Forget Them, focus on us. DakIsis

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Je regarde une dernière fois mon téléphone. Une demi-heure qu’il devrait être là. Pas un seul message. Je vais finir par croire que mon père les élèvent, tant il me pose de lapins. C’était lui pourtant qui avait choisi ce foutu restaurant de luxe où j’ose même pas poser les pieds seule. C’était pour lui pourtant que je m’étais habillée dans une robe scintillante, maquillée comme mes modèles photos et ornée de mes meilleurs bijoux. C’était lui pourtant qui avait insisté pour qu’on se voit au crépuscule, à Seattle, prolongeant mon séjour alors que je veux seulement rentrer à Phoenix. C’était pour lui, enfin, que j’avais ouvert ma cuirasse, proposé une rencontre avec ce fameux Mr. Williams, celui que ma mère traitait de monstre et dont mes souvenirs étaient si flous.

Mais quel intérêt d’espérer ? Il aura toujours mieux à faire. J’aurai beau réussir à faire de Boss Jewels le concurrent direct de Chanel, il trouvera toujours quelqu’un avec une vie plus réussie que la mienne. J’aurai beau remporter tous les combats que je veux, je ne serai pas au niveau, pas au milieu des dragonnes et des gorgones, des djinns et des zouwus. J’aurai beau me couvrir le corps de bijoux, il y aura toujours quelque chose qui ne va pas sur mon visage en dehors des canons d’Holywood. J’aurai beau parfaire la Ms. Williams, elle restera toujours Dakota, celle dont il veut pas. Celle dont personne veut.

Alors au lieu d’essayer de comprendre que je ne suis mis KO que par mes propres doutes envers moi-même, au lieu de tenter de sortir des cordes de la colère, je cherche à quitter le ring en envoyant un SMS plein de haine. Mais alors que j’en suis à mon troisième « connard » en deux lignes, j’entends des sanglots. Je suis quand même pas en train de pleurer pour ça ? Non, ce n’est pas moi. À côté de moi, non loin dans la rue, il y a une très jeune femme, dos au crépuscule, en train de pleurer.

Soudainement, plus aucune rage en moi, plus de regrets ou de dégoût envers moi-même. Seulement un sentiment d’urgence : il faut aider cette petite. Je m’avance doucement vers elle. « Hey, ça va pas ? Est-ce que tu veux que j’appelle tes... » Oui bon, Dakota, la question stupide, passe encore, mais appeler ses parents alors qu’elle a bien la vingtaine ça va aller. Reprends-toi. « Tout va bien se passer, OK ? T’inquiète pas, je m’appelle Dakota, je veux juste t’aider. » Au moins, tu auras appris une leçon de ta rencontre avec Aurore : commencer par dire ton prénom aux inconnues.

Je pose ma veste sur ses épaules, en essayant de la toucher le moins possible tant qu’elle ne fait pas de gestes vers moi. La possibilité que ce soit une entité surnaturelle potentiellement dangereuse ne me passe même pas par la tête : actuellement, ce n’est qu’une jeune fille qui a besoin d’aide. Le genre de jeune fille que j’étais quand on ne m’aidait pas. Alors, si le passé ne veut pas venir reconnaître ma valeur présente, je vais moi-même construire le futur. Par contre, il fait froid à Seattle, en robe de luxe et sans veste. « Tiens, tu veux rentrer ? C’est juste un restaurant, tu peux rester le temps que tu veux ou partir si tu le souhaites. Tout va bien se passer. » Je lui tends la main avec un petit sourire. Je ne veux pas la brusquer, surtout pas l’effrayer.
Je ne sais pas encore la chance que j’ai de l’avoir rencontrée elle, et pas mon père.

KoalaVolant

@Isis Delacroix

Forget them, focus on us

Tu ne vis plus dans le présent. Tu vis à travers des souvenirs.

Quand tu étais petite fille, tu te souvenais qu'il y avait des étoiles qui était accroché sur les mur de ta chambre. Tu te souvenais de leurs douces lumières. Tu te souvenais du visage de ta mère à travers ces petites lueurs. Tu trouvais que ta mère était la plus belle des constellations. Que c'était pour ça qu'elle portait un nom aussi beau. Que dans son sillage, tu serais toujours près d'elle. Que sa lumière éloignerait toute l'obscurité de l'Univers. Tu te souvenais que tu aimais la rejoindre quand tu entendais un bruit dans ta chambre. Croyant à un monstre sous le lit ou dans le placard. Tu savais qu'avec elle, tu n'aurais plus à vivre dans la peur.
Aujourd'hui, tu ignore ou elle est. Mais tu sais qu'elle n'est plus à tes cotés. Tu sens le vide qu'elle a laissé. Tu sais qu'il y a des questions qui n'auront plus de réponse. Tu sais que la peur te guette et attend le meilleur pour frapper. Parce que tu ne vis pas vraiment. Tu cherches un rempart. Tu te sens trop égoiste pour revenir vers Sol. Tu te sens trop coupable pour te confronter à Stella. Tu te sens trop étrangère pour retrouver les frères dont tu ne connais rien. Tu te sens si détruite pour retourner dans les bras de Isida.

Tu ne reste pas à l'intérieur parce que tu étouffe. Tu n'aime pas être dehors parce que tu es trop vulnérable.

C'est bien le bruit de l'orage qui t'alerte. Parce que c'est bruit que tu connais que trop bien. Tu n'as pas besoin de voir le ciel. Tu n'as pas besoin de bouger la tête. Ton corps est immobile. Incapable de faire le moindre pas. Mais tes larmes s'échappent, elles coulent parce que tu n'as pas la force de les essuyer. Tu entends la voix de l'étrangère. Tu sens le contact du tissu sur tes frêles épaules. Tu l'a regarde sans rien dire. Tu aime bien ces cheveux. Tu aime la couleur. Parce que c'est la couleur de l'eau. La couleur du ciel quand il fait beau. La couleur si douce à tes yeux si triste. Tu vois sa main et tu l'as prend comme une bouée de sauvetage. Comme si tu n'avais plus la moindre idée de la route à prendre. La décision à prendre. Le chemin.

- Je veux rester avec toi.

Tu l'as regarde encore une fois. Tu ne te pose pas de question. Ton cœur est trop encombrée. Ton âme souffre trop. Plus de mère. Plus de père. Sans les autres, tu as déjà l'impression d'être une orpheline. Sans réel famille. Sans réel attache.

- Je peux rester...avec toi ?

Tu ignores les plans de Dakota. Tu crains de t'imposer encore une fois. Parce que tu sais le regard de ceux qui ne veulent pas de toi. Mais tu ne sais pas. Tu ne sais pas à quoi ressemble l'inverse. La chaleur. Un sourire. C'est des choses que tu finis par oublier. Trop vite. Beaucoup trop vite.

@Dakota Williams

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Je refuse de voir dans ses yeux un reflet des miens. Un miroir vers un passé qui m’a été imposé. Je refuse de la voir comme un souvenir, un rappel de la jeune femme seule et isolée, déchirée et effrayée que j'ai été. Je ne veux pas qu’elle me rappelle les nuits dans les rues de Phoenix, les journées entières sans un regard familier ou même seulement hospitalier, la répétition des moments où j’ai cru que je pouvais rouvrir mon cœur pour qu’il soit simplement brisé à nouveau.

Non, cette petite inconnue ne ramènera pas les mauvais jours. Je ne peux voir que la lumière de l’espoir dans ses yeux quand ils se posent sur moi. Je ne peux que ressentir une chaleur immense face à ce regard. Être vue, c’est ce que j’ai toujours recherché chez quiconque. Qu’on reconnaisse qui je suis, ce que j’ai accompli, ce que je peux apporter. Alors quelqu’un d’autre aurait peut-être reculé devant le « Je veux rester avec toi. ». Mais pas moi. La jeune inconnue m’estime digne de l’aider, alors je dois tout faire pour. Elle m’a vue, et pour faire naître dans ses pupilles l’admiration que je cherche perpétuellement, je suis prête aux plus grandes aventures, ce soir.

Pour l’instant, je me contente de prendre sa main entre les miennes en lui souriant : « Bien sur, princesse. On va juste se mettre à l’intérieur avant de devenir deux glaçons, d’accord. » Doucement, je la guide vers l’entrée du restaurant. Je parle presque en mode automatique, espérant que lumière, chaleur et paroles suffiront à l’apaiser. « Comment tu t’appelles ? Histoire que j’arrête avec les surnoms nuls comme « Princesse ». Désolé, je ne suis pas bonne en surnoms. » Et le mode automatique, fatalement, nous amène aux excuses.

Je l’emmène vers la plus belle des tables : vue sur l’Océan, couverts rutilants et œuvres d’arts sur les murs. Oui, quand je fais une réservation pour voir mon père, je ne fais pas les choses à moitié. Tant pis pour lui : c’est la jolie inconnue qui en profitera. Dans la lumière du restaurant, j’essaye de la détailler un peu plus. Elle a un teint pâle, altier même si un peu rougi par les larmes. Elle fait un peu écho à ce tableau italien derrière elle, dont j’oublie toujours le nom du peintre. Pourtant les bijoux sont sympas, il a l’air de s’y connaître.

« Ça va, tu es bien ? Qu’est-ce que tu faisais... » Dans cette rue ? C’est vraiment la meilleure question que tu trouves, Dakota ? « Qu’est-ce que tu fais à Seattle ? Tu vis ici ? » Bon. Visiblement, tu es nulle en conversation, il faut te rendre à l’évidence. Par contre tu sais ce que tu as ? De l’argent. Alors j’ouvre la carte du restaurant et je lui dis : « Commande ce que tu veux ! Rien de tel qu’un bon repas pour se changer les idées, tu trouves pas ? » Le serveur arrive, et je l’accueille avec mon plus grand sourire. « Bonsoir ! Je vais prendre le carpaccio de bœuf avec un risotto truffes-aubergines s’il vous plaît. Et accompagnez-le de votre rosé préféré s’il-vous-plaît. » Je me retourne vers ma jeune inconnue, un sourire que j’espère plein de bienveillance aux lèvres. Courage, Isis, tu n’es plus seule.

KoalaVolant

Forget them, focus on us

Tu t'accroches à la main tendu parce que tu as trop attendu qu'on te la tende. Tu sais que tu dois paraître encore trop fragile. Trop détruire par ton passé. Trop hésitante sur ton présent. Trop effrayé par le futur qui arrive petit à petit. Comme un escalier avec des marches à l'infini. La route est longue. Presque interminable. Tu ne vois que les obstacles. Tu ne vois que la détresse. Tu ne vois que ça. Si bien que tu as aucune idée de la route qui te reste à parcourir.

La princesse. La personne qui a besoin d'être sauvé. La fille qui a besoin d'être délivré d'un mal dont elle est elle-même à l'origine. Qui pense être responsable. Qui pense mérité de souffrir avant de pouvoir renaître. Comme une plante qui meurt avant de revenir à la vie sous forme d'un bourgeon.

- Isis. Je m'appelle Isis.

Tu cherche encore la bonne réponse à donner à l'inconnue aux cheveux bleu. Seattle. Tu connais la vie. Tu y vis depuis ta naissance. C'est ton foyer. Cela l'était à une époque. Tu sais que tu as beaucoup de souvenirs rattaché à la ville. Les nombreuses sorties avec ta sœur Isida. Les ballades avec ton carnet à dessin. Tu dessinais tout ce que tu voyais. Tu noyais tes créations avec toutes les couleurs de l'Univers. Aujourd'hui, c'était difficile de dire que Seattle était encore ton chez-toi. Tu ne sentais plus lié à cette fille. Tu avais trop changé. Tu avais trop évolué. Tu étais encore l'adolescente qui avait été enlevé et arraché aux tiens dans un corps d'adulte.

- Je...j'habite pas très loin.

Tu regarde la carte pendant que la jeune femme commande. Tu sais qu'elle est dans son élément. Qu'elle rayonne comme une boule de disco. Que son caractère et sa force se dégage dans sa manière d'être et de parler avec quelqu'un. Le moindre de ses gestes. Tu enviais son assurance. A tes yeux, elle était comme une guerrière Amazone. Capable de faire n'importe quoi. De tenir tête à n'importe qui. Surtout aux hommes. Tu sais que c'est la première fois que tu entres dans un restaurant aussi prestigieux. Aussi classe. Tout est si beau que tu as l'impression d'être une vieillerie. Un objet vintage et dépassé.

- Je...je vais prendre du magret de canard aux patates douces...avec du soda, s'il-vous plaît.

Tu as l'impression qu'il faut t'y prendre à plusieurs fois avant de faire une phrase complète. Tu sens le regard de Dakota. Empli de douceur. Comme un nuage. Ou de la chantilly que l'on met dans une glace à la vanille. Tes doigts ne peuvent pas s'empêcher de tapoter sur la belle nappe qui couvre la table. A travers la lumière du restaurant, ton vernis multicolore ressort un peu plus que tu l'avais prévu. Tu sais que ces petites manies ont pour but de te rendre plus toi. Ou l'ancienne toi. Tu sais que tu dois t'habituer à vivre avec le présent. Ne plus regretter le passé. De plus l’appréhender.

- Je suis désolé, je crois que j'ai perdu l'habitude que quelqu'un puisse vouloir passer du temps avec moi. J'ai fini par croire que les gens se portent mieux sans moi.

Tu te souviens qu'elle ne voulait pas qu'on devienne des glaçons mais tu as l'impression que tu en ai déjà un. Tu as peur de ne plus connaître la moindre chaleur humaine. Tu as peur que tes souvenirs fonde au soleil. Tu as peur de te perdre. Te perdre totalement.

@Dakota Williams

Mer 16 Mar 2022 - 12:34

Forget Them. Focus on us. DakIsis

« Très bon choix, Isis de « pas très loin ». »

Je souris, tentant de transmettre le fait que ce n’était qu’une boutade. Mon regard n’a pas l’habitude d’être aussi doux. Il a été entraîné toute sa vie à cherches les imperfections, ce qui doit être amélioré, ce qui doit disparaître pour que le reste devienne mieux. On ne pardonne rien à une jeune femme noire qui veut s’élever socialement alors elle ne doit rien avoir qui puisse être critiqué. Pourtant, avec Isis, cette douceur est automatique, instinctive. Ses hésitations, son élocution difficile, son tapotement nerveux : c’est la panoplies d’attitudes que j’ai déjà trop souvent vu chez moi avant de créer Boss Jewels. Tous les encouragements que je n’avais pas eu, je devais les lui donner.

« C’est un très beau nom, Isis. »

Je ne connais pas le moindre bout de mythologie égyptienne, mais cela m’évoque magie, amour et chaleur du Sahara. Tout l’inverse des ruelles glaciales de Seattle. Peut-être s’est-elle perdue ? Que, lassée du Nil, elle a voulu découvrir les océans jusqu’à atteindre le dernier des ports de la Création : Seattle. Et dans ce lieu où la vie a du reprendre après la destruction de Sapphire, la Sokbet cracheuse de feu de l’Amérique, Isis serait une traduction de la résurrection nécessaire, du retour à la vie dont nous avons tous tant besoin. Mais sourire et rêveries se fanent quand je l’entends parler de sa solitude.

« Qu’est-ce qui te fais penser ça ? » Je pose ma main sur la table, paume vers haut, si elle souhaite la prendre, sans la forcer. « Je ne connais pas ton histoire, mais j’ai souvent eu la solitude comme amie. Le problème de cette farceuse, c’est qu’elle tord la vision que tu as de toi-même et ce que tu vois dans les yeux des autres. J’ai passé tant de temps seule parce que je me persuadais moi-même que les autres voulaient que je le sois. Alors que je me trompais. » Mon cœur se serre en pensant à Alaska, à Serena, à Gabriel même : toutes celles que j’ai laissées en raison de mes propres angoisses.

Le serveur nous amène nos plats et je reprends de la joie dans les yeux. « Enfin, je ne veux pas t’ennuyer avec mes histoires. Pas quand nous avons rendez-vous avec des mets succulents. » Je me plonge dans ses yeux. Oui, je pense bien voir une lueur dedans qui n’est pas chez n’importe qui. Curieuse, je lance. « Dis-moi, Isis, je me trompe ou tu es une artiste ? » Je ne suis peut-être pas une zouwu métamorphe, un dragon télépathe ou une djinn immortelle mais je sais reconnaître l’art. Et celui-ci me semble imprégner entièrement la jeune femme.

KoalaVolant

Mer 16 Mar 2022 - 13:53

Forget them, focus on us

C'est une folie d'avoir peur de toutes les roses parce qu'une épine vous a piquer. C'est une folie d'abandonner tous tes rêves parce que l'un d'eux ne se réalise pas.

Tu évolue comme tu le peux. Tu as l'impression d'être contre le courant d'un fleuve. D'être à contre-sens de la foule. D'être un escargot entouré de lièvre. D'avoir que deux couleurs alors que les autres vivent dans un arc-en-ciel.

C'est une folie de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamné toutes les amitiés parce que l'un d'elles vous a trahi.

Tu ne veux pas être commune parce que tu as peur qu'on te ne voit plus. Tu ne veux pas être trop différente parce qu'on refusera de te voir. Tu ne veux pas hurler parce que tu as peur que ta voix n'arrive pas à arriver jusqu'au autre.

C'est une folie de ne plus croire en l'amour juste parce que l'un d'eux à été infidèle. C'est une folie de jeter toutes les chances d'être heureux parce que quelque chose n'est pas allé dans la bonne direction.

Tu veux trouver un sens à tous ça. A ta vie. A ta famille presque dysfonctionnel. A une vide qui grandit chaque jour un peu plus. Aux liens avec ton ancienne vie qui commence à disparaître. Au but que tu recherche et qui s'éloigne de plus en plus. Tu ignore ce qu'elle sait. Ce qu'elle voit. Ce qui lui indique que tu sais utiliser tes doigts pour utiliser les couleurs et les encres. Que tu vois la beauté là ou les gens ne l'a voient pas. Que tu arrive à créer ce qui n'existe pas.

- Oui, je suis artiste, je dessine depuis que je sais tenir un crayon en fait. Je pense que c'est peut-être le seul domaine ou je suis à peu près douée.

Ton regard se pose sur les mains de Dakota. Ou plutôt ce qu'elle porte à ses doigts. Des bijoux qui brillent. Ils sont tous étincelants. Comme si elle avait réussi à porter des constellations ou les étoiles les plus brillantes. Peut-être qu'elle était même comme une étoile filante que tu vois dans le ciel. Celle ou on peut faire des vœux pour qu'ils se réalisent. Dakota était-elle comme la fée capable de miracle avec un sourire ?

- J'aime bien tes bijoux, ils sont très beaux !

N'oublie pas, Isis. N'oublie pas qu'il y a de la lumière même dans les ténèbres. N'oublie pas. On ne voit qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

@Dakota Williams

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Nos plats arrivent, accompagnés de leurs boissons. Tout est délicieux, parfaitement préparé et je ne regrette ni les plats ni la compagnie. J’ai l’impression d’être face à une rose dont on aurait peint tous les pétales en couleur transparentes pour lui faire croire qu’elle n’était pas scintillante. Je cherche comment être le fleuve qui lui rapportera ses pigments, comment, seule, être la foule pour elle, comment chasser pucerons et escargots de ses belles feuilles. Je cherche les mots pour lui rappeler qu’elle est l’artiste, la seule à pouvoir se repeindre afin de devenir la rose aux pétales couleur arc-en-ciel qu’elle peut, qu’elle doit être.

Je veux lui montrer qu’elle est unique, particulière. Que je l’entends, qu’il y a un sens, un but possible à tout ceci. Je me retiens de le montrer sur mon visage mais je serre dents et poings. J’ai été toi Isis, si longtemps. Si seule, si triste, si déchirée. Et ça n’a servi à rien. Et je ne sais pas quoi faire pour t’aider parce que je n’ai pas d’Isra dans mon sac à main. Je peux juste t’écouter quand tu me parles de ton art, m’attrister quand chaque compliment que tu te concèdes est accompagné d’une critique. Je peux seulement sourire et adorer ta gentillesse quand tu complimentes mes œuvres.

« Merci. C’est moi qui les ai conçus : je dirige une entreprise de bijoux, Boss Jewels, et je vais ouvr... » Je m’interromps. « On s’en fout en fait, non ? Viens : je te pose pas de questions sur tes problèmes et tu m’en poses pas sur mon taf. On s’épargne toutes les deux des tortures incessantes. Deal ? » Je souris toujours plus, presque farceuse. « Écoute, on finit nos plats et je te propose de t’emmener ailleurs pour le dessert. J’ai un compte en banque désespérément plein, on a toutes les deux visiblement une nuit de solitude devant nous et il y a un portail zouwu à deux pas. Alors, où est-ce que tu veux manger le dessert ? Une glace à Rome ? Une gaufre à Montréal ? Des Hotteok à Séoul ? Je te laisse choisir. » Je reprends une part de risotto. Vraiment succulent. Les parfums sont surprenants et plaisants : on dit que l’odorat est le sens le plus lié à la mémoire mais je pense qu’ici il est une prédiction de notre future nuit.

KoalaVolant

Forget them, focus on us

Les problèmes restent au placard. Caché. Dissimulé. Comme s'il suffisait de plus en parler pour les faire disparaître. Tu aimerais que ce soit si simple. Si facile d'être simplement toi accompagné d'un sourire. Tu as oublier la sensation. Cette sensation d'évoluer dans un lac calme et paisible. Ou les lumières parsèment ton chemin et ta route est sans nuage. Dakota est forte. Elle est comme une princesse Viking, elle a juste besoin d'elle-même. Pas besoin de héros quand elle est là. Pas besoin de faire autant d'effort. Tu veux croire en cette femme aux cheveux bleuté. Tu veux que sa couleur devienne ton credo. Tu veux revoir le bleu de la mer ou le bleu du ciel. Tu veux que le bleu soit omniprésent plutôt que ton gris terne.

Quand tu l'as voit, elle, quand tu vois tous ce qu'elle peut s'offrir d'un simple geste de la main, tu comprend que c'est presque trop beau pour être vrai. Comme si tu cherche l'illusion derrière les couleurs et les paillettes. Comme si tu cherche la réalité derrière un voile qui n'en ai pas un. C'est simplement la vie.
A la fin du repas, tu l'as laisse te conduire jusqu'au portail. Face à lui, tu as quelque chose que tu n'avais pas il y a quelques minutes. Un pouvoir inespérée que Dakota t'offre. La simple possibilité de choisir. Parce que le monde, tu l'as souvent entendu sans vraiment le voir. Tu es née à Seattle et tu savais que c'était l'endroit de tous tes souvenirs, bons ou mauvais. Tu voulais retrouver insouciance de tes dernières années. Avant la guerre. Avant le malheur et la mort. Avant tout ça.

- Tu me laisse choisir ?

Tu sais que le monde est très grand. Peut-être trop grand. Peut-être que c'est simplement une question de bon sens si tu n'es pas née djinn. Tu ne saurais pas profiter du monde et des possibilités qui s'offre à ceux de cette espèce. Tu es sorcière et tu dois faire avec. Prenant la main de la jeune femme, tu plonge dans le portail. Tu plonge et tu vois le nouveau paysage qui te tend les bras. Tu reconnais les images que tu t'es imaginée dans le fruit de ton imagination. La belle capital italienne est devant toi. Le Colisée est non loin, voyant les personnes qui entrent et qui sortent du bâtiment.

- J'ai toujours voulu voir le monde, je sais pourquoi je l'ai jamais fais.

Tu le sais, pourtant. Tu sais que c'est ta peur et non ta vie qui te guide. Tu sais que tu te ferme pour oublier les regard. Tu sais que tu vois les ténèbres avant de voir le soleil qui brille. Tu sais qu'il faudra que tu te décide à ouvrir les yeux. Oublier pour continuer à vivre. Réapprendre à être toi.

@Dakota Williams

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Tous les chemins y mènent alors je ne devrais pas être étonnée. Rome éternelle me frappe immédiatement de sa lumière éclatante, son activité frétillante et ses merveilles resplendissantes. On apprenait pas le latin dans mon lycée, pas plus qu’on déclamait le monologue d’Horace ou d’Antoine dans Jules César. Je reconnais vite fait le Colisée parce qu’on m’a souvent comparé à une gladiatrice mais je serai bien incapable de me diriger entre les ruines antiques, les pizzerias attirantes, les églises baroques, les boutiques de mode et les fontaines merveilleuses. Nous nous retrouvons finalement devant la fontaine de Trevi, une glace à la main et le sourire aux lèvres.

"J'ai toujours voulu voir le monde, je sais pourquoi je l'ai jamais fais."

Isis a l’air pensive mais elle n’a aussi plus l’air d’être la même petite fille apeurée que j’ai vu, à peine quelques heures plus tôt, sur un trottoir de Seattle. Du Pacifique Nord au Tibre, il y a eu un monde, pour elle comme pour la géographie. Je souris avec espoir : la brune est sur les terres de Catherine Sforza et Artemisia Gentileschi, ici elle trouvera certainement réconfort, inspiration et courage.

« Jusqu’à mes dix-huit ans, je n’avais pour ainsi dire jamais quitté la Nouvelle-Orléans. Une fois, j’étais allé à Pensacola, en Floride, c’était la fête absolue. Alors que bon… C’est la Floride quoi. Voyager, quitter chez soi, c’est dur. Nos repères, ils sont souvent statiques, c’est pour ça qu’on s’appuie dessus d’ailleurs. Mais quitter ce qui a toujours été chez toi ne veut pas dire que tu n’aimes plus qui tu as été, l’endroit où tu as vécu ou même les personnes avec qui tu vis. Parfois tu pars parce que tu le dois, parce que le changement fait peur mais est nécessaire. »

Eh bah voilà, je commençais avec les monologues classiques, et je finis avec le mien. Je secoue la tête.

« M’écoute pas : je radote comme une putain de mamie boomer. » Je lui pose une main sur l’épaule. « Maintenant que tu as savouré ta glace : au travail ! J’ai aucune œuvre d’art chez moi, alors je vais t’amener dans une galerie et, avec tes grands talents d’artiste, tu me diras quoi prendre. T’en dis quoi ? » Je continue à lui sourire, l’air à la fois très sérieuse et très ironique.

KoalaVolant

Forget them, focus on us

Quand tu vois la ville de Rome, tu as l'impression d'être un poussin qui sort de l’œuf. Tu ne te préoccupe pas des morceaux de coquille que tu laisse indéniablement derrière toi. Tu as cette sensation d'être rentré à l'intérieur d'une boule à neige. Le paysage et les bruits sont tout autour de toi. Tu ne peux pas t'empêcher de mettre ta main dans l'eau lorsque que tu approche de la fontaine de Trevi. Même devant ce petit monument aquatique, tu ignorerais complètement le vœu que tu aimerais faire. Même le goût de ta glace à la vanille semblait réveiller le souvenir d'une ancienne toi. Les vestiges ou simplement les rêves que tu as rangés dans un coin de ton esprit. Souhaitant voir les villes de ce monde, tu avais fini par rester au fond d'un trou gigantesque.

Quitter ce qui a toujours été chez toi ne veut pas dire que tu n’aimes plus qui tu as été.
Tu ne pouvais pas être le soleil et la lune. Tu ne pouvais porter le passé à bout de bras tout en essayant de continuer à avancer. Tu voulais retrouver ton sourire même si tu devais comprendre que trop d'année s'était écoulés. Tu voulais oublier la guerre même si elle faisait partie intégrante de toi. Les cicatrices étaient un rappel perpétuel quand tes yeux croisaient un reflet. Tu voulais retrouver ton enthousiaste mais tu avais peur du bruit de tes propres pas sur le sol.

Tu pars parce que tu le dois.
Tu aimerais partir, Isis. Tu aimerais avoir la force de pousser la porte et d'affronter ce qu'il y a derrière. Tu aimerais que tes pouvoirs fasse de toi, quelqu'un de courageux. Tu aimerais avoir le sang-froid de Yushen. Tu aimerais avoir le calme imperturbable de Altair. Tu aimerais avoir la langue acérée de Stella. Tu aimerais avoir la lumière de Sol. Tu aimerais avoir la fougue de Isida. Tu aimerais être toutes ses choses à la fois.

Parce que le changement fait peur.
Parce que tu aimerais trouver autre chose pour justifier ce que tu es devenu. Tu es devenu la peur incarné. Tu es devenu le petit rat qui se cache dès qu'une menace pointe le bout de son nez. Tu ne rêve plus. Tu ne vis qu'en noir et blanc. Tu pleure au lieu de sourire. Tu recule au lieu d'avancer. Parce que la peur, c'est tout ce qu'il te reste. Tu n'as plus rien.

La route jusqu'à une grande galerie d'art est très rapide. Dès que la porte s'ouvre, tu te sens dans ton élément. Les toiles immobile. Les couleurs imaginaire. Les émotions au creux de l'estomac. Tu reconnais sans aucun mal la stature de Vénus, la formidable déeese de l'amour et du désir. Tu vois les gens qui regarde le tableau. Fascination. Éclatant. Lumineux. Ce sont les mots qui reviennent en boucle. Mais toi, tu regarde autre chose. Le Tourbillon des amants. Un tableau qui frappe. Une histoire de vengeance divine. Une histoire de deux amants condamnés à se faire emporter par le vent des enfers à jamais, couronné d’une source lumineuse irréelle

- J'ai des goût...un peu sombre, je le reconnais.

Tu voudrais entrer dans le tourbillon. Tu voudrais ressentir la peine des amants. Même enchainés à un destin funeste, ils sont là. Mieux, ils sont ensemble. Affrontant un monde injuste et cruel. Les images et les mots ne sont plus reflets les uns des autres ; il se complètent.

- Qu'est-ce que tu vois, Dakota ?

Parle-moi de ta vision du monde. Regarde la toile et plonge à l'intérieur pour révéler les vérité de la Terre. Ou simplement ta propre vérité.

@Dakota Williams

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Mon regard se perd chez Vénus. Ses yeux ont la lumière dorée d’Alaska, ses cheveux la rousseur majestueuse de Lily et sa peau la pâleur angélique de Solal. Petite, j’avais toujours vu la mythologie comme un horizon lointain, une terre refusée au gens comme moi, des histoires que seuls les riches blancs se réservaient pour leur plaisir solitaire. Hercules ne venaient pas dans les ghettos, Athéna ne nous avaient pas défendus contre Katrina. Nous, on priait Superman, le demi-dieu immigrant ou Marie-Madeleine, protectrice des pécheurs et de nos sœurs. Et ne me lancez pas sur The Rock, le champion du peuple, parce qu’aucun héros grec n’a de chance contre lui.

Alors, aujourd’hui je sais pas si c’est mon compte en banque ou ma robe de luxe qui me permettent d’admirer le tableau. Toutefois, après quelques secondes, les yeux de la déesse me rappellent mon incompétence. Je vois un ensemble de symboles ésotériques, tous plus mystérieux les uns que les autres, qui me rappellent tous que je suis une nouvelle riche, que les barrières pour rejoindre leur culture, leur respect seront toujours trop grandes. Que je serai toujours celle qui fait mal les choses, qui ne les connaît pas assez, qui fait tache dans le décor. Alors je détourne le regard d’un air dédaigneux. Qu’ai-je à faire d’une déesse de la fertilité ? Artémis, la vierge chasseresse, a toujours été plus cool que toi, Vénus.

Isis m’emmène devant un autre tableau, bien plus sombre, bien plus mystérieux. Je déchiffre une petite présentation, très mal traduit depuis l’italien. On me parle de Virgile, de Béatrice, de Dante, d’amants, d’enfer et d’adultère. Je suis un peu perdue. Habituée aux comics et aux séries CW, je cherche avant tout l’identification. Qui suis-je dans ce tableau ? Je suis pas Francesca, je serai vraiment un clown d’aller sortir avec les adelphes de mes ex. Je vois Dante, évanoui à cause de sa compassion, et je souris un peu : moi aussi je me projette intégralement quand j’essaye de comprendre autrui. Je vois Virgile, guide de son disciple à travers les terres dévastées infernales et je demande si je n’essaye pas un peu de me mettre dans ses pas avec Isis. D’ailleurs, je dois répondre à sa question.

« Je vois… » Et là, le moulin à paroles qu’est habituellement Dakota semble tari. « Euh... » Je ne crois pas à l’Enfer, je n’ai lu ni Dante ni Virgile, je connaissais pas Blake jusqu’il y a quelques instants, alors c’est compliqué là. « C’est… » Ma langue tourne onze fois dans ma bouche avant d’oser parler. « Triste. La punition est injuste, alors on sent qu’il a tenté d’y mettre de la poésie. Je vois une personne obsédée par ses fautes, réelles ou imaginées, qui cherche à la fois à se flageller et à se rassurer en ajoutant de la beauté à son châtiment. » Je me mords les lèvres. « C’est stérile, Isis. L’art ne nous apportera pas de rédemption. Le pardon ne vient que de l’action ou de la parole. Peindre ça, c’est graver sa faute dans le marbre et ne jamais les oublier, ne jamais avancer. » Je dis ça alors que je suis prompte à oublier mes fautes, ou du moins à les mettre sous un tapis d’où elles reviendront un jour me ronger.

« Je vois des larmes magnifiques, mais fossilisées. Des regrets sublimés, mais monumentalisés. On ne peut pas vivre éternellement dans la repentance, Isis. Et je te dis ça alors que je suis catholique, c’est dire. » Je lui souris. « Pardon, je me suis emportée, encore. Qu’est-ce que tu vois, toi ? »

KoalaVolant

Forget them, focus on us

C'est triste. C'est bien la seule chose que tu comprends parfaitement. Ce n'est le ton. Ce n'est pas le visage de Dakota. Il y a quelque chose de familier dans ces mots. Tu ne mets pas longtemps à comprendre que c'est les mêmes mots. Ces mots que Stella t'a dit quand tu lui a demandé ce qui pourrait se passer pendant la guerre. Que ce serait triste si tu mourrais mais qu'il y avait plus important. Plus important pour elle. Plus important pour n'importe qui. C'est ce qui te frappe instantanément. Comme un seau d'eau glacé que tu te prend en plein visage. Tu te rends compte que ta vie se résume en deux mots. Deux mots couvert de poussière comme si tu avais déjà trop vécu. Comme si tu n'avais plus la moindre valeur aux yeux des autres. Maman était déjà parti, pourquoi les autres ? Tu n'avais pas besoin de garder les yeux auprès de toi. Ils n'avaient aucune raison de rester auprès de toi. Près de toi. Tu étais le trou noire qui absorbe tout sur son passage. Tu étais un fantôme chez les vivants et un être humain chez les morts.

Qu'est-ce que tu vois, toi ?

Si seulement tu avais une idée de ce que tu devais répondre. L'art était ta passion, ton essence. Quand tu avais découvert une pleine boîte de crayon, tu voulais rendre au monde les millions de nuance qu'il cachait. Tu voulais exprimer ce qu'on ne peut dire avec des mots. Ça te prenait aux tripes, littéralement. Tu te sentais libre d'être qui tu voulais. Tu te sentais libre de faire ce que tu voulais. Tu avais l'impression que des ailes pouvaient apparaître dans ton dos et t'emmener loin de tout. Mais aujourd'hui, à quoi bon avoir des ailes ? Tu n'avais pas l'attitude d'un ange et tu n'étais pas digne d'en devenir un. A quoi bon partir si le voyage était solitaire ? A quoi bon ?

- J'ai l'impression de voir mon reflet dans un miroir.

Tu avais envie de dire à Dakota qu'elle avait raison. Que les mots étaient si bien choisi pour te décrire. Parce que tu avais envie d'avancer mais que le poids du passé revenait comme un boulet de canon. Parce que même si tu n'avais jamais vraiment eu de point de vue sur tes croyances, tu avais envie d'être comme Dakota. Pouvoir se raccrocher à quelqu'un de presque indéniable. Une sorte de puissance supérieur. Si la guerrière au halo bleuté avait la puissance de Dieu de son coté, tu savais que le Diable serait ton seul allié.

- Sans l'art, il ne reste plus grand chose de moi, Dakota. Je suis un amas de souvenir qui n'iront jamais ensemble. J'ai beau faire ce qu'il faut, je me sens...vide. Je sens que je pourrais basculer à tout moment, c'est ça le plus terrifiant.

Tu connaissais de nombreuses histoires tristes, tu savais que le personnage était toujours au fond du trou. Toi, tu avais l'impression que ton trou était gigantesque. Que tu avais mérité tout ça. Que tu n'avais pas été la fille idéale. La sœur idéale. L'amie idéal. Tu voulais demander pardon mais tu ne savais même pas à qui. Tu voulais mériter une deuxième chance mais ton joker semblait déjà périmé.

- Je crois que même ton Dieu ne pourra rien pour moi, Dakota.

Je connais ta vérité, Dakota. La même que ma famille. La même que le reste du monde. Je voudrais croire que je pourrais être autre chose que moi. Avant, Isidora était un feu follet, courant dans tout les sens. Sortant par les fenêtres dans l'espoir de voir le monde dans son intégralité. Maintenant, il ne reste plus qu'Isis. Maintenant, il ne reste que moi.

@Dakota Williams

Forget Them. Focus on us. DakIsis

Isis ressemble à un tombeau. C’est ironique vu son nom, mais elle semble vraiment la prisonnière du royaume des morts. Ce n’est pas son teint blanc ou son style sombre, c’est la mélancolie dans sa voix, la douleur dans ses mouvements, l’agonie dans ses regards. Et quand elle parle je comprends qu’elle est bien sa propre geôlière. Que sa douleur est une chaîne, ses regrets des cordes attachées à ses poignets. Elle est enfermée dans un cercueil, lui-même jetée dans le Nil, ou bien le Tibre, abandonné aux flots intarissables de ses remords.

Alors je l’écoute silencieusement, tout en écrivant le chèque pour l’achat du tableau. Je souris tristement, dépassée par la douleur de cette jeune femme. Elle a sans doute eu à grandir trop vite, portée comme toute notre génération par les violences de Sapphire, Cordelia et autres chasseurs. Nos parents avaient vécu dans un monde calme et idyllique comparé à la violence surnaturelle de notre époque. Je prends une grande inspiration avant de lui répondre.

« J’ai longtemps pensé comme toi, Isis. J’ai cru que je n’étais qu’une guerrière, une brute dont la valeur ne se méritait qu’à la douleur qu’elle infligeait à ses adversaires, une barbare uniquement inquiétée par ses victoires. Le monde m’avait dit que c’était mon seul chemin, ma seule voie, ma seule qualité. Que je n’étais pas faite pour le reste, pour essayer de grandir au dessus des attentes que l’on avait mises sur moi. »

Je signe le chèque, rabattant mes cheveux derrière moi pour dégager mes bijoux. Que dirait la Dakota de 2015 en voyant cette oligarque sophistiquée ? La jugerait-elle ou l’envierait-elle ?

« Tu n’es jamais qu’une seule chose, ma belle. Certes, c’est incroyablement important de travailler tes talents, mais à la fin de l’histoire, TU crées qui tu es. Et tu es bien plus profonde et complexe qu’un seul élément, qu’un seul problème. » Je lui souris. « Et même si tu étais vraiment vide, ce dont je doute profondément, tu es jeune et tu as tout le temps de te remplir de millions d’expériences. »

Je laisse Isis quelques instants, le temps de donner le chèque à la galeriste et de signer quelques papiers pour la livraison. Elle me rend, avec le certificat et un sourire, sa carte professionnelle, avec son numéro personnel écrit au stylo turquoise. Oh. Merci Rome de me rappeler que moi-aussi je suis jeune et prête à de nouvelles expériences. Je souris à Isis en lui désignant le tableau.

« Comme promis ! Je l’accrocherai dans ma prochaine boutique à Seattle, au dessus de mes pièces les plus sombres. Mais juste à côté il y aura les pièces brillantes et spectaculaires, car nous méritons d’avoir plusieurs émotions. »

Je baille. La matinée commence ici, mais il est bien tard dans la nuit à Seattle. Je tend la main vers Isis.

« Tu veux continuer à visiter Rome ou on rentre ? »

KoalaVolant

Forget them, focus on us

Tu semblais être dans une seconde dimensions. Un monde plus coloré. Plus vivant. Dakota était l'arc-en-ciel, elle illuminait tout les endroit dans lesquels elle passait. Elle était sa propre armure, sa propre force de la Nature. Incapable de faire machine arrière quand elle avait quelque chose dans la tête. Tête brulée, elle avait l'étoffe des déesses grecs de l'ancien temps. Ses propos étaient entouré de lumière de chaleur. Il n'y avait ni méchanceté ni souffrance. Il n'y avait que la vérité. Simple. Véridique.

Tu te plongeais dans ta propre culpabilité. Perdre un proche. Perdre un frère. Se sentir coupable des moindres malheurs des uns et des autres. Tu étais enchainée mais c'était toi qui avait les clé. Tu te croyais indigne de la liberté que l'on pouvait te donner. Parce que tu avais déjà vécu, que peut-être, ta place n'était pas sur Terre mais au Ciel. On te disait que la vie valait d'être vécu, bonheur ou malheur, c'était la vie qui restera précieuse jusqu'au bout.
Tu voulais te battre comme Dakota mais tu n'étais pas une guerrière.
Tu voulais manier la vie et les évènements comme elle mais tu craignais de faire sans cesse des pas en arrière.
Tu voulais avoir son insouciance et son goût du risque mais tu regardais sans cesse derrière toi.

Mais tous les rêves ont une fins, il faut savoir ouvrir les yeux et retourner dans un monde moins joyeux que Rome et ses folies. Tu te diriges vers le portail, retournant dans une nouvelle journée à Seattle. Nouvelle fois ou le monde te tendait la main. Encore un pas après l'autre, Isis.

- Je crois qu'il est temps qu'on se dise au revoir.

Elle a été ta fée, comme les contes pour enfants. Celle qui apporte espoir et courage. Celle qui ouvre le monde, ouvre tout un tas de possibilité sur la vie. Pour elle, tu ne voulais pas la décevoir. Pour elle, tu essaierais de donner une nouvelle chance à ton existence. Tu redeviendrais une nouvelle toi, à travers les épreuves et le malheur, tu trouverais peut-être la rédemption.

- Merci, Dakota.

Gardant la douce pression de sa main dans la tienne, tu finis par la lâcher, la regardant une nouvelle fois avant de prendre la route. Prendre le chemin de ta maison. Retrouver un semblant de familiarité. Ta maison. Ta vie. Tes rêves et tes espoirs. Dakota t'avait aidé à franchir la première étape mais maintenant, tu devais faire le reste de la route, le reste du chemin.

@Dakota Williams

Forget Them, focus on us. DakIsis