Boss Jewels. Une entreprise de bijoux, dont Narcisse appréciait pour le moment le nom autant que l’art, de ce qu’elle avait vu en tout cas. Elle aimait les bijoux, de toute façon, et elle avait de quoi s’en payer, alors pourquoi s’en priver ? Il lui en fallait toujours plus, et toujours qui la mettrait plus en valeur. De plus, c’était également un plaisir pour la djinn de promouvoir des entreprises dirigées par des femmes, dans une société où cela était d’un compliqué qui la faisait grincer des dents. Alors, elle n’hésitait pas à promouvoir tout ce qui était féminin, surtout lorsque c’était pour acheter des produits qu’elle appréciait. De toute façon, elle n’était pas sûre que les hommes puissent vraiment la comprendre.

Aujourd’hui, cela lui plu d’autant plus qu’elle avait rendez-vous directement avec la patronne elle-même, et que celle-ci savait se distinguer du reste de la foule parcourant la Nouvelle-Orléans avec ses cheveux d’une couleur éclatante. D’un coup d'œil, la brune observa ses vêtements, ainsi que les accessoires qu’elle portait - si elle voulait promouvoir des bijoux après tout, il était de bon ton d’en porter, non ? Satisfaite, elle finit par s’avancer vers la jeune femme qui l’avait déjà remarqué et s’était levé pour la saluer. Difficile de manquer la djinn, elle aussi, avec ses gants roses incarnadin et sa robe aux couleurs flashy couverte des Marylin Monroe d’Andy Warhol, référence à la star qu’elle appréciait. À cela, Narcisse avait ajouté un bracelet et de lourdes boucles d’oreille, mais pas de collier ; elle avait décidé que ce serait les parures qu’elle essaierait en premier, et pourrait ainsi évaluer les conseils que miss Williams pourrait lui prodiguer.

La djinn tendit la main à son tour et serra celle de la professionnelle, qui semblait tout de même un peu tendue. Le regard de cette dernière semblait s’égarer sur le maquillage de l’artiste : il était en effet très particulier, ressemblant au visage des premières poupées des années soixante, elles-mêmes inspirées des pin-up dont Narcisse adorait tant l’esthétique.   C’était son maquillage signature depuis peu, et elle était ravie qu’il attire l’attention.

-Ce sera Miss Diamandis pour moi, miss Williams. Et cela me convient tout à fait. Je ne suis pas quelqu’un de très classique, comme vous pouvez le constater. Bien que j’aime toutes sortes de bijoux, j’apprécie ceux qui sortent du lot - comme moi. Il me tarde donc de voir ce que vous avez à me proposer.

Sur ces mots, la brune avait emprunté le chemin que Dakota lui avait désigné ; elle ne connaissait pas ce portail, mais s’il était dans un salon de thé, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

Il n’y aurait pas dû, en tout cas. Car ce n’était pas à Phoenix qu’elles arrivèrent. Il n’y avait ni la chaleur écrasante du désert qui aurait dû les entourer, ni le soleil d’après-midi qui aurait dû les accueillir. Au lieu de ça, l’obscurité du soir, l’humidité et la fraîcheur d’une cellule, et d’inquisiteurs barreaux qui leur barrait l’accès à toute sortie potentielle, maintenant que le portail s’était refermé derrière elles.

Narcisse frissonna intérieurement et fronça des sourcils. Ce lieu lui rappelait d’anciens souvenirs, de ceux dont elle n’aimait pas se rappeler. Elle avait un mauvais pressentiment, et était visiblement irritée. Mais elle jeta un coup d'œil à sa compagne d’infortune et soupira ; ce n’était visiblement pas de sa faute.

-J’imagine que vous ne saviez pas qu’il s’agissait d’un portail détraqué. Ce salon de thé entendra parler de moi, soyez en assuré. En attendant, nous devrions chercher un moyen de sortir d’ici.

La djinn fit claquer ses talons sur le sol alors qu’elle allait jusqu’aux barreaux. Hors de question de salir ses vêtements en les saisissant, elle se contenta de crier au travers sans les attraper ou s’y coller.

-Oh la ! Quelqu’un !

Se tournant vers Dakota, elle lui lança :

-Venez m’aider. À deux, nous ferons assez de tapage pour attirer l’attention.

Si elle n’était pas coopérative, l’immortelle n'hésiterait pas à la laisser en arrière. Mais pour l’instant, bien que mécontente, elle ne l’était pas encore au point de faire subir son courroux à la pauvre jeune fille qui n’avait rien demandé. De toute façon, si celle-ci avait un peu de bon sens et espérait s’en sortir, elle suivrait la djinn et ferait ce qu’elle lui demandait sans discuter. Parce que Narcisse n’avait pas peur, pas encore, et elle n’était pas prête de s’avouer vaincue.