Salute to me I'm your american queen // Narcisserena

Narcisse s’inclina, et les applaudissements s’intensifièrent, comme une douce mélodie à son oreille. C’était un bruit qu’elle avait toujours apprécié, un bruit qui lui rappelait toujours des souvenirs heureux ; même les plus anciens, quand elle n’était encore que Lola dansant sur les tables. Une véritable petite graine de star, déjà à l’époque. Et si certaines vies avaient tenté de l’éteindre, si elle avait cédé la place à d'autres et que pendant un temps cela lui avait convenu tant qu’elle savait faire partie du show, maintenant cela ne suffisait plus. Maintenant son heure à elle était venue, elle devait en être au centre, et elle y serait en toute circonstance. Il était temps de montrer au monde ce dont elle était capable.

Et quand elle voyait l’éclat dans les yeux des spectateurs, elle se disait qu’elle avait réussi.

Dans une explosion de fumée et d’étincelles vertes, noires et argentées, assorties à sa tenue, elle disparut de la scène dans une dernière gerbe d'acclamations émerveillées. Alors qu’elle disparaissait derrière le rideau, le regard d’une jeune femme non loin de la scène capta son attention et elle lui fit un clin d’oeil. La djinn était très satisfaite de sa soirée, qui avait rempli la salle de haut en bas. Ils avaient voulu faire une soirée spéciale, bien que sur invitation comme toutes les représentations de l’immortelle depuis peu, et cela c’était visiblement soldée par une victoire.

Narcisse s’enfonça dans les coulisses. Elle n’en était pas encore au point à attendre tout de suite que Roméo vienne la féliciter, et de toute manière, sa performance avait été une des plus physiques qu’elle ait eu à faire ; elle devait passer à sa loge, pour se remettre un peu. Ensuite, elle aviserait, si le sorcier venait la chercher, si elle le faisait encore languir ou pas. Elle était de bonne humeur, ce soir-là, peut-être bien qu’elle le laisserait lui faire la cour.

Méduse passa pour l’aider à se pomponner - c’était, pour l’instant, bien la seule personne qu’elle acceptait dans sa loge quand il fallait se préparer ou se reposer. La seule autorisée à la voir sans perruque ou sans maquillage. Il fallait bien le refaire, alors qu’il coulait légèrement sous la sueur, et la gorgone avait également aidé la djinn à se laver sans toutefois qu’elle ait à enlever ses atours. Si le spectacle était fini, la soirée ne l’était pas, et la brune enfila un autre corset, un peu plus décontracté que ceux qu’elle portait lors de ses spectacles habituellement.

-Merci, tu peux y aller.

Sa collègue venait de partir il n’y avait même pas cinq minutes qu’on toqua de nouveau à la porte. Était-ce Romeo ? Narcisse, alors en train de brosser sa perruque pour lui faire reprendre un pli correct, lui dit de rentrer. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut non pas le beau brun, mais l’inconnue qui était dans le public tout à l’heure.

Décidément, Cerbère n’engageait que des incompétents, si la sécurité l’avait laissé passé jusqu’ici.

Mais au mot de la blonde, la djinn ne peut retenir un sourire. Elle ne pouvait nier qu’elle était très sensible à la flatterie et cette petite venait de lui en apporter une bonne tartine, et se tourna donc vers celle qui venait de se présenter comme Serena Riverwood. Ce nom ne lui était pas inconnu. Mais si elle n’avait cure de s’attirer les foudres de la famille gardienne, cela ne pouvait pas faire de mal d’avoir une fan parmi eux.

-C’est mignon de ta part, cutie, mais il y a de la concurrence. Es-tu vraiment sûre de ça ? Enchantée, en tout cas. Je ne me présente pas, si tu es déjà ma plus grande fan.

Elle ponctua sa phrase d’un rire, amusée par la situation. Même si la manière dont elle s’était invitée dans sa loge était un peu bizarre, elle n’avait pas l’air méchante ni dangereuse, juste singulière - et Narcisse aimait la singularité.

-Es-tu une artiste, toi aussi ?

Son intérêt était piqué, si la petite avait déjà un tel œil d’esthète, alors il y avait peut-être quelque chose à en tirer. Parce que quelque part, même si elle aimait briller, même si elle pensait le faire bien plus, Narcisse ne cessait de chercher du potentiel chez celles qui lui semblaient digne d’intérêt ; tel un sculpteur taillant la pierre brute pour en faire des oeuvres d’art, la djinn n'arrêterait pas de faire naître d’autres étoiles.