Teach me how to fight, I'll show you how to win || Valkymis I

Physiquement, Valkyria a changé, et le constat n'est pas fameux. Son œil acéré parcourt rapidement les lignes de son corps amaigri, ses épaules plus fines et ses côtes, visibles. Nerveusement, elle fait tourner la bague en obsidienne autour de son majeur ; même ses doigts se sont amincis. Entre le manque d'exercice et les repas qu'elle prend de façon très aléatoire depuis des mois, elle aurait dû s'attendre à ce que les conséquences se fassent ressentir à un moment où l'autre. Ce combat ne va pas être une partie de plaisir : la dernière fois qu'elle est venue, elle était en bien meilleure condition physique qu'aujourd'hui, et pourtant elle est quand même repartie avec la cuisse découpée. Les petites marques des douze points de suture sont encore bien visibles sur sa peau et le souvenir, désagréable, lui fait pincer les lèvres tandis qu'elle attrape ses vêtements pour le combat. Il se trouve qu'elle n'a pas prévu de combattre en petite culotte.

Quand la Dragonne entre sur le ring sous les cris d'une foule qui, plus que jamais, doit avoir besoin d'un exutoire, elle s'efforce de rester concentrée. Ses yeux se posent sur la silhouette qui s'avance depuis l'autre côté de la scène improvisée, et elle fronce les sourcils. Cette démarche féline lui évoque quelque chose de très désagréable sans qu'elle ne soit capable de remettre le doigt dessus ; du moins, pas avant de découvrir le visage de son adversaire. « C'est une blague, gronde-t-elle, comptant sur les cris de la foule pour couvrir sa propre voix. »
D'abord, elle est furieuse ; qu'est-ce qu'elle a donc bien pu faire dans sa vie pour manquer de chance à ce point ? Réalisant que la réponse à cette question n'est pas difficile à trouver, la combattante préfère se dire qu'elle tient là l'occasion de prendre sa revanche. Pour peu qu'elle reste concentrée, et pour ça il faut qu'elle se calme. Calme, répète-t-elle en faisant tourner son catalyseur sur son doigt. Mais si cette garce qui a osé la vaincre déjà une fois lui demande comment va sa cuisse, elle lui fait la peau.

i'll show you how to win “Put me to the test I'll prove that I'm strong Won't let myself believe That what we feel is wrong The pictures come to life Wake in the dead of night Open my eyes I must be dreaming Clutch my pillow tight Brace myself for the fight”

   

   

Tout, plutôt que de se laisser un seul instant de silence.

De la musique, aux décibels beaucoup trop forts. La télé, toujours allumée, même quand elle dort. Mais surtout, la clameur de la foule. C’est à l’Hydra qu’Artémis a trouvé refuge, dans cet endroit souterrain où elle est longtemps allée pour rire, pour semer un peu de chaos et faire ses preuves. Mais depuis quelques semaines, elle vient pour frapper, elle vient pour hurler, parce qu’ici personne ne lui posera de questions. Et surtout, personne n’aura l’audace de se taire. Foule hargneuse parfois, enivrante toujours. Les cris, les excès, les émotions exacerbées qui prennent les pas sur ce qui lui appartient à elle. Elle vient pour que les battements de cœur des autres masquent le silence du sien. « C'est une blague » La zouwu n’a même pas regardé le visage de son adversaire – au bout d’un certain temps, ils se mélangent tous. Doigts enroulés autour des cordes, cernes creusés à la pelle et à la pioche sous ses yeux bleus, elle désigne la future victime d’un bref signe du menton. « Tu me dis quelque chose, j’t’ai déjà battue non ? » Dans une autre vie, sûrement, quand les couleurs existaient encore, quand le monde avait encore un peu de sens. Artémis pourrait railler, taquiner, mais elle ne sait plus faire. Sa voix est blanche et ses phalanges aussi. « J’avais demandé à River de me trouver quelqu’un de coriace, mais bon j’imagine que tu feras l’affaire, j’ai pas le temps » Pas le temps de lutter, pas le temps de s’arrêter, il faut continue, courir jusqu’aux confins de la terre où jamais son chagrin ne saurait la rattraper.  
   

   

CODAGE PAR AMATIS