Acquisition de capacité ー Aspen Van Seabrook (contrôle sensoriel, 1 dé)

C’était la première fois que Scylla pouvait te confier quelque chose.
Avant, elle détestait que tu t’aventure dans sa chambre parce qu’elle craignait que tu lui vole une babiole. Avant, elle utilisait le mur qu’elle avait érigé pour t’éloigner d’elle, comme si tu étais capable de créer une brèche si tu étais trop proche. Même si Scylla n’était pas l’ainée, elle avait toujours été l’enfant qui suit les ordres de ses parents, toujours à attendre leurs approbations. Peut-être que c’était ce qui avait poussé Sybil à quitter l’Océan, finalement. Le royaume serait encore debout avec la grande Scylla sur le trône. Parce que la sirène était horriblement parfaite à tes yeux. Trop sage. Trop perfectionniste. Elle avait sa vie toute tracé. Un royaume dont elle dirigeait déjà les armées. Un royaume dont elle pourrait prendre les rênes si Skander n’était plus là. Si ce n’était qu’un petit chef, elle resterait toujours la préférée des Van Seabrook. Elle avait un époux à son image. Droit et protecteur, Scylla ne pouvait pas se plaindre malgré les circonstances.

Vos débuts avaient été électriques et tendu en tout point. Tu avais été en colère pendant longtemps, trop longtemps. Tu voulais mettre des mots, lui hurler les mots qu’elle t’avait empêché de déclamer. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle t’accepter, les bras grand ouvert. Vous seriez toujours l’opposé l’une de l’autre. La mer calme et l’Océan déchainée. Elle avait sa propre vision de la vie et toi, tu avais tes règles. Surtout une règle : Vivre comme tu l’entendais. Si Sybil avait été la douceur quasi maternelle, Scylla est la lame d’une épée toujours en mouvement. Incapable de baisser sa garde malgré la présence de sa générale. Si Scylla aimait prendre les choses en mains, tu avais été surprise quand elle demandait un petit service. Tout au plus, c’était professionnel.

Quelque chose d’important.

Une partie de toi aurait pu lui tourner le dos comme elle l’avait fait si souvent. Lui montrer que tu attendais plus. Autre chose qu’une vague promesse. Mais Scylla était un être complexe et surtout, elle était le genre de femme dont les pensées étaient indéchiffrables. Comme des morceaux de verres brisé, il y avait une possibilité de rendre la situation plus vivable. Si ta véritable colère était dirigée contre le futur roi de Nydaros, tu espérais que Scylla pourrait prendre un jour de ton partie contre lui, si les choses devaient tourner différemment. Voilà ta chance, Aspen !

Tu n'étais plus la petite fille qui voulait lui ressembler. Adopter sa démarche. Adopter son style de vie. Être à sa hauteur pour mériter un regard. Juste un. Parce que Scylla avait tout, tout lui avait été servi sur un plateau d’argent. Elle était la fille parfaite, la princesse parfaite, l’épouse parfaite. La vie de la sirène était ordonnée comme une papier à musique. Elle avait toujours quoi dire et quoi faire. Elle savait et elle gardait le contrôle sur ses émotions. Comme si les sentiments étaient de simples accessoires qu’elle pouvait mettre sous clé.
Toi, tu laissais tout sortir. Tu laissais sortir ta colère quand tu en avais marre. Tu laissé sortir ta joie quand tu faisais la fête. Mais il y avait peut-être quelque chose que tu avais compris. Tu n’avais jamais vu Scylla baisser le regard. Tu n’avais jamais vu une larme ni même une once de tristesse dans ses yeux. Comme elle, elle avait compris qu’il ne servait à rien de pleurer pour que la douleur cesse. C’était le seul luxe qu’elle ne s’offrirait sans doute pas.

C’était donc d’un pas décidé que tu te rendis chez le journaliste curieux. Toi-même, tu étais le genre de créature a aimé farfouiller un peu partout. Tel un verre dans une pomme, tu adorais trouver les petits secrets compromettants chez les uns et les autres. Personne n’était parfait, tout le monde avait un vilain petit mensonge dissimulé sous un sourire digne d’une publicité. Tu avais la somme d’argent requise pour acheter le silence du journaliste. Mais les journalistes avaient besoin d’informations. De quelque chose que les lecteurs veulent plus que tout. C’est à travers une discussion informel que tu testais pour la première fois, un tout nouveau pouvoir.

Le contrôle sensoriel était quelque chose de discret, presque comme une puce sur un fil d’équilibriste. C’était généralement un pouvoir qui avait besoin d’un contrôle de soi. Toi, tu n’étais que le boulet de canon. Cette fois-ci, tu serais le corbeau discret. Sur le point de donner l’argent à son nouveau propriétaire, tu arrêtais ton geste, sentant que quelque chose n’était pas normal. Comme une légère vibration. Ou un léger murmure dans une salle vide. Le menteur était doué, mais pas assez doué que toi.

- Si vous tenez à garder votre réputation intacte, je vous conseille de garder le silence sur votre petite découverte. Vous n’êtes pas le seul à aimer exploiter les failles des autres !

Si une simple dissuasion ou l’hypnose aurait pu être une garantie suffisante, tu voulais voir cette légère inquiétude sur son visage. Ses traits étaient plus tendus qu’avant votre rencontre. Tu voulais qu’il imagine les millions de moyens possible que tu avais pour rendre sa vie impossible. Tu étais le joker dans un jeu de carte. Tu étais le fou dans une partie d’échec. Là ou la stratégie opère, tu arrive et tu fais un maximum de dégâts. Parce qu’il n’est ni innocent, ni vraiment mauvais. Comme toi, tu t’amuse à marcher sur une longue ligne, coincé entre le bonté et la méchanceté.

Je ne suis loin d’être parfaite, Scylla. Je ne serais jamais à ta hauteur. Mais comme tu me l’as dit, je ne dois chercher qu’à être moi-même. Qu’à suivre ma voie et mon chemin plutôt que le tien. On a des vies différentes, des relations différentes. Mais dans le fond, peut-être qu’un jour, on trouvera le moyen de faire la paix. Qu’on trouvera un terme adapté sans utiliser le mot sœur. Qu’on trouvera un moyen d’être du même côté. Que tu verrais la vie de mon regard et non du tien.

L’initiateur de cette mission n’était pas un membre de la royauté. Ce n’était pas un surnaturel et pourtant, à sa manière, il était le leader de demain. Si les motivations de Cain Stonegold avait été mystérieuse, tu savais qu’il avançais des pions comme un redoutable stratège. Au yeux du monde, il n’était qu’un humain, un traitre à sa famille. Les similitudes que tu voyais dans sa vie était transposable dans ta propre existence. Toujours en arrière-plan. Un second rôle alors que l’on pouvait prétendre à mieux. Mais aujourd’hui, vous aviez tous les deux eut ce que vous vouliez. Tandis qu’il se retrouvait sur un trône, tu avais accès à une liberté toute fraiche. Si tu avais été une rebelle, tu aurais même pu te faire appeler Black Sheep. Un nom accrocheur pour les yeux marins de ceux qui t’avait connu et côtoyé.

C'est un des avantages d'avoir un nom plus connu que son visage, on peut se faire passer pour n'importe qui.

Minutieux et perfectionniste, il avait su d’identifier et connaître le potentiel que tu pouvais offrir au monde. Ou du moins, à son organisation. Comme s’il pouvait prévoir l’ensemble des évènements et des probabilités. Parce que tu n’étais que l’orpheline, le trésor de guerre des Van Seabrook. Ton visage serait toujours dans l’obscurité tandis que les autres seraient toujours baigné d’une lumière artificielle.

Abandonner par des parents qui ne nous aimer pas vraiment, obliger de vivre dans une famille dans laquelle on ne se retrouve pas, ou on se sent comme un étranger.

Par des moments, tu avais presque cru qu’il avait pu utiliser le miroir magique même s’il avait été détruit. Connaître une personne aussi bien, savoir ses bons et surtout, ses mauvais côtés. Parce qu’on avait démasqué le coté sombre. Le diable qui est dans chacun de nous.

Vous avoir à mes côtés est en soit une déclaration que certaines sirènes et tritons sont ou seront partisans de l'Ordre, mais cela enverra aussi un message. C'est pour cela que je ne veux pas que vous travailliez pour moi, mais plutôt avec moi. Ensemble nous pouvons accomplir de grandes choses.

Après ça, il y avait eu BlackWater et la libération des prisonniers. Une mission qui s’était déroulé presque sans le moindre problème. De nouveau alliés mais un séjour obligatoire dans un hôpital pour te remettre de tes blessures. Et là encore, Cain avait été là. Parce que ce n’était pas d’une quelconque affection que tu avais besoin. Mais, simplement, quelqu’un qui soit là. Un brin de sincérité. Une poignée de confiance. Parce que ce n’était pas la politique ni quelque chose d’approchant. Une amitié était née, contre toute attente.

- Tu es avec moi ?

Dana était là, devant un bâtiment, attendant que tu arrêtes de plonger dans tes souvenirs pour revenir à quelque chose de plus important. La mission. Cain avait demandé à la zouwu d’accomplir une mission que tu aurais pu faire les yeux fermé. Ton rôle était simple. Tu étais le coach sur le banc pendant que le joueur entre sur le terrain. Tu étais le mentor. Tu avais une responsabilité. Non seulement ta vie mais également la sienne. Agile comme un félin et curieuse de faire ses preuves, ses pieds étaient incapables de rester en place. Excitation ou le stress d’entrer dans la cours des grands.

Tu devais dégager le terrain pour que Dana puisse récupérer le document tant espérée. Dans le fond, c’était assez simple. Si on oubliait les personnes dans la pièce à coté et la distance qu’il fallait couvrir. C’était dans ce genre de situation que tu te demandais ce que tu aurais fait si tu avais eu des ailes. Dans une époque lointaine, tes propres ancêtres avaient de sublimes ailes et pouvait prétendre être des rivales des dragons. Un jour, cet équilibre finirait par être retrouver. Posant ta main sur son épaule, obligeant la jeune recru à arrêter ses mouvements intempestifs.

- Bien sûr, pourquoi tu crois que je suis là ? Pour faire du shopping ?
- Je suis sérieuse, Aspen
- Moi aussi, Dana
Parce que le premier pas était le plus difficile. Parce qu’à la minute ou elle serait entrée, elle ne pourrait pas reculer. Parfois, il fallait sauter et voir ce que cela donner. Fermer les yeux et attendre si le destin était de notre côté. Tu te tourne vers elle, croisant ses prunelles empli d’incertitude et de doute. Parce qu’elle pourrait avoir une meilleure alliée. Mais également, une personne pire que toi.

- Arrête de te prendre la tête, zouwu. C’est simple, tu entres, tu prends le document et tu t’en vas.

Fermant les yeux, tu visualise le bâtiment. L’intérieur de la salle des archives. Comme un voile, tu l’enveloppe pour que la jeune femme soit aussi silencieuse que les pas d’un chaton. Dana n’est plus dans ton champ de vision. Elle est à l’intérieur. Elle doit faire vite. Cain lui a bien dit ce qu’elle doit prendre. Ton pouvoir tien le coup même si une petite faille se crée. Ce n’était pas ton élément mais tu as promis à ton leader que tu ferais de ton mieux. A la minute ou la voleuse revient vers de toi, une personne rentre dans la salle. Un peu de bruit à dû se faire entendre mais la mission est réussie. Le bonhomme à la cravate regarde avant de retournait à la réunion ennuyeuse qui l’attend à côté.

Dana est presque euphorique, ses yeux pétillent comme les bulles dans une bouteille de champagne. L’adrénaline doit parcourir tout son corps, de ses cheveux jusqu’à ses orteils. Tu sais ce que ça fait. Une autre bonne raison de faire partie de l’Ordre. Pour les sensations. Le sentiment du devoir accompli. Le document est là. Cain sera satisfait de savoir que rien n’a merdé. Si la jeune femme est prête à rejoindre le leader pour lui remettre le document, tu l’arrêtes en chemin, le sourire au lèvre et une idée qui germe dans ton cerveau.

- Viens, il faut fêter ta première victoire. Cain peut bien attendre un peu !

Pour ce soir, tu n'es pas derrière le bar. Même si tu apprécie d'être là, en compagnie des fêtards éméchées et de l'alcool qui coule à flot, tu aime également le bruit de la musique. Les chansons qui hurlent à travers les hauts parleurs. Les gens qui dansent et qui déambulent également. Tu reste sur ton poste, les lumières et les spots qui changent de couleur à travers la boite de nuit. Au fond, tu sais que l'endroit est comme les autres boîtes de nuit. La musique, la boisson et les gens qui s'amusent. Tu aurais pu travailler ailleurs, il y avait des tas d'endroit ou tu pouvais faire ce que tu faisais de mieux : la fête. Tu n'avais jamais été une grande fan du Conseil de la nuit et leur pseudo justice. Tu ne voulais pas te battre pour un camp ou un autre. Cain t'avait offert une chance d'être simplement toi. Pas une justicière ni une Van Seabrook. Juste Aspen.
Tu t'oublie dans la musique, tu danse comme si c'était la dernière fois que tu goûte à la mélodie. Tu sourie, tu rigole, tu profite de chaque instant. Ta robe argenté se reflète et ta chevelure de feu s'envolent dès que tu bouge ta nuque.
Tu croises certains camarades aquatique qui se déplacent, un  plateau dans la main et des verres aux teintes multicolores. La fête était partie pour durer encore le reste de la nuit.

Jusqu'à que tu vois ce groupe de sorcier avec des lunettes de soleil, tu trouve ça plutôt idiot alors que l'endroit est dans la quasi-obscurité. Tu comprends pas ce qu'il font là, alors qu'ils aucune intention de consommer. Tu les vois, ton regard capte chacun de leurs pas. Tu vois le mystérieux symbole sur les mains, tu ne cherche pas à savoir ce qu'il signifie. Tu n'aurais pas les connaissances nécessaire, tu es une sirène pas un sorcier des temps modernes. Alors que tu commence à descendre du podium ou tu étais installé, l'air change et d'un coup, un bruit impressionnant résonne partout jusqu'au cœur de tes tympans. Tu pose tes mains sur tes oreilles pour tenter d'atténuer le bruit mais ça reste insoutenable.
Les sorciers se dirigent vers la caisse, prenant les liasses de billet dans un gros sac en plastique. Tu pourrais intervenir mais le son te brise les tympans et tout résonne. Tu n'arrive pas à réfléchir, comme si ce n'était qu'un vieux réflexe.

- Crétin de sorcier...

Tu tente d'approcher encore une fois, les miroirs et autre surface surface réfléchissant explose d'un coup. Tu te protège le visage, le mieux que tu peux, tu te décide à te cacher derrière un sofa, attendant le meilleur moyen de frapper les voleurs d'un soir. Tu aurais pu partir, faire ce que tu savais faire et oublier cette stupide soirée. Tes oreilles semblent en feu, tes yeux papillonnent dans tous les sens. Les autres clients sont aussi mal que toi, ils ferment les yeux. Certains crient, d'autres hurlent et commencent à s'en prendre les uns les autres. Tu cherches une porte de sortie, la meilleur façon de rendre la monnaie de leurs pièce à ces stupides personnages qui osaient s'en prendre à ton salaire.

Tu t'avances dans leurs directions. Pas après pas, tu rampes quasiment vers eux. Tu ne fuis pas, toi. Tu arrive, toi et tes écailles pour faire face à ses glyphes et des sorciers. Tu souris, lâchant même un petit geste de la main aguicheur.
Mais le bruit est puissant, quand tu tente un cri de sirène, tu as l'impression qu'il se retourne contre toi. Il te propulse jusqu'à un mur de la boîte. Le bruit vrille. Encore et encore, tu as l'impression qu'il ne s'arrêtera probablement jamais. Un bruit sourd. Presque aigu comme un instrument mal accordé.

Avant de sombrer, tu vois les voleurs qui s'échappent par la même entrée par laquelle ils sont pénétré dans le Déconseil de la Nuit. Tu sais que tu passeras un mauvais quart d'heure avec le patron étant donné que la paye avait disparu. Hop, d'un seul coup. Tu garderas ta vengeance dans un coin de ta tête. Tu donnerais une bonne leçon à ses sorciers. Tu le savais. Tu étais une tête brulée, tu en connaissais la signification et la définition. Tu feras brûler le feu et la fête continuera de nouveau.

Une fois partis, le bruit s'efface d'un seul coup. Tu te relève, essuyant et enlevant le reste des débri de verre. Tu t'empresse d'aller jusqu'à la porte, voulant absolument revoir les visages des hommes dont tu tenais responsable, l'échec cuisant de la soirée. La caisse était vide, vraiment vide. Ta paye serait morcelé et tu n'avais qu'une partie de la plaque immatriculation de la voiture ou tu avais vu les hommes s'enfuir. Des sorciers. Tu n'avais jamais vraiment aimé ces créatures, maniant les pouvoirs et étant sombre et plein de mauvaise intention. Priant d'ancienne divinité sans nul doute.
Prenant une veste, tu étais décidé à prendre les risques. Faire une grosse bêtise comme à ton habitude.