Angel of the morning / Koteus

The party don't start 'till I walk in
Koteus

« It’s the final countdown ! »

TUTUTU-TU TUTU-TUTUTU, TUTUTU-TU, TUTUTU-TUTU TUTU

« Ta gueule ! »

Le réveil m’a l’air de se foutre de ma gueule de lendemain de soirée. J’ai beau être sur mon lit, je ne suis pas douché, parfum alcool-sueur et vapeurs de cannabis. Dans le miroir, je vois une ruine : mon visage si précisément maquillé a connu de nombreux naufrages et ne ressemble presque plus à rien. Quelques bijoux sur la table de chevet viennent rappeler que je suis quand même la CEO de Boss Jewels. Le mal de crâne, lui, est la rançon d’une nuit passée à enfiler des bouteilles portant les noms de tous les problèmes que je tentais d’oublier. Vodka-Lily, Tequila-Isra, Rhum-politique… Le backlash est douloureux, alors je me lève vite pour tenter d’oublier à nouveau par n’importe quel moyen.

J’enfile un t-shirt XXL de l’équipe de foot d’une obscur ville de Floride (un cadeau d’une tante qui ne devait clairement rien savoir de moi, jusqu’à ma taille) puis m’aventure dans ma maison. Des bouteilles par terre me rappellent que la soirée a fini ici. Je grogne : personne n’a pensé à ranger visiblement, et ce n’est pas maintenant que je vais trouver quelqu’un pour m’aider à… Attends, quoi ?

Alors que je rentre tranquillement dans mon salon, je tombe sur un type en train de dormir sur mon canapé. Ça a beau être un canapé-lit, il ne l’a pas déplié. Ce monsieur est torse nu, avec un caleçon winnie l’ourson et quatre lunettes de soleils devant. Pourquoi autant ? C’est l’une des questions que je me pose, calée contre ma porte. Bon. Déjà, c’est qui ce mec ? Il a un ecocup qui était donnée dans le bar à concerts où on a commencé la soirée, donc il a du passer un bon bout de temps avec nous. Je devrai me souvenir de son nom alors ? Ou alors j’ai bu au point d’oublier, mais genre vraiment ? Il a un bracelet d’hôpital, alors je pense à Gabriel, et alors j’ai encore plus envie de boire. Mais non, je dois me concentrer.

Les chaussures au bout du canapé ont de la boue dessus, alors il a du nous suivre dans ce portail zouwu jusque dans la forêt noire en Allemagne pour boire des bières européennes. Et les verres devant lui indiquent qu’il a passé quelques temps chez moi. C’est la guitare qui fait déclic. Mes copines ont tant aimé ces morceaux qu’elles lui ont proposé de venir avec nous et j’avoue qu’il était plutôt cool alors il est revenu ici et puis… trou noir. Oh non.

Deuxième épreuve : comment le réveiller ? Genre, de façon à ce qu’il ne se rende pas trop compte que ça fait quelques minutes que je le fixe en silence. Je voix la télécommande à côté de moi et je souris. J’allume la télé avec le son très, très, fort.

« Et alors que le cours en bourse des entreprises de parfumerie est en baisse terrible la question se pose : tout ceci n’est-il pas la faute des surnaturels ? Tout de suite nous retrouvons notre envoyé spécial devant le Sanctuaire Riverwood dans l’espoir d’une interview d’un des leaders auto-proclamés des créatures qui menacent notre quotidien ! »

Je zappe en lâchant un « Putain » sonore.

« Connaissez-vous Marisol, la nouvelle sensation d’internet ? Avec ses story engagés, elle... »

J’éteins avec un « Eh bah mange tes morts ! »

Je me retourne vers le beau au canapé dormant. Tu parles d’une entrée en matière.

« Euh… Salut. Bien dormi ? » Un silence. « Tu veux un café ? »

KoalaVolant

Jeu 8 Sep 2022 - 15:38

Angel of the morning

Orpheus | Dakota

Il est le roi d’un endroit flou, couronne de réglisse sur la tête. Ses sujets, par milliers, s’affalent dans le plastique des toboggans pour rouler dans les champs de ruines avec des lamas pour poneys.
« Magne toi, on va rater la fermeture ! »
Orpheus prend la main de l’inconnue, qui lui semble assez inconnue et pourtant étrangement connue, avec ses cheveux flamboyants et son visage insaisissable. Leurs doigts entrelacés s’épousent, tandis qu’elle le tire derrière elle dans les rayonnages du supermarché où il la suit en trottinette. Ils traversent le rayon boucherie, le pain de mie et les pommes de terre avant de trouver leur destination : là, entre les pots de confiture et le cacao maigre en poudre, se trouve leur porte de sortie.
L’inconnue qui n’en est pas une ouvre une boite de poulain orange, et Orpheus souffle sur la poudre jusqu’à en former des nuages qui lui révèlent d’autres atours. Et puis, Abraxas se présente, il lui demande s’il n’a pas honte de retomber dans ses démons. Derrière lui, Fao et Arté se tiennent, le regard absorbé l’un par l’autre, et aussi soudainement que le cacao avait formé de lourdes spirales, il téléporte ses amis jusque dans le supermarché.
Lorsque la rousse ouvre la bouche, l’air à l’agonie d’être aimée, elle ne lance qu’un :
« Connaissez-vous Marisol, la nouvelle sensation d’internet ? Avec ses story engagées, elle ... »
Que Faolan coupe d’un « Eh bah mange tes morts ! »
… Orpheus est confus.
« Quoi ?! »
Avant même qu’il puisse avancer vers ses amis pour les toucher, le supermarché se dissout et tout son univers aussi. L’adulescent bat des paupières, dans l’incompréhension totale de tout ce qui se passe autour de lui. Pourquoi il a froid aux épaules ? Pourquoi il a mal ? Pourquoi y a du bruit, tout autour ?
Sans prendre le temps de se démêler, Orpheus s’empêtre dans le plaid que l’on avait posé sur lui et s’écroule sur un parquet inconnu. Un craquement se fait entendre, et il a l’intime conviction de s’être éclaté toutes les côtes. Au point que lorsqu’il réalise qu’il s’agit en réalité de deux paires de lunettes noires, il passe quelques secondes, perdu, à analyser son décor.

Bon.
Il est par terre, au pied d’un canapé sur lequel il a probablement dormi. Ses orteils viennent de buter sur un objet dur et verni, qu’il n’a aucun mal à identifier : sa guitare ! Il est en caleçon, d’où le froid. Et il a dû tomber, d’où la douleur. Bien. Les sensations reviennent doucement, et avec elles l’insupportable migraine de lendemain de soirée. Il a dû franchement abuser.
Le brun met une poignée de secondes à réaliser qu’il est pas seulement sur le sol, mais sur le sol de quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui le fixe depuis l’embrasure de la porte, un air guère plus frais sur les traits, vêtue d’un gigantesque t-shirt et d’un regard presque amusé.
Comment s’appelle cette fille, déjà ? Il aurait dû le retenir. C’est un nom d’état, il en est sûr. Nebraska ? Putain, que sa mémoire déconne.
« Salut. » qu’il lâche, tâchant de paraître plus à l’aise que sa gueule de bois ne le permet.
Un café. Elle a proposé un café. Est-ce qu’il a envie d’un café ? Certainement pas ; simplement le fait d’y penser lui donne envie de vomir tout ce qu’il a dans le bide. De quoi il a envie, alors ?
Soudain, une réalisation se fraie vivement un chemin jusqu’à l’orée de sa conscience : qu’est-ce qui s’est passé entre eux, pour se retrouver tous les deux seuls comme ça le lendemain matin. Presque paniqué, Orpheus se lève maladroitement pour se rapprocher -sans doute un peu trop proche- de son hôtesse -ou du moins, c’est ce qu’il espère. Il prend sa meilleure pose de beau-gosse, bras levé au-dessus de la tête pour s’appuyer contre la porte.
« Heu, dis-moi … toi et moi, est-ce-que … » C’est gênant. « Enfin, est-ce qu’on a … » C’est très gênant. « Tu t’appelles Wyoming, c’est ça ? »

code by underratedboogeyman

Sam 1 Oct 2022 - 18:55

The party don't start 'till I walk in
Koteus

J’ai du mal à étouffer un rire quand il tombe à la renverse du canapé. Le bruit des lunettes brisées chasse un instant le souvenir de Marisol de mon esprit. Son visage perdu me permet d’oublier à quel point je roule moi-même dans le noir avec les phares éteints. Après tout, c’est clairement l’une des leçons les plus importantes qu’Isra m’ait donnée : un rire doux et sincère est plus fort que n’importe quel joint ou cocktail.

Puis sur le visage du brun, la confusion revient. Je me rends compte un instant du danger dans lequel je suis potentiellement. Je suis visiblement seule avec ce type à poil que je ne connais pas. Et si, au moins, il ne risque pas de cacher une arme dans son caleçon, il pourrait très bien être un dragon ou un djinn. Et les histoires des Idreis rodent toujours dans ma tête, alors quand il s’approche de moi mon poing se serre, mes yeux aussi et je me prépare à l’assommer rapidement si il tente la moindre chose. Puis il bégaye et le comique remplace l’horreur.

« Non. On a pas. Et c’est Dakota. C’est débile Wyoming, personne s’appelle comme ça. Toi par contre tu t’appelles Theseus, c’est ça ? »

Je souris, défiante, les bras croisés. Sa voix m’a rappelé une bonne partie de la soirée. Il était cool cet Orpheus, peut-être pas le plus grand philosophe, mais c’est pas ce qu’on demande à un guitariste qui vient de s’enfiler six pintes. La guitare était clairement sa qualité principale, je crois que toutes mes copines ont essayé à un moment ou un autre de la soirée de le draguer. Et moi… Pourquoi j’ai encore un trou noir ? Pourquoi j’ai un doute ?

« Non… On a pas… ? »

Je me jette sur mon smartphone, bousculant peut-être un peu violemment le héros grec assoupi, pour tenter de trouver des preuves. Je serre les dents. Une série de selfies, lui et moi, un cocktail avec deux pailles au milieu, dans un bar où je me souviens même pas être allé. Ça sent pas bon tout ça.

« Non. Non, on a pas... »

Je parcours de l’œil tous les endroits où on aurait pu. Y’a des livres et des bouteilles renversées de partout, mais ça prouve rien tout ça. Et tout ceci est vraiment gênant. Je regarde à nouveau le brun quelques instants pour me demander quelle réponse je veux avoir. Je hausse les épaules. Aucune idée. Mais j’en ai marre des secrets, des mystères et des mensonges. Il est l’heure de trouver la vérité.

« Non, on a pas. Habille toi, Ulysse. Une des filles avec qui on a fait la fête hier travaille dans un café vegan pas loin, elle saura peut-être ce qui s’est passé. »

Il a son canapé juste à côté de mon armoire à vêtements, alors je dresse un paravent pour pouvoir me changer. C’est l’avantage de travailler dans la mode, on a des trucs stylés comme ça. Mais du coup, il est hors de question que je sorte avec un t-shirt de pyjama. Pendant que je choisis un look sportswear rouge chic, je lance au guitariste dormeur.

« Bon, du coup, Perseus, ça t’arrive souvent de te réveiller comme ça sans tes souvenirs ? »

KoalaVolant

Mar 11 Oct 2022 - 16:51

Angel of the morning

Orpheus | Dakota

Dakota. Oui, c’est vrai que ça fait quand même un nettement meilleur prénom que Wyoming. Pour ce que ça vaut, Orpheus aurait sans doute préféré le Wisconsin, mais il paraît qu’on en parle un peu trop en ce moment. La fille a l’air d’avoir un sacré caractère. Ou bien alors, elle a juste la gueule de bois. Ce ne serait pas aberrant, vu la barre dans son crâne et la langue pâteuse contre son palais.
Elle répète en boucle qu’ils n’ont pas couché ensemble, et Orpheus veut bien la croire, mais on dirait qu’elle n’est pas sûre. En tous cas, les indices de son téléphone et de l’appartement dévasté ne semblent pas permettre d’apporter une réponse satisfaisante à ces questions. Et lui, très honnêtement, il est bien trop préoccupé par le marteau piqueur dans son crâne pour se demander si, oui ou non, il a séduit la jolie brune la veille.
« Ouais ouais ouais ouais, ok. »
Maladroitement, tandis que son hôtesse les sépare d’un coup de paravent bien senti, la guitariste tâche de retrouver ses vêtements éparpillés. Ce qui est nettement plus ardu que l’on aurait pu l’escompter, étant donné qu’il est 1) en milieu inconnu et 2) plus vraiment sûr de ce qu’il portait la veille. Ça et là, des monceaux de tissus gisent, qui lui évoquent vaguement quelque chose sans jamais l’illumination.
Bon.
Elle arrête pas de tacler son prénom, mais à la limite, il l’a cherché. Le brun prend la tête dans ses mains et se frotte énergiquement le visage, tâchant vainement de jump-starter les quelques neurones qui lui restent.

Un short trône sur l’un des accoudoirs du canapé, qu’il enfile à la va-vite avec un t-shirt ACDC qui sent très clairement la transpi. Il met un peu de temps à réaliser que le short est en réalité une jupe, bleue, largement fendue à l’arrière ; et partiellement déchirée. Sans doute pas le meilleur atout pour dissimuler son caleçon ridicule aux yeux d’un café pour vegans.
Incertain, le musicien erre dans l’appartement, jusqu’à repérer son jean sur un lit qui n’est certainement pas le sien. Dans un haussement d’épaules, il le récupère et l’enfile, sans se formuler à voix haute que son pantalon dans le lit de Dakota n’était pas nécessairement un excellent signe de ne pas avoir couché ensemble.
Il est toujours dans la chambre lorsqu’il entend la question s’élever depuis la pièce qu’il a quittée.
ça t’arrive souvent de te réveiller comme ça sans tes souvenirs ?
« Ah ! »
L’étoilé retourne au salon, où son ami le canapé semble l’aguicher tranquillement. Il se laisse à nouveau tomber dessus, prenant bien soin de dégager la multitude de lunettes de soleil ridiculement amassée là.
« J’ai été dans le coma pendant sept ans et après j’ai perdu la mémoire durant plusieurs mois. » Il lâche, flegmatique comme jaja. « Donc je sais pas si on peut dire souvent mais … bah, c’est pas la première fois. »
Mais ça n’a rien à voir, Orphy ! lui balance sa conscience interne, réalisant -mais un peu tard- qu’on ne balance pas ses traumas dans le visage d’une inconnue. Quand il croise le regard de Dakota, il finit par hausser les épaules d’un air d’enfant désemparé.
« Mais tranquille, t’inquiète. »

code by underratedboogeyman

Dim 6 Nov 2022 - 18:06

Keeping up with the Angel of the Morning

"Mais merde, qui a déchiré ma jupe ?"

Mon regard désolé se porte sur ma très belle jupe bleue azur, visiblement détruite par quelqu'un de peu attentif à l'hygiène et l'intégrité des affaires. Je pourrai porter le même regard sur la majorité de ma maison, qui a clairement l'air d'avoir passée une pire soirée que moi. Je note de ranger un peu avant d'appeler la femme de ménage. Je veux pas que Dolores tombe sur... de la lingerie qui n'est pas à moi ? OK : il va me falloir des explications, beaucoup. Mes questionnements sont interrompus par la révélation d'Orpheus.

"Oh."

Merde. Merde alors, merde merde merde. Encore une personne que mon manque de tact blesse, que mon humour noir assombrit, que mon sourire peine. Encore un estropié de la vie que j'ai mal jugé, m'attendant perpétuellement à ce que tout le monde ait une meilleure vie que la mienne. Tellement brutalisée par le hasard que je suis brutale pour toujours, tellement habituée au mépris que j'en ai fais une carapace. Et voilà que les épines qui la recouvrent ont blessées un pauvre gars qu'a rien demandé. Je sais bien que je peux pas m'attendre à ce qu'on pense systématiquement que mes intentions sont pures. Je suis même pas sûre qu'elles le soient.

"Merde, désolé mec. On peut... Je sais pas pour la dernière fois mais cette fois, on peut chercher ensemble à les retrouver."

Dehors, mes lunettes de soleil et mes Louboutin cachent un peu mon trouble. J'essaye de paraître détachée en disant :

"Mais euh... Du coup... T'es du coin ? Enfin, je crois que c'est la première fois que je vois ta guitare et ta... enfin toi quoi."

Détachée ne veut pas dire habile, ça reste du Dakota. Mais il est bientôt temps de rentrer dans le Radiant Rusty Resort, le café vegan le plus proche où travaille une des party-girl d'hier : Kimberley Levis. Mais la jeune femme m'accueille bien plus froidement qu'avec mon latte habituel.

"Ah ! La briseuse de cœurs et de jupe !"

"Quoi ?"

"Tu sais très bien de quoi je parle, hypocrite."

On est parti dans la violence plus vite qu'un RER B sans arrêt jusqu'à CDG.

"Wow molo meuf, t'es super agressive."

"Agressive ? Désolée que tu le prennes comme ça. Moi je dis seulement ce que je ressens en fait."

"Déconnes pas tu..."

Kim se retourne vers Orpheus.

"Et encore des "tu", tellement agressive... Tu vois Orius, si tu m'avais choisi moi plutôt que miss Blue Boss là, tu aurais été bien mieux. Tant pis, j'espère que vous avez passé une bonne nuit."

Tétanisée, je fixe les muffins vegan aux noix de pecan. Qu'est-ce qui est arrivée à ma pote ? Qu'est-ce qui est arrivée à ma jupe ? Mais, surtout, qu'est-ce qui s'est passé entre Orpheus et moi ?

Mer 16 Nov 2022 - 23:17

angel of the morning

Respire les effluves, les parfums d'Orient
Sous l'étuve les fumées d'encens
Brûle tes poumons dans les torpeurs enivrantes
Hume les fleurs, leurs senteurs navrantes

Il est pas plus contrarié que ça, Orpheus. Maintenant qu’il a retrouvé ses souvenirs, y a pas tant de mal à les avoir perdus. Quelque part, c’est un peu comme ses clefs : il les a perdues et ça l’a bien fait chier, mais maintenant qu’il les a retrouvées et qu’il peut de nouveau ouvrir, il se rend compte qu’il fallait pas se prendre la tête et qu’elles étaient là, quelque part. Alors il hausse les épaules devant le trouble de Dakota, un peu parce que c’est pas bien grave, un peu parce qu’il a honte de lui avoir balancé ça à la gueule, et un peu parce que, de toute façon, ça ne change rien à leur affaire.
« T’inquiète, j’te dis. »
L’extérieur les assaille, rayons du soleil crissant sur les prunelles tandis qu’Orpheus se dit que, vraiment, cette meuf en jogging et louboutin, c’est quand même sacrément un mood. Vraisemblablement, aucun d’eux n’a suffisamment de neurones résiduels pour maintenir une conversation décente ; ils marchent plusieurs minutes en silence avant que sa compagne ne rompe le silence en balbutiements bafouillants.
« Ouais, un peu. Enfin. C’est compliqué. » Comme tout dans sa vie, finalement. « J’ai passé la majeure partie d’ma vie à San Francisco, puis après on a été à Nashville avec mon groupe de musique, puis … maintenant, j’suis à la Nouvelle Orléans. »
Compliqué. Y a que lui qui trouve ça compliqué. Ça n’a rien d’extraordinaire d’avoir changé deux fois de ville. Y en a qui déménagent tous les deux ans pour d’autres contrées à contrecoeur. Lui, il a plutôt de la chance : à chaque fois qu’il s’est déplacé, c’était voulu. Sauf peut-être le petit passage à l’hôpital … enfin, bref.
Orpheus se fait arracher à ses propres considérations par leur arrivée au fringant Radiant Rusty Resort, un coffee shop à l’air aussi défraîchi que la cité Pierre Sémard au Blanc-Mesnil. Les devantures en bois, c’est joli, mais ça vieillit mal. L’endroit qui se voulait vegan est devenu cheap, voire franchement laid.
Sur les talons de Dakota, le brun pénètre dans le café et, abasourdi, il assiste à cet échange surréaliste entre la serveuse et la bleue.

Instantanément, Orpheus décide qu’il ne l’aime pas beaucoup, cette fille, avec son air un peu pincé et son invectivage facile.
« Orpheus. Pas Orius. » il marmonne sans même bégayer.
Puis il fixe un peu la serveuse, avec son petit tablier en chanvre tissé ou autre tissu de bobo non-identifié. Désespéré par la situation, il regarde tout autour de lui quelque chose qui pourrait le sauver des tensions palpables dans l’air.

Et là.
Une pomme.

« Attends attends attends. »
D’un geste leste, sans même demander l’autorisation, il se saisit d’une pomme reposant dans la corbeille de fruits, supposément moins couverte de pesticides que ses congénères du Aldi d’à côté.
« Tiens, j’ai vu ça à la télé. Tu prends la pomme et tu parles, et l’autre doit juste se taire. C’est une bonne idée, non ? »
Vu la tête de Dakota, elle n’a pas vraiment l’air de trouver que c’est une bonne idée, alors Orpheus tente un petit sourire désolé qui ne semble pas très communicatif. Heureusement, Kimberley Levis, cette héroïne des temps modernes, sauve la situation en s’emparant de la pomme.
« Bah moi je peux te dire, vite fait : en fait, juste parce que t’as de la thune, ça veut pas dire que t’es obligée de traiter les autres comme de la merde. Franchement, y a qu’à voir ma jupe : c’était trop compliqué pour toi de faire attention, on dirait, et … »
« Ok ok ok, merci, euh … pourquoi tu parles de passer une bonne nuit, et tout ? »
Il fait tellement chaud entre les deux femmes que si la pomme n’était pas bio elle se transformerait certainement en compote. Orpheus, lui, ne perd pas le Nord : ils sont là pour mener l’enquête, tels Sherlock Holmes et James Watson. John Watson ? Henry Watson, disons.
« Vous vous moquez de moi, en fait ? On a été obligés de vous enfermer dans la chambre parce que vous étiez trop occupés à retirer vos vêtements l’un de l’au… »
« OK OK OK. » il dit, plus fort qu’il ne voudrait, arrachant des mains de la brune la pomme qu’il y avait logée.
« Eh mais … »
« Tiens, euh … t’en dis quoi, de la jupe ? » fait-il en tendant la Granny Smith à Dakota, l’air penaud et un peu gêné.
C’est pas tant que ça le gêne de se dire que, peut-être, il s’est passé un truc entre eux. Mais Orpheus est un gentleman, il a pas forcément envie que la vie sexuelle d’une fille se retrouve exposée comme ça au beau milieu d’un coffee shop par une serveuse aussi remontée qu’un coucou au troisième café.
Alors il essaie de lui dire, par tous les moyens qu’il lui reste, qu’il aimerait bien quitter les lieux, et que si elle lance cette pomme sans OGM direct au visage de l’autre meuf, ils peuvent repartir en courant.

Keeping up with the Angel of the Morning

Orpheus a l’air d’avoir trouvé la pomme de Newton, comme si elle lui était tombée dessus dans le bain d’Archimède et qu’il était soudainement devenu le confrère de Copernic et Galilée. Pourtant, je suis pas sûre que tout tourne très rond dans sa théorie. Les pommes, c’est un apport nutritif sain et vitaminé, pas une résolution de l’ONU pour résoudre le conflit Kim-Kota. Je le regarde sans doute avec le même visage que les contemporains de Darwin quand il leur a expliqué l’évolution.

Mais il sourit, et il est quand même plutôt mignon en vrai à tenter des trucs malgré sa gueule de bois, alors je lui souris mais Kimberley prend la pomme et d’un coup je souris plus. Elle mélange les mensonges crasseux et les vérités tranchantes, les trucs que je ne sais que trop bien et les ombres qui me saliraient le plus. Elle parle avec le regard calme de la meuf qui a rien à se rapprocher alors que ses yeux hurlent la volonté de nuire. Tant pis pour elle, les miens restent noirs.

« Vous vous moquez de moi, en fait ? On a été obligés de vous enfermer dans la chambre parce que vous étiez trop occupés à retirer vos vêtements l’un de l’au… »

Bon, OK, je finis par faire un pas en arrière parce qu’elle a mis un coup bien placé. Vraiment ? Est-ce que Kimberley dit la vérité ? Heureusement, Orpheus l’interrompt et me tend la pomme. J’avais mes doutes mais, clairement, avec elle vient le pouvoir. Je me sens remplie par la puissance de la parole, du droit et de la justice. Ou c’est les pesticides, je sais pas.

« La jupe ? Bah, c’est la mienne, pas la sienne à cette conne. Alors si elle ment sur ça, je vais pas croire un seul autre mot du reste. C’est comme quand t’avais fais croire que le père de ton gosse était le mec le plus riche de la fac, pas vrai Kim ? Bah, tes mensonges, ils servent plus à rien. »

Je croque dans la pomme avant de partir en disant très haut :

« De toute façon, le service est très mauvais ici ! »

Dès que je ne suis plus en vue du Radiant Rusty Resort, je quitte ma démarche droite et digne pour m’asseoir sur un banc, la tête dans les mains. Ce réveil est vraiment nul, ces doutes sont vraiment épuisants et tous ces mensonges sont vraiment corrosifs. J’aimerai tellement être une gorgone pour pouvoir forcer cette conne de Kim à me dire la vérité avant de la laisser, derrière son comptoir, figée en statue de pierre. Mais, non, je n’ai que mes pouvoirs avec moi. Et quand je relève la tête, je me rappelle qu’il y a aussi Orpheus. Il a quand même l’air très sympa alors je m’excuse.

« Je suis désolée d’être aussi… reloue avec cette histoire. Je veux pas avoir l’air comme si j’étais horrifiée à l’idée d’avoir couché avec toi, t’as l’air d’un mec super. C’est juste que… j’aimerai m’en souvenir en fait parce que… C’est pas mon genre de faire des choix pas entièrement assumé et de me cacher derrière l’alcool pour m’excuser. »

Je grogne en m’étirant. Je suis vachement courbatue quand même pour une simple soirée. Je veux pas savoir ce que ça veut dire pour notre enquête.

« Mais, visiblement, mes potes sont des connes. T’avais pas un mec avec toi, qui pourrait nous renseigner ? Peut-être qu’il sera plus.. fiable. »

Âge : 31 ANS (01/02/1990) ♫ trop longtemps passés à dormir

angel of the morning

Orpheus & Dakota

Si Orpheus était Orphée, alors peut-être que Dakota serait Eurydice. Ils sont tous les deux plongés dans un marasme de souvenirs qui sont absents ou déformés, obligés de compter sur des histoires que viennent leur raconter les autres.
Ouais, l’humain n’est pas très fort en mythes.
En revanche, lorsqu’il se retourne, il se rend bien compte que Dakota n’a clairement besoin de personne pour quitter les enfers. Surtout quand l’enfer, c’est les autres, et que sur la pomme de Discord elle imprime une trace de ses dents. Il sait pas vraiment ce qu’il y a entre ces deux filles, mais ce dont Orphy est certain, c’est qu’il a bien choisi son camp. Dakota est une reine qui ne va pas s’embarrasser des artifices de ses semblables : ses bijoux ne sont pas armure, mais simplement un vague reflet de ce qu’elle a à l’intérieur.
Parce que, putain, elle est brillante.

Best believe I'm still bejeweled
When I walk in the room, I can still make the whole place shimmer

Il la suit, pas calqués sur la démarche fière de sa compagnonne d’infortune. Décidément, il aurait pu plus mal tomber que sur le canap de la bleue ; Orpheus est presque fier d’elle et de la manière dont elle gère. C’est un peu bizarre, d’être fier d’une inconnue, mais certainement pas beaucoup plus que de se réveiller sans savoir ce qu’on a fait la nuit avec elle. Il prend le parti de s’en foutre et tombe sur un banc, à côté d’elle, à une distance un peu trop proche pour qu’ils soient vraiment étrangers mais néanmoins respectueuse pour par qu’elle se sente harcelée.
Dakota prend sa tête dans ses mains, et lui tente de passer en revue toutes les choses dont il se souvient.
Ça a commencé à la Nouvelle-Orléans, c’est sûr. Il est à peu près certain de pas avoir conduit à travers le pays, alors il a certainement dû prendre un portail. Est-ce-que Faolan était avec lui ? Non, iel avait décommandé au dernier moment, et Orpheus avait voulu retrouver un chouïa de cette insouciance qui faisait tout son charme avant. Alors il est sorti tout seul, dans une boîte conseillée par Xas, oublier plus volontairement sa peine sur des musiques trop fortes.
Bon, de ça, il est à peu près certain. Mais le reste …
Comme Dakota ne réagit pas, Orpheus va pour lui frotter le dos d’une main amicale, mais la jeune femme relève la tête au moment de finir son geste. Il se retrouve donc avec une main suspendue à deux centimètres du dos de son alliée du jour, complètement perdu sur quoi en faire : la poser, poursuivre son geste ? ou bien replier le coude, la passer dans ses cheveux avec un sourire de charmeur comme si tout était parfaitement normal ?
Elle parle, mais tout ce qu’Orpheus entend, c’est qu’il a l’air d’être un mec super. Un air très con s’invite sur ses lèvres, tandis qu’il a envie de répliquer un ah oui ? dans un haussement de sourcils de lover.
Sauf que c’est pas le moment, Orpheus. Il finit par poser sa main entre les omoplates de Dakota et ne plus la bouger. Ça se voulait rassurant, mais pas très sûr que ça le soit.
« Hé, t’inquiète. » qu’il dit d’un air tout désolé. « Je comprends, hein. »
Elle s’étire et soudain la main du brun se retrouve dans le creux de ses reins. Ça semble instantanément moins amical, mais ce serait encore plus étrange s’il la retirait vivement. Alors il la laisse là, un peu embarrassé ; d’un autre côté, plus le temps passe et plus il l’aime bien, cette fille.

And when I meet the band
They ask, "Do you have a man?" I could still say, "I don't remember"

Il pousse un long soupir, fourbu et le mal de crâne qui le lâche pas.
« Bah … » De sa main libre, il se gratte la tête, se donnant l’air d’un personnage de dessin animé qui réfléchit. « J’suis sorti seul ; les gens que je connais, ils sont à la Nouvelle-Orléans, et là, j’crois pas qu’on soit à la Nouvelle-Orléans, donc … »
Il réalise qu’il est pas sûr à 100% de savoir dans quelle ville il est. Il sait que c’est pas son quartier, que la température est totalement différente et l’ensoleillement aussi, mais de là à savoir précisément … Orpheus ferme les yeux un court instant.
Un gars lui a tenu la jambe super longtemps, la veille. Il lui parlait de mille trucs, mais surtout de son travail. Un truc à propos de jeux vidéos, ou … ça l’a jamais trop intéressé, ce genre de trucs, Orpheus. Il y jouait avec Arte, pour lui faire plaisir, pus parce que ça passait le temps, mais au fond …
Comment s’appelait le gars, déjà ?

L’illumination surgit et Orpheus se relève, brusquement.
« Oh, y avait un gars, il s’appelait, heu … » Pas si illuminé, finalement. « Jules ? Jim ? Je sais plus. Mais il a dit qu’il bossait dans un magasin qui s’appelait … hum … »
Allez, encore un effort, Orpheus.
« FUNKATRONIC REX ! »
Il l’a dit un peu trop fort, sans doute, et se lance dans un sourire contrit à l’intention de Dakota avant de lui tendre la main.
« On y va ? J’te paie un p'tit déj sur la route. »
Il sait pas où c’est. Il sait pas qui c’est. Il sait pas vraiment où ils vont. Il sait pas grand chose, à vrai dire ; certaines mauvaises langues diraient que c’est là sa marque de fabrique. Mais ce matin, il y a une chose dont il est parfaitement certain : où qu’il aille, il y va pas seul.

Jeu 12 Jan 2023 - 18:18

Bad habits of the Angel of the Morning

CW : objectivation de notre chère Dakota par de vilains PNJs

Ils disent que dans les Enfers du temps des Grecs, il y avait un fleuve qui pouvait faire oublier les souvenirs. Ce banc a l’air d’avoir l’effet inverse : le bois dont il est composé infuse en moi des nuées de questions, de doutes sans fin. Ai-je couché avec Orpheus ? Suis-je condamnée éternellement à errer entre crush non-réciproques et éphémère relations sans passion ? Est-ce moi qui brise les cœurs sans cesse, comme Kimberley l’a suggéré, ou suis-je l’objet d’un complot où des ordures se relaient à la chaîne pour blesser toujours les parties qui viennent de cicatriser ? Mes potes sont-elles toutes des menteuses odieuses comme la barista et l’ai-je mérité ? Aurai-je du passer plus de temps à m’élever par moi-même plutôt que d’écouter des…

La main d’Orpheus est sur mes hanches.

Mon esprit devient soudainement, sinon plus clair, au moins plus silencieux. Un peu comme si tous les doutes, dans une évolution pokemon étonnante, avait évolué en hormone en folie, concentrée sur l’unique tâche de rendre mon visage écarlate et mes pensées brumeuses. Il dit qu’il s’appelle Orpheus, est-ce qu’il m’a enchantée avec sa nouvelle lyre pour m’emmener à bord de l’Argo afin de traverser les océans les plus brumeux ? Cherche-t-il à m’abandonner sur une île, à chercher Bacchus avec Ariane, ou est-il justement le preux navigateur qui va me ramener vers l’Ithaque de la joie ? Perdue, je l’espère pour moins de vingt ans, je réponds presque automatiquement.

« Phoenix. On est à Phoenix, en Arizona. Jarlath, je crois. Le rouquin fan de Doom ? »

Il a l’air si enjoué, à parler très fort, à trouver des idées et à se lever gaiement. Il me tend la main et j’ai seulement envie de sourire et de le suivre, de croire qu’ensemble on peut trouver un peu de vérité et de réconfort, ensemble. Et j’essaie de pas trop penser au fait que cette suite de mots me fait encore plus frissonner l’échine que le toucher du beau brun. Je prends sa main tendue et je passe mon bras sous le sien, collant un sourire amusé sur mon visage pour cacher mon trouble.

« Gaming et petit déj gratuit ? Tu sais parler aux femmes, Orpheus, ça c’est du bon réveil post-soirée. »

Je le laisse m’acheter des cupcakes hors de prix dans ce quartier de bobo crypto-conservateurs qui font sans doute infuser leur macha avec des pépites d’or pour améliorer leur karma selon les conseils de leur chaman new age, en oubliant que les plantes comme les métaux ont été récoltés par des enfants venant des cultures que leur gourou copient plus salement qu’une IA voleuse d’art. Il devrait s’en douter après avoir vu ma maison, mais j’ai clairement pas besoin de lui pour acheter ça, mais ça me fait plaisir de voir son visage illuminé par l’impression d’être un chevalier servant. Détournant encore un peu les yeux, je réunis le courage de lui demander :

« Bon Orphy, maintenant on cherche la réponse depuis un bout de temps alors dis-moi… Tu espères que c’est quoi ? Parce que je monologue pas mal, mais t’en penses quoi ? »

Nous arrivons ensuite au fameux Funkatronic Rex , sorte de temple urbain dédié tout entier à Tifa Lockhart, Tom Nook et leurs ami.e.s. Nous sommes accueillies par le maintenant tant attendu Jarlath (il m’a répété toute la soirée que c’était irlandais, qu’il était Irlandais et qu’il avait rencontré une nana à Galway qui me ressemblait mais j’écoutais pas trop parce que je lui avais mis trois stacks sur Smash alors, bon, niveau crédibilité on repassera). Quand il voit Orpheus, il crie de joie et le prends dans ses bras.

« Trop bien bro !!! T’as fini par gérer, je suis trop fier de toi mec !!! »

Pas vraiment ravie par mon rôle passif dans le narratif de Jarlath, j’interromps les effusions.

« Euh, attends, qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

« Bah, vous arrivez ensemble donc c’est que vous avez fini ensemble, non ? J’avoue que j’y croyais plus, vous vous êtes tellement embrouillé pendant la soirée que j’ai eu peur que mon gars sûr finisse avec Kimberley. Mais non, Orpheus s’est pas retourné et est le vrai héros guitariste de notre temps ! »

Je regarde dans le vide, pour ce qui semble être la centième fois aujourd’hui. Pourquoi les mecs roux sont toujours chiants avec moi ?

Âge : 31 ANS (01/02/1990) ♫ trop longtemps passés à dormir

angel of the morning

Orpheus & Dakota

Funkatronic Rex n’est pas très loin, mais Orpheus a le souffle court.
Il aimerait bien blâmer ça sur l’alcool, mais la vérité c’est qu’il est pas encore parfaitement remis de son voyage de sept ans sur les douces vagues de Morphée et que, à vrai dire, pas sûr qu’il le soit un jour. Chaque faux plat est une épreuve, mais comme il essaie de pas trop le montrer pour pas rajouter de la culpabilité aux troubles qui agitent Dakota, ben ça devient plus compliqué. Il est pas mécontent de s’arrêter en route pour choper une boite de cupcakes multicolores qui lui coûte un œil et deux reins. C’est pas bon pour son porte-monnaie, mais nettement plus pour ses muscles endoloris comme jaja.
C’est pas logique. ça faisait un moment qu’il avait pas eu aussi mal. On dirait qu’il a des courbatures, comme s’il avait fait un truc hautement physique la veille ; ce qui n’est qu’un élément de plus dans l’enquête qu’ils mènent tous les deux.
L’instant de gênance du banc passé, ils discutent gaiement de tout et de rien en savourant le glaçage coloré des petites pâtisseries offertes par le brun. Puis, entre deux bouchées onctueuses au chocolat-noisette, Dakota balance une gigantesque bombe nucléaire en guise de plat de résistance.
Tu espères que c’est quoi ?

Orpheus s’étouffe sur son red velvet cupcake, complètement sidéré par la question qu’elle vient de lui poser. Parce qu’il y a un piège, non ? Elle est en train de lui tendre un piège. S’il dit qu’il espère qu’ils ont pas couché ensemble, ça veut dire qu’il la trouve pas attirante, alors que Dakota est attirante et que c’est bien là tout le problème. S’il dit qu’il espère qu’ils ont couché ensemble, ça veut dire qu’il la trouve attirante, mais suffisamment passable pour pas s’en souvenir le lendemain, et c’est pas vraiment sympa pour elle non plus. S’il dit qu’il s’en fout, ça veut dire qu’il est mou, sans personnalité ou prétentieux.
Y a pas de bonne réponse, alors il se contente de toussoter pour évacuer les miettes de cupcake avant de tâcher de répondre.
« Eh bien, c’est-à-dire que … »
C’est-à-dire qu’il commence à avoir envie de l’embrasser, et qu’il s’en moque carrément de ce qui s’est passé la veille. Quelque part, c’est juste un prétexte pour passer du temps avec elle, pour prolonger cet instant suspendu après lequel il devra rentrer chez lui.
Heureusement, l’univers, bien décidé à tout miser sur son poulain, lui offre une glorieuse distraction.
« Oh, regarde, c’est là ! »

La boutique est immense, plongée dans une sorte d’obscurité bleue, comme tous les vendeurs de jeu vidéo ont décidé que c’était futuriste. Les étalages montrent des consoles dont Orpheus ignore le nom, des jeux dont Artemis lui a déjà parlé (peut-être qu’il y en a un sur lequel elle a bossé ?) et des figurines en résine colorée dont l’utilité échappe à Orpheus.
A peine la porte à tourniquet franchie, un rouquin les apostrophe : vous avez lu le post précédent, vous savez bien que c’est Jarlath.

« Trop bien bro !!! T’as fini par gérer, je suis trop fier de toi mec !!! »
Orpheus plisse les yeux et ouvre la bouche, prisonnier de l’étreinte du roux : c’est pas vraiment la réaction à laquelle il s’attendait. Plus ils font le tour de la ville et plus l’Astraea se rend compte que, quoi qu’ils aient fait, ça va toujours retomber sur Dakota qui ne sera au mieux qu’un PNJ dans cette histoire. Un mec qui pécho, c’est un champion ; une meuf qui le fait, c’est une traînée. Il avait déjà conscience de l’injustice mais ça fait que s’accentuer. Alors, il s’apprête à asséner une répartie (il ne sait pas encore laquelle, mais ça va venir) pour protéger sa nouvelle amie ; celle-ci est plus rapide que lui.
Pour la dix millième fois aujourd’hui, Orpheus est reconnaissant d’être dans son camp et pas en face. Dakota se laisse pas marcher sur les pieds, et ça la rend encore plus belle que tous les bijoux de la terre.

Le guitariste finit par repousser celui qui avait jugé bon d’envahir son espace vital, avec un froncement de sourcils.
« Quoi, mais qu’est-ce-que tu racontes, gros ?! » Certes, il a perdu la mémoire, mais il n’est pas complètement idiot ; dans aucun univers au monde il aurait préféré Kimberley à la beauté bleue qui le suit depuis ce matin. « Qu’est-ce que … pourquoi on s’engueulait, tu te rappelles ? »
C’est peut-être bien la seule information utile que ce guignol sans âme pourrait leur apporter.
« Je sais plus exactement, y avait une histoire de jupe … je crois qu’il y avait des marques de cigarette, et que c’était celle de Kimberley, ou bien peut-être celle de Max, je sais plus. »
« Max ? » Le prénom fait écho à quelque chose, mais il saurait pas trop dire quoi.
« Ah, ça y est, je crois que je me souviens ! T’avais envie de voir ce que ça faisait de porter une jupe, parce que tu disais que ton pote Esmélan t’en prêtait ou je sais pas quoi. Du coup, Dakota t’en as prêté une, mais après Max a dit que c’était la sienne et comme t’avais commencé à te rapprocher de Dakota alors qu’elle voulait clairement te pécho, bah Max a pété un câble et Kim était d’accord avec elle donc c’est parti en sucette quoi. Finalement vous vous êtes engueulés tous les deux, puis vous êtes partis dans la chambre, je me disais sans doute pour que tu te changes, mais vous êtes pas revenus jusqu’à ce que tout le monde dorme. »
Ça fait beaucoup d’informations à encaisser, Orpheus plisse les yeux encore plus fort, la tête tournant de droite à gauche entre Dakota et Jarlath. Qu’il ait voulu porter une jupe, ouais, ça lui ressemble bien quand il est bourré. Que Dakota lui en ait filé une pour se marrer, ça semble pas déconnant non plus. Mais pourquoi toutes les filles auraient suivi le mouvement ? Enfin …
« Mais ça fait aucun sens, dude ?! »
« Écoute, frère, je te dis ce dont je me rappelle, si tu me crois pas c’est ton problème. Au pire, allez demander à Max, elle habite plus haut sur l’avenue. » Puis, après s’être raclé la gorge, l’irlandais tourne les talons. « J’ai un client alors j’vais vous laisser, mais en tous cas GG mon champion, t’es une légende mec ! »
Il lance encore deux trois clins d’œil à un Orpheus très gêné avant de disparaître en direction d’un client imaginaire, au loin.
Ils sont pas beaucoup plus avancés.

Alors que le magasin les recrache sur le trottoir, il s’excuse à sa compagne d’enquête.
« Je suis désolé, c’était hyper gênant, putain. »
Embêté comme tout, il passe une main dans ses cheveux. Il n’ose pas regarder Dakota, par peur de ce qu’il pourrait lire dans son regard. De la déception, certainement, vis-à-vis de toute la gent masculine : elle aurait tout à fait raison, après ce qui vient de se passer.
« La vérité, c’est que, moi, c’est de ouf mon genre de pas me rappeler de ce que j’ai fait la veille. Enfin, c’était mon genre, y a un moment. Ça devait aller mieux maintenant, mais apparemment non, alors … » Il soupire, laissant glisser un juron entre ses dents. « Ce qui m’emmerde, c’est que tu puisses prendre ça personnellement et croire que t’es pas mémorable, ou quoi. Parce que, franchement, t’es une chouette fille. T’es brillante, t’es canon, tu te laisses pas faire, je te trouve carrément incroyable. S’il s’est passé un truc entre nous hier, je me sens hyper honoré et privilégié et juste, j’ai pas envie que tu regrettes, quoi. Ça me mettrait grave la mort de savoir qu’on a fait un truc alors que t’en avais pas envie ou bien que, maintenant que tu me connais mieux, tu te dis que je suis qu’un pauvre type et que t’aurais pas dû. »
Piteux, il baisse les yeux à terre. Si ses amis sont le reflet de son identité, alors Jarlath vient littéralement de lui montrer la pire partie de qui il est. Le gars qui prend ce qu’il veut et qui objectifie, qui se moque totalement de ce que peuvent ressentir les autres. Il a jamais voulu être comme ça, Orpheus. Il sait bien, qu’il a une réputation de mec à meufs et qu’il la mérite totalement. Mais c’est pas lui, le connard qui se barre le lendemain avant le patit déj et qui tient un tableau de chasse de ses conquêtes. Il aime plaire, c’est une certitude, mais jamais aux dépens des autres ; certainement pas celui de Dakota.
Il relève la tête pour la dévisager, voir comment elle ressent ses paroles. Il aimerait poser une main sur son bras mais pas sûr que ça arrange le coup, alors il croise juste les bras sur sa poitrine.
« Enfin, voilà quoi. Je sais pas ce que je préférerais, entre les deux réponses. Mais t’es attirante, t’es intéressante, alors honnêtement ça me va. J’crois que je serais même pas contre retourner à ton appart maintenant et oublier tout ça, juste faire mieux connaissance, tu vois ? » Il a conscience que ce qu’il dit sonne affreusement séducteur, mais il a pas vraiment appris à faire autrement, le garçon. « Je veux juste pas que tu penses que je suis le dernier des connards qui en a rien à foutre de toi, parce que c’est pas vrai. »

Ven 24 Mar 2023 - 18:08

Kings, Queens and Angels of the Morning

CW : objectivation de notre chère Dakota par de vilains PNJs

Passant ma main sur la joue mal rasée d’Orpheus, je dis avec un sourire doux : T’es pas un connard, Orpheus, je peux bien le voir.

La connasse, dans cette histoire, j’ai bien l’impression que c’est moi. Je le piège sans le vouloir, avec des questions que je souhaite innocente mais qui ne font que nous faire tous deux passer pour d’horribles personnes. Qu’est-ce que c’est que cette quête absurde de réponses qu’on craint, que ces PNJ odieux et ce scénario si prévisible de l’amnésie dans l’épisode 1 ? Un peu éberluée dans le magasin de Jarlath, j’avais fixé une statue de Link, pensant que j’aurai bien besoin de l’album d’une tablette sheikah pour récupérer peu à peu mes souvenirs et savoir si Orpheus était le vaï de mon Urbosa.

Le connard, dans cette histoire, c’est bien Jarlath. Quelques années plus tard j’aurai enchaîné un coup de boule puis une série d’attaques à l’aide de la réplique d’Andúril qui trône au dessus du comptoir. D’ailleurs elle est stylée, elle coûte comb… c’est pas la question, Dakota. Ce que dit le rouquin me désintéresse, je vois surtout la suite d’émotions sur le visage de mon compagnon de quête. J’y vois le dégoût de celui qui découvre une injustice qu’il a trop longtemps suspecté sans rien faire. La honte de celui qui n’a rien à se reprocher d’autre d’être parmi ceux qui font le mal. La volonté de faire quelque chose mais le doute, encore, sur quoi faire vraiment. Alors que je me dis qu’Orphy est quand même super, le vendeur évoque Max. Alors il me faut digresser.

Car s’il y a bien une connasse dans cette histoire, c’est clairement Max. Elle, c’est le genre de fille qui te font direct l’adorer et te détester. Elle a ce corps qui te glisse immédiatement un sourire et qui te fait pleurer dès qu’elle se casse. Elle est sportive, amusante, sans égale pour faire un bloody mary, toujours en legging Fabletics et amie avec au moins trois membres du cast des Chroniques de Bridgerton. C’est surtout une turbo-tchoin. Elle a jamais bossé une journée dans sa vie, son compte instagram fait la loi à Paradise Valley et je suis presque sûre qu’elle a voulu rejoindre le camp de Sapphire pendant la guerre. Je compte plus mes amies qu’elle a fait pleurer, les relations qu’elle a détruite, les horreurs qu’elle a inventé alors je me demande comment elle a pu être invitée à notre soirée. Et, surtout, je n’ai aucune envie de connaître son avis sur ce qui s’est passé entre le latino et moi.

Cette digression terminée, revenons à celui qui n’est pas un connard, s’il vous plaît. Non, parce qu’il faut qu’on parle deux minutes d’Orpheus là. Le gars me défend clairement face à Jarlath, il me sort un monologue archi mignon qui cumule en un instant plus de phrases que tous mes exs cumulés et qui touche juste les points où j’avais besoin d’être rassurée. Il est humble, doux et clairement prévenant et, s’il a pas l’air d’être le chaton le plus futé de la portée, il fait des efforts et se pose les bonnes questions. Alors, non, Orpheus : t’es pas un connard.

T’es pas un pauvre type non plus. Et je vois rien ici dont j’aurai pas eu envie, et je te connais assez maintenant pour savoir qu’un gars formidable comme toi aurait rien fait dans le sens inverse.

Est-ce que je suis en train de flirter avec lui là ? Je crois pas… si ? En tout cas, je dis la vérité.

Si ça te va, j’ai envie de dire qu’on s’en branle de ce que panse Kim, Jartruc ou Max. On reprend tout à zéro, on retourne sur mon canap’ et on règle ça sur Street Fighter ? D’ailleurs, regarde.

De mon sac, je sors une figurine unique de Chun-Li. L’avantage, quand un mec vous méprise jusqu’à vous considérer comme un objet, c’est qu’il fait plus attention à vous. Et les personnes qui vous méprisent, c’est celle qu’on vole le plus facilement : c’est London qui m’avait appris ça, et j’ai bien retenu la leçon. Et avec la petite remise à niveau en cyber-sécurité de Beatriz l’autre jour, ça a été facile de récupérer ce trophée.

Allez Ulysse, je nous paye le Uber, je t’ai assez fait marché pour aujourd’hui, non ?

Je sais pas où on va avec tout ça. Je sais même pas d’où on part. Mais je sais que tout ceci est super.

Âge : 31 ANS (01/02/1990) ♫ trop longtemps passés à dormir

angel of the morning

Orpheus & Dakota

Un gars formidable.
Orpheus rougirait un peu s’il était pas déjà complètement cramé, en train de sourire béatement face aux remarques de Dakota. Elle gère, cette fille. Son sourire s’élargit encore lorsqu’elle arbore une figurine subtilement dérobée dans le magasin au nom de dinosaure ancien.
« Putain, t’es trop forte. » qu’il lâche.

Un gars formidable.
C’est pas toujours ce qu’on lui a dit. Il se rappelle de soirées, pas longtemps après Gabrielle, où il se réveillait avec la déshydratation de celui qui a trop bu et à peu près aucune notion du prénom de celle qui dormait à côté de lui. Il tâchait toujours d’être délicat, d’apprendre leur nom en posant des questions détournées. Une fois, il est même ressorti de l’appartement juste pour trouver des indices sur la boîte aux lettres (et ne pas vomir sur la moquette).
Il n’était pas vraiment un gars formidable, alors. C’est tout juste s’il était un gars, tout court. Il était plutôt un connard, une loque, une personne sans âme et sans cœur. Sans même le faire vraiment exprès, il a dû en blesser plus d’une. A commencer par Dolores.
Quand il se retourne et qu’il voit le chemin parcouru, les influences de Faolan et Artemis sur sa gigantesque connerie, il ne peut qu’être reconnaissant de croiser Dakota maintenant. Adolescent, il aurait sans doute été du côté de Jarlath ; un crétin.

Un gars formidable.
C’est au moins ce que Dakota mérite, elle la plus formidable des hôtesses de soirée. C’est au moins ce à quoi elle a droit, après s’être fait slutshame dans la moitié de la ville par des gens à qui elle faisait mine de tenir.

Un gars formidable.
C’est bien ce qu’il a l’intention d’être, lorsqu’ils jaillissent du VTC pour monter dans l’appartement. On dirait que le décor a changé, depuis qu’ils sont sortis toute à l’heure ; mais il n’y a qu’eux qui ont changé. Le salon st toujours aussi encombré, le canapé porte encore les marques du corps d’Orpheus qui a passé du temps dessus, et même l’odeur est restée la même.
Tout ce qui a changé, c’est eux. C’est le sourire complice qu’ils échangent, la main bienveillante d’Orpheus contre le dos de Dakota tandis qu’il lui retient la porte, la figurine qui trouve sa place sur l’étagère au-dessus de la télévision.
Et bientôt ils se retrouvent là, assis tous les deux face à elle, leurs manettes dans les mains et leurs sourcils aussi froncés qu’ils ne tâchent d’être concentrés. Orpheus n’est pas particulièrement bon à Street Fighter, lui qui est plutôt Mortal Kombat. Alors, ils passeront la journée là, allant jusqu’à commander à dîner plutôt que de ressortir pour manger. Ils alterneront entre des périodes d’humiliation à la console et des phases de rangement de l’appart pour que la coloc de Dakota ne fasse pas un arrêt cardiaque -il paraissait que c’était le genre de fille à avoir une femme de ménage depuis sa naissance.
Alors qu’ils auront tant parlé et ri aux anecdotes de l’autre, il sourira à Dakota d’un sourire un peu différent. Il viendra de parler de cette fois où, Phoebus et lui-même, ils avaient tenté de monter un véritable projecteur sur le plafond de leur salon. Ils avaient brisé l’ampoule déjà en place, fait sauter les plombs de la pièce, et l’un d’eux s’était retrouvé avec l’abat-jour sur la tête comme un robot un peu cassé. Il aura beaucoup ri, de son frère et de lui-même, lorsqu’il arborera ce sourire plus particulier, plus tendre et plus avide aussi.
Alors, il passera sa main dans les cheveux bleus de la jeune femme et frissonnera à leur contact.
« Tu sais ce qui serait le moyen le plus simple de s’assurer avec certitude qu’on se soit pécho ou pas ? » et, plutôt fier de sa punchline, il enchaînera. « On pourrait s’embrasser, maintenant, et voir ce qui se passe. »
Il cherchera le refus au fond des yeux de Dakota et, sans en trouver la moindre de trace, il se penchera pour l’embrasser. Pour avoir enfin le cœur net de cette question qui le taraude, il posera ses lèvres sur les siennes, dans la curiosité de voir si elles ont un goût aussi chaud que la couleur de ses cheveux.

Kissing the Angel of the Morning

Ça veut dire quoi un baiser ? Alors que les lèvres d’Orpheus rencontrent les miennes, c’est la question qui me vient en tête. Je ne suis pas habituellement de celles qui laissent la théorie se placer entre elles et la vie, celles qui philosophent sans fin ni plaisir. Mais, après une telle journée passer à chercher une vérité, mon cerveau semble toujours branché sur un travail analytique que Street Fighter n’a fait qu’exacerber.

Qu’est-ce qu’apporte un baiser ? Orpheus semble vouloir y mettre une vérité, une certitude après une journée de doutes. Je comprends ce qu’il veut dire et faire quand une confirmation aussi simple existe. Mais quand ses lèvres me touchent je ne peux que me rappeler l’amer que d’autres peaux rendues piquantes par les poils mal rasés m’ont fait ressentir autrefois. En un instant les baisers menteurs, les lèvres voraces ou attristées reviennent en moi et me font douter de toute vertu dans ce que ce simple geste peut apporter.

Qu’est-ce que peut faire un baiser ? Il me faut quand même rendre son contact à Orpheus et prendre ses cheveux dans mes mains. Car, oui, des baisers m’ont déjà permis, auparavant, de découvrir qui je suis. Autant que des bijoux, des baisers ou des cheveux teints, découvrir que je pouvais aimer et être aimée, jusqu’au bout de mes lèvres, est une saveur délicieuse que le brun m’offre à nouveau. Et quand nous nous lâchons, ce sont quatre yeux marrons qui se regardent avec malice et affection.

Qu’est-ce que ça veut vraiment dire un baiser ? Pas grand-chose, vraiment, quand on vient de passer une journée de complicité qui disait tout ce que quelques secondes de plaisir n’ont fait que confirmer. Pas grand-chose, vraiment, quand tant d’obstacles relatifs nous séparent sans que nous ne sachions trop quoi. Alors, en notant sur son portable l’adresse du portail zouwu le plus proche, je lui glisse : On se reverra, Hercules. Et, pour la première fois de l’été, je m’endors avec le sourire.

Angel of the morning / Koteus