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Nous sommes en 2022 I'm in a new hell every time / Kotabriel 1639275293 La période jouable actuelle va du 30 septembre 2022 au 30 novembre 2022 I'm in a new hell every time / Kotabriel 1050276528
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Dakota Williams
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Dim 20 Mar 2022 - 1:23

I’m in a new hell everytime – Kotabriel



Assise sur ma valise, je me dis que je peux au moins gagner le concours de regards avec la porte d’entrée puisque Gabriel semble décidé à ne jamais rentrer. Mais alors que je la fixe avec un sourire triomphant, j’ai l’impression d’entendre la poignée me dire que je la battrai peut-être, mais que j’avais déjà perdu au jeu de notre relation. Je me lève brusquement avec rage avant d’étouffer un cri de douleur. Je sors juste d’un combat, il est deux heures du matin, je suis debout depuis bien trop longtemps et ça fait presque 48h que j’ai pas vu l’homme que j’aime.

C’était mon apothéose ce soir. On devait se retrouver au Capital One Arena Après des années à galérer dans les milieux plus ou moins clandestins de street-fight de l’Arizona et de la frontière mexicaine, j’avais fini par me faire une place dans la MMA à Washington. La putain de capitale du pays et j’étais peut-être pas le main event mais j’avais un job où on me respectait, où j’étais pas juste payée selon la taille du décolleté de ma brassière mais selon la qualité de mon match. J’étais peut-être pas encore Ronda Rousey ou Muhammad Ali mais ce soir mes yeux avaient brillé en voyant l’étoile que j’espérais pouvoir devenir. Le public avait hurlé quand ma musique avait retenti. Tous mes coups avaient été justes, comme à l’entraînement, mon adversaire n’avait aucune chance. Et quand l’arbitre nous avait séparées en proclamant ma victoire, la furie de la foule faisait écho à la mienne. Je me suis élancée hors de la cage, la ceinture bien haute, vers les sièges VIP. Mais la place de Gabriel était vide.

Il en a rien à foutre. Il en a jamais rien eu à foutre. Entre son adelphe, son coven et son job j’ai à peine quelques créneaux mensuels où monsieur tolère de me voir pendant une dizaine de minutes. Je suis pourtant une forte avocate de l’indépendance dans les relations amoureuses, j’admire l’objectif de leur organisation, je ne peux qu’envier sa relation à Morgan et je consulte assez de médecins pour reconnaître l’importance de son métier. Mais il y a des limites à toute patience. Il y a des frustrations que je ne peux supporter. Je suis pas un simple plat de pâtes surgelées qu’il peut garder bien conservée pour quand lui a besoin d’amour et de réconfort. Je suis pas un trophée aux cheveux bleus qui peut survivre sur une étagère sans aucune considération, sans aucune attention. Et il a déjà eu ses avertissement. C’est fini.

La porte s’ouvre et il a l’air aussi pâle que sa blouse. S’il croit que ça va suffire à calmer ma colère, il s’est trompé d’appartement. Je commence avec une voix doucereuse. « Une dure journée au bureau, mon chéri ? Tu veux une bière et ton journal pendant que je prépare la dinde peut-être ? » Je ris un peu, sans camoufler aucunement ma méchanceté. « Je vais pas te fatiguer plus longtemps, faudrait pas que tu sois en retard au boulot demain, ils t’attendent et comptent sur toi, pas vrai ? Je me demande quelle sensation ça peut être, de pouvoir encore te faire confiance. J’ai oublié, honnêtement. » Je prends ma valise dans une main, ma ceinture dans l’autre. « Je te gênerai plus. Je trouverai un hôtel, privilège de championne. » Je lève ma ceinture vers lui, mon titre, ma victoire. Jamais elle ne m’a semblé aussi vide de sens.

KoalaVolant
@Gabriel Hayden Crowley
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Dim 17 Avr 2022 - 14:57
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I'm in a new hell everytime

You should be here, should be with me tonight
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La buena vida, la buena vida,
¿Donde está?


Enfin, la douleur qui m’écrase la poitrine depuis ce qui semble être une éternité s’envole. Mon patient est hors de danger. Je m’essuie le front avec mes mains pleines de sang dans une tentative de reprendre un peu mes esprits. Mais quand mon poignet passe devant mes yeux, je vois l’heure. Une heure du matin.

Concentré, je n’ai pas vu le temps passer. Je voulais juste que ce sentiment de mort s’envole enfin et que cet homme que j’avais devant moi soit hors de danger. Une soirée comme les autres, finalement, mais j’ai promis à Kota de venir voir son match.

Une collègue me pose la main sur l’épaule pour me signifier que c’est la fin de mon shift, et qu’elle prend la relève. « Rentre chez toi, Gaby ». Elle a raison, et je me regarde dans la glace en me lavant les mains dans les toilettes pour les employés de l’hôpital, mon petit rituel avant de partir. Pour éviter de ramener des germes chez moi, bien sûr, mais aussi pour essayer de me laver de tout ce que j’ai vu pendant la journée, rentrer chez moi et être un bon copain pour Kota et un bon frère pour Morgan. Mais cette technique n’a pas encore prouvé son efficacité.

En marchant jusqu’à mon appartement, je ne sais pas ce qui m’attend quand je rentrerai. Kota sera sûrement déçue que je ne sois pas venu. Je me demande vaguement comment son match s’est passé, si elle n’est pas trop ecchymosée. Je commence à réfléchir si nous avons assez de crème Arnica à la maison, s’il me reste suffisamment d’énergie pour tenter une onde guérisseuse sur elle. Je pense qu’elle sera déçue que je ne sois pas venu, mais je me dis qu’elle comprendra quand je lui raconterai la journée que j’ai eu, le nombre d’accidents de voiture que j’ai eu à gérer, les accouchements compliqués etc. Elle m’aime, après tout.

Et je l’aime aussi, Dakota Williams. Elle m’emmène toujours dans le tourbillon coloré qu’est sa vie, sa personne. Elle seule sait comment me réparer le cœur puis le briser. Elle sait me faire danser, puis me faire pleurer. Elle m’entraîne dans ses réussites et m’aspire dans ses défaites. Elle est ma vie, même si j’ai l’impression que ce n’est pas assez pour elle, puisque ma vie, c’est aussi mon métier, ma famille, mon coven. Je ne peux pas m’en détacher, même pour la femme de ma vie.

C’est avec appréhension que j’ouvre la porte de notre appartement, car je crois entendre un cri étouffé. Je pâlis quand je vois quelle version de Dakota je trouve ce soir.

Son ton acerbe me transperce le cœur. Je ne comprends pas tout de suite où elle veut en venir. Je ne lui ai pas demandé de dinde et je ne bois pas de bière. Je fronce un peu les sourcils pour essayer de rassembler mes neurones épuisés et m’assois dans un fauteuil. Je comprends que le problème est plus profond et je soupire.

Je suis désolé de ne pas être venu, et oui, j’ai eu une dure journée, même si apparemment tu ne veux pas l’entendre.

J’ai l’impression qu’un marteau me tape sur les tempes. J’ai envie de me coucher, et de trouver la version aimante de Dakota qui me prend dans ses bras et me dit que tout va bien aller. Mais elle me brandit sa ceinture sous le nez et je n’ai d’autre choix que de la regarder.

Pour être honnête, je ne sais même pas de quelle ceinture il s’agit, de ce qu’elle a dû faire pour la gagner. Je n’aime pas la violence, et c’est pour moi ce qu’elle symbolise. J’ai essayé de comprendre cette passion, ce que ça pouvait lui apporter. Mais le fait est que je n’ai jamais compris.

Tu es championne ? Je suis content pour toi, je dis d’un ton neutre, pour ne pas envenimer les choses, mais je suis incapable de montrer plus d’enthousiasme.

Je n’ai pas envie que tu partes, je n’ai jamais envie que tu partes. Mais là, je n’ai pas envie de me disputer. Je veux dormir. Alors si c’est ce que tu veux, je n’ai pas la force de te retenir.

Ce n’est pas la première fois qu’elle me menace de partir, qu’on se quitte, qu’elle me trompe, qu’elle revienne, qu’on se remette ensemble, qu’on se dispute, qu’on se crie dessus, qu’on pleure, puis qu’on finisse par s’embrasser. Je ne vois pas encore que cette nuit va être différente.

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Jeu 28 Avr 2022 - 23:29

I’m in a new hell everytime – Kotabriel



Il a jamais aimé qu’on se batte.

Il se croyait hors de danger. Il pensait rentrer dans son appartement après une dure journée de travail et mériter son répit. S’il n’aimait pas le danger, il n’avait qu’à choisir une autre nana. Il espérait sans doute une trêve, passé une heure du matin. Il oubliait encore que je n’étais pas du genre à laisser un combat au tapis, que je ne me couchais pas tant qu’il restait un problème à affronter. Il m’avais promis, Gabriel. Avec un sourire, des paroles de miel comme ses cheveux, des horizons bleutées comme ses yeux, des intentions blanches comme ses joues de rat d’hôpital. Il était le mec parfait ; en paroles, en tout cas. Parce qu’il était aussi le médecin parfait, le frère parfait, le sorcier parfait… le parfait imparfait.  

Il a jamais aimé que je me batte.

Le combat, mes arts martiaux, mes championnats, ça lui a jamais plu à Gabriel. Il est un homme de soin, de rituel, de dialogue et de réconfort. Je suis une femme agressive, impulsive, colérique et blessante. En tout cas, c’est le miroir qu’il me renvoie. Dans son ombre, je ne peux être que ça : une noire créature des ténèbres. Mes cheveux bleus nuits, ma peau parsemée de rappels de cette couleur blessante et mes yeux remplis d’hostilité.

Il s’est jamais battu pour que je l’aime.

Il rentre et semble presque blasé par mes mots. Sa réponse à la chaleur d’une messagerie automatique et la longueur d’un match de Goldberg. Il est déconnecté de mes émotions, complètement non-réceptif à ma colère, ma douleur et ma tristesse, inintéressé par mes victoires et absolument pas convaincu par mes menaces. Il a pas la force de me retenir. Il a pas l’envie de me retenir, il en a rien à foute que je parte, il en a rien à foutre de moi. Il se fout de moi.

Il m’a jamais aimée.

J’en perds l’équilibre. Je suis épuisée, affamée, terrifiée et désespérée. Je tombe plus que je m’assois devant lui, sur le tapis, une main sur son genou, l’autre toujours accrochée à ma ceinture, comme à une ancre. Mes yeux gravitent entre colère et tristesse et l’humidité commence à se développer. Ma lèvre vibre alors que je murmure enfin :

« Pourquoi tu m’aimes plus ? »

Parce qu’il m’a aimé, ça je ne peux pas l’oublier. Derrière lui, derrière ce fauteuil qui se dresse comme une montagne entre un passé heureux et nous, se trouvent des souvenirs du Mexique. C’était à Sol de Mayo, à peine à quelques heures de la frontière, c’était en janvier 2016, mais la chaleur des Caraïbes maintenait une température estivale et torride. C’était une occasion pas bien différente de ce soir : je sortais d’un match. Sauf que c’était pas une belle compétition de DC, c’était un spectacle assez affligeant où le but était de voir deux bimbos se faire souffrir des façons le plus violente imaginable. Le plus décevant était quel match avait été interrompu avant toute décision de l’arbitre quand le public a commencé à nous huer pour que les danseuses reviennent sur scène.

J’étais dans les coulisses, un œil au beurre noire, tentant de désinfecter mes plaies du seul bras gauche puisque l’épaule du droit était disloqué et qu’aucune des autres performeuses ne m’appréciaient assez pour accepter de m’aider. Au milieu des gladiateurs sadiques, des prestidigitateurs lubriques et des danseuses dépressives, j’ai vu un ange. Un grand blond au regard perdu mais aimant, au manières douces mais pas snobs, aux yeux posés sur moi, sans aucune violence. Alors j’ai souri, malgré la douleur. « T’es perdu, blondie ? »

Aujourd’hui, c’est moi qui suis perdue, et je ne souris plus. La douleur et la tristesse trouvent une nouvelle amie : l’incompréhension.

« T’es vraiment pas prêt au moindre effort pour me retenir ? T’es vraiment prêt à ce que ça se finisse comme ça ? »

Il veut pas se battre pour moi.

KoalaVolant
@Gabriel Hayden Crowley
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Sam 2 Juil 2022 - 19:20
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J’en ai assez qu’on se batte.

Je sens sa main agrippée à mon genou, et j’ai envie de l’attraper. De la serrer contre mon coeur, ce coeur où elle prend toute la place. Ce coeur, je lui en ai fait sa demeure, mais cette demeure, elle la détruit dès qu’elle succombe au malheur. Elle frappe contre les murs de cette maison que je lui ai construite avec amour, elle s’échappe par la fenêtre pour en rejoindre d'autres, puis elle revient en catimini, cambrioleuse de son propre bien. Et je la laisse faire, spectateur, subissant toute sa démolition, tant que je peux lui attraper la main, tant que je peux la serrer contre moi. Mais pas ce soir.

J’en ai assez qu’elle se batte.

Car ce soir, elle tient peut-être mon genou, mais elle serre aussi fort sa ceinture. Elle en est fière, je peux le comprendre. Mais au-delà de ça, elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage, et sur le sol, j’ai l’impression qu’elle se noie dans l’océan de ses larmes et de ses cheveux bleus. Seule sa ceinture lui permet de rester à flots. Elle en a besoin. Et ça, je ne peux le comprendre.  Peut-être qu’elle aime se battre plus qu’elle ne m’aime, moi. Et ça me serre le coeur, ça me donne envie de l’expulser de cette maison que j’ai bâti pour elle à l’intérieur de moi, ou bien de lui en construire une nouvelle, loin de toute la violence du monde, je ne sais pas encore.

J’en ai assez de me battre.

Ce soir, je n’ai pas envie de lui faire les mêmes tirades que d’habitude. De réparer au scotch ses blessures narcissiques, de lui bricoler une confiance en elle avec mes mots maladroits. Ce scotch, elle l’arrache, ce que je bricole, elle détruit d’une main rageuse. Mes efforts ne servent à rien, et j’en ai assez. Je me prends la tête entre mes mains.

Tu sais bien que je t’aime. Je t’ai aimée dès la première fois que je t’ai vue.

//

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne pensais pas trouver l’amour ce jour-là.
En janvier 2016, l’hôpital où je travaille a proposé à des médecins de partir au Mexique pour porter main forte au personnel soignant sur place, suite à une épidémie de grippe qu’il n’arrivait pas à contenir. J’y ai vu l’occasion de me rendre utile et de me former dans un nouvel hôpital dans un nouveau pays, mais mes collègues y ont surtout vu une occasion de partir en voyage gratuitement et de faire la fête. Ce soir-là, ils m’avaient entraîné avec eux. Après une tournée de bars douteux, j’avais un peu la tête qui tournait, et je n’ai pas réalisé où ils m’avaient traîné jusqu’à ce qu’il soit trop tard : un tournoi de boxe illégal dans un sous-sol crasseux.

Horrifié et fasciné, j’assistais les yeux écarquillés à des matchs plus violents les uns que les autres. Je ne regardais même plus les visages, j’avais l’impression de ressentir tous les coups, de ressentir les coeurs des combattants qui s’emballaient. Après un K.O qui faillit donner un arrêt cardiaque à l’un des boxeurs, j’essayais de balayer du regard la pièce pour chercher mes collègues et leur demander de partir. Mais ils avaient l’air d’apprécier ce spectacle affligeant, et je ne savais que faire. Après un énième coup, je ne pouvais plus supporter cette douleur. J’ai donc décidé de me réfugier dans les coulisses.

Déambulant à la recherche de la sortie, je portais mon regard vers les portes ouvertes. Il faisait très chaud, et j’y voyais trouble. Mais je la vis. Une jeune femme aux cheveux violets, magnifique, je devais bien le reconnaître, même avec un oeil au beurre noire et du sang sur les bras. Elle tentait de désinfecter une de ses plaies et semblait souffrir du bras droit. Je poussais presque un soupir de soulagement. Quelqu’un avait besoin de moi, j’étais là où je devais être.

Plus maintenant.

Je m’assis à côté d’elle et lui proposa d’une voix douce :

Je suis médecin. Je peux vous aider ?

//

Après un moment de silence, je finis par dégager ses longs cheveux de son visage pour l’observer. Je vois qu’elle a un bleu sur la joue droite, et machinalement, j’applique ma main guérisseuse sur celle-ci.

Ça ne va pas se finir. On est juste fatigué.es. Ca ira mieux demain. Comme à chaque fois.

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Dim 7 Aoû 2022 - 12:51

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Il a l’air épuisé. Quelques instants, l’amour réussit à me pousser à ressentir un peu d’empathie pour lui. Il travaille d’arrache-pied, il aime de tout son cœur, il est attentionné et protecteur. Il est un pacifique perdu au pays de mes batailles, un médecin au foyer, un soigneur impuissant face aux blessures de ma psyché. Victime collatérale de mes défaites, jaloux privé de joie par mes victoires, éternellement perdant dans un tableau où nos encres ne se mêlent pas, mais coulent d’un bout à l’autre de la toile.

Puis il parle, puis il l’ouvre, et toute compréhension disparaît. Comment il peut oser prétendre m’aimer quand le seul fait de le dire lui fait prendre sa tête dans la main ? Comment il peut se définir comme un bon gars quand il n’a pas un seul geste compatissant face à une meuf visiblement en détresse comme moi ? Comment il peut vouloir être le phare blond de ma vie quand il voile la brillance de son sourire face à la tempête ? Il passe ses mains dans mes cheveux, cherchant à me soigner, et le bout de mes doigts frémissent, réveillés par la sensualité du contact. L’amour, toutefois, n’est plus assez fort pour monter au-delà, et mes yeux restent noirs et froids. Je me recule vivement, me relevant brusquement et lui tournant le dos.

« Tu parles, putain. Tu crois pas que y’a un problème si c’est ça, « à chaque fois » comme tu dis ? J’en peux plus, t’en peux plus : ça suffit Gabriel, on est plus des gosses au Mexique. »

C’était il y a pas si longtemps que ça pourtant.


Je me souviens encore de mon étonnement en voyant une personne aussi belle que bonne, surtout dans ce sous-terrain sombre et crade. Je me souviens avoir écouté ses yeux bleus, senti sa blondeur et dévoré son sourire. Je me souviens de m’être sentie si protégée quand il prenait soin de moi, je me souviens que je n’ai eu qu’à lui sourire pour le convaincre de m’accompagner loin d’ici, pour profiter de ma prime dans un coin plus calme. Je me souviens qu’on a roulé pendant une heure, parlant de tout et de rien, de truc super profond et de ce qu’on avait mangé la veille, qu’on s’est dit nos noms qu’au bout d’une heure. Je me souviens que l’hôtel était sombre et perdu au milieu de nulle part, mais que le lit double était face à la mer et relativement confortable. Ou peut-être que c’était lui qui était confortable, je ne me souviens plus si bien que ça.

Je me souviens qu’on se disputait pas comme ça.


Je me souviens qu’on se parlait pas comme ça, qu’on se regardait pas comme ça, qu’on s’aimait pas comme ça. Parce qu’on se parlait, on se regardait, on s’aimait.

Là j’ai envie de hurler de pleurer de boire de frapper quelque chose de fumer d’appeler une pote de me casser de casser quelque chose de le frapper de crever. Un vase tombe au sol et je cligne des yeux. Est-ce que c’est moi qui… ? Je vois ma ceinture par terre sur les débris. Est-ce que j’ai jeté mon accomplissement sur son vécu pour lui affirmer notre séparation et.. ? Je me fais peur.

Mais je me dis que si j’ai peur, alors lui aussi sûrement. Et comme ça, j’ai un avantage. Je ramasse ma ceinture et me retourne, glaciale, face à lui.

« Je pars, Gabriel. J’ai un dernier sac à faire, tu pourras réfléchir à ce que tu veux que soient les derniers mots que tu me dises. Ou alors, vas te coucher, épargne toi la peine, épargne moi les mensonges. »

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Mer 28 Sep 2022 - 19:26
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Je fronce les sourcils, décontenancé. Ses gestes sont brusques, pleins de colère. Elle se relève d’un coup et me tourne le dos. Je ne vois que sa belle chevelure aux mille reflets bleutés quand elle me crie une phrase qui pour la première fois, me fait réellement peur : elle remet en question notre relation. Il y a un problème. Je hausse les épaules. Pour moi, notre relation est comme elle est. Imparfaite, je le reconnais, mais c’est comme ça. Je ne veux pas qu’on se quitte, je ne veux pas d’une rupture dans ma vie. Je vais finir mes études, commencer une brillante carrière de médecin. Notre coven est fondé, nous n’avons plus qu’à recruter des membres. Et je suis avec Dakota Williams, et je vais épouser Dakota Williams, c’est comme ça. Les graines d’une vie parfaite sont plantées, et je ne veux pas la voir les déraciner.

Tu parles à ma place. Je veux qu’on reste ensemble, je ne vois pas pourquoi les choses doivent changer.

Mais elle a raison, je commence à le comprendre : notre lune de miel commencée au Mexique a pris fin bien avant ce soir.

On était des gosses, c’est vrai. Dans la chaleur mexicaine et l’insouciance des vacances, je me perdais dans ses yeux. Je la trouvais si forte, si pleine de vie. Elle riait aux éclats à mes blagues timides, elle me tenait la main fortement. On allait se baigner sur une plage isolée, et l’éclat de la lune donnait des reflets argentés à ses cheveux bleus. Nous sommes restés dans un hôtel miteux, mais j’oubliais tout en sa présence. Le lit n’était pas confortable du tout, alors je la laissais dormir sur mon torse toute la nuit, et je m’imaginais que je pouvais rester ici toute ma vie. J’oubliais tout, j’oubliais ma vie, mais mon perfectionnisme n’avait pas tardé à me rattraper : le matin du quatrième jour, je me suis rendu compte que j’avais laissé passer une journée de cours, sans prévenir personne.

Je me suis levé d’un coup, j’ai fait ma valise en toute hâte, tenté d’expliquer la situation à Dakota en faisant des grands gestes paniqués, alors qu’elle écarquillait de plus en plus les yeux. Ce matin-là, c’est moi qui suis parti. J’étais paniqué, car j’avais perdu toute notion du temps en sa présence hypnotisante. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant. Jamais, de toute ma vie, je n’avais raté un cours. Si je ne pouvais venir quelque part, je prévenais, je m’excusais mille fois. Cette fois-là, je n’avais rien dit, j’étais resté dans mon paradis avec cette sirène bleue.

Même dans ma panique, je savais que je voulais la revoir. Que notre lune de miel ne pouvait s’arrêter là et j’avais pris soin de lui donner toutes mes coordonnées avant de repartir à Washington. Pourtant, c’était bien à ce moment-là que la vie nous avait rattrapé.es et que la lune de miel s’était couchée.

Je cligne des yeux, quand elle reprend sa ceinture de mes genoux dans un geste brusque et qu’un vase se brise. Il tenait déjà dangereusement en équilibre, il faut le dire, mais le bruit nous fait sursauter tous.tes les deux. Je fixe la ceinture, désorienté, ne sachant quoi faire, et je ne relève la tête que lorsque son précieux trophée glisse hors de mon champ de vision : elle l’a récupérée, sauvée du carnage, comme sa dignité, j’imagine.

Les derniers mots ?...

Une bouffée d’angoisse me monte au visage et je passe mes mains froides sur mon front brûlant. Ce sont les gisants qui prononcent les derniers mots. Nous, nous sommes vivant.es. Les éclats par terre le prouvent. Je ne peux donc prononcer mes derniers mots. Elle ne peut prononcer ses derniers mots. Je ne laisse mourir personne et je ne veux pas laisser mourir notre relation.

J’ai pas de derniers mots, je réponds, la gorge sèche en tendant les mains. Juste une question : qu’est-ce que tu attends de moi ? Qu’est-ce que tu veux de plus ?
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Mar 18 Oct 2022 - 13:05

I’m in a new hell everytime – Kotabriel



Cet appart, autrefois, a été un sanctuaire
Le lieu pour se soigner, Paradis pour s’aimer
J’y apportais le feu, il y gardait la paix
Maintenant, tout n’est que cris, pleurs et froide guerre

Il voit seulement mon dos pour ne pas voir la peur,
Alors que le soutien est devenu prison ;
Alors que les désirs sont devenus poisons,
Il voit seulement mon dos pour pas voir les pleurs.

Résignée, silencieuse et abattue peut-être même.
Gabriel, seul, se débat avec le présent,
Mais avant il aurait du assumer les « je t’aime »

Je ne peux plus le croire et je suis juste blême.
« C’est trop tard en fait, mon gars. C’est fini. »
À peine ses mots dits, je me lâche : je souris.


C’est amusant comme ce salon est aujourd’hui un tel champ de bataille, alors qu’il a autrefois été si différent. Même si nos aventures mexicaines avaient été écourtées, même si je refusais de m’avouer penser à ce mec, l’addiction était réelle. Alors c’est sur ce palier que j’ai débarqué un matin, sourire radieux comme un soleil d’avril, portant un contrat à la main. J’avais obtenu une place dans les cercles de MMA officiel de la capitale. Fini les ordures inintéressantes pour touristes, on passait enfin à du sport. Du vrai, avec des arbitres qui te reluquent pas les fesses, des scores qui sont pas décidés par le patron, des applaudissements qui sont motivés pour autre chose que ma tenue.

Au début je lui ai dit que je chercherai un appartement parce que bon on est pas vraiment un couple et que c’est trop tôt mais bon la crise immobilière frappe toujours plus fort la capitale, alors de airb’n’b en canapés de potes, je finis sur le sien. Puis je passe dans son lit parce que c’est quand même plus confort. Je laisse ma brosse à dents, puis la moitié du loyer, puis les courses parce que je fais quand même mieux les chilis que lui. Et puis on a été un couple.

Maintenant, c’est plus si amusant. C’est plus tellement un couple, on a tout les deux travaillé pour. Ou contre. C’est un cadavre, relié à des tubes étranges pour le maintenir en vie. C’est un naufrage, un bateau qui coule, un immense paquebot sur lequel il n’y a qu’un lit, et sur celui-ci nous deux qui nous regardons en silence, froids et aimants, pleins d’espoirs et de désillusions.

« Les attentes, c’est ma spécialité maintenant tu sais. Je passe ma vie à faire ça : t’attendre partout, t’attendre tout le temps. Si tu t’intéressais à ce que je veux, tu m’aurais écouté avant que je parte. Essaye pas de passer pour le sauveur en blanc maintenant, alors que t’es le fossoyeur qui a un streak à Wrestlemania. »

Est-ce que ça fait de moi Brock Lesnar ? J’espère être un peu plus poétique que ça.


KoalaVolant
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Sam 17 Déc 2022 - 19:47
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I'm in a new hell everytime

You should be here, should be with me tonight
Instead you're working, you're working all the time
Oh no, oh no this is not the life I imagined when you first spent the night
La buena vida, la buena vida,
¿Donde está?

La sentence tombe, impitoyable, et j'imagine Dakota bourreau révolutionnaire, qui ordonne que le gibet tombe et décapite notre relation. "C'est fini" :  l'heure de la mort a été prononcée, 23h14.

Mais je ne laisse jamais la mort gagner aussi facilement, et je ne veux pas la laisser gagner sur notre relation. Et je ne veux pas que Dakota gagne, non plus. Qu'elle ait le dernier mot sur nous. Pas après tout ce qui s'est passé.

Parce que dans sa pluie de reproches, je me souviens quand j'étais bien trop blessé pour lui en faire. Quand, une nuit comme celle-ci, j'étais rentré épuisé d'une opération en urgence. Comme cette nuit, je m'attendais à ce qu'elle me pourrisse, me disant que je pourrissais la relation en ayant "préféré" mon travail à un énième événement de MMA auquel elle participait. Un événement important, apparemment, même si je n'avais pas compris en quoi il était différent de celui du week-end précédent, auquel j'étais venu même si je n'étais pas resté jusqu'à la fin, appelé en urgence.

Mais quand je suis rentré, j'ai été accueilli par le silence. J'ai posé mes affaires dans l'entrée et ai procédé à des excuses laconiques, m'attendant à ce qu'elle crie, pleure, puis me fasse une guerre froide dont le traité de paix serait signé sur l'oreiller. Mais elle ne disait rien, visiblement agitée, jusqu'à ce que je la supplie de me dire ce qu'elle pensait. Et ce fut là qu'elle utilisât une nouvelle arme contre moi, qui me blessa d'une façon dont je n'avais jamais été blessé auparavant.

Elle m'avoua qu'elle m'avait trompé. Que pendant un instant, elle avait oublié l'amour qu'elle me portait pour un autre homme. Mon ego en prit un coup, et je me suis juré de n'en parler à personne, de lui pardonner et d'avancer.

Mais maintenant, cette indiscrétion me revient en tête et le fait qu'elle n'est pas la colombe blanche qu'elle pense être.

Certains moments, tu t'es bien amusée pendant que tu "m'attendais".

Les guillemets sont entendables dans ma voix amère et je gratte l'accoudoir de mon siège, honteux d'avoir recours au passé, après lui avoir assuré que je lui avais pardonnée. Mais il faut croire que non, et que la rancœur est toujours présente.

Tu n'es pas toute blanche, non plus. Et je me souviens plus de cette histoire de fossoyeur mais c'est un peu fort de me traiter, moi, de fossoyeur, tu crois pas ?

On a regardé plusieurs matchs de catch ensemble et je me souviens un peu de ce grand homme habillé de noir qui roulait des yeux. Me traiter de lui était ridicule. Je ne suis pas un personnage de mort et je refuse d'y être associé.

Moi, je t'ai pardonnée. Pourquoi toi, tu peux pas ?
MEMBRE ◊ PACTE
Dakota Williams
Dakota Williams
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I'm in a new hell every time / Kotabriel Empty Re: I'm in a new hell every time / Kotabriel

Lun 23 Jan 2023 - 17:04
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I’m in a new hell everytime
Non.

L’ange blond révèle son vrai visage et je me souviens que, si Gabriel n’a pas les armes de Michel, sa parole peut se révéler tout aussi blessante. J’entends ses ailes battre alors qu’il m’entraîne au fond des pires souvenirs, qu’il m’embarque sur des routes que je ne voulais jamais revoir. Je vois les autres anges détourner leur regards de moi, dégoûtés, tandis que les démons se rapprochent déjà de moi, persuadés que je suis leur adepte, leur semblable, leur sœur. Je suis seule, vraiment, les yeux face à une lumière qui me croit coupable sans oser le dire.

Non, tu peux pas dire ça.

Je ne peux pas oublier, moi non plus, cette nuit où je l’ai trompé. Cette nuit comme tant d’autres, une nuit où il n’était pas là, où je brillais pour la première fois de ma vie sous les projecteurs de Washington, mais que celui pour qui je voulais le plus scintiller n’était pas dans l’ombre. Je pensais avoir échangé un monde de faux-semblants et de couteaux dans le dos pour un bouclier aux larges épaules et sourire. Au final, la blessure de la solitude n’est qu’exacerbée par le sel de l’espoir sur la plaie.

Alors autant oublier la trahison, autant se persuader que personne ne m’abandonne, qu’il n’y a aucun lien qui me restreigne. Autant embrasser un gars qui est là, lui, pour oublier qu’on a un gars, mais qu’il est pas là. S’imaginer qu’on fait rien de mal puisque aucun bien ne nous est fait. Se noyer dans des rêves, dans le fond d’une gorge comme dans le fond d’une bouteille, afin de croire qu’on est pas un cauchemar, afin de pas se réveiller sur un blond qui est seulement gris.

Je peux pas m’amuser quand je suis pas avec toi, Gabriel. Je…

Il est si injuste de faire ça, il crache les fautes tout en prétendant pardonner. Il se place sur le piédestal des justes tout en remuant la fange des faiblesses. Ses belles promesses sont au caniveau, sa bonté proverbiale est bien sombre et sa beauté même semble noircie par les fêlures.

Tu peux pas faire ça, mec. Tu peux pas dire que tu me pardonnes puis me relancer le même truc à la gueule. Se balancer ses fautes en ping-pong c’est déjà nul pour une dispute, mais pour une rupture ça sert à rien.

Parce que, quand on rompt, c’est bien qu’on sait déjà les fautes de l’autre. Mais c’est surtout qu’on connaît les siennes. Qu’on sait qui on est devenu, pour survivre dans un environnement toxique. Qu’on arrive même plus à se pardonner soi-même. Je pose ma main sur sa joue si bien rasée.

Je peux pas te pardonner sans m’éloigner, sans partir. Je te sou… J’hésite Souviens-toi des bons moments, OK ? De quand on faisait des joggings ensemble devant le Capitole, quand je faisais mes lasagnes pour ton coven et que Lacey nous dessinait tous les deux en train de se faire des câlins, quand tu m’expliquais la signification des fleurs sur les balcons de la Nouvelle-Orléans et que je te racontais de fausses histoires sur chacune des maisons…

Je prends ma valise et lui tourne finalement le dos.

Souviens-toi de qui on aurait pu être.
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