Practice makes you perfect (holly)

Holly & Shoshana

We must teach our girls that if they speak their mind, they can create the world they want to see.

Le coeur lourd elle regarde la jeune femme qui lui tourne le dos passer les portes du grand hall. Au centre d'accueil, ses journées ne sont jamais de tout repos. Les émotions se bousculent et s'intensifient quand les heures passent en apportant inlassablement un lot de mauvaises nouvelles. Bien sur il arrive que les nouvelles soient bonnes. Qu'une femme revienne vers elle pour lui dire que tout va mieux, qu'elle a trouvé un emploi, quitté un mari abusif ou réussit un projet de longue date. Ces choses là font aussi partie de son quotidien. Mais ce sont des moments plus rares qu'elle doit chérir et garder en mémoire en vue d'instants plus compliqués. Alors, quand cette jeune femme au visage tuméfié, dont la garde des enfants est remise en cause par un mari véreux qui a de toute évidence réussit à se mettre la justice dans la poche, quitte son bureau, elle tente de ne pas se sentir impuissante. Elle tente de repenser à cette maman qui hier est venu lui annoncer qu'elle avait trouvé un emploi dans une boulangerie de son quartier ou à cette adolescence qui l'a remercié de l'avoir aidé à parler avec son père de ses projets de vie. Tout n'était pas perdu. Et elle se bâterait encore pour que cette jeune femme s'en sorte. Parce qu'elle ne pouvait pas baisser les bras. Elle s'en était fait la promesse. Défendre les femmes, de tout âge, de toute classe sociale. Les défendre bec et ongle, c'était dans sa nature, dans son sang de gorgone, dans son coeur de femme et dans ses espoirs de mère. C'était en elle entièrement.

Se frottant le crâne, elle se lève de sa chaise. « Cas difficile Shoshana ? » Elle entend par la Toile de la part de sa collègue. « Tu n'as pas idée. » Elle répond en accompagnant sa fatigue d'un soupir. Devant le public, la Toile était une bénédiction.  Toutes les gorgones présentent étaient capables de communiquer dans la plus grande discrétion tout en gardant le contact avec ces femmes venues chercher de l'aide. Parfois les discussions étaient informelle, on décidait de l'endroit où manger le midi. Mais parfois, l'avis de plusieurs permettaient de résoudre les cas les plus compliqués. C'était un moyen infaillible de mettre à contribution toute l'équipe tout en assurant un lien privilégié à chaque femme qui poussait les portes du centre. Elle jette un oeil à la grande horloge accrochée au mur. 16h55. Un sourire se dessine sur son visage. Holly devrait être là aux alentours de 17h et cette pensée lui apporte instantanément une joie intense. En tant que mère, rien n'est plus puissant ou plaisant pour elle que l'idée de voir l'un de ses enfants. Qu'il s'agisse d'Alaya, de Holly ou de Ezra, sa journée est toujours un peu plus belle quand elle peut poser les yeux sur l'un d'entre eux ou simplement entendre leur voix. Si défendre les femmes étaient sa vocation première, être une mère devait fortement lui faire concurrence.

Holly était sa petite fierté. La première fille de son deuxième mariage, celle qu'elle avait eu l'occasion d'élever entièrement, à la différence d'Alaya. Le regret que l'absence de son ainée avait provoqué en elle n'avait jamais été totalement effacé et Shoshana savait qu'elle en voudrait à vie aux Lightstorm de l'avoir privée du bonheur de voir sa fille grandir jours après jours. Mais tout avait été différent avec Holly. Elle l'avait couvée avec la plus grande attention, ne se séparant d'elle que si elle n'avait pas d'autre choix. Toute petite, elle l'emmenait au Snakes Life et la petite passait la journée à déambuler au milieu des bureaux tandis que Shoshana s'occupait des femmes qui lui rendaient visite. Et sa fierté n'avait fait qu'augmenter quand Holly avait finalement sauté le pas et était devenue une gorgone. Shoshana n'aurait jamais pu rêver mieux pour sa fille. Elle avait toujours senti le coeur pur et généreux qui battait en elle. Elle savait que Holly serait une digne représentante de l'espèce et qu'elle saurait faire honneur à leur mission. Mais Holly était encore une jeune gorgone. De celles qui ne maitrisent pas totalement leurs capacités ou on peur de les utiliser. Elle était jeune et tout ceci était nouveau pour elle qui était à l'origine une dragonne. Alors Shoshana tentait de l'accompagner, de l'aider à apprivoiser les nouveaux pouvoirs qui sommeillaient en elle. D'être là pour la rassurer, là pour l'encourager, là pour la soutenir. Ainsi elle lui avait donné rendez-vous pour une séance d'entrainement. Marchant tranquillement dans l'espace qui s'offrait à elle, elle attendait impatiente de se mettre au travail quand elle ressentie sa présence à travers la Toile. Un sourire aux lèvres elle n'attendit pas qu'elle passe les portes du bâtiment pour lui dire. « Je suis si contente de te voir. »

Holly avait rendez-vous avec sa mère. Toute jeune gorgone, elle ne contrôlait pas encore tous ces pouvoirs. Et elle avait la chance...ou la malchance selon les jours, d’avoir sa mère en tant que gorgone. Elle pouvait donc recevoir de l’aide facilement. Ce n’était pas donné à toutes. La jeune fille se savait chanceuse dans son changement de vie. Elle avait encore du mal à pleinement s’accepter ainsi, étant toujours rongée par des doutes sur son choix d’abandonner sa condition de dragonne. Mais désormais, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Alors elle cherchait à avancer, à accepter sa nouvelle nature. Elle savait qu’elle pouvait compter sur sa mère. Mais elle cherchait aussi à s’en détacher. Elle avait dix-huit ans, elle était majeure... Elle voulait désormais vivre sa vie comme elle l’entendait. Mais ce n’était pas toujours facile, Shoshana était très protectrice envers ses enfants, une vraie dragonne...même si elle ne l’était plus. Parfois la relation mère fille était tendue à cause de cela. Mais Holly n’était pas rancunière et acceptait son aide quand elle avait le besoin. Car même si elle désirait son indépendance, elle avait toujours besoin d’elle pour certaines choses...Comme ses pouvoirs aujourd’hui.

Elle s’approcha du centre où travaillait sa mère. Si tôt la porte d’entrée franchit qu’elle entendit sa mère dans La Toile... la honte…Pourquoi elle faisait ça ?! Holly se contrôla, ferma son esprit et ne répondit pas. Tenta de contrôler son indignation et se dirigea vers le bureau de Shoshana. Elle salua les quelques personnes qu’elle croisa en chemin. Elle ne frappa pas à la porte et entra sans s’annoncer. Une fois la porte refermée, elle planta son regard sur sa mère. « Tu ne pouvais pas attendre de me le dire en réelle ?! C’est assez...gênant de savoir que nos sœurs ont entendu... » Holly était gênée, elle avait encore besoin de cet intimité familiale avec sa mère. Ne pas trop partager sur la Toile. Cela la mettait profondément mal à l’aise et elle trouvait cela intrusif. « Je suis contente de te voir également ceci dit. » Mais laissez la vie privée en dehors de la Toile l’arrangerait grandement.

Holly posa son sac au pieds de la chaise qui se trouvait devant le bureau de sa mère et s’assit. Elle frotta ses mains sur son jean. « Bien, par quoi on commence ? » Elle était motivée et volontaire dans son nouveau rôle. Elle était réellement soucieuse de bien faire.

Holly & Shoshana

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Elle avait toujours été très fière de ses enfants, très fière de qui elle était, de l’amour qu’elle leur portait, de leurs actions, de ce qu’ils étaient, ce qu’ils faisaient. Elle les avait toujours soutenus dans ce qu’ils entreprenaient et était ce genre de mère agaçante qui vantait les mérites de ses petits à la moindre occasion. Le projet scolaire de Ezra, les exploits sportifs d’Alaya, le talent créatif de Holly, rien n’était épargné à qui acceptait de lui tendre une oreille. Parfois ils le lui reprochaient, surtout en grandissant, mais elle n’y prêtait que peu d’attention. C’était une réaction ordinaire, logique, face à des jeunes adultes qui tentent de s’affranchir des liens de l’enfance, elle ne pouvait pas leur en vouloir, mais elle ne pouvait pas changer sa nature profonde. Aussi, quand Holly passe la porte de son bureau, agacée, elle ne peut s’empêcher de sourire, amusée. Elle était gorgone depuis si longtemps, elle avait appris à ne plus s’inquiéter de ce que ses sœurs pouvaient entendre ou voir. L’intimité était une valeur à laquelle il fallait renoncer si l’on espérait vivre sereinement cette connexion permanente. Bien sûr, elle comprenait que ce n’était pas toujours évident. Mais elle savait aussi que les gorgones ne se tracassaient pas d’écouter des conversations privées ou banales, la vie serait infernale sinon. Mais Holly ne lui en veut pas, sa douce enfant lui dit être contente de la voir et son sourire s’élargit un peu plus. « Je suis désolée ma chérie. Promis j’essaye de faire des efforts, mais tu sais, la Toile est autant une bénédiction qu’un fardeau, il faut t’habituer à cette diminution de l’intimité, elle hausse les sourcils, un peu désolée, bien qu’impuissante face à la situation. Les gorgones sont un vrai ensemble, un front uni, personne ne jugera l’amour d’une mère pour sa fille ici, même si elle l’exprime d’une façon embarrassante. » Un rire sort de sa gorge alors qu’elle se rapproche de sa fille.

Elle la couve du regard un instant, réfléchissant à la meilleure leçon à lui enseigner aujourd’hui. Holly est une jeune gorgone, ses pouvoirs ne sont pas encore très développés et elle doit les appréhender, apprendre à les utiliser, à les contrôler. C’est un exercice qui demande du temps et de la détermination, mais Shoshana sera toujours présente pour l’accompagner dans ce processus. Elle est sûre que sa fille saura s’en sortir, c’est une jeune femme forte et déterminée, elle trouvera ses marques, se fera sa place dans cette organisation. « Ecoute plusieurs choix s’offrent à nous. On peut travailler sur tes transformations si tu veux ? L’apparition de tes serpents, il me semble que tu te débrouilles de mieux en mieux avec, mais c’est certainement un point très important. » Rien de plus important effectivement que de faire apparaitre les alliés principaux d’une gorgone. « Ils sont encore assez éphémères bien sûr, on peut travailler sur la façon dont tu peux les commander pour les pousser à te venir en aide. » Une gorgone de niveau un n’a pas la puissance pour détacher ses serpents de son crâne, mais ils restent des attaquants vaillants et primordiaux pour elle, Holly devait en prendre conscience ou en faire une force. « On peut aussi travailler la transmission de message au sein de la Toile, si tu préfères garder une forme plus passe partout. » Elle ajoute en jetant un œil autour d’elles. Son bureau est caché aux yeux des autres et personne au sein du Snake’s Life ne serait choqué de voir une gorgone appeler ses serpents, mais après leur entrée en matière, elle ne souhaite pas mettre à nouveau sa fille mal à l’aise.

Sa mère s’excusa. Pour Holly s’était une moitié d’excuse car elle voyait en cette proximité via la Toile, une entrave à sa liberté de jeune adulte. Elle cherchait à voler de ses propres ailes mais avec sa mère qui utilisaient la Toile, elle se sentait parfois surveillée, épiée voir contrôlée car elle devait faire attention à ses émotions et contrôler tout ce qu’elle laissait filer dedans. Quand elle se sentirait prêtre elle n’aurait plus de soucis avec cela, mais pour le moment, c’était trop tôt pour la jeune gorgone. « Peut-être mais je ne suis pas prêtre à dévoiler toute mon intimité avec nos sœurs... ça reste encore très embarrassant...même si personne ne juge. Je ne suis vraiment pas prêtre à ça... » grimaça la jeune fille. Et elle n’osait pas imaginé si cette situation se produisait quand elle était en compagnie d’un ou une petit.e ami.e... Non vraiment, Holly préférait prendre son temps sur ce point avec la Toile.

Sa mère lui propose deux entraînements : ses serpents ou transmettre des messages via la Toile. Le choix d’Holly se fit très rapidement. « Les serpents ! J’ai plus de mal qu’avec la Toile. » Elle arrivait à envoyer quelques messages, quelques images mentales. C’était probablement brouillon, diffus et à faible porté mais elle y arrivait. Alors que les serpents étaient une toute autre paire de manche. Souvent bloqué par la peur, les faire apparaître n’est guère une bataille gagnée d’avance, si sa mère pouvait l’aider à développer ce pouvoir afin qu’elle soit plus à l’aise, elle était preneuse. Avec les bons conseils, elle pourrait ensuite s’entraîner seule. « Je bloque souvent quand j’essaie de les faire apparaître... je crois que j’ai peur de perdre le contrôle. » confia-t-elle à sa mère. Peut-être que cela donnerait des idées à Soshana pour la débloquer. « Je pense mettre débarrasser de la peur des serpents et d’avoir des trucs sifflants sur ma tête, mais j’ai peur de blesser quelqu’un inutilement avec ou qu’ils apparaissent comme ça sans prévenir et d’en perdre totalement le contrôle... » Elle ignorait si c’était des craintes communes à toutes les jeunes gorgones ou pas. Mais elle était prête à suivre les enseignements de sa mère à ce sujet.

Holly & Shoshana

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Holly insiste sur le fait de n’être pas à l’aise avec la Toile et la perte d’intimité qui y est lié et Shoshana hoche la tête pour approuver ses paroles et montrer sa compréhension et sa compassion. Sa fille finirait par intégrer et vivre avec le fait qu’à la seconde où elle a fait le choix de devenir gorgone, elle a renoncé à cette partie de sa vie. Mais elle sait que cela ne sert à rien d’insister. En plus d’être une jeune gorgone, Holly restait également une jeune femme, au sortir de l’adolescence, à l’époque où la vie privée, les secrets, constituent une part importante des personnalités, encore plus face à une mère, et elle souhaitait respecter ça.

Alors, elle se concentre plutôt sur ce que sa fille rajoute ensuite. Son questionnement, ses doutes sur sa forme transformée. La perte de contrôle. Shoshana se souvient de ce sentiment, de cette peur de ne pas savoir ce qu’il pourrait arriver si les serpents se mettent à agir par eux même, sans l’écouter, blessant un innocent présent au mauvais endroit au mauvais moment. « C’est normal au début, ne t’en fais pas. » Elle dit avec un sourire, en posant une main sur son épaule pour appuyer ses propos. « Il ne faut pas que tu aies peur d’eux effectivement, sinon ils auront du mal à se montrer. Imagine ce qu’ils peuvent ressentir s’ils ne se sentent pas voulu, tu vois ? »  D’un geste souple, elle se dirige vers les différentes baies vitrées qui entourent la pièce et baisse distraitement chaque store. Les employés du lieu ne seraient pas choqués de voir une gorgone se transformer en plein milieu d’un bureau. Mais l’expérience lui avait appris que certaines femmes venant chercher de l’aide par ici n’étaient pas prêtes pour ce genre de spectacle. Cela ne servait à rien de les traumatiser un peu plus. « Les serpents sont une extension de toi. Ils sentent ce que tu sens, pensent ce que tu penses. Et ils n’obéissent qu’à toi. Jamais un serpent ne pourra attaquer contre ta volonté. Je sais que c’est difficile à envisager au début, mais je te promets que c’est vrai. Si tu n’as pas l’intention de t’en prendre à quelqu’un, ils ne feront rien. » Elle ferme le dernier store en se retournant vers Holly. « Ils peuvent apparaitre sans que tu ne l’aies réellement souhaité, si tu es en danger, si tu as peur, mais c’est tout. Et c’est pour te protéger. » Elle lui sourit et s’installe devant elle. « On peut essayer maintenant si tu veux ? Tu me les montre ? » Ses yeux brillent de fierté alors qu’elle fixe le visage d’Holly, un sourire solidement accroché aux lèvres.

Sa mère la rassura, il était normal d’avoir peur au début. Holly écouta donc sa mère avec attention qui lui affirmait qu’elle ne pouvait pas perdre le contrôle de ses serpents. Qu’ils n’agissaient que par sa volonté. Si elle ne désirait blesser personne alors, le reptile ne blesserait personne sauf si elle était en danger imminent où là alors ils pouvaient apparaître pour la protéger. Elle acquiesça avec lenteur, cherchant à se convaincre de ce qu’affirmait Shoshana. Elle ne devait pas avoir peur, elle devait avoir confiance en elle et ne pas s’encombrer l’esprit avec des « oui mais » ou des « et si ». C’était toujours plus facile à dire qu’à faire bien évidemment. Cela prendrait du temps avant que la jeune fille ne fasse complètement confiance en sa capacité à faire apparaître des serpents en public. Déjà, si elle réussissait en privé face à une personne de confiance, probablement que ça irait beaucoup mieux.

Sa mère ferma les différents stores pour les cacher des regards indiscrets qui pouvaient traîner…Et probablement ne faire peur à personne. Voir des serpents apparaître pouvait créer la peur et ce n’était pas ce qu’Holly désirait. Sa mère lui demanda si elle désirait essayer. La jeune Stonegold hocha la tête et respira profondément pour essayer de faire régner le calme et l’apaisement dans son esprit. Elle ferma les yeux quelques instants et appela ses serpents. Cela pris plusieurs minutes avant qu’elle n’entend un sifflement au coin de son oreille. Elle rouvrit les yeux, un sourire timide sur les lèvres. Heureusement d’avoir réussi à les faire apparaître. Ils n’étaient là que pour un temps limité. Quelques minutes probablement. Mais ce fut bien moins. En moins d’une minute, Holly retrouva sa chevelure brune lui tirant un soupire de dépit. Elle se laissa tomber sur une chaise présente dans la pièce. « Plus court tu fais pas. » marmonna-t-elle entre ses dents. « Est-ce normal qu’ils restent si peu de temps ? Je sais qu’ils n’apparaissent que pour une durée limitée. Mais… là… » Elle était dépitée d’avoir si peu de contrôle, si peu de puissance. Elle se sentait dépassée. Avait-elle fait le bon choix de devenir gorgone ? Encore une fois cette question lui venait à l’esprit… Arriverait-elle à accepter pleinement sa décision un jour ?

Holly & Shoshana

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Shoshana sait parfaitement ce à quoi Holly a renoncé pour rejoindre le rang des gorgones et elle sait comme ce choix la travaille au quotidien. Elle l’admire beaucoup pour ça. Il est simple de choisir de devenir gorgone quand on est humaine. On prend simplement la décision d’augmenter ses capacités, de rejoindre un monde surnaturel qui nous ait étranger. Mais renoncer au fait d’être dragonne pour devenir gorgone, c’était un choix bien plus compliqué à faire. Evidemment, Shoshana ne pouvait que penser qu’il s’agissait du bon choix. Holly serait une parfaite gorgone, elle l’avait en elle et ça ne faisait aucun doute pour sa mère. Mais c’est le temps qui conforterait sa décision plus que n’importe quoi d’autre, même l’aide que Shoshana lui prodigue au quotidien, ses conseils et sa bienveillance. C’est le temps qui lui fera oublier sa nature première pour embrasser complètement celle qu’elle s’est choisie.

Alors, c’est avec un regard rempli de fierté et de bienveillance qu’elle regarde sa fille faire apparaitre ses serpents pendant quelques secondes avant de les voir disparaitre. Elle voit bien la déception sur son visage, une petite pointe de colère peut-être aussi et l’interrogation dans ses yeux et dans ses paroles. Pourtant Shoshana lui sourit avec beaucoup d’amour. « Ne t’en fais pas, c’est déjà un très bon début. » Elle dit d’une voix encourageante. « Je pense que oui, dans ce cas précis, tu les as fait venir sans but précis, ils se sont montrés mais en l’absence de raison de leur présence, ils sont repartis, c’est normal. » En tout cas, c’est comme ça qu’elle voyait les choses. Sans attendre plus, elle se rapproche de Holly et plonge ses yeux dans les siens. « Je te propose un petit exercice. Je vais demander à mes serpents de t’attaquer et tu demanderas aux tiens de te défendre. » Elle dit d’un ton enjoué. « Bien sur les miens ne te blesseront pas, ne t’inquiète pas. » Elle précise, même si elle se doute que sa fille ne pensait pas qu’elle puisse s’en prendre à elle comme ça. En quelques secondes, elle rend ainsi visible les serpents plus nombreux de sa chevelure et se place à bonne distance de Holly. « Prête ? » Elle demande avec un sourire. « Ca va bien se passer, concentre toi, ne panique pas, dès que tu auras fait apparaitre un serpent, je t’enverrais l’un des miens. » Elle continue, se préparant à dégainer l’un de ses fidèles compagnons mais ne souhaitant pas attaquer par surprise pour ne pas faire perdre tous ses moyens à Holly.