27 OCTOBRE 2012
PHOENIX, FRICHE INDUSTRIELLE
tw violence, misogynie et slutshaming

Je m’étais inscris à un club de mixed martial arts.

J’avais toujours admiré les personnes qui savaient se battre. Ils inspiraient une coordination corporelle que j’arrivais désespérément à avoir. Que ce soit dans les esquives, les katas, ou même les coups qui étaient si chorégraphiés, élégants et redoutables. Il y avait de la grâce, quelque chose de sincèrement hypnotisant à voir des gens se taper sur la gueule avec une telle fluidité. Je sais pas me battre. C’est pas pour chialer. C’est un fait. Une réalité. Alors,  mixed martial arts … MMA. C’était ce qui sonnait le mieux. C’était ce qui me semblait suffisamment obscur pour attirer des personnes distinguées, conscientes du jeu des arts martiaux, de la mentalité divine de ces sports. Forcément que ceux qui venaient ici étaient des curieux, des amoureux de l’effort, incapable de choisir entre plusieurs disciplines, ils avaient tout pris pour se contenter. C’était le sourire aux lèvres que je me ramenais à mon premier cours de l’année, prêt à admirer les gestes délicats des avancés et à éclater la gueule des nouveaux.

C’était un étrange bâtiment. J’avais eu l’information par une rapide connaissance à l’université. Il avait eu un air un peu bizarre en me donnant la feuille, où il y avait gribouillé dessus un vague plan, un arrêt de bus, quelques indications. C’était gratuit. Non pas que j’avais pas les moyens, et loin de là, mais je trouvais que c’était toujours de l’argent gardé à mettre dans d’autres choses.
Radin, mais pas stupide.
Le mot « mixed martial arts » m’avait tout de suite étonné, et c’était dans l’envie de découvrir ce mystérieux univers que je m’étais aventuré dans un bus qui m’emmenait à une friche industrielle.
Il n’y avait pas réellement d’accueil, ni même de vestiaire. Je vous avouerai que ça m’emmerdait vraiment. J’avais mis mes plus beaux vêtements, à base de chemise blanche et pantalon noir classique pour faire une entrée remarquée dans la médiocrité. Je haussais les épaules en me disant qu’au moins, cet endroit était aussi banal que ma gueule, et qu’on n’y verrait pas réellement d’étrangeté à que je foute les pieds ici. Il y avait des tas de gars que je connaissais pas, qui me regardait d’un air étonné, et un peu moqueur. Je le savais, parce que j’avais catalogué ce regard, et que j’aurai pu le dessiner les yeux fermés dans le noir. Inscrit sur ma chair, j’avais juste hâte d’en frapper d’autres pour affirmer qui j’étais. J’apprendrais à m’émanciper, être un homme, un vrai, libre, droit, fort, grand, musclé et j’espérais qu’avec l’entraînement, mon crâne puisse changer pour faire évoluer ma condition d’éternel looser. A croire que tout était inscrit dans sa forme, et que ma mâchoire était trop avancée pour quoique ce soit dans ma vie.

Il n’y avait pas réellement de ring. Uniquement une ruelle. Il y avait des poubelles, des chaises, des tuyaux de fer, et des tas d’objets. Je me disais que c’était sûrement pour faire un cadre bucolique, chaleureux et familier. Après tout, peut-être que la mention de gratuité avait tendance à attirer tous les chiens de la casse de Phoenix. Tant pis. Ça serait mon œuvre humanitaire pour les pauvres : leur gratifier de ma présence et les inspirer dans leur ascension personnelle.

Puis là.
Une gonzesse.
Je corrige.
Une saloperie de gonzesse.

On nous avait uniquement préparé les poings et poignets avec de grandes gazes médicales et je trouvais le cours un peu étonnant. Il n’y avait ni explication, ni réellement de professeur. A moins que la gamine en face de moi était sensée d’apprendre quoique ce soit, et je doutais fortement de l’apport qu’elle pouvait me donner. Sauf peut-être en cuisine.
Alors, comme ça, je me prépare un peu clopin-clopant, en improvisant une garde que j’avais vu dans quelques films. Je me disais que le combat était gagné, car c’était impossible que je perde comme une femme.

Puis, sans réellement comprendre que j’avais mis les pieds non pas dans un cours mais dans un groupe de bagarres de rue clandestines, j’oublie qu’on s’est fièrement foutu de ma gueule, et qu’elle sera certainement brisée en mille morceaux quand je sortirais de ce bordel.

L’autre pétasse connaît mon nom. Je hausse les sourcils. Pas mon prénom, non. Mon nom de famille. J’ai un léger frisson, parce que j’ai peur, et que c’est mauvais signe. Non pas que j’ai peur de rien, mais parce que c’est souvent moi qui fait peur aux autres. Je me demande si ce frisson est dû à cette information un peu étrange ou à l’excitation que j’ai d’aller éclater la gueule de cette prétentieuse.
Elle se permet de critiquer mes vêtements, et j’ai réellement envie de l’insulter. Elle me veut quoi l’autre attardée, avec sa tenue de Primark et sa teinture ? Je tais ce manque de goût, me disant qu’il traduit sûrement une diminution évidente de ses capacités intellectuelles. Je sens les gazes contre mes doigts qui bougent un peu, comme si elles voulaient se tirer, mais je ferme les poings pour les retenir. J’avais besoin d’elles. J’ignorais réellement pourquoi. Il me semblait qu’on se battait avec des gants. Au moins, on pouvait pas faire plus réel comme cours.

Puis j’ai un flash.

Je connais cette fille.
Elle était là à quelques soirées étudiantes. Elle avait beaucoup parlé avec Nova-Blue, m’avait à moitié ignoré, ce qui est assez rare étant donné que je suis pas du genre à me laisser me faire oublier. J’avais été déçu, et il m’avait semblé que les néons verts de la salle avaient suivi ce sentiment d’orgueil. Elles avaient été vaguement noyées dans leur discussion, donc j’avais été me noyer dans l’alcool. On était rentrés. C’était chouette.
Je me souviens également de ce qu’on disait sur elle. Prédatrice de la nuit, bonne qu’avec ses poings et pas uniquement, mord souvent au combat à défaut de pouvoir utiliser ses lèvres autrement. Je lève un sourcil. J’espère secrètement qu’elle a fait un test sanguin. Je refusais de chopper les maladies qu’elles pouvaient se coltiner, même si quelques bactéries en guise d’accompagnatrice privilégiée dans la vie me semblaient être une jolie idée.

Quand le combat commence, je la vois faire ces petits gestes précis que je vois dans les films. En réponse, je tente tant bien que mal de bloquer au niveau de l’abdomen, de la tête, mais ses mouvements sont précis. Quand je tente de viser la tête en échange, elle bouge avec son poing, donnant à son attaque une puissance supplémentaire, et la protégeant astucieusement contre une éventuelle contre-attaque.
J’ai la bouche en sang de l’avouer, mais cette fille sait se battre. Je savais qu’elle était déjà contre-nature, mais pas à quel point.
Quand son pied atteint ma tête, je sens une déflagration au niveau de mon crâne. Il semblerait que je puisse entendre le choc, comprendre la composition de mon organisme, voir la lumière, Dieu avec, quelque chose. Je m’éclate en morceaux contre la poubelle la plus proche, et j’espère que des bras lui poussent pour me réconforter, ordure sur pattes que je suis.

Et j’entends sa voix. Sa voix de crécelle. Sa voix de salope. Sa voix beaucoup trop grave pour être féminine. Sa voix qui parlait un peu trop à Nova-Blue. Sa voix que j’aimerai foutre en orbite. Sa voix qui me donne envie de devenir astronaute pour ne plus jamais entendre de son de ma vie, de devenir sourd, de m’arracher les oreilles puis peindre des Nuits Etoilées vu le nombre d’étoiles que je vois tant ma tête est défoncée je pourrais devenir célèbre vendre des tableaux puis être exposé au Louvre puis je me demande ce que je FOUS LA puis je vois sa chevelure de merde au vent et elle me conseille de rentrer chez moi alors qu’elle rentre chez n’importe qui mais pour qui CETTE PETASSE SE PREND AU JUSTE.

Mon sang fait qu’un tour, et c’était au sien de subir mes coups acides.

« Tu rentres avec moi, chérie ? Il paraît que c’est plutôt ton genre de squatter les lits des autres. C’est sûrement pour ça que t’as le poignet aussi musclé, ma belle. Tu devrais essayer les coups de bas en haut, ça te réussirait mieux. »

Je crache un peu de ma dignité, de ma haine, de mon seum et de mon sang dans un sac poubelle proche, puis je me relève pendant que je m’attache les cheveux. Cacher ma gueule servait plus à rien. Je devais bouffer cette pute.

« Tu m’en voudras pas si je t’invite pas à la communion de ma petite cousine, on apprécie moyennement les salopes et ça serait dommage que tu refiles toutes les MST que t’as accumulé. »

TW/CW : Description précise de sang et perte de dents + on continue le slutshaming et la putophobie.

Si on me demandait pourquoi j’avais pas tenté de me défendre, je mentirais.
C’était probablement le plus intelligent à faire. J’avais peu de choses dans lesquelles me draper, alors je préférais garder ma dignité.
Je dirais certainement que j’avais pas osé frapper une gonzesse. Mes parents ne m’avaient pas éduqués comme ça, que j’allais scander dans toute l’université. Je pensais déjà au prix des béquilles quand elle répond à mes provocations. J’avais le coeur qui frappait si fort que j’avais la fâcheuse impression qu’il tentait de fuir. Je le comprenais. J’aurai du faire la même. Visiblement, il n’y avait pas besoin de creuser beaucoup pour constater que j’étais un débile profond.
Alors que j’étais en équilibre précaire sur mes deux pieds, j’en aurai plus eu sur deux échasses. La différence aurait été moindre, je me serais cassé la gueule de la même hauteur tant c’était mon égo qui chutait avec cette incroyable défaite.

Là dedans, ma seule victoire ? Je voyais le rouge envahir ses joues, et je finissais par me dire que c’était là notre point commun. Artiste en devenir, Dakota allait peindre mon visage de bleus et de rouge sang, tandis que je voyais le rouge de la colère et le noir de ses yeux sur moi. J’étais certainement masochiste. La situation était loin de me déplaire. Je me disais que j’aurai la gueule cassée, et que ça me donnera une excuse de la cacher.

Je me prends ses pieds dans le ventre et je vole à nouveau contre la poubelle. Je soupire en me disant que ça serait le contact le plus chaleureux que j’aurai dans cette bataille. Pas le temps de souffler, l’autre pétasse me relève de force par le col, me crache deux trois mots en me disant que j’aurai du me barrer. Je le sais. C’est pour ça que je rigole grassement en réponse. Je me retrouve alors la tête en l’air, et je pense que mon père faisait souvent ça quand j’étais gamin pour rigoler.

L’atterrissage était différent. Je mange le bitume, laissant derrière moi la poubelle en me disant qu’elle me manquait sacrément. J’entends quelque chose au niveau de ma nuque craquer. Là où tout à l’heure, j’avais littéralement entendu mes organes bouger, là, je m’inquiète. J’essaie pas réellement de bouger. Je trouve le bitume plus chaleureux que la poubelle, plus chaud. Je porte une main à ce qu’il y a sous ma tête, car c’est humide et il me semble pas avoir chialer.

Du sang. Je saigne. Et je saigne, beaucoup.

Je sens mon œil enflé, également, et quelque chose de dur qui se balade dans ma bouche. Je crache par terre. Je vois un morceau de dent. Un peu mal à l’aise avec l’idée, je choppe un peu la nausée.

« Alors Ambrose, ça t’a plu ? Ça ressemble à ça ta vie ? Un échec permanent ? T’as besoin d’une leçon plus longue ou tu veux rejoindre ta maman maintenant pour chialer à propos d’à quel point t’es une merde ? »

J’essaie de me redresser mais ma tête pèse trop lourd. Il semblerait que la coagulation du sang la maintienne au sol. Je vois relativement flou.
Je ne pense qu’à prendre une douche, à ce moment-là. Le sang est poisseux. Je regarde l’autre pétasse, puis les autres. Je sais pas vraiment la nature de ses relations avec les spectateurs. J’espère avoir réussi à bousiller un peu sa vie. J’aurai pu avoir de l’envie dans sa réputation de baiseuse, mais ma situation s’était légèrement améliorée désormais.
Elle avait juste essayé de retirer une des seules bonnes choses qui était arrivé dans ma courte carrière de lover.
J’ouvre la bouche pour répondre, à défaut de pouvoir me lever, et le goût du sang emplit mes papilles. C’était beaucoup trop.

Je me redresse et un flot de sang sort de ma bouche. Je m’attendais à vomir autre chose que des morceaux de dents. C’était une nouvelle expérience très désagréable. Je sens que ma mâchoire peine à rester en place, alors je porte ma main en dessous en espérant la refoutre en place. Je tourne ma langue dans ma bouche histoire de retrouver un peu de mobilité.

Si j’étais incapable de me battre avec mes poings, il me restait encore mon nez à casser, mes cheveux à arracher, mon coeur à bouffer, et mes jambes à fracturer. Si un long sifflement continuait dans ma tête, j’entendais plus grand-chose, et j’avais juste l’intégralité de mon corps qui se soulevait et qui tremblait sous la douleur.
Etrangement, c’était agréable. J’avais envie de me blottir dans cette douce chaleur. Coussin chauffant avec mon propre sang, je pourrais presque m’endormir ici, si la vue m’était plus agréable.

« J’allais te demander de me repayer une chemise mais je suis encore charitable. T’iras faire une passe pour me la rembourser, vu que t’es qu’une connasse dans un community college de merde. J’ai quelques noms de potes riches qui se feront un plaisir de te déglinguer, sweetie. » J’essaie tant bien que mal d’articuler pendant que mon sang et ma bave tapissent le sol.

Je savais que mon statut de mec riche allait forcément me donner un avantage dans la vie. J'étais persuadé que je finirais mieux que cette merde. Alors, oui. Je me plaisais bien dans mon rôle d'échec permanent. Je profitais d'essayer d'avoir un peu de folie à l'université avant de me ranger dans la morne vie d'adulte.

TRIGGER WARNING : dénigrement EXCESSIF des travailleureuses du sexe, insultes violentes, insultes homophobes, sang, crachat, humiliation, mention de sexe, homophobie, racisme, classisme, mentions de notions religieuses (christianisme)

Elle me parle de ma mère.
Je m’en tape.
Elle me parle de meufs que je pécho pas.
Je m’en tape, c’est des fantômes alors qu’elles restent dans le néant.
Elle me traite de gosses.
C’était la meilleure, alors je me marre un peu et je répète juste « gosses » d’un air amusé.

« Jeu de mains, jeu de vilain »

J’éclate de rire pendant que je sens juste un filet de sang qui dégouline d’entre mes dents. Je me demande si y en a pas une autre qui en train de crever. Tant pis. Je me dis que les prothèses sont accessibles pour les Atkins. J’ai sûrement le cerveau qui connecte plus trop parce que je vois l’environnement et il danse. Je me dis que la bagarre, c’est de la danse, un peu, en moins pédé, en moins nul.

Elle commence à me parler de nœuds papillons et je commence à pencher la tête sur le côté, parce que ça commence à entrer sur un terrain que je garde précieusement comme un clébard qui aboie trop fort. Quand elle parle, juste, je me marre et je murmure des « Ah ouaiiiis... » qui vienne de ma gorge qui peine encore à être fonctionnelle. Je me dis que j’ai peut-être l’air complètement bourré, ou défoncé, et c’est à moitié faux, à moitié vrai. Pour supporter la douleur, mon corps produit sûrement beaucoup de dopamine et d’endorphine, alors je souris juste et je profite de ce shoot gratuit, donné par Dakota. J’ai juste un sourire béat aux lèvres pendant que je me marre, insolent gosse de la cour de récré, avec son nez presque cassé et sa dent au sol.
Je me retrouve debout, devant elle, et elle continue.
Elle continue.
Puisqu’elle parle du 24 octobre.
Elle continue.
Puis elle parle de Nova-Blue.
« Ta petite Blue ».
Je me dis que je suis peut-être plus grand, mais que c’était injuste qu’elle se la ramène avec ses grands airs de justicière. Je commence à avoir un peu d’amertume dans la bouche.
« Jusqu’à qu’elle comprenne que t’es une ordure. »
Jusqu’à que Nova-Blue m’abandonne, comprenne que je suis une ordure, que j’entends. Mon coeur ne fait qu’un tour, et il continue à pomper du sang encore plus fort, qui coagule progressivement sur le coin de ma lèvre, de ma narine, de mon menton.
Je me marre plus trop, parce que je la regarde. Je sens que l’amertume emplit de plus en plus ma cavité buccale, mélange de sang et de salive. Je suis une putain de photo d’Andres Serrano, un mélange de fluides honteux, poisseux, polémique, étrange. Je tremble, parce que je vais l’éclater. Je pense qu’elle voit qu’elle a touché juste.

Alors, elle me lâche, et je me tiens debout.
J’ai plus de force, mais je reste là. J’aime plus la poubelle. Je prends soin de ne pas déglutir. Je lui souris largement.
Et je lui crache au visage, comme j’allais lui cracher toute ma haine.

« Alors, écoute moi bien, petite connasse prétentieuse. »

Je reste là et je bouillonne. Dieu parle souvent de pardon, de tendre l’autre joue. Je suis désolé, mon Seigneur, mais quand y a de quoi péter un câble, y a de quoi péter un câble.

« Tu vas arrêter d’utiliser des mots que tu comprends pas, que tu comprendras jamais dans ta petite fac de merde de pauvres pas capables de faire quoique ce soit de leur vie. Tu voulais qu'on parle de famille, bah on va parler de ta mère, tiens. Quel sujet vieux comme le monde, ta mère. J’espère que ta mère, cette grosse salope, était juste une énième traînée, parce que pour qu’autant de fils de putes existe sur cette Terre, tu dois avoir de la famille cachée, ma petite Dakota chérie avec tes cheveux bleus qui puent le shampoing bon marché et ton maquillage de grosse salope prête à taper des pipes à cinquante balles sur une aire d’autoroute. »

Je tousse un bon coup parce que je m’étouffe avec mon propre sang.

« Alors, ça pue le seum ? T’aimerais bien savoir c’est quoi, de pouvoir baiser ton crush, hein ? Petite misérable merde de bas étage, tu reparles encore une fois de Nova-Blue et je te détruis ta réputation, ta carrière, ta vie. Tu mérites que de finir dans une caravane à utiliser ton pauvre soutien gorge cheap à crever, avec tes fringues de prolo et ta gueule à vomir. Alors, c’est ça ta vie, Dakota ? T’es une petite justicière en jambières ? Mais c’est sexy ça, Kota ! C’est du grand art, ça, Kota ! Attends, prends la chaise, tape moi un peu, vas-y, attends, HAHAHA je me fous par terre ! »

Je me mets assis devant elle, à genoux et je continue à me marrer un peu hystérique parce que j’ai trop de haine dans la gorge, et je sens juste du sang couler le long de mes lèvres et de mon menton.

« Alors, Kota ? T’aimerais m’embrasser peut-être ? Y a un peu de son goût dessus. T’es si désespérée que ça, ma petite Kota ? De participer à des combats ultra violents ? Mais fais toi péter la gueule autant que tu te fais péter le cul par qui le veut bien, ma petite Kota. Mais t’as beau étudier, ma petite Kota, tu finiras toujours minable, parce que t’es une gonzesse, parce que t’es pas blanche, parce que t’es pauvre. Les merdes, ça change pas, Kota. Tu seras toujours une énième petite victime de plus, et t’as de la chance que les blancos sont en jungle fever en ce moment. Tu devrais te laisser pousser les ongles, tu frappes fort et bien, des plans dominatrices, ma belle, tu vas en trouver. »

Je regarde mes mains jointes et je présente mon visage.

« C’est génial, avec Nova-Blue, tu sais. Elle squatte mon oreiller, mon lit. On regarde même plus trop de séries depuis que je la tringle pendant que t’es désespérée à te chopper des plans par-ci, par-là. Elle est incroyable, elle est si belle, si douce, si gentille, si intelligente. C’est d’ailleurs tout ce que t’es pas, c’est marrant ça, non ? HAHAHHA. Tu veux pas qu’on baise ensemble ? Tu sais, si A baise B, B baise C. Ah non. Quoique. Faudrait toucher ta langue, je sais pas dans quels types d’orifices elle a traîné. Parce que oui, sale lesbienne, t’iras juste crever en Enfer parce que t’es une abomination. Tu crois t’exposer comme une saine, avec tes petites manières, mais tu restes une abomination, une horreur, une erreur de la nature. Mais t’inquiète pas, je peux te citer tout ce qui va pas. Mais je crois que je vais te préserver, ma petite Kota. Crois moi, je vais te préserver, parce que je te déteste même pas, ma Kota chérie, ma chérie Kota, mon bébé Kota, mon amour, ma belle, l’étoile de mes jours, le fardeau de mes nuits, je t’aime vraiment bien Kota, parce que quand je te vois, je me dis que je suis moins une erreur, moins un déchet, moins une ordure. Je suis content de me lever le matin et me dire que je pourrais te ressembler, et que c’est pas le cas. »

Je souris une dernière fois.

« Tu veux pas qu’on soit meilleurs amis ? Tu seras ma meilleure amie moche. Puis ça te permettrait de voir Nova-Blue un peu, parce que y a pas moyen qu’elle te calcule. Elle a un grand coeur, Nova-Blue, je comprends qu’elle ait eu pitié de toi aussi à cette soirée. » Je marque une pause, regarde le Ciel puis la regarde avec un regard de défi. « Alors ? Je comprends d'un côté. Je serais sûrement aigri si le seul vagin que j'avais vu depuis ma naissance, c'était celui de ma mère. »