The calming tick | Surena

The calming tick

the ticking of her clockwork heart,
sounded so much like its own

De retour de Phoenix, parce que ma vie n'est pas que là-bas, même si elle le sera peut-être bientôt, j'ai parfois un peu de mal à me dire que c'est devenu si facile de voyager d'un bout à l'autre du pays, d'un bout à l'autre du monde. Dire qu'il y a quelques années encore, je faisais tout pour ne pas qu'on sache ce que j'étais, même avouer à mes amis les plus proches que je n'étais pas humain était impossible. Et maintenant, des portails nous transportent partout où nous en avons besoin, d'un claquement de doigts. C'est terriblement pratique, il faut le dire. Quoi que voler dans le ciel est beaucoup plus agréable. Mais la logistique liée à cela est un peu plus compliquée. Enfin passons. En sortant du portail, je retrouve l'air humide et connu de la Nouvelle-Orléans, de cette ville que j'ai adoptée malgré tout, parce que c'est là que se trouve ma famille. Ma nouvelle famille, celle qui m'a choisi et qui m'aime juste pour ce que je suis, au lieu de vouloir me changer pour me faire rentrer dans un moule impossible à remplir. On ne choisit pas ceux avec qui on vient au monde, on ne peut que se choisir une nouvelle famille quand on en a l'occasion. Et heureusement que j'ai trouvé la mienne.

Et mes pas retrouvent toujours le chemin de la maison, mes pieds n'ont même pas besoin de voir où ils vont pour retrouver le chemin du sanctuaire des Riverwood et sa rassurante présence que je connais si bien. Au travers des rues, les mains dans les poches, je vais et viens en ville, jusqu'à la porte de la demeure. Et pour une fois, un instant, je m'arrête devant. Qui aurait pu dire un jour que je ferais partie d'une telle famille ? Pas moi en tout cas. Et je n'aurais jamais cru celui qui serait venu me voir pour me dire cela. Jamais je n'aurais cru qui que ce soit qui serait venu me dire que j'aurais une tout autre vie, une vie où je pourrais être heureux sans pression, où je pourrais aider sans avoir à me préoccuper de quoi que ce soit d'autre, où je pourrais juste être moi sans que l'on me dise que ça ne se faisait pas ou que c'était mal. Alors j'ai un sourire en regardant cette maison, cet endroit, ce chez-moi que je n'aurais jamais cru trouver un jour. Mériter un jour.

Entrer et soupirer, en retrouvant l'odeur caractéristique, en sachant parfaitement que, pour une fois, je suis parfaitement à ma place quelque part. Et alors que je traverse l'entrée pour aller vers la cuisine, je vois une silhouette dans le salon. Serena. La plus jeune des Riverwood, la plus fragile aussi, même si il y aurait beaucoup à redire là-dessus. Parce que personne n'est faible ou vraiment fragile chez nous, c'est simplement une question de se faire confiance et reconnaître son propre potentiel. Et d'ailleurs, elle est là, avec ses petits cailloux et ça me fait sourire un peu plus. Parce qu'elle essaie, même si elle a peur, même si elle ne se fait pas du tout confiance. Alors j'approche doucement, essayant de ne pas la surprendre. Hé toi. Qu'est-ce que tu fais de beau ? Je viens m'asseoir par terre, de l'autre côté de la table basse et la regarde faire, toujours avec un sourire.

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