Haut les coeurs. 〗Nova-Blue & Seth

Haut les coeurs.

Nova-Blue | Seth

Tu te demandes ce qui fait qu’une journée banale va devenir une bonne journée. Est-ce-que c’est le rayon de soleil qui vient t’effleurer le visage juste avant que ton réveil sonne ? Le refrain fou d’Evanescence que vous vous plaisez à chanter ? Est-ce-que c’est de te retourner et de dévisager Ambrose, avec un sourire sur les lèvres, heureuse et surprise à la fois qu’il soit encore là chaque matin ? Est-ce-que c’est le café que tu prends, à peine levée, en pyjama ? Le plancher de l’appartement qui craque sous tes pieds encore nus ? Le tissu qui épouse ta peau au moment de la revêtir ? Les yeux que tu fixes, en silence, dans la glace de la salle de bain, en attachant ta queue de cheval pour partir à ton entraînement ? Le sourire qui flotte sur ta gueule quand tu lui glisses un bonne journée avant de refermer la porte, certaine qu’elle se ré-ouvrira puisque tu en détiens la clé ? Est-ce-que c’est l’entraînement de gym, qui se passe tout comme tu voulais ?
Tu sais pas, en fait.
Y a pas moyen de prédire ce qui fait une bonne journée, ce qui fait une mauvaise journée. Au moment où t’ouvres les yeux, t’as aucun moyen de savoir si l’univers voudra gagner la palme du pire endroit au monde ou si tout ira parfaitement. Sans anicroches, sans étincelles, si la journée te déroulera un tapis rouge pour y marcher -peut-être la seule occurrence de couleur rouge qui fait plaisir. Souvent, tu pariais sur le pire, cynique, désireuse de prouver que t’avais tort d’avoir raison. Souvent, le pire te le rendais, te servais des journées trop mornes, des gens qui prenaient tout le trottoir en marchant un peu trop doucement, des pouffes qui gloussaient sous tes yeux avec leurs petits regards en coin. Souvent, t’avais arrêté d’espérer que ta journée soit bonne, Nova, tu te contentais de passable ou éventuellement de plausible.
Et pourtant. Pourtant, ça fait quelques semaines que tout le monde semble s’insurger, mais toi tu roules dans les étoiles, croquant toutes les constellations comme une immense barbe à papa collant à tes grandes dents d’ogresse pour ne plus jamais les lâcher. Pourtant, alors que tout semble trembler et que le monde change bien trop vite, tu glisses dans une douceur propice à ce que tu voulais, Nova.
Pourtant, t’as presque envie de faire tes souplesses dans la rue, à même le trottoir dégueulasse, pour que Phoenix toute entière réalise que t’es à ta place.

Un éclair roux fauche tes prunelles, le genre que tu relèves, maintenant, comme si c’était une évidence. Ça pourrait s’en arrêter là. Après tout, ce n’est qu’une couleur ; même si tu l’as apprivoisée, les autres peuvent l’utiliser. Ils restent moins heureux que toi.
Un éclair roux fauche tes prunelles, et ça pourrait s’en tenir là, n’être qu’un visage dans la foule des passants de l’Arizona. Mais ce n’est pas juste un visage, ce serait trop simple, Nova-Blue. Ce visage-là, tu le connais. Tu en as tracé les contours, tu en as embrassé les lèvres, tu en as frôlé les paupières. Tu as dormi contre ce cou, gémi les mains dans ces cheveux, et habitué ces prunelles à te regarder dignement. Tu sais plus ce qui s’est passé, à quel moment tout s’est mué en poison et en vives colères. Tu sais juste qu’il t’avait quittée, encore, et tu sais plus pourquoi. De toute façon c’est récurrent, le retour à la case départ. Si on était au Monopoly, tu gagnerais 2000 dollars à chaque fois que tu y retombes ; mais c’est pas le Monopoly, et à chaque fois que tu te fais larguer t’as juste plus de sel sur les lèvres et plus d’amertume dans le cœur.
Tu pourrais détourner les yeux et simplement passer ta route.
Mais ce matin, y avait un rayon de soleil sur ton visage, la chaleur d’Ambrose dans ton dos, le café était délicieux et t’as déchiré l’entraînement. Alors t’as strictement aucune raison de laisser passer ce visage, le laisser disparaître au loin alors que tu pourrais l’écraser dans ton bonheur pestilentiel et lui faire regretter les mots trop durs qu’il t’avait balancés.
Alors tu t’arrêtes, face à lui, face à ces traits si familiers au cœur d’une Phoenix estivale et tu tapes ton meilleur sourire pour qu’il en devienne ébloui.
« Jude, hey ! Ça fait longtemps ! »

code by underratedboogeyman