la zouwu avoir une emprise sur elle. Elle n’était plus que responsable d’elle même aujourd’hui et elle ferait tout pour protéger Ophelia. Elle avait toujours tout fait pour protéger Ophelia.

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