- Llyr AsherahMEMBRE ◊ PACTE
- Personnage◊ :
⍦ ⍦ ⍦
I will follow you way down wherever you may go, I'll follow you way down to your deepest low.
⍦ ⍦ ⍦
Pseudo / Pronoms : Valhdia / elleMessages : 82Âge : 30 ANS (23/07/1991) ⍦ et pourtant il se sent plus vieuxNombre de dés : hypnose ⍦ 2, contrôle sensoriel ⍦ 1, manipulation sonore ⍦ 2Résidence : EDGEWOOD, WASHINGTON ⍦ loft partagé avec ScyllaProfession : ANALYSTE pour la CIAFaceclaim : Miles TellerPouvoirs/capacités : TRITON ⍦ le son manié avec brio, les armes tranchantes dans les paumesCrédits : cheekeyfire (ava), YellowChip (aes)Disponibilité RP : Arcadia, Ciaran, River, Scylla, SARL, toi ?Multicomptes : Odalie & Caliban & Sol & Orpheus & Hecate & Aurore & Nova-Blue & Jasper & BoréePoints : 261Joueur•se
L’enfer c’est pas d’échouer c’est de pas tout faire pour essayer ⍦ Llyr & Gabriel
Mar 30 Aoû 2022 - 19:12
L’enfer c’est pas d’échouer c’est de pas tout faire pour essayer
Llyr | Gabriel
Elle est partie.
L’information avait créé un trou dans sa poitrine, un trou qui avait un prénom, une odeur et une consistance. Et après, il y avait eu le quotidien. L’espace vide entre deux paires de chaussures, parfaitement calibré pour accueillir les siennes à elle. Les premières nuits dans un lit double qui n’accueillait plus qu’une personne. Cette sensation que ce n’était pas réel, que ça ne pouvait pas possiblement l’être, que l’actrice principale du monde venait de lui être ravie et que la seule chose qu’il pouvait, c’était d’arrêter de tourner.
Elle est partie.
Elle était partie et Llyr était désorienté, abasourdi et en colère, avec cette impression vivace de n’avoir pas fait ce qu’il fallait. Car s’il avait fait ce qu’il fallait, pourquoi est-ce qu’elle serait partie ? Tout s’effondrait autour de lui, les murs de son appartement repliés comme des tarentules prenant son myocarde en otage, le triton repassant en boucle les scènes qu’il aurait pu changer, comme si cela avait pu faire la moindre différence.
Elle est partie.
Trois mots qui s’égrenaient depuis quelques jours sans que Llyr ne puisse trop savoir ce qu’ils lui faisaient ressentir. Il était las, fourbu, malade. Il dormait sur le canapé, abruti par l’effort immense qu’il devait fournir la journée pour sembler
Elle est partie.
Enfoncer ses yeux dans ses orbites jusqu’à ce qu’ils rentrent dans son crâne, qu’ils ne voient plus que la noirceur des moments qu’ils ne passeraient plus. Nourrir le feu de sa colère, la rancœur face à son jeune frère, faire quelque chose, se démerder pour ne plus ressentir sur lui la lourde pesée de son échec. Partir quelquefois, tard le soir, dans le dédale des rues, tout seul, mal rasé et tout débraillé. Ne pas faire attention du tout à l’endroit où ses pas le menaient, inconscient d’aller quelque part.
Elle est partie.
Llyr finit par se retrouver, un soir d’octobre, devant l’immeuble qui était déjà familier. Le nom sur la sonnette usée, l’allure étrange du bâtiment pour ceux qui savaient regarder. Et les éclats de voix, surtout, qui lui venaient de l’intérieur, comme des fantômes d’une autre vie où lui-même aurait pu sourire.
Il poussa la porte sans ménagement, respirant les odeurs d’épice qui émanaient de la cuisine. Sans doute des sorciers, aux fourneaux, s’adonnaient-ils à leur occupation préférée : élaborer des plats étranges dont le goût était trop parfait. Boulet de canon dans le coven, il alla jusqu’à la pièce commune pour fouiller, d’un regard fébrile, les silhouettes sur les canapés pour trouver celle qu’il recherchait. Blonde, bien bâtie, le regard bleu qui avait vu des choses que l’on ne devrait jamais voir.
Gabriel était assis là, l’air concentré sur quelque chose.
Sans même chercher à être digne, Llyr vint se planter face à lui et, sans pouvoir soutenir ses yeux, éclata en de lourds sanglots.
« Scylla est partie. »
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Re: L’enfer c’est pas d’échouer c’est de pas tout faire pour essayer ⍦ Llyr & Gabriel
Mar 25 Oct 2022 - 22:42
L'enfer c'est pas d'échouer,
c'est de pas tout faire pour essayer
Je me suis enfin posé.
Je suis tranquillement assis sur le canapé de la salle commune. Enfin, bien sûr, je ne me suis pas assis de moi-même, j’ai plutôt été forcé par Lacey qui m’a poussé de toutes ses forces sur la méridienne bleue. Je n’ai pas eu le cœur de résister, surtout que Carmelo s’est mis à la cuisine, et que je sais que c’est toujours réussi.
On m’a interdit d’aider à quoi que ce soit. La tornade blonde qu’est Lacey m’a interdit de mettre la table, de vider le lave-vaisselle, de ranger, de me lever même… J’ai bien tenté, mais rien à faire. Rien à faire, il n’y a jamais rien à faire, je peux toujours trouver quelque chose à faire. Hors de question de laisser mes petit.es protégé.es faire tout le travail : j’allume mon ordinateur et scrolle parmi mes téléchargements à la recherche de documents que je n’ai pas traités ou que je dois ranger.
Je me suis enfin posé, mais impossible de ne rien faire.
Pourtant, je me laisse porter par les rires qui remplissent progressivement la salle. Le coven se forme, de plus en plus, et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Toutes ces âmes autrefois perdues m’apportent de la joie et j’ai le sentiment que Morgan et moi avons réussi : nous avons constitué notre famille.
J’essaie de plus en plus en ce moment de m’exercer à la gratitude. Bien sûr, beaucoup de gens sont partis de ma vie, m’ont quitté, mais combien sont restés ? Combien sont présents, autour de moi ?
Une chose est sûre, moi, je veux rester. Ne pas rester en place, mais rester dans mes relations, rester un peu avec moi-même. Même si les retrouvailles avec Ciaràn ont été plus que troublantes, je ne veux plus toucher le fond comme je l’ai fait ce soir-là. Je veux rester à la surface, et même si j’ai toujours la sensation de me noyer, au moins je ne touche pas les profondeurs.
C’est sur ces réflexions que quelqu’un qui aurait bien pu mieux formuler ces métaphores maritimes apparaît. Sans doute mon triton préféré, mon ami, Llyr. J’apprécie toujours de le voir et sa compagnie, c’est quelqu’un à l’âme tranquille, qui respire la vie. Avec lui, pas besoin de me forcer pour sortir comme avec la plupart de mes ami.es : c’est avec lui que je peux m’adonner à mon côté calme et posé.
Mais ce soir, il n’a l’air ni calme ni posé lorsqu’il éclate en sanglots devant moi. La musique joyeuse s’éteint et je me lève d’un bond, laissant glisser mon ordinateur sur le canapé.
Scylla est partie.
Partie… ? Je répète, incrédule.
Partie ? Partie comme mes grands-parents, vers ma plus grande ennemie, la mort ? C’est impossible, il m’aurait appelé, je l’aurais soignée, elle aurait eu les meilleurs médecins de Nydaros pour l’aider. Ou bien partie… comme Dakota est partie ? Comme Odalie est partie ?
Si j’analyse la situation, je vois bien qu’il ne serait pas en état de me répondre. Je le prends dans mes bras, alors que je vois le coven se retirer dans la cuisine et faire glisser la porte, pour nous laisser de l’intimité. Je ressens toute la détresse de mon ami jusque dans ses os, alors qu’il me semble qu’il a maigri. Je le serre plus fort, pour lui transmettre ma chaleur apaisante et le soutenir, alors qu’il me semble que sa haute stature est à deux doigts de s’effondrer.
Je connais mon ami, et je sais qu’il ne voudrait pas que tout le coven voit sa peine, que le monde le voit ainsi. Alors je le dirige doucement vers mon appartement solitaire. Même s’il est bien moins chaleureux que la salle commune, je me dis que c’est tout de même le bon endroit pour l’aider.
Je le pose telle une masse sur le lit, puis me dirige promptement vers ma kitchenette, tout en gardant un œil sur lui.
Je te fais un thé, d’accord ?
Je n’attends pas sa réponse pour lancer la bouilloire. Me mordant un peu les lèvres, je me demande vraiment ce qui a pu se passer. Tout avait l’air de bien se passer entre la princesse et lui, la dernière fois que je les ai vus. Une chose est sûre : Llyr ne mérite pas d’être aussi triste. Il mérite le monde, il mérite la vie, il mérite… tout.
Je suis tranquillement assis sur le canapé de la salle commune. Enfin, bien sûr, je ne me suis pas assis de moi-même, j’ai plutôt été forcé par Lacey qui m’a poussé de toutes ses forces sur la méridienne bleue. Je n’ai pas eu le cœur de résister, surtout que Carmelo s’est mis à la cuisine, et que je sais que c’est toujours réussi.
On m’a interdit d’aider à quoi que ce soit. La tornade blonde qu’est Lacey m’a interdit de mettre la table, de vider le lave-vaisselle, de ranger, de me lever même… J’ai bien tenté, mais rien à faire. Rien à faire, il n’y a jamais rien à faire, je peux toujours trouver quelque chose à faire. Hors de question de laisser mes petit.es protégé.es faire tout le travail : j’allume mon ordinateur et scrolle parmi mes téléchargements à la recherche de documents que je n’ai pas traités ou que je dois ranger.
Je me suis enfin posé, mais impossible de ne rien faire.
Pourtant, je me laisse porter par les rires qui remplissent progressivement la salle. Le coven se forme, de plus en plus, et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Toutes ces âmes autrefois perdues m’apportent de la joie et j’ai le sentiment que Morgan et moi avons réussi : nous avons constitué notre famille.
J’essaie de plus en plus en ce moment de m’exercer à la gratitude. Bien sûr, beaucoup de gens sont partis de ma vie, m’ont quitté, mais combien sont restés ? Combien sont présents, autour de moi ?
Une chose est sûre, moi, je veux rester. Ne pas rester en place, mais rester dans mes relations, rester un peu avec moi-même. Même si les retrouvailles avec Ciaràn ont été plus que troublantes, je ne veux plus toucher le fond comme je l’ai fait ce soir-là. Je veux rester à la surface, et même si j’ai toujours la sensation de me noyer, au moins je ne touche pas les profondeurs.
C’est sur ces réflexions que quelqu’un qui aurait bien pu mieux formuler ces métaphores maritimes apparaît. Sans doute mon triton préféré, mon ami, Llyr. J’apprécie toujours de le voir et sa compagnie, c’est quelqu’un à l’âme tranquille, qui respire la vie. Avec lui, pas besoin de me forcer pour sortir comme avec la plupart de mes ami.es : c’est avec lui que je peux m’adonner à mon côté calme et posé.
Mais ce soir, il n’a l’air ni calme ni posé lorsqu’il éclate en sanglots devant moi. La musique joyeuse s’éteint et je me lève d’un bond, laissant glisser mon ordinateur sur le canapé.
Scylla est partie.
Partie… ? Je répète, incrédule.
Partie ? Partie comme mes grands-parents, vers ma plus grande ennemie, la mort ? C’est impossible, il m’aurait appelé, je l’aurais soignée, elle aurait eu les meilleurs médecins de Nydaros pour l’aider. Ou bien partie… comme Dakota est partie ? Comme Odalie est partie ?
Si j’analyse la situation, je vois bien qu’il ne serait pas en état de me répondre. Je le prends dans mes bras, alors que je vois le coven se retirer dans la cuisine et faire glisser la porte, pour nous laisser de l’intimité. Je ressens toute la détresse de mon ami jusque dans ses os, alors qu’il me semble qu’il a maigri. Je le serre plus fort, pour lui transmettre ma chaleur apaisante et le soutenir, alors qu’il me semble que sa haute stature est à deux doigts de s’effondrer.
Je connais mon ami, et je sais qu’il ne voudrait pas que tout le coven voit sa peine, que le monde le voit ainsi. Alors je le dirige doucement vers mon appartement solitaire. Même s’il est bien moins chaleureux que la salle commune, je me dis que c’est tout de même le bon endroit pour l’aider.
Je le pose telle une masse sur le lit, puis me dirige promptement vers ma kitchenette, tout en gardant un œil sur lui.
Je te fais un thé, d’accord ?
Je n’attends pas sa réponse pour lancer la bouilloire. Me mordant un peu les lèvres, je me demande vraiment ce qui a pu se passer. Tout avait l’air de bien se passer entre la princesse et lui, la dernière fois que je les ai vus. Une chose est sûre : Llyr ne mérite pas d’être aussi triste. Il mérite le monde, il mérite la vie, il mérite… tout.
- Llyr AsherahMEMBRE ◊ PACTE
- Personnage◊ :
⍦ ⍦ ⍦
I will follow you way down wherever you may go, I'll follow you way down to your deepest low.
⍦ ⍦ ⍦
Pseudo / Pronoms : Valhdia / elleMessages : 82Âge : 30 ANS (23/07/1991) ⍦ et pourtant il se sent plus vieuxNombre de dés : hypnose ⍦ 2, contrôle sensoriel ⍦ 1, manipulation sonore ⍦ 2Résidence : EDGEWOOD, WASHINGTON ⍦ loft partagé avec ScyllaProfession : ANALYSTE pour la CIAFaceclaim : Miles TellerPouvoirs/capacités : TRITON ⍦ le son manié avec brio, les armes tranchantes dans les paumesCrédits : cheekeyfire (ava), YellowChip (aes)Disponibilité RP : Arcadia, Ciaran, River, Scylla, SARL, toi ?Multicomptes : Odalie & Caliban & Sol & Orpheus & Hecate & Aurore & Nova-Blue & Jasper & BoréePoints : 261Joueur•se
Re: L’enfer c’est pas d’échouer c’est de pas tout faire pour essayer ⍦ Llyr & Gabriel
Mer 2 Nov 2022 - 21:43
Partie. C’était sidérant comme on utilisait ce terme à tort et à travers, pour décrire des états de fait qui n’avait rien de vraiment commun. Quand il l’entendit franchir les lèvres d’un Gabriel désemparé, le triton se dit que, vraiment, on choisissait des mots étranges pour mieux adoucir le réel. On disait partis pour les gens qui étaient morts, on disait partis pour les trains, on disait parti politique. Et on le disait pour les ruptures.
Dans l’incrédulité de son ami, Llyr voulut remettre un sourire, un semblant de façade lustrée qui l’aurait fait paraître comme avant. Mais il n’y avait plus de force en ça. Toutes les vannes venaient de s’ouvrir, et de leur métal cabossé s’écoulaient des années de lutte pour ne pas être trop fragile, pour cacher toutes ses émotions à une foule qui le scruterait. Il n’était pas fait de granit, d’une pierre docile arrondie ou crevant les flots d’une rivière. Il était un homme de fer blanc, un épouvantail fatigué dont le moindre fétu de paille était balloté par les flots, un lionceau dans le corps d’un homme qui tentait de rugir trop fort. Il avait pourtant bien suivi, à force d’abnégation tangible, le chemin pavé de briques jaunes qui le menait jusqu’ici. Mais tout ce qu’il réalisait, c’est que ce n’était qu’un cul-de-sac, et qu’aucun palais d’émeraude n’abritait de fier magicien prêt à lui donner son envol.
Alors, cloué au sol comme un pantin, tête basse et sourire malheureux, il continuait de verser des larmes amères sur l’épaule d’un ami qui était trop cher pour que lui-même puisse l’exprimer. Dans une demi-conscience lassée, Llyr se laissa enlacer sans réagir, les bras ballants, à peine trouvant du réconfort dans l’étreinte du sorcier perdu.
Il sentit vaguement qu’on l’asseyait sur un lit, un canapé ou autre chose ; le voile de ses larmes portait un sel nettement plus aveuglant que toutes les trombes des océans.
«Je … je … » tenta-t-il d’hoqueter vainement.
Tout s’entrechoquait dans son larynx, des roulis tanguant et vibrant contre la marée de ses côtes. Navire échoué contre la digue, il attendait que le futur vienne soulever à nouveau sa coque, l’emmène loin des horizons mornes où Charybde l’avait plongé -ce ne pouvait être Scylla.
Bientôt l’odeur de la théine envahit tout l’appartement, et les sanglots lourds s’espacèrent tandis que le triton prenait goulûment l’air autour de lui. Il avait cette sotte impression que tout l’oxygène de la pièce ne pourrait jamais le remplir ; il se noyait dans le verre d’eau de sa propre consternation.
«Merci. » fit-il piteusement quand le blond lui plaça une tasse dans les mains.
Il pouvait bien se brûler les paumes qu’il n’en avait rien à cirer. Au moins, il y aurait quelque chose, une douleur un peu plus palpable, de celles qui se soignent avec un médicament, une crème ou un antiseptique. Il n’y a jamais eu de pansement qui guérisse les chagrins d’amour.
Le temps était à raconter ; l’un comme l’autre d’eux le savait.
Le récit, pourtant, s’étiolait, les mots fuyant comme des anguilles entre les mains bouillantes de Llyr. Par où commencer, lorsque tout s’était effondrer ? Quels mots juste poser sur ce vide qu’il ressentait dans la poitrine, cette impression de n’être rien maintenant qu’on lui avait tout pris.
La tête basse et les paupières closes, il tâcha de trouver en lui un discours plus compréhensible.
«Elle … elle et Riv… mon frère, ils … ils s’aiment. Elle … enfin. »
S’il le disait, ça devenait réel. C’était la première fois qu’il l’abordait depuis que Scylla avait fermé la porte derrière elle. La première fois qu’il racontait. Et toujours, cet espoir au cœur que s’il n’en parle pas vraiment, la situation soit changée. Mais ça ne fonctionnait pas, n’est-ce pas ? On n’échappe jamais réellement à une réalité abrupte ; quel que soit le profond déni dans lequel on se trouve plongé, en sortir est un saut de l’ange du haut d’une falaise de rochers.
Aussi le triton dût-il prendre un peu de temps pour respirer, tâcher de calmer son myocarde et son encéphale affolés.
«Ils sont partis. Ensemble. Et moi … »
Moi, je n’ai plus rien, Gabriel.
Dans l’incrédulité de son ami, Llyr voulut remettre un sourire, un semblant de façade lustrée qui l’aurait fait paraître comme avant. Mais il n’y avait plus de force en ça. Toutes les vannes venaient de s’ouvrir, et de leur métal cabossé s’écoulaient des années de lutte pour ne pas être trop fragile, pour cacher toutes ses émotions à une foule qui le scruterait. Il n’était pas fait de granit, d’une pierre docile arrondie ou crevant les flots d’une rivière. Il était un homme de fer blanc, un épouvantail fatigué dont le moindre fétu de paille était balloté par les flots, un lionceau dans le corps d’un homme qui tentait de rugir trop fort. Il avait pourtant bien suivi, à force d’abnégation tangible, le chemin pavé de briques jaunes qui le menait jusqu’ici. Mais tout ce qu’il réalisait, c’est que ce n’était qu’un cul-de-sac, et qu’aucun palais d’émeraude n’abritait de fier magicien prêt à lui donner son envol.
pas tout faire pour essayer
Llyr & Gabriel ⍦ Every single thing to come has turned into ashes 'cause it's all over, it's not meant to be, So I'll say words I don't believe.
Alors, cloué au sol comme un pantin, tête basse et sourire malheureux, il continuait de verser des larmes amères sur l’épaule d’un ami qui était trop cher pour que lui-même puisse l’exprimer. Dans une demi-conscience lassée, Llyr se laissa enlacer sans réagir, les bras ballants, à peine trouvant du réconfort dans l’étreinte du sorcier perdu.
Il sentit vaguement qu’on l’asseyait sur un lit, un canapé ou autre chose ; le voile de ses larmes portait un sel nettement plus aveuglant que toutes les trombes des océans.
«
Tout s’entrechoquait dans son larynx, des roulis tanguant et vibrant contre la marée de ses côtes. Navire échoué contre la digue, il attendait que le futur vienne soulever à nouveau sa coque, l’emmène loin des horizons mornes où Charybde l’avait plongé -ce ne pouvait être Scylla.
Bientôt l’odeur de la théine envahit tout l’appartement, et les sanglots lourds s’espacèrent tandis que le triton prenait goulûment l’air autour de lui. Il avait cette sotte impression que tout l’oxygène de la pièce ne pourrait jamais le remplir ; il se noyait dans le verre d’eau de sa propre consternation.
«
Il pouvait bien se brûler les paumes qu’il n’en avait rien à cirer. Au moins, il y aurait quelque chose, une douleur un peu plus palpable, de celles qui se soignent avec un médicament, une crème ou un antiseptique. Il n’y a jamais eu de pansement qui guérisse les chagrins d’amour.
Le temps était à raconter ; l’un comme l’autre d’eux le savait.
Le récit, pourtant, s’étiolait, les mots fuyant comme des anguilles entre les mains bouillantes de Llyr. Par où commencer, lorsque tout s’était effondrer ? Quels mots juste poser sur ce vide qu’il ressentait dans la poitrine, cette impression de n’être rien maintenant qu’on lui avait tout pris.
La tête basse et les paupières closes, il tâcha de trouver en lui un discours plus compréhensible.
«
S’il le disait, ça devenait réel. C’était la première fois qu’il l’abordait depuis que Scylla avait fermé la porte derrière elle. La première fois qu’il racontait. Et toujours, cet espoir au cœur que s’il n’en parle pas vraiment, la situation soit changée. Mais ça ne fonctionnait pas, n’est-ce pas ? On n’échappe jamais réellement à une réalité abrupte ; quel que soit le profond déni dans lequel on se trouve plongé, en sortir est un saut de l’ange du haut d’une falaise de rochers.
Aussi le triton dût-il prendre un peu de temps pour respirer, tâcher de calmer son myocarde et son encéphale affolés.
«
Moi, je n’ai plus rien, Gabriel.
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Re: L’enfer c’est pas d’échouer c’est de pas tout faire pour essayer ⍦ Llyr & Gabriel
Sam 17 Déc 2022 - 14:30
L'enfer c'est pas d'échouer,
c'est de pas tout faire pour essayer
Je vois bien qu'il tente de parler, qu'il tente de répondre à mes interrogations. Mais tout ce qui sort pour l'instant ne sont que des hoquets, et j'ai pour la première fois l'impression de voir mon triton préféré se noyer.
Tout cela n'est pas son genre. Il est toujours digne, une digue contre vents et marées qui menaçent de l'emporter, lui et sa famille. Il menait toujours sa barque sans accrocs, sûr de ce qu'il devait accomplir. Mais j'ai l'impression qu'aujourd'hui, les roulis ont eu raison de la bicoque sûre de mon ami. Et ces roulis, je ne les connais que trop bien. Seule la terreur de voir sa vie prendre l'eau peut envahir une personne ainsi, et je commence à comprendre que Scylla est partie vers d'autres rivages.
Je m'assois doucement à côté de lui après lui avoir tendu la tasse chaude, qu'il prend entre ses mains sans même sembler remarquer la température. Je souris à son remerciement, et je commence à retrouver un peu mon Llyr, toujours poli quelles que soient les circonstances.
Me triturant les mains, j'essaie de trouver quelque chose à dire qui puisse le réconforter. De trouver un moyen de lui dire que je suis là pour lui, qu'il a frappé à la bonne porte. Mais j'avais besoin d'autres pièces pour reconstituer le puzzle de ce qui a pu voler en éclats dans la vie du triton. Celui-ci a l'air de le comprendre lui aussi, et je le vois essayer de lui-même rassembler les pièces pour m'offrir un discours cohérent.
Je...
Je reste abasourdi quand il finit par me signifier d'une phrase le raz--de-marée qui avait submergé sa vie. Et je n'arrive pas à y croire. Pas Llyr. Pas Scylla. Pas Llyr et Scylla.
Ce couple qui se connaissait depuis l'enfance était le genre de couple que l'on ne soupçonnait même pas qu'il aurait pu en aller autrement. Mariés depuis une bonne dizaine d'années, avant même que je ne connaisse Llyr, je n'avais jamais réfléchi à si quelque chose pouvait aller mal entre elleux, et je me mords la lèvre. Aurais-je dû voir quelque chose ? Poser plus de questions ? Peut-être que je n'ai jamais voulu demander, tellement leur couple avait tout d'un modèle, de ces couples qui vous font croire en l'amour quand pour vous, l'amour n'est que souffrance.
Je passe un bras compatissant autour de celui de Llyr, comme pour me raccrocher à la réalité. La vie de mon ami venait d'irrémédiablement changer et je ne sais quoi faire. Mais une chose est sûre.
Et toi... Et toi, Llyr...
Tu m'as, moi. Je suis là, tu n'es pas seul.
Je renforce ma prise contre son bras pour appuyer mes propos, et aussi parce que j'ai un peu la tête qui tourne. Un sentiment m'envahit que je ne comprends pas, au milieu de toute cette tragédie. De la joie.
Tout cela n'est pas son genre. Il est toujours digne, une digue contre vents et marées qui menaçent de l'emporter, lui et sa famille. Il menait toujours sa barque sans accrocs, sûr de ce qu'il devait accomplir. Mais j'ai l'impression qu'aujourd'hui, les roulis ont eu raison de la bicoque sûre de mon ami. Et ces roulis, je ne les connais que trop bien. Seule la terreur de voir sa vie prendre l'eau peut envahir une personne ainsi, et je commence à comprendre que Scylla est partie vers d'autres rivages.
Je m'assois doucement à côté de lui après lui avoir tendu la tasse chaude, qu'il prend entre ses mains sans même sembler remarquer la température. Je souris à son remerciement, et je commence à retrouver un peu mon Llyr, toujours poli quelles que soient les circonstances.
Me triturant les mains, j'essaie de trouver quelque chose à dire qui puisse le réconforter. De trouver un moyen de lui dire que je suis là pour lui, qu'il a frappé à la bonne porte. Mais j'avais besoin d'autres pièces pour reconstituer le puzzle de ce qui a pu voler en éclats dans la vie du triton. Celui-ci a l'air de le comprendre lui aussi, et je le vois essayer de lui-même rassembler les pièces pour m'offrir un discours cohérent.
Je...
Je reste abasourdi quand il finit par me signifier d'une phrase le raz--de-marée qui avait submergé sa vie. Et je n'arrive pas à y croire. Pas Llyr. Pas Scylla. Pas Llyr et Scylla.
Ce couple qui se connaissait depuis l'enfance était le genre de couple que l'on ne soupçonnait même pas qu'il aurait pu en aller autrement. Mariés depuis une bonne dizaine d'années, avant même que je ne connaisse Llyr, je n'avais jamais réfléchi à si quelque chose pouvait aller mal entre elleux, et je me mords la lèvre. Aurais-je dû voir quelque chose ? Poser plus de questions ? Peut-être que je n'ai jamais voulu demander, tellement leur couple avait tout d'un modèle, de ces couples qui vous font croire en l'amour quand pour vous, l'amour n'est que souffrance.
Je passe un bras compatissant autour de celui de Llyr, comme pour me raccrocher à la réalité. La vie de mon ami venait d'irrémédiablement changer et je ne sais quoi faire. Mais une chose est sûre.
Et toi... Et toi, Llyr...
Tu m'as, moi. Je suis là, tu n'es pas seul.
Je renforce ma prise contre son bras pour appuyer mes propos, et aussi parce que j'ai un peu la tête qui tourne. Un sentiment m'envahit que je ne comprends pas, au milieu de toute cette tragédie. De la joie.