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Dakota Williams
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Mer 16 Fév 2022 - 0:45

Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris



CW : religion chrétienne


Pater Noster qui es in caelis

Et même moi, je vois bien l’ironie. L’orpheline, la tête dans les nuages à la recherche d’un père caché. Pire qu’une orpheline, puisque mon père ne se contente pas d’être mort ou parti chercher des clopes depuis trois décennies, mais qu’il a été une plaie pour ma jeunesse, une blessure jamais refermée. Une cicatrice constamment rouverte par des souvenirs flous, des absences épaisses et des échos de reproche. Alors oui, c’est comme ça que je me retrouve à 29 ans, à genoux dans un temple de Phoenix, à chercher le soutien d’un Père dont on m’a dit qu’il ne me laisserait pas tomber, lui.

sanctificetur nomen tuum ;

Et c’est peut-être par mauvais esprit, Seigneur, que je m’adresse à toi en latin, comme une catholique, alors que je me suis perdue dans un temple protestant. Sans doute que, si j’allais dans l’église catholique d’en face, j’insisterai pour dire le credo à la manière des orthodoxes. Parce que refuser les usages me permet de persister à me prétendre hors de leurs groupes, de leurs Églises. Parce que je veux bien aimer le Christ, mais pas les chrétiens, et encore moins en être une. Je prétends que c’est par manque d’amour, que je n’arrive pas à aimer mon prochain, mais c’est sans doute plutôt par orgueil, par individualisme.

adveniat regnum tuum ;
fiat voluntas tua
sicut in caelo et in terra.


Et quand je murmure ces mots, la même pensée me revient toujours, depuis 2013. Ta volonté, Seigneur, où est-ce qu’elle se place avec les surnaturels ? Des pasteurs ont tenté de m’expliquer que l’on pouvait voir des djinns, des nymphes et peut-être même des gorgones dans la Bible. Des prêtres ont tenté de me convaincre que si le monde avait déjà des différences fondées sur la richesse ou la couleur de peau, il n’y avait pas de raison que les différences fondées sur le surnaturel ne soient pas elles aussi voulues par Dieu. Mais quand-même, Seigneur, je l’ai mauvaise. Si tu pouvais toutes nous permettre d’être télépathes, de pouvoir respirer sous l’eau, manipuler les éléments et voler dans les cieux : pourquoi tu n’as pas donné ce cadeau à tout être ? Puis je pense à Isra, et je me dis qu’il y a une beauté dans mon rôle, dans mon humanité.

Panem nostrum quotidianum
da nobis hodie,


Et là, mes plaintes ne peuvent que se tourner en louanges, en action de grâce. Merci Seigneur pour tous tes dons. Je regarde les images d’anges et je vois les visages d’Isra, d’Alaska, de Lily, de Sol, de Stella et de Serena. Toutes les étoiles que Tu as mis sur ma route pour me guider vers un destin meilleur, vers un divin enfant qui pour moi fut Boss Jewels. Je ne suis plus la jeune femme angoissée et remplie de colère qui était arrivée à Phoenix en 2010, ou même en 2016. Je ne suis peut être pas encore couverte de l’armure de la confiance en soi, pas armée des lames de la fierté ou du masque de la sociabilité saine, mais je crois fermement être aujourd’hui la meilleure Dakota Williams qui n’ait jamais existé. Et le sourire de mes amies me permet d’ignorer les murmures qui me disent que, même comme ça, cela ne suffit pas.

et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus
debitoribus nostris,


Et j’essaye d’y croire. Certains s’offusquent de cette version latine qui parle de « remettre une dette » : ce serait trop économique, trop matériel pour ces esprits supérieurs. Moi, ça m’a toujours plu. J’ai une morale contractualiste : les actions sont bonnes ou mauvaises selon leurs conséquences sur autrui. Faire du mal, c’est rompre un contrat avec la personne, c’est s’endetter auprès de lui. Et Jésus, ayant racheté nos dettes, toutes nos dettes, nous demande seulement de faire de même. Seulement. Facile à dire, facile à murmurer en prière, plus difficile à faire, plus difficile de le traduire en actions. À qui pourrai-je remettre leurs fautes envers moi ? Je relève la tête, comme si cette personne allait être à mes côtés. Comme si mon père, comme si le surnaturel qui m’a presque tué pendant la guerre, comme si Nova-Blue allait se trouver sur un banc, à côté, à me regarder. Mais c’était pas eux. C’était pire. Dans un coin du temple, se trouve un rouquin que je reconnaîtrait entre mille. Parce que je reconnais les personnes que j’ai combattues. Parce que le visage de tous les exs de Nova-Blue est gravé au fer blanc dans ma mémoire obsessive. Parce qu’Ambrose Atkins était l’une des seules personnes qui me fait instantanément me lever, le cœur noirci de colère.

et ne nos inducas in tentationem
sed libera nos a malo.


Et il faut bien que je me calme. Parce que ça fait presque dix putain d’années. Parce qu’on est dans un putain de temple. Parce que je suis là pour lui remettre ses putains de fautes. Parce que Jésus a un putain de sens de l’humour et que j’en suis la première cible là. Parce que je suis déjà avec une main sur son épaule, et, cette fois ci, aucune chaise dans l’autre, seulement une Bible. Parce que mon regard essaye de lui donner la même miséricorde qui m’a été donnée, après la guerre, après Gaby, après toutes ses années pourries. Parce que, cette fois-ci, j’arriverai peut-être à le raisonner.

« Ambrose, c’est toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

J’ai parfois les pires idées quand même.

Amen.

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Sam 19 Fév 2022 - 2:05


SICUT ET NOS DIMITTIMUS
DEBITORIBUS NOSTIS

🦋




CW : évocations religieuses

Amen.

Il n’y avait pas réellement de chemin à suivre. J’ignorais si j’en avais eu un, ne serait-ce qu’un jour de ma vie. J’avais suivi des règles strictes, j’avais fais mes prières, fais mes sacrements. Baptisé baptiste avec ma bague de pureté au doigt, j’attendais calmement que Dieu vienne m’éclairer. Est-ce que j’avais fais quelque chose de travers ? Je m’efforçais à me montrer parfois généreux, avec quelques centimes jetés dans des mains de miséreux.

Les valeurs comptent peu, et je m’étais engagé pleinement dans la foi. Mission céleste au bout des revolvers, je pensais faire le Bien. J’allais purger la Terre des hérétiques qui volaient la Grandeur du Divin, et c’était en Son nom que je me présente dans son Temple.

Sur mon banc, je lis calmement quelques psaumes et versets pour trouver quelque part une vérité. Il est où, ce chemin à suivre ? Ils sont où, les commandements à obéir pour avoir une vie rangée et heureuse ?
Païen dans des lieux inadaptés, j’ai d’autres croyances étalées sur le torse, avec des bleus contre mes côtes. Alaska avait été un gaz inflammable et les Riverwood les flammes infernales qui venaient détruire tout sur leur passage. Entre des images de frayeurs oranges et rouges datant de huit ans et les tombes trop impersonnelles, j’étais revenu à Phoenix.

Qu’on me donne un signe, quelque chose. Qu’une voix m’appelle, me dise quoi faire.

Requiem aeternam dona eis, Domine


J’ai des chants liturgiques sur les lèvres, silencieux. Les répéter me donnera peut-être une réponse. Je vois pas de Lumière, je vois qu’un autel dépouillé de signes trop ostentatoires. J’étais loin de ma paroisse, et le malaise se lisait sur chaque tic de mon visage. Ils étaient où, les fidèles, avec qui chanter en choeur des requiem des temps passés ? Je voulais revenir en arrière, là où prier était un signe communautaire et non une question de vie ou de mort. La religion avait pris une importance démesurée dans ma vie depuis 2013. Certaines paroisses prônaient un amour global.
Dieu ne disait-il pas qu’il fallait accorder le pardon et l’amour ?

Je l’entendais pas de cet avis.
J’étais pas certain que Dieu pardonnerait les Enfers et les malédictions humaines. Satan était responsable de nos malheurs. Le pardonner serait abandonner l’ennemi, Le laisser gagner. J’ai des envies de couronnes et de médailles, alors je croquerai dans l’argent à m’en détacher des incisives tant que je détruirais pas la cause de nos malheurs sur Terre.

Je m’en remets donc à Toi, mon Seigneur. Que tu me montres un signe, que Tu m’apportes Ton enseignement précieux, que je puisse croire à des lendemains plus heureux, et à une paix durable sur Terre et aux Cieux, sans démons ni hérétiques pour s’accorder les bénéfices de Ta grandeur et de Ta puissance.
Je savais bien que Tu n’aurais jamais laissé faire.
2013 avait été l’oeuvre du Malin. C’était hors de question que je laisse passer ça.

et lux perpetua luceat eis.


Peut-être que j’avais été responsable, aussi, au fond. Ma bague de pureté se fout de ma gueule depuis 2012, et j’avais refusé de la retirer. C’était peut-être une exception, une erreur de jeunesse.

Les erreurs se reproduisent après tout. Je pensais à mon père. Je finissais par me dire que j’étais là une belle représentation des siennes, et de sa reproduction.

Sûrement que j’étais responsable, mais que j’osais pas y penser. J’ai la gorge nouée en repensant à l’étendue de mes pêchés. J’avais eu des sensations étranges à propos d’un jeune homme en 2008, et peut-être qu’Il avait attendu 2013 pour punir la Terre de mes propres erreurs. J’avais blessé Nova-Blue, j’avais des bouquets de regrets dans l’esprit depuis. J’aimais différemment, mon Seigneur. J’essayais de comprendre Tes enseignements du mieux que je pouvais, mais quelque chose foirait constamment.

J’étais qu’une erreur reproduite à l’infini.

Il pleut sur ma Bible, ouverte à la Troisième Lamentation. Je remarque que je tremble, qu’il y a un toit au temple, et que j’ai des sillons orageux sur les joues.

Qu’est-ce que tu fais là ?

Je lève soudainement la tête, surpris.
Dakota Williams.
J’ai un sursaut et mes yeux se posent instinctivement sur ses mains. Rien pour me frapper. Juste une Bible. Peut-être qu’elle aimerait me la faire bouffer. J’imprimerai plus rapidement les Ecrits, ainsi.

« … Dakota ? … Tu es protestante … ? »

Je la connaissais assez peu. Je l’imaginais assez peu chrétienne. J’ignorais la nature de sa foi, mais il me semblait que les homosexuels étaient toujours mal vus. Ma bouche se cache dans un coin de mon visage.
Je passe rapidement mes mains sur mes joues et mes yeux avec des gestes maladroits. C’était hors de question qu’elle voit une faille, quelque chose. Je devais rester droit. Plongé dans des illusions, je suis toujours heureux, sûrement en couple avec Nova-Blue pour tapisser son visage de jalousie, et me sentir un peu supérieur une nouvelle fois.
J’essaie de me persuader, mais même mon esprit est insensible aux doux mensonges maintenant.

« Tu veux que je t’aide à déboulonner un banc pour me frapper avec, peut-être ? »

J’essaie de rire un peu. C’était peut-être ça, mon signe. C’était pas chrétien de ma part. Tant pis. J’ignorais ce qu’elle me voulait, et j’ai les yeux rouges et gonflés. Je pense qu’à la honte face à elle, ignorant celle que je devais ressentir en tant que meurtrier dans un lieu Sacré.

Amen.

 


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Dim 20 Mar 2022 - 0:09

Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris



CW : religion chrétienne

« Je suis le chemin et la vérité et la vie » Jean ; 14,6

Comment après une telle phrase introductrice notre religion a-t-elle pu connaître une telle diversité d’idées ? Ça paraît pourtant simple : dès la fondation de la première communauté chrétienne, lors de la Cène, Dieu fait homme nous a dit comment nous devions agir. Pourtant, de réformes en schismes, de croisades en réactions, d’hérésies en conciles, il semble qu’il y ait autant de christianismes que de chrétiens. Et je ne le sens jamais autant qu’en posant mes yeux sur Ambrose Atkins au milieu d’un temple. C’est qui son chemin à lui ? C’est quoi ses valeurs, ses commandements, ses missions ? Qu’est-ce que j’ai en commun avec cet individu répugnant ? Est-ce qu’on est tous deux chrétiens ?

« … Dakota ? … Tu es protestante … ? »

Apparemment, nous avons au moins bien ça en commun : nous questionnons la foi de l’autre.

« Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » Luc ; 7,3

Je souris en moi-même. Je suis comme Ambrose. Ça devrait me donner envie de m’arracher la langue pour cesser de sentir ce goût atroce dans ma gorge mais tout va bien. C’est aussi à ça que sert les face à face avec le Seigneur : regarder ses fautes, sans masochisme mais avec lucidité. Qui suis-je pour dire d’un autre qu’il n’est pas chrétien alors que je doute moi-même chaque jour de ma foi et de l’adéquation de celle-ci avec mes actes ? Qui suis-je pour juger un type sur les fautes qu’il a commises presque dix ans plus tôt ? Dieu a clairement dû le mettre sur mon chemin aujourd’hui pour une raison. Et si Ambrose était le chemin pour m’amener plus proche de la droiture, plus proche de la compassion ?

« À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous avez les uns pour les autres. » Jean ; 13,35

Oui, c’est elle que je veux être. Lors de mon eulogie ou lors de mes vœux de mariage, je veux qu’on dise de moi que je suis celle qui aime les gens. Celle qui est connue pour son amour, sa miséricorde, sa bonté. Celle qui aide autrui, sans attendre en retour, sans espérer de récompenses : seulement parce qu’elle sait que c’est la bonne chose à faire. Celle qui tend le bras à celui au sol, qui nourrit l’affamé et visite le prisonnier. C’est cela être chrétienne pour moi, et c’est ce que je veux être, même si je n’y arrive pas toujours. Rien ne sert toutefois de proclamer toute ma profession de foi à Ambrose : résumons.

« Je suis chrétienne. Toi aussi, je suppose. »

J’ignore sa pique sur le banc et je m’assois sur celui face à lui. Comme il y a dix ans, les mots d’Ambrose n’ont ni sens, ni intérêt. Je ne vois que son attitude. Il essaye d’être le roquet roux agressif que j’ai connue à l’université mais même ça il n’y arrive pas. Il a les yeux rougis et les joues encore imbibées de larmes. Sa voix se veut méchante mais tremblote. Il pue la clope et le seum et a l’air dans un état encore plus effroyable qu’après que je l’ai laissé, inconscient, dans cette ruelle.

« Putain, Ambrose… Ça a pas été dix années faciles, pas vrai ? »  

Je serre un peu les dents. Qu’est-ce que je suis sensée faire, Seigneur, putain ? Je vais quand même pas le prendre dans mes bras, je peux pas juste lui offrir un chocolat chaud en lui demandant de me parler de ses problèmes. Et j’ai aucune putain d’idée de comment on pourrait communiquer alors qu’on a aucun putain de point commun. Je regarde autour de nous avec désespoir. Ouais, on a bien un champ commun.

« Quand… Quand ça va pas, j’aime bien… Parfois j’ouvre juste la Bible et je lis le passage pour voir ce que Dieu veut me dire. »

Oui, j’ai conscience que c’est une vision fortement providentialiste de l’action divine sur la destinée, mais si j’avais besoin d’un sermon, je serai allée à l’église catholique en face, alors je continue et j’ouvre la Bible.

« Les béatitudes. »

Je lui souris.

« Heureux. Pas un adjectif qu’on utilise souvent pour nous deux, pas vrai ? Tu veux lire ou je commence ? »

J’ai aucune idée ce que je fais : si ça se trouve il va me cracher au visage, une nouvelle fois. Mais ça vaut le coup d’essayer. Parce que derrière moi y’a une croix, et le type dessus compte sur moi. Je peux pas être celle qui abandonne Ambrose ici. Pas sans essayer la moindre chose.

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Sam 26 Mar 2022 - 19:55


SICUT ET NOS DIMITTIMUS
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🦋





Dakota se tient droite face à moi. Pendant un moment, j’ai presque envie de baisser la tête. Ma foi n’est pas dans les Cieux après tout, mais omniprésente autour de moi. Je pourrais regarder le sol et y constater un fragment de divin sans grande peine. Nerveusement, une de mes mains frotte une de mes paupières. Elle pourrait s’éclater au sol à tout moment si je continue à la toucher comme ça. Sûrement que j’apprécierai ne plus avoir de joue. Mes larmes seraient moins visibles, à creuser sans cesse de sales sillons trop rougeâtres. Si je continue à racler nerveusement ma peau, elle disparaîtrait. Je me dis que mes doigts sont des gommes, mais qu’on peut rien effacer sur une feuille translucide.

Elle est chrétienne, et je soupire. J’étais étonné. Je considérais pas que traîner dans des fight clubs ultra-violents soit un acte pieux, mais les catholiques avaient des principes d’obéissance à des dogmes étranges. En tant que protestant, je me sentais dans une liberté accrue de ma foi, de mon culte. Ma Bible semble émaner une douce chaleur sur mes genoux, et j’ai le coeur rassuré dans cette maison que j’avais envie de faire mienne. L’hypocrisie n’effleure pas mon esprit, quand je contredis mes propres pensées. Ma bague de pureté semble se dissoudre autour de mon doigt depuis des années, et elle était l’étendard d’idéaux précis que j’arrivais moyennement à combler. C’était un accessoire un peu drôle, un peu ironique, un peu ridicule aux yeux des autres. J’aimais hocher la tête en acquiesçant, plutôt qu’expliquer qu’avoir ses erreurs sous les yeux, c’était un bon moyen de ne pas se détourner du Paradis et des dogmes auxquels je tenais. J’étais une erreur assumée, qui dégommait les ratures pour dessiner des papillons autour de cases noircies.

Dakota s’assit en face de moi. Mon larynx s’enfonce dans mon sternum tant je gonfle la poitrine dans un maigre soupir lassé. Qu’est-ce qu’elle me voulait ? Elle allait sûrement jouer aux amies sincères avant de me matraquer la gueule, une nouvelle fois. Non, Dakota, ce n’était pas le jour de la communion de ma petite cousine. D’ailleurs, j’ignorais si j’avais réellement des petites cousines, et le blanc de ma chemise ne parvient pas à retenir ma gorge gonflée. J’évite son regard.
Elle est gentille.

C’était atroce de le penser. Je la trouve sincèrement gentille, et je questionne ma place dans cet échange. Je pourrai applaudir la foi et les valeurs chrétiennes pour la ramener dans des droits chemins et dans des belles actions. Je pourrai sourire en me disant que la guerre n’a pas détruit toute trace d’humanité. Devant moi, il y a Dakota Williams, dont le visage cache des expressions indescriptibles. Derrière moi, il y a un cimetière, et je trouve ça ironique que je veuille retourner vers l’arrière pour me cacher. Elle est chrétienne, suit calmement des dogmes communs qu’on peut avoir. L’amour de notre Seigneur et notre profonde envie d’apporter du bon à l’Humanité semblent si différents. Je me demande quel Saint elle prie, en bonne chrétienne étrange qu’elle est. J’avais uniquement Jésus et Dieu au coeur, car je préférais parler directement à Dieu qu’à ses apôtres. Je refusais que mes messages soient déformés, distordus, anéantis.

« Si j’avais besoin d’un psy, je le saurais, et j’ai l’argent d’aller en voir un, Dakota. »

Alors, pourquoi ses mots semblent dépoussiérer quelque chose vieux de décennies entières ? Pourquoi elle disait dix ans quand j’ai des sensations de siècles entiers qui se sont écoulés ? Mes jours sont des années, et j’ai le poids de millénaires au creux de mes cernes violettes.
Elle propose la Bible comme chemin.
Je lève avec difficulté mes yeux vers elle. Elle est fière, grande, se tient droite face à moi, tandis que je suis recroquevillé comme une chenille sur moi-même. Les insectes se replient toujours sur eux-même quand on les touche, et j’ai la gorge nouée quand j’admets que Dakota était touchante. L’Apocalypse était arrivée, et pourtant, elle restait pleine d’espoir pour des choses absurdes. Elle demeurait presque grandie d’une épreuve terrible, et j’ose assez peu imaginer ce qu’elle a pu endurer.
Je me dis que je dois en avoir rien à foutre. C’était le plus simple.

Une question se pose à moi : Qu’est-ce qu’elle me veut, en fait ? Ou plutôt, qu’est-ce qu’elle voit ? Qu’est-ce qu’elle regarde ? Qu’est-ce qu’elle veut ? Réellement, sincèrement ?
J’ai pas envie de plonger mes yeux dans les siens. Je préfère les fermer et ignorer que j’y verrai un peu de pitié, mélangé à un peu de dégoût.

Rien du tout.

Les béatitudes
Je finis par me dire qu’elle doit se foutre de ma gueule. Elle venait sûrement, faire le tour des églises, des temples, pour venir avec sa Bible et ouvrir dans des hasards pour de faux. Elle avait peut-être corné les pages pour trouver les pires passages, adaptés aux pires situations. Mes iris se posent sur son livre. Il n’y a rien. Elle est gentiment préservée, protégée, chérie.
Je lève encore plus mes yeux.
Elle me sourit.
Elle me sourit, alors mes globes oculaires se creusent dans deux billes de billards qui tournoient avec un point d’interrogation dessus.
A défaut d’être à l’aise, je souris faiblement.

« … Je peux commencer si tu veux. »

Ma voix semble résonner trop fort dans ce temple, ou alors c’est qu’elle ne sait pas trop où se situer. L’écho me revient dans la gueule et ma langue tape contre mes incisives avec nervosité. Evangile selon Mathieu. Je mets pas de Saint, je prie que mon Seigneur et son Fils.

« Heureux les pauvres en esprits car … Car le royaume des Cieux est à eux mais ... »

J’ai envie de hurler parce que j’ai l’impression qu’elle se fout de ma gueule, avec son grand sourire et sa voix réconfortante. Elle semble avoir des poignards dans sa poche, attendant que mes yeux se baissent sur ma Bible pour venir m’éclater la tronche à coup de bancs. Je renifle un peu, et je me dis que je suis cramé.
Je suis si cramé. Cramé jusqu’aux os. Cramé devant ses yeux. Cramé parce qu’elle a pitié et que c’est dégueulasse parce que je veux pas qu’elle ressente ça pour moi c’est juste la honte parce que j’avais parié que je serais meilleur qu’elle alors que c’est moi qui a les yeux creusés les cernes peintes et la bouche trop lourde qui se pète la gueule au sol et qui coule et-

« Heureux ceux qui pleurent … Car ils seront consolés... »

C’en est trop.
Je me sentais pas réellement consolé, et j’ai envie de me dire que ma place était ici, dans ce temple, au milieu d’une chaleur paisible. Je sentirais mon myocarde s’accélérer face à la Grandeur à laquelle je croyais, et sourirait quand mon groupe me rejoindra dans quelques litanies.
Que dalle.
C’en est trop, quand ma gorge se broie.

« Dakota, je peux te poser une question ? »

Je lève la tête pour la regarder. Elle sourit. Je souris. On sourit. On sait pas réellement pourquoi, et j’avais envie de mettre ça sur le compte d’un miracle. Si elle voulait être le mien, je voulais bien être le sien.

« Pourquoi t’es sympa avec moi ? Je veux dire ... » Ma voix se serre. « … Je t’ai rien fais. »

Je t’ai rien fais, c’est ce qu’on disait aux bourreaux. Ils avaient des mains de fer avec du beau duvet pendant que je vogue dans les buissons de mon incompréhension.

Je me promets que je pleurerai pas devant elle. C’était pas putain de possible. A tout moment, son masque tombe, et elle n’est plus chrétienne dans ce temple de bonne foi.
Son chemin était tracé à la craie, joyeux, léger, beau, calme.
J’ose assez peu lui dire que j’aimerai bien le prendre avec elle aussi. Il faudrait que je pose les armes, et je préfère garder ma langue alerte au cas où sa foi s’habillait de moquerie.
Alors, pourquoi t’es là, Dakota, pourquoi tu restes ?

 


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Sam 30 Avr 2022 - 17:00

Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris



CW : religion chrétienne

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » Mt 18;20

Jésus, le divin, est entre Ambrose et moi. C’est ce que je dois croire, puisque c’est ce qu’il a dit. C’est la promesse originelle, l’accompagnement permanent de toute communauté se réclamant de lui. Pourtant, l’Amour est-il sensé être dans la haine ? Est-ce que les fameux posts facebook niais de mes tantes sur la ressemblance entre l’amour et la haine ont raison depuis le début ? Pitié, je ne vais quand même pas devoir me mettre à les écouter et à croire en ce qu’elle croit ? L’astrologie et la lithothérapie c’est vraiment pas ma crème. Mais il me faut bien le soutien de Jésus pour garder un sourire bienveillant face à Ambrose, pour résister à sa proposition de le fracasser à coups de bancs.

« Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs. » Luc 5:32

C’est aussi mon devoir d’être là pour Ambrose. Parce que je n’ai pas toujours été bonne. En fait je suis rarement bonne. Mais si Alaska a pu me pardonner, si Serena peut être sur cette route alors tout le monde, depuis Gabriel jusqu’à l’environnement, pourra bientôt prendre le train de la réconciliation avec Dakota. Mais Ambrose, lui, il recule devant moi : il a peur. Le souvenir de notre dernière rencontre ne doit pas l’aider. Je me souviens avec douleur de Nova-Blue et de comment elle m’avait accusée d’être une agresseure. Peut-être que lui aussi c’est longtemps souvenu avec douleur de notre rencontre. Après tout je peux me vanter d’être quelqu’un dont on n’oublie pas la rencontre avec les poings. Je dois être meilleure que ça, je dois être meilleure que le passé.

« Ayez la parure intérieur et cachée dans le coeur, la pureté incorruptible d’un esprit douc et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu » 1Pierre 3:4

Je dois m’efforcer d’être juste, d’apporter le bien, d’apporter la lumière. Le Seigneur m’a favorisé, avec Isra, avec Boss Jewels avec ma survie pendant la guerre. Je dois rendre le bien, à tous, même à ceux pour lesquels je ne vois pas encore qu’ils le méritent. Ambrose a été une ordure mais il peut sans doute devenir meilleur ?  

« Je me réjouirai en l'Eternel, Mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu; Car il m'a revêtu des vêtements du salut, Il m'a couvert du manteau de la délivrance, Comme le fiancé s'orne d'un diadème, Comme la fiancée se pare de ses joyaux. » Isaïe 61:10

Mes bijoux sont physiques dans le présent et spirituels en devenir : je sais que ne grandis pas par mes richesses mais seulement par mes actions, que je ne m’enrichis pas par ma grandeur mais seulement par mon humilité. Je sais qu’une victoire contre Ambrose est une défaite mais qu’une marche avec lui et le marathon le plus dur et le plus rentable que je ne ferai jamais.

Il a l’air plus perdu que n’importe quel papillon coincé dans une pièce avec plusieurs sources de lumières. Ses yeux évitent les miens, il vérifie ma Bible comme si il avait peur qu’elle soit piégée (alors que je l’ai juste récupérée à l’entrée de l’église, je me balade pas tout le temps avec non plus), il bloque sur mon sourire. Peut-être que j’ai quelque chose entre les dents. De la salade, du mépris envers lui, de la tomate ou une envie de le buter, je sais pas. En tout cas, lui il est bouleversé et ça me fait pas aussi rire que je le voudrais.

Il lit et semble presque avoir du mal à dire les mots « heureux » et « pauvres », je parle même pas du fait de reconnaître qu’il pleure et a besoin d’être consolé. J’ai l’impression que la couleur de ses cheveux sont l’expression du feu qui brûle dans sa tête, alors qu’il tente de comprendre ce qui se passe, en ce moment et, j’espère, plus globalement dans sa vie. Il semble vibrer d’une énergie que je peine à comprendre, d’un mix de colère et de peur qui ne doit pas être recommandé pour la santé.

« Dakota, je peux te poser une question ? »

Il sourit. Je souris. On sourit et tout me semble miraculeux. Jésus a réussi sa mission, le misogyne revient sur des sentiers éclairés, la justice et la miséricorde vont régner à l’ombre de la montagnes sur laquelle les Béatitudes sont prononcées et…

« Pourquoi t’es sympa avec moi ? Je veux dire ... Je t’ai rien fais. »

Mon visage se serre, mon sourire disparaît. Je baisse la tête vers la Bible un instant, histoire d’échanger avec Jésus des yeux levés au ciel. Ironique puisqu’il est au Ciel mais passons… Évidemment que ça ne serait pas aussi facile. Évidemment qu’il va falloir passer aux choses difficiles. On parle d’Ambrose Atkins là, pas d’un roux random rencontré dans un temple au pif. On parle d’un harceleur ultra-violent, homophobe et raciste, obsédé par son statut et sa virilité pathétique, avide des larmes d’autrui et de son propre sang. On parle du monstre qu’il s’est lui-même créé et que je dois essayer de détruire.

Je soupire et je reprends la Bible. Je lis seulement.

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. »

Je replace mes yeux dans les siens : sans colère et sans jugement, mais fermement et avec toute la dignité que je peux récupérer.

« Si tu crois encore que tu ne m’as rien fais, c’est que tu as vraiment besoin de cette psy. » Je lui rends la Bible, doucement et sans violence. « Moi je suis pas thérapeute. Je suis pas là pour te soigner et je pense même pas vraiment pouvoir t’aider. Je suis juste sympa parce que moi aussi je vais pleurer devant Jésus quand cette putain de vie est trop injuste, je suis sympa parce que c’est ce qu’il me demande et c’est ce qui est le mieux à faire. Je suis sympa parce que je me dis que tu dois le mériter. » Après tout, tu es ami avec Jésus et Nova-Blue : tu dois pas être une si mauvaise personne que ça.

Je souris un peu en regardant l’édifice. « Bon : je suis aussi là parce qu’il fait super chaud et que mon prochain rendez-vous a du retard. Toi aussi t’es là par hasard ou tu connais un peu ce temple ? » Je pourrai passer des heures à relire les Béatitudes mais un peu de discussion ne lui fera pas de mal. Si je veux l’aider il faut qu’on avance ensemble.

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Dim 1 Mai 2022 - 19:55


SICUT ET NOS DIMITTIMUS
DEBITORIBUS NOSTIS

🦋


Dakota émane une tranquillité douce, une chaleur maternelle, quelque chose de serein. Pendant un instant, le temple disparaît sous mes yeux et me semble être une maison accueillante. La présence de la jeune femme l’avait transformé en arme géante, où chaque objet de l’autel aurait pu servir à m’éclater le crâne. J’avais remercié le Seigneur d’avoir boulonné les bancs.
J’ai une légère épine dans le coeur quand elle traite des miséricordieux, et elle s’enfonce quand je constate qu’elle n’est pas sur ma tête. Je sais pas réellement quelle est ma place dans ce temple, où je pourrai murmurer des litanies en boucle jusqu’à oublier mon propre prénom. Tout de suite, Dakota semble juste, et c’était une insulte à des années de culpabilité que je me prenais dans la tête. Je plisse les paupières. Elle avait peut-être prévu son coup. Elle avait une fine connaissance des traqueurs, avait vu mes aller-retours sur Phoenix, avait rit de l’ironie du sort. J’aimais pas réellement cette ville, que j’avais trop vu flamber sans raison. Feu sur les rues, feu dans mon organisme, j’ai des incendies dans le crâne et il pleure orange le long de mes cheveux.

Je soupire.

Dakota n’a pas de plan, à part peut-être celui de venir prier, elle aussi.
Elle aussi.
Moi aussi.
J’imagine qu’elle aussi, elle comprend que c’est auprès de grandes valeurs qu’il est agréable de venir pleurer dans un temple trop grand. Je me dis que c’est ergonomique, et qu’il est compliqué de se mentir quand les reniflements sont disgracieux dans des échos voûtés. Je hausse les épaules. J’ai les yeux rouges, et j’imagine que je pourrai pas réellement mentir. Le cannabis ne faisait pas pleurer, j’aurai dans tous les cas servi des mensonges inconsistants.
Dakota n’a pas de plan, à part suivre celui de Notre Seigneur. Je le comprends quand elle parle de ligne de conduite, mais m’étonne que la nôtre soit si opposée. Je me suis jamais réellement posé de question sur Sa volonté quant à mon comportement. On m’avait dit que croire suffisait. Je devais sauver autrui, des âmes en perdition, les ramener sur le droit chemin. J’imaginais que suivre des commandements, c’était pas réellement Sa volonté. Je donnais de mon temps, de mes sourires. Je peignais les agneaux en carton à Pâques, et donnait de l’énergie à la communauté religieuse.
C’était pas son cas, à elle ?

Les moi aussi sonnent étranges, et c’est un peu amer que je constate qu’elle a raison. Si nos chemins sont différents, on a tous les deux de bonnes intentions dans nos croyances. Tandis qu’elle comprend des messages et des valeurs, je vois de grandes missions et des moments communautaires à chérir.

Je suis sympa parce que je me dis que tu dois le mériter.
J’hésite entre rire et pleurer. J’ai pas réellement de solution entre-deux. A la place, je me contente de hausser les sourcils légèrement.

« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » je dis en baissant les yeux sur la Bible sur mes genoux.

Elle ne va pas exploser, elle n’est pas truquée. Je sens toujours cette vague chaleur qui s’en émane, et la prend pour un miracle. Dakota me parle d’un rendez-vous et de la chaleur, et je me contente de sourire un peu. J’ignore de quel rendez-vous elle parle. Peut-être que j’avais raison dans mes anciennes prédictions, et j’ai trop d’honneur pour constater qu’elle a sûrement raison, elle, quand elle me parle de psychologue. Admettre mes tords, c’est déconstruire des années de pensées soigneusement construites sur ma certitude d’avoir raison.
Dakota shoote dans un château de cartes construits avec des biscuits trop trempés.

« C’est la putain de canicule, j’avais oublié qu’il faisait beaucoup trop chaud dans cette ville, on se croirait dans un crématorium … Ça change de Seattle. »


J’aimerai dire que je fuis aussi la chaleur mais j’ai certainement plus de sang qui me monte aux joues ici que dehors. L’été commence à peser sur le désert, et Phoenix étouffe. Certainement qu’elle en a rien à foutre de la météo, parce qu’elle habite sûrement ici, et que j’ai été con de venir en pensant ne pas recroiser de fantômes. Ici, j’ai affaire à un poltergeist qui gueule des choses agréables, et je me demande ce qui est le plus surnaturel entre sa présence ou ses dires. Je fronce les sourcils et referme la Bible.
Je suis dans une sorte de réalité alternative. C’est une solution possible. Je sais qu’il y a des possibilités de multivers possibles, et que les astrophysiciens travaillent sur le sujet. Il y aurait des transferts de molécules, de cellules, des déplacements temporels étranges, des plans de dimensions différentiels …

Je fronce les sourcils et je regarde ma Bible.
Dakota Williams était violente, sanguine. Elle avait eu l’audace de draguer Nova-Blue pour me blesser, et je me dis que ça peut pas réellement être une si bonne personne. J’essaie de justifier son geste, mais certainement que mon ex (PUTAIN DE BORDEL DE MERDE) avait raison : ç’aurait été une personne inadaptée, avec un comportement maladif, une agresseuse, et j’étais forcément une pauvre victime dans cette affaire.
Alors, je me questionne. Elle a des gestes fluides, paisibles. Son sourire est crispé mais sincère. Elle a une inclinaison de sourcils arquée, qui peut être de la pitié ou du mépris. Je me demande ce que je lui inspire, et c’est sûrement un mélange de plein de choses qui crée des termes nouveaux.

« J’étais venu voir quelqu’un. J’aimerai te dire que je vais te la présenter, mais elle est pas très bavarde. »


Je me lève de ce banc inconfortable et me dirige vers l’allée du temple. La lumière extérieure me semble insolente, et le soleil brille comme une mauvaise blague. Il y avait eu des miracles étranges, aujourd’hui, et j’oublie que mirage et miracle, ça se ressemble mais que tant pis, j’étais là pour acheter des pardons sur des cierges inexistants et des iconographies en mélangeant tous les cultes possibles pour me donner une consistance dans mes actes et mes valeurs.

Le cimetière est laid, et c’est sûrement ce qui me fait serrer les dents. Maman mérite mieux que des allées insipides et mal fleuries. Personne vient fleurir sa tombe, alors je me donne comme mission de le faire tout seul, s’il le fallait. Elle aurait un endroit joli, en attendant qu’elle arrête de se planquer derrière des mots étranges.
Mort, c’était quand même hasbeen comme terme. Un peu dramatique, mais c’était finalement comme ça que j’imaginais maman.

« Comme je te disais, elle est du genre … Muette comme une tombe. » je ris en me marrant avec un sale rire de volets qui claquent.

C’est pas drôle, mais je me dis que ça serait moins gênant.
 


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Dim 29 Mai 2022 - 17:44

Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris



CW : religion chrétienne

Tant d’émotions semblent passer dans les yeux du rouquin. De la douleur, du doute, de la peur, de la haine, de la confiance… Dix ans plus tard, je me pose toujours la même question : qu’est-ce qui s’est passé ? Quelle catastrophe a engendré un tel naufrage humain, la définition même de l’épave émotionnelle ? Peut-être devrai-je demander à Matthieu son lignage, depuis Abram et Sarah, depuis Canaan jusqu’à Phoenix ; chercher à comprendre dans sa famille les ronces placées avant même la conception dans son cœur roux ? Peut-être devrai-je demander à Luc son histoire avant l’université, comme si sa vie scolaire aurait pu être une raison, à défaut d’une excuse, pour son comportement pitoyable ? Peut-être devrai-je demander à Jean de me résumer le Credo Ambrosien, car sa foi semble si particulière, à ce rouquin intransigeant et ultra-violent ? Peut-être devrai-je juste suivre Marc et lui demander directement ? Comme une apôtre, j’ai toujours été plus douée en actes qu’en lettres, mes mails à Nova peuvent en témoigner. Je veux plus entendre parler d’Apocalypse depuis 2014 et j’évite comme la peste les dernières pages de la Bible. Il est temps de retourner à des solutions plus anciennes. Atkins semble de toute façon être un homme à prophètes, rois, chroniques et cantiques.

Ambrose parle de paix, et je souris. N’est-ce pas tout ce que nous voulons ? Nous autres, simples humains dont le seul pouvoir est de prier dans un temple à la fraîcheur accueillante, les gens comme Ambrose et moi qui ne connaissons rien aux violences de l’Ordre, de l’armée, des résistants et des chasseurs. À la fac, nous étions en guerre avec Ambrose. Sans pitié, sans limites : aucune convention de Genève, aucun respect pour les victimes collatérales. Aujourd’hui, la guerre des surnaturels tue partout autour de nous et lui comme moi ne sommes que des civils. Enfin, c’est ce que je crois.

« Seattle ? Ouais, particulier comme ville. » Je vais pas lui parler de mes contacts dans la ville, quelle serait les chances qu’il connaisse ma petite mannequin Aurore ? Je ne vais surtout pas lui parler de mes expériences de la ville : la guerre n’est sans doute pas le meilleur ice-breaker. Je préfère continuer la lecture des Béatitudes. « Heureux êtes vous lorsqu’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » J’essaye de continuer à sourire. J’essaye d’oublier le règne de mensonges et d’insultes sur lequel Ambrose avait son trône à Phoenix. J’essaye d’oublie le Phoenix Lies Univers(ity) et de me concentrer sur la personne que je dois aider, que Jésus réclame que je soutienne. Mais une voix à l’arrière de mon crâne me hurle qu’Ambrose ne saura jamais rien de la paix, de la vérité, du pardon. Il ne mérite pas mon aide, il ne me mérite pas, il ne mérite pas Jésus…

Heureusement, le rouquin vient interrompre mes hérésies intérieures. Je le suis avec quelques interrogations : est-ce que ce sera sa pasteur, qui va me donner les secrets de la psyché effroyable de ce type ? Est-ce que ce sera un clone de Nova-Blue qu’il a fabriqué dans sa cave, à partir de bouts de papillons et de pièces de puzzle ? Est-ce que… Qu’est-ce qu’on fait dans un cimetière ? Entre les retrouvailles universitaires et l’ambiance gothique bon marché, j’ai l’impression de revenir dans un épisode de Buffy contre les Vampires. Ambrose ferait un très bon méchant de la saison 6, et c’est vraiment pas la meilleure. Est-ce qu’il m’a amené ici pour que ce tombeau soit mon tombeau ?

Et puis je vois le nom. Bathsheba Atkins. Sa mère. J’ai des échos qui résonnent dans ma tête, d’insultes qui date d’il y a une décennie. Mais je parlerai pas de Bathsheba comme Ambrose l’a fait pour ma mère. J’essaye de l’imaginer, mais je ne vois que ce vieux tableau de Bethsabée par Rembrandt. Elle est grande et belle, triste et décidée, forte et terrifiée. Et rousse, évidemment. Je me demande un instant si le père d’Ambrose a fait tuer son mec, et que c’est de là que le rouquin tient ses techniques de drague. J’arrive pas à comprendre pourquoi une famille aussi fièrement protestante a choisi Ambrose, un nom aussi catholique, pour leur gosse, alors que Solomon était juste là. Peut-être que le père avait honte d’être David, qu’il était ni un adepte des Sagesses ni un grand chanteur de Psaumes.

« Je suis désolée, Ambrose. » Je sais pas si je suis désolée parce que j’ai trouvé sa blague drôle, ou bien parce que je n’avais jamais connu sa mère, ou seulement parce que je ne sais pas quoi dire dans cette situation mais je sais être désolée. Je regarde la date. Presque sept ans. Je n’arrive pas à imaginer ma mère morte mais je n’imagine pas non plus une douleur qui dure aussi longtemps. D’habitude, si une douleur est physique je met de l’arnica, et si elle est au cœur je bois de l’alcool. Et les deux, avec du temps, suffisent dans la plupart des cas.

« Comment elle est morte ? » Je sais pas si c’est la question juste à poser. Mais je me dis que le rouquin à besoin de sortir les choses de son cœur.


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Sam 2 Juil 2022 - 2:07


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La terre me semble humide alors que le soleil tape sur nos têtes. Il aveugle mes cils pendant que mes yeux se fixent quelques secondes sur le nom. C’est ma mère. Je tire une cigarette et l’allume en tendant le paquet à Dakota. J’aimerai dire que c’était par espoir qu’elle se soit décoincée depuis l’université, mais je baisserai la tête honteux si je m’avouais que je serai un peu heureux qu’elle prenne une de mes cigarettes. Sûrement que le tabac lui irait bien. Je baisse le bras. C’était douloureux de tenter de pervertir les anges.
Maman n’avait jamais su que je fumais. Maman devait certainement le savoir, au fond d’elle, quand je sentais davantage en grandissant le tabac que les après-midi dans l’herbe. Le sujet n’avait jamais été abordé. Devant elle, je me sens plus à l’aise de le dévoiler sans honte. Comme de son vivant, Bathsheba Atkins restait muette aux agissements de son fils. Elle hocherait la tête jusqu’à que la Terre ait fini ses trente mille rotations, et sûrement qu’elle la pousserait un peu de son menton.

Dakota est désolée. Je fronce les sourcils et c’est pas à cause de la fumée qui me revient dans la gueule. Je me dis que c’est sûrement ce qu’on dit dans ce genre de contexte. Elle aurait pu continuer à faire des blagues, mais je suis pas certain que j’aurai ris. J’avais ce sceptre qui me donnait tous les droits sur ma situation. Si je souhaitais en rire, je serai le seul à le faire, à pouvoir juger que c’est sincèrement drôle. Alors, je hoche la tête, en hommage à maman certainement, un peu par gêne aussi. On creuse des souvenirs à deux et pendant un instant, je me demande pourquoi je l’ai emmenée ici.
Certainement que je me planque derrière des écrans vaporeux, mais c’est agréable. Dakota est désolée, et je trouve ça chouette. Dakota compatit, et je souris un peu.
Le fardeau des enfants uniques, c’est d’être les seuls à pouvoir dire que leurs mamans, ça avait été les meilleures. Je pourrai le crier sur les toits, j’avais été le seul témoin. Je partagerai pas cette peine avec mon père, parce qu’il ne méritait pas de soutien non plus.

Alors, aujourd’hui, Dakota serait un peu cette témoin aussi. Qu’elle soit silencieuse, désolée, peinée, qu’elle s’en fiche, qu’elle en rit amèrement ou qu’elle souffle en tournant les talons, elle saura que cette tombe est spéciale. Je me sentirai rassuré en me disant qu’à Seattle, quelqu’un pourrait passer dans ce cimetière en lui jetant un petit œil. Même à travers les âges, maman vivra un peu dans des souvenirs, dans des têtes.

« Oh ! Faut que je te raconte ça ! »


J’ai presque l’air enthousiaste. L’histoire était banale, pas très amusante, mais je la trouve suffisamment personnelle pour en faire une vaste blague. Les anniversaires ratés devenaient des anecdotes hilarantes et certainement que je préférais que Dakota rit un peu au fond plutôt qu’elle me plaigne. J’avais déjà les yeux rouges et je refusais qu’elle voit comme quelqu’un de-
F A I B L E.

Autant en rire.

« T’imagines tu te prends le bordel de 2013, c’est la merde de fou, enfin mes journées c’était chouiner et tout, je sais pas comment ça a été pour toi mais pfiou c’était quelque chose euh---- »

J’esquisse un petit rire gêné et mes doigts se tordent autour de ma cigarette. La tombe se fait menaçante tandis que je tente de me foutre de sa gueule. Elle tire la sienne et je tire sur ma clope pour me rapprocher d’elle.

« Sacré bordel, sacré bordel ... » Mes commentaires sont plus utiles les uns que les autres. « Puis là, je me mange ça, et pam ! Petit appel : bonjour monsieur Atkins, bonjour monsieur, le gars je le connais pas alors au début t’sais je voulais pas répondre enfin on répond pas aux inconnus c’est ce que nos vieux disent hein ??? Hein ??? Alors écoute je réponds pour une fois en me disant que maman allait m’engueuler puis je la retrouve sur son bureau. Pam ! Une affaire bizarre, surnaturelle qu’ils disent. J’ai rien compris mais... »

Je m’étouffe avec de la fumée alors je tousse. Elle ressort par mon nez et c’est pas très agréable.

« Mais en tout cas elle allait pas m’engueuler, c’est sûr ! »

Au fond de moi, je sais bien que même maman m’aurait pas grondé. Elle aurait sûrement fait une mine un peu peinée puis m’aurait fait un chocolat chaud. Elle levait rarement la voix, comme si elle était trop fatiguée à parler toute la journée pour le faire. J’aimerai la comprendre, mais il semblerait que la mienne soit jamais épuisée à tenter de se faire entendre.

« J’attends qu’elle vienne le faire, maintenant, peut-être. Je parie qu’elle en aurait, des choses à me gueuler dessus. »

Il fait chaud à Phoenix, et pourtant je tremble comme si j’étais frigorifié en plein hiver. J’ose penser à un miracle pendant que je regarde Dakota et que mes pensées font plus de sens soudainement.

« Enfin, c’est la vie quoi. »

Je sais pas pourquoi je te raconte tout ça, Dakota. J'espère sûrement que ça te fasse rire un peu, au fond.

 


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Mer 3 Aoû 2022 - 23:02

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CW : religion chrétienne, alcool, dépression

Une autre chrétienne saurait quoi lui dire. Elle connaîtrait des proverbes, des versets parfaits de la Bible pour cette situation. Une meilleure catholique réciterait un passage d’Augustin sur le Temps et la permanence, une meilleure protestante connaîtrait par cœur un passage de Jérémie idéal sur le deuil et la volonté de Dieu, une meilleure croyante guiderait doucement Ambrose sur le chemin douloureux de l’acceptation. Moi, je suis coincée là. Allez Dakota, montre lui comme tu ouvres ta Bible au hasard, ça va servir à quoi ? Je suis coincée, prisonnière derrière mes pupilles, fixant avec crainte cette pierre tombale, me rappelant qu’un jour elle portera le nom de ma propre mère. Je n’ai aucun mantra à réciter, trop arrogante pour les retenir, aucune certitude dans lesquelles me recroqueviller, trop incrédule pour être certaine d’un quelconque Salut. Je ne peux que fixer la Croix, avec un sourire triste, avec un espoir obscurci et une foi complexée.

Une autre party-girl connaîtrait les meilleurs moyens de faire oublier à Ambrose ses soucis. Les boites de Phoenix les plus bruyantes, les drogues qui lui feraient tout relativiser et l’alcool pour noyer tous les soucis. Moi, je suis seulement celle qui prend la clope tendue, l’allume sans un mot ni sourire, absorbant la nicotine sans réel espoir qu’elle m’absolve du moindre stress ou m’entraîne loin des rives des soucis. Moi, je suis celle qui voit un puits sans fin au fond de chaque verre, consciente de l’erreur, avec le souvenir des cauchemars passés, mais toujours poussée par un vertige suicidaire au bout de chaque pinte. Je suis celle pour qui les boites sont une prison familière, où je retourne souffrir avec joie lorsque je suis trop heureuse ou pas assez, afin d’annihiler ma personne jusqu’au point d’oublier de manière éphémère jusqu’à mon existence. Je ne peux que fixer Ambrose, avec un sourire triste, consciente de ne pas être meilleure que lui.

Une autre combattante que moi saurait coacher Ambrose vers un deuxième round. Elle aurait le discours de guerrière pour le motiver, les techniques parfaites pour qu’il se relève et frappe à son tour. Elle serait fière, digne, sûre d’elle et courageuse. Elle ne serait pas comme moi, celle qui frémit aux mots du rouquin. Car comme lui, pour moi 2013 fut la merde, car comme lui je n’ai pas cessé de chouiner depuis, que le cauchemar ne s’est jamais vraiment arrêté. Car la seule façon pour moi d’aller mieux fut de choisir une nouvelle voix, fut de pactiser avec ces nouveaux diables, avec ma djinn Isra. Alors j’ai du mal à sourire à Ambrose en lui disant « Putain de saloperie de guerre à la con. J’étais à Seattle pendant la guerre je sais ce que ça fait de perdre ses proches mais… mais ta mère putain, désolée Ambrose. C’est de la merde, putain» J’inspire à nouveau de la nicotine, à croire que le rouquin déteint sur moi.

Une autre capitaliste que moi saurait montrer à Ambrose que tout ceci n’a aucune importance. Elle ferait briller devant ses yeux les diamants, les dollars et les plaisirs, lui rappellerait que, comme moi à présent, il fait partie de ceux qui peuvent oublier avec confort le malheur et la douleur dans le luxe et les ors. Mais je ne peux pas oublier ce qui est important. Que mes diamants ne peuvent acheter une seule minute de vie, que mes billets peuvent me payer une assurance vie, pas une assurance de vie. Je sais pas si c’est mon enfance, si c’est Marisol ou quoi, mais je ne peux me laisser éblouir par mon propre éclat. Alors je fixe Ambrose, qui semble lui sacrément ébloui par ses propres mensonges, sans sourire, seulement triste. « Tu… Je dirai pas ça à quelqu’un d’autre que toi mais bon : tu sais qu’elle est morte ? » Aucune douceur, aucun tact. Tant pis, faut être franche et directe avec Atkins. « Elle… Elle va pas t’engueuler Ambrose tu sais. Tu… Je veux dire tu auras toujours son souvenir mais… » Je souffle du stress et de la fumée. Qu'est-ce que j'essaye de faire, de quoi je me mèle ? « Mais ça sert à rien et on s’en branle et tu t’en fous. » Je m’assois par terre, à une distance respectable de la tombe. « Elle… Faisait quoi ta mère ? Elle était commerciale c’est ça ? » Déjà que je suis désagréable, autant lui rappeler de bons souvenirs.  


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Ambrose Atkins
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CALL ME FIGHTER I'LL MOP THE FLOOR WITH YOU CALL ME LOVER I'LL TAKE YOU FOR A DRINK OR TWO YOU'LL GET OLDER MAYBE THEN YOU'LL FEEL SOME CONTROL

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NOVROSE ▲ voyous

I'LL BE A REGULAR GUY FOR YOU, I NEVER SAID I'D DO THAT WHY YOU LOOKING SO BEAUTIFUL TO ME NOW WHEN YOU'RE SO SAD ?


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Jeu 18 Aoû 2022 - 23:48


SICUT ET NOS DIMITTIMUS
DEBITORIBUS NOSTIS

🦋



Sa tombe se matérialise en bocal. Il y a dedans mes dents de lait, mes premières chutes en vélo et les conseils des directeurs quand j’étais un enfant un peu trop pénible, un peu trop perdu. Il y a ce mot dans mon carnet où on m’avait oublié dans la cour parce que j’étais réellement doué à cache-cache.

J’ignore si je tiens de maman pour ça.
Elle était très forte également pour jouer à cache-cache. Parfois, je me réveillais le matin en essayant de me souvenir de son odeur, de sa voix. Ses cheveux avaient une couleur particulière, pas exactement la mienne mais assez la mienne pour qu’on sache indéniablement qu’Ambrose Atkins était le fils sans aucun doute de Bathsheba Atkins.
Alors, je souriais, parce que j’étais content de ne pas devoir douter que j’étais le fils d’une si grande personne.

De temps en temps, son souvenir s’atténuait. Certainement que j’essayais de la retrouver dans des voix déjà connues, dans des étreintes et dans des talons laissés sur mon paillasson. Le pauvre n’en connaissait que très peu, et c’était sûrement parce qu’il était trop gourmand d’en connaître. De mon côté, j’ignorais ce que je cherchais dans des canines parfois bien marquées, des rides du lion naissantes ou des fossettes affirmées comme des montagnes.
Il y avait certainement du orange, du bleu, et j’étais devenu intolérant aux autres couleurs depuis.

J’ai un peu pitié de te le dire, maman, mais j’ignore si c’est sincèrement toi que je recherche dans les voix trop graves ou trop calmes, des timbres qui vrombissent et des sons qui sonnent en cliquetis. Quand je ferme les yeux, j’essaie de me matérialiser ton visage mais il se perd. Ta voix n’est plus singulière. Parfois, j’imagine que tu as gardé l’alliance de papa alors que je sais que tu l’as revendue le plus rapidement possible pour nous acheter un shooting photo de famille, encore mieux, encore plus beau, parce que j’avais grandi.
J’aurai apprécié regarder des films de Noël avec toi, mais t’as jamais voulu ensuite. J’aurai espéré pouvoir être l’amoureux qui sauve la dame de sa boutique de Noël et que ça soit toi. J’ai les poches vides de choses à t’offrir, et pourtant elles résonnent, pleines de cailloux vains et de bonbons trop acres pour que tu puisses les apprécier.
J’ai les grands yeux des enfants perdus.

« Ouais bah j’en ai pas rien à foutre moi, c’est important les souvenirs … pis dans mon souvenir tu parlais moins mal, Kota. »


Parce qu’elle a putain de raison, Dakota, quand elle parle de saloperie de guerre à la con de merde, parce que c’était une putain de connerie et une saloperie d’injustice. C’était un connard d’enfer et une saloperrrie de connerie et certainement que même Dieu pensait que c’était de la merde qu’il a fait la planète qui flamme enfers et si les astres s’alignaient il ferait pas comme ça absolument pas joie bonheur et-
.ǝɹʇnɐ un ǝ̗ƃuɐɯ ɐ uǝ ʇǝ uǝᴉɥɔ uǝ ǝǝ̗ɯɹoⅎsuɐɹʇ ʇsǝ’s ǝɯɯǝⅎ ǝuՈ
Elle a raison, Dakota, quand elle me dit que maman est morte. Je l’avais su quand elle avait baigné dans son sang, avec cette rage d’orphelin. Avec le temps, j’espère pouvoir oublier mon noble statut qui pourrait faire de moi un héros de film, parce qu’ils sont tous orphelins et que ça me rapproche d’eux. Je sais pas d’où ils ont le courage de défendre de bonnes valeurs tandis que je veux certainement hurler et dire que putain Dakota a putain de raison et que c’est une saloperie.
J’ai des envies de guerre pour empêcher les prochaines.
Mⷨaͣmͫaͣn giͥ̂ᴛⷮ iͥcͨiͥ dͩaͣns͛ uͧneͤ mͫaͣrͬrͬeͤ dͩeͤ s͛aͣng eͤᴛⷮ iͥl y aͣ dͩeͤs͛ рoͦliͥcͨiͥeͤrͬs͛ ᴛⷮoͦuͧᴛⷮ aͣuͧᴛⷮoͦuͧrͬ

« Puis qu’elle vienne m’engueuler, j’attends que ça. Ça serait bien son genre de venir après des années. »

Je sais que Dakota a raison et que j’ai tord mais je préfère continuer à regarder la pierre et me dire qu’elle a des promesses d’éternité mais pas de futur. Je déglutis.
Elle était commerciale, c’est ça?
Ma cigarette se consume sur elle-même et tombe en ruines sur le marbre. J’aimerai faire de même, pour pouvoir m’incruster un peu dans les failles et rester légalement ici. Maman serait fière de son fils, quand il tenait des promesses de rester alors qu’il allait courir après des espoirs chuchotés et des tresses châtains.
J’ai les joues sûrement plus rouges et les yeux écarlates parce que mes joues sont mouillés et mes yeux trempés. Je réalise que j’ai trahi mes promesses et j’ai oublié de haïr les commerciaux. C’était pourtant quelque chose d’important, pour maman et moi.
Je me demande quel était le parfum qu’elle mettait.

« C’est mon père, ça. »

Je renifle. J’ai envie de le faire d’autant plus que je réalise que les héros de films pleurent de façon élégante. Ils ferment les yeux doucement et sourient face à l’absurdité de la situation. Je m’exécute et j’ai une gueule de masque, prêt à faire le Carnaval de la brutalité et de brûler mes peines sur des tombes que j’espérais vides.
J’ignorais que mes muscles faciaux étaient si lourds, tandis que j’essaie de les soulever de toutes mes forces pour une seule fois ressembler à un véritable héros, d’être celui qui sauve les boutiques de Noël et qui se marie sous les cyprès.

« Ca fait des années. » Je marque une pause. « Je sais pas si le plus dur, c’est quand j’y pense, ou quand j’oublie d’y penser. » J’aimerai avoir un mouchoir, alors la manche de ma chemise suffira. « Parfois, je pense que c’est sa voix mais en fait, c’est celle de quelqu’un d’autre. Des fois, je me dis que c’est son visage mais c’est le sien et un autre que j’ai mélangé. »

J’écrase mon mégot sur la pierre comme j’écrase mon déni.
🅜🅐🅜🅐🅝 🅔🅢🅣 🅔🅝🅣🅔🅡🅡🅔🅔 🅤🅝 🅟🅡🅔🅜🅘🅔🅡 🅢🅔🅟🅣🅔🅜🅑🅡🅔 🅔🅣 🅙🅔 🅟🅔🅝🅢🅔 🅠🅤❜🅐 🅛🅐 🅡🅔🅝🅣🅡🅔🅔 🅟🅡🅞🅒🅗🅐🅘🅝🅔

« La mémoire est une belle salope. » je conclus comme un sage. « Parfois, j’aimerai juste qu’elle accepte de sortir de là, que j’arrête de vivre dans ce putain de cauchemar et qu’elle revienne. Je prendrais plus de photos, j’enregistrerai sa voix et je ferai un parfum avec son odeur. Mais elle a décidé de se barrer quand j’avais décidé de le faire à sa place. Elle a jamais aimé que je prenne des décisions à sa place, de toute façon. »

Je constate que l’intégralité de mon corps s’est refermé sur lui-même. Mes longs doigts tentent d’éteindre mes omoplates mais peinent à les atteindre. De mon menton coule une petite rivière qui espère devenir torrent. Mes dents me font mal et j’aimerai en perdre davantage, que je les mette sous mon oreiller et que ma mère se fasse passer pour la Petite Souris une nouvelle fois.
Mais rien.
Absolument rien.

La pierre est froide comme ma mère.
L̸̶̷͇̘̟̈́̚͠à̵̶̷̺͕̺̈́͊ p̵̶̷̟̙͔̐͒͆i̴̶̷̫̙͒͛̒é̴̶̷̠͍͕͐̕r̴̶̷͇̪͎̽̒͝r̴̶̷̡͖̟͋͠͝e̸̶̷̞̞͖̔͑͒ e̸̶̷̺̦̝̿͋s̴̶̷͕̫̟͛͒͝t̸̶̷̡̝̓͝͝ f̴̶̷͚͚͉̓͐͆r̴̶̷̡͙̼̿͆o̵̶̷͕̙͇̿̓͝i̵̶̷̺̺̝̒̓͝d̴̶̷̢͕͖͑͊̐é̵̶̷̦͎̽͆͜ c̸̶̷̝̦̟͋̓̿ò̸̶̷̢̪͖̐͌m̸̶̷̫͙̼̓͐̈́m̸̶̷̘͔̞̓͆͋ë̵̶̷̡̺͉́̽̕ m̴̶̷̘͓͌̓̚a̵̶̷̢͍͑̔͑ m̸̶̷͓͉͌̽͜͝e̴̶̷̠͇͚̿̽̿̀r̸̶̷̟̼͙̾̽̔e̵̶̷̺̟̫͊̈́̈́
L̶̷a̶̷ͣ р̶̷ⷬi̶̷ͥe̶̷ͤr̶̷ͬr̶̷ͬe̶̷ͤ e̶̷ͤs̶̷͛ᴛ̶̷ⷮ f̶̷r̶̷ͬo̶̷ͦi̶̷ͥd̶̷ͩe̶̷ͤ c̶̷ͨo̶̷ͦm̶̷ͫm̶̷ͫe̶̷ͤ m̶̷ͫa̶̷ͣ m̶̷ͫe̶̷ͤ̀r̶̷ͬe̶̷ͤ

« BorDeL mais la putain de vérité Dakota c’est que t’es la dernière personne à qui je voudrai raconter tout ça mais t’es juste putain de là. Quand j’avais besoin de me faire éclater la gueule t’étais là. Quand j’étais jaloux t’étais là. Quand j’avais envie d’insulter une gonzesse à la fac t’étais là. Quand je comptais sur mes doigts l’étendue de mes échecs t’étais putain de là parce que t’as réussi et que bordel… »


Je suis en colère contre Dakota pour m’avoir jeté à la face l’étendue de mes mensonges, de mes échecs, et d’être là devant moi. Devant ma mère. Et d’avoir encore, éternellement, toujours, inconditionnellement raison. J’ai envie de lui éclater la gueule, de pleurer dans ses bras, de la mordre à sang, de tomber à ses pieds, de faire un lac de larmes suffisamment grand pour qu’elle aille s’y noyer ou de nettoyer le sang versé avec.

« T’es là, encore. Et des fois je me demande pourquoi tu restes quand je te raconte tout ça. »

Ce soir, je serai certainement froid comme ma mère, froid comme la pierre, et un peu froid comme le bleu que j’ai pourtant tenté d’incarner avec des constellations violacées entre les lèvres.

 


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Lun 19 Sep 2022 - 19:06

Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris



Je me mords la lèvre. Ambrose est en colère, vexé, et je peux le comprendre pour une fois. Son esprit semble tout entier fixé sur sa mère, dans son souvenir comme dans ses espoirs. Est-ce que je peux vraiment dire qu’il est en tort. Ça devrait être clair que sa mère va pas l’engueuler, mais on vit dans un monde de djinns, de dragons, de sorciers et de tant d’autres choses que l’on ne connaît pas. Plutôt que d’avoir peur, il faut peut-être mieux avoir de l’espoir. Peut-être qu’Ambrose a raison.

Ma gène augmente quand il me dit que j’ai confondu sa mère et son père. On m’en a peu dit sur le rouquin, mais quand même sur le fait que le divorce avait été crade et que, comme moi, il avait pas vraiment de figure paternelle. Je lève les yeux au ciel, parce que toutes ces ressemblances de coïncidences commencent à faire beaucoup. On est pas potes nous, OK ? On a pas élevé les papillons ensemble.

Ambrose parle des souvenirs qui fondent et j’ai un instant d’absence. J’ai essayé de me souvenir du visage de mon père absent et ce sont deux visages qui sont apparus. L’entraîneur fatigué et violent laisse la place à une grand homme aux pommettes terriblement taillées. Ses yeux semblent sans vie, un charme noir s’en dégage ainsi qu’une odeur entêtante de cendres. Quand son sourire froid disparaît, je vois les chaudes larmes de ma mère couler. Et, quand la douleur commence, je me retrouve dans un gymnase de Boston. Je fronce les sourcils toutefois. Pourquoi ressemble-t-il à un théâtre ? Pourquoi y’a-t-il un dragon ?

« Ouais, la mémoire est clairement une salope... »

On est juste deux sales gosses perdus, deux brebis qui ont été confiés à de mauvais bergers, qui ont du grandir à l’ombre du monde. Ambrose est l’étonnant ovin roux, qui mord comme moi toutes les ombres de peur de se trouver face à un loup. On a les yeux fous des bêtes qui ont échappé à l’exécution, la possessivité de ceux qui ont été recueillis et gâtés par des câlins qui leurs manquent, la mémoire de deux fantômes à leur propre existence. Ouais, c’est ça, on est deux putains de fantômes sur une tombe qu’est pas la notre.

Et il s’énerve, Ambrose, en comprenant peu à peu qu’on est deux à danser face à face. Parce qu’on peut faire mentir la biologie mais pas la théologie : le rouquin est mon prochain et réciproquement. On peut fracasser nos crânes, nos relations, nos souvenirs, nos croyances et tout mais on sera quand même attiré par la même lumière, comme deux papillons solitaires. Alors je ris.

« J’ai pas plus envie que toi d’être là, Ambrose. Mais je sais ce que je dois faire. Et je crois que toi aussi. Et je crois que tu as fais un grand pas aujourd’hui. Après, bon, j’y connais rien, t’sais. »

Et moi aussi j’ai marché un bout de chemin, il me semble. Je me lève et lui tend mon numéro.

« Tiens. Comme ça on se reverra peut-être avant la communion de ta petite cousine. » Je lui tapote l’épaule. « Prends soin de toi, Atkins. T’es comme moi : on est les seuls à pouvoir le faire. »

Ce soir, nous serons aussi froids que nos mères qui nous ont laissées. On sera aussi froids que la pierre et ses fausses promesses. On sera aussi froids que le bleu que je porte et qui nous tente. On sera froid comme on nous a appris à l’être mais il nous restera toujours de la chaleur, un espoir, une lueur.

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