The baby said dance magic dance || OriThea

The baby said dance magic dance

Althéa | Orion

Les journées longues, les journées brunes.
Les journées comme des enfilades de perles sur un fil fragile, des perles de couleurs variées mais avec toujours le même ton : rondes, froides, amères, pétries d’angoisse, la surdité aux sentiments comme rempart à ce quotidien. Althéa tente de se cacher, Althéa tente d’encaisser, d’être meilleure, d’être plus forte. Elle tente vainement de se dire qu’elle ne pensera pas à Isaac. Mais à quoi bon.
A quoi bon, quand son quotidien se délite, que ses journées se désagrègent, que chaque soir lorsqu’elle veut saisir le visage tremblant d’Adriel il semble devenir un peu plus fou, alors que dans son crâne fragile se dessinent de nouveaux souvenirs qu’elle ferait bien mieux d’oublier. Elle essaie de rester tangible, de s’ancrer dans le présent simple, la puissance des maux qu’elle dénoue lorsqu’elle recueille d’autres clients. Mais elle est aussi hantée qu’une vieille maison pleine de fantômes. Et sa hantise est encore pire, puisque ce n’est pas le passé qui revient tourner dans ses côtes, mais bien les arcanes d’un futur qui accueillera tous les possibles. Que peut-on faire, comment lutter, contre tout ce qui aurait pu être ? Tout ce qui sera, ne sera pas ?
Althéa est distraite, hagarde, elle fait bien trop souvent tomber des bâtons d’encens sur le sol. Sans doute Yushen l’a remarquée, elle, la maladroite, l’indécise. Sans doute Yushen comprend un peu, lui qui reste toujours près d’elle lorsqu’elle a besoin d’un rempart. Mais elle ne lui dit rien. Pas encore. Pas lui. Pas comme ça. Elle garde les mots sur sa langue jusqu’à se faire des nœuds avec, elle s’étouffe avec ses idées, ses lendemains et ses avenirs de jours qui seront des poids plume accrochés à son cathéter.
Les journées bleues, les journées grises.
Au milieu, une perle de couleur. Une pépite presque dorée, jaune, dont la musique s’échappe à flots par des fenêtres grandes ouvertes. Althéa sourit derrière le comptoir en prenant son sac sur l’épaule.
« Yushen, j’y vais, à demain ! » elle lance à l’intention de son supérieur et ami, quelque part dans l’arrière-boutique.

Sa robe fluide dansant contre elle, elle franchit la porte du Diamond avec un sourire pour son fils. Il a toujours peur de rentrer, comme s’il allait déranger, ou que Yushen allait le manger. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, la brune serre son fils brièvement.
« Orion, mon chéri. »
Elle se détache de lui, souriante, ou souriante autant qu’elle peut l’être. Au milieu des journées sans âme, Orion est une bulle de chaleur, un arc-en-ciel de bonne humeur dont Théa tâche de rester digne. Il ne s’est jamais éloigné d’elle. Il ne lui en veut pas, comme Feyre, il ne se tait pas, comme son Hel. Il est là. Son garçon, son djinn, le seul dans cette famille de fous à comprendre la douce teneur des illusions et leurs sirènes.
Elle élude sa question, soucieuse de ne pas inquiéter son fils. Après tout, le rôle des parents, c’est d’être piliers pour les leurs. Elle sera pilier pour Orion comme elle a toujours voulu l’être, toujours tenté de l’être, pour tous. Elle a souvent échoué, c’est vrai, mais elle n’en est pas moins leur mère.
« Tu as passé une bonne journée ? Tu veux qu’on aille se promener ? »

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