The first step is the hardest to take [Scarlin]

Depuis les derniers évènements, tu avais l'impression que plus rien n'allait. Les fondations de ta vie étaient en train de tomber les unes après les autres. Tu avais quitté l'enfer des Chasseurs pour te retrouver dans un monde différent. Un enfer différent. Un autre nom. Mais les mêmes atrocité. Les mêmes malheurs. Tu n'avais plus de solution rationnelle alors tu décide de créer ta propre chance. Ta propre solution. Tu n'avais pas besoin de Cain. Tu n'avais aucune confiance en lui et malgré le lien qu'il avait avec ton frère, tu agirais seule. Tu laissais Alaya dans un coin de ta tête, persuadé qu'elle te dirait de prendre une autre direction. Faire un meilleur choix que ce que tu t'apprêtais à faire. Elle était douée pour t'entrainer dans le bon coté. Faire ressortir les sentiments et l'humanité que tu avais longtemps enfouie. Mais tu devais pas penser à ça. Ni penser à elle. Tu n'en avais pas le droit. Tu l'avais trop abandonné. Tu lui a tourné le dos trop souvent. Elle devait être heureuse. Et toi, tu n'avais plus qu'à vivre ta vie. Seule.

Tu avais quitté la capitale pour finir dans la ville du soleil. Il y avait trop de soleil. Trop de chaleur. Trop. Tu avais presque hâte de quitter cet endroit et revenir en des lieus plus accueillant et plus vivable que Phoenix. Mais tu n'avais pas d'autres solutions. Plus d'autres pistes. Tu savais que c'était une très mauvaise idée d'aller dans un poste de police. Tu savais que c'était une très mauvaise idée d'y aller armé également. Tu avais toujours l'habitude de prendre une arme avec toi. Ta lame soigneusement caché dans les plie de ton sweet. Tu savais que c'était une très mauvaise idée de crocheter la serrure pour passer directement par derrière, espérant trouver un ordinateur pour obtenir des informations. Tu savais que c'était une mauvaise idée de frapper l'homme qui gardait l'entrée pour avoir la chance d'entrer dans la gueule du loup.

Tu avais réussi, pourtant, tu étais entrée mais tu n'avais pu aller jusqu'à ta destination. Tu étais trop suspecte. Ta démarche. Ta façon de les regarder. Trop d’éléments étaient en train de t'accabler et on demande de les suivre sans résister, tu exploses. Tu sais que les deux policiers ont même du mal à te tenir quand tu bouge dans tout les sens, essayant par tout les moyens de fuir.
La salle ou tu avais été emmené était vide. Il n'y avait que toi et ton reflet. Les menottes aux poignets. Ton arme avait été confisqué. Tes bras sur la table et ta tête posait dessus, tu ne disais rien. Tu ne voulais rien. Même quand quelqu'un pénétra dans la salle, tu gardais le silence. Attendant qu'on te tape gentiment sur les doigts et qu'on te promette de ne plus recommencer. Parce qu'ils t'avaient vu comme tel. Une enfant dans un corps d'adulte. Avec un tempérament instable.

- Vous perdez votre temps, avec moi.

Laisse tomber. N'essaye pas de me comprendre parce que personne ne le peut. Les seules personnes qui se sont risqué à me côtoyés ne sont plus là. Il n'y a plus personne parce que c'est ce que je veux. Je refuse qu'on m'abandonne alors je décide de partir la première. Je préfère m'arracher le cœur plutôt que ce soit quelqu'un qui le fasse. Je préfère souffrir seule plutôt qu'entrainer quelqu'un avec moi.

Qu'est ce que tu fais, Erin ?
Tu étais douée pour crée des ennuies qui te suivent à la peau. Tu es douée pour foncer tête baissée sans écouter une once de raison. Tu étais douée pour éloigner ceux qui veulent simplement te venir en aide. Tu cherche la véritable raison. Tu sais que tu assumeras tes erreurs, comme à ton habitude, un avantage quand on est habitué à s'occuper de soi. Tu n'as jamais voulu le faire. Tu n'as pas pu profiter de ton enfance. Tu avais l'impression d'être empoissonné. Ton corps a changé. Ton esprit a changé. Tout a changé. Tu cherches les bons moments mais tu en trouve aucun. Tu cherche les moments les moins pénible mais tout a été pervertie.

Qu'est-ce que tu es devenu, Erin ?
Tu aimerais dire que c'est la faute de ta mère d'être partie sans un mot et sans un adieu. Tu aimerais lui dire qu'elle a tout emporter et qu'elle aurait dû être à tes cotés et t'apprendre ce que vivre signifie. Tu aimerais dire que c'est la faute de ton père parce qu'il est mort, qu'il est parti lui aussi d'un balle dans la tête. Sans douleur. Sans souffrance. Mais en laissant un énorme vide derrière lui. Tu aimerais dire que c'est la faute de ton frère, un frère qui était censé être là mais qui a fini par préférer sa liberté à ses responsabilités. Tu a dû devenir un père, une mère et un frère en même temps. Ta structure est fragile. Trop fragile. Et elle a fini par s'effondrer comme un château de sable.

Qu'est-ce que tu cherches, Erin ?
Tu aimerais que la réponse soit aussi simple que la question. Mais la question représente l'interrogation. La zone d'ombre. L'incertitude. Un but trop lointain à atteindre avec un petit couteau. Tu remarque des petits détails chez la policière, des trucs presque insignifiant en cherchant une réponse. Tu vois ses mains et la forme des cals montrant une certaines expérience du couteau ou du poignard. Tu vois la petite pierre bleu à son doigt, petit bijou brillant que tu aurais pu essayer de prendre sans aucune raison apparente. Juste parce qu'elle a quelque chose. Et que toi, tu n'as rien.

- Même si je réponds à votre question, vous ne compreniez pas.

Tu sais que tu es au fond du trou. Au pied d'un mur que tu ne peux pas franchir. Pas franchir seule. Tu n'avais pas prévu une séance de psy. Tu ne parlais pas de toi parce qu'il n'y a rien à dire. Personne que ça intéresse. Tu te retrouve coincé, enfermé comme un rat. Et cette-fois, tu n'as aucun moyen de sortir du piège dans lequel tu es enfermé. Peut-être que c'est mieux pour le monde qu'un monstre comme toi soit derrière les barreaux.

- Je cherche simplement à survivre dans ce monde, à trouver une réelle raison d'exister dans ce monde.

Tu échappais aux Chasseurs depuis longtemps. Tu échappes à la loi depuis trop longtemps. Tu échappes aux souvenirs et aux crimes que tu commets depuis longtemps. Mais tu est humaine, toi. Toi, tu as tout juste vingt ans et tu commence à fatiguer de fuir un destin que tu avais décidé de croire il y a longtemps. Tu cherche un autre souffle. Un étoile plus brillante dans le ciel. Mais il y a longtemps que tu n'as plus voulu être une enfant et attendre les conseils d'un adulte plus mûre que toi.
Posant tes mains sur tes yeux, tu aimerais te réveiller. Ouvrir les yeux dans une autre ville. Autre journée. Mais tes cauchemars sont ton quotidien. Ton moyen d'être vraiment vivante. Tu savais qu'il fallait attendre, attendre et voir ce qui se passe. Ce n'était pas comme si tu étais attendu, de tout façon.

Tu aurais pu te dire que tu étais tombé assez bas, que le trou dans lequel tu étais tombé était suffisament profond. Que tu n'avais plus envie de vivre dans le noir, creuser davantage de galerie qui finiront tôt ou tard par causer ta propre perte. Quand tu voyais un miroir, tu avais l'impression que la route serait sans cesse parsemé d'embûche, d'obstacle qui en cacheront toujours d'autres.
Tu ne croyais pas en Dieu. Tu ne croyais pas à une puissance supérieur qui aurait pu s'acharner sur ta propre personne. Qui était-tu dans ce monde ? Une enfant qui avait arrêter de grandir, se tournant vers la violence plutôt que vers innocence. Tu ne pouvais plus regretter les choix, les décisions. Tu ne portais plus de masque, plus de rôle à jouer. Tu n'étais la fille de personne. L'enfant de personne. La petite sœur de personne. L'amante de personne Tout ce qu'il te restait dans ce monde, c'était toi. Juste toi.

- Je cherchais mon grand frère.

Tu avais appris qu'avec le temps, que la meilleur personne de partir, c'était d'avoir des proches. Des personnes qui tiennent sincèrement à toi pour se rappeler de toi. Des souvenirs. Des images. Tu savais que tu avais apporté de la souffrance. Beaucoup de souffrance. Ta famille qui t'avait élevée et qui n'avait pas su t'éloigner du sang et des larmes. Les alliés que tu avais et qui avait fini par perdre la vie. Parce que le danger s'accroche comme une sangsue. Un lien invisible et qu'il est impossible de trancher net. Comme frapper dans le vie. Impossible.

- Je ne m'excuserais pas d'avoir transgresser quelques règles pour le retrouver. Il est tout ce qu'il me reste de ma famille. Il...était tout pour moi.

Tu avais fais des efforts. Accepter des sacrifices. Affronter des émotions qui t'était presque devenu étrangère. Amitié. Amour. Loyauté. Ta vie ressemblait à un désert immense et vide. Ou à un océan sans le moindre courant. Vide. Tu avais ouvert ton coeur pour qu'il se referme la seconde d'après. Peur d'être d'abandonner et préférant tout de même la solitude par contradiction.

- Dites-moi franchement, je suis foutue ?

Tu avais laissé du bazar et de la pagaille. Désordre et conflit à l'extérieur. Chez les autres. Chez toi, c'était un champ de ruine. Sauvant ce qui peut être sauvé. Y-aurait t-il quelqu'un qui puisse encore vouloir d'une pauvre âme comme la tienne ? Qui puisse utiliser tes capacité ? Transformer la tueuse en quelque chose qui puisse avoir un sens. Un but. Quelque chose d'honorable. Tu voulais te réincarner, ignorant la forme que tu prendrais. Tu voulais changer mais tu ignorais le sens, la direction à prendre.

Il y avait certain moment ou on se retrouve complètement acculé. D'habitude, tu es l'experte des situations merdiques. Tu trouve une échappatoire, tu arrive à trouver une issu ou une pirouette. Parce que c'est ça, ton truc. Tu cours pour éviter de regarder derrière toi. Sauf que là, tu n'as pas le choix. Tu n'es pas prête de sortir d'ici. Tu n'as plus l'habitude de suivre les règles établi. Ta propre condition de fugitive fait de toi, une hors-la-loi toute désignée. Tu sais que la seule responsable, c'est toi. La seule fautive, c'est encore toi. Tu aurais pu écouter pour une fois. Entendre la dure réalité de la vie et comprendre que ton frère de reviendrait pas. T'a envie de t'accrocher à cette espoir vain. C'est ce que font les enfants, pendant un temps. Tu as bien cru au Père Noël alors pourquoi pas ça ?

Tu n'as rien contre la flic qui se trouve devant toi. Tu sais déjà que c'est une redoutable guerrière, qu'elle vaut davantage que tous les crétins en uniforme du poste. Tu pourrais la détester pour ce qu'elle te dit, ce qu'elle pense déjà de toi. Mais au fond, elle a raison. Elle te parle comme une enfant parce que tu en ai une. Parce que tu agis comme tel. Tu sais déjà qu'elle s'appelle Scarlett, tu le vois sur son badge. T'aime bien ce nom, la symbolique du feu qui se cache derrière. Une chaleur inconditionnelle. Elle a un nom et tu es sûre qu'elle sait qui elle est. Alors que toi, tu as eu plusieurs identités au cours de ta minuscule existence et tu ignore encore le moyen d'être qui tu es. Tu n'as pas confiance en grand monde, peut-être à personne. Tu te dis que n'importe lequel pourrait être un Chasseur déguisé, qu'il serait si simple de te remettre la main dessus. Tu plonge dans le regard de la policière à la recherche d'un indice, d'une vérité caché. Mais t'as pas vraiment le choix et elle le sait. Alors tu plonge la tête la première, comme à ton habitude. Tu saute dans un vide imaginaire et tu attends de voir si ton choix était le bon. Une première.

- Ça fait presque 3 mois qu'il a disparu.

Ta jambe tremble sans arrêt, tes yeux filent dans des directions différents sauf vers le visage de Scarlett. Tes doigts tripotent sans cesse tes ongles déjà maltraité par tes soins. T'a envie de croire qu'il y a quelqu'un qui puisse t'aider. Tu aurais pu demander à passer un appel, tu as déjà vu ça dans des séries télévisées. Mais qui ? Isaac ? Serena ? Au fond, tu n'as pas envie de les impliquer. C'est ton problème, Erin. Il est tant d'assumer et de payer la note.

- On arrête pas de me dire qu'il est parti...ou qu'il est mort. On a pas toujours été du même avis mais on tenait l'un à l'autre, il m'aurait jamais abandonné. Il m'avait fait une promesse.

Il avait promis, oui, il te l'avait dit. Qu'il se tiendrait à tes cotés. Qu'il ne partirait plus. Qu'il serait le frère ainé qu'il aurait dû être. Tu devais le croire, tu voulais le croire. Tu ne voulais plus d'une énième déception. Prenant momentanément ta tête entre tes mains, tu jetais un regard à la jeune femme en face de toi. Tu n'avais pas le choix, elle était la seule à t'aider. La seule à détenir la clé de ta liberté. Tu savais qu'après être sortie de ses murs, tu pourrais faire ce que tu voulais. Ici, tu étais dépendante d'un système qui te juge coupable avant le moindre procès. Tu parles plus bas, songeant que Scarlett n'était pas la seule à écouter l'interrogatoire.

- Il y a des personnes qui me recherchent. Ils sont dangereux, il faut me croire. Ils vont me tuer s'ils réussissent à me remettre la main dessus.

Et là, tu sais que tu as peur. Parce qu'à ce moment-là, ta vie et ton existence toute entière est entre les mains d'une étrangère. Qu'elle pourrait te laisser, menotté à cette table et que tu pourriras ici jusqu'à ta mort inévitable. Tu ignore les choses que tu peux dire ou non, les mots que tu peux divulgué. Mais tu es terrifiée, c'est une certitude.

- Il faut que vous m'aidez...s'il vous plait...je ferais tout ce que vous voulez.

Tu savais que cela allait finir par arriver. Un jour ou l'autre. Comme si tous les chemins te conduiraient dans cette situation. Toi face à la police. Tu avais bien vu les regards qu'on t'avait jeté. Ces flics croyaient affaire à une gamine perturbée. Violente. Incapable de comprendre autre chose que la violence. Peut-être que c'était vrai. Tu te fichais pas mal de ce qu'on pensait de toi. Tout ce que tu voulais, c'était retrouver ton frère. C'était lui, le plus important. Il était l'ainé mais surtout, la dernière famille qu'il te reste.

La flic est différente de ses collègues. Pas parce que c'est une surnaturelle. Tu le vois sans pouvoir mettre le doigt dessus. Un esprit bouillonnant. Un prénom brûlant. Quelqu'un qui se bat pour une vrai justice. Tu sais aussi qu'il faut être réaliste. Que tu n'as pas le choix. Tu as creusé ta propre tombe et maintenant, le trou ou tu es tombé est trop profond. Tu as besoin d'une main tendu pour sortir la tête hors de l'eau. Et cette main, c'est la sienne. Être considérée comme une folle ne te tente pas mais être enfermée dans une cage comme un animal, ce n'est pas franchement mieux. C'est la meilleure façon pour tes ennemis de te mettre plus facilement la main dessus.
Quand elle te pose des questions sur ton frère, tu cherche déjà les réponses. Vous êtes des étrangers l'un pour l'autre. Une dizaine années et vous étiez incapable de vous reconnaître. Être là l'un pour l'autre comme vous l'étiez à l'époque. Tu n'avais jamais pu croire qu'il avait fini par être un dealer de seconde zone. Saisissant le petit cahier qu'il a posé devant elle, tu note tout ce que tu pense. Tout. N'importe quoi. Regardant et croisant son regard, tes yeux se pose sur les vitres qui vous entoure. Un doigt tapotant ton oreille. Les murs ont des oreilles.

- Bon...je suppose que je dois vous faire confiance.

Quand elle parle de ces personnes, celle qu'ils veulent te faire la peau, tu ne peux pas t'empêcher de frissonner. Non de froid mais parce qu'ils pourraient faire peur à n'importe qui. Et que surtout, avec une paire de menotte au poignet, tu n'es pas dans la capacité de te défendre. Tu sais qu'ils pourraient être n'importe ou. Même ici. Tu es parti, tu as fui et surtout, tu sais des choses que tu ne devrais pas. Alors oui, au fond, tu as la trouille.
Prenant une autre feuille de papier, le stylo frémissant dans ta main, tu note un mot. Un seul. Chasseurs. Le papier plié en plusieurs morceau et glisser dans la main de Scarlett.

- Je vous ai tout dit...vous devez...

Un homme rentre dans la pièce, un supérieur, si tu en juge par son attitude de paon. Tu regarde son regard, sombre et inquiétant, et tu sens qu'il n'est pas là pour rien. Quelque chose est familier. Sa démarche. Sa posture. Tu ne connais pas son nom mais tu connais l'objet de sa mission : toi.

- Sergent Herondale, je dois l'emmener avec moi au quartier général. Elle doit répondre de plusieurs infractions et je ne veux pas qu'elle s'en tire comme ça !

Tu sais que tu es face à la mort. Pas un symbole. La vrai. Tu sais qu'à la minute ou tu ne seras plus avec la policière, tu ne reverras plus la liberté. Tu devrais retourner là-bas. Tu seras une prisonnière et tu seras traitée comme une traitre. Si tu avais de la chance, tu aurais droit à une mort rapide. Alors tu dois agir et vite. Tu agrippes la main de la jeune femme. Parce qu'à cet instant, elle est ton seul espoir.