Route clair de lune ◉ Erebos & Dakota

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

Route clair de lune

Erebos | Dakota

Cela faisait bientôt six mois que son anniversaire était passé. Bientôt six mois que son anniversaire était passé et, pour être tout à fait honnête, si Dakota n’avait pas insisté pour qu’ils utilisent son cadeau, Erebos aurait sans doute laissé filer encore six mois, ou six ans, ou six millénaires, tant tout sortait de son crâne blond avec une aisance déconcertante.
Le lecteur avisé se demandera alors quel était le cadeau en question, pour qu’il fut ainsi rejeté dans les oubliettes mémorielles d’un Erebos récalcitrant. Et le lecteur curieux se verra obligé de prendre son mal en patience, non pas pour quelques paragraphes, mais bien jusqu’au post suivant, pour une raison extrêmement simple : Reby lui-même l’ignorait. Dakota ne lui avait envoyé qu’une petite carte à l’énigme incompréhensible, et un bon pour un après-midi dans un endroit au nom étrange. Leur relation étant basée exclusivement sur Mario Kart et sur le nombre de défaites que Dakota prenait plaisir à infliger au jeune sorcier, il s’était imaginé qu’il s’agissait d’une salle de jeu où elle l’humilierait encore quel que soit le support usé.
Un autre que lui aurait cherché sur internet le nom et l’adresse de l’endroit pour avoir une idée plus fine, mais je pense, ô dévoué lecteur, que vous connaissez suffisamment ce pauvre Erebos Stonegold pour savoir qu’il n’en fit rien. Il préféra la voie la plus mystérieuse, la plus excitante, inconsciente sans doute, voie la plus Erebos somme toute. Il décida de s’y pointer et de voir, tout simplement, ce que Kota lui réservait. Ils n’étaient pas très proches, pas assez pour qu’elle lui ait offert quelque chose de bizarre ou de gênant pour lui : c’était là l’apanage des meilleurs amis, ceux qui aiment vous ridiculiser, vous filmer en train de le faire, et ensuite poster sur Facebook votre moindre pas de travers pour le ressortir à votre mariage, d’un air gentiment ingénu.
Reby n’avait pas ce genre d’amis. Et, de fait, s’il lui arrivait de se marier un jour, le mariage ressemblait probablement plus à une famille riche célébrant une union étrange à l’arrière d’un camion poubelle. Mais là n’est pas notre point, mon cher lecteur.

Il était 16h57 lorsqu’il arriva à l’adresse donnée, fondamentalement convaincu d’avoir (enfin) trois minutes d’avance sur son rendez-vous de seize heures. D’un pas jovial dans l’un de ses inarrêtables sarouels violets, Erebos se présenta devant le bâtiment, lunettes de soleil (rayées) sur le visage et sac banane en bandoulière.
Notons qu’Erebos ne mettait pas son sac banane en bandoulière pour répondre à un quelconque effet de mode : il avait tout simplement une gigantesque flemme de défaire le clip de la ceinture à chaque fois et préférait donc l’enfiler plutôt que de le détacher.
Arrivant à hauteur de Dakota, il lança un sourire radieux à l’amie d’enfance retrouvée, sans comprendre le moins du monde que les multiples sonneries de son vieux téléphone portable avaient peut-être un lien avec sa prétendue ‘avance’.
Clignement. Clignement. Mouvement de tête. Clignement.
« Salut salut ! » lança-t-il en arborant la même posture que l’emoji :cool-1: sur Discord. « Tu as vu, je suis en avance ! »
Guilleret, il indiqua sa montre, toujours réglée sur l’heure d’hiver, qui tic-taqua avec gaité en direction de Dakota.

code by underratedboogeyman

Route clair de lune
-
EreBoss

C'est si compliqué que ça d'être à l'heure ? Est-ce que le Stonegold a passé tant de temps à se faire battre sur l'horloge Tic-tac qu'il a perdu toute notion du temps ? Ça faut bientôt une heure que je l'attends et s'il ne me dit pas qu'il est en retard à force de s'être pris des bananes sur le chemin, il va découvrir pourquoi je joue Little Mac sur Smash Bros. Le type me regarde bizarrement, comme si je lui faisais perdre son temps en lui faisant croire que j'ai un ami imaginaire.

Et c'est vrai que s'il fallait définir notre relation, à Erebos et moi, ami imaginaire serait pas vraiment la pire façon. On se parle rarement, on a en commun qu'une grande appréciation pour les jeux multi de Nintendo. Ce qu'il n'a pas en commun avec moi, cependant, c'est la capacité de gagner à ces jeux. On a fait du chemin, depuis le quartier Delfino jusqu'à Mute City, mais jamais, et vraiment jamais, il n'a gagné. Pourtant c'est un jeu tellement lié au hasard, un jeu où la répétition aide, un jeu pour toute la famille. Mais le frère d'Alaska ne semble pas pouvoir gagner une course.

Pourtant, j'aime beaucoup Erebos. Peut être parce que je me reconnais dans cette figure étrange de la famille Stonegold. Notre amitié avec Alaska est la plus belle chose qui me soit arrivée mais c'est aussi une surprise assez inattendue et je ne me suis jamais vraiment sentie à ma place au sein de sa puissante famille, même avant de savoir qu'ils étaient des dragons ancestraux. Alors ce blond sorcier, la tête dans la route arc-en-ciel et les yeux qui ressemblent à des champignons de vitesse, me rassurait toujours. Et puis, comment se sentir menacé par quelqu'un qui n'a jamais gagné une course de Mario Kart ? Je suis sûre que Rhaegar et Deirdre sont des champions sur la coupe carapace, qu'elles maîtrisent tous les raccourcis du circuit Hyrule.

Alors maintenant que je suis revenue dans la vie d'Alaska et dans la ville des Stonegold, j'ai voulu donner un beau cadeau d'anniversaire au sorcier blond. Plutôt que de l'affronter une énième fois sur Switch, il est temps de l'affronter sur un vrai circuit de kart, dans le désert de l'Arizona. Il doit s’en douter : ma carte était claire. « Longtemps nous avons combattu, sorcier, mais cette fois ce sera pour de vrai ! » Je suis loin d’être poète mais je suis assez transparente.

Le patron de la piste de kart me regarde vraiment bizarrement quand j’appelle Erebos pour la douzième fois. C’est peut-être aussi parce que je suis déguisée en Mario. Casquette, salopette, fausse moustache : tout y est. Un petit garçon a demandé à sa mère pourquoi son personnage préféré était devenu une meuf aux cheveux bleus et je remercie les dieux du royaume Champignon de ne pas avoir de gosses.

Enfin, le blond qui s’avance ENFIN vers moi ressemble bien à un gosse, avec ses poses étonnantes, sa banane qui, j’espère, est une référence à notre jeu préféré et sa montre mal réglée. « Super, Erebos, ta montre sera à l’heure dans un peu plus d’un mois. Pile à temps pour quand tu auras rechargé ton téléphone, j'imagine. » Peut-être que les dragons ne sont pas au courant pour le changement d’heure ? « Bon, c’est pas grave. Tu es arrivé. Du coup, t’as compris ta surprise ? Surtout avec mon déguisement là, j’imagine que c’est clair ? » Je prends la position de l’emoji :patrick: dans mon sublime cosplay handmade de Mario, espérant une réaction positive du Stonegold.

KoalaVolant

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

Route clair de lune

Erebos | Dakota

Erebos mit un certain temps à réaliser que Dakota ne portait pas une tenue habituelle. A vrai dire, elle aurait pu porter un sac poubelle qu’il n’aurait sans doute pas tiqué. C’est la moustache qui lui mit la puce à l’oreille. Ce genre de moustache ne survient pas en quelques semaines, ni même en quelques mois. Et certainement pas lorsqu’on est Dakota. Elle avait dû la faire pousser très longtemps pour atteindre ce type de forme et …
Les yeux hagards du jeune homme s’aventurèrent sur la casquette rouge frappée d’un M, la salopette bleue, et l’air renfrogné de la brune.
« Qu’est-ce-que … »
Pas le temps de finir sa question, Dakota l’a déjà chambré d’un vilain passif-agressif qui, comme le lecteur s’en doutera, passa à des années-lumières au-dessus de la tête de notre sorcier. Il faillit répondre, en toute candeur, que son téléphone était chargé et qu’il ne comprenait pas l’agacement de son amie puisqu’il était, de fait, à l’heure ; il fut interrompu dans son fil de pensée par la pose de la jeune femme.
Clignement. Clignement. Mouvement de tête. Clignement.
Détaillant à nouveau sa tenue, il se dit que non, décidément, elle n’était pas comme d’habitude. Dakota était plutôt le genre de fille à bien s’habiller -et par bien s’habiller, on entend ici mieux que lui, ce qui n’est pas fondamentalement un défi d’ampleur- avec des tenues de travail ou décontractées qui restaient toujours féminines. Non pas qu’Erebos ait un œil averti en mode, loin de là, il aurait d’ailleurs été bien embêté si on le nommait comme styliste, mais il flaira tout de même l’embrouille.

« Tu t’es déguisée en … » Plombier ? Non. C’était bizarre. Peut-être en maçon ? « AH MAIS LA MOUSTAAAAAACHE OK JE L’AI ! »
Bombant le torse d’un air fier, Reby haussa haut les sourcils.
« Tu t’es déguisée en Mario ! Ce qui signifie que … »
Analyse de la situation en cours.
Un cadeau d’anniversaire. Dakota déguisée en Mario. Une invitation mystère. L’air enthousiaste de la brune. Les indices se mêlaient dans l’esprit noyés d’Erebos, un faisceau d’idées convergentes qui ne pouvaient, finalement, n’avoir qu’une signification.
Son visage s’éclaira d’un coup.
« On va à une convention ?! Une convention de jeux vidéos, et t’as fait un cosplay de Mario ? C’est très réussi d’ailleurs, mais t’aurais pu me dire j’aurais fait un truc autour de Waluigi j’ai déjà les vêtements qu’il faut ou alors j’aurais pu être Peach ç’aurait été marrant j’aime bien Peach en plus même si je préfère … » Daisy.
Une ombre passa sur ses traits, qu’il chassa d’un mouvement de tête.
« Je savais pas qu’il y avait une convention ici ! C’est dans ce bâtiment ? On y va ? J’suis prêt ! »
Le jeune sorcier passa fièrement ses pouces dans ses passants de ceinture -avait-il des passants de ceinture qui tiennent encore sur ses pantalons, la cohérence voudrait que non, mais l’auteure affirme que oui- et attendit la réaction de son amie. Elle serait sans doute fière d’elle-même, et fière que lui ait deviné.

Ils allaient bien s’amuser.

code by underratedboogeyman

Sam 17 Sep 2022 - 20:56

Route clair de lune
-
EreBoss

« Oh Erebos, honey…. »

Je penche la tête sur le côté, incapable d’être en colère contre le blondinet. C’est étonnant, être jumeaux mais si différents. C’est bien le seul adjectif que je peux trouver pour le Stonegold : différent. Non seulement des autres dragons de sa famille, mais bien de tous les êtres que j’ai jamais rencontré. Toutefois, je vois la même lumière dans ses yeux que dans ceux de ma meilleure amie. Erebos est bon : c’est tout ce qui importe.

Il met plus de temps pour comprendre que je suis habillé en Mario que pour finir la route arc-en-ciel (et pourtant Dieu qu’il est lent). Mes remarques sur le changement d’heure sont passés au dessus de sa tête comme si elles avaient décollées à l’aéroport Azur (vous pensez que c’est de là que le Riverwood tient son nom ? Je le voyais pas geek pourtant avec ses costards). Mais son enthousiasme démarre aussi vite qu’un kart qui a réussi à faire le boost de démarrage alors je souris, la joie communicative entre nous deux.

« T’inquiète bro, j’ai pensé à toi. C’est ton anniversaire après tout. Enfin… T’as compris quoi. »

Je sors un sac avec le plus beau costume de Peach que j’ai pu trouver. Avec un autre gars, j’aurai eu peur qu’il prenne mal de s’habiller comme une princesse, mais je sais que ce n’est pas les questions qui érodent son ego. C’est un bon gars Erebos, je sais pas grand-chose sur lui, même pas s’il a une meuf ou un mec, mais j’en sais assez pour l’apprécier. J’en sais aussi assez pour sentir l’ombre quand le nom de Daisy trotte dans la conversation. Je m’apprête à enchaîner mais il le fait de lui-même.

Toutefois, il se prend complètement un mur dans sa déduction. Il aurait du mettre le gyroscope pour avoir une conduite plus simple. Je l’interromps donc en lui posant une main sur l’épaule.

« Non désolé, si tu veux on pourra aller à une convention, mais là c’est... »

« Ici on fait du kart, mon gars ! »

Beurk. Le gars du kart. Pourquoi il faut parler aux gens pour faire des choses déjà ?

« Ici, c’est pas du jeu vidéo les enfants. » J’ai trente ans, bouffon, alors tu vas te calmer bien vite avec tes… « Alors c’est bien rigolo vos costumes mais l’important c’est que vous soyez prêt à subir les dangers et... » « Mec, y’a une classe d’enfants de 11 ans qui viennent de passer. » Le gérant qui voulait se la jouer dur se retrouve un peu gêné. Il nous invite à le suivre en passant son bras sur l’épaule d’Erebos. Pas très consentement tout ça. Il lui dit relativement bas, mais assez pour que je l’entende. « Franchement, tu peux faire mieux qu’une nana qui s’habille en Mario. » MAIS ? Mais je vais lui refaire le portrait ou… Non, je dois garder cette agressivité pour mon passage de niveau. Je souris et l’imite en passant mon bras sur son épaule. On doit paraître bizarre à marcher à trois comme ça. « Dis, tough guy, tu veux qu’on joue un peu ? Conduis avec nous. Et si Erebos ou moi arrivons avant toi, tu dois porter le costume de Toadette que j’ai emporté au cas-où. Qu’est-ce que t’en dit ? » Marrant comme méthode pour faire taire les relous, et ça fait moins mal aux poings. Je souris à Erebos : on va bien s‘amuser.

KoalaVolant

Dim 16 Oct 2022 - 21:38

Route clair de lune

Erebos | Dakota

Tandis que Dakota sortait d’un sac la robe bouffante de la princesse Peach, Erebos clignotait des yeux aussi gaiement qu’un gyrophare. Le simple fait d’être là, ici, avec une personne de son âge qui ne soit ni un membre de sa famille ni l’un de ses collègues de travail relevait à vrai dire du miracle, tant les capacités de socialisation du sorcier égalaient celles de Simbad lorsqu’il s’agit de se nourrir.
Il allait commencer à faire preuve d’un enthousiasme toujours plus démesuré lorsqu’un Gilbert sauvage apparut, ignorant avec obstination toute notion d’espace vital.
On fait du kart ici, mon gars.
Du kart. Du kart, comme dans Mario Kart, mais sans Mario. Enfin si, avec Mario, puisque c’était la tenue adoptée par Dakota et … oh. Oh non. La réalisation parvint enfin à la conscience d’Erebos, lui roulant dessus comme un camion sur la piste de route clair de lune. Ils étaient là pour faire du kart, du vrai kart, dangereux et filant à pleine vitesse sur une piste qui ne comportait pas de petit personnage avec une canne à pêche prêt à te ramener sur la piste si tu finissais dans le décor. Immédiatement, l’esprit du jeune homme se remplit de canyons abyssaux, de cataclysmes apocalyptiques qui auraient pu être évités sans problème s’ils avaient pris la décision d’être derrière une manette de Switch plutôt que dans un vrai circuit.
« Euh … Kota ? »
Clignement. Clignement. Mouvement de tête. Clignement.
Il allait poursuivre en disant qu’il ne se sentait pas très prêt, et sans doute encore moins en costume de Peach, quand à tout moment le vent pouvait s’engouffrer dans sa robe et faire parachute pour l’éjecter hors de son kart. Mais le Gilbert passa un bras autour de ses épaules avec sa voix la plus graveleuse, comparant Dakota à une vulgaire cosplayeuse, quand elle était en somme … bon, il ne se souvenait pas vraiment de ce que faisait Dakota dans la vie, mais il savait qu’elle était très forte et très sympa, donc. Ça suffisait.
Ton diplomate, il déploya son argumentaire face au gérant du circuit.
« Ben ça j’crois pas parce que Dakota est très forte et moi je … »
Mais, de nouveau, on lui coupa la parole -un peu comme si on était dans un RP et que Valh essayait désespérément de faire réagir son personnage. Dakota proposa au gars de conduire avec eux, et même avec toute son innocence, le Stonegold lui-même ressentit l’animosité dans sa voix.

Décidant donc qu’on avait pas besoin de lui, voire qu’on risquait de s’écharper gentiment dans les prochaines minutes et qu’il ferait mieux de décamper, il prit des mains de Dakota le costume qui le concernait et, dans un bafouillement idiot, se dirigea vers les toilettes. Il retira ses vêtements, de toute façon difformes et troués, pour se couler dans la robe rose que lui avait fournie son amie.
Fait étonnant, ou peut-être lié à la connaissance inouïe de son acolyte dans la mode, celle-ci était parfaitement adaptée à la carrure du jeune homme. Il n’y avait même pas de fermeture éclair dans le dos qui l’aurait contraint à faire appel, d’une voix misérable, à quelqu’un pour la remonter. Non, décidément, c’était parfait.
Il enfila les gants blancs et hésita pour la perruque, mais décida que la couronne serait une coiffure suffisante. Puis il rejaillit des toilettes, heureux comme un enfant gâté qui se lève un 25 décembre.
« Regardez ! » Il tourna sur lui-même comme une toupie un peu étrange, ses gambettes poilues dépassant tandis qu’il relevait les bras. « Elle est trop bien, cette robe, Kota ! C’est un super cadeau d’anniversaire ! »
Toute appréhension de la route oubliée, un Erebos toujours pieds nus sortit sur le goudron brûlant, plissant les yeux pour apercevoir sur la piste d’autres coureurs qui filaient dans leurs véhicules.
Mouvement de tête. Clignement. Clignement.
Lorsque Kota le rejoignit, il lui glissa, décontracté.
« Dis, tu sais que je pourrai jamais battre le gars, moi hein ? »

Et puis qu’importait, après tout ; ils étaient là pour s’amuser.

code by underratedboogeyman

Ven 11 Nov 2022 - 15:23

Route clair-de-lune

On est pas là pour s'amuser.

Certes, à la base tout ce plan était un sorte de jeu de mot amusant, une occasion de se défouler, un brisage du 4e mur plutôt sympa. Mais c'était sans compter sur mon sens permanent de la compétition. C'était sans compter sur mon refus presque religieux de se laisser encore marcher sur les pieds.

De même, à la base le costume d'Erebos devait être une gentille blague mais, en vrai, c'est plutôt très cool. Le blond doré a un côté princier que la robe montre bien. Le type est parti pendant qu'il se changeait, après un dernier duel de regards noirs. Le Stonegold est loyal et gentil. Mais, c'est vrai, c'est loin d'être le meilleur conducteur. Je sors mes meilleures techniques de manager. Je m'assois avec l'air le plus sérieux que je peux avoir quand je suis habillée en Mario.

"Écoute Reby, je veux pas t'enlever le plaisir de ton cadeau, donc suis pas mon délire si ça te plaît pas. Mais là, c'est comme quand des gens se la racontent parce qu'ils ont des pouvoirs et pas toi. Quand ils se croient supérieurs parce que c'est des dragons ou quoi. Face à ce genre de gens, il faut bomber le torse et résister, sinon ils nous écraseront toujours, jusqu'à ce qu'on soit de la poussière."

Je me pose un peu. Je ne sais pas comment Erebos a vécu le surnaturel dans sa famille, au milieu de tous ces dragons surpuissants, mais ce sentiment d'impuissance qui ne me quitte jamais reste un conflit permanent.

"Enfin... si tu ne t'en sens pas capable, je suis sûr qu'on peut trouver quelque chose... T'as pas des sortilèges qui pourraient le déconcentrer ? Sinon j'ai bien une ou deux idées plus... "humaines""

Je vois un groupe d'enfants et des clous, déjà quelques stratagèmes se mettent en place. J'ai peut être pas de carapaces bleus ou d'éclair (zut, j'aurai du demander à Rhea Riverwood) mais je suis sûre de pouvoir m'en sortir avec mon compagnon de course.

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

route clair de lune

Je n'suis plus gentil, Luigi sort la kalash'
Pendant son sommeil, j'vais lui refaire la moustache
On verra bientôt qui sera le champion
Quand j'lui ferai avaler ses deux-cents champignons

Erebos, pendant que Dakota lui parlait, remuait légèrement la robe autour de lui, juste pour avoir la sensation du tulle contre ses jambes velues. C’était tout de même chouette, les robes ; ça procurait une sensation de liberté comme rarement le blond avait connu en portant un vilain pantalon. A se demander pourquoi il râlait, étant enfant, lorsqu’Alaska l’enveloppait d’une robe de chambre pour ne faire rien qu’à l’embêter. S’il avait su, il se serait bien au contraire complu dans ce genre d’instants ; et porterait bien plus de jupons roses qu’il ne portait de salopettes.
La main de Dakota, rencontrant son épaule avec légèrement plus de poigne que tous les partenaires qu’il rencontrait aux pompes funèbres, l’arracha à ses considérations vestimentaires.

Bomber le torse. Résister.

Le Stonegold dévisagea son amie, paupières clignotantes comme un code morse un peu raté. Comment ça, bomber le torse ? Son père lui avait toujours dit de ne pas réagir aux provocations, d’être sûr de sa propre valeur et de ne pas chercher à tout prix à montrer aux autres que c’était le cas. Bon, Erebos avait foiré la moitié de l’énoncé, mais … ne pas bomber le torse lui semblait être un excellent plan. Se recroqueviller en boule alors qu’on se moquait de lui, nettement meilleure réaction que d’envoyer des peaux de banane et de résister.
Ça lui allait, à lui, de se faire écraser, pourvu qu’on le laisse tranquille. Vaguement bredouille face aux insinuations de la bleue -qui ne l’avait jamais autant été, Reby articula des mots aléatoires.
« Mais … euh … comment ça … enfin … euh … » Puis, reprenant une contenance. « Mais enfin Dakota c’est du kart, euh, quoi, c’est dangereux, je vais pas l’ensorceler puis après il risque de se prendre le mur et se faire mal et moi je suis un sorcier qui gère euh les émotions mais surtout le guérir donc euh … »
Y a pas à dire : l’éloquence était, et sera toujours, véritablement le point fort d’Erebos.

A-t-il déjà été précisé dans quelles circonstances Erebos avait eu le permis ?
Rappelons ici que notre ami le sorcier a traversé, durant son adolescence, une période plus que troublée ; il serait on ne peut plus logique de penser que, en ces termes, personne n’aurait pris le risque de lui mettre un volant entre les mains. C’est pourtant le pari qu’avait pris Rhaegar : apprendre à conduire à Reby. Ce dernier, lui, avait longtemps pensé qu’une fois dispensé de moniteur il pourrait aller tranquillement s’enficher dans un fossé sans embêter personne.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu’il aimait, en fait, beaucoup conduire. La monotonie de la route, les automatismes et les réflexes le plongeaient dans un état second qu’Erebos affectionnait beaucoup.
Autant dire : clairement pas les mêmes conditions que dans un kart en robe de princesse.

Le kart était trop petit et le casque trop grand, donnant au Stonegold des airs de Bomberman sur une boite d’allumettes. A sa gauche, Dakota Williams, air déterminé sur les traits qu’on devinait derrière sa visière. A sa droite, le Gérard (ou Gilbert ? Valh a la flemme de vérifier dans le précédent post).
Et devant lui, un guignol qui s’agitait avec des petits drapeaux.
« Dakota ? »
L’humaine ne l’entendait absolument pas ; la bouche du blond était séparée de son oreille par deux couches de casque conçu pour éviter tout traumatisme crânien malvenu.
« Dakota ?! » tenta-t-il un peu plus fort. « J’suis pas sûr, en fait … »

Un drapeau s’abaissa, quelque part.
Trop tard.

CODAGE PAR AMATIS

Route clair-de-lune

Tout le monde n’est pas là pour résister. Tout le monde ne veut pas mordre comme un Chomp, se dresser contre le roi des koppas et partir dans des aventures galactiques. Je dois accepter qu’Erebos ne veut pas partir dans des plans plus complexes que la signification du circuit Yoshi. Je baisse les yeux devant des arguments qui sont pertinents mais aussi très incolores. Tout le monde ne veut pas d’une vie de combat aux couleurs tranchantes et variées. Le calme et la résignation qui me semble un vide gris doivent être un trésor que je ne peux pas enlever au Stonegold. J’ignore les voix qui me disent de perpétuer tous les stratagèmes auxquels j’avais pensé, je me discipline à servir les plaisirs d’Erebos même s’ils me semblent cruellement passifs. Je ne lance même pas de piques arrogantes au patron qui ne ressemble certainement pas à un Gilbert. Je me contente seulement sur les sons de mon moteur, - et n’entend pas du tout les cris d’appel à l’aide de mon blondinet. Je cherche la victoire par mes propres moyens.

Évidemment, j’échoue. Parce que, dans un monde sans stratégies étonnantes ou illusions colorées, la grise expérience l’emporte sur la simple conviction d’être le personnage principal. Pendant que j’essaye de ne pas écouter les moqueries de l’injuste vainqueur, j’essaye aussi de ne pas penser à la grise réalité que serait ma vie sans les illusions d’Isra. Je serai sans doute une vendeuse à temps partiel chez Agatha, avec des grands rêves et une addiction au CBD pour régler ses crises d’angoisses. Je fixe le vide en me rappelant une énième fois à quel point ma vie est celle que je souhaite, à quel point les valeurs d’Erebos sont incompatibles avec les miennes. Je me retourne toutefois vers lui avec le sourire, car si je ne suis pas d’accord avec lui, cela ne veux pas dire que je le méprise ou le rejette.

Alors, ça t’a plu BG ? (NB : ce surnom n’a aucune valeur de flirt entre Kota et Ereboss, seulement de l’amicalité trop ancienne pour que la gêne soit encore présente)

Tu veux refaire un tour ? Ou tu préfères… Si tu veux, y’a un canyon pas loin qui ressemble au circuit « Désert Toussec ». On peut y aller et y jouer à MK en costume ? J’ai pris nos switchs.

Quoi que je préfère, l’important, c’est ce que veut Erebos. C’est son jour après tout. Enfin… 6 mois après son jour mais vous voyez l’idée. Et, peut-être que, pour une fois, je laisserai Reby gagner.

Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille

route clair de lune

Je n'suis plus gentil, Luigi sort la kalash'
Pendant son sommeil, j'vais lui refaire la moustache
On verra bientôt qui sera le champion
Quand j'lui ferai avaler ses deux-cents champignons

Dans la vraie vie véritable, il n’y avait pas de bonus. Il n’y avait pas de fusées pour faire aller les derniers un peu plus vite, pas de carapaces bleues pour venir faire chier les premiers. Pas de peaux de banane, pas de tremplins, pas de raccourcis. Seulement l’asphalte gris et blanc, seulement des enjeux de vie ou de mort qui rendent chaque matin difficile. Dans la vraie vie, il n’y avait pas de justice, pas de derniers qui seraient premiers. Il n’y avait que les bons et les médiocres, les plus-que-parfait et les imparfaits, dans une conjugaison vieillote qui en laissait pas beaucoup de place à l’imagination.
Erebos était un médiocre.
On l’avait su dès son enfance, lorsqu’il était toujours morveux à courir derrière Alaska. On l’avait su à son adolescence, quand il était prisonnier de démons qui n’avaient volé que son âme. On l’avait su, toujours, tout le temps, qu’il n’était pas assez brillant. Il n’était pas l’or le plus pur que l’on trouvait chez les Stonegold, et même ni l’argent ni le bronze ne parvenait à l’expliquer. Il était le dernier qui ne deviendrait jamais premier, le ventre mou, la queue de peloton, celui qui avait lutté longtemps jusqu’à ne plus avoir de force.
Et, pour être tout à fait honnête, ça lui allait très bien comme ça.
Reby n’avait pas besoin de gagner, pas besoinde lutter, pas besoin de tricher. Il se laissait simplement porter dans les flots de son incompétence, en attendant le jour souverain où il en serait délivré. Ce n’était pas parce qu’il était médiocre qu’il en était moins libre. Peut-être bien, même, qu’il était plus libre parce qu’il était médiocre ; quand aucun regard ne pesait sur lui, il pouvait être qui il voulait. Il ne devait pas, comme Alaska ou Caïn, répondre à ce qu’on attendait de lui.
Vu que personne n’attendait rien, il pouvait être n’importe quoi.

Aussi, après s’être mangé tous les pneus de couleur qui marquaient les bords de la piste, avoir été à contre-sens en mettant sa vie en péril, et déchiré un bout de sa robe en la coinçant dans le volant, Erebos passa la ligne d’arrivée avec la main gauche levée bien haut, index et majeur vers le ciel, dans le signe de la victoire de celui qui n’attendait rien.
« Youuuuuuuuuuuuuuuuhouuuuuuuuuuu ! » Un crid e joie franchit ses lèvres, tandis qu’il prenait peu à peu conscience que tout le monde avant lui avait fini la course unique.
Il s’en moquait.
Sautillant vers Dakota, il commença à lui répondre dans un babillage incessant dépourvu de queue comme de tête.
« T’as vu quand j’ai fait ziouuuuuum ?! Et après là, ouaaaaaaah ! C’était TROP FORT ! Bon, je suis sorti de la piste, mais … c’était TROP BIEN, merci Dakota ! »
Dans un élan fugace de vie, il serra sa Mario à lui contre son cœur d’adolescent qui ne grandirait jamais vraiment. Il s’en moquait, d’être dernier, et que le monde lui chie dessus. Il trouvait bien plus de bonheur à voir des couleurs dans l’échec qu’à se complaire dans le gris sombre d’une réussite qui tardait trop.
Toujours à ses éclats de voix enfantins, il répartit dans un sourire béat :
« Oh, oui ! Et puis après, on pourrait aller au dinner ? Qu’est-ce-que tu en dis ? Ce serait bien, non ? »

Et ce soir-là, en s’endormant dans l’odeur de l’humidité qui prenait son appartement, Erebos songerait que dans la vie, on avait pas tous les mêmes karts.

CODAGE PAR AMATIS

Route clair de lune ◉ Erebos & Dakota