Don't hurt yourself - KotAdonis

Don't hurt yourself
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KotAdonis

TW : sexisme

« Mais vous avez appris où à faire votre métier, là ? T’as eu ton diplôme en regardant le reboot de McGyver ? »

« Non mais mademoiselle faut pas s’énerver comme ça vous savez ? »

Je m’énerve si je veux mon gars en fait.

« ça fait trois jours là que j’ai mis ma voiture chez vous, on m’a dit genre vous étiez les meilleurs de Seattle alors qu’en fait la seule chose que vous avez fait c’est vous regarder dans le rétroviseur alors bon tu remballes tes mademoiselle à la noix et tu vas faire ton taf pour lequel t’es payé, mon gars. »

Toute apprêtée dans mon tailleur rose, parfumée et couverte des bijoux de ma marque que je viens de présenter lors d’une réunion avec des investisseurs, je ne suis pas sûre d’à quel point je suis crédible dans ma colère. J’espère que mes poings serrés, mes yeux fermés et la musculature d’ancienne athlète et toujours sportive laisse passer le message que faut pas me chercher.

Le gars se met au travail, rejoint par un autre, et je m’éloigne en sortant mon téléphone, faisant semblant d’être occupée pour ne pas avoir à continuer mon numéro de Karen. Mais ils ne veulent pas me laisser tranquille. Ils grognent, pensant que je ne les entends pas :

« Putain, tu crois qu’elle a ses règles ou qu’elle est mal baisée ? »

OK, non là par contre.

« Bande de bouffons, c’est la seule fois de vos putains de vie que vous touchez une Ferrarri et non seulement vous la réparez pas mais vous insultez la conductrice mais vous êtes débiles ? Allez je vais parler à votre manager. »

Je ne dis pas que je l’ai achetée d’occasion, cette voiture de course, ni que j’ai salement amoché les freins avec ma conduite colérique, parce que je ne suis pas d’humeur à avoir tort. Je tambourine sur une porte qui me semble être celle du chef de clan, ou d’atelier.

« Hey ! C’est ici pour se faire rembourser sa thune ? Ou je dois appeler la police dans votre établissement où je suis sûre qu’absolument tout est légal ? »

Sourire de connasse aux lèvres, ton de Karen qu’on aurait pas du pousser à bout, regard de riche qui sait qu’elle va s’en tirer. On reconnaîtrait à peine la Dakota souriante et agréable. Mais fallait pas me chercher.

KoalaVolant
@Adonis Lancaster

Ven 7 Oct 2022 - 19:16

Don't hurt yourself

We just got to let it be
Let it be, let it be, let it be baby
You just got to let it be
Let it be, let it be, let it be

TW sexisme

Le garage n'était pas grand. C'était un lieu modeste, situé sur un axe routier sans voisin direct, le genre d'établissement où on s'arrêtait pour faire réparer sa bagnole sans s'attarder. Tant que ce business suffisait à servir de couverture pour blanchir son fric, c'était tout ce qui lui importait. Adonis ne courrait pas après la clientèle et en général, il envoyait se faire voir les mécontents sans mettre de gants. Pourtant, ce jour là, alors qu'il avait le nez plongé dans une montagne de paperasse, des éclats de voix le sortirent de sa concentration. Depuis son bureau, il percevait en effet les protestations bourrues de ses mécanos se mêler à un timbre féminin, plutôt colérique. Un coup d’œil sur l'écran de contrôle relié à des caméras qu'il avait planquées un peu partout, il aperçu une fabuleuse Ferrari dont la beauté aurait fait pâlir plus d'un mécano. Il en était de même pour sa propriétaire, du moins à ce qu'il pouvait en juger, puisqu'elle se trouvait dos à la caméra. Il n'allait pas tarder à la voir de face de toute façon. La voilà qui tambourinait à présent à sa porte en lui balançant des menaces, d'un ton horriblement hautain. Dans un soupir blasé, Adonis se redressa pour aller lui ouvrir, prêt à renvoyer la princesse dans son château, en voiture, à cheval ou à pied, par défaut.

- Pour qui elle se prend, Gwendoline de la Touffe ?
- Tellement hystérique ! Son mec l'a pas bien élevé on dirait !
- Deux claques, moi j'dis, ça lui remettrait les idées en place.

Ces insultes, Adonis les entendit fuser hors de la bouche de ses mécanos bougons, visiblement énervés par le comportement de leur riche cliente. Riche, elle en avait l'air avec sa voiture hors de prix, ses bijoux et son sourire prétentieux de bourgeoise et pourtant, quelque chose clochait. Adonis connaissait cette femme, il la connaissait très bien même, mais la dernière fois qu'il l'avait vue, elle n'était pas habillée comme ça et elle possédait encore moins de Ferrari...

- Bon. On va se calmer. Vous trois, retournez bosser. On aura une discussion tout à l'heure, vous n'allez pas vous en tirer comme ça, les mecs. Je supporte pas la grossièreté.

Okay, habituellement il s'en foutait un peu. Mais il n'avait pas envie que les choses dégénèrent et il se passait bien d'une visite de flics dans son établissement. Pendant que les mécanos se détournaient en râlant, Adonis dirigea son regard vers la jeune femme qu'il dévisagea d'un regard aiguisé.

- Je suis désolé. Leur comportement est inacceptable, vous pouvez être sûre qu'ils seront sermonnés. Vous... Tu peux compter sur moi pour leur remonter les bretelles. Et en attendant, viens t'installer dans mon bureau, ce sera plus confortable pour discuter.

A quoi bon faire semblant de rien avec son vouvoiement, comme s'il s'agissait d'une inconnue ? Elle devait l'avoir reconnu, elle aussi. C'était bien Dakota, avec qui il avait passé une part de sa jeunesse, dans des quartiers défavorisés. Malheureusement, Adonis ne s'était pas montré particulièrement poli avec elle, la dernière fois qu'ils s'étaient vus. La brève aventure qu'ils avaient partagée s'était très mal terminée et pour être franc, c'était en grande partie sa faute à lui. Allait elle s'en souvenir ? Si oui, ça ne risquait pas de la calmer.

@Dakota Williams

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Ven 28 Oct 2022 - 0:38

Don't hurt yourself

Clairement, on est sur une pente descendante dans la qualité du sexisme. Parce que, encore « Gwendolyne de la Touffe » c’est presque rigolo, mais hystérique c’est tellement basique et les menaces physiques me font immédiatement regarder pour un objet avec lequel remettre les idées du gars dans une place où il ne pourra plus me faire chier. Mais alors que je suis sur le point de faire passer Jennifer Walters pour Mère Theresa, le gérant vient réprimander ses troupes. Le gars en impose et pose clairement ses ordres : le trio de satyres retournent au cambouis alors que je suis invitée dans la direction de cet auguste lieu.

Mais quand il se tourne vers moi, je doute. La colère descend et la vision redevient normale : le mec me dit clairement quelque chose. Il se met à me tutoyer et mes sourcils se froncent encore plus. Puis la lumière frappe enfin. Comme London que j’ai retrouvée il y a peu, il est une de ses connaissances des sombres années de galère après-guerre. Face à la chaleur froide du sud des États-Unis, nous avions eu des moments de camaraderie et, déjà à l’époque, j’avais été charmé par sa puissance sombre

« Adonis ? Tu… T’as pas changé. »

Je m’assois lourdement sur le siège qu’il me montre, feignant toujours un peu la colère. Pourtant, la surprise a clairement calmé mes émotions. Adonis est tellement différent de mes exs ou autres crushs habituels. Il est presque l’opposé de Gabriel, à mille lunes de Lily et je ne parle même pas de Nova-Blue. Mais, vraiment, j’ai l’impression de voir une fenêtre sur une vie passée en le regardant. Les loubards grossiers, les barbes mal rasées, les bières bons marchés… J’ai laissé tout ça dans la dernière décennie, me concentrant sur les influenceuses rutilantes, les bijoux sophistiqués et le champagne importé.

« C’est toi le boss d’ici alors ? GG, c’est un chouette lieu, même si tes employés laissent à désirer mais bon, ça se règle... »

Je parle négligemment, tout en vérifiant mes DM insta quand quelque chose me frappe.

« Attends mais… ça fait genre combien de temps qu’on s’est pas vus ? Cinq ans ? »

Je fronce les sourcils. Pourquoi on se parle plus déjà ? Et plus : pourquoi on a cassé déjà ? Ces années sont un sorte de vide traumatique pour moi, elles ont plus de trous qu’un fromage suisse, mais je pensais pas avoir oublié des points aussi importants de mon existence. Toutefois, vu la personne que j’étais à l’époque, je peux sans problème assumer que je suis en tort dans l’histoire. J’ai du le critiquer une fois de trop, lui parler d’une jolie fille une fois de trop, revenir couverte de bleus une fois de trop. Qu’est-ce qu’on est sensé dire à son ex avec qui on est plus sûr de pourquoi on a cassé ?

« Comment tu vas depuis que tu m’as… que je… Qu’on couche plus ensemble ? »

Dans un dictionnaire, quand on cherche un antonyme à « délicate », on trouve Dakota Williams.

Ven 11 Nov 2022 - 19:17

Don't hurt yourself

We just got to let it be
Let it be, let it be, let it be baby
You just got to let it be
Let it be, let it be, let it be

La mono expressivité d'Adonis était l'une de ses caractéristiques les plus flagrantes. Quelles que soient les véritables émotions qui lui traversaient le crâne, il conservait un visage fermé et fort peu avenant. Cette attitude lui avait souvent valu des bagarres mémorables dans son jeune temps où les mauvais regards étaient considérés comme des provocations. Il ne cherchait pourtant pas à intimider cette cliente (ou en tous cas pas consciemment, les habitudes ont la dent dure) mais il était surtout surpris de voir Dakota ressurgir soudain de son passé. Elle l'avait reconnu, elle aussi, et son commentaire amena une ébauche de sourire au coin des lèvres du garagiste. Cheveux longs, barbe courte, vêtements sombres : il conservait le même look depuis un temps infini et c'était peut-être étrange quand on y pensait. En vérité, Adonis détestait le changement.

- Je te renverrais bien le compliment mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Toujours aussi canon, bien-sûr, mais différemment.

Un compliment n'était jamais le malvenu dans ce genre de situation délicate, même si ce n'était évidemment pas un mensonge. Le sens du commerce d'Adonis s'alliait à une bonne dose de diplomatie mais en l'instant présent, il marchait sur des œufs. Il remarqua la tension, toujours perceptible dans les mouvements de la jeune femme : sa manière de s'asseoir en témoignait. Adonis se tourna vers le meuble où il rangeait les bonnes bouteilles réservées à ses meilleurs clients. Lui-même buvait assez rarement mais il n'aurait pas craché sur un verre d'alcool en ce moment précis. C'était assez déconcertant de la voir apparaître dans ces conditions, d'autant plus qu'elle ramenait avec elle une flopée de souvenirs lointains. Des ambiances. Des états d'esprit. Pendant qu'il leur choisissait un breuvage qui aurait pu plaire à Dakota – selon sa mémoire, elle aimait le Whisky ? - il poursuivit avec une politesse neutre, tout en restant attentif à ses réactions.

- Exact. Le garage m'appartient et aussi le moto club à coté. Tu sais, ce sont de bons gars, ils sont juste un peu rudes parfois. Puis surtout, ils sont doués dans ce qu'ils font, ils te rendront ta voiture comme neuve.

Est-ce qu'elle se la jouait avec son fichu téléphone ? Il espérait qu'elle se lasserait vite de le piquer sur ses employés avec cette attitude hautaine insupportable. Dans l'immédiat, il pourrait faire preuve de patience mais il n'allait pas la laisser cracher sur ses pauvres mécano pendant trois plombes.

- Oh ça fait aussi longtemps qu'on ne s'est plus vu... vraiment ? J'ai l'impression que c'était hier le jour où...

Ou quoi ...? Ça aurait été pourtant le bon moment de ramener sur le tapis une anecdote joyeuse de leur relation mais sur le moment, rien ne lui venait. En vrai, le temps filait réellement si vite qu'il en éprouva une sensation de vertige. Bien souvent, il avait la sensation que sa mémoire n'était remplie que d'images morcelées et de souvenirs viciés par le temps. Adonis restait sur ses gardes. Est-ce qu'elle allait lui reprocher de ne jamais lui avoir donné de nouvelles ou quelque chose de ce genre ? Plus que tout le reste, ce fut la suite de sa phrase qui le désarçonna le plus. Non, Dakota n'avait jamais été délicate mais on ne pouvait pas dire qu'il s'attendait à ce qu'elle lui balance ça à la face, si tranquillement. Interdit, il marqua un temps d'arrêt, la dévisageant quelques secondes de son regard de tueur. Genre quoi. Il était censé de pas aller bien parce qu'ils ne couchaient plus ensemble ?

- Hum. Hé bien, j'essaie de survivre.

Que répondre à ça ? Il haussa un sourcil sarcastique. Ils ne se connaissaient plus, elle paraissait si différente aujourd'hui et il n'était pas sûr de savoir en quoi. Était-ce parce qu'elle transpirait le luxe ? Ça et cette aura de jeune bourgeoise qui suintait par tous ses pores. Venant s'asseoir en face d'elle, il posa leurs verres sur le bureau. Ce dernier était encombré de documents divers et notamment de vieux grimoires poussiéreux qui n'avaient rien à faire dans un garage. Le local était sobrement décoré : un poster de moto, son diplôme de gestionnaire, son pc et autres matériels administratifs. Mais à coté de ces objets inoffensifs, un magnifique poignard ouvragé – une pièce manifestement antique – trônait sous un dôme vitré.

- Et toi alors, quoi de neuf dans ta vie, t'as gagné au loto ?

Okay, il n'avait pas pu empêcher la raillerie dans le ton de sa voix.

@Dakota Williams

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Mon visage se cache derrière un sourire charmant afin de cacher gêne et tristesse. Je vois ses techniques. Le compliment sur mon physique, que j’adorerai prendre pour moi, la bouteille hors de prix, qui me rappelle seulement qu’il n’a jamais retenu que je préférais le rhum au whisky, la politesse de façade : j’ai traité avec assez de clients chiants mais nécessaires pour reconnaître les stratagèmes. Adonis et moi sommes de la même espèce : sous mes diamants, derrière sa barbe, nous sommes des marchands de la survie, des guerriers de la vente.

Mon sourire cache aussi ma frustration quand il excuse le sexisme de ses employés en disant que ce sont de « bons gars ». Pauvre con : si tu veux perdre 50 % de ta clientèle potentielle parce que tu veux couvrir la misogynie de tes copains, fais ça de ton côté. Je sais quand je ne peux pas gagner une bataille, et quand celle-ci ne vaut pas le sang versé, alors je me tais et juge en silence, hochant la tête pour indiquer que j’ai entendu sa promesse.

Tout ceci ne me donne aucune envie de me sentir gênée pour ma dernière réplique, pourtant particulièrement maladroite. Notre couple n’avait laissé aucun souvenir assez puissant pour que je veuille rester dans les bonnes grâces du taciturne garagiste. Alors je goûte à sa gêne comme à son whisky, je lui retourne un regard noir et soudain je me souviens pourquoi nous étions ensemble : on avait la même rage au ventre.

Tout a bien changé toutefois, et il me le fait bien remarquer, non sans quelque agressivité.

« Non. C’est pas du hasard, c’est de l’effort. J’ai fondé une entreprise de bijoux, Boss Jewels et ça marche… plutôt bien. On vient d’ouvrir une boutique à Seattle d’ailleurs, si tu chercher un truc spécial pour ta nouvelle régulière. »

J’agis détachée, me disant que le plus de barrières il y aura entre lui et moi le mieux nous nous porterons. Mais, alors que mon regard fuit le sien, il tombe sur quelque chose qui brise mes murs.

« Tu t’es mis au grec ancien, Adonis ? C’est quoi tous ces vieux bouquins ? »

J’essaye clairement de changer le sujet alors que je fixe le poignard sous son présentoir. J’ai bien entendu parler de ce genre d’armes. Isra m’a confié que c’était le seul danger : la lame vengeresse des chasseurs. Je fronce les sourcils : Adonis aurait rejoint ce Klan d’ignorants ? J’ai pas trop envie d’y croire.

« Alors, à quelle revue je dois m’abonner pour lire les recherches du garagiste le plus érudit de Seattle ? »

Y’a pas raison d’arrêter d’être une bourgeoise agressive, si ?

Sam 21 Jan 2023 - 12:46

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We just got to let it be
Let it be, let it be, let it be baby
You just got to let it be
Let it be, let it be, let it be

Habituellement, c'était assez simple d'embobiner les gens, Adonis parvenait à charmer assez facilement son prochain. Néanmoins, avec Dakota les choses semblaient plus ardues. Patiemment, il s'assit à demi contre un coin du bureau, laissant à la cliente irritée le siège le plus confortable. En remarquant son trop délicieux sourire, il se demanda ce qui se cachait derrière et regretta d'être proprement incapable de le deviner. Malgré tout, il n'était pas assez naïf pour se laisser berner par une expression souriante et il se doutait que bien des choses se tramaient dans ce joli crâne. Mais lesquelles ? Fallait avouer qu'il n'avait jamais trop eu l'occasion de développer son intelligence émotionnelle. Il n'avait donc plus qu'à endurer ce vague malaise, alors qu'il se demandait quelles maladresses il avait bien pu commettre, autant dans la situation présente, que dans le passé. Pour le coup du loto, en revanche, la pique était parfaitement assumée. Il apprécia à sa juste valeur le regard noir qu'elle lui lança avant de mesurer ses paroles. Visiblement, elle n'était pas en train de blaguer même si son ton était assez mordant. Une saine admiration le prit par surprise avant de répondre, dans une combinaison de sarcasme et de sincérité.

- Wow, félicitation. Je ne sais même pas si je suis surpris en vrai, tu as toujours été assez... combative. Content pour toi, en tous cas, tu le mérites et je suis sûr que tu vas continuer à cartonner. C'est noté pour ta boutique, je passerai voir ça, quand j'en aurai l'occasion...

Autrement dit, jamais ? Noyant son cynisme dans une gorgée de whisky, Adonis évita soigneusement de penser à la question de "personne régulière" dans sa vie. Offrir un bijou de luxe, ça signifiait qu'on s'engageait, au moins un tout petit peu et il n'avait jamais été question de ça... Bref. L'esprit songeur, il se focalisa sur les images de Dakota qui traînaient dans les tiroirs poussiéreux de sa mémoire. Il la revit, adolescente timide dans les rues mal famées de la Nouvelle-Orléans. Il la visualisa jeune adulte, dans les ruines provoquées par la guerre, avec cette méfiance mais aussi cette puissante volonté de vivre, au fond des yeux. C'était donc possible de sortir du schéma toxique de misère et de violence ? La répartie de Dakota le coupa néanmoins de ces pensées d'où il émergea distraitement, en se frottant les lèvres. Son regard se posa sur les vieux bouquins en question et il tiqua légèrement. La nouvelle bourgeoise maîtrisait particulièrement l'art du punchline.

- Une revue qui s'appelle "fous-toi de moi", peut-être.

Quand les amis de ses riches grand-parents le prenaient de haut, Adonis devait se maîtriser pour ne pas leur arracher les yeux. Venant de Dakota, c'était différent, il n'arrivait pas à ressentir cette sorte de honte cuisante... peut-être parce qu'ils provenaient du même monde ? Du reste, il avait sans doute mérité qu'elle se foute de lui, il voulait donc bien le lui passer pour cette fois. Un rictus ironique aux lèvres, il étendit le bras pour ramasser ses documents, remplis d'annotations, griffonnées de son écriture nerveuse et les dissimuler pudiquement à sa vue. Un peu tard pour ça, il n'avait qu'à mieux ranger son bureau...

- J'ai jamais été littéraire, tu sais. J'essaie de combler les trous.

Et en ayant vécu quasi déscolarisé toute sa jeunesse, autant dire qu'il en avait quelques uns. Il n'avait jamais lu un seul bouquin de sa vie avant de commencer ses recherches sur les djinns. Sans doute aurait-il pu lui proposer de se mêler de ce qui la regardait, mais après tout ce qu'il lui avait fait (quoi déjà ? Il n'en était plus sûr), il estimait qu'il lui devait bien ça : quelques bribes d'honnêteté.

- Je suis en train de creuser sur mes racines... mais le grec ancien, c'est pas trop ma...

Spécialité ? Il s'interrompit, voyant le regard de Dakota s'attarder sur le poignard, exposé avec honneur sur son présentoir.

- T'aimes ce genre de truc ?

Une question qui se voulait anodine, peut-être pour meubler ou encore parce que tout ce qui touchait à cette arme attisait sa plus grande vigilance.

@Dakota Williams

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Les félicitations d’Adonis me calment un peu. Ce sentiment, face à une personne qu’on a aimée, qui complimente celle qu’on est devenue, est réconfortant et tellement enorgueillissant. Certes, il glisse des sarcasmes, mais c’est comme ça qu’on se parle, et je ne peux pas moi-même prétendre au pacifisme dans cette conversation.

C’est gentil Adonis, merci.

Le ton amical puis le rire à sa blague est vite remplacé par un registre soupçonneux quand il range rapidement tous ses parchemins et autres grimoires. Je fronce les sourcils : si j’ai tant changée depuis les enfers de 2014, qu’est devenu Adonis ? Un sorcier, un chasseur ou bien a-t-il toujours été un autre genre de surnaturel ? A-t-il comme moi lié son existence à un djinn ? Ou bien est-il vraiment un simple et honnête érudit dans un monde qui ne résume pas au conflit surnaturel ?

On se connaît assez bien pour savoir qu’on aime pas le même genre de truc, beau gosse.

Est-ce qu’on se connaît vraiment si bien que ça ? On peut en douter. Notre relation a été chaotique et reste pour moi dans un brouillard intense et gris. On a tout deux tenté autant que possible d’être un soleil pour l’autre, mais les nuages étaient trop épais, les vents contraires trop puissants. Et, clairement, on aimait pas les mêmes trucs aussi.

Tu sais bien qu’on apprend le grec ancien seulement aux Lancaster, pas aux Williams, c’est pas de ma classe sociale.

Un petit rappel que je sais qui il est, qu’il peut me traiter autant qu’il veut de bourgeoise arrogante mais que je me rappelle bien la richesse des Lancaster, la puissance dans laquelle il est né.

Mais, même pour ta famille, cette lame me paraît bien élégante… Je me trompe ou c’est celle qui apporte plus de problèmes que de solutions?

J’avais entendu des récits sur les malédictions qui pouvaient poursuivre certains chasseurs de djinns. Et, bien que je n’en étais pas sûre, cela me semblait bien être ce genre d’arme.

Tu peux me dire, Adonis, si tu as des soucis, je peux peut-être t’aider.

Ven 17 Mar 2023 - 13:18

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Non, il n'essayait pas d'être gentil, ça n'avait jamais été son truc. En revanche, il était sincère. L'ambiance semblait se décontracter entre eux, même si Dakota garderait sans doute une dent contre les mécanos trop machos. Le sentiment de malaise ressenti en voyant son ex débarquer dans son bureau se dissipait lui aussi, tandis qu'Adonis se risquait à poser sur elle un regard moins méfiant. Plus authentique, surtout. Il se surprenait à éprouver du réconfort en la découvrant aussi épanouie, tout du moins dans sa vie professionnelle. Le tas de parchemins fut néanmoins balancé dans un tiroir à la va vite, un geste moins banal qu'il ne l'aurait voulu. Luisant d'un éclat mystique, le poignard les toisait, sous son dôme de verre. Aux paroles de son ex, Adonis souffla une ébauche de ricanement.

- "Et on apprend quoi aux Williams, la conception de bijoux luxueux ?"

Ou pas. Surpris qu'elle se souvienne de son ascendance bourgeoise, il soupesa un moment le regard de la belle, toujours aussi vif. Diable, elle était tellement perspicace que ça lui collait des frissons dans le dos. Il le savait pourtant, Dakota avait toujours illuminé la scène par son intelligence qui lui permettait bien des déductions. Son allusion laissait pourtant entendre qu'elle en savait plus sur cette lame, assez pour en déduire qu'il avait des soucis. Adonis fronça les sourcils avec incertitude tandis qu'elle lui proposait son aide. Il était toujours trop hermétique, trop secret, trop méfiant. Il se barricadait derrière une armure de glace, gardant pour lui les éléments les plus anodins de sa vie. Par habitude, ses mécanismes de défense toxiques le coupaient du monde.

- "Alors toi, tu me surprendras toujours. On s'connait peut-être pas si bien que ça. J'imagine que c'est ma faute... " avança t'il prudemment.

Un paradoxe à lui tout seul qu'il était. Illettré dans une famille d'intellos. Bouseux chez les bourgeois. Passionné d'armes qui n'avait jamais commis de meurtre. Humain, fils d'un monstre. Sans un mot, il se redressa, allant chercher l'arme qu'il libéra délicatement de son présentoir. Les motifs ésotériques, finement gravés sur l'arme ne laissaient pas de doutes, pour ceux qui savaient. Il se tourna vers Dakota, pour la lui tendre, la garde dirigée vers elle.

- "Si tu sais des choses sur cette arme, ça pourrait sûrement m'aider. T'as peut-être pas appris le grec ancien, mais t'as l'air de connaître des trucs bien plus intéressants..."

@Dakota Williams

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TW : mention de racisme et classisme

Je souris jaune à la blague d’Adonis. Non, on apprenait pas aux Williams comment faire du luxe. Le community college de Scottsdale avait du faire des pieds et des mains (après plusieurs semaines d’insistance quotidienne de ma part) pour me donner accès à des ateliers où tout le monde regardait la métis sudiste que je suis comme une sorte d’alien prête à les cambrioler. Ça avait été un des premiers miracles d’Isra de me permettre d’entrer dans les ateliers du Gemstone Museum où j’ai pu faire les premières expérimentations qui ont ensuite donné Boss Jewels. Aujourd’hui, même avec la compagnie de personnes aussi qualifiées qu’Ocie, j’essaye toujours d’avoir un œil sur la conception, parce que c’est la source de tout mon travail.

Je vais pas toutefois balancer tout ça au beau brun, qui a déjà l’air de se flageller tout seul, et qui a, de ce que je me souviens, un passé assez nébuleux aussi. Je me concentre sur sa lame et décide de lui dire tout ce que je sais.

On m’a dit que ce sont les seules lames capable de prendre la vie d’un immortel. Y’a pas mal de mythes dessus, sur ses porteurs, ses forgerons, je serai pas trop capable de tout te répéter par cœur. Ce qui est persistent, c’est que y’a un prix qui vient avec la mort d’un immortel. Un enfer permanent, les hurlements éternels de tous ses semblables, jusqu’à te pousser à la folie.

Je suis prise d’un petit frisson, et c’est pas à cause du froid de Seattle. Les djinns sont parmi les surnaturels les plus effrayants, tous les récits qui leurs sont liés traitent de peur et d’esclavage. Si je n’avais pas été aussi ambitieuse, jamais je ne me serai frottée à des forces aussi incontrôlables. Mais j’imagine que c’est bien la dessus qu’ils comptent, sur la nature humaine à aller là où ne le devrait pas, simplement par appétit personnel.

En tout cas, je sais que ceux qui ont ces armes sont soit des désespérés en prise avec un mal plus vieux et grand que tout ce qu’ils connaissent ou des fanatiques qui préfèrent la mort des surnaturels à une vie dénuée de cauchemars. Je pensais pas te trouver dans n’importe lequel de ces deux camps, beau gosse.

Le ton est méfiant mais aussi insistant. J’ai partagé mes connaissances, à son tour de se confier.

@Adonis Lancaster

Don't hurt yourself - KotAdonis