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Ciarán Cearbhall
Ciarán Cearbhall
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Pseudo / Pronoms : evy / elle
Messages : 173
Âge : trente-sept ans
Nom rebelle : Bagdad
Nombre de dés : cinq dés eau + un dé terre
Résidence : seattle, au plus près de l'eau
Profession : scénariste spécialisé dans le cinéma surnaturel
Faceclaim : sebastian stan
Pouvoirs/capacités : nymphe lié à l'élément de l'eau, maîtrise également la terre depuis plus récemment
Crédits : inthebleakmidwnter (avatar) adamantium (aesthetic), magma. (code signa), aithusa (crackship)
Disponibilité RP : disponible ◑
Multicomptes : rhea, scylla, daesyn, raina, abraxas, chiara, artemis, sheva & beatriz
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Lun 14 Mar 2022 - 17:17
it all went up in flames

“Someday, I'm gonna live
In your house up on the hill
They're gluing roses on a flatbed
You should see it, I mean thousands
I grew up here, 'til it all went up in flames
Except the notches in the door frame”

   

   
Il sait qu’il risque sa peau en venant ici, mais est-ce qu’il est vraiment à ça près?

C’est peut-être même pour ça que Ciarán vient ce soir. Parce qu’il en peut plus des bois et que rien n’a plus vraiment de sens. Est-ce que ça compte, s’il se fait coffrer et foutre en taule, ou pire? Est-ce que le bar est vraiment assez sécurisé, pour échapper au radar des forces de l’ordre? Il voudrait penser que oui, parce qu’il est pas encore parti au point de ne plus penser qu’à sa gueule, et s’il ne rentre pas, Caelan se mettra en danger pour le retrouver. Ils ne sont plus que deux, ils ne peuvent pas se perdre. Ciarán a promis qu’il rentrerait, mais il a jamais précisé dans quel état.

Ils ne sont pas beaucoup, dans ce bar. Déjà avant l’été c’était un endroit un peu méconnu, où les bières sont chères et où ils font le ménage une fois toutes les trois pleines lunes. Mais un endroit safe néanmoins, un endroit de rassemblement pour les surnaturels ; Casey, Caelan et Ciarán y sont déjà allés une seule fois, ensemble, pour soutenir leur communauté pour un quelconque événement, mais le nymphe n’en a plus aucun souvenir. Il ne sait pas trop pourquoi c’est à cet endroit qu’il a pensé, lorsque le bois dans lequel ils se sont installés avec son petit frère est devenu étouffant. Mais il est là, et sa voix n’a même pas tremblé quand il a commandé une vodka double avec glaçons, qui trône désormais devant lui, sublime tentation qui le nargue et trace son nom sur le verre trouble.

Dos rond, presque affalé sur le bar, il n’a pas remarqué tout de suite la silhouette installée près de lui, à deux ou trois mètres. Le nymphe voit mal, avec cet éclairage tamisé à la con et le chagrin sec qui colle ses paupières, mais il lui semble voir l’inconnu lui sourire. Foutrement incapable de lui rendre la pareille, Ciarán se contente de frotter sa main sale sur ses yeux pour les réveiller, et ainsi distinguer les contours du visage de la pauvre âme qui a osé exister dans la même sphère astrale que lui. « Tu me rappelles quelqu’un, on s’est déjà vus non? » il grommelle sans enthousiasme. Il en est quasi sûr, mais pas assez dynamique pour demander d’où, de quand, comment. Comme le fait de risquer sa peau, finalement, ça non plus ça n’a pas beaucoup d’intérêt.

Entre ses doigts, il fait tourner un jeton un peu cabossé. Un jeton en étain, avec le chiffre trois gravé dessus. Il se souvient parfaitement de la soirée où il l’a eu ; ses frères l’avaient attendu à la sortie de son cercle de parole pour fêter ça à grands coups de Perrier citron. Trois. Comme trois ans de sobriété, comme trois frères, aussi. Trois frères qui ne sont plus que deux, et l’idée qui lui est parfaitement insupportable. D’un geste sec, il fait glisser le jeton sur le comptoir en direction de son compagnon d’infortune. « Tiens, c’est cadeau. J’en ai plus besoin. » Ce chiffre trois ne veut plus rien dire. Et comme pour sceller son cercueil pour de bon, il lève son verre avant d’avaler sa première gorgée de vodka, son gosier allume un brasier pour l’accueillir comme une vieille amie. Une main tendue vers le précipice.
   

   
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Sam 9 Avr 2022 - 23:45
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It all went up in flames

Je ne sais pas ce que je fais ici, dans ce bar crasseux où les surnaturels se retrouvent. Ou plutôt, je ne veux pas me l'avouer.
Mes pas m'ont mené ici, presque contre mon gré. Comme si ma boussole interne pointait encore et toujours vers Odalie, cette sirène avec laquelle je m'imaginais un futur mais qui m'a relégué au rang de relation passée. Je savais qu'elle ne reviendrait pas au bar où on s'était rencontré.es, mais je me suis dit qu'elle connaissait sans doute ce bar où les surnaturel.les étaient les bienvenu.es. Qui sait, peut-être qu'elle y viendra à la recherche de sa prochaine conquête et que nos yeux se retrouveront, ainsi que nos coeurs.

Mais au fond de moi, je sais que ça n'arrivera pas. La sirène n'est pas là, et elle n'a de toute façon plus envie de me voir. Je m'assois au bar sans enthousiasme et commence à fixer les alcools. Je me sens si mal que j'ai envie de briser ma règle de sobriété, mais je pense à mes patients demain et à ma journée de douze heures qui m'attend. Je n'ai aucune envie d'avoir la gueule de bois.

Douze heures demain… mais qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que j'attends ? Il faut vraiment que j'accepte que je n'étais rien de plus qu'une parenthèse dans sa vie, et que je retourne à la mienne.

Alors que je me lève pour partir, je vois un homme accoudé au bar, ou plutôt affalé dessus. Je plisse un peu les yeux pour mieux voir ses traits, car il me dit quelque chose. Il a vieilli, et une aura de mort plane sur lui, une aura particulière : pas celle de quelqu’un qui va mourir, en tout cas pas dans les prochaines minutes. Mais celle de quelqu’un suivi par la mort, d’une certaine manière. Je ne sais pas ce que cela veut dire, et je me souviens que cette aura, je l’ai déjà rencontrée, et que je m’étais posé la même question.

Ciaràn.

Un homme que j’ai rencontré lors d’une journée d’orientation à l’université de Duke, alors que je m’intéressais déjà aux études de médecine. Ma vie me semblait déjà toute tracée, à l’époque. J’allais rendre fiers mes parents. J’allais étudier tellement sérieusement que j’allais devenir le plus jeune médecin des Etats-Unis. J’allais me marier jeune et mener une vie tranquille avec mon adelphe et mes ami.es. Puis la guerre est passée par là, et la réalisation que je ne voulais pas rendre fiers mes parents, pas après tout ce qu’ils avaient fait. Quant à la vie tranquille… j’ai cru que j’allais enfin l’avoir avec Odalie, mais les choses ne se sont pas exactement passées comme je le voulais.

Il entame la conversation et je lui souris. Je me souviens qu’il m’avait impressionné quand j’étais jeune. Il avait l’air cool, au-dessus de tout, de la vie, il avait l’air de faire ce qu’il voulait. C’était quelque chose qui me paraissait si antagoniste à tout ce que j’étais que ça m’attirait presque vers lui. Et cette aura… Mais maintenant, lui aussi est venu à ce bar, avec la même mine déterrée que je dois arborer. Peut-être qu’on est pas si différents, finalement.

Ouais, on s’est rencontrés à l’université de Duke y a… longtemps. C’était une journée d’orientation. Tu m’as parlé des études de médecine.

Je le détaille un peu, timidement. Je me demande ce qu’il a fait de sa vie, s’il a réussi ses études, s’il est heureux.

L’objet qu’il me glisse me donne la réponse. Je l’attrape et le fait tourner entre mes doigts. Je reconnais ce type de jeton : un jeton de sobriété. Des patients m’en apportent régulièrement après avoir touché le fond et m’avoir trouvé en chemin. C’est quelque chose qui me touche toujours, et me motive toujours à rester loin de la moindre goutte d’alcool. Mais apparemment, Ciaràn a perdu cette motivation, et je le regarde avec une tristesse à peine dissimulée. Je fixe son verre.

Ca fait vraiment du bien, ça ? De boire ? Est-ce que ça fait oublier la solitude ?

Je n’ai pas de honte à l’avouer. Je suis au bord du précipice.

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Ciarán Cearbhall
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Jeu 2 Juin 2022 - 17:30
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Duke. Les études de médecine. Ciarán laisse échapper un petit rire sans joie. Ça date presque d’une autre vie – il était encore tout seul, persuadé de passer sa vie à filer droit, à aider les autres. C’est à crever de rire, vraiment, quand on voit à quel point il a réussi à foirer ça aussi. « J’espère que tu t’en es mieux sorti que moi parce que ça m’a pas trop réussi, la médecine » Moi j’ai réussi qu’à foutre les gens en l’air, pas les réparer. Mais ils ont la même poussière sur le visage, celle qui s’accroche aux corps les plus fatigués, les plus immobiles, les plus las. Ils ont le même désespoir en commun, c’est celui d’être là.

Le nymphe pourrait s’offusquer du regard que le gars – Gabriel, ça lui revient – lui lance. Il déteste l’éclat de pitié qu’il décèle mais doit bien admettre qu’il est effectivement pitoyable, et il n’a pas assez d’énergie pour s’énerver, juste assez pour se morfondre et décocher des sourires désabusés. Est-ce que ça fait oublier la solitude ? La question est empreinte de tant d’innocence que Ciarán y réfléchit presque sérieusement. « Rien ne fait oublier la solitude. » L’amertume sous sa langue prend presque le pas sur celle de l’alcool, pourtant c’est sûrement la chose la plus vraie qu’il ait dite ces dernières semaines. La solitude reste là, comme une ombre, accrochée à son dos avec ses longs bras décharnés enroulés autour de son cou, tirant en arrière pour le faire trébucher. C’est bon, le nymphe a retenu la leçon. Il a voulu jouer, jouer avec la vie, avec le destin, avec le feu, mais il sait désormais qu’il ne pourra jamais gagner.

Il détaille le visage de Gabriel, sans parvenir à déchiffrer son expression, trop conscient du verre froid entre ses paumes tremblantes. Il n’a jamais été aussi près du bord, bras en croix prêt à sauter dans le vide. Mais cette fois, il a encore une minuscule petite chance de ne pas entraîner quelqu’un dans sa chute. « Non, ça fait pas du bien. Ça empire tout. Ce qui fait du bien c’est l’impression de toucher le fond, ça a quelque chose de rassurant, de savoir que c’est bon, tu ne peux pas tomber plus bas. » Ciarán ne le regarde pas quand il parle. Il fait tourner le liquide cristallin, comme en espérant y déceler les réponses aux questions impossibles à formuler. Il cille, une fois, deux fois, puis lève les yeux pour croiser les prunelles vertes de Gabriel. L’espace d’une seconde, la musique du bar semble s’évanouir. « Mais si t’es pas encore tout à fait au fond… Arrête toi là, ça vaut pas la peine. » Quand il lève son verre pour le porter à ses lèvres, ses mains ont arrêté de trembler.
   

   
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Sam 20 Aoû 2022 - 17:05
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It all went up in flames


J'esquisse un sourire en me rasseyant. J'ai envie de continuer à discuter avec Ciaràn. Il me rappelle le passé, mon moi du passé, cet enfant qui regardait la vie avec de grands yeux écarquillés et le monde comme s'il allait le sauver.

Je ne sais pas si la médecine m'a réussi. J'ai envie de répondre oui, bien sûr, de répondre que c'est le plus beau métier du monde, que je sauve des gens et que pour ça, je ne compte pas mes heures. C'est ce que je vis, mais je suis aussi ici, seul, avec des cernes de trois kilomètres et une motivation en berne.

J'ai réussi les concours de médecine, en tout cas, mais je ne sais pas si la médecine m'a réussi. Je suis seul ici, après tout.

Et il avait l'air seul lui aussi, et la curiosité me tenaille le ventre. J'ai envie de lui poser mille questions, de savoir quelle est cette mystérieuse aura qui l'entoure, de savoir ce qu'il fait ici et pourquoi il rompt ce serment qu'il s'était fait à lui-même de rester sobre. Je me souviens du crush que j'avais eu sur lui, quand on s'était connus, durant cette autre vie qui nous paraît si lointaine à tous les deux. Un de mes premiers crushs sur un garçon, qui m'avait fait me poser un milliard de questions. Je souris de nouveau en y pensant : ma sexualité est aujourd'hui le dernier de mes soucis, puisque j'ai l'impression qu'importe la personne que je choisis, je finis le coeur brisé.

Qu'est-ce que je fais là alors, si on ne peut pas oublier la solitude ? Pourquoi est-ce que je me suis rassis ? Peut-être parce qu'aux côtés de Ciaràn, je me sens un peu moins seul. Misery loves company.

Je sais pas si je suis au fond. Je fonctionne encore, je peux encore travailler et être utile. Mais je ne sais pas ce que c'est que le fond, si ce n'est pas se sentir comme ça, aussi... mal.

La musique semble s'évanouir, les cris des gens alcoolisés semblent se transformer en murmures quand je vois le bel homme porter le verre à ses lèvres. Le temps semble suspendu, et je ne sais pas si je dois l'arrêter ou le rejoindre. Je ne sais pas, mais qui suis-je pour l'arrêter ?

J'aurais pu passer du temps avec mon adelphe, avec mes ami.es, avec mes protégé.es. J'aurais pu faire tout autre chose que poursuivre une sirène devenue chimère.

Mais là, j'ai envie de céder.

Si tu touches le fond, je te rejoins.

Je prends le verre de Ciaràn, le frôlant au passage et ma peau semble brûler.

Je bois le verre cul sec.
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Mer 1 Fév 2023 - 17:48
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C’est effrayant la facilité avec laquelle le geste est revenu, le mouvement machinal et délicieux du verre qui remonte aux lèvres, la douce et déchirante ivresse. Il se dit que c’est peut-être l’alcool qui le rend aussi aveugle au désespoir de celui qui l’accompagne, parce qu’il aime à penser qu’il est meilleur que ça d’habitude. Mais la tristesse rend égoïste, et le désespoir a de particulièrement embêtant qu’il aime être partagé.

La porte rouillée claque contre le mur en briques alors qu’ils sortent tous les deux dans l’allée, encore hilares des plaisanteries éméchées échangées à l’intérieur. Il ne fait pas encore si froid dehors, et Ciarán enlève sa veste sans ménagement, soudainement brûlant face à la douceur de la nuit. Il la fixe un moment sur cette rambarde en fer, bien conscient du fait qu’il y a une chance sur deux pour qu’il l’oublie en partant. Mais sur le coup, ça n’a pas l’air grave. Là tout de suite, rien n’a l’air grave. Il avait presque oublié les effets incroyables de cette potion magique. « C’est dommage qu’on ne soit pas restés en contact à l’époque. T’es plutôt sympa. » il balance en s’appuyant contre le mur, genoux légèrement fléchis et sourire détendu aux lèvres. Bien sûr, ce qu’il ne dit pas, c’est que c’est à partir de là que tout a commencé à se casser la gueule et que Gabriel a plutôt bien fait de ne jamais lui écrire. Ou peut-être qu’il l’a fait et que Ciarán n’a jamais répondu ? Lui a-t-il seulement donné son numéro ? Les détails sont flous – ils sont flous parce que ça fait quasi vingt ans et que le scénariste a l’impression d’avoir vécu mille vies entre temps, et tout a l’air fictif. Il se sent comme un protagoniste de l’une de ses histoires, bloqué sur un plateau de tournage alors qu’il ne connaît pas ses répliques. « Mais on est là maintenant » il souffle tendant un bras incertain pour attirer Gabriel à lui. Il est quasi sûr d’avoir déjà foutu ça dans un scénario mais il ne s’en préoccupera pas avant le lendemain. Plutôt crever ce soir que de se préoccuper de quoi que ce soit avant le lever du soleil – de toute manière, il ne pourra pas aller bien loin avant d’être rattrapé par son destin.
   

   
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Dim 30 Avr 2023 - 23:16
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It all went up in flames

Je ne compte plus les verres, même si les prix de Washington ne donnent pas envie de se laisser aller à une nuit de beuverie. Mais je suis autant plongé dans mes verres que dans le sourire de mon partenaire de misère, et j’ai une petite fierté qui me tient le coeur à chaque fois qu’il rit à l’une de mes blagues que je n’aurais jamais osé faire sobre.

Lorsque l’on sort, ma tête brûlante diffuse de la chaleur dans tout mon corps et je ne mets pas ma veste,  que je laisse pendre machinalement à mon épaule. J’ai un peu honte : je ne suis pas en tenue de sortie, j’ai un simple T-shirt au col en V que j’avais mis sous ma blouse de médecin. J’ai rarement honte de mes vêtements d’habitude, mais ce soir, je me surprends à vouloir plaire. À vouloir lui plaire.

On avance un peu dans la ruelle, jusqu’à trouver une petite rambarde qui donne une vue sur l’Anacostia Park et la rivière. Même s’il fait nuit, on discerne un peu les lumières des lampadaires dans le parc, qui se reflètent faiblement dans l’eau. Pour la première fois depuis longtemps, je suis capable de seulement apprécier l’instant sans trop penser, sans paniquer, sans penser au futur et à ma solitude. Est-ce l’effet de l’alcool ou de la présence de Ciaràn à mes côtés ?

Une vague de chaleur empourpre mes joues et mon coeur au compliment du bel homme. La vérité, c’est que je n’avais pas osé demandé son numéro, à l’époque. Je me sentais trop gauche, trop empoté, trop jeune. Je ne savais même pas pourquoi je voulais rester en contact, pourquoi je voulais son amitié, pourquoi je voulais qu’il me touche, pourquoi je voulais que l’on soit proches, plus proches.

D’habitude, j’aurais gardé tout cela pour moi. Mais l’alcool dépasse mes pensées. Enfin, les mots dépassent mes pensées, qui n’ont elles-mêmes plus de suite logique.

En fait, j’ai jamais osé te demander ton numéro. Pourtant, je voulais. J’imagine que j’étais pas assez sûr de moi.

Je ne sais pas si je suis sûr de moi, à présent. Sans doute pas. Mais je suis plus sûr de ce que je veux, là, maintenant. Son corps contre le mien.

Je prends son bras tendu comme une invitation, et je m’approche de lui, le souffle court, la tête encore plus brûlante qu’avant. Je ne fais pas ça, d’habitude. Je ne voulais pas laisser partir Odalie. Et je ne veux pas le laisser partir, lui. J’ai l’impression que l’occasion manquée d’il y a vingt ans de lui demander son numéro m’a amené ici, et maintenant, comme si les étoiles faibles de Washington approuvaient ce qui se passait entre nous. Je penche légèrement la tête – on était déjà si près – et quand nos lèvres se rencontrent, je ne veux plus qu’elles se séparent.

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