Remember me...

Remember me...

When the day turns to night and you run out of candles to burn and you can’t find a light...
You’re not alone, You’re not alone

C'est une drôle de sensation qu'est celle de sentir à la fois étrangère et à sa place dans sa propre maison. Mais c'était une sensation à laquelle la jeune Riverwood avait fini par s'habituer; une conversation avec Ariadne Riverwood n'était sans doute pas étrangère à cette accommodation. Grace était la dernière arrivée, elle n'avait pas eu de lieu d'habitation fixe et à elle depuis un peu plus de deux ans, il était normal de ne pas se sentir à sa place les premiers temps, et dans le cas de la dragonne, même les un peu plus d'un an passer dans cette demeure n'était pas assez long pour lui faire oublier cette sensation. Pas après ce qu'elle avait vécue.
Il y avait des moments où, cette sensation n'était qu'un fourmillement dont il était facile de faire abstraction; et d'autres fois, comme à cet instant où elle se retrouvait seule dans le manoir, il revenait avec la force d'une tsunami. Généralement, elle faisait en sorte de ne pas se retrouver seule au manoir, pour ne pas faire face à ce sentiment. Quitte à aider les matriarches au refuge ou au dôme, quitte à traîner avec les garçons à un endroit ou à un autre. Mais chacun avait à faire, et Grace devait travailler ses cours. Mais maintenant qu'ils étaient finis, elle maudissait sa solitude dans cette bâtisse qui lui rappelait cette désagréable sensation qu'est celle d'être étrangère. Zephyr était trop occuper à vaquer à elle ne savait trop quoi pour pouvoir s'occuper d'elle, quand bien même il aurait pu, elle ne voulait pas le déranger.

Tournant et tournant dans la bâtisse, elle avait fini par se poser dans le salon, prit un livre dans la bibliothèque de ses mères pour tenter de se vider l'esprit. Après avoir connecter son téléphone à l'enceinte d'Ammon -que le grand dragon la préserve s'il savait qu'elle lui avait emprunté sans son autorisation-, elle avait démarrer une playlist au hasard qui, depuis près d'une heure jouait des musiques l'isolant de tout et la plongea dans son roman. Tant et si bien que malgré ses capacités draconiques, Grace n'entendit par la porte de l'imposant bâtisse être ouverte par Zephyr, pas plus qu'elle n'entendit les pas sur le plancher ou l'inspiration brusque pris par l'invité. Non, elle n'entendit que son prénom prononcer avec questionnement et inquiétude qui la sorti du monde étrange de Lewis Caroll. Simplement pour reconnaître aisément la personne en face d'elle, son visage, sa voix, son odeur. Simplement pour ouvrir légèrement la bouche, choquée par la vision s'offrant à elle, trop incrédule pour prononcer le moindre mot durant un court instant.

"Shoshana ?"

Quelque part, elle savait qu'elle ne rêvait pas. Que la femme rencontrée il y a toute ces années était bien devant ses yeux. Que ce n'était pas un quelconque mirage, tour de passe passe inventée par son esprit après la lecture d'Alice aux Pays des Merveilles.
Ces sens ne mentaient pas, son ouïe captait la respiration de la femme devant elle, son nez son odeur et à défaut de pouvoir faire confiance à ses yeux quand il s'agissait de discerner un mirage de la réalité... Non elle était bien là en face d'elle.

Grace & Shoshana

Memories warm you up from the inside. But they also tear you apart.

Elle avait toujours eu une affection particulière pour la Nouvelle-Orléans. Cette ville respirait un air différent et une ambiance semblable à nulle autre. Chacune de ses visites étaient un plaisir de découverte et d'aventure. Elle n'avait pas eu forcément beaucoup l'occasion de s'y rendre plus jeune. Après Baltimore elle avait connu Washington et s'était ensuite exportée de l'autre côté du pays, à Phoenix. Petite elle n'avait pas beaucoup voyagé, ses parents n'en avaient pas les moyens. Et puis elle s'était mariée, avait découvert l'existence de ces portails qui facilitaient les déplacements et avait découvert quelques villes, dont la Nouvelle-Orléans, brièvement. Mais son amour pour la ville était très certainement né après ses retrouvailles avec Rhea. C'est la jeune dragonne qu'elle venait voir le plus souvent sur cette terre et elle savait que le souvenir de leurs instants passés ensembles dans cette ville donnait un gout de féérie au lieu.

Rhea lui rappelait tant Priya que ça en était parfois difficile à supporter, une douleur qui ne disparaitra jamais réellement, un sentiment d'impuissance, d'échec quand la mort de son amie lui était renvoyé en pleine figure. Mais Rhea n'en était pas moins une jeune femme à part entière. Avec ses doutes, ses insécurités et son envie de progresser, de prouver sa valeur au monde. Shoshana l'aimait comme sa propre fille et elle se félicitait de voir que ses enfants l'avait accueillit avec le même enthousiasme. Rhea était sa famille, celle qu'on ne laisse pas derrière, celle pour laquelle on traverse le pays sans la moindre hésitation.

Pour autant, ce n'était pas pour la voir qu'elle se trouvait à la Nouvelle-Orléans. Une gorgone de la région avait demandé sa présence. Une affaire de jugement, la préparation de la transition d'une future soeur. Cela faisait partie de son quotidien à présent et elle ne s'en plaignait jamais. Après ses enfants, les gorgones étaient sa raison de vivre, de se lever le matin et de se battre. Mais une fois sa mission terminée, elle ne pouvait résister à l'envie de passer rendre visite à Rhea. Elles n'avaient pas convenu d'un rendez-vous, mais en famille, personne n'avait besoin d'invitation pour se présenter à la porte. D'un pas joyeux elle se rend donc dans le quartier de Pine Village et fait désormais face au Sanctuaire des Riverwood. Un instant elle admire l'architecture si locale de l'immense bâtisse, un sourire aux lèvres, Athena et Ariadne avaient su choisir un cocon agréable. Puis, elle s'approche et frappe à la porte pour annoncer sa présence.

Lorsque Zephyr vient lui ouvrir elle pose une main délicate sur son bras et d'une voix chantante demande. « Bonjour Zephyr, comment ça va ? Tu sais si Rhea est dans le coin ? Je suis de passage en ville et je n'ai pas résisté à l'envie de la voir ! » Le dragon lui répond poliment mais sans s'attarder. Il ne sait pas, mais elle peut aller voir dans le salon si elle veut. Et puis il la laisse entrer et s'avancer dans la grande maison. D'un pas décidé, elle se dirige alors vers ce qu'elle sait être la pièce à vivre. S'arrêtant à l'embrasure de la porte, elle aperçoit avec surprise des traits familiers, plongés dans la lecture d'un roman. « Grace ? » Elle prononce, étonnée et la jeune fille relève la tête.

Shoshana la reconnait sans mal. Elle ne l'a pas vu depuis plusieurs années maintenant, mais elle n'a pas tant changé que ça. Elle semble peut-être plus apaisée, appartenant enfin à un clan, même si tout doit être encore très nouveau. Rhea avait pourtant mentionné son arrivée, mais Shoshana ne s'était pas attendue à la trouver là. « Je cherchais Rhea, je pense qu'elle n'est pas là ? » Et alors que les mots bateaux sortent de sa bouche, c'est l'ancienne tristesse du départ de Grace qui accourt à sa gorge. Shoshana d'habitude si naturelle et à l'aise se retrouve à ne pas savoir quoi dire pendant quelques instants, mais finit quand même par articuler. « Tu as l'air en forme. »

Remember me...

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You’re not alone, You’re not alone

Le temps est une histoire à plusieurs chapitres, parfois on pense que les personnages d'un chapitre ne réapparaitront plus jusqu'à la fin de l'histoire. Faute est de constater que les dits personnages pouvaient réapparaître mais jamais ô grand jamais Grace n'aurait penser revoir Shoshana. Que venait-elle faire ici ? Pas à la Nouvelle-Orléans mais ici au manoir Riverwood ?
Rhea, elle cherchait Rhea. Sa sœur, sœur qui n'était pas là. "Euh oui non elle est sortie il y a quelques heures" dit-elle alors, bégayant le début de sa phrase et un peu trop rapide pour sembler parfaitement sereine. Parce que bien malgré elle, elle ne savait pas quoi dire, comment agir avec la femme qu'elle avait laisser en plan il y a quelques années. La femme qui lui avait tant donner sans qu'elle ne le rende en retour; aider au refuge de manière subtile ne comptait pas, pas plus que les rares sourires qu'elle lui avait offert.

Durant les quelques secondes de silence qui suivirent, Grace ferma son livre, le posant sur l'assise alors qu'elle se levait pour s'approcher de Shoshana, le pas hésitant, comme celui d'un bébé dragon découvrant le monde ; ce qu'elle était dans un sens.
Shoshana n'était peut être pas un dragon, mais est-ce que cela importait réellement dans un sens ? Elle était plus grande, plus sage et bienveillante que la dragonne, tellement plus qu'elle ne le serait jamais. Elle ne sentait pas capable de l'être en tout cas.

« Tu as l'air en forme. » Avait l'air ? Probablement, Grace était...un peu plus lumineuse, du moins semblait-il. "Toi, toi aussi" dit-elle avec un petit sourire sincère. Y'avait-il eu une seule fois où Shoshana ne lui avait-elle pas sembler en forme ? Aucun, elle avait toujours dégager une certaine puissance qui intimidait et suscitait en même temps l'admiration de la petite brune.

"Je....hum... je suis contente. De te revoir je veux dire"

Sa voix oscillait entre joie et tristesse, gaieté et regrets. Le regret d'être parti sans prévenir avec les musiciens, sans même laisser un mot, une adresse, un remerciement. Le regret d'être parti comme une voleuse en plein milieu de la nuit. Malgré tout, elle savait que si c'était à refaire, elle le referait sans doute. Grace n'avait jamais aimer les adieux, et elle pouvait compter sur les doigts d'une main les rares fois où elle avait fait des adieux décent et convenables.

Grace & Shoshana

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Shoshana ne met pas longtemps à se remémorer l'adolescente apeurée qui a un jour poussé les portes du centre pour femme. Perdue, déstabilisée et les yeux hurlant une recherche d'aide des plus urgentes. La gorgone se souvient avoir été touché par son histoire et la force qui semblait dormir en elle, comme le souffle du dragon endormi, attendant patiemment son heure pour se réveiller et incendier le monde. La jeune femme qui lui fait aujourd'hui face est différente. Plus forte surement, même si ses mots et ses pas semblent hésitants. Peut-être à cause de la surprise, il est clair qu'elle ne s'attendait pas à la voir débarquer dans son salon aujourd'hui. Ni même jamais, certainement. Quand elle était partie sans un mot, sans un au revoir, Shoshana avait compris qu'elle ne reviendrait pas et qu'elle ne donnerait plus de nouvelles. Grace ne semblait pas être du genre à se retourner, pas du genre à s'attacher ou à faire marche arrière. Elle avait poursuivi son objectif et celui-ci l'avait mené ici, à la Nouvelle Orléans, au sein d'une famille qui certainement, avait su lui apporter ce qu'il lui manquait. De ce côté là Shoshana avait du échouer, car elle se souvenait de lui avoir présenté Ezra par exemple, mais cela n'avait pas suffit à retenir la dragonne.

Elle répond à son sourire et prend le temps de l'observer alors qu'elle se rapproche d'elle. « Je....hum... je suis contente. De te revoir je veux dire » Le ton de sa voix est hésitant et Shoshana comprend qu'il ne doit pas être simple pour elle se d'exprimer devant elle, de trouver les mots justes. A dire vrai, la situation n'est pas des plus agréable pour la gorgone non plus. Si elle est contente de revoir la jeune femme et rassurer de savoir que tout va bien, elle ne sait pas encore très bien comment réagir. Doit-elle faire comme si de rien n'était ? Doit-elle lui dire à quel point elle avait été triste de sa disparition ? Pendant combien de temps elle s'était inquiétée pour elle ? Mais en avait-elle le droit ? Si leur lien avait été différent, plus intense qu'avec la plupart des femmes qu'elle aidait, c'était son problème si elle s'était attachée à l'adolescente, son problème si ses tendances maternelles ressortaient un peu trop facilement et si elle avait commencé à envisager une place plus constante de Grace dans sa vie. L'adolescente elle, ne lui avait rien promis. « Moi aussi. » Elle répond finalement d'une voix sincère. Face à l'inconfort, elle décide de choisir l'honnêteté et ajoute. « Rhea m'a parlé de sa nouvelle soeur. J'étais heureuse quand j'ai compris que c'était toi. Tu as enfin trouvé une famille qui saura prendre soin de toi et t'entourer de la bonne façon. » Ses mots sont sincères et elle espère qu'aucune pointe de regret n'est détectable dans sa voix, ce n'est pas le but. « Tu es heureuse ici ? » Elle demande, même si elle pense savoir la réponse, son attitude primaire de mère protectrice refaisant surface sans crier garde, que Grace se soit enfuie il y a des années ou non.

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You’re not alone, You’re not alone

Même la conversation peut sembler normal, nul ne peut ignorer l'éléphant présent dans la pièce. Les deux femmes ont un passé derrière elles; ce passé était uniquement de sa faute, Grace le savait bien. Mais malgré tout ce qu'avait fait Shoshana à l'époque, elle était si perdue, si peu sûre d'elle...et elle détestait toujours les adieux. Cependant, à l'époque elle avait eu peur qu'à trop rester, qu'à dire adieu à Ezra et sa mère, elle ne soit retenu là-bas afin de ne pas les décevoir, de ne pas les blesser. La déception et la douleur ne devaient pas être les sentiments qu'elles voyaient dans les yeux de l'un et de l'autre, partir avait été tellement plus simple. Elle pouvait s'excuser ici et maintenant mais cela avait-il une réelle importance ? Cela ne ferait-il pas qu'agrandir une blessure semblait-il, toujours ouverte ?

« Moi aussi. Rhea m'a parlé de sa nouvelle soeur. J'étais heureuse quand j'ai compris que c'était toi. Tu as enfin trouvé une famille qui saura prendre soin de toi et t'entourer de la bonne façon. » Savait-elle donc avant ? Qu'avait-elle ressenti à ce moment-là ? Grace ne pouvait pas le comprendre, elle s'était attachée à cette femme mais avait fait son deuil quelques semaines après Phoenix, parce que les chances que la femme veuille la revoir après être partie ainsi était si mince, du moins, le pensait-elle. Mais peut-être pas tant que ça se rend-t-elle compte. Les mots sont sincères, la voix douce, maternelle, même un peu inquiète lorsqu'elle lui demande si elle heureuse ici.
Peut-être, oui peut-être que Shoshana avait été la première vrai touche de tendresse maternelle que la dragonne n'avait jamais connu et peut-être, oui peut-être que c'était une des raisons qui avait pousser la petite à s'attacher mais qui l'avait également effrayée. Dans tout les cas, il était trop tard désormais. La dragonne ne pouvait que, tenter de reformer des liens avec la gorgone. Différents de ce qu'ils avaient été mais en même temps, tout aussi important. "Je le suis....réellement" ajouta-t-elle avec un petit sourire rassurant, mais aussi soudainement qu'il était venu, il disparut; tout simplement parce que la jeune femme avait quelque chose à dire, tant qu'elle avait un peu de courage, tant qu'elle avait un peu de confiance en elle. "Shoshana je....je suis désolé d'être partie sans rien dire il y a toute ces années.Je n'ai jamais aimer les adieux et j’espérais sincèrement que ce serait plus simple pour tout le monde si...si je partais juste. Et après j'avais trop peur que tu ne veuilles plus entendre parler de moi pour t'appeler." La dragonne baissa les yeux un instant, elle n'avait pas honte de ces actions, elles étaient si logique pour elle qu'elle ne pouvait pas en avoir honte, parce qu'elles l'avaient mener ici et donc, elles n'étaient pas regrettable. "Mais c'est grâce à toi si j'ai pu les trouver. Si tu n'avais pas fait tout ce que tu as fait, j'aurais sans doute encore peur de ce que je suis, je n'aurais sans doute pas pousser les portes du refuge où aidait Rhea et je n'aurais jamais chercher à parler à d'autres personnes comme moi. Tout ce que j'ai je te le dois et....et...." et moi je t'ai remercier en ne prenant jamais contact criait son esprit mais les mots, les mots étaient incapable de sortir. Comme bloquer, mort au fond de sa gorge.

Grace & Shoshana

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L'inconfort de la dragonne se lit sur son visage et Shoshana ressent une pointe de culpabilité de lui imposer ce moment. Pas qu'elle l'ait réellement choisi, elle n'est pas venue dans le but de régler ses comptes ou de confronter la jeune femme. Elle était là pour Rhea et pas un instant elle n'avait imaginé se retrouver seule avec Grace. Si elle avait su, elle ne serait pas entrée. Pas pour ne pas la voir ou l'éviter, mais pour lui laisser l'espace qu'elle avait clairement demandé en quittant Phoenix des années auparavant. Pour respecter sa volonté et ne pas l'acculer face à elle. Elle n'attendait pas d'excuses, pas d'explications. Elle connaissait les femmes, les décisions qu'elles sont parfois obligées de prendre pour se protéger d'une situation néfaste. Et si Grace avait fait face à cette situation, elle savait qu'elle devait le respecter et place sa propre tristesse en second plan. Travailler dans ce centre, être une gorgone, tout ça lui avait appris au fil des ans à ne pas être égoïste et à savoir quand elle ne pouvait pas être le centre de l'attention. Sa relation avec Grace était un parfait exemple de cette situation. Elle sourit quand la jeune femme lui dit être heureuse. C'était le plus important, finalement. Elle avait mérité ce bonheur. C'était pour ça avant tout que Shoshana avait travaillé. Et si la peine de l'avoir perdue avait mené à cette conclusion, alors son travail avait été un succès.

Et puis elles arrivent sans qu'elle n'ait cherché à les provoquer. Des excuses, sincères, désolées et qui font remonter en quelques secondes son ancienne tristesse au bord de ses yeux. Enveloppée d'émotions, elle l'écoute parler sans l'interrompre, voit dans ses gestes, entend dans sa voix comme l'instant est pénible, mais n'ose l'interrompre, peut-être qu'il s'agit d'un moment qu'elle a attendu et si les choses doivent être dites pour leur permettre d'aller de l'avant, alors autant les laisser sortir. « Mais c'est grâce à toi si j'ai pu les trouver. Si tu n'avais pas fait tout ce que tu as fait, j'aurais sans doute encore peur de ce que je suis, je n'aurais sans doute pas pousser les portes du refuge où aidait Rhea et je n'aurais jamais chercher à parler à d'autres personnes comme moi. Tout ce que j'ai je te le dois et....et.... » Les mots ne semblent pas prêts à sortir, mais elle s'en moque. Elle n'en a pas besoin, pas aujourd'hui, pas jamais. Elle ne veut plus que la dragonne se torture et s'en veule, elle ne peut laisser plus longtemps une enfant dans cette situation. En la voyant se débattre avec ses sentiments, elle imagine Holly, un peu près du même âge, luttant également contre ses sentiments contraires et son coeur de mère lui dit d'abréger ces souffrances. Alors elle fait deux pas pour réduire la distance qui les sépare et prend la dragonne dans ses bras. Rapprochant son corps du sien, elle la tient tout contre elle un instant sans rien dire puis s'écarte légèrement, les mains toujours posées sur ses bras, les yeux scrutant son regard. « Ne t'en fais pas Grace. Tu ne me dois rien. Tu as trouvé ta famille toute seule, parce que tu es forte et que tu as su relever la tête, tu as su te trouver malgré tout ce que tu as subit et je ne pourrais pas être plus fière de toi. » Relâchant son étreinte, elle passe une main délicate sur la joue pâle de la jeune fille et lui fait part de son plus beau sourire. « Bien sur j'aurais aimé avoir de tes nouvelles, je ne peux pas prétendre que ça ne m'a pas fait de peine, mais tu as fait ce qui était le mieux pour toi et je ne pourrais jamais t'en vouloir pour ça. » Non, jamais. Car toute femme devait avoir le droit d'être libre de ses mouvements et de ses choix et qu'elle n'avait pas le droit de retourner ça contre elle.

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You’re not alone, You’re not alone

C'était dur d'exprimer ce qu'elle ressentait, cela l'avait toujours été. C'était l'une des premières raisons qui faisait qu'elle avait commencer à chanter, il était tellement plus facile d'exprimer ses émotions par les paroles d'un autre. Peu à l'aise avec les mots, avec tout cela, elle trébuchait, elle voyait que cela les rendait triste, autant l'une que l'autre ;  le pire sans doute étant la tristesse qu'elle voyait au fond des yeux de la gorgone et qui amenait ses propres perles glacées à s'humidifier, à retenir des larmes qu'elle ne savait même pas contenir. Elle voudrait arriver à dire les derniers mots mais elle ne peut pas, elle ne peut pas et elle ne sait même pas pourquoi, et cette perspective lui fait mal plus que de raison.
Cependant, à son plus grand étonnement , cela semble suffire à la gorgone qui la prend dans ses bras, un court instant certes, mais suffisant pour qu'une des perles salées franchisse la barrière de ses yeux pour venir rouler sur sa joue. Cette petite perle que Grace n'avait pas su empêcher avant de planter ses yeux dans ceux de la femme, la mère devant elle. « Ne t'en fais pas Grace. Tu ne me dois rien. Tu as trouvé ta famille toute seule, parce que tu es forte et que tu as su relever la tête, tu as su te trouver malgré tout ce que tu as subit et je ne pourrais pas être plus fière de toi. » A bien des égards, elle ne pouvait pas expliquer ce sentiment de joie et d'apaisement qui s'empara de son corps à l'idée d'avoir rendu fière Shoshana, se traduisant par ce tout petit sourire pourtant si vrai et si réel qui étira ses lèvres.  « Bien sur j'aurais aimé avoir de tes nouvelles, je ne peux pas prétendre que ça ne m'a pas fait de peine, mais tu as fait ce qui était le mieux pour toi et je ne pourrais jamais t'en vouloir pour ça. » Et cette fois, cette fois elle ne chercha même pas à retenir ses larmes, de joie et de tristesse alors qu'elle répondait à la femme.

"Je ne voulais pas vous dire adieux, ça aurait été fait trop mal. Ca m'aurait peut-être empêcher de partir; je n'ai pas arrêter de penser à toi mais j'avais peur que tu sois en colère." Elle avait dit tout cela rapidement avant de reprendre la femme dans ses bras, même si elle ne lui en voulait pas, même si elle lui disait être fière, la dragonne en avait besoin, elle avait besoin de lui exprimer ses regrets. Sans doute était-ce là son moyen à elle de tourner la page, de commencer un nouveau chapitre. Il lui fallut un temps atrocement long avant d'arriver à se détacher de la première image maternelle qu'elle n'avait jamais réellement eu. "Il s'est passer tellement de choses depuis... j'aurais aimer que tu vois tout cela..." Si elle avait eu moins peur, si elle avait eu un peu plus de courage, sans doute l'aurait-elle vu. Cependant à cette époque, Grace n'en avait aucun ; juste la peur encore et toujours de ce qu'elle était, de ce qu'elle pouvait faire, de ce que les gens risquaient autour d'elle, gorgone ou pas. Dragon ou pas. Une perte de contrôle aurait pu leur faire tellement de mal... elle ne se le serait jamais pardonner. Elle n'était pas une gourgandine, elle était bien plus complexe que cela, qui sait ce qui aurait pu arriver...un mot, un regard de travers, à New York avec le semblant de famille qu'était ces géniteurs avait bien suffit à lui faire geler une grande partie de sa chambre. Fort heureusement, ils n'y étaient pas rentrer. Ces deux cucurbitacées avaient su être un minimum intelligent et ne pas rentrer dans la pièce avant que la glace n'ait fondu. Mais c'était ce genre d'évènement qui avait fait que la dragonne était parti, avant que cela ne devienne trop dur, avant qu'elle ne s'attache trop et fasse peur à Shoshana ou Ezra...

Grace & Shoshana

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Il n’y avait pas en elle une colère qui aurait pu en vouloir à une enfant de s’être comportée comme tel. En tant que mère, elle avait appris à ne pas se formaliser quand ses petits la blessaient, car elle savait que ce n’était jamais réellement volontaire. Quand jeune mère Holly lui avait dit du haut de ses trois ans que la maman de sa copine était plus gentille qu’elle parce qu’elle lui avait donné un cookie, oui, son cœur s’était serré. Mais avec l’expérience des années, elle avait réalisé et accepté que les enfants sont des êtres à part entière, qu’ils font leurs propres choix, leurs propres décisions et que tout cela ne veut pas dire qu’ils ne vous aiment pas ou plus. Simplement qu’ils grandissent et qu’ils découvrent le monde. Et c’est ce que Grace avait fait. Elle était partie, avait laissé derrière elle ce qui c’était construit entre elles, entre la petite femme timide et la famille dorée. Cela ne voulait pas dire qu’ils n’avaient pas comptés, qu’elle n’avait pas pensé à eux, simplement qu’elle avait agit en suivant son cœur et son esprit vers ce qui était le plus rassurant pour elle. Et la voir aujourd’hui, plus épanouie, plus sûre d’elle, était une belle récompense pour la peine que Shoshana avait ressenti à son départ. Une consolation qui faisait oublier le passé en une étreinte.

La gorgone remarque les yeux rougis, l’émotion. Elle n’a rien dit au hasard, ses paroles sont sorties naturellement, mais chaque mot a été sélectionné avec soin. Elle veut que l’idée s’imprègne parfaitement dans l’esprit de la dragonne : elle ne lui en veut pas. « Je ne voulais pas vous dire adieux, ça aurait été fait trop mal. Ca m'aurait peut-être empêcher de partir; je n'ai pas arrêter de penser à toi mais j'avais peur que tu sois en colère. »  Un sourire. Elle réfléchit déjà à comment appuyer à nouveau son propos et faire que l’information s’installe confortement dans les pensées de Grace. Mais elle n’a le temps de rien dire que l’adolescente renoue le contact entre elles et la serre dans ses bras. Naturellement les bras de Shoshana l’entourent et elle la maintient contre elle, le temps qu’elle choisira comme étant le bon. Si proche d’elle, elle ne peut contenir la vague d’émotion qui s’empare d’elle et, comme la dragonne avant elle, laisse couler quelques larmes sur ses joues rebondies. Les gouttes roulent et atterrissent dans la chevelure sombre de Grace, mais personne ne bouge dans cet instant comme suspendu, ces retrouvailles qui un moment se passent de mots. Elle n’est pas en colère, mais cette petite lui a tellement manqué et c’est si bon de la retrouver.

Puis l’étreinte se brise et Grace se sépare d’elle. Distraitement, la gorgone passe une main sur ses joues, laissant un sourire étirer ses lèvres à la place. « Il s'est passer tellement de choses depuis... j'aurais aimer que tu vois tout cela... »  Des mots qu’elle sait sincère. Si elle avait aimé et tenté d’aider Grace comme une mère, elle avait eu l’impression de réussir à avoir ce rôle de mère au près d’elle, du moins pendant la période où la dragonne séjournait à Phoenix. Alors elle imaginait facilement qu’il s’était passé des choses qu’elle aurait voulu lui montrer, des fiertés qu’elle aurait voulu partager. Elle pense à Alaya qui l’appelle si souvent pour lui raconter les détails même les plus insignifiants de sa journée. Car il n’y a personne qui sait vous écouter comme une mère et Shoshana se donne beaucoup de mal pour que ses enfants sentent qu’elle sera toujours une oreille disponible pour eux. « Il n’est pas trop tard pour tout me raconter tu sais, j’ai le temps et je meurs d’envie de tout savoir. »  Un clin d’œil, elle attrape les mains de la jeune fille et les maintient dans les siennes. « Comment as-tu croisé la route des Riverwood ? Qu’est ce que tu fais de tes journées maintenant ? Où en es-tu avec tes pouvoirs ? » Beaucoup de questions qui s’expriment d’un coup, comme pour être sure de pouvoir rattraper tout ce qu’elle a manqué, avide d’informations sur ce petit bout de femme dont les retrouvailles réchauffes son cœur.

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You’re not alone, You’re not alone

 Si Grace avait pu remonter le temps, elle aurait aimer faire les choses autrement; rester un peu plus, montrer à Shoshana chaque instant de sa vie qui l'avait mener ici. Si elle avait pu remonter le temps, prendre une voix différente, serait-elle rester tout de même ? Aurait-elle grandi auprès d'elle ? Aurait-elle était la même ou différente ? La question se pose naturellement alors qu'elle sent les mains si chaude de la gorgone sur ses joues qui semblent glacés, et pourtant, son cœur, lui, semblait si chaud. Un contraste éternel qui la suivrait éternellement parce qu'elle était de nature draconique, une dragonne de glace au cœur brûlant.

 « Il n’est pas trop tard pour tout me raconter tu sais, j’ai le temps et je meurs d’envie de tout savoir. »  Instinctivement, elle serre les mains de Shoshana « Comment as-tu croisé la route des Riverwood ? Qu’est ce que tu fais de tes journées maintenant ? Où en es-tu avec tes pouvoirs ? » Une avalanche de questions qui étirèrent les lèvres de Grace, par quoi ? Par où commencer ? Il y avait tellement de sujets à évoquer, tellement de souvenirs à partager, tellement de mots qu'elle pouvait utiliser sans savoir quel mot convenait le mieux.

Elles s'assirent sur le canapé, face à face, les mains de Grace toujours dans celle de Shoshana, le sourire toujours sur ses lèvres, ses yeux bleus pétillants venant rencontrer ceux de la gorgone avant qu'elle ne commence à parler, ce ne serait pas un début parfait mais ce serait un début d'histoire vrai, réelle, comme ces retrouvailles. "J'ai voyager" dit-elle avec un petit rire avant de reprendre "Après Phoenix, nous sommes partis au Nouveau-Mexique, les garçons voulaient absolument voir  Roswell. Puis nous sommes partis au Texas, on est rester un petit moment là-bas dans un ranch à travailler...j'ai pu voir des chevaux. Ils n'avaient pas peur, quand j'avais peur de moi-même ils restaient là, calme et me laissaient même les chevaucher, la sensation du vent dans mes cheveux.... je me demandais si voler me ferait la même chose. Alors j'ai commencer à avoir moins peur, à me demander si par moi-même, je pouvais arriver à vivre. Quand on est arriver à la Nouvelle-Orléans, j'ai décider de rester pour une durée indéterminée." Les garçons avaient été si compréhensif, l'aidant avec le peu d'affaires qu'elle avait, principalement des souvenirs et des photos, faisant même don d'un peu de leur argent personnelle pour qu'elle puisse s'en sortir par elle-même. "Je suis finalement parti au refuge, parce qu'il y avait d'autres personnes comme moi là-bas, j'espérais que peut-être il pourrait continuer ce que tu avais commencer"

Peut-être devait-elle dire merci à son hypermnésie pour lui permettre de revoir avec une infinie précision son arrivée dans le centre, sa rencontre avec Rhea puis Ariadne, qui, toute deux à leurs manières lui avait rappeler Shoshana. Le lien qui s'était former petit à petit entre elles, jusqu'à ce que finalement..."Rhea a beaucoup jouer dans ma venue ici, c'était compliquer mais je ne le regrette pas..." Comment pouvait-elle le regretter ? "J'étudie maintenant, à domicile, je suis partie dans des études de lettres et il m'arrive de travailler dans un bar, le patron est un humain mais il est adorable, ils sont tous adorables" rajouta-t-elle alors rapidement pour ne pas inquiéter la femme devant elle. Grace espérait pourtant qu'ainsi qu'elle éviterait la partie pouvoirs, une partie toujours compliquée qu'elle tentait de maîtriser du mieux qu'elle pouvait. Mais depuis Shoshana et Ezra, elle ne pouvait nier avoir fait un énorme bond en avant. Depuis combien de temps n'avait-elle rien gelée par accident ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas craint pour la vie des autres autour d'elle ? Des semaines, des mois ? La seule chose qui la bloquait était la transformation de sa personne, sa dernière transformation datait de sa première année de naissance, elle n'en avait même pas souvenir et si elle s'était transformer une deuxième fois, son esprit l'avait occulté. Sans doute pour se protéger. Mais ici, elle était bien.

Grace & Shoshana

Memories warm you up from the inside. But they also tear you apart.

Maintenant assises sur le canapé du salon, les deux femmes se font face et Shoshana peut à loisir observer Grace avec plus d’attention. Il y a réellement quelque chose de changé en elle, moins d’excuses traversant son visage pour le simple fait d’exister. Si la dragonne n’est toujours pas l’être le plus confiant qu’elle connaisse, elle semble en tout cas assumer enfin sa place dans le monde, celle qu’elle a réussit à trouver et à conserver après toutes ces années passées à errer. C’est un sentiment de soulagement qui s’empare de la gorgone alors que Grace lui raconte ses aventures. Elle n’a pas été seule, n’a pas été forcée de rien du tout. Elle a grandi, elle a visité et elle a fait ses choix. Elle a appris de la vie comme doivent le faire toutes les adolescentes quand on leur laisse le temps de s’épanouir. Elle sourit à l’évocation des chevaux, imaginant le visage rayonnant de la jeune femme, comme retombée en enfance, s’oubliant à la liberté apportée par la vitesse et l’énergie d’un animal puissant et fort. C’était astucieux, elle aurait pu y penser quand elle était avec elle à Phoenix, l’amener près d’êtres qui lui feraient gouter le plaisir de la liberté et d’être entièrement elle-même. Mais c’était peut-être une bonne chose qu’elle l’ait découvert seule. Elle ne devait sa liberté et son bien être qu’à elle-même. A elle et à la force dans laquelle elle avait su puiser pour se construire un environnement bienveillant.

« Rhea a beaucoup jouer dans ma venue ici, c'était compliquer mais je ne le regrette pas... » Elle rit légèrement, amusée en imaginant sans mal la force de persuasion de sa filleule s’emparer de la petite Grace. Rhea n’était pas du genre à baisser les bras, à abandonner ou à changer d’idée. Si elle avait décidé d’ajouter Grace à sa famille, la dragonne avait surement eu peu de chance d’y échapper. L’idée de les savoir toutes les deux sœurs à présent est des plus plaisantes. Instinctivement elle sait que ce lien est exactement ce dont ces deux là avaient besoin. Une famille que l’on construit n’a pas moins de poids que celle que l’on nous donne et si deux personnes méritaient de se construire une famille aimante, c’était bien Rhea et Grace. « J'étudie maintenant, à domicile, je suis partie dans des études de lettres et il m'arrive de travailler dans un bar, le patron est un humain mais il est adorable, ils sont tous adorables » Elle acquiesce en écoutant la nouvelle, pince un peu le nez en apprenant qu’elle travaille à présent dans un bar. Grace est une personne raisonnable et elle ne l’imagine pas finir toutes ces soirées, ivre morte sur le comptoir sale d’un bar du coin, mais elle espère que les gens là-bas la traite effectivement bien et qu’elle n’y risque rien. Pourtant elle ne dit rien, se doutant également que Rhea ne la laisserait pas s’engager dans une galère. Et puis elle n’était pas là pour juger, pas là pour donner son avis, simplement pour apprendre et se reconnecter. « Tu ne peux pas savoir comme je suis contente d’entendre tout ça, c’est tellement merveilleux pour toi, je suis si heureuse pour toi ! » Elle dit les yeux brillants.

Elle avait beaucoup pensé à la dragonne ces dernières années et tous les scénarios n’étaient pas toujours idéaux. Elle avait envisagé des possibilités plus dures voir funestes pour son ancienne protégée. Savoir qu’en réalité, tout c’était bien déroulé, est comme un soulagement. Un poids qu’elle sent distinctement s’envoler de sa poitrine. « Je t’imagine parfaitement chevauchant les contrées du Nouveau-Mexique. Et je n’ai aucun mal à imaginer Rhea te prendre sous son aile, c’est un très bon guide que tu as trouvé là, elle saura prendre soin de toi. » Elle ponctue sa phrase de deux gros yeux ronds avant de laisser échapper un nouveau rire. « En tout cas je suis contente que tu aies trouvé ta voie, tes études te plaisent ? Tu fais attention au bar ? » Elle se pince légèrement les lèvres, la question lui a échappé, même si elle a essayé au maximum de réfréner ses instincts maternels. « J’imagine que maintenant que ta vie est plus stable tes pouvoirs le sont aussi ? » Elle ajoute rapidement pour détourner le sujet. Elle s’est rendu compte bien sur que la dragonne ne lui en a pas parlé et elle se doute que c’est volontaire. Elle pense à Ezra qui lui racontait ses moindres progrès dès qu’il en avait l’occasion quand il était encore un jeune dragon de niveau un. Il y a peu de chance pour que tout soit tout rose de ce côté-là pour la dragonne, mais elle se doit de demander, se promettant pourtant qu’elle n’insistera pas, si jamais Grace ne souhaite pas développer le sujet.

Remember me...

When the day turns to night and you run out of candles to burn and you can’t find a light...
You’re not alone, You’re not alone

Il y a de cela quelques années, Grace aurait pu répondre avec conviction que la seule personne qu’elle avait besoin de ravir, était elle-même. Parce que la petite, quoique parfois naïve savait que rien ne pourrait faire changer le regard de ses parents sur sa propre personne ; elle n’était tout simplement pas née comme eux l’auraient voulu et rien ne pourrait changer ce qu’elle était, pas même les petits comprimés qu’elle avait avalés durant des années.
Aujourd’hui cependant, les choses avaient changé. Il y avait des personnes à ravir, à rendre fière, des personnes avec qui partageaient des souvenirs forgeant la personnalité et des personnes de qui, inconsciemment peut-être, elle cherchait l’approbation. Se faisant, elle notait peut-être inconsciemment également chaque petit détail indiquant une quelconque désapprobation, comme par exemple, un léger pincement de nez face à l’annonce de son travail d’étudiante. Si léger pourtant, que Grace pourrait penser avoir halluciner ; d’autant quand tout le visage de la gorgone rayonne outre mesure : « Tu ne peux pas savoir comme je suis contente d’entendre tout ça, c’est tellement merveilleux pour toi, je suis si heureuse pour toi ! » avait-t-elle dit, alors cela ne pouvait pas être réprobateur.

« Je t’imagine parfaitement chevauchant les contrées du Nouveau-Mexique. Et je n’ai aucun mal à imaginer Rhea te prendre sous son aile, c’est un très bon guide que tu as trouvé là, elle saura prendre soin de toi. »  Shoshanna peut en rire il est vrai : mais elle ne sait sans doute pas à quel point elle est proche de la vérité. Lors de son arrivée au refuge, Grace n’aurait jamais pensé rencontrer quelqu’un comme elle. Au refuge, elle avait trouvé une sorte de famille dysfonctionnelle en formant un trio improbable, un trio dont elle s’était sentie si proche et si détachée les premiers mois…puis tout s’était écrouler comme un château de cartes, ils souffraient tous…et Rhea était arriver. Une lumière protectrice, une aura familière qu’elle n’avait pas trouver dans son petit trio. C’était…la main bienveillante qui vient vous aider à traverser le passage piéton quand vous êtes tout petit, une voix douce qui vous encourage, une âme qui fait écho à votre vie. Rhea avait déjà pris soins de Grace, de bien des manières différentes. « En tout cas je suis contente que tu aies trouvé ta voie, tes études te plaisent ? Tu fais attention au bar ? » Comment avait-elle pu passer à côté de cela il y a toute ces années ? Comment n’avait-elle pu voir l’évidence même dans les yeux de la brune, cet éclat maternel qu’elle avait voyait maintenant dans les yeux des matriarches ? Comment ? Elle en avait en réalité la réponse, sa mère ne lui avait jamais témoigner cet éclat, jamais elle n’avait retrouvé cette petite étincelle dans les yeux de sa génitrice. Comment aurait-elle pu savoir alors, à l’époque, que Shoshana la regardait avec ce même éclat qu’elle retrouvait maintenant. « Elles me plaisent, elles sont très intéressantes ! » assura-t-elle alors « C’est…l’après étude qui me fait un peu peur… Et pour le bar ne t’inquiètes pas. Je te promets que je fais attention et je ne suis jamais seule, il y a toujours les garçons. Ils veillent sur moi et même les habitués le font, mon patron également je suis en sécurité c’est promis » dit-elle en serrant légèrement la main à la gorgone dans un geste de réconfort. Ce n’était pas exactement une promesse qu’elle pouvait tenir, le bar ne se cachait pas d’abritait des surnaturels en clientèle ou employés. Et un chasseur était si vite arrivée. Cependant, elle ferait tout pour tenir cette dite promesse.

« J’imagine que maintenant que ta vie est plus stable tes pouvoirs le sont aussi ? »

Seulement, comme seule une mère semblait être capable de le faire, Shoshana avait précisément mis le doigt sur le sujet fâcheux. Parce qu’elle ne savait pas si elle pouvait appeler ça de la stabilité, avec les connaissances qu’elle avait maintenant, elle savait qu’elle maitrisait ses pouvoirs, de manière grossière, l’on pouvait dire qu’elle les tenait en laisse comme l’on tiendrait un animal enragé.
Cependant, Grace était toujours capable de les sentir sous la surface, grattant légèrement et ne demandant qu’à sortir à la moindre émotion forte et contrariante. Une sensation étrange à laquelle elle était habituée désormais, qu’elle arrivait même à oublier la majorité du temps. Mais ce n’était pas de la stabilité, cette stabilité ne viendrait qu’avec le passage à la majorité. Passage qui impliquait une transformation dont elle ignorait la possibilité, en était-elle-même capable ? Pas maintenant, pas à l’heure où ses pensées envahissaient sa tête tout du moins.

Sans doute avait-elle mis trop de temps à répondre parce qu’elle sentit le regard de Shoshana, aussi s’obligea-t-elle à répondre, trébuchant de nouveau sur les mots qu’elle souhaitait employer. « Je ne sais pas. Oui. Je suppose je, je veux dire je n’ai rien geler par accident depuis longtemps mais ce n’est pas….ce n’est pas aussi stable que ça pourrait l’être je suppose » finit-elle en fronçant les sourcils. La dragonne ne souhaitait pas inquiéter la gorgone mais elle ne pouvait décemment pas lui mentir. Cela ne voulait pas dire qu’elle arriverait à expliquer exactement ce qu’elle ressentait.

Grace & Shoshana

Memories warm you up from the inside. But they also tear you apart.

Elle a mille et une questions qui lui tournent dans la tête et qu’elle pourrait jeter à la figure de la dragonne pour tenter de rattraper le temps perdu. Pourtant, elle sait qu’il ne vaut mieux pas l’assaillir et l’effrayer avec son trop plein d’amour maternel, prêt à jaillir à tout moment et éclabousser tout ceux qu’elle s’est mise à considérer, au fil des ans, comme ses propres enfants. Parfois elle se demande si c’est le fait d’avoir été si facilement rejetée par sa propre famille qui l’a fait agir ainsi. Enfant, elle avait toujours eu une relation fusionnelle avec sa mère. Yaara était une femme douce et aimante, qui aurait fait n’importe quoi pour ses deux filles. Peut-être que c’était cela qui avait rendu la séparation plus difficile. Voir sa mère la repousser, critiquer ses choix, son ouverture d’esprit. Parfois elle pensait au fait que, si sa famille apprenait qu’elle était devenue une gorgone, ils la considéreraient surement comme un monstre. L’idée est douloureuse. On entend tellement facilement de belles histoires sur la famille, ces unions parfaites d’êtres qui s’aiment et se respectent, qu’il est toujours douloureux d’être rejeté par la sienne. Alors oui, Shoshana s’était reconstruit une famille. La sienne. Celle de son sang, constituée de ses propres enfants. Celle de son cœur, plus large, plus ouverte à accueillir de nouveaux venus. Et, même après toutes ces années séparées, c’est là qu’elle rangeait Grace. « Elles me plaisent, elles sont très intéressantes ! C’est…l’après étude qui me fait un peu peur… Et pour le bar ne t’inquiètes pas. Je te promets que je fais attention et je ne suis jamais seule, il y a toujours les garçons. Ils veillent sur moi et même les habitués le font, mon patron également je suis en sécurité c’est promis »  Lui confie la jeune femme et Shoshana hoche la tête, pour lui dire qu’elle la croit et qu’elle lui fait confiance. De toute façon, elle sait également que si la dragonne se retrouve dans le pétrin, Rhea sera là pour venir la récupérer par la peau des écailles et la ramener sur le droit chemin. Ces deux petites se sont bien trouvées, elle en est parfaitement convaincue.

Et puis Shoshana aborde le sujet des pouvoirs. Elle sait qu’il est épineux pour Grace, mais également important. A son âge la jeune dragonne devrait pouvoir accéder au niveau deux de puissance, mais les années passées à réprimer sa vraie nature n’ont pas aidé à la faire évoluer dans le bon sens de ce point de vue-là. Car si Shoshana avait perdu sa famille suite à ses choix, Grace n’en avait jamais eu une à la hauteur, par le simple fait d’être née dragon. Une réalité qui déchirait le cœur de Shoshana. Personne ne devrait être rejeté pour sa nature profonde, elle en était convaincue.   « Je ne sais pas. Oui. Je suppose je, je veux dire je n’ai rien geler par accident depuis longtemps mais ce n’est pas….ce n’est pas aussi stable que ça pourrait l’être je suppose » Elle lui répond finalement et Shoshana lit parfaitement sur son visage, dans son froncement de sourcil, que la situation ne lui plait pas, que toutes les blessures dues à sa condition de dragonne ne se sont pas encore refermées. Mais il faut laisser le temps au temps, elle n’a aucun doutes qu’un jour, la petite Riverwood aura pris pleine possession de sa nature. « C’est déjà super, c’est un très grand progrès ! »  Elle dit pour l’encourager. « Je me souviens quand tu venais au centre et que tu te retrouvais assise sur une chaise gelée, heureusement que tu avais une résistance élevée au froid. »  Elle dit en laissant échapper un petit rire, comme on évoque un bon souvenir, même si elle se doute que ça n’est pas entièrement le cas. Pourtant elle pense qu’il faut savoir s’affranchir de ces moments un peu embarrassants, ceux qui nous ont causé de la peine, quand des années plus tard, on arrive à se sortir de ses problèmes. « Ca ne devait pas être facile pour toi, je suis très fière de toi. »  Elle rajoute, avec un sourire sincère et doux. Pas de jugement, pas de moquerie.

« Tu sais c’est normal, il ne faut pas t’inquiéter. A cause de ce qu’il t’est arrivé, tu as pris du retard, mais ce n’est pas de ta faute. Et je suis sûre que maintenant que tu as tout ce qu’il faut pour t’entrainer convenablement, tu n’auras aucun mal à progresser comme les autres. »  Les mots sortent naturellement et avec conviction. Dans l’éclat de ses yeux, il y a de la fierté, un souvenir d’un discours similaire qu’elle aurait pu tenir à l’un de ses enfants. Bien sûr, eux n’avaient jamais été brimés dans leur nature de dragon. Tous les trois avaient eu la chance de grandir dans des familles où le gêne était sacré, porté en étendard, comme la plus grande fierté possible. Mais eux aussi avaient doutés, c’étaient parfois écrasés contre des murs bâtis de leurs grandes ambitions et de la pression posées sur les épaules des descendants des familles gardiennes. C’était le rôle d’une mère de chasser ces doutes et de les remplacer par des encouragements. « Je suis persuadée que tu m’appelleras bientôt pour me dire que tu es à Phoenix et me demander de t’accompagner à la Gold Factory pour ton passage de niveau. » Et elle le dit sans pression. Cela pourra être dans quelques jours, des semaines, des mois, des années. N’importe quand. Elle sera là.  

Remember me...

When the day turns to night and you run out of candles to burn and you can’t find a light...
You’re not alone, You’re not alone

« C’est déjà super, c’est un très grand progrès ! » La brune eut un petit sourire, tout cela elle ne pouvait pas le nier, fût un temps où il ne se passait pas un jour sans un accident, entraînant la peur, les cris. Lesquels avaient été les siens et lesquels ceux de ses géniteurs, il y en avait eu tellement. « Je me souviens quand tu venais au centre et que tu te retrouvais assise sur une chaise gelée, heureusement que tu avais une résistance élevée au froid. ». Les premiers souvenirs, les premières rencontres...Grace pouvait les décrire si aisément si elle y réfléchissait, elle avait pousser les portes, par doutes, par curiosité, elle se souvient qu'une des jeunes femmes avaient sursauter en la voyant assise sur une chaise gelée sans en éprouvait la moindre gène, la moindre douleur ou le moindre inconfort, et en y repensant, c'était même curiosité qui avait habitait les yeux de la dite jeune femme qui lui avait offert un chocolat avant d'aller parler à quelqu'un... C'était comme ça qu'elle avait rencontré Shoshana...  « Ca ne devait pas être facile pour toi, je suis très fière de toi. » Presqu' instinctivement, Grace lui rend son sourire, cela n'avait pas été facile, mais cela lui avait apporter tellement de choses qu'elle pouvait bien accepter un peu de difficulté, de toute façon, pensa-t-elle, elle était plus à une difficulté, sa naissance et son enfance en avait déjà été une en soit, alors qu'est-ce qu'une petite chaise gelée en comparaison ?

Ce qu'elle trouve dans les yeux de Shoshana, cet éclat, ces mots si sincères et tellement convaincant...  « Tu sais c’est normal, il ne faut pas t’inquiéter. A cause de ce qu’il t’est arrivé, tu as pris du retard, mais ce n’est pas de ta faute. Et je suis sûre que maintenant que tu as tout ce qu’il faut pour t’entrainer convenablement, tu n’auras aucun mal à progresser comme les autres. » Grace pouvait presque y croire, elle pouvait presque imaginer que d'ici quelques mois, ce serait comme si tout son passé, toute ces réprimandes, tout ceux qui l'avaient brisé n'avait jamais exister. Si elle fermait les yeux, elle pouvait, voir tout son passé s'enflammer dans un petit tas de cendre s'envolant au grès du vent. Mais ce n'était qu'un rêve, une idée, si les entraînements avec ses sœurs portaient ses fruits, il lui faudrait plus, tellement plus avant de pouvoir passer n'importe quel passage à niveau. Il faut plus que de l'entraînement, il faut quelque chose dont la dragonne a cruellement manquer tout au long de sa vie et ne découvre que petit à petit...

« Je suis persuadée que tu m’appelleras bientôt pour me dire que tu es à Phoenix et me demander de t’accompagner à la Gold Factory pour ton passage de niveau. » Immédiatement alors, les orbes glacés rencontrent ceux de son aînée, comme pour chercher à savoir si la gorgone disait la vérité. Pourtant, une petite voix, longtemps oubliée, ne lui cesse de crier que quelque chose comme cela...quel intérêt aurait la gorgone de mentir ? Aucun, et cette même petite voix lui cris, lui hurle d'une voix stridente qu'elle lui dit la vérité.
Et si le regard azur de Grace s'est, durant un court instant, voilé; ce n'est que parce que des perles salés menacent de grimper... Elle n'était pas émotive, juste si peu habitué à autant de bonté, elle avait toujours l'impression qu'elle n'était pas celle à qui cela était adresser, et que, si c'était le cas, c'est que les gens ne faisaient cela que par pitié. Mais il n'y en avait pas ici, pas depuis longtemps, et pourtant... "Et tu viendrais.... si cela arriver et que je te demander, tu m'y accompagnerais ?" dit-elle d'une petite voix avant de renchaîner "J'ai tellement peur... de ce qu'ils pourraient dire ou faire, ce qu'ils pourraient ou non voir en moi, tellement peur de ne pas y arriver, de tout perdre et redevenir celle que j'étais... Je ne veux pas tout perdre... pas maintenant" Pas maintenant qu'elle avait une famille, des frères, des sœurs, deux qui, peut-être un jour, serait appeler Maman... Pas maintenant qu'elle avait une famille, élargie, étrange, bancal, fractionné et dispersé mais une famille tout de même, une qu'elle aimait.

Réflexe enfantin qu'elle n'avait jamais totalement oublié, la brune fit glisser ses jambes sur le canapé, dans une position fœtale à laquelle, elle était bien trop habituée. Commençant à l'enfance, continuant à l'adolescence, revenant en force à chaque fois que les émotions la submergeait, après ce meurtre involontaire, après être monter dans cet étrange bus avec les garçons, après avoir parler à Shoshana pour la première fois dans ce centre d'accueil, sa première nuit au foyer après avoir tout quitter... S'en était à se demander si un jour, cette position la quitterait.

Grace & Shoshana

Memories warm you up from the inside. But they also tear you apart.

Shoshana parle avec son cœur, comme elle l’a toujours fait. Il n’y a pas de paroles forcées, pas de mensonge ou de sentiment truqué, jusque son honnêteté habituelle, sa nature profonde de gorgone qui s’exprime, mêlée à son instinct maternel, parfaitement ancré dans chacune de ses décisions. Oui, si Grace le lui demandait, si elle la laissait faire, elle serait là pour elle, prendrait soin d’elle et l’aimerait comme sa fille, comme elle l’a fait dès les premiers instants de leur rencontre. Parce qu’elle était touchée par son histoire, ses grands yeux bleus et son sourire encore trop timide. Elle aimait cette petite à qui la vie n’avait rien offert mais qui avait su se relever, qui ne s’était pas laissée abattre et qui avait eu la force de frapper en retour quand tout essayait de l’accabler. Grace n’en avait pas pleinement conscience, c’était évident, mais elle était une dragonne forte, pleine de potentielle et Shoshana ne se lasserait jamais de lui dire encore et encore. Elle savait que sa nouvelle famille le ferait aussi. Rhea serait la grande sœur idéale, Ariadne et Athena des mères parfaites et l’ensemble de la fratrie, des soutiens sans faille. Ici elle pourrait s’affirmer et prendre la place qui était la sienne dans la grande lignée des dragons.

« Et tu viendrais.... si cela arriver et que je te demander, tu m'y accompagnerais ? » Elle hoche la tête sans la moindre hésitation. Oui elle viendrait. Même pour moins que ça, elle viendrait. Il lui suffisait de demander et elle sera là. « J'ai tellement peur... de ce qu'ils pourraient dire ou faire, ce qu'ils pourraient ou non voir en moi, tellement peur de ne pas y arriver, de tout perdre et redevenir celle que j'étais... Je ne veux pas tout perdre... pas maintenant » Rajoute la dragonne et Shoshana lui adresse un sourire compréhensif. Evidemment, des années de doutes ne peuvent disparaitre en quelques secondes, ni même en quelques mois. Il faudrait du travail et beaucoup d’amour pour que Grace ne doute plus et même avec tout ça, il est toujours possible qu’un fond d’incertitude la poursuive pour toujours. Car s’il est facile de détruire, il est toujours compliqué de reconstruire et encore plus de consolider. Mais le temps aide, la gorgone le sait bien. Et une femme forte, comme elle et comme Grace ne se laisserait pas abattre. Elle observe la dragonne replier ses jambes sur le canapé et reconnait sa façon à elle de se rassurer, de se protéger. Alors elle se saisit de sa main, la glisse entre ses paumes délicatement et répond. « Oui je viendrais, quand tu en auras besoin, même si ce n’est que pour aller acheter une plante pour décorer ta chambre. Tu peux m’appeler quand tu le souhaites. » Elle resserre un peu son étreinte pour appuyer ses mots et continue de la même voix douce. « Il ne faut pas avoir peur, les maitres dragons ne sont pas là pour te détruire. S’ils jugent que tu n’es pas prête, ça sera pour ton bien et ça ne veut pas dire que tu pourras tout perdre. Ils sont là pour faire ressortir le meilleur de chaque dragon. Tu ne pourras plus perdre ce que tu as aujourd’hui, tu n’es plus l’adolescente perdue qui a poussé la porte du centre, même si les choses venaient à changer pour toi, tu t’en sortirais très bien. » Libérant l’une de ses mains, elle vient passer un doigt délicat sur la joue de la petite brune.

Pendant un instant, elles restent toutes les deux ainsi, échangent encore quelques mots, puis Shoshana s’aperçoit de l’heure qu’il est. Elle doit rentrer, elle n’avait pas pensé rester si longtemps et ses enfants l’attendent à Phoenix. Elle se lève alors et s’excuse, mais l’heure est venue pour elle de rentrer. Serrant Grace dans ses bras, elle croise ensuite son regard et ajoute simplement. « Ca m’a fait plaisir de te voir, promet-moi que tu donneras des nouvelles maintenant, ok ? » Parce qu’elle veut s’assurer que la jeune fille n’hésitera pas, qu’elle saura toujours où la trouver et qu’elles ne redeviendront pas deux souvenirs dans la vie l’une de l’autre. Avant de partir, elle la reprend dans ses bras, dépose un affectueux baiser sur sa joue et quitte le sanctuaire un sourire aux lèvres. Elle ne s’était pas attendue à une journée aussi remplie en émotion, mais elle n’en regrettait clairement aucune partie.