Au mauvais endroit | Grace

J'avais rendez-vous avec Grace à la Nouvelle-Orléans. La jeune femme avait passé une annonce pour des cours de langue. En voulant prendre la voiture je me suis rappelé que Will me l'avait emprunté pour aider un de nos amis commun à déménager.

Je devais donc prendre un portail. Sachant que plusieurs portails avaient eu quelques dysfonctionnements, je priais tous les dieux auxquels les humains pouvaient croire pour que celui-ci me pose juste devant le café où nous nous étions donné rendez-vous avec l'étudiante. À vrai dire à part ce café et quelques musées et galerie d'art je ne connaissais quasiment rien à la Nouvelle-Orléans.

Une fois le portail traversé il me fallut quelques secondes pour comprendre où j'étais tombée. Les cris de la foule, la pelouse verte - certainement synthétique d'ailleurs- les hommes sur le terrain courant après un ballon.

- Putain de merde ...

avais-je marmonné

Je me trouvais sur la pelouse du SuperDome. J'eus un mal fou à bouger , comme tétanisée et c'est pour cela que je ne réagis point lorsqu'on me hurla "ATTENTION AU BALLON" celui-ci me percuta en pleine tête, je m'ecroulais sous l'effet du choc. Un coup de sifflet retentit pour mettre fin au match. J'étais sonnée par la force du coup involontaire que je venais de prendre mais j'étais consciente.

L'un des joueurs m'aida à me relever et me conduit auprès des médecins.

On me demanda comment je m'appelais d'où je venais et comment j'avais atterri là. Je donnais mon nom et ma ville de naissance mais je ne sais plus exactement ce que je dis pour la raison de ma présence ici. Mon discours sur le portail défectueux devait être décousu. En même temps même si je n'avais pas été un peu secouée par ce fichu ballon, j'aurais eu grand mal à expliquer de manière cohérente ce que je fichais là.

On me demanda si l'amie que je devais retrouver était également sur place. Je secouais la tête négativement, mauvaise idée puisque ma tête se remit à tourner.

Mon téléphone sonna, Grace, le médecin pris l'appel lui expliquant ce qui s'était passé et lui disant que si je n'avais rien de grave, il valait mieux venir me chercher si cela était possible pour elle.

Lorsque Grace avait choisi de reprendre ses études, d'obtenir un diplôme, elle n'avait que pour seul objectif de les rendre fières. De rendre fière ses mamans; avant de se rendre compte qu'étudiait les lettres lui plaisait. Chaque mot importait et avait un poids, un sens que la dragonne était ravie d'apprendre. Tant et si bien qu'elle avait voulu apprendre plusieurs langues, sans savoir que l'une d'elle lui poserait plus de soucis que les autres; la langue latine l'avait obliger à sortir de son cocon et à poster une petite annonce auquel une certaine Zelda Lightstorm avait répondu; le nom avait d'abord fait écho négativement : Lightstorm, la famille d'Ariadne. Mais elle en avait fait abstraction, cette dernière ne lui en voudrait pas si elle demandait de l'aide à une Lightstorm pour l'aider, ce n'était pas son genre. Et Grace ne pouvait pas se baser sur une famille ou un nom de famille, pas avec sa propre expérience personnelle.
Donnant ses coordonnées, elles avaient convenues d'un rendez-vous dans un café quelconque de la Nouvelle-Orléans; et Zelda avait déjà vingt minutes de retard. La grande aiguille le lui indiquait presque comme si elle la narguait, et les yeux bleus de la jeune femme n'arrivait pas à s'en détacher. La Lightstorm l'avait-elle oubliée ? Ou peut-être avait-elle eu un empêchement ? Grace regarda l'aiguille bouger à nouveau. Peut-être s'était-elle juste arrêter à un endroit faire une pause avant de venir. Une autre minute écoulée. Ou peut-être avait-elle eu un accident ? Peut-être était-elle blessée et seule ? Ou pire. Cette pensée la poussa à ranger ses affaires dans son sac et sortir du café pour appeler la jeune femme.

La première tonalité la fit sursauter, la deuxième, résonna comme un gong dans son esprit. Et enfin elle entendit décrocher prononçant directement le prénom de la jeune femme pour tomber sur une voix plus masculine qui glaça le sang de la dragonne -si cela était même possible compte tenu de ses pouvoir- avant que son corps ne se détende lorsqu'elle sût que Zelda allait bien mais était confuse.
Pourtant, dans le bus la conduisant au SuperDome, une information tritura son esprit. Comment diable la Lightstorm avait-elle atterris au milieu du terrain ?

A peine arrivée, elle dût expliquer à deux membres de la sécurité différent le pourquoi du comment elle était ici avant qu'un troisième n'intervienne pour dire qu'elle était effectivement attendu. Que le grand dragon bénisse cet homme parce qu'à force de se répéter, la dragonne avait senti son contrôle glissait, il n'aurait sans doute pas été aisé d'expliquer alors, pourquoi diable deux humains s'étaient retrouver transformer en popsicle et transporter d'urgence à l'hôpital le plus proche.
Voir Zelda, avait été à la fois un immense soulagement et un évènement assez étrange. Le réel et le numérique était parfois deux mondes opposés, mais hormis la confusion de la jeune femme dû à un ballon kamikaze; Zelda était assez fidèle à sa version numérique.
Bien que sa minorité ait poser quelques problèmes, le médecin réticent à confier la garde d'une adulte confuse à une adolescente mineure; la promesse de rentrer directement et de faire attention à tout les signes d'une commotion cérébrale etc avait su pencher en sa faveur. Grace n'excellait pourtant pas dans le baratin, mais il faut croire que vivre avec des musiciens itinérants et les Riverwood lui avait appris quelques petites choses. Soutenant la dragonne de feu jusqu'à l'extérieur du stade -au cas où avait-elle dit-, elle la laissa s'appuyer contre le mur extérieur une fois sûre que personne ne les verrait.

"Comment va la tête ?"

Tandis que le médecin s'éloignait, Grace repensait à ce que la femme devant elle avait sorti quelques instants plus tôt. Je les tuerais de mes propres mains, il est hors de question de laisser cette infamie se reproduire Est-ce qu'elle pouvait même s'imaginer ce que cela faisait ? Oui certainement. Les mots de Zelda était emprunt d'une colère qu'elle connaissait, dont elle avait peur parfois. Parce que les mots prononcer par la dragonne était un écho à ce qu'elle ferait subir à ses géniteurs si elle les revoyait. Cette colère grondante qui, parfois, s'insinuait dans ces pensées en pleine nuit, lui faisant revoir distinctement leurs visages et elle-même. Qui lui faisait imaginer leurs morts, parfois congeler, parfois transpercer par des piques de glaces acérés. Parfois simplement tuer par un coup de patte du monstre qu'ils pensaient qu'elle était. Peut-être leur donnerait-elle raison en agissant ainsi....

En fermant les yeux, elle fit le vide dans sa tête, essayant de se ramener au présent. L'inconvénient de sa mémoire, la dragonne se retrouvait parfois bloquée dans le passé sans possibilité de revenir au présent. Les souvenirs s'accrochant à ses chevilles comme les chaînes des condamnés.

Zelda allait bien, juste un peu sonnée. Les dragons avaient la tête dure. Du moins, lui semblait-il. Ou peut-être était-ce seulement les dragons qu'elle connaissait qui était des durs à cuire, marquer par des histoires qui leur était propre mais tout aussi douloureuse que celle de glace. D'un sourire, la dragonne fit savoir à son aînée qu'elle avait compris, qu'elle était heureuse qu'elle aille bien.

"Tant mieux, je ne sais pas comment j'aurais pu expliquer aux sorcières que tu as atterris au beau milieu d'un match de football pour finir sonner par un ballon kamikaze"

Les plaisanteries de la jeune femme, bien que futile, tentait désespérément de cacher une réelle inquiétude. Certes Zelda n'était que sonnée mais s'il était arriver pire ? Cela aurait été sa faute, parce que si elle s'était déplacée au lieu de faire venir la dragonne ici, cette dernière n'aurait pas été blesser, n'aurait pas été....pire si cela était arriver.

"Comment tu as atterris ici au faite ?"