Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Je n’aime pas passer trop de temps loin de Washington, loin de Scylla. Pourtant, pour la protéger, il vaut mieux parfois rechercher les menaces qui la guettent plutôt que de me contenter de la flanquer perpétuellement, tel un bouclier collé à la super-glue sur son flanc.

Et s’il y a bien une menace à prendre au sérieux, c’est le Cercle des Chasseurs. Si ce n’était qu’une bande de brutes xénophobes, ils seraient déjà un problème. Mais c’est clairement une organisation efficace, appuyée par des stratèges et des scientifiques compétentes, dirigée par une idéologie effroyable. De plus, les derniers événements et les décisions du gouvernement américain pourrait bien leur servir. Ils valent bien que je me retrouve en Arizona, en voiture, dans cette immense banlieue ennuyeuse appelée Phoenix.

Pourquoi ici ? Parce que c’est ici que se trouve Ambrose Atkins. Mes agents n’ont pas eu de mal à l’identifier comme un membre de leur bande. Il n’est clairement pas le plus discret, peut-être pas le plus futé, vraiment pas le plus inquiétant. Tant mieux : je compte l’utiliser.

Je le repère dans une rue peu fréquentée. Je m’arrête à côté de lui, descend la vitre et appuie sur un bouton pour ouvrir la porte arrière. L’un des avantages non négligeables de travailler pour la famille royale : le budget pour s’acheter des gadgets. Les humains en ont inventé plein, et j’en profite. Je fais un effort pour lui sourire et cacher toute mon hostilité et ma dangerosité. « Ambrose Atkins ? Tu montes faire un tour ? » Autant faire les choses sans hypnose pour le moment, mais je garde toutes les cartes dans ma poche au cas-où. Le pauvre chasseur ne sait pas dans quoi il s’embarque. Mais peut-être que moi non plus.

KoalaVolant
@Ambrose Atkins

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

Putain de béquilles. J’avais trouvé ça drôle trois jours, puis à la fois, j’avais des crampes de partout.
Mais peu importait maintenant. J’avais retrouvé un peu de sourire depuis quelques semaines. Ma vie s’apprêtait à aller beaucoup mieux. J’étais revenu sur Phoenix pour me rapprocher des opportunités d’embauche dans les laboratoires du coin, et surtout pour rejoindre Nova-Blue. Enfin heureux, j’avais moins l’envie de râler à propos de mes béquilles, du fait que le clic clac sonore de mes pas me rendait malade et que j’avais envie de gueuler à chaque sortie.

Parce que, tout irait bien.

Je m’étais porté volontaire pour aller faire des courses, histoire de pas tout niquer une deuxième fois. Le soucis, c’était ces putain de béquilles. Alors, j’avais commandé un Uber pour m’y emmener, et j’aurai qu’à en prendre un autre pour rentrer. Tout serait parfait. Tout irait parfaitement bien.

Quelqu’un s’arrête à ma hauteur et me propose de monter. Je vérifie pas mon application, me disant que personne prend de Uber pour faire quelques mètres.

« Vous êtes rapide, ça fait plaisir des gens compétents dans leur domaine. » Même si être conductrice Uber n’était pas ce que j’appelais une carrière enviable.

Je monte dans la voiture et je m’installe sur les sièges en cuir. Elle est confortable, mais il fait incroyablement chaud dedans.

« Tu peux mettre la clim, s’te plait ? C’est compris dans le prix de la course, je crois. »

rainmaker

Vroom Vroom

De quoi il parle ? Je suis compétente ? C’est une course ? Je me souviens avoir vu que les humains faisaient des compétitions de vitesse avec leur voiture parfois. Peut-être que pour gagner sa confiance je vais devoir rouler au dessus de la vitesse autorisée dans l’enceinte métropolitaine de Phoenix. C’est un prix que je suis prête à payer. Ça, et le fait de devoir lui sourire avec un air sympathique alors que je veux juste passer mon épée à travers sa trachée.
« Bien sûr, j’te mets la clim, bro ! » Beurk, beurk, beurk : t’es pas mon bro sac à merde suprémaciste. « Tu veux aller où ? » Je démarre la voiture au quart de tour, sans même attendre sa réponse, profitant des capacités techniques de la voiture pour passer de 0 à 90 kilomètres/heure en cinq secondes. J’espère que le vrombissement du moteur résonnera dans les instincts primitifs du rouquin pour délier sa langue. « Contente que tu me trouves compétente, hihi. » Beurk, beurk, beurk : je déteste glousser. « Toi, c’est quoi ton métier ? Attends je vais deviner. » On continue sur le jeu de la blonde pas futée. « Mmh, vu ta tenue et la forme de ton crâne, je dirai que t’es super intelligent, genre un scientifique ou un conservateur de musée. » J’ai appris que certains humains pathétiques pensaient que la forme du crâne avait un impact sur leur capacité cognitive ou même séductrice. Et qui de plus pathétique qu’Ambrose Atkins ?

« J’ai bon ? Parce que j’adooooore quand on me parle de science ! » Oui, Ambrose, parle-moi. Je suis là, je t’écoute.

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

« Ouais, enfin calme ta joie, sis. » je dis quand j’entends son bro.

On a pas élevé les cochons ensemble. Elle était une vague conductrice de Uber et on était pas du même rang. Je souris un peu en me calant contre la vitre, et je regarde les passants qui marchent. Je me dis qu’ils sont un peu idiots. Ils pourraient tous monter dans des Uber et ne jamais avoir à marcher.

« Tu vois le supermarché au coin de la rue ? Bah là. J’ai des béquilles, je peux pas marcher. »

Je lui montre mes béquilles avec une gueule blasée, parce que c’est définitivement de moins en moins marrant cette histoire. Je me contente de hocher la tête quand elle me dit qu’elle est contente que je la trouve compétente.
A vrai dire, tant qu’elle m’amenait là où je voulais, ça m’allait. Si elle pouvait même m’attendre pour faire mes courses, ça serait le mieux. Si elle pouvait les faire à ma place, je lui donnerai presque un pourboire sur l’application. Je me dis que ça fonctionnerait comme une sorte de don pour les pauvres de son genre, et que mon karma serait plus brillant.

Elle a l’oeil, que je me dis. Finalement, c’est peut-être pas une bouffonne, comme je le pensais.

« Scientifique, ouais. Je bosse en biologie pour un laboratoire. C’est super cool, j’ai commencé récemment. J’ai déménagé pour suivre ma copine y a quelques semaines et franchement, c’est juste génial. » Je marque une pause. « Mais tu comprends quand on te parle de science ? Enfin … Faut avoir fait des études pour ça, non ? »

Je prends une cigarette dans ma poche et commence à la caler entre mes lèvres.

« Ca te dérange si je fume ici ? Avec la clim, ça devrait ventiler, non ? »

Tant pis si elle me dit non, je l’allume quand même et prends une taffe. Je pourrais lui en proposer une, mais elle conduit.
Je me dis que ça serait mal venu de déranger une travailleuse, après tout.

rainmaker

Mer 23 Mar 2022 - 14:54

Vroom Vroom

Le coin de la rue ? Non, il est con mais il craquera pas aussi vite que ça. Il me faut trouver une astuce.

« Ouais, trop bien ! Je connais un raccourci, t’inquiète mec ! »

Ouais, un raccourci qui fait trois fois le tour du périph’, tu vas as-do-rer. Je tourne et passe immédiatement la quatrième, faisant rugir le moteur. Les hormones des hommes sont simples à stimuler quand on utilise leurs engins à moteur. Et se mettre à rouler à 90km/h sur une route limitée à 30 devrait très bien marcher pour faire kiffer un drogué d’adrénaline qui passe la moitié de ses journées à l’hosto.

Il s’emballe tout seul sur son métier. Très bien, c’est l’objectif. Il commence même à parler de sa meuf. Si tu savais ce que j’en avais à foutre mon gars… Est-ce que tu parles de tous tes plans culs à tous tes conducteurs ? Les pauvres, on devrait former un syndicat. Et ce petit con se met à fumer. Les scientifiques sont pas sensés savoir ce que les industriels foutent dedans ? Si tous les chasseurs ont autant de sagacité et d’instinct de préservation qu’Ambrose, je sais plus trop pourquoi je m’inquiète. Mais il faut que je sois sympathique, même si ça veut dire changer de voiture pour chasser cette odeur de loser décérébré.

« Non, vas-y c’est cool ! Et oui on peut parler science, j’ai fait trois ans de biologie marine à Atlanta. »

C’est pas vraiment vrai, mais vu le niveau pathétique de l’éducation états-unienne, les bases scientifiques que j’ai apprises à Nydaros sont une équivalence tout ce qu’il y a de plus recevable. Mais continuons, Ambrose. Je sais que t’es con, mais je sais aussi que tu en sais plus que ça. Que tu as plus de secrets que ça.

« Un laboratoire, alors ? Le genre à tester les eaux usées de la ville ou un truc plus sympa ? » Je pose un petit peu, le temps de m’arrêter à un feu rouge et je me retourne, grand sourire, vers lui. « T’imagines un peu, avoir la chance de bosser sur le genre de sérum qu’ils utilisent sur ces merdes de surnats, là ? C’est la classe. » Ma fiole est bien dissimulée sous ma chemise, à un bracelet proche de mon épaule. Il est temps de rentrer dans le sujet, de rentrer dans sa tête de xénophobe rouquin.

KoalaVolant

Mer 23 Mar 2022 - 18:00

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

La conductrice me parle de raccourci. Je plisse les yeux en premier lieu. Je vois pas mal comment on peut faire plus court qu’aller tout droit puis tourner à droite. Je pourrai ouvrir la bouche pour lui dire qu’elle est payée pour obéir à mes destinations et à ce que je lui demande, mais le moteur s’enclenche. Mes lèvres s’étirent dans un léger sourire. J’ignore son mec trop familier à mon goût et je me dis qu’elle a sûrement pas les usages de comment les travailleuses doivent s’adresser à leurs clients et patrons. Je m’enfonce au fond du siège et le cadran affiche 90km/H. C’est agréable.

« Biologie marine ? T’étudiais quoi ? Les sonars des dauphins ? J’aime bien les dauphins. Enfin, j’adore les dauphins même. Je trouve ça super drôle que ce soit des animaux aquatiques mais qu’ils doivent quand même respirer hors de l’eau. »

Je sais pas, faut être sacrément con pour être un animal aquatique et ne pas pouvoir respirer sous l’eau. C’était comme les hippocampes qui savaient pas nager, sauf à deux. A Phoenix, à ce moment précis, j’étais l’hippocampe le plus heureux que la Terre ait jamais porté.

« Tu m’as regardé ? Non un truc grave bien. Je t’en parlerai pas sinon. Je dirais que j’étais ... » Je glousse un peu. « Conducteur Uber. »

Elle se retourne vers moi et je me dis qu’elle a l’air quand même sympathique, avec son enthousiasme débordant et son sourire. Elle me demande pour les sérums et de l’acide me monte à la gorge. Si ces putain de monstres pouvaient tous les prendre, ça m’arrangerait bien la vie.

« Attends j’arrive, la voiture va vite j’ai envie d’être devant pour voir mieux la route. »

J’enjambe rapidement le siège avant. Je suis un putain de phasme, donc je peux me faufiler rapidement à côté d’elle. Maladroitement, je m’installe en me contorsionnant, ma jambe cassée en première pour la préserver au maximum. Je me dis que Nova-Blue hurlerait si elle me voyait faire de l’acrosport avec un genou pété.

« On le fait pas tout à fait mais clairement je suis habilité à l’injecter, vu que je suis scientifique. C’est giga cool, du coup ! Enfin, c’est ce que l’Amérique a besoin, en ces temps bizarres là … Y a des trucs si absurdes qui se passe et … Mais putain la radio est naze là, je peux mettre de la musique ? »

Il y a un rond point qui se dresse devant nous.

« Je parie que t’as la gerbe en voiture, chiche tu fais plusieurs fois le tour du rond point le plus vite possible. Je te donne un dollar de pourboire par tour. »

J’ai un sourire carnassier sur la gueule. J’avais envie de faire mes courses. J’avais envie de m’amuser.

rainmaker

Vroom Vroom

Ta gueule. Ta gueule avec les dauphins, je m’en fous des dauphins qui respirent pas sous l’eau, ta gueule. L’avantage des merdeux arrogants c’est qu’ils s’écoutent parler sans discontinuer. Je n’ai donc même pas à chercher une réponse logique à ses questions. Je pourrai lui dire que je suis cheffe de la diplomatie à l’ONU, il se douterait de rien et passerait des heures à me raconter en détail comment c’était GÉ-NIAL quand il a été suppléant délégué en CE2. Pour une fois que les vices des criminels se retournent contre eux, je ne peux que sourire.

Il demande si je l’ai regardé. Non, mec, j’évite parce que mon estomac est pas assez accroché pour pas vomir devant une telle ordure. Il glousse en imaginant être conducteur Uber et je comprends enfin. Il pense pas que je suis une pilote de formule 1 serviable, il pense que je suis un taxi low-cost ! Tout fait sens et je glousse avec lui, mais surtout de lui. Je comprends pas trop aussi, parce que ce genre de petit con républicain passe leur temps à étaler la valeur travail de partout et ça se sent qu’il a jamais autant bossé un conducteur Uber. Je sais pas s’il est hypocrite ou paresseux mais clairement il est pas futé.

La mission a l’air de marcher et il se détend. Beaucoup trop. Le voilà qui se contorsionne dans une voiture lancée à fond pour se mettre devant. Je ralentis un peu pour pas mettre la vie de cet abruti en danger. Pas que je crois qu’il manquerait à grand monde mais j’ai besoin de lui, là. Et il commence à bien s’ouvrir. Oui, vas-y parle moi du sérum et de… NON on s’en fout de la musique !

« Euh, je… si tu veux mais... »

Heureusement, monsieur ne tient pas en place. Il voit un rond-point et un défi. Et je ris intérieurement. Je ris tant. Petit marin d’eau douce, tu n’as jamais drifté sur les vagues inférieures du Gulf Stream. Tu n’as jamais fais les courses annuelles de Nydaros dans les récifs austraux. Il a le sourire carnassier du prédateur. Il oublie seulement que, dans l’océan, il y a toujours un plus gros poisson. Je m’élance, le pied sur l’accélérateur, les mains sur le volant et les yeux dans les siens.

« Garde ta thune. Dis-moi ce que vous faites dans votre labo. Prouve moi que c’est vous qui allez protéger l’humanité parce que là avec ton attelle j’y crois pas. »

Je joue à un jeu dangereux, mais je me dis que le fanatique a l’air d’aimer les défis et le challenge. On en est d’ailleurs déjà à deux tours et je ne lâche toujours pas l’accélérateur : à toi de jouer Amby.

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

Mon égo est blessé. Je regarde mon attelle et je me dis que c’est l’exemple typique de ma grande utilité dans le sauvetage d’une Humanité en ruine. Je suis de ceux qui se battent, qui sont blessés, qui donnent leur chair et leur sang afin de soigner des mondes à la dérive. Je me contente de lever les sourcils tandis que mon coeur s’emballe à chaque tour de rond-point. L’Uber devient un gigantesque manège, et s’il était décapotable, je m’installerai droit sur les sièges pour attraper le pompom de la victoire. Mes yeux se ferment en temps à autre, dégustant l’adrénaline de chaque virage. On pourrait faire des concours de drift. J’ignore si l’entreprise couvre les frais quand c’est le client qui conduit. Je pourrai vérifier auprès d’un avocat. Ce serait un SMS d’envoyé pour beaucoup de rire.

« Tu cherches un job, c’est ça ? Je comprends d’un côté. Faire autant d’études pour finir comme ça, j’aurai les boules aussi. »

Je me souviens de mon emploi au McDo et de la forte humiliation interne que j’avais ressenti. Des années d’études payées par ma mère pour finir à faire des Big Mac … Je savais que je méritais mieux. Je sentais que ma vie était sur de nouveaux rails. J’ignorais si ils étaient droits, vrillaient ou faisaient des loopings sur le carrefour de ma vie, mais je revivais au fur et à mesure.
Mon bonheur était fluorescent. Il était parsemé de couleurs acidulées dans lesquelles j’appréciais me confondre. Il éclate les rétines et fout la gerbe aux ignorants. Il est une bombe de peinture toxique que j’enverrai à la gueule des autres. J’ai encore des tâches de rousseur trop visibles des bonheurs que j’ai du avaler de force, pendant que d’autres serpents venaient se nicher au creux de mon estomac et me foutait de côté.

« Si t’as des diplômes sur la faune aquatique, t’auras peut-être des trucs à faire chez nous. »

Mon bonheur est tâché de noir et de turquoise aquatique, de fiole à briser et de sérums à injecter. Mes dents se teintent d’acide à nouveau quand j’ai l’amertume des trahisons qui vient se nicher au creux de ma gorge. Ma tâche était grande. Ma tâche était merveilleuse.

« T’as vu l’assassinat de la présidente, récemment ? C’est quel message pour l’international, ça ? L’Europe va nous tomber dessus, c’est sûr... L’Amérique n’est pas foutue de se défendre contre des fans de films en cosplay, la putain de honte. On mérite mieux que ça. Notre Constitution a été putain de souillée, on a un taux de criminalité énorme et personne pour nous défendre. Je considère que si on peut taffer sur ce sérum pour faire en sorte de contenir un peu ces malades qui se prétendent au dessus des lois, c’est sauver le monde. » Je marque une pause et ricane, un peu moqueur. « Et ça, pas besoin d’avoir mes deux jambes pour le faire. Juste un cerveau capable de synthétiser des molécules et de faire des extractions correctes. »

Les Etats-Unis d’Amérique devaient forcément être protégés. Je m’entraînais depuis quelques temps désormais pour apprendre à tirer. Ma Nation me donnait le droit de la défendre selon mes propres règles, et selon les armes que je souhaitais. J’allais cueillir mon devoir et combattre, pour préserver la paix. Je ne voulais plus voir d’État menacé par des terroristes qui assassinait des gouvernements. Je refusais de vivre dans un monde où chaque individu avait une menace plus grande que lui qui pesait au dessus de sa tête.
Alors, même avec mon attelle, j’étais utile.

rainmaker

Vroom Vroom

Je lui souris en espérant qu’un jour il se noie étouffé par les algues de Galène. Je ris à ses blagues en l’imaginant dévoré par les crocs glacés de Varuna. Je continue à drifter en l’imaginant étouffé par Ahurani. Il continue à parler et j’en viens à l’imaginer crucifié, décapité, guillotiné, ébouillanté, brûlé vif, écartelé mais rien ne semble une plus grande torture que sa présence.

« Je comprends d’un côté. Faire autant d’études pour finir comme ça, j’aurai les boules aussi. »

Étrange. D’après mon profiling, il faisait partie de la frange réactionnaire des protestants qui prétendent valoriser au dessus de tout la valeur du travail. J’ai du me tromper quelque part, car j’ai aussi noté que conducteur Uber était un des jobs les plus durs des surfaciens. J’ai du me tromper, ou alors c’est un hypocrite.

Ça y est, il devient intéressant. Pour lui, les surnaturels ne sont que des cosplayers. Voilà une opinion… hétérodoxe. A-t-il seulement déjà vu un dragon ? C’est pas Disneyland quand un de ces lézards te crache dessus. Je parle même pas le la métamorphose des zouwus, des serpents des gorgones ou de ma forme de sirène. Enfin : certes il n’est pas le couteau le plus affuté du tiroir, mais il a clairement la volonté d’être le plus dangereux. Ses motivations semblent lier un sentiment personnel d’impuissance, un fanatisme politique typiquement républicain et une xénophobie globale. Il enchaîne la Constitution, l’Europe, les attelles et l’assassinat raté de Kane comme un troll Twitter enragé. Je souffle.

« Ouais, le sérum, le recensement, tout ça c’est bien. Mais pour nous protéger des cosplayer il nous faudrait des vrais héros, tu vois ? Des mecs solides, qui soient prêts à affronter les cauchemars, à défendre les Américains. » Petits yeux de biches : allez Ambrose, ait pitié de la pauvre blonde américaine qui ne demande qu’un héros pour la sauver. Parle lui du héros que tu crois être, pour qu’elle puisse t’écraser.

« Mais bref, ça doit pas exister. » Je lâche sèchement en sortant du rond-point. J’ai aucune idée d’où je vais mais je sais juste que c’est le plus loin possible de sa destination. Tiens, il y a un stade sur la route : je souris. Ton trajet va être long, Ambrose, looooooong.

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

Elle provoque. Y a pas de héros, y a pas de sauveurs. J’ai envie de lui dire que le Seigneur nous sauvera, quand il comprendra que nous sommes en danger. J’ai beau le prier constamment, j’ignore à quelle oreille je m’adresse, et mes lèvres brûlent. J’aimerai lui dire que j’ai un costume caché, des choses extraordinaires à montrer, et que ma foi me donne des pouvoirs surhumains.
Je hausse les sourcils. Je fais parti des personnes humbles de ce monde, à comprendre ma place, ma mission.

Je suis pas exceptionnel, mais j’ai la volonté de le devenir.
J’aimerai lui dire que j’en fais parti, mais j’ai les mains vides de toute arme, et les seringues empoisonnées, ça met trop de temps à agir. J’avais tout le loisir de me faire tuer avant même de voir le moindre tressaillement de justice. Je déglutis.

« Y en a, y en a ... »

Ma réponse est évasive, et c’est normal vu les fenêtres ouvertes. Je la vois partir sur la route, s’éclater au sol, et constater qu’elle n’était pas suffisamment honnête, intéressante ou même logique pour la conductrice. Je me demande pourquoi je lui tape la discussion. D’habitude, je me foutais à l’arrière avec mon téléphone et je leur parlais pas. C’était des êtres invisibles dont j’identifiais le visage uniquement aux notifications d’après, quand on me demandait un faible pourboire.

Je me questionne sur ceux qui étaient réellement bons en combat chez nous. Il y avait Isaac, vétéran de guerre, grand héros, et je l’imaginais victorieux sur les fronts, droit dans ses valeurs, juste dans ses idées. Elisheva était effrayante, mais elle avait cette détermination sans faille, des gestes précis, et une ligne de conduite si droite qu’elle ferait pâlir les autoroutes de notre pays. Castiel était mystérieux et tout le monde s'accordait pour dire qu'il était utile, alors que je me disais qu'il était drôle et divertissant. Même Sienna, qui avait le regard parfois ailleurs, avait les compétences et l'attirail des super-héroïnes de film, et son entraînement forçait le respect.

« Vraiment, il reste des gens profondément admirables, et je pense que sans eux, j’aurai assez peu d’espoir pour l’humanité … Enfin, j’en manque pas maintenant, je vis une belle vie, j’ai un nouveau travail, ma C O P I N E est absolument incroyable et … Mais j’ai peur pour l’Amérique à cause de ça. »

Je parais soudainement trop dramatique et je soupire en repensant au Cercle.

« C’est moins drôle mais sacrément plus chouette la vie quand on a des gens pour qui s’inquiéter. Mais c’est un peu angoissant donc c'est chiant. »

Je me demande pourquoi je raconte tout ça à une personne que je connais pas, et je mets quelques musiques au hasard sur mon téléphone pour changer l’humeur. Je devais avoir l’air aussi importants que mes collègues. C’était nécessaire et grave.

« Mais j’avais un meilleur pote qui était un véritable sauveur. Tu l’aurais bien aimé aussi. » J’ai de l’amertume dans la voix. « Mais je crois que c’est pas vraiment le sauveur que la Terre attendait. En tout cas, je pense surtout que j’attendais trop de lui mais que j’ai été déçu parce que je me faisais un film tout seul. »

Je déverrouille mon téléphone et je vais sur le panneau de configuration de la voiture. Elle est moderne. C’est au moins ce que je pouvais admettre : les véhicules Uber étaient bien équipés. Il y avait une option partage de médias et je m’en sers pour afficher une vague photo de Colton et moi, jouant dans un igloo qu’on avait construit il y a quelques années.

« Il faisait sacrément froid mais c’était marrant. Je crois que finalement, c’est pas si mal, les mensonges. »

rainmaker

Vroom Vroom

TW : insultes homophobes

Il regarde par la fenêtre, avec ses réponses pleins de mystères et de points de suspension, les yeux dans le vague et les cheveux roux aux vents. Je souris parce qu’il se croit clairement dans Evangelion, musique dramatique en fond, alors qu’il est à peine Ron Weasley dans Harry Potter et la chambre des Secrets. La scène devient encore plus risible quand la soundtrack change alors que je suis contrainte de rétrograder en seconde. Les spectateurs du stade ont envahi la rue et chantent, boivent et se battent au milieu de la chaussée. Quel dommage Ambrose : tu vas devoir passer plus de temps avec moi.

« Allez les bleus, on va gagner le foot, allez les pieds, ça va être super bien ! »

Tiens, pourtant l’équipe de Phoenix porte un maillot rouge ? Je vais essayer de deviner quelle équipe ils affrontent, ça sera toujours plus intéressant que d’écouter le rouquin me parler de sa C O P I N E . Je me demande comment une personne aussi méprisable, aussi sournoise et violente que ce petit clown génocidaire peut avoir trouvé une personne qui l’aime. Peut-être était-ce une désespérée qui utilisait leur Cercle ridicule comme un Tinder spécial pour abruti extra-violent. Peut-être que la pauvre fille ignore tout de la violence de son prince en béquille. Peut-être qu’une épée de Damoclès règne éternellement sur leur happy ending.

« LALALALA, la fête au rendez vous ! » « C’est moins drôle mais sacrément plus chouette la vie quand on a des gens pour qui s’inquiéter. » « LALALALA, la haine la peur écartez vous ! » « Mais c’est un peu angoissant donc c'est chiant. » « LALALALA, l’Arizona est debout ! »

Je souris. Déjà parce qu’il est tellement concentré sur son job de DJ de voiture qu’il semble ne pas entendre la foule qui ruine complètement son mood. Ensuite parce que ce qu’il dit n’est pas vraiment stupide. J’imagine un monde où je n’aurai pas à m’inquiéter pour la sécurité de Scylla. Certes, je dormirai mieux et j’aurai moins de travail. Mais jamais, jamais, je ne choisirai cette réalité alternative cauchemardesque tant l’amour de Scylla est la chose que je chéris le plus.

« Paris, Paris, on t’encule ! » Ah, ils jouent contre les Wildcats de Paris, la petite ville du Texas. « Phoenix, Phoenix, on t’encule ! » C’est bien : y’a une internationale du bon goût chez les spectateurs.

Je me retourne vers Ambrose quand il me parle de son ancien ami. Il a la voix pleine de chagrin et de souffrance. J’aurai presque pitié de lui et je ne prends aucun plaisir à entendre sa douleur. En fait, je crois que la présence de cet individu m’a vaccinée contre le plaisir pour quelques jours. Mais mon intérêt, lui, est là : si il l’a blessé, il est une porte. Ce type peut être ma porte vers le centre du Cercle, vers les faiblesses de l’étoile noire, il peut être…

« Colton ? »

Le nom de mon cousin m’a échappé. Qu’est-ce qu’un triton fait parmi les « sauveurs de la Terre » tant admirés par Ambrose ? Je dois me concentrer pour que le noir ne monte dans mes yeux et ma voix. Quand je pense que Veronika m’appelle la honte des Kerrias alors que ce mec traîne avec des chasseurs…

« Nique sa mère l’arbitre, nique sa mère l’arbitre, nique sa mère l’arbitre ! »

« Pardon, je crois que j’avais croisé un type qui lui ressemblait dans un accrobranche à Washington. » Je lui demande pas s’il aime les accrobranches, il pourrait me parler pendant quatre heures de comment sa C O P I N E et lui font des tyroliennes le mercredi après-midi et que c’est trop bien et que vraiment c’est…. « Mais, genre, comment il sauve le monde dans son igloo ? » Qu’est-ce que tu as fais, Colton ?

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

Putain de stade.
Putain de voiture.
Putain de code de la route.

Les supporters envahissent la voie et je tente de les ignorer. Mon histoire est largement plus singulière, intéressante et écoutable que les chants des supporters. D’un côté, je les envie pas mal. Moi aussi, j’aimerai bien aller au match pour pouvoir chanter des chants que je comprenais pas, que je connaissais pas. Je connaissais un peu le football américain, pour en avoir fait (mal) un peu, mais le football anglais … C’est de la connerie, c’est trop doux, trop calme, et un des gars a un chapeau avec deux pintes de bières de chaque côté et une tireuse dans la bouche.

Pratique, je pense.
« Quel connard. » je dis.

La conductrice semble écouter un peu plus ma formidable histoire quand je lui montre Colton. C’est vrai qu’il avait fier allure dans son igloo, et on avait fait des fondations en neige si épaisses qu’on aurait pu le faire encore plus haut. La flemme de l’alcoolémie et de la défonce nous avait contraint à créer des anges au sol, à défaut d’en être.

« L’arbitreeeeeee, enculééééé, y avait même pas pénoooooooo.
- Ouais, il bossait là bas un moment et …
- C’est à tribord qu’on chante qu’on chante c’est à tribord qu’on chante le plus fort !
- … Mais je sais pas trop ce qu’il branle maintenant …
- C’est à babord qu’on chante qu’on chaaaante c’est à babord qu’on chante le plus fort !
- … Je pourrais vraiment te parler pendant des heures de ce qu’on a fait pour sauver tout le monde et ...
- C’est tout le stade qui va s’enflammer ! »

C’est trop.

J’avais envie de casser le pare-brise, ou la fenêtre, ou le tableau de bord, ou les trois à la fois. Je me dis qu’avec le crâne, je pourrai briser la fenêtre passager, puis avec ma jambe le tableau de bord. Je commence à m’établir un plan astucieux dans ma tête quand un gars bourré commence à grimper sur le capot de la voiture.
J’allais avoir du retard pour faire les courses.
Nova-Blue n’allait pas être contente.
C’est inacceptable.

« Je te fais un virement de 1500$ et tu l’écrases. Je paie les frais d’avocat. » Je dis calmement et avec le plus grand sérieux du monde. « Je suis très sérieux, ma P E T I T E
A M I E va être absolument furieuse si je fais pas rapidement les courses et ça sera absolument horrible puis elle va crier puis m’engueuler puis me dire que je sais pas faire les courses alors que je sais mais juste je sais pas des fois et … PUTAIN. »

Bientôt, une horde de supporters danse dans un bus en face de nous, se jetant contre les parois pour tenter de le faire tomber.

C’est putain de trop.

« Preuve que ce putain de monde mérite doit être sauvé, je vais les éclater. Suis moi. »

Je prends ma béquille et m’apprête à sortir de la voiture pour aller étouffer deux trois poivrots. J’avais pas le temps, et foot ou pas foot, il fallait que j’aille faire des putain de courses.

rainmaker

Vroom Vroom

Il m’épuise. Il sait trop de choses, il dit trop peu tout en parlant trop. J’en ai marre. Il psychote sur les supporters (la vue d’autres mâles doit exciter ses hormones de compétition dans la bêtise brutale), sur sa nana, sur le monde. Il tourne en rond mais il tourne pas rond. Et maintenant il veut que leur roule dessus. Ivre de la gloire, de l’impunité qu’il croit détenir en bonus de son compte en banque, il veut écraser du supporter. Apparemment, la vue d’une cohue dans un bus le met complètement hors de lui. Je sais pas si c’est lié à ses convictions politiques (pourtant la droite est contre les transports en commun, non ? ) ou religieuses (peut-être que les bus sont sa version des vaches sacrées?) ou peut-être juste qu’il est con.

Le voilà en tout cas qui essaye de sortir, avec sa béquille à la main, comme s’il pouvait faire mal à quiconque dans cet état. Je lève les yeux au ciel puis ma voix vers lui. « Rentre et ne bouge plus. » La raison ne suffit pas avec lui, il mérite seulement l’hypnose. Je verrouille les portières et les fenêtres avec un bouton puis me concentre à nous sortir de la foule bruyante et indisciplinée des supporters de foot.

« Tu vois ? Pas besoin de violence. Y’aura pas non plus de violence avec ta nana parce qu’on va être à l’heure et y’aura pas de violence avec toi parce que tu vas me dire tout ce que Colton et toi avez fait pour « sauver le monde » »

Je me retourne vers lui avec un sourire. Le dernier. J’en ai marre de lui.

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

La portière grince quand je tente de l’ouvrir.
Soudainement, je me sens comme écoeuré par l’extérieur. Mes membres s’agitent tout seuls et je la referme aussitôt. C’était sûrement une mauvaise idée, et mon corps me le disait. Il y a quelque chose d’étonnant dans l’action, si bien que j’ai l’impression qu’on contrôle mon corps.
C’était peut-être un énième Miracle dont j’étais le témoin, après celui à la Nouvelle-Orléans et ma rencontre avec Eric. J’étais un merveilleux prophète et Dieu le savait. Sourire au visage, la situation me rendrait presque extatique si j’avais pas l’épée des matins gâchés et des courses mal faites qui planait au dessus de mon crâne. La cohue continue et j’aimerai en faire parti. C’était là bas que se passait les grandes choses, mais Il en avait décidé autrement. Plié à sa volonté, je la regarde chanter et danser en me disant que je pourrai faire parti de ce groupe, aussi ridicule soit-il.

Elle démarre.

« Tu vas les écraser, du coup ? » avec un sourire, celui de ceux qui ont l’impression de se faire écouter.

La foule se disperse autour de la voiture, et je me souviens qu’ils veulent sûrement pas se faire écraser, eux. La chauffeuse dit que la violence est pas nécessaire. Elle a raison. Néanmoins, le trajet semble soudainement calme, et je me demande quel type d’anecdote j’aurai à raconter pour justifier mon retard, maintenant.
C’était décidément, définitivement, absolument, absolument nul.

« Mais pourquoi tu veux savoir ? T’es intéressée ? Tu veux nous rejoindre , c’est ça ? Je comprends, tu servirais beaucoup plus qu’être chauffeuse. »

C’était un métier de merde, et c’est certainement pire quand les clients sont des gens comme moi.

« Considère qu’on est des sortes de flics, des militaires, des scientifiques, un peu de tout, et qu’on fait tout pour préserver les citoyens de ce pays de monstres capables de tout, prétendant pouvoir faire des choses absurdes. Je comprends que ça ait l’air incroyable, mais ... »

Je regarde le compteur. Elle n’a pas de portable installé sur le tableau de bord, contrairement à tous les Uber que j’ai déjà eu. C’est louche. Je fronce les sourcils, tandis que le brouhaha des klaxons revient rythmer notre balade.

« Mais reste à ta place. Et t’as pas l’air de savoir où tu vas. C’est de la merde, ton raccourci. »

L’heure défile, et l’anxiété se mêle à une sorte de colère. Je trouve ça injuste qu’on m’emmène pas faire les courses. Je me demande pourquoi j’ai pas un chauffeur muet, qui fixe son volant et qui fait son travail tranquillement. A la place, j’ai l’experte de la faune marine qui pose un milliard de questions comme une groupie.
Je finis par conclure que sa voix m’énerve.

« Je te mettrai aucune étoile sur Uber, vu comment c’est parti. »

rainmaker

Vroom Vroom

« Bien sûr que je veux vous rejoindre. »

Beurk, beurk, beurk. Mais il faut passer aux choses sérieuses.

« Tu crois que t’es le seul à avoir la clairvoyance de sentir que ces monstres seront notre fin à tous ? »

Beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk. Mais c’est la dernière occasion de le brosser dans le sens du poil. J’ouvre une boite à gant dissimulée devant lui et en sors un immense couteau que je pose sur ma jambe.

« Considère moi comme une scientifique, une flic et une militaire. » Je mens pas vraiment là. « Considère que je suis capable de l’absurde et que je cherche juste le bon camp. » Je mens toujours pas.

Je souris quand il s’énerve sur ma conduite.

« Ambrose… Tu as bien compris que je n’étais pas un Uber, quand même ? Mais ne t’inquiète pas, tu vas ramener tes courses à ta nana. Et encore mieux que ça : une nouvelle recrue pour votre croisade. »

Beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, beurk. Je passe sur une voix rapide, à 80 kilomètres par heure. Mon visage n’exprime plus de joie ou d’hésitation, seulement une violence pure. C’est ma dernière carte : soit le rouquin va reconnaître son reflet d’ultra-violence, soit il va se pisser dessus et je vais devoir laver mes sièges.

KoalaVolant

›

VROOM VROOM

Boy, you're in over your head
Think it's time that I call you a taxi

La voiture monte à 80km/h et mon crâne suit l’allure. Je tente de focaliser sur les informations et je me dis que c’est une méthode de recrutement étrange que de se faire passer pour un Uber. Je pense que les autres seraient très heureux que je ramène quelqu’un dans nos rangs. Néanmoins, on avait besoin de personnes qualifiés. Peut-être qu’elle pourrait servir pour détecter les personnes qui ont cette étrange maladie, des écailles de partout ? On donne des sérums pour les guérir, et je hausse les épaules tandis que le panneau du stade s’éloigne.

« On a un système de recrutement très précis tu sais. »

Je mens et c’est évident. La seule réalité est qu’on peut être sélectifs sur les motivations. Les taupes sont mal appréciées, et je jette quelques regards au compteur et à la carte de son téléphone qui s’éloigne progressivement de la petite banlieue de Phoenix. Est-ce qu’elle va m’emmener dans le désert jusqu’à que je dévoile les informations ? Je prends mon sac sur moi, et l’aura du chloroforme m’apaise. Je suis en danger.
Il faut mentir davantage. Je réfléchis aux vendeurs de porte à porte, et déglutit. Il fallait trouver une stratégie pour me faire sortir de là.

« Tiens, tu peux contacter ce numéro si tu veux. »

Je ris intérieurement et sort mon téléphone. Je regarde le numéro de Colton et le dicte à voix haute. Il aura des messages vocaux et des sms d’une fanatique étrange, je suis persuadé que ça le dérangera autant que ça l’amusera. Mon sourire se fait songeur quand je me dis que ça me ferait bien marrer d’apprendre qu’il l’a pas si mal pris et qu’il a trouvé ça sacrément drôle aussi.
Je soupire. C’est de la merde.

« C’est notre responsable d’embauche. Tu verras, c’est une personne très disponible et très compétente, hésite pas à lui dire tout ce que tu as fais et de lui parler de moteurs et de faune marine et de … Trucs … »

On file, on file, et je commence à avoir mal au coeur en voyant les paysages plus désertiques se profiler. Mon angoisse monte proportionnellement avec ma sale envie de me retourner et de ramener suffisamment violemment une béquille contre moi pour l’assommer, la fausse conductrice Uber.

« Par contre je dois vraiment mais VRAIMENT aller faire des courses. Et c’est pas ma nana c’est ma copine. » je grogne comme un roquet qui se voudrait berger allemand.

Je disais nana pour les petites amies de mes potes sans soucis. Je tire la gueule quand on parle de ma NB comme ça. Alors, lentement, je commence à me connecter à l’enceinte Bluetooth de la voiture, prêt à en démordre pour sortir de cet enfer. Si le mensonge ne fonctionnait pas, j’allais devenir le passager Uber le plus pénible de tous les USA.
Rien à battre qu’elle me mette une étoile sur l’application.
Il n’y avait plus d’application.
Et elle se mettait entre le Seven Eleven et moi.

rainmaker

Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom

Re: Vikrose (mini) / Vroom Vroom