(amblaska) l'effet papillon

J’adorais Thanksgiving.

C’était toujours une belle période de l’année, avec beaucoup de feuilles oranges de partout, où les températures étaient encore agréables, mais je pouvais déjà commencer à mettre une grosse écharpe autour de mon cou et y fourrer mon nez dedans pour avoir plus de chaleur.
Plus que tout, c’était une période où je pouvais offrir des cadeaux à mes amis, aux gens que j’aimais. J’avais mangé avec l’intégralité de ma famille à midi, et j’avais un peu ris en disant que j’allais pas m’arrêter au bachelor, mais que je comptais continuer encore longtemps parce que j’étais parfaitement heureux en biologie et que j’adorais l’université. Papa était fier de moi, et m'avait même mis une petite tape sur l'épaule d'un air content. Maman était fière et me disait que j'étais un bon garçon et qu'elle était contente de m'avoir. Mes grands-parents avaient souri.

Plus que tout, j’adorais mes amis à l’université.
Plus que tout, j’adorais une amie à l’université.

J’étais parti précipitamment de mon dîner familial avec une boîte dans mon sac. A travers les rues de Phoenix plein de feuilles, je courais avec un œil sur ma montre. 15H26. Si je tourne à la prochaine rue et que je saute par dessus une rambarde, peut-être que j’arriverais à être à l’heure à notre boutique de fleurs. Je halète parce qu’il est hors de question que je la fasse attendre. J’imagine qu’elle puisse penser que je l’oublie et ça me rend triste. Jamais je vais l’oublier, elle. C’est hors de question. Je tenais plus que tout à mes amis, et j’avais juste hâte de me jeter dans ses bras et de voir son sourire heureux quand elle verrait mon cadeau.

15h29. Je reprends mon souffle et pousse la porte.

« Alaska ! »

Sautillant, je me dirige vers le comptoir et la prend dans mes bras en posant mon menton sur le haut de sa tête parce qu’elle est plus petite que moi.

« J’ai eu trop peur d’être en retard ! Mais regarde ! » L’horloge passe à 15h30. « Je le suis pas ! J’espère que t’as pas trop attendu... »

Je commence à poser mes affaires, prêt à accueillir les clients qui auront besoin de fleurs. J’avais hésité à en offrir à Alaska, mais certainement qu’elle en avait marre d’en voir toute la journée.
Quoique.
Alaska n’en avait jamais marre de rien, c’est ce qui faisait sa beauté, sa force, et elle était tout ce que j’admirais.

« Ah ! J’avais failli oublier, attends ! »

Je sors de mon sac un petit paquet emballé avec écrit « Alaska » avec des fleurs et des coeurs dessinés de partout. Sur un coin, il y avait même une petite tête de dragon qui contrôlait des métaux de toute forme et une petite lune en bas. Dans un autre coin, il y avait un papillon et une petite chenille.

« Regarde, ça c’est toi, mais je t’ai jamais vu utiliser tes pouvoirs donc je savais pas trop quoi dessiner pour le mercure … J’aimerai trop que tu me montres ! J’ai trop hâte ! Et ça, c’est Reby, parce que il fait des trucs avec la Lune, et il sourit ! J’ai même mis une manette de Switch à côté, et il est premier à Mario Kart donc il est content. Et là, c’est moi, parce que je suis une chenille et je suis un petit papillon quand je suis ici parce que t’es là avec moi ! »

Je souris, tout content de voir mon amie. J’ai les yeux rivés sur son visage, impatient de voir sa réaction face à mon cadeau. J’espère qu’elle n’allait pas être déçue, qu’elle n’allait pas trouver ça nul. Sinon, c’était pas grave. J’achèterai un cadeau encore mieux, encore plus grand, parce qu’elle le méritait bien, parce qu’elle méritait le monde et l’univers, même.

 

« Ne pas t’offrir de cadeau ? »

J’ai l’air un peu confus. J’ai peur de l’avoir blessé, de lui avoir offert quelque chose qu’elle apprécie pas. Mes mains se rejoignent et j’ai un petit sourire sincère.

« Mais comment c’est sensé être possible ? T’es ma meilleure amie. Et encore, t’as de la chance. Si ça tenait qu’à moi, je t’en offrirais tous les jours ! » que je m’exclame, enthousiaste.

Je me dis que sa présence était un don du Ciel chaque jour passant. C’était absolument normal que je lui offre des tas de cadeaux, même si c’était pas grand-chose. Ici, c’était juste des petits objets dont elle me parlait souvent. Elle aimait bien les horloges, alors je lui en avais trouvé une, et j’avais fais des petits dessins dessus de lunes et de métaux.
J’adorais les Stonegold. Leur joie, leur positivité et leurs sourires me comblaient chaque jour. J’étais si chanceux. C’était formidable.

« T’as quelque chose pour moi ? » Mon sourire s’étale sur mes joues. « Mais c’est beaucoup trop gentil, Alaska ! Il fallait pas ! »

J’ai envie de pleurer parce que je l’aime trop, et que c’est ma meilleure amie, et que jamais rien nous séparera. A la place, je lui fais un autre câlin, faisant attention à ne pas l’étouffer. Je voulais pas lui faire de mal, pas du tout. C’était le plus beau Thanksgiving de ma vie. Si elle me disait d’être patient, je le serais, parce que je pouvais l’être et que je voulais pas lui mettre de pression.
Je sors de mon sac des couronnes de fleurs et j’en mets une sur sa tête.

« Rose ou bleu ? Je sais pas ce qui va le mieux … Le rose, ça te va bien ! C’est doux, j’aime bien ! Comme toi ! »

Je ris doucement et je l’installe sur ses cheveux blonds pour que tout soit parfait. J’ajuste quelques mèches en faisant attention de pas lui faire mal, penché pour mieux voir. Il fallait que tout aille bien, parce qu’elle le méritait. C’était la personne la plus douce que j’avais jamais rencontré.
Aujourd’hui, on allait au cimetière. Dans un endroit aussi sinistre et triste, on avait décidé d’apporter un peu de joie. Avec quelques fleurs dans les bras, on allait en mettre de partout sur les tombes qui n’avaient rien dessus. Il était hors de question qu’une famille soit triste sur cette Terre tant qu’on existait. Pour donner encore plus de joie, j’avais pris ces couronnes là, pour qu’on ait l’air mignons et gentils.

« Parfait ! Elle va bien avec tes cheveux en plus ! »
 

J’ai des pâquerettes dans les cheveux et je ris un peu. Je me dis que le jaune et le blanc, ça ira mieux avec le orange. Alaska dit qu’on est parfaits, et je souris. Si c’est impossible d’être parfait, parce que c’est s’élever au dessus des autres, je me dis qu’on l’est déjà pour nous. C’était merveilleux. Je hoche calmement la tête et on prend la route vers le cimetière.

Mon coeur d’empathe a envie de briser devant toutes ses tombes sans fleurs. Sautillant entre les pierres tombales, je dépose quelques bouquets par ci par là. De temps en temps, un rocher solitaire nous attend à quelques mètres, alors je prends sa main pour qu’on s’élance comme des sauveurs de l’humanité.

« Mais tu fais partie de ma famille, Alaska, voyons ! Je t’aurai invité à notre repas de Thanksgiving si tu avais été seule, tu le sais bien. »

J’aimais trop montrer ma gratitude envers l’univers entier de m’avoir donné autant de chance pour passer à côté d’une telle fête. Elle était la plus belle chose que l’Amérique ait jamais donné. J’aurai pu aller dans sa famille, aussi. Je me serais présenté, un peu stressé. J’ai quelques regards vers le bâtiment des thanatopracteurs. Erebos nous rejoindra après, et j’ai envie de faire des roues dans les allées à cette pensée. Je serai entouré de mes deux personnes préférées, des personnes les plus douces que je connaisse. C’était définitivement le plus beau jour de novembre et j’oublie qu’on est entourés de morts.
Je me dis que dans de grandes âmes généreuses arpenteront les cimetières, ils seront choyés.

« Elles sont moins seules comme ça … C’est beaucoup plus coloré ! Attends, viens ! Il manque un peu de jaune là bas ! »

C’était très important, qu’on aille en mettre autant que possible. C’était la couleur du soleil, et c’était celle des jumeaux Stonegold. Alors, j’adorais le jaune, parce que c’était lumineux et doux. Je mets quelques tournesols autour d’une tombe particulièrement seule et tente des essais de compositions florales. Après tout, c’était ce qu’on faisait à longueur de journées à la boutique. On était devenus experts dans la forme des pétales et dans les associations de fleurs.

« Mais pour faire Thanksgiving avec toi, j’ai ramené des petites choses à manger quand même … C’est pas grand-chose … Et c’est pas très … Américain. J’ai fais des makis, mais c’est une première fois … Enfin, tu verras. » Je souris. « J’espère que ça te plaira. Mais c’est toujours meilleure la nourriture quand on la partage. »

Au loin, je vois une petite dame qui pleure sur une tombe.
Déterminé, je me tourne vers mon amie, le regard décidé.

C’était de notre devoir d’aller la réconforter et de lui donner le sourire.
 

Alaska réconforte l’inconnue comme elle peut. J’arrive avec une gerbe de fleurs à la main pour décorer la tombe également. Elle était fade et toute vide. J’étais persuadé que cette personne méritait toutes les roses de ce monde, ou alors les tulipes et œillets si c’était la saison la plus appropriée.
Je ne connaissais pas le deuil. J’avais jamais perdu personne de ma famille, ni du dire adieu. J’imagine assez mal sa peine, mais je compatis avec sa tristesse et sa peine. Avec un sourire sincère, je m’approche de la dame pour lui tendre une petite fleur.

« Pensez à toutes les personnes qui vous aiment. Je suis sûr qu’ils seront toujours là pour vous. Vous êtes aimée, vous êtes forte. Vous êtes infiniment plus que ça, et votre tristesse est légitime … Vous avez des épaules sur lesquelles pleurer si vous le souhaitez, j’en suis sûr … Vous êtes une bonne personne, et les bonnes personnes ont de bons amis. »

J’ignore si c’est nos mots ou nos cadeaux printaniers, mais nous avons réussi à peindre un sourire sincère sur les joues de l’inconnue. Elle hoche la tête et nous enlace. C’était là ma réelle mission face à Dieu : aimer, inconditionnellement, sincèrement, ceux que je croiserais. J’accorderai le Pardon. Je donnerai de la joie et des sourires d’allégresse. C’était ce pour quoi je me sentais missionné : une paix profonde pour chacun, et son air apaisé fait s’étirer mes commissures.
On sera toujours là l’un pour l’autre avec Alaska. Je le sais. On le sait depuis des années. Nous étions ensemble en maternelle avec Erebos. On continuera à être unis, comme les doigts d’une main. J’espérais qu’aucun de nous ne vive de grands drames. Si ça devait arriver, on sera là, toujours, parce qu’on était comme une gigantesque adelphité dont je m’étais jamais senti exclu.
J’avais hâte de devenir moi aussi, par les liens du mariage, un Stonegold.

Si l’inconnue avait besoin d’une épaule, on serait là. On était présents pour l’Humanité entière, et ma croix autour de mon cou me caresse les clavicules avec sûreté.

« On sera toujours là pour ceux qui ont besoin ... » je souffle quand on s’éloigne de la dame. « Je sens que … C’est ce qu’on doit faire. J’aime vraiment quand les gens sourient de nouveau. C’est agréable... »

On serait des personnes biens. Avec un sourire, nous passons devant un petit bâtiment. C’était celui de la thanatopraxie du cimetière. Certains disaient que c’était un métier étrange, un peu glauque. Pour Alaska et moi, ça nous rappelait Erebos, alors c’était devenu quelque chose de beau et de poétique d’accompagner les morts dans l’au-delà, de leur permettre d’avoir une vie après la mort grandiose, de demeurer beau même après être passé de l’autre côté.

Nous nous étions tous rencontrés en maternelle. Nous avions grandi ensemble, avec une naïveté enfantine. J’avais promis à Alaska d’être son ami pour la vie, et j’avais la joie au coeur de me dire que ça continuait encore alors qu’on avait vingt ans passés. Je serai présent à sa remise de diplôme, applaudissant plus fort que tout le monde pour lui dire qu'elle le méritait, comme elle méritait le monde et tout l'amour du monde. J'espérais être le parrain de ses enfants, qu'on raconte inlassablement nos histoires de jeunesse jusqu'à que tout le monde soit lassé, mais continue à nous écouter parce qu'on était trop heureux quand on se remémorait de bons souvenirs. On construirait de jolis avenirs, de nouvelles mémoires.
Quant à Erebos, nous avions, dès la grande section, proclamé à qui voulait l’entendre que nous étions amoureux. On se tenait la main dans les couloirs de la maternelle, et on s’offrait des petits bracelets lors de la « fête des amoureux ». C’était plus tard qu’on avait compris que c’était la Saint Valentin, mais aucun de nous s’appelait Valentin donc ça n’avait aucun sens.
Quand les bracelets étaient devenus trop petits, on les avait passé dans des colliers de perles avec des lettres. Si on aurait pu s’écrire nos prénoms, c’était pas ce qu’on avait décidé de faire. On avait des références obscures alignées avec des petits carrés multicolores.

Alors, depuis bientôt quinze ans, j’étais le meilleur ami des Stonegold. J’allais régulièrement chez eux, et si j’aimais pas autant ma famille, j’aimerai passer Noël et toutes les grandes fêtes au sein de cette famille qui m’inspirait la fonctionnalité et l’amour inconditionnel.

« Je me demande si Erebos a une pause à midi … On pourrait manger avec lui ? Je sais pas si j’ai fais assez de nourriture, mais au pire on partagera … Et on ira boire un thé et manger des gâteaux après que la boutique aura fermé, qu’est-ce que tu en penses ? »

Je lui prends la main pour sentir sa présence. J’avais hâte, un jour, de devenir Ambrose Stonegold-Atkins. J’aurai à mes côtés, toute ma vie, cette incroyable meilleure amie, qui éclairait mes jours avec son sourire et sa douceur, et un formidable copain pour rire inlassablement quand on jouait à la Switch.  
 

« Tu penses ? »

Savoir que les Stonegold appréciait ma cuisine était un honneur. Je savais pourtant que la famille vivait dans l’opulence. Un léger sourire s’étire sur mes lèvres. Je me disais que la nourriture, c’était surtout une histoire de partage, d’amitié, et que c’était forcément plus agréable de manger entouré de personnes qu’on appréciait. Alaska était toujours la mieux placée pour m’apprendre ce genre de détails, qui ne manquait jamais de me faire rougir ou me rendre joyeux pendant des heures. Très bien.

« … Oh ! Tu as raison ! Je crois qu’il doit me rester des couronnes dans mon sac … A moins que je les ai oublié à la boutique … Je vérifie ! J’espère qu’elle tombera pas de sa tête, si c’est le cas ... »

Je fouille quelques minutes dans mon sac et tire une petite couronne faite de plein de fleurs différentes. La composition florale avait été une passion très tôt pour Alaska et moi. Petits déjà, nous allions chercher les tournesols les plus brillants, les roses les plus ouvertes, les tulipes les plus délicates. C’était un plaisir de jouer des couleurs, des formes, des textures, pour créer une matière qui allait marquer des jours spéciaux. J’espérais travailler pour de grands mariages, et savoir que nos bouquets seraient des symboles des plus beaux jours pour des personnes.
C’était sûrement ça, ma vision d’une vie épanouie et heureuse.
Avec sa douceur, je me doutais qu’Alaska comprendrait. Je repense à comment elle a agit avec la jeune inconnue, et c’est évident. Son but, c’est d’étirer des sourires, sécher des larmes, apporter du soleil dans des pluies torrentielles. Ainsi, j’étais certain que le monde se porterait mieux.
Tout le monde irait mieux, grâce à elle et à sa joie.

« Je propose qu’on attende devant ! Je suis sûr qu’il vérifiera pas les fenêtres … Enfin, il est pas du genre précautionneux … Je me dis que ça peut lui faire une chouette surprise ! »

Le métier de thanatopracteur demandait trop de concentration pour qu’on vienne le déranger. Alors, avec ma couronne de fleurs dans la main et toute notre patience, je me contente de frapper doucement à la porte après quelques minutes. Il était 16h21, donc pas réellement l’heure de manger. On lui offrait une pause goûter avec du salé, mais c’était finalement dans cette étrangeté et cette singularité qu’on était un trio uni : tout devenait sucre en notre présence.
 

Brosie
Depuis des années, c’était leurs surnoms. Il y avait Allie, à peine plus jeune qu’ils se disaient en riant parce qu’elle était née quelques minutes plus tard. C’était une sorte de petit soleil toujours présent, toujours rassurant, avec des mots pour rassurer et pour rire. Elle était une douceur constante, quelque chose de chaud. Il y avait Reby, et je trouvais ça chouette parce que ça ressemble à Ruby et que c’était une pierre précieuse, tout comme Erebos. C’était un joyau qui brillait sûrement trop fort pour les autres, et peut-être pour lui-même aussi. C’est ce que je me dis quand il s’étale au sol en marchant sur son lacet. J’étouffe un cri avec ma main et instinctivement, mon corps se projette en avant avant de se stopper.
C’était souvent habituel que Reby tombait, et je pouvais m’empêcher de trouver un peu touchant au fond. Il était maladroit, comme trop grand pour son propre corps, et c’était un peu tressaillant que je souriais à me percer les joues.

Reby, Allie, Brosie
On serait la continuité loyale des Stonegold, avec des joyaux aux coeurs, où le rubis et l’ambre s’uniraient. A regarder la situation, je me demandais comment ça pouvait mal tourner. Ca serait parfait.
Pour l’heure, je devais vérifier que le jeune sorcier ne soit pas blessé. Il pouvait peut-être se soigner tout seul avec ses pouvoirs, mais je savais que ça l’épuisait. De loin, je sens le regard de son employeur, et je fronce les sourcils. J’étais persuadé qu’Erebos était le meilleur employé du monde, et qu’il faisait son travail minutieusement. S’il prenait aussi bien soin des vivants que des morts, j’étais persuadé que les enterrements étaient des cérémonies plus joyeuses désormais.

Pendant un moment, Alaska parle de surprise et de choses à dire. Je la regarde, un peu incrédule. J’espérais que nos cadeaux lui plairont. Un peu hésitant, je sors une couronne de fleurs de mon sac et m’agenouille devant Reby pour lui déposer sur la tête. Je me dis que ça va bien avec ses cheveux blonds, et que c’est normal puisque ça va bien à Alaska et qu’ils sont jumeaux. J’ai un air satisfait, parce que c’est parfait, comme ça devait constamment l’être.

« Il est un peu tard mais on a une pause avec Alaska … Ou plutôt, on travaille mais … Mais on travaille à égayer un peu ce cimetière, regarde on a mis des fleurs là-bas ! »

Je souris à ma meilleure amie en constatant notre travail. C’était une mission essentielle de notre journée et j’en étais plus que satisfait. La dame ne pleurait plus, et contemplait la tombe de son défunt avec apaisement.

« On s’était dit qu’on pourrait aller manger juste à côté ? Y a un parc dans le cimetière, en haut de la colline ! J’ai fais quelques makis et sushis, mais je sais pas si ça te plaira et j’espère et ça sera super alors si tu veux venir ça nous fera très plaisir très fort avec Alaska ! »

Je marque une pause et regarde les mains de Reby. J’espère vraiment qu’il se soit pas fait mal. Maladroitement, je m’approche et attrape son poignet pour retirer la poussière et les petits cailloux incrustés dans sa paume. Je me dis que depuis la maternelle, il n’avait pas réellement changé. D’habitude, c’était Alaska qui venait prendre soin de lui quand il s’égratignait le genou. La pauvre avait des paniers de fleurs à sa charge, et c’était ce que faisait une famille : prendre soin l’un de l’autre.

Parce qu’on était Reby, Allie, Brosie