There's no friendship during a war [Althéa]

Tu te demandes parfois d'où tu tires toute l'énergie pour tenir le coup aussi bien durant une période aussi compliquée. Sans surprise, la guerre a fini par éclater, entre vous et tous ceux qui s'opposent à vos idées. Auprès de Sapphire, tu irais jusqu'au bout du monde, et tu n'as donc pas l'intention d'abandonner le combat avant d'être allée jusqu'au bout de vos idées. Malgré tout, le conflit est drainant, autant physiquement que mentalement. Il vous faut toujours livrer bataille, ou essayer de prévoir le meilleur prochain coup possible. Tu supposes que ta grande détermination et ta loyauté envers Sapphire te poussent à garder la tête haute. Après tout, tu es son bras droit, et si elle incarne la force, tu te dois de la seconder aussi bien que possible. Tu es déçue, toutefois. Non seulement certains dragons ont décidé de ne pas vous suivre, mais tu as aussi remarqué l'absence de personnes que tu considérais comme des proches. Tu n'en voudras pas à Feyre, qui est bien trop jeune pour endurer un tel combat, mais pour ce qui est de sa mère... tu ne sais à vrai dire pas si tu dois être surprise. Entre elle et Sapphire, ça n'a jamais été tout rose. Malgré tout, une part de toi espérait l'avoir à ses côtés pour traverser tout ça.... Jusqu'ici, tu n'as même pas eu le temps de lui en parler, mais puisqu'une petite accalmie semble s'installer -pour le moment- tu entends bien en profiter. C'est donc en partie vexée, et en partie attristée, que tu te rends à la demeure des Nightshade. Sapphire et toi n'avez plus mis les pieds ici depuis le début de la guerre, ce qui te paraît faire une éternité. Pourtant, ce n'est que le début...

L'endroit est bien entendu familier, même de l'extérieur. Ce n'est pas là où tu as grandi, mais il te laisse quand même la sensation d'être chez toi, à ta place. Tu y as passé du temps avec Sapphire, et les autres... de bonnes années. Qui sait, peut-être qu'après la guerre, vous pourrez construire quelque chose d'encore plus grandiose ici. Non, vous allez le construire. Pas une seule seconde, tu douterais de votre victoire. Calmement, tu t'approches de l'entrée de la demeure, te doutant que celle-ci doit être surveillée, et que les propriétaires des lieux te savent déjà ici. Ce monde n'est plus très sécuritaire, depuis le début des combats, et ce surtout pour ceux qui portent le nom à la fois maudit et adulé de Nightshade. C'est aussi pour ça que tu n'essaies pas de dissimuler ta présence, ne te présentant ainsi pas comme une menace. Une fois devant la porte, tu viens toquer du poing dessus avant de reculer d'un pas, attendant un mouvement de l'autre côté de celle-ci. Cela ne tarde pas à se produire, et un visage familier apparaît : Althéa. Un mélange d'émotions t'envahit à cet instant, mais tu préfères n'en écouter aucune, et tu te contentes de scruter l'autre femme. « Hey, Althéa. » lances-tu sur un ton neutre pour la saluer. Elle sera sans doute surprise de te voir, t'imaginant peut-être au coeur du conflit à l'heure actuelle... mais tu prends ce temps pour elle, alors tu espères qu'elle en aura aussi un peu pour toi. « On peut parler à l'intérieur ? » Tu tournes cela comme une question par respect envers elle, mais tu n'as en réalité pas l'intention de quitter les lieux sans avoir pu discuter. Si tu te donnes ce mal, c'est bien car l'autre femme compte pour toi, et si cette guerre doit vous séparer, autant mettre les choses au clair dès à présent. Ce serait dommage, et ce n'est pas l'option que tu préfères, mais tu t'y prépares déjà. C'est devenu une habitude pour toi, d'évaluer les pertes. Dans tous les cas, tu fonces toujours. Pour le moment, tu n'en rajoutes pas, et attends silencieusement sa réponse, l'oeil brillant.

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À son faciès, tu as pu comprendre que tu n'es pas celle qu'Althéa attendait, et qu'elle n'est donc pas franchement ravie de te voir sur le pas de sa porte. Qui aurait-elle préféré accueillir ? Un messager porteur de bonne nouvelle ? Son cher époux ? Ce n'est que toi, pourtant, et l'ombre de Sapphire semble d'autant plus peser sur tes épaules maintenant que tu te trouves devant cette vieille amie. Tu sens le poids du jugement qu'elle t'inflige peut-être silencieusement, même si rien ne te le laisse deviner pour le moment, et tu hausserais presque les épaules pour en chasser le désagrément. Ce qu'elle pense ne changerait rien à tes motivations, de toute manière. Tu es fière de te tenir aux côtés de Dark Dragon, pour la fierté de votre espèce, et c'est tout ce qui est ancré dans ton coeur. Ou tout ce qu'il accepte d'entendre, en tout cas. Chérir Sapphire est son occupation à temps plein, lorsqu'il n'est pas en train de battre au rythme des batailles. Tu restes courtoise, quoi qu'il en soit, pour inciter la Nightshade à te faire rentrer afin que vous puissiez discuter à l'intérieur. Sa voix semble éteinte, marque de tristesse, mais tu as surtout remarqué son mouvement de recul face à toi. Malgré ton approche franche, ton allégeance dans cette guerre inspire de toute évidence une certaine crainte, que tu es un peu déçue de voir aussi rapidement auprès de quelqu'un qui te connait si bien. Comme si vous étiez les monstres, dans cette histoire ! Peut-être que Sapphire a raison après tout, et qu'Althéa est trop faible pour le monde que vous imaginez. Voilà qui serait décevant... L'autre femme finit par t'inviter à entrer et te questionne, visiblement hésitante et sur la défensive. C'est dans un soupir que tu t'engouffres à l'intérieur, observant l'entrée assombrie de la demeure, comme si la guerre était déjà arrivée jusqu'ici. « Les enfants dorment ? » demandes-tu par curiosité à l'égard des jeunes que tu as souvent côtoyé, te retournant par la même occasion vers ton interlocutrice.

C'est à ce moment que sa question te revient à l'esprit, et que tu décides de prendre le temps de la rassurer, puisque ce problème semble être d'actualité. « Je ne viens pas te faire du mal, si cela t'inquiète. » Tu ne caches pas que devoir le préciser te vexe un petit peu, mais tu n'as pas non plus l'intention de t'éterniser là dessus. À vrai dire, tu aurais dû le savoir, le prédire... mais tu n'as jamais connu la guerre avant aujourd'hui, et pour cet assortiment d’innombrables premières fois, tu te trouves au coeur du conflit. Et, il est plus facile d'imaginer les pertes matérielles ou guerrières, que la réaction de tes proches. « Je ne souhaite que te parler, Althéa. » reprends-tu alors sans décrocher ton regard du sien. L'autre femme te semble à la fois proche et lointaine, mais tu décides d'être aussi honnête avec elle que tu l'aurais été par le passé. « J'aurais aimé que tu sois à nos côtés. Pour notre avenir, et celui de tes enfants... te cacher ne les préservera pas éternellement de ce qui finira par nous menacer. N'as-tu pas de regrets ? » Tu sais que parler d'avenir au milieu d'une guerre peut être risible, mais tu penses surtout à la finalité, à ce que votre victoire apporterait -ou sauverait. Cela, Althéa ne veut de toute évidence pas le voir de cet oeil, mais tu espères au moins obtenir des explications de sa part, ce soir. Tu espères qu'elle verra ta venue non pas comme une menace ou une insulte, mais comme une preuve qu'elle a compté pour toi, et que son absence ne passe pas inaperçue. Dark Dragon aurait employé un autre ton, évidement, mais tu as une autre sorte de relation avec Althéa, qui s'est avérée compliquée au départ, mais qui n'a pas abouti sur du mauvais. Pas pour le moment, tout du moins.

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Plus tu t'aventures au sein de cette demeure, et plus les souvenirs viennent t'assaillir. Il serait difficile pour toi de l'admettre à voix haute, mais ils t'inspirent une certaine nostalgie. Pas au point de te faire douter de tes décisions, mais suffisamment pour que ta poitrine se serre un petit peu. Oui, vous avez passé de nombreux moments ici. Des instants heureux. Mais votre cause est bien plus importante que votre confort personnel, à présent. Vous vous battez pour quelque chose de plus grand, qui tu l'espères, vous permettra d'être plus heureux encore dans un futur lointain. N'est-il pas courageux, de laisser tout cela derrière, de prendre le risque de tout perdre, pour accomplir mieux encore ? Sans Sapphire, tu n'es pas certaine que tu aurais pris l'initiative d'entamer cette quête. À vrai dire, sans elle, tu n'es pas sûre que tu serais qui que ce soit. Balayant tes pensées comme d'un revers de la main, tu écoutes les paroles d'Althéa, avec qui tu as décidé d'être honnête concernant les motivations de ta venue ici. Les enfants ne seront pas de la partie, de toute évidence, et c'est peut-être mieux ainsi. Même si tu les apprécies, c'est avec leur mère, que tu es venue parler. Tu ne tiens pas à ce que vous soyez interrompues, ou que des mots soient retenus pour ne pas qu'ils les entendent. Le positif dans l'histoire, est que la Nightshade semble te croire, quand tu lui dis que tu n'as pas l'intention de lui faire de mal. Pendant un instant, tu as craint que cette confirmation verbale soit insuffisante, mais il faut croire que votre lien n'est pas totalement rompu. À partir de là, tu espères donc que le dialogue n'en sera pas un de sourds. Cela implique aussi de prendre sur toi, et tu feras de ton mieux, dans la limite du raisonnable. Il faut dire qu'en ce moment, tu n'es pas la plus aimable, avec ceux qui s'opposent à vos idées... mais Althéa est ton amie, alors il est évident que ta réplique ne se fera pas à coups de crocs et de flammes.

Sa voix est à nouveau hésitante parvient à tes oreilles, mais ce n'est pas réellement de la peur que tu distingues cette fois. Tu lui as demandé de dire ce qu'elle pense, et ça n'a jamais été facile pour elle. Vous vous êtes installées sur les sièges du salon, toi en face d'elle, et alors que ton amie te fixe, tu patientes. Si tu veux comprendre, tu sais qu'il faut la laisser s'exprimer. C'est d'ailleurs ce qu'elle finit plus ou moins par faire, te laissant silencieuse, mais pas étonnée. La Nightshade n'est pas pour la guerre, ça n'a rien de surprenant. Peut-être que si tu avais des enfants, ton raisonnement serait le même, mais tu n'es pas en position de te poser cette question. Tout ce que tu vois pour l'instant, est justement le monde que vous pourriez créer pour les générations futures. La violence, n'est qu'un moyen d'y parvenir. Vous n'y pouvez rien, qui plus est, si les autres espèces sont incapables de voir que vous oeuvrez pour la gloire du monde surnaturel. Vous êtes tellement puissants, qu'il est honteux de simplement vous cacher des humains. C'est eux, qui devraient se rendre invisibles. Tu réfléchis à ses paroles, à la question qu'elle te retourne, mais tout semble clair dans ton esprit, ça l'est depuis bien longtemps déjà. Tu as l'impression d'avoir vécu toute une vie pour arriver à ce que vous entreprenez à présent. Lorsque tu réponds, il n'y a pas l'ombre d'un doute dans ta voix ou ton faciès. « Ce monde là ?  Tu sais que l'objectif n'est pas de laisser un monde en guerre, ou complètement détruit. » Car pour toi, c'est le seul sens péjoratif qu'à pu vouloir signifier Althéa. Pas un monde sous la gouverne de Sapphire ou des dragons en général, non. Un monde où la guerre ne serait pas encore terminée, est ce à quoi tu penses. « Se battre pour ce en quoi nous croyons est-il si mauvais ? » la questionnes-tu ensuite. Ce n'est pas une guerre perpétrée par simple envie d'exterminer vos prochains. Vous voulez changer les choses, changer ce monde, et libérer la communauté surnaturelle, et en premier les dragons, de chaînes qu'elle s'est elle-même imposée. « Ça te va, d'apprendre à tes enfants à cacher qui ils sont réellement, dès lors qu'ils quittent cette demeure ? Et pour qui ? Les humains ? » Une lueur de révolte brille toujours dans ton regard, bien que tu gardes ton calme. Ta voix n'est pas aussi douce que celle d'Althéa, mais l'a t-elle déjà été un jour ?

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Tu sens que tes paroles ont perturbé ton interlocutrice. Pas car tu l'as convaincue, mais peut-être car elle sait qu'elle aussi, ne pourra pas te convaincre que votre cause est mauvaise. Tu n'es pas certaine que quiconque puisse te faire changer d'avis, à vrai dire, alors Althéa ne devrait pas s'en vouloir. Elle n'y peut rien, il est simplement dommage qu'elle ne comprenne pas l'importance de ce que vous entreprenez. Certes, vous êtes obligés de faire du mal. Tu sais ce que ça engendre, ayant toi-même déjà perdu des proches par le passé. Toutefois, ce n'est pas une raison pour fuir ce conflit comme des lâches. Ce n'est que lorsque tu évoques ses enfants, que tu vois le regard de la brune changer. Tu as voulu la secouer en abordant ce sujet, et il faut croire que c'est plutôt efficace. Une mère n'apprécie jamais ce genre de questionnement. Son discours est prononcé sans hésitation, sans crainte. La Nightshade s'est même redressée pour se rapprocher de toi. C'est la première fois que tu la vois ainsi. La première fois que la conviction ancrée dans ses paroles te rappelle celle de Sapphire. Il est rare de leur trouver des similitudes, mais celle-ci te semble inévitable. D'une même manière, tu ne peux qu'admettre qu'utiliser cette approche ne sera pas efficace aujourd'hui. Tu la laisses poursuivre, écoutant ses paroles sans cesser de soutenir son regard. Elle te fait un peu la morale, mais tu ne peux t'empêcher de sourire. Tu ne savais pas qu'elle avait ça en elle, et d'un côté, tu es fière de la détermination qu'elle affiche, même si tu n'es pas d'accord avec ses propos.

C'est toutefois à ton tour d'être un peu perturbée, lorsque tu commences à lire de l'empathie dans son regard. Tu préférais y voir de la détermination, ou même de la colère. C'était tout simplement... moins étrange. L'autre femme n'a pas abandonné l'idée de te faire rester ici, de ne te faire abandonner cette guerre. Abandonner Sapphire. Un soupir lasse t'échappe lorsque sa main se tend vers toi, pleine d'espoir. Il aurait été facile de la saisir et de tout oublier, mais ton coeur t'en dissuade. Althéa compte, mais Sapphire compte encore plus. Tu fermes les yeux quelques instants, avant de les reporter sur ton interlocutrice. Tu tends la main à ton tour, mais pas pour prendre la sienne. Doucement, tu viens l'y déposer, et exercer une pression sur sa paume pour la faire baisser le bras. « J'aurais aimé que les choses soient aussi simples. » Tu n'argumenteras pas, car tu as bien compris suite à sa tirade qu'elle ne changerait pas d'avis. Si seulement l'ADN ne comptait pas, alors ce conflit n'aurait effectivement plus de raison d'exister. Mais, les humains ne sont pas comme ça. Ils ont toujours exterminé ceux qu'ils jugent différent, et tu es persuadée qu'il en sera de même pour vos espèces. Alors, autant les détruire avant d'être détruits.  « Je ne crois pas plus en une utopie que toi, mais je ne peux pas non plus rester à rien faire. Le monde que nous reconstruirons ne sera jamais parfait, mais il sera toujours meilleur que celui-ci. » La perfection ne peut exister, pas durant votre existence en tout cas, mais il est possible de faire mieux. La guerre engendrera certes de la haine, mais toutes les personnes qui auront un peu de jugeote sauront vous rejoindre. Tant pis pour les autres. « Ceux qui s'y opposeront, et bien... ils auront fait leur choix. » Tu t'en dédouanes de cette manière, sans réellement le réaliser. Il s'agit simplement de logique pour toi. Vous êtes les plus forts, alors il devrait être naturel de vous suivre. L'inverse est de la folie, dont Sapphire et toi n'êtes pas responsables. Il t'est impensable de penser trop différemment de Dark Dragon à ce sujet, de toute manière. Depuis ta plus tendre enfance, ce moment est ce à quoi on t'a préparé, et reculer reviendrait à trahir ton entourage, et même ta race.

Toutefois, cet échange t'a fait réaliser que rompre le lien que tu as avec la Nightshade ne sera pas si facile. Pas sans émotion, du moins. Tu sais que des sacrifices doivent être faits, mais tu aurais préféré éviter celui-ci.  « J'aurais aimé pouvoir te convaincre. » regrettes-tu sans pour autant lui faire de reproche. Ça n'aurait pas d'intérêt, de toute manière, surtout qu'elle pourrait te dire la même chose. « Je n'ai jamais eu de soeur, mais tu es tout comme. » ajoutes-tu pour marquer l'importance qu'elle a pour toi, et qui engendre donc cette déception que tu ressens. Bien que, tu savais au fond que cet échange ne résoudrait pas tout. Le constater dans la réalité est simplement encore plus désagréable.

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En voyant l'expression de la Nightshade, tu réalises que ce que tu as voulu être un geste tendre à son égard, se révèle être une dure réalisation pour elle. La réalisation qu'il est trop tard pour te faire changer d'avis, si celle-ci n'était pas encore survenue depuis le début de votre échange. Malgré l'univers d'opinions qui semble vous séparer, tu te montres sincère dans chacune de tes paroles. Oui, Althéa est comme une soeur pour toi, et tu te fiches bien de ce qui pouvait être par le passé. Elle est bien l'un des seuls aspects de ta vie, avec ses enfants, sur lesquels tu n'as pas une vision bridée par celle de Sapphire. Tu ne sais quoi en dire ou en penser, mais tu sais que ce lien est sincère. Cette confession semble toucher l'autre femme, et elle n'est pas anodine pour toi non plus. Comme pour lui dire adieu, tu souhaites lui confier tout ce que tu as sur le coeur la concernant. Après tout, rien n'assure que vous vous reverrez un jour... Même si tu es une dragonne et du côté de Sapphire, il est possible que la guerre ne t'épargne pas, ou qu'elle vous éloigne bien trop pour qu'une nouvelle prise de contact soit possible.

Les larmes coulent sans retenue sur les joues de la brune, et un vide se creuse dans ta poitrine. Tu aurais vraiment aimé que les choses soient différentes. Le sujet des enfants était sensible un peu plus tôt, mais Althéa remet à présent en avant le lien que tu as avec eux. Lentement et avec dépit, tu secoues la tête. « Tu es suffisante, Althéa. » Elle l'a toujours été, même si ce n'est pas forcément facile à admettre de son point de vue. Tu sais qu'elle s'en sortira bien, même sans t'avoir dans les parages. Mais, tu sais que ce n'est pas le coeur du problème. Ton amie essaie désespérément, sans doute pour la dernière fois, de te convaincre de rester près d'elle. En la regardant, tu pourrais presque imaginer la vie que vous auriez. Des discussions sincères, voir les enfants évoluer, leur apprendre tout ce qu'Althéa ne pourrait pas elle-même... Ça n'aurait pas été déplaisant, mais ce n'est également rien de plus qu'une utopie. Rien de plus. Cesse un peu de rêver, tu dois valoir mieux que ça. C'est comme si la voix de Sapphire résonnait dans ton esprit, et tu as du mal à la différencier de la tienne.

Ton visage se ferme ainsi légèrement, lorsque tu réponds. « Les amitiés sont souvent victimes de la guerre. » Et qu'Althéa te croit ou non là dessus, tu le regrettes. Malheureusement, c'est une réalité à laquelle personne ne peut échapper, mais aussi un sacrifice qu'il faut avoir le courage de commettre. Les larmes de ton amie ne te laissent pas insensible, mais tu es impuissante face aux idéaux qui semblent couler dans tes veines. Que serais-tu, sans grand objectif à accomplir, sans la guidance de Sapphire ? Juste Selah ? Tu n'as pas de réponse à cette interrogation, et ce simple fait semble en constituer une en lui-même. Tu baisses les yeux durant quelques secondes, pensive, et peut-être pour dissimuler une émotion que la Nightshade a réussi à faire naître en toi, avant de recroiser ses pupilles. « Même si nos chemins se séparent aujourd'hui, je ne te ferai jamais de mal. Ni aux enfants. C'est une promesse. » Tu espères que Sapphire ne te demandera jamais une telle chose, bien que cela semble peu probable. Althéa et sa petite famille vont simplement rester à l'écart de la guerre, alors il n'y aura pas de raison. « Je suis consciente que partir va t'inspirer le contraire, mais, sache que je t'aime. » finis-tu sans la décoller des yeux. Que rajouter de plus ? Tu n'en sais rien, alors tu te lèves, comme pour amorcer ton départ prochain. Cette discussion devient douloureuse, et si tu aimerais savoir comment poursuivre, ce n'est pas le cas. Tu n'as pas envie de causer plus de chagrin à Althéa ce soir, même si lui tourner le dos ne sera pas chose facile.

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