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Faceclaim : Caleb Landry Jones
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Mar 5 Avr 2022 - 23:48


APOCALYPSE NOW

🐛

M O O D
17 septembre 2013 - Phoenix - Pendant la guerre

Mes colocataires s’agitaient contre la fenêtre. Ils formaient des fêtes à chaque instant, dans des hauteurs inatteignables pour moi. Ces petites fées casanières rassuraient mon esprit. Elles se déplaçaient entre ma chambre et mon salon. C’était des arcs à suivre des yeux chaque instant. Parfois, leur vol s’affaissait jusqu’à mon nez, et un sourire s’étirait, calme et pâle, pas plus loin que mes narines. La lumière peinait à entrer entre mes rideaux. C’était normal, habituel, depuis quelques mois. Sûrement qu’en cachant ma fenêtre, Dieu oublierait mon existence depuis Son Ciel. Je sortais souvent avec une casquette sur la tête pour me cacher de Son regard. Mes péchés me collent à la peau, et c’est sûrement pour ça qu’ils ne venaient plus, ces papillons colorés, se poser de temps en temps sur ma main avec un peu de sucre au bout de leur trompe, et de sucre sur leurs pattes invisibles. Ils faisaient de leurs vies une gigantesque joie constante, à s’envoler ensemble et tournoyer dans cet espace qui me semblait à la fois inconnu et trop vu. Ils buvaient des boissons colorés au fond d’éponges, et m’occuper d’eux était devenu ma seule activité quotidienne.

Je mentais.

J’en avais une autre, qui m’attendait au coin de ma fenêtre. J’avais installé un petit banc avec des coussins. Le danger ne devait pas quitter mes yeux. Poussant légèrement le rideau épais, mes pupilles se fixaient sur des manifestations étranges.
Dieu me punissait.
Dieu nous punissait.
Il y avait des êtres étranges avec des ailes dehors, et je me souvenais des représentations effrayantes des anges. Le Jugement Dernier était arrivé, et si je tendais l’oreille, je pouvais entendre et percevoir des musiques curieuses. J’ignorai, cependant, si l’enfermement depuis tant de temps, me faisait entendre des sons rassurants, effrayants, tant qu’ils m’évoquaient quelque chose.
Chaque jour, je passais de longues heures à fixer ma rue. Il y avait des habitués qui continuaient à aller au travail. C’était sûrement des employés de grande surface, et je trouvais ça étrange qu’à Paradise Valley, des personnes aient ce genre de travail. J’aimais me dire que c’était des maîtres du Monde, qui étaient en train de négocier avec de Grandes Forces pour obtenir un arrêt.
Un vaste arrêt de tout ce qui dansait sous mes yeux.

Hier, ou avant-hier, j’ai vu une femme parler à un homme. Il a ensuite tourné la tête puis est tombé au sol. C’était hier, ou avant-hier. Ou peut-être il y a un mois. Les jours se confondaient, et j’étais devenu témoin d’une routine extérieure et intérieure.

Nous nous étions quittés un douze avril. J’en suis pas réellement sûr. J’ai découvert quelques jours plus tard une clef dans ma boîte aux lettres. Pendant des jours, je m’étais blotti dans son coin du lit. Si je me concentrais, il y avait encore son odeur dans les draps. Quand j’ai trouvé les pièces de puzzle, je les ai empilé sur la table de chevet, de son côté. C’était à côté du jouet McDo. J’aurai pu continuer seul le puzzle. J’ai essayé quand les premières manifestations étranges et incongrues ont commencé. Si je le finissais, sûrement que mon Seigneur serait moins en colère.
Je frissonnais.
Ma bague de pureté me semblait rétrécir de jour en jour. Je refusais de la retirer, de peur de voir une trace rouge se former autour de mon doigt avec le temps. Je m’étais assuré de toujours toucher une pièce du puzzle avec mon annulaire qui la portait. La position était laide, à défaut d’être utile, ou même efficace.
J’avais fini par les laisser empiler.

Les puzzles, c’était moins amusant seul. J’ignorais si j’appréciais vraiment en faire, désormais.

L’université n’avait plus d’écho qu’uniquement dans mon crâne. C’était malsain, toxique, dysfonctionnel, inadapté, incolore, noir, désespéré, … Je regardais l’ancien emplacement de la lampe à lave. J’avais mis une peluche à la place ; moins de risques de casse. Les couloirs résonnent avec un peu de vérité dans le creux de leurs lèvres. J’avais senti une sorte de soulagement étrange, de colère imbécile, de perdition enfantine, d’effroi singulier, et de profonde incompréhension quand j’avais repris ma clef. J’avais remis l’étiquette sur ma boîte aux lettres, et préservé celle sur la clef. Parfois, le scotch me ripait entre les doigts, mais c’était pas grave.
Si c’était si mal, mauvais, absurde, méchant, toxique, alors pourquoi j’avais des regrets au fond de la gorge ? J’avais envie de faire ma vaisselle au mar de café pour avoir de l’amertume sur toutes les assiettes qu’on avait pas sorti du lave-vaisselle à temps.

Progressivement, le paradoxe s’était accentué.
Nous nous étions quitté un douze avril, mois des grandes blagues et des températures qui se réchauffaient. C’était peut-être un seize finalement, ou un dix-sept. J’ignorais quand elle avait décidé de déposer la clef. J’aurai aimé avoir commandé un colis chez Amazon, et l’avoir attendu des heures durant en fixant ma boîte aux lettres, jurant contre le facteur. Je l’aurai peut-être croisé. Elle aurait déposé la clef, et j’aurai dis « pourquoi ? », avec des points d’interrogation qui coulaient de mes cernes. On serait peut-être rentré. Si elle était venue. Si j’avais commandé à Amazon. Si j’avais eu besoin d’un super aspirateur. Si j’avais eu l’envie de racheter une lampe à lave. Je mets ma vie dans une vaste bouteille, que j’envoie dans des mers obscures.

Nous nous étions quitté un douze avril.
Rien n’avait périmé. Je le savais.
J’avais besoin de me le prouver.

J’allais au supermarché, deux fois par mois. Je prenais de quoi manger. Depuis, mon corps n’acceptait que des pâtes et des produits végétariens trop chers. Si je fermais suffisamment les yeux, c’était nos courses. J’écumais les rayons dans le but de trouver quelque chose de précis : des pâtes dont la péremption était le 24/12. C’était un mix entre la date de notre rupture et celle de notre mise en couple.
Je voulais me prouver que passé cette date, elles seraient encore comestibles. Je les mangerais, sûrement des mois plus tard. J’aurai un sourire satisfait, parce qu’il y a pas de date de péremption sur les destins. Je tomberai peut-être malade, et ce sera un signe de l’univers que même toxiques, les pâtes existaient encore. Elles ne se décomposeront pas. Elles seront là, fières, présentes.
J’en avais déjà amassé 19 sachets. Je les avais placé à côté d’une petite boîte à café, que j’avais repeinte en bleu, avec des affaires à elle dedans. Rien ne se périme, entre les brosses à dents et le café. L’alcool se périmait pas non plus, c’était sûrement pour ça que c’était un allié sûr. Dans quelques mois, personne n'aurait jamais pris ces pâtes, et elles auraient été jetées. J'étais devenu allié à leur cause, et je les comprenais bien que personne.
Je me demandais si, à ses yeux, j’avais périmé. Sept mois, c’était pas tout à fait une grossesse, ni rien du tout. Je me demandais ce que je serai, si j’étais un ingrédient périssable.

A vrai dire, pas grand-chose.
L’Humanité toute entière était détenue dans une gigantesque conserve, se protégeant contre sa propre péremption sur Terre.

Luttant contre ma peur, j’essayais un jour d’aller plus loin que l’épicerie en bas de chez moi. Les rues étaient peuplées et désertes. J’ignorais si des forces s’y promenaient, et si Notre Seigneur avait décidé de nous accorder le Pardon.
Il n’y avait pas eu d’évènements étranges à ma fenêtre depuis trois jours. La dernière fois, ça avait duré cinq jours, avant que je vois des humains se transformer en monstres poilus, puis en animaux, et j’avais eu la nausée pendant des jours entiers.
Je me dirigeais vers l’hôpital de Phoenix. J’avais besoin de la voir.
J’avais fais un journal de bord détaillé, que j’envoyais tous les soirs à ma mère, pour lui assurer que tout allait bien. En vérité, je lui envoyais des photos qui dataient de l’année dernière, pour la rassurer. Dans mes écrits, j’étais un fin cuisinier, depuis quelques mois, et mon appartement était rangé. La lampe à lave allait très bien, et je lui envoyais des photos régulières de ses changements de couleur.
Dans mes écrits, il n’y avait pas le bazar dehors.
Dans mon crâne, il n’y avait rien qui ait dépassé le douze avril.

Le passé était plus agréable. Le futur était impossible. Le présent était un cauchemar.
Je supprimais tous les SMS que je recevais, désormais. Mon portable n’avait rien qui dépassait cet ultime date.

douze avril

« … Bonjour, je suis Ambrose Atkins, le …
- Oh, vous êtes le fils de Bathsheba, c’est ça ?
- Oui ! Oui tout à fait ! Elle m’a dit qu’elle était de service en ce moment et je voulais juste … La voir … Un peu ?
- Je pense qu’elle sera ravie de vous voir. »
Un sourire se peint sur le visage de la dame à l’accueil. « Elle parle souvent de vous, vous savez. »

J’ignorais si je parlais souvent d’elle, mais je pensais souvent à elle, à défaut de lui dire. Je suis guidé dans des couloirs blancs, et l’hôpital fourmille.

« Il y en a, des malades, ça doit être la saison du ski …
- C’est terrible ce qui se passe dehors, on redoute à tout moment un …
- … Une tempête de sable, je comprends. »


Elle a un sourire poli, et un silence bruyant.
On m’installe calmement dans son bureau, pendant que je regarde les sachets de thé disponibles. Bathsheba Atkins n’aimait pas changer ses habitudes. J’essaie de trouver un pauvre thé vert à la menthe, quelque chose de simple. Il n’y avait rien d’autre qu’une collection hallucinante d’Earl Grey. Je finis par sourire, comprenant d’où je tiens mes fixettes.

J’ai la mâchoire serrée. J’ai envie d’oublier l’extérieur, le dehors, cette incompréhension de tout. Le passé existait, et était tangible. J’allais voir ma mère, sourire, nous allions boire un thé. Elle prendrait du Earl Grey, et moi aussi alors que je déteste ça. Je mettrais beaucoup de sucre pour faire passer le goût, et ne pas la vexer. Des années que ce rituel n’avait pas changé, et que j’osais pas lui avouer que c’était dégueulasse, le Earl Grey. Pour elle, je serai un grand acteur.
Je l’étais déjà, pour la rassurer.
Oui, Bathsheba, ton fils est heureux et épanoui, il sort quotidiennement courir dans les rues pour entretenir sa santé. On dit de lui qu’il sera une grande personne responsable, et un scientifique reconnu.
J’enterre sous le tapis des miettes de lampe cassée, et d’ampoule qui clignote.

J’oubliais que les papillons, c’était des lucioles sans lumière.

 


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Mer 20 Avr 2022 - 20:59


TW : description de blessures, de guerre

Je sais plus pourquoi je suis médecin.
J’avais l’impression d’être utile, de pouvoir faire une différence, mais là … là. Qu’on nous ramène chaque jour qui passe des membres arrachés, des corps en souffrance, suppliciés d’une vie amère où tout ne tient plus qu’à un fil. Là. Je sais plus bien à quoi ça sert.
« On a plus de morphine. »
Oui, je sais.
Je jette un regard désolé à l’infirmière. Oui, je sais. Je sais et je suis désolée, ma grande, ça fait un moment qu’on a plus de morphine, ça fait un moment que notre fonction première, on peut plus vraiment l’assumer. Enfin, notre fonction seconde. Parce que primum non nocere, ça on s’en sort bien, je t’assure. On fera jamais autant de mal que le chaos là au-dehors. Non, on va pas nuire, on peut plus nuire à ces gens-là, qui ont gravées sur la rétine des images qui partiront pas. Des sortes de tatouages indélébiles d’un conflit dont ils ne veulent pas, au-delà de leurs os fracassés et de leurs organes éclatés, au-delà des traumas crâniens et des prothèses de jambe qu’on parvient plus à obtenir. Ils vont tous marcher en béquilles, avec leurs blessures sur le cœur et leurs traumas dans la poitrine, et j’espère qu’on augmentera les allocations pour les psys parce que si on s’en sort un jour, y a un tas de gens qui en auront besoin.
Alors, vraiment, je sais plus pourquoi je suis médecin.
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Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d’une seule perle ; et la place de la ville est de l’or pur, transparent comme du cristal. De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau.
C’est un truc que j’ai oublié, derrière le rouge de ma blouse blanche qui n’est plus qu’un lointain souvenir, derrière l’odeur âcre des cendres qui se mélange à celle du sable, derrière les nuits un peu trop courtes parce que l’on manque de personnel. J’aurais pu avoir un autre métier, être coiffeuse, cartographe, caissière. Un truc qui m’aurait pas plongée dans ce caprice d’enfant hideux.
Ça fait un moment que j’ai oublié à quoi ressemble l’abat-jour de mon salon. Mes yeux voient juste des néons, en boucle, au-dessus des civières, et j’ai souvent pas l’énergie quand je rentre d’allumer la lumière.
Mon bureau. Me réfugier dans mon bureau. Ça semble être le meilleur moyen. Sans doute le seul, en vérité. Besoin d’une pause, besoin d’une clope. Besoin de voir autre chose que ces mines morbides, ces tronches de malades assoiffés et de personnel soignant incapable de tarauder son épuisement.
La guerre va nous tuer. Tous autant que nous sommes. Et on tombera les premiers, d’avoir voulu sauver les autres.

Ma queue de cheval est défaite, et mon sourire un peu en biais, mais je pénètre dans mon bureau. Sans frapper, car c’est mon bureau. Et je sursaute en apercevant une silhouette assise, dos à moi.
« Oh ! »
Evidemment, il ne me faut pas plus d’une seconde pour reconnaître le visiteur. Ces épaules baissées, ces cheveux roux, que j’ai pris du temps à coiffer lorsqu’il était petit garçon. Non, maman, je veux pas aller chez le coiffeur. D’accord, mon amour, d’accord, on ira pas chez le coiffeur. On ira nulle part, mon chéri. On restera tous les deux, toi et moi, on sera bien, on a pas besoin de ton père, tu verras, tu feras de grandes choses. Ambrose.
Ma démarche est souple, vers lui. Pas besoin de cérémonie, j’ai remis mon masque de mère par-dessus celui de médecin. Je ne joue pas la comédie, non. Mais il faut que mon garçon sache que je serai droite et, pour lui, je serai la mère qu’il faudra. Je pose une main sur son épaule.
« Bonjour, mon chéri. »
Un baiser léger sur sa joue. Il sent le déodorant et la nicotine.
« Ça fait longtemps que tu es là ? »
Dans un coin de la pièce, il y a une petite table avec une bouilloire et du thé. Je remplis la bouilloire en quelques gestes répétés avant de sortir deux tasses ébréchées. Le service public, ce n’est plus ce que c’était ; pas de morphine, pas de nouveaux mugs. Contentons-nous de ce qu’on a, ça changera rien au final.
Tandis que la résistance chauffe, je me rapproche un peu d’Ambrose et passe une main dans ses cheveux.
« Tu as petite mine, mon trésor. Est-ce-que tout va bien ? »
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Ven 22 Avr 2022 - 0:57


APOCALYPSE NOW

🐛

tw : allusions de harcèlement scolaire, guerre, pensées intrusives suicidaires


J’évite soigneusement la fenêtre.
Elle devient vivante quand je la fixe. Elle pourrait s’enfuir, avec des tentacules qui se dressent sur le plastique du cadre. La vitre se brise, se tord. Des visages mystérieux s’y dessinent, et je revois les passants de ce matin. Il y a l’homme au chapeau, la femme qui fait tomber les autres, l’enfant qui se transforme parfois en souris et je deviens un personnage de conte où je n’ai pas réellement ma place. Je suis un chevalier sans armure et dont la princesse s’est tirée dans des tours trop hautes pour moi. Je pourrais envisager de faire de l’escalade, mais j’ai peur de prendre de la hauteur et de constater l’étendue de mes échecs.

J’évite soigneusement la fenêtre.
Elle pourrait me murmurer des choses indécentes. J’ai envie de l’ouvrir et mettre le nez dehors. Il sent le cramé et la cendre. Je préfère l’odeur de mes cigarettes qui me prouvent que le feu peut être quelque chose de rassurant et de calmant. Les lattes autour se tordent dans des danses calmes et jolies, et je suis surpris de m’émerveiller depuis des mois. Elles sont trop blanches et s’étendent dans des lignes trop diaphanes pour mes yeux. Je les plisse. C’est désagréable, soudainement. La fenêtre ondule et s’ouvre sur des réalités alternatives, dans des futurs possibles.
Je me demande si y a des simulateurs de revisite du passé, au Ciel.

Je ferme les yeux pour éviter la fenêtre, alors qu’elle m’appelle dans des langues obscènes.

Je les rouvre quand la porte s’ouvre. La fenêtre ferme sa grande gueule. Une voix familière s’élève. Un sourire se dessine, franc et sincère.
Maman s’avance. Elle sent la lessive de la maison et le parfum qu’elle mettait tous les matins. Elle a les gestes rassurants des bols réchauffés au micro-ondes. Ses talons ne claquent pas, puisqu’elle a des chaussures utiles pour pouvoir courir entre les patients. Maman sauve des gens. Maman sauve le monde. Maman est utile, pour moi et pour les autres. Maman était une de ces héroïnes que je voyais dans les séries. Elle savait utiliser des médicaments pour aider à mieux respirer. Elle avait ses bisous magiques, et je peux sentir un peu de peine s’amoindrir quand elle pose ses lèvres contre ma joue.
Si maman sortait son stéthoscope, elle sentirait mon coeur qui boite et mon crâne en vrac. Elle pourrait le réparer avec quelques repas que j’aimais bien, et j’espérais encore aujourd’hui les aimer davantage que des pâtes UberEats.

Avec elle, je serai éternellement un trésor. Je suis un petit coffre plein d’or, bien chéri, parce qu’on a besoin de personne, et surtout pas de mon père. Quand je faisais des cauchemars, j’appelais pas papa parce que je savais qu’il avait du travail et se levait tôt le lendemain. Il soupirait. Quand il est parti, j’ai arrêté de faire des cauchemars pour de vrai. Parfois, j’en faisais pour de faux, et j’allais dormir avec maman. Elle souriait. Je pense qu’elle le savait, que c’était pour de faux, mais que ça lui faisait plaisir quand même. A treize ans, j’étais trop vieux pour dormir avec ma maman tous les soirs. J’étais alors un petit garçon honteux, à tenter de faire imposer ma pauvre loi au collège, tandis que celle des autres m’avait foutu dans la prison des enfants terribles rapidement. J’avais des boulets aux pieds, et des menottes aux poignets. On jouait à la balle aux prisonniers, et je me prenais des ballons qui venaient épouser mes dents à défaut d’avoir des lèvres pour le faire.

J’avais alors eu besoin de personne, quand ma gueule d’enfant gueulait encore et à l’aide. Maman venait quand elle ne travaillait pas.
Quand elle ne venait pas parce qu’elle travaillait, je l’excusais. C’était épuisant, d’être une héroïne de la série de ma vie.

« Une de tes collègues m’a ouvert. Elle paraissait super sympa. Mais je viens d'arriver, t'en fais pas ! Puis dans tous les cas, j'aurai attendu. »

Je l’avais trouvé tout juste poli, mais maman méritait à que je m’intéresse à toutes ses collègues s’il le fallait. Je prenais la politesse pour des preuves inhérentes à leur bonté, parce que ces gens-là sauvaient tout. Ils étaient les parents du monde entier, avec des seringues et des injections pour maintenir la vie et la santé. J’ai des pansements à foutre sur ma poitrine, mais j’attends que les plaies se referment toutes seules.

De loin, la fenêtre tire la gueule et semble me prophétiser des avenirs poisseux.

« Oh ! Je dors assez peu en ce moment. »


Je mens. Je dois justifier mes cernes. Je maudis qu’on ait pas laissé de l’anti-cernes chez moi. Les gens n’oublient rien quand ils partent de chez moi, à part peut-être ma personne.
J’aurai pu m’en étaler sous les yeux. Forcément que la teinte aurait été trop foncée, parce que j’étais aussi pâle que les murs blancs de cet hôpital. A défaut d’être esthétique, j’aurai eu des cernes suffisamment foncées pour justifier un effet de style, une recherche artistique. J’étais un adolescent en crise, explorant la mode gothique, que j’aurai dis. Maman aurait été effrayée et rassurée, parce que son fils dormait.
Je creuse mon crâne pour justifier mes yeux trop petits. La seule explication que j’ai est qu’ils se sont rétrécis pour prendre moins de place et moins voir la réalité en face. Je présume que c’est pas ce qu’elle attend, maman.

« On va emménager ensemble, avec Nova-Blue. » Je dis avec un sourire. « Alors, on recherche en ce moment et c’est fatiguant. On dort assez peu avec tout ça, puis on attend que dehors ça soit plus calme. On a cherché dans plusieurs quartiers. On voulait attendre d’avoir fini nos études mais tu sais … »

J’esquisse une mine rêveuse. J’ai l’air d’y croire, et si je ferme les yeux, ça arrivera. Elle reviendra avec mes propres clefs d’un nouvel appartement imaginaire. Si je signais à la place sur le bail, peut-être qu’elle les recevrait.
J’ignore que c’est effrayant, comme pensée.
Maman aurait un fils heureux et ravi.

« Elle te passe le bonjour, d’ailleurs ! Y a beaucoup de bruit dehors en ce moment, donc elle a préféré rester à la maison pour préparer la rentrée. Tu la connais … Toujours le nez dans ses bouquins. » Je ris, et j’ai mal parce que ça faisait longtemps. « Je comprends pas ce qu’ont eu les gens à tous péter un câble comme ça, en ce moment … Je vois des trucs bizarres par ma fenêtre, mais je prie pour que ça s’arrête rapidement. »

Je déglutis. J’ai mon téléphone qui brûle sur des années de mensonges que je voulais bénin. Dieu me regarde et soupire. Je le sais parce que de la fenêtre, un arbre tremble trop fort pour que ce soit réellement naturel.
Je prends des manifestations surnaturelles pour des signes divins, dans des guerres aux enjeux trop obscurs pour que je les analyse correctement.

 


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Lun 25 Avr 2022 - 19:40

Il y a assez peu de choses au monde dont je suis aussi fière que de toi.
Mon Ambrose, mon précieux garçon. On t’a posé sur ma poitrine alors que je n’étais pas prête, et je me rappelle m’être dit que j’aurais jamais pu être prête. C’est pas le genre de choses qu’on sait, qu’on peut ressentir autrement. Cet amour indicible et plein qu’on ressent instantanément, quand on a porté un enfant pendant des mois là dans son ventre et qu’on le retrouve sur son sein, à hurler d’un monde si injuste qui t’a ravie à ta maman. Je t’ai aimé à la seconde, la seconde même où j’ai posé mon regard sur ton crâne, sur tes cheveux un peu poisseux, sur ta peau trop claire d’enfant nu ; et je t’aimerai de cette manière jusqu’à ce que la mort me prenne, d’ici une quarantaine d’année, qu’elle me prenne dans tes bras d’enfant qui verra la vie se poursuivre.
Et il n’y presque rien au monde dont je suis aussi fière que de toi.
Alors je prends deux tasses toutes blanches et je viens te servir du thé, vissant sur ma face d’insomniaque un sourire que tu connais tant.
J’ai peur, Ambrose, j’ai peur pour toi, quand tu t’aventures dans la rue pour venir jusqu’à l’hôpital. Je sais que ta foi est profonde, sans doute plus vaste que la mienne, mais je n’aime pas te savoir là, dehors, avec ces créatures terribles qui semblent vomies des enfers.
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Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d’une seule perle ; et la place de la ville est de l’or pur, transparent comme du cristal. De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau.


« Tu as essayé l’Euphytose, pour dormir ? » dis-je en fronçant les sourcils.
Le thé est brûlant sur mes lèvres, mais c’est comme ça que j’aime le boire. Attendre qu’il refroidisse, ça n’a aucun intérêt ; c’est bon pour ceux qui ont le temps d’un peu trop se tourner les pouces face à leur mixture trop fumante. Moi, je ne suis pas de ceux-là, alors je me crame les papilles à chaque Earl Grey que je m’infuse.
Ambrose sourit, il me raconte, ses yeux comme deux billes enfoncées dans une carte du système solaire. Alors je souris, moi aussi, au milieu de ce monde étrange qui ne ressemble plus à rien, qu’on ne peut plus cartographier que par le sang et la colère.
Je me dis que ce n’est pas exactement la meilleure période pour le marché de l’immobilier, avec cette inquiétude de mère que mon garçon se trouve coincé. D’un autre côté, c’est vrai aussi que les loyers doivent être bas tant les propriétaires doivent ramer à trouver qui les rémunèrera.
Je hoche la tête, derrière ma tasse.
J’ai l’impression de porter des lunettes tandis qu’une buée invisible se dépose contre mes prunelles alors que je souffle sur mon thé.
« Mais c’est super, ça, mon amour ! »

J’aime beaucoup Nova-Blue. C’est une bonne petite, un peu exigeante avec elle-même et qui aime travailler très dur pour obtenir ce qu’elle mérite. Elle a ce côté rigoureux qu’il manque à Ambrose, je le sais ; leur alchimie est indéniable. Et elle le rend tellement heureux : rien qu’à évoquer son prénom, je vois ses paupières s’agiter de mille souvenirs incompressibles qu’ils ont tapissé à eux deux.
Ça fait un moment que je ne l’ai pas vue. La connaissant, elle doit être terrifiée par cette guerre, du genre à regarder par la fenêtre si l’horizon des lendemains se fait plus docile quelquefois. Elle fait du droit, ou du commerce, quelque chose dans ce domaine-là. Pas ma tasse de café, mais j’entends. Et puis, quand on est amoureux, ça ne change pas grand-chose, pas vrai ?
J’ai envie de te dire, Ambrose, de continuer à l’aimer, de toutes les forces que tu pourras. Moi, si ton père m’avait aimée comme quand on était jeunes tous deux, on en serait sans doute pas là.
Gravement, je finis par hocher la tête tandis qu’il évoque les conflits.
« C’est … compliqué, tu sais, mon cœur. Tu as raison de prier, je pense qu’on a tous besoin de protection ici. »
Je n’ai pas envie d’en parler.
Pas envie de songer à ces patients que je ne sauve pas, que je vois crever sous mes yeux parce que je suis pas assez bonne pour ôter ces lacérations créées par des griffes de dragons ou des maléfices de sorciers.
Alors, je change de sujet, je lui reparle de Nova-Blue.
« Comment vous faites, pour vous voir ? Elle habite toujours avec … Scarlett, c’est ça, sa sœur ? Ce n’est pas trop compliqué ? »
Une gorgée de thé, dans ma gorge, me rappelle les flammes du dehors.
« Tu sais, mon chéri, ce serait mieux que tu ne t’aventures pas trop dehors. » Je le supporterais pas, s’il t’arrivait quelque chose.

Il n’y a rien dans tout le monde dont je suis plus fière que de toi.

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Ambrose Atkins
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Sam 30 Avr 2022 - 22:55


APOCALYPSE NOW

🐛


Madre mía, yo recuerdo
Tu cabello como cataratas
Madre mía, tus labios colorados de un rojo sangriento
Madre mía, madre mía, madre mía


Si je pouvais dire au monde entier que ma mère, c’était Bathsheba Atkins, je le dirai.

J’avais passé l’âge de la maternelle, de la primaire, où c’était cool de parler de sa mère. J’avais continué pendant le collège, et l’âge ingrat m’avait fait comprendre que c’était pas adéquat, de parler sans cesse de sa mère. Quand je parlais de Spiderman et de Superman, je voyais toujours des traits de femme rousse derrière. Certainement que maman aurait mérité un spin-off entier sur elle. Elle aurait été une de ces femmes au quotidien exceptionnel. Elle sauvait des vies plus que le faisait tous les super-héros du monde entier.
Je trouvais ça injuste, de pouvoir parler de mon amour de Iron Man et pas celui de ma mère. L’un était réel, l’autre fictif. Les adultes, ça aime le concret, et maman était la plus réelle et matérielle des super-héroïnes.

El cordón umbilical nunca se cortó
Riñas animales


Si je pouvais dire au monde entier que ma mère, c’était Bathsheba Atkins, je le dirai.

Je vois là son seul défaut : son obsession étrange pour le Earl Grey. Tandis que ma tasse se remplit, j’anticipe par avance le goût écœurant. J’attrape un morceau de sucre sur la table que je trempe rapidement. Ma cuillère s’agite pendant qu’elle me parle d’Euphytose. Je me souviens qu’une fois, j’ai croqué dedans et un tas d’herbe avait empli ma bouche. J’ai compris ce jour-là que le sucre, c’était important pour guérir. Mes phalanges continuent un vague mouvement circulaire, et j’espère que le thé sera meilleur que l’Euphytose éclaté dans mon palais. J’aimerai lui dire que j’ai essayé ça, les Fleurs de Bach, et tous les conneries d’homéopathie qu’on vendait en libre service au CVS.
Je préfère tirer une moue convaincue en hochant la tête.

« Non, mais je te promets d’essayer ! »

Je préférais me dire que le sommeil, c’était un vaste petit train à attendre, et qu’il était visiblement en retard. Mes pieds se sont sûrement trompés de quai chaque nuit, ou il y a des restrictions budgétaires sur les trains de nuit. C’était ce qui se disait à la radio. Voyageur nocturne paumé, j’hausse les épaules en me disant que c’est la rançon des insomniaques. Je pourrai lui parler des heures de la rotation particulière des papillons lunes, des isabelles et des sylvains.
Elle les connaissait par coeur, elle aussi. Elle avait du passer des années à encaisser mes bavardages incessants et quotidiens sur la croissance des cocons, la transformation des chenilles, et ma voix surexcitée quand une chrysalide se berçait.
Viens voir, maman, vite c’est très important.
Le très important se passait une fois par mois, prenait des allures de routine, mais les Atkins souriaient quand même.

Si je pouvais dire au monde entier que ma mère, c’était toi, je le dirai.

Je vanterai ta patience, ton calme, ta bienveillance à toute épreuve et ta résilience face à tout. Tu connaissais l’homéopathie par coeur, et même quand je doutais, t’avais des arguments de mère méfiante qui préférait que son enfant gobe du sucre plutôt que des molécules saturées. J’étais maintenant étudiant et je comprenais, un peu avec une gueule barrée, ce que tu voulais dire.
Je vanterai presque ta constante face à ton amour pour ta famille, et même celui pour le Earl Grey. De ton côté, je souhaitais que tu parles de ma passion étrange pour les papillons à tes collègues, et d’à quel point j’avais appris toutes les espèces dès l’âge de 7 ans.
Je doute que ce soit une fierté, mais toutes les mères ont l’espoir de voir de l’avance chez ses enfants. J’avais la précocité inutile, et le retard inquiétant.

« J’espère que je vous protégerai un peu, alors … Je pense qu’Il nous entend, et qu’Il se calmera bientôt ... »

Je peux pas lui dire pourquoi le Seigneur est agacé. Ce serait un aveu de faiblesse. Elle s’inquiéterait. Elle m’imaginerait seul à ma fenêtre, avec des papillons autour de mon crâne, et des cocons dans le ventre. Je lui construis une réalité plus jolie, avec des catalogues immobiliers jonchés au sol. On a accroché quelques pages sur un des murs, pour garder nos objectifs en vue. On a placardé des ordres de préférence, avec des ronds rouges soigneusement dessinés. Rien ne dépasse, puisque c’est Nova-Blue qui les aurait fait, et qu’elle préférait repasser plusieurs fois au feutre rouge sur un trait de travers plutôt d’avoir quelque chose de sale et brouillon.

Peut-être que si je prie suffisamment, tout reviendra. Les cieux seront moins nuageux, orageux, et que l’humanité reviendra heureuse, moins ombrageuse.

« Elle est venue quelques semaines … Tu sais, déjà elle passait beaucoup de temps chez moi. C’était plus près de l’université, puis je crois qu’elle préférait ... » Je déglutis. « Qu’elle préfère. » Je me demande pourquoi le passé revient se casser la gueule sur des souvenirs. « C’est notre espace, notre maison. Et je pense qu’elle est heureuse comme ça. Du coup depuis … Depuis tout ça, elle reste à la maison. »

Je décoche un petit rictus et mes lèvres se tordent contre le rebord de la tasse. Je ferme les yeux et si je me concentre suffisamment, je perçois que le sucre de la mixture. Je préfère synthétiser uniquement le positif et oublier le thé brûlant et amer.

« Du coup on sort pas. Promis. On reste juste à la maison. Je voulais juste … Te voir. Et boire un thé avec toi. Comme avant. »

Parce que j’ose pas le dire, je suis un grand garçon, mais tu m’avais manqué, maman.

Quand j’entends que les soignants sont épuisés, je t’imagine courir et j’espérais que toi aussi, tu aies des pouvoirs d’héroïne, une super endurance, des yeux bioniques, quelque chose qui te permettait de voir les origines de mal et d’éradiquer les racines. J’ai envie de lui dire que je m’inquiète, mais je sais que ça va l’inquiéter d’autant plus. J’ai les joues creusées et je sais que ses lèvres ont imprimés des os saillants. Mes cernes s’engloutissent dans mes joues dans des sillons mystérieux, et le Earl Grey me brûle la gorge.
Il y a des flammes dehors, et je prie pour comprendre pourquoi Il nous inflige ça. J’avais ma part de responsabilité, mais c’était forcément autre chose. Je refusais d’être le seul pêcheur des Etats-Unis. Le fer de ma bague de ma pureté chauffe contre la tasse, et mon annulaire peine à tenir la brûlure.

« Ils disent à la télé que c’est pas évident pour vous, donc je me disais que ça te ferait plaisir mais … Enfin j’ai pas envie de déranger trop longtemps. Tu pourrais passer à la maison ! Je suis sûr que Nova-Blue serait ravie de te voir ! »

J’ignore la guerre.
J’ignore le danger.
J’ignore la rupture.
J’ignore la réalité.

Je souris.
Si je souris suffisamment fort, parait-il que le positif attire le positif.
J’ignore le négatif, et j’ai un pan de réel devant moi, brillant, rassurant, chaleureux, aux goûts de thé douteux mais aux gestes doux comme du coton.

Si je pouvais dire au monde entier que ma mère, c’était Bathsheba Atkins, je le dirai.

Madre mía, madre mía, qué ironía
Madre mía, qué alegría
Yo he heredado tus abismos descomunales
Para siempre (nunca se cortó)
Para siempre (hasta que lo hice yo)


 


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Ven 13 Mai 2022 - 1:24

Peut-être que j’aurais simplement aimé que tu grandisses moins vite.

Je me rappelle du temps où tu apprenais à faire du vélo dans le jardin, et je courais derrière la roue en te tenant par les épaules pour que tu réalises, mon fils, que ce seront tes seuls mouvements qui feront avancer ta vie. Pourtant, je ne suis pas sûre que c’est ce dont j’avais envie. Tu es devenu un adulte avant que je cligne des yeux, et entre deux battements de cœur j’ai vu ta jeunesse s’effacer. Je me dis que j’aurais aimé pouvoir te tenir les épaules, plus longtemps, derrière ce vélo, t’aider à filer bien plus droit que ne le fera ton guidon. J’aurais voulu être une béquille, un appui, un soutien plus fort. Le genre de mère dont on est fier, et dont on parlera encore bien des années après sa mort.
Quand je te vois sourire, maintenant, je vois les fossettes sur tes joues, mais je vois les creux sous tes yeux. Les creux et les monts se mélangent et forment une palette bicolore sous ton visage bien trop chéri.
Et je me demande si j’ai réussi.
Si tu es l’homme que tu voulais, l’homme que j’ai voulu que tu sois. Celui qui respecte les autres et qui a foi en quelque chose. Celui qui ouvre la porte aux autres avec un sourire bienveillant, qui sert du thé aux malheureux, celui qui sert une plus grande cause que jamais je ne servirai. Je me demande si j’ai réussi à être une bonne mère pour t’aimer, à être une bonne mère pour t’aider. J’ai parfois peur, de temps à autres, de te voir sans te reconnaître, de saluer tes yeux blafards comme si tu devenais quelqu’un d’autre. Mais je crois qu’on devient tous quelqu’un d’autre, chaque jour, lorsqu’on regarde son miroir, à travers les sillons glacés et les sourires intermittents.
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Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d’une seule perle ; et la place de la ville est de l’or pur, transparent comme du cristal. De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau.


Peut-être que j’aurais simplement aimé que tu grandisses moins vite.

J’esquisse un sourire maladroit derrière la fumée de mon thé, quand j’entends sur tes lèvres brunes se dessiner des imparfaits. On a tous peur, dans ce contexte, tous peur de penser au présent, tous peur de penser à l’avenir. Où mènera le chemin de brique, si ce n’est au palais d’Emeraude ? Les contes trahissent toutes leurs promesses tandis que les cauchemars s’abattent.
Elle est heureuse comme ça. J’ai envie de demander si Ambrose est heureux, aussi. J’ai envie de savoir, un peu, si j’ai réussi ma mission. Mais je ne suis même pas certaine d’avoir envie de la réponse. Parce que s’il est heureux, maintenant, c’est qu’il est heureux loin de moi ; et l’on a plus besoin d’une mère lorsqu’on l’a dépassé d’une tête.
J’ai peur, parfois.
J’imagine Nova-Blue courir en tenant des chérubins roux par leurs épaules imaginaires, et je me dis qu’un tel décor n’a pas de place pour une grand-mère. Assise sur le bord d’une terrasse, à regarder le monde tourner, j’ai oublié que le temps passe et qu’un jour il faudra cesser. Je vous imagine, tous les deux, à vous chamailler, vous aimer, et j’ai parfois le cœur serré de me dire qu’elle fait mieux que moi.

Peut-être que j’aurais simplement aimé que tu grandisses moins vite.

J’aurais préféré que tu sois un petit garçon encore, dont je pouvais sécher les larmes en soufflant sur ses genoux rouges. J’aurais préféré qu’il n’y ait pas la guerre, dehors, pour arracher tes yeux bleuis et tes idéaux de promesses. J’aurais préféré, mon Ambrose. J’aurais tant préféré, crois-moi.
Mais j’ai la peau qui tire un peu quand je souris à tes remarques, sévices de longues journées passées à fixer un ciel douceureux.
« Tu ne me déranges jamais, mon cœur. »
Et c’est vrai. J’aime à y songer, que tu as encore besoin de moi. Que je ne suis pas qu’une figure dans un des sous-verres de ta vie, figée dans une posture secrète que le temps aura conservée. Que je ne suis pas qu’une ombre vive, un prénom qui te fait grincer. Tu ne me déranges pas, Ambrose, car si seulement c’était le cas alors je perds mon monopole ; l’assise que j’avais sur ton cœur devient un royaume morcelé. J’aimerais te garder pour moi mais je te sais déjà parti. Je sais que le cocon se fend, la chrysalide te laisse voler, et je crois que si je pouvais j’aurais pris tes ailes pour rester.

« J’aimerais beaucoup, vraiment, mon ange, mais tu sais, c’est un peu dangereux. » Je bois du thé, encore un peu, et je soupire face à moi-même. L’amertume de la bergamote joue au feu avec mes papilles, et j’aime le parfum familier des instants qui s’en vont trop vite. « La violence,  là, dehors, c’est … »
Mes yeux dérivent vers la fenêtre et tout ce qu’elle abrite de sombre. J’ai envie de songer à demain, à d’autres jours où le soleil crèvera le nuage de suie qui couvre le plafond du monde.
Nous ne sommes pas encore demain.
« Enfin. »
Je serai ta béquille, mon ange, les petites roues de ton vélo. Pour ne pas perdre l’équilibre quand tout résonne de noirs échos.
« J’espère que tu ne te retrouveras jamais embarqué dans des conflits de ce genre-là. »
J’espère que la violence n’emplira pas tes cotes, mon fils, car alors tu serais un Homme, un Homme dans le sens lâche du terme, le plus nul, le plus alarmant. Un Homme, baïonnette à la main, prêt à commander des assauts contre des inconnus fébriles ; mort de trouille, pétri de colère, et voulant mener une revanche d’ennemis qu’il n’a pas connus.
Je ne veux pas que tu sois un Homme. Je ne veux pas que tu sois un homme.

Je crois que j’aimerais simplement que tu grandisses un peu moins vite.

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Mar 31 Mai 2022 - 20:32


APOCALYPSE NOW

🐛


J’imagine tout ce qu’on pourrait faire, sur un week-end. J’avais récupéré avant tout le bazar des nouvelles chenilles légèrement jaunes. Je lui aurai montré, avec des sourires de gosse heureux, et elle aurait imaginé des trous entre mes dents par nostalgie des petites souris. Elle s’étonnerait du vide des affaires, du néant de l’appartement, puis avec beaucoup d’entrain, je lui expliquerai que Nova-Blue est partie faire un tour, juste un tour, rien de plus, et qu’elle reviendrait, vite, rapidement, sous peu. J’invente des scénarios de tables à trois avec des fantômes, et je me demande si lui faire des colliers de pâtes suffiront à masquer ma détresse et les projets ratés.

Elle ne viendra pas
Pas de problème, j’aimerai dire. On ferme les yeux, on se dit une date après l’Apocalypse en espérant survivre. Après tout ça, sûrement qu’elle reviendra, parce que les hirondelles auront fini leur migration et reviendront au sein de nids douillets. Le printemps passe, l’été écrase, et le mois de septembre semble lugubre sans les reprises universitaires.
A la place, je vois des personnes tomber au sol, et je préfère me dire que c’est par stress de devoir choisir des cursus. Ils se murmurent des peurs de jeunes adultes, et je marche dessus en espérant être au dessus. Je ferme les yeux, tourne. On ferme pas les yeux, on se dit pas de date parce qu’elle trouve que c’est dangereux dehors.

Elle ne viendra pas
J’aurai pas à inventer de doux mensonges. Ils semblaient confortables, avec leurs scratchs de partout pour mal voir et s’y enfermer.
Je me demande qui je pourrai inviter, dès lors, pour pouvoir les matérialiser. J’ai envie de les répéter sur le bout des lèvres, de les rendre réels. Si j’étais pas le seul à y croire, et si maman le croyait aussi, alors c’était plus qu’un mensonge à moi-même, mais une réalité alternative à part entière.
On était deux à y croire.

« Pourtant, tu serais fière de mon appartement, je pense … Enfin, j’ai essayé de bien le décorer pour que tu regrettes pas. Y a des papillons de partout, tu trouverais ça chouette ! »


Elle les connaissait par coeur, dans sa baignoire, sur ses murs. Elle avait sourit calmement avec quelques revers de main. J’avais toujours espéré qu’elle en tire une fierté étrange. On aimait avoir des enfants « pas comme les autres », parfois. Est-ce qu’elle parlait de moi comme d’un cas unique ou d’une fierté singulière aux conseils parents-élèves ?
Maman dormira bien ce soir, parce qu’elle se dira que son fils est devenu heureux, unique, singulier, bienveillant, courageux, et poli.

« Des conflits ? »
Je ris doucement avec mes bleus entre les omoplates. « J’ai des amis maintenant, ça devrait aller. »

Je souris. Les associations sont dérangeantes, et les seuls conflits que je connais sont ceux qui font de moi quelqu’un. Il paraissait que c’était bon pour la jeunesse. Je grandirai fort, brave. J’aurai des tas de personnes qui m’apprécient à leurs manières. Je criais pour les appeler, et c’était suffisant. Phoenix me connaissait, et peu importait ce que la ville pensait, j’étais heureux et fier d’être devenu quelqu’un.
J’étais l’attention.

La violence emplit mes côtes, et je deviens quelqu’un, un Homme, un vrai. Je me félicite que des points d’interrogation me connaissent et pas l’inverse. J’ai établi mon cas comme quelque chose d’unique, et je l’étends comme fierté.
J’avais le orange comme drapeau, le bleu comme cache-oeil.

« Je te donne mon adresse, au cas où tu l’aurais oublié. »

J’attrape un stylo pour l’écrire rapidement. Elle avait acheté cet appartement. Elle connaissait les moindres recoins. J’espérais qu’elle puisse venir. Qu’on crée des contes comme quand j’étais enfant, avec des rois et des princesses, des royaumes à sauver, des méchants à punir, des monstres au cachot et des gentils récompensés. Il pleut des comètes sur la Terre et j’ai peur pour mes yeux en regardant par la fenêtre. Je me sens victime collatérale et responsable de la situation. Si je pouvais mentir à maman, peut-être que Dieu était moins naïf.
Il comprendrait. Il était intelligent, magnanime et grand. Il comprendrait à coup sûr.

Mon téléphone s’allume et je sursaute. Nouveau message.

« Nova-Blue doit s’inquiéter, je vais pas tarder à y aller. En tout cas, merci pour le thé. »

Je n’aimais toujours pas le Earl Grey. Il ne te correspondait pas. Tu émanais la camomille et la bergamote soulignait avec trop d’ironie ton amertume. J’aurai préféré que tu aimes des thés au miel, au jasmin, que je quitte ce bureau avec de jolies notes sur la langue.
J’avais trouvé ça triste, de te voir au travers d’une tasse toute noire.

Je pose mes lèvres sur sa joue et tout rentre dans l’ordre. Il y a les mêmes accents de iris et de vanille que quand j’étais enfant. Il y a des voix douces qui racontent des histoires pour s’endormir et des tablées du dimanche midi.

« Je t’envoie un message quand je suis rentré. »


Elle ne viendra pas
J’ose assez peu lui dire que je lui en veux. J’avais besoin d’elle.
Moi aussi, je voulais lui conter mes songes, tenter de lui servir des plats que je pouvais plus lui servir.  Je voulais avoir cette excuse de me perdre dans des rêves de fiançailles, même pour de faux. Je lui aurais montré des modèles de bagues en lui demandant son avis.
J’en aurai fais un collier, ou un anti-stress au fond de ma poche.

Elle ne viendra pas
J’aimerai pouvoir l’emmener avec moi, la sortir de cet endroit horrible qui sent trop l’odeur des bactéries et du gel anti-bactérien paradoxalement. Y a des cernes sous mes pieds et les murs suintent des choses terribles.

Mais Bathsheba Atkins ne viendra pas.

Alors je préfère lui cacher que le Seven Eleven me présente sa promotion de 10 % sur le rayon produits ménagers par SMS.
Certainement qu’elle serait triste de savoir que j’ai noué des relations très intimes avec des robots à messagerie automatique. Ils sont meilleurs confidents qu’elle.

 


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Jeu 2 Juin 2022 - 12:28

J’ai peur.

C’est difficile, pour un parent, d’admettre qu’on a peur aussi. Mais c’est la vérité, pourtant. J’ai peur que cette guerre ne s’arrête jamais, qu’elle continue à nous faucher tous les enfants de l’Amérique comme l’été on fauche les blés. J’ai peur que le nuage de cendres qui flotte au-dessus d’un monde épars ne se dissipe jamais vraiment, et que nos futurs portent une ombre qui se fera toujours menaçante.
J’ai peur pour moi, quand je rentre rarement chez moi, des visions de chairs tuméfiées incrustées sur mes deux rétines comme un tatouage obsolescent.
Mais j’ai peur pour mon fils, surtout. Pour toi, mon Ambrose, mon trésor. J’ai peur que tu coures trop de risques, à penser qu’il n’y a rien dehors, que tu n’entendes pas mes conseils. J’aimerais te protéger plus. Être mieux et plus proche de toi. Mais tu as grandi, n’est-ce pas ? Et les enfants qui ont grandi n’ont plus tant besoin de leur mère. C’est douloureux mais c’est comme ça.
Je me demande où est son père, parfois. Est-ce qu’il se rend compte, finalement, de tout ce qu’il a mis derrière ? Moi, je n’ai jamais été bonne pour être seule. J’ai besoin de m’occuper de quelqu’un, de croire que quelqu’un compte sur moi. Sinon, à quoi bon, hein ? J’ai besoin de me dire que quelque part on a besoin de moi, que j’ai une raison d’être là, à galérer dans ce corps las qui devient peu à peu trop vieux. C’est sans doute pour ça que je suis devenue médecin, au départ. Avant la guerre. Avant tout ça.
Je n’ai jamais été douée pour être seule, alors sitôt Ambrose parti j’ai cherché de nouvelles raisons, des hommes qui voudraient bien de moi, dont je pourrais panser les plaies avec trop de bonne volonté. Mais ça n’a jamais fonctionné. Jamais vraiment. Je crois que je suis faite pour être une mère avant d’être faite pour être aimée. Ce n’est pas si grave, finalement. Au moins, si lui il est heureux, je n’ai pas si mal réussi.
Il écrit l’adresse sur un bout de papier et j’ai envie de lui dire que ça n’a pas vraiment de sens, que je sais bien où il habite. Mais je crois qu’on trouve du réconfort dans la répétition et dans les certitudes ; il y en a trop peu en ce moment pour prendre le risque de les perdre.
J’ai envie de répondre que je n’ai pas oublié.
Que je n’oublie rien, venant de lui. Je me souviens sa première dent de lait, sa première bagarre, son premier parc d’attractions, son premier cri, son premier rire. J’ai comme un album de souvenirs sur ma rétine multicolore, et je pense que quand je serai vieille, j’aurai du orange sous les yeux si je les ferme pour toujours.
« C’est noté, mon amour. Pas de souci. »
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Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d’une seule perle ; et la place de la ville est de l’or pur, transparent comme du cristal. De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau.


Je souris, et le thé me brûle.
Il doit déjà repartir. Je vais collecter ce moment et le placer dans un sous-verre, un cadre à afficher au mur des moments qui ne veulent rien dire. Ces petites billes précieuses et floues qui diffusent leur chaleur naissante dans les environnements hostiles.
« Je comprends. Merci d’être passé. »
Je ne sais pas lequel de nous aurait le plus besoin de l’autre. J’ai toujours cru que c’était toi, car tu étais plus jeune, plus frais, plus rempli de milliers de questions. Mais peut-être pas, finalement. Peut-être que j’ai besoin de toi pour retrouver mes mots perdus et me souvenir qu’il y a quelqu’un qui compte encore un peu pour moi.
Je me lève et je fais le tour du bureau pour le serrer contre mes côtes. Il est si grand, maintenant, ce fils. J’ai peine à croire qu’il fut un temps où il s’est caché dans mon ventre. Je redresse la tête et prends son visage dans mes mains pour l’embrasser sur son front blanc.
« Je t’aime, Ambrose. »
J’ai l’impression que l’instant est grave sans savoir réellement pourquoi. Je me fais l’effet d’une vieille folle qui gratte des moments d’affection.

Alors non, je ne te dirai pas que j’ai peur.
Je ne te dirai pas que j’ai peur pour toi en permanence, que c’est le lourd fardeau d’une mère que de ne pas savoir trouver les raisons pour mieux te garder. Je ne te dirai rien, en fait.
J’ouvrirai la porte de mon bureau, et tu sortiras, et je n’aurai aucune idée que ce sera la dernière fois. Parce que si je savais, si je savais, là maintenant, Ambrose. Je te serrerais bien plus fort, bien plus longtemps, plus ardemment. Je te donnerais les conseils que je n’ai pas eu le temps de dire. N’oublie pas de déclarer tes impôts dans les temps. Attention au quartier où tu emménages. Non, pas de chemise blanche, plutôt crème, ça t’ira bien mieux. Je trouverais quelque chose, un moyen, un objet pour te le confier et qu’à chaque fois que tu le regardes tu te rappelles que ta mère t’aime. Je ferais tant de choses, Ambrose, si je savais que je ne te reverrai pas.
Mais on ne sait jamais, n’est-ce pas. On ne sait jamais quand c’est la dernière fois. La dernière fois qu’on enlace, la dernière fois qu’on embrasse, la dernière fois qu’on dévisage. On ne sait jamais, sinon on se préparerait, on trouverait quelque chose, un moyen.
Mais je ne sais pas, Ambrose.
Je ne sais pas.

Alors j’ouvre la porte de mon bureau, et dans un sourire tu en sors et je me dis que tu es beau. Je me dis que j’ai créé des choses, dans ma vie, et que je suis fière d’avoir été, pour un moment, la mère dont tu avais besoin.
Je pense à la prochaine fois où l’on se verra, dans un contexte différent, sans doute. Peut-être que je viendrai chez toi, à l’improviste, pour te surprendre. Peut-être que tu seras surpris.
« Passe une bonne journée, mon trésor. »
Je ne dirai pas que j’ai peur que cette journée ne soit pas bonne, comme l’ont été les précédentes et comme le seront les suivantes. Couvertes de l’angoisse profonde et du désespoir permanent.
Je vais pour retourner dans la pièce et me retourne une dernière fois. Je te lance, d’un air souriant :
« J’espère que tu dormiras mieux. »

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