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Viktoria Konstantinova
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Ven 16 Sep 2022 - 11:13

Uprising
-
Butter(f)LIES II



J'adore internet. Avant il me fallait des mois de recherche pour trouver des personnes aptes à recevoir mes dons. Aujourd'hui, je suis déjà face à une tablée de gars habillés avec des t-shirt Q-Anon ou "If you vote left you ain't right". Quand les manches se relèvent,  les cinquante étoiles sont rejointes par les croix de fer ou le drapeau confédéré, tatoué de façon très peu discrète. En même temps, le bar s'appelle le Red Pill, au milieu de Dallas. La clientèle est uniquement blanche, masculine et entre 20 et 35 ans. Les bières coulent en abondance, quelques whiskys pour les mieux habillés (sans doute des anarcho-libéraux en mal de sensation forte). La seule personne "de couleur" est un poster de Kim Kardashian en maillot de bain, sur la porte des toilettes. Le reste de la décoration est dans ce bon goût tout américain,  avec évidemment du métal en bande originale.

J'adore internet et j'adore ce bar, alors, je dois bien amener ici celui que j'adore. Oui, je parle de toi Ambrose. Je t'ai prévenu que ta vie allait changer. Ici, tu oublieras tes bleus et tes peines, ta rage orange se multiplier et, avec moi, elle atteindra les autres. Tu as une cause, Ambrose, et ça c'est beau. Peu d'hommes ont ce courage. Qu'importe que ta haine soit envers mon espèce, je veux que tu déchaînes ton potentiel. Je t'accueille donc,  bière et sourire en avant.

"Tu as fait bon voyage ?" Une fois qu'un verre est dans ta main, je continue. "J'espère que le lieu te plaît. Ne te laisse pas intimider par la foule, ils sont là pour toi. J'ai convaincu le patron de te passer un micro : il faut que tout le monde sache ce que tu as découvert sur les hérétiques."

Je penche la tête et pose ma main sur ton épaule. Je comprends, c’est beaucoup pour toi. Je sais que je dois te rassurer, te guider, t’emporter. D’abord je t’amène à une simple table mais bientôt je t’emmènerai vers des sommets si profonds, tu verras.

« T’inquiète pas, Il veut que tu sois son prophète. Et j’ai confiance en toi. »

KoalaVolant
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Ambrose Atkins
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Lun 17 Oct 2022 - 17:34


UPRISING

🦋


TW : entre autre homophobie intériorisée (blague douteuse sur le sida), extrême-droite, ...

Des mois passaient et l’ambiance demeurait la même. Les journaux télévisés étaient devenus de jolis contes du soir à consommer avant de dévorer des rêves joyeux. Le monde était doux et joli. La vie était simple et charmante. Je souris pour m’y accorder, quand je reçois un message d’Eric. Les jours avaient défilés, et j’avais pris ses promesses de rencontre comme des mots creux. Tout empli d’une joie certaine, je prends mes chaussures et je serre les lacets. Désormais, je ne trébucherai plus sur mes propres ambitions ; j’avais l’accord du Gouvernement, pour une fois. J’étais plus de ceux qu’on oublie, ceux qu’on raille, ceux qu’on étudie comme des marginaux ou des désaxés. Maintenant, la peur avait changé de camp, et c’était presque sautillant que j’arpentais les rues.

Si un taré sortait d’une ruelle pour m’égorger, j’aurais la loi à évoquer. C’est tout.
Avec un peu de chance, il aura mal signé sa feuille et j’aurai la vie saine et sauve, le sommeil profond et léger d’avoir été de ceux qui améliorent le quotidien des américains.

Je souris au soleil et je souris au vent, quand la ville a une odeur d’hiver. Aujourd’hui, je verrai Eric, et mes pas sont plus rapides quand mon téléphone m’indique les carrefours et les rues. Je me demande où on irait. Quand quelqu’un choisit un lieu pour s’y retrouver, c’est pour lui montrer un pan important. C’est une preuve incontestée qu’on veut prouver qu’on a compris, qu’on a vu  l’autre, dans ses spécificités. C’est des heures sur Internet à regarder les avis, à avoir peur de passer pour un con.
Aujourd’hui, Eric avait fait ça pour moi, et mes dents détruisent mes ongles et mon stress. Indéniablement, je suis tendu, stressé, à l’idée de ne pas être à la hauteur de tant d’efforts.

Le bar sent la bière bon marché et la transpiration. Les murs suintent les soirées arrosées et les compétitions de football américain. Mon crâne répète les blessures contre mes tempes et je finis par me dire que les casques étaient mal assortis. J’ose peu ouvrir la porte. A l’époque, je fréquentais ces lieux. Des fois, je trouvais quelques voix pour s’accorder à la mienne, mais on était des milliers à être trop extrêmes. Maintenant, nos discours étaient acceptés, sur Internet, dans la rue, de partout. On était devenus valides, écoutables, regardables. L’Humanité avait compris qu’on avait vu juste il y a des années, quand on soulignait le potentiel risque de cette épidémie de surnaturels. Il n’y avait rien de surnaturel ou d’exceptionnel dans l’envie d’être unique et de se trouver une spécificité, et j’avais mon bagage en biologique pour prouver que de telles mutations étaient absurdes.
Dieu ne l’aurait pas permis. Il fait les Hommes à son image. C’était absurde d’imaginer qu’Il puisse être d’accord avec ces lézards géants. Dieu n’était pas un lézard. J’en étais sûr.

« Eric ! » je lance quand mes yeux croisent notre table.

Mes lacets sont bien noués, ma gorge aussi. Je cours entre les tables et j’essaie de ne pas trébucher sur ma hâte. Il y a déjà une bière à ma place.
Ici, dans cette pièce, on m’attendait. Mes commissures me font mal tandis que mon sourire tente de se barrer quelque part entre mes oreilles et ma tempe. J’ai envie de dire un milliard de choses ; que je pensais que les temples c’était des paradis à hallucination, que ça avait été un signe divin de passer à autre chose, de marcher loin, et que je l’avais suivi, que ma vie était devenue merveilleuse, que Nova-Blue était tout aussi merveilleuse et que j’avais hâte de protéger notre avenir et son monde.
A la place, je prends ma première gorgée. Si j’ai l’air trop enthousiaste, certainement que je passerai pour un connard de fan, ou pire encore. Les garçons, ça crie pas à la joie de croiser les autres dans un bar. J’ai hâte que ma bière contribue au travail des dix milles autres sur le mur.

« … Pour moi ? Comment ça, un micro ? »

Eric parle et je comprends peu à peu. Je fronce les sourcils et boit progressivement pour éviter que ma gorge ne se noue de trop.
Peut-être qu’au fond, j’aurai bien aimé que t’aies pensé à ce bar juste pour la saleté de ses murs et pour la bière pas chère, qu’on en boive à rire fort sans s’inquiéter que ces connards de bienpensants viennent gueuler qu’on crie trop fort notre joie.
Mais ici, il y a plus que de la bière et que des tables qui collent. Il y a l’odeur de la vérité, une scène, des micros, et des personnes pour écouter. Elles ont les yeux brillants et elles appartiennent à ma réalité. Elles sont méfiantes des surnaturels et appellent elles-aussi au scepticisme scientifique. Les mutations, c’est difficile sur les corps humains, à ce point-là, en si peu de temps. L’être humain n’est pas une bouture, et je suis botaniste quand je fais des milliards d’analogies pour prouver que j’ai indéniablement raison.

« Je savais pas que y en avait plein, des comme nous. Des gens qui comprennent que c’est de la connerie, qu’on va peut-être crever si on continue à jouer le jeu, à faire comme si tout ça c’était normal. Je savais pas que toi aussi, t’allais comprendre. Que t’étais comme ça. »

Que t’étais comme moi. Je déglutis et je me lève. C’était pas le moment de décevoir mon ami. J’ai ma sacoche sur moi avec mon carnet de traque. J’ai par-ci par-là des informations confidentielles, que je tairai. J’ai des schémas de codes génétiques impossibles, que les surnatural studies tentent de nous foutre dans le crâne.
J’étais pour le réel. J’étais pour la science.
J’étais Son prophète, Sa Voix.
Et j’étais prêt à montrer Sa voie à mes agneaux.

« Faut aller voir le barman ? J’y vais, tu peux boire dans ma bière, j’ai pas le sida. » je dis en ricanant, fier de ma blague. « J’ai quelques notes ici, qu’est-ce que t’en penses ? Histoire que je passe pas pour un con. »

J’étais pourtant persuadé de ce que j’avançais. Sûr de moi, j’ouvre mon carnet sur des pages écrites avec des signes erratiques, des schémas flous et un seul mot de partout.
Apocalypse


 


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Lun 7 Nov 2022 - 18:03
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Uprising
Je ne sais pas si je les trouve amusants ou désespérants. L'extrême droite joue toujours à exalter la force, l'honneur et le courage. Mais dès qu'on creuse un peu, on voit que leur violence ne coule que de leur faiblesse, leur ignorance et leur peur. Un leader d'extrême droite n'est jamais un héros fier et audacieux. C'est un déchet assez répugnant pour que le reste de ses semblables veuillent le suivre. On dirait une troupe de fourmis, désordonnées et affolées par un bout de sucre, convaincues qu'ensemble elles peuvent détruire un mur d'acier. Comique pathétique.

Tu n'es pas comme eux, mon Ambrose. Tu es un brillant papillon, toi. Tu as tes peurs, tes faiblesses, tes ignorances mais elles te poussent sur le chemin qui fera de toi un flambeau fier et courageux. Tes motivations sont aussi obscures que tes pensées nébuleuses. Mais ce sont des couleurs qui te vont bien. Ta musique, entêtante, a du sens. Tes visions, étonnantes, sont poétiques. Ton apocalypse, fictive, est romantique.

"Y'a personne comme toi Ambrose. Mais ils ont besoin de toi."

Je souris calmement, la voix posée et presque douce au milieu de la clameur. Mes yeux brillants expriment les rêves mieux que tout illusion. J'ignore les remarques médicales du rouquin en sortant un micro :

"Le barman ? On a besoin de personne, Ambrose. Suis-moi et sois Sa voix." Puis avec un clin d'œil. "Et j'ai pas besoin de voir tes notes pour savoir qu'elles sont super. Divines."

En vérité je n'en sais rien. Je n'ai pas de télépathie. Mais il me faut bien un peu de surprise. Après tout, c'est tout ce que tu es Ambrose : un divertissement cruel entre deux missions pour les Idreis. Une comédie où Dante rencontre Moliere et, d'ailleurs, je dois monter sur scène.

"BONSOIR DALLAS !"

Ma voix de présentateur est bien différente de celle de qui murmure à l’oreille de mon protégé. Puissante, certaine mais avec toujours une part de douceur dans la violence, pour toujours masquer le poison dans du miel.

« Si vous êtes là, c’est que vous savez. Que vous avez toujours su. Que vous avez les yeux ouverts sur une catastrophe qu’ils veulent qu’on ignore. On vous a critiqué pour ça. On vous a traité de facho, de nazi, de terroriste… C’est fini tout ça. »

Les regards de l’audience sont sérieux, l’alcool mis en arrière-plan pour se concentrer sur leur doux éloge.

« Maintenant : tout le monde sait ! S’en est fini des medias bien-pensants qui nous servent leur mensonge sur une cohabitation. S’en est fini des politiques corrompus qui s’assoient à leurs tables. S’en est fini pour nous d’avoir peur d’eux. Parce que tout le monde sait : depuis la plus teubé des influenceuses sur TikTok jusqu’à votre conducteur Uber mexicain, depuis les profs de vos neveux jusqu’aux infirmières de vos nièces. Ils ont tous compris ce que vous disiez depuis le début. »

Mélanger sexisme, racisme et classisme suffit largement pour faire un discours complotiste assez vague mais qui les tiennent en haleine. J’avoue que j’ai oublié l’homophobie et l’antisémitisme mais, bon, j’en suis encore qu’à l’introduction.

« Toutefois vous êtes assez habiles pour savoir que rien n’est encore joué. Notre nouveau dirigeant peut taper du poing sur la table autant qu’il le veut, vous savez que la victoire ne vient que du peuple libre ! Aussi, c’est mon honneur de vous présenter un vrai fils de l’Amérique, un scientifique qui n’est à la solde d’aucun libertarien californien, un homme qui n’a pas peur de la vérité : Ambrose ! »

Mes illusions doivent être subtiles et aller de paire avec ma rhétorique. Toute l’assemblée a l’impression que ses voisins sont fondamentalement convaincus par mon discours. Ils entendent tous de toute façon ce qu’ils veulent y entendre. Ils sont donc encore plus enclins à me suivre et à te suivre toi, mon héros.
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Mer 16 Nov 2022 - 23:43





uprising

⋆ This is what happens when you leave it to someone else If you want it done right you should just do it yourself You oversaturate your world with nothing but machines You might make everyone happy but you're dead inside, just like me

Eric prend la parole. Mes lèvres se trempent dans la mousse de ma bière tandis que je suis pendu aux siennes. Ses mots sont des baumes douloureux qui viennent se nicher dans chaque partie de mon crâne. Ils font écho à quelque chose d’interne, quelque chose de profond. Il dicte du bout de sa langue chacun de mes ressentis.

Nous étions des marginaux. Dire ma méfiance envers les surnaturels était un jeu risqué, auquel j’avais eu le courage de me prêter durant mes années universitaires. Mes recherches avaient été regardées de haut, jugées non scientifiques, pas à la norme, obsolètes. Mes projets de bachelor avait été battu en brèche, et c’était des personnes comme Eric qui avaient trouvé intérêt dans ce qui me rongeait. Les surnaturels n’avaient pas de sens. Biologiquement, éthiquement, théologiquement, génétiquement, botaniquement. Il n’y avait pas d’espèce qui pouvait évoluer aussi rapidement, sauf intervention étrange, extraordinaire. J’étais croyant, et c’était de l’ordre du divin, ces modifications. J’avais composé avec la solide certitude que Dieu n’aurait pas crée de telles disparités. Il était Bon, Sage, et n’aurait jamais jugé bon de faire évoluer des êtres capables de telles violences. Si Il avait peint le Ciel de rouge et fait naître tant de monstruosités à ma fenêtre, c’était que quelque chose l’avait profondément offensé. L’expansion des surnatural studies devait en être la cause. C’était un écart du réel.
Nous étions des fachos, à leurs yeux. On crie qu’on refuse les Apocalypses, les étrangetés, les choses non-scientifiques. Il y avait quelque chose que les autres semblaient avoir compris, et pas nous. C’était loin d’être mon intention de vivre dans leur monde, si c’était de donner des pouvoirs à des individus qui prétendaient pouvoir se transformer en lézard. Mes essais universitaires restaient clairs : il n’y avait pas de raison génétique à de telles mutations, sauf intervention extraordinaire.

Quand Eric parle et que le public réagit avec enthousiasme, une douce chaleur vient réchauffer et exalter mon coeur. C’était donc ça, la compréhension. L’impression de partager quelque chose, de hocher la tête autour de théories communes, de se regarder avec un sourire et murmurer timidement un « on sait ». Les autres ne savent pas, mais nous, on sait. On a compris, on a décidé d’arrêter de croire les mensonges pieux de la société, on a décidé de trouver la Vérité par nous-même. Nous ne serions plus financés, plus acceptés, marginalisés, traités de fachos, de nazis, de reclus, mais nous étions des esprits de la recherche libres.

Je hoche la tête à chacun de ses mots et me joint aux cris. Eric était une de ces nombreuses personnes pour qui les contre-recherches aux surnatural studies prenaient sens, quand il enrageait, exaltait, soulevait des approbations de la foule.

Puis ce fut mon tour.

Je me pose peu de questions quand je lâche ma bière. La salle est chauffée d’une profonde énergie de cohésion. Ici, je n’aurai pas à argumenter sur des choses qui allaient de soi. On ne m’interrogerait pas sur les processus scientifiques, on ne m’opposerait pas que la botanique et la biologie humaine n’avaient pas suffisamment de parcelles pour établir des liens de causalité. Il n’y a nul jury de l’éthique dans la foule pour remettre en question ce que les laboratoires chasseurs mettaient en place. Je pourrai être évasif sur mes sources, mettre quelques cliffhangers. Ma recherche aurait pour but de la narration, et je serai prince du savoir et gardien de la Vérité. Quand je monte les marches, certainement que je rejoins un bout de Paradis qu’Eric m’a construit. Le micro semble bouillir sur son pied, et pourtant je respire fort. Il faut maîtriser sa diction, pas paraître pour un con. Eric m’a vendu comme le Fils de l’Amérique, et je souris quand je m’imagine sauveur de la Nation et du Savoir. Je traîne une de mes béquilles sur la scène et décide de la poser sur le côté. L’équilibre est précaire mais j’étais prêt à poser le pied au sol si ça permettait d’appuyer mon propos.
Le micro devient plus important que ma santé quand je ferme les yeux et matérialise la scène. D’une voix assurée, je m’éclaircis la gorge avant de développer mes recherches.

« Bonjour à tous. »

Il semblerait que le sol m’absorbe tout entier et que j’en fasse parti intégrante depuis si longtemps. Je ne mets en cause ni l’alcool, ni la bière incrustés qui dévorent ma semelle avec leur trop de sucre. Ma voix est calme et j’examine la foule. Je veux paraître comme les grands chercheurs qui venaient faire des colloques lors de mon bachelor.
Sauf qu’ici, personne ne lèvera la main pour revenir sur ma méthode. Ils étaient bienveillants, et certainement plus à la recherche de confort que de vérité scientifique …

« Je m’appelle Ambrose Atkins. J’ai 29 ans et je travaille dans un laboratoire. J’ai fais des études en biologie. »

J’ai peur que ce soit un peu générique, comme introduction. Je ne vends aucun récit, et ils se fichent un peu de savoir si je suis légitime. J’apporte la vérité, et c’est tout ce qu’il faut savoir. Je suis le Digne Fils d’une Grande Nation, un Scientifique Libre.

« J’ai pu, durant mes longues études, étudier plus précisément la génétique et notamment, le phénomène des mutations. » La science m’exalte, et je prends sur moi pour garder un débit de parole compréhensible et charismatique, je l’espère. « Ma question a été de me poser sur le lien entre les mutations botaniques et celles des génétiques humaines. Plus précisément, comment on peut inventer les surnaturels alors qu’une réelle incohérence génétique et biologique se pose. » Je lève les yeux par l’assemblée, faisant régner un léger silence. « Ou plutôt, pourquoi inventer une telle aberration quand toute la science semble dire le contraire. Et pourquoi c’est en 2013 qu’on a décidé de faire de spéculations aussi idiotes des réalités communes. »

Je prends une pause et prend mon petit carnet. Les personnes avaient toujours l’air plus sérieuses quand elles avaient des notes. Légèrement calé sous mon nez, je baisse les yeux vers mes schémas ponctués de points d’interrogation, de ratures et de flèches qui pointent qu’une absurdité sans nom.

« Les surnaturels sont la plus grande connerie qu’à inventé l’Amérique. »

Les murmures se dispersent dans la salle, prouvant que l’intensité dramatique de mon introduction a eu son effet. Je souris mais tente de le faire discrètement, ou d’avoir un sourire satisfait sérieux.

« Il n’y a absolument rien qui justifie leur existence. Rien. On a beau creuser la biologie, la génétique, la botanique ou même la théologie, rien ne justifie que des surnaturels existent. Comment on nous aurait caché leur existence pendant des années ? Pour avoir de telles mutations, il faudrait des millénaires. Pourquoi le gouvernement nous aurait caché leur existence, à part pour semer la discorde et le chaos dans son propre pays ? A qui profite ce mensonge ? Pourquoi créer de telles catégories ? Nous, sombres et stupides humains hasbeen, qu’est-ce qui nous retient encore de sombrer dans cette connerie et dans cette merde noire qu’est juste … Se lever un matin et déclarer devant son miroir « aujourd’hui, je suis une sirène ? » »

Les rires s’élèvent alors je me sens chez moi, à l’aise, sur cette scène, sous la douce lueur de la lumière. Le micro amplifie mes mots qui viennent trouver écho dans leurs coeurs. Je vois leurs sourires et je me dis qu’aujourd’hui, si l’Amérique n’était pas capable de nous donner la réponse à nos questions, nous, ensemble, on les trouverait.

« Il y a eu depuis des ascensions de quelques familles. Elles se considèrent comme gardiennes, supérieures … Dragonnes donc, comme si ça ne suffisait pas de se déclarer juste pistonnés par une force secrète, une organisation secrète pour justifier son pouvoir ? » Rires à nouveau, alors je souris. « Non mais, entre nous, pourquoi ? Est-ce qu’on a eu besoin d’eux ? Qu’on-t-ils fait, durant l’Apocalypse ? Pardon, la Guerre ? Mais qui a provoqué la Guerre ? Pourquoi il y a eu une guerre ? L’histoire officielle nous raconte que c’était une guerre entre des dragons, mais qui sont les dragons ? Qui était cette Sapphire Nightshade, si ce n’est qu’une métaphore du pouvoir ? C’est juste une putain de connerie qu’on nous sort, comme si on était encore des chiards de 8 ans à croire au Père Noël et à attendre qu’il vienne nous sauver, nous défendre, contre une menace qui pèse, menace qu’ils ont crée ? Y a que nous que ça choque, visiblement, dans toute l’Amérique. Il y a eu des familles qui se sont vues confiées des pouvoirs obscurs, mais personne n’est choqué. Il y a des hiérarchies entières, l’Amérique est à la solde de lobbys détenus par des incompétents sortis de nulle part, et ça choque personne ? Des personnes souvent qui ont pu participer à des crimes de guerre, détruire le personnel médical, semer la discorde, et ça choque personne ? Tout ça basé sur une incohérence génétique, un mensonge scientifique, pour justifier le fait que nous, les putain d’humains, on se fasse berner parce qu’on a juste les couilles de se lever le matin et admettre que nous ne sommes qu’humains, et accepteront toute notre vie que la façon d’être extraordinaire, c’est pas ajouter sur notre CV qu’on a des pouvoirs incroyables pour bosser dans le cinéma ou en croupier. »

Je tremble légèrement et m’emporte. Chacune de mes exclamations chante en coeur avec les leurs. Ma voix suit la courbe de leurs interrogations. Ici, dans ce bar qui sent le football américain et le bois trop usé, je suis enfin à ma place auprès de personnes qui comprennent, elles aussi.

« Alors, on a plusieurs choix. »

Je pose un silence dramatique et une ambiance lourde s’étend sur la foule.

« Soit on se laisse faire, et on accepte que des putain de mensonges à la con viennent niquer notre quotidien, nous fait vivre dans la peur d’une guerre civile et qu’on se laisse gouverner non pas par la Maison Blanche, mais par une poignée de débiles qui se sont levés un matin en décidant d’être les gardiens d’on-sait-pas-trop-quoi, soit on réplique. Soit on dit qu’on est fiers de qui on est, et qu’on mérite le respect autant que ces connards. Qu’on se lève et qu’on dit que c’est trop, qu’on lève le poing, qu’on va démolir tout ce qu’ils se sont appropriés, de notre humanité jusqu’à nos droits. On arrête de faire vivre cette propagande, cette connerie, parce que ça dure depuis trop longtemps, que c’est absurde qu’autant de gens croient en des choses pas prouvées scientifiquement. On arrête de se faire museler, jugés, traités de fachos, de nazis, qu’on arrête de se prendre des moqueries quand on dit que les surnats sont des conneries et des connards, que c’est pas possible et que c’est juste des gamins en manque d’attention. »

Je ferme mon carnet et lève les yeux vers mon public.

« Ou sinon on se laisse bouffer. Et on attend que l’Apocalypse revienne le jour où on regrettera d’avoir tout accepté. D’avoir trop accepté. »  


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Uprising / Butter(f)lies II Empty Re: Uprising / Butter(f)lies II

Mer 14 Déc 2022 - 17:25
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Uprising

Tout est grammaire.

La mort du No Future, dans un présent dystopique et haï, détruit tout conditionnel alors qu’il devient impératif de détruire l’imparfait du monde. La réflexion est aussi simple que le passé, le subjonctif ne fonctionne plus que qu’avec l’accusatif. Nous sommes sur la ligne où les auxiliaires vont se composer, les extrêmes se conjuguer, les violences se libérer.

Le fascisme est une permanente oxymore. Le faible se croit fort, l'ignorant se pense docteur, le bourreau se rêve héros. La révolution devient une réaction, guerre et rêve riment et dansent ensemble, la mort se prétend nouvelle vie. Les chaos sont montés dans une toile qui se veut ordre et chaque mensonge prend le masque de la vérité, après avoir arraché le visage de celle-ci. La plus grande illusion de l'extrême droite est de prétendre qu'elle est la colère des pauvres et des perdants alors qu'elle n'est que la frustrations des riches et des possédants qui veulent toujours plus.

Tu. Tu en es l’illustration parfaite, mon petit bourgeois rouquin. Étouffé par tes privilèges, tu vois les révélations du surnaturel comme des mensonges car elles menacent ton hégémonie. Tu penses que tu es seul autorité de la science car tu en as toujours été seul bénéficiaire. Tu es le roi de l’Amérique car, après tout, pourquoi pas, et que ton bon peuple de Dallas t’acclame. Je te regarde et je vois bien : il y a eu pire que toi, il y a clairement eu mieux. Mais tu es parfait. L’outil idéal pour la tâche simple et sanglante que je veux pour toi. Ton éloquence mêle Reddit et les colloques universitaires, les thèses et les TED talk. Pour être honnête, tu t’en sors vraiment bien. Tu sais persuader autrui qu’ils sont victimes, prisonniers d’un complot terrible. Tu sais faire, tu l’as fait toute ta vie.

Le complotisme est une anaphore. Une répétition des mêmes doutes, des mêmes erreurs, des mêmes insultes, des mêmes mensonges, simplement pour qu’ils pénètrent les crânes. Tout est bon à essayer : l’orgueil, la religion, le patriotisme, les pseudo-sciences, la peur… La répétition n’a rien de comique, elle est un clou tragique qui s’enfonce, toujours plus loin, pour boucher la vue et les consciences. Un mensonge mille fois répété vaut plus que n’importe quelle vérité.

Eux . T’as un ennemi, Ambrose, et tu tournes autour. Je sais bien que tu veux la peau des Riverwood, jais je peux pas laisser ça se faire. Le risque que tu comprennes la vérité est grand et peu satisfaisant pour moi. Alors tes prophéties, tes menaces, tes avancées : je dois les orienter dans une direction plus rusée. Car tu as chauffé la salle, maintenant je dois faire le sale boulot.

La violence commence par une métaphore. Les esprits de notre assistance sont faibles et apeurés. Leur société de consommation pacifiste et arriviste leur a toujours opposé à l’action la passivité. Aucun d’eux ne naît avec la soif de sang violente, la volonté de nuire à tout prix, la libido dominandi qui n’accepte que la destruction ou la royauté. Même cette horde extrémistes, malgré leurs fusils estampillé NRA, malgré leur fascination pour Himmler ou Lépine, malgré leurs tweets menaçant de viol ou de meurtre toutes celles qu’ils méprisent, seraient effrayés par un appel frontal à la violence. Tout doit être métaphore, tout doit être un chemin tortueux vers sa propre prison. Car les meilleurs mensonges sont ceux dans lesquels on s’est enfermé consciemment, persuadé de notre propre intelligence.

Je monte sur scène à tes côtés, applaudissant, comme tous les autres.

« Merci Ambrose ! Putain qu’est-ce que ça fait du bien, pas vrai ? Un gars qui pense bien, qui ment pas, qui nous guide et nous prévient… Mais maintenant, comme il l’a si bien dit, on doit compléter ces paroles par des actions, OK les gars ? Une assemblée d’hommes comme nous, on a pas peur d’un bar soi-disant « surnaturels » sur 8th street quand même ? »

Une clameur belliqueuse se développe. Je sais bien que beaucoup resteront face à leurs bières et leurs doutes. Mais on a juste besoin d’une vingtaine de lunatiques, d’une fraternité de braves pour jeter les tables contre les vitres et foutre la trouille aux serveuses. On sort suivi par ces nouveaux croisés, j’ai le bras d’Ambrose sur mes épaules pour qu’il marche plus facilement.

« Tu peux être fier de toi. C’est ce qu’Il voulait. »

Je lui souris, à la lueur du néon du barbier local. Les lumières bleus lui donnent un air encore plus fou, je ne sais pourquoi.

« Dis-moi où nous irons ensuite. Tant ont besoin de toi, nous devons continuer à agir pour eux, tous les deux. »
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Jeu 22 Déc 2022 - 22:02





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Y a pas de feu dans la rue.
Mes chaussures ne crament pas au contact de l’asphalte. Eric me soutient d’un bras et dans une torpeur heureuse, j’ai un sourire aux lèvres pendant que s’agitent, complètement extatiques, les hommes. Je m’attends à les voir tomber à tout moment, conscients de la dangerosité de l’opération. Quand j’étais en mission, j’avais l’assurance de ne pas être seul. J’étais pas le mieux qualifié, j’avais une béquille sur laquelle m’appuyer. Eric serait cette béquille, pendant que ma jambe valide se repose parfois sur le sol quand mon corps se fait fatigue. Quelques cris par-ci par-là, j’ose pas murmurer un on va où. Eric sait. Eric dit qu’il y a quelque chose à la huitième avenue. Pourtant, je souris un peu. Il ne prend pas le mérite quand il me demande où nous irons.
Nous irons partout où Il nous le dira. Nous éviterons les explosions et les enfants qui se transforment en souris. Derrière notre foule, je tremble et j’agite mes membres pour paraître aussi brillants que derrière le micro. Avec ma jambe traînante, je suis à nouveau une voix à défaut d’être un bras armé.

Y a pas d’eau dans la rue.
Pourtant, mes poumons sont plein d’une sale substance aqueuse. Je pourrai cracher du liquide flasque sans étonnement. Je peine à respirer et pourtant, mes sens sont à l’affût. Entre adrénaline dans le crâne et sensation de danger, mon bras se ressert autour de la nuque d’Eric. Je pourrai être au centre d’un grand lac, les oreilles sous l’eau. J’entends tout en sous-marin, de leurs cris aux ordres. J’ai la douleur comme pansement et quelques pensées en vrac. Je souris.
Je souris.
Je souris, oui. Je souris beaucoup. La réussite a le goût de fruit, et j’ai les gencives pleines de jus de pommes quand j’annonce d’une voix assurée.

« S’ils ont suffisamment peur pour arrêter leurs conneries, on aura accompli quelque chose de grand ! »

Y a pas d’air dans la rue.
Mes mots trouvent des échos de partout et s’amplifient à chaque coin de rue. Une rumeur se diffuse comme un courant d’air et mes os sont glacés à force de trembler. Il ne fait pas froid. Je crève de chaud mais la fièvre m’envahit. Ma jambe me rappelle que je ne serai qu’une voix lointaine alors je ravale ma fierté et mon égo. Je ne serai pas tornade ce soir, ou bien ouragan. Je ne serai qu’une force tranquille, quelques mots imprimés, des pensées programmées, des discours encorporés. J’ai les armes au bout de la langue et de l’acide dans les canines. J’ai des milliards de mots à dire, pourvu qu’ils se suivent en actes.
Aujourd’hui, ils s’impriment en performance et c’est fier que je regarde mon auditoire avec la fierté des dirigeants. Le bar est mon écho, et la rue ma caisse de résonance. Chaque rue est une corde, et je suis un archet qui joue un sol jusqu’à que les chevalets craquent de pression.

« Eric. »

Y a pas de terre dans la rue.
Les pavés seront nos armes. Ils sont tous là, à utiliser les chaises, emmerder la clientèle. Je plisse les yeux et fixe l’enseigne. C’était un bar pour surnaturels, pour leur éviter ce genre de soucis, certainement. Fier sur ma jambe blessée, je souris. J’attends les jetées de flammes, les déluges aquatiques, les tempêtes enragées et les séismes pour venir gronder sous nos pieds. Nous avons les cris, nous avons le nombre. Nous avons la colère, nous avons l’incompréhension. Nous avons les discours, nous avons le substrat de notre propre injustice fantasmée.
Si je hurlais stop, je me demande s’ils m’obéiraient comme une armée de poupées de chiffon. Je pourrai les enflammer, les jeter dans les vitres, les faire devenir asphalte ou goudron, les déchaîner comme des quilles sur le bowling de la rue.
Je souris.
Je souris, oui.
Je souris comme il est bon d’entendre au loin l’écho de sa propre voix dans leurs discours. Les débris de verre s’éclatent au sol et quelques clients partent.

Ils ont peur.
Je souris. Je souris, oui. Je souris parce que ce soir, ils admettront peut-être leur égoïste, leur envie de s’élever au-delà de tout, leur incapacité à s’ériger comme de grandes personnes en tant qu’être banalement humain. Ils admettront leur trahison à leur propre race, leur transcendance bidon et leurs pensées ratées.

Ce soir, l’Apocalypse n’aurait pas lieu à Phoenix.
Ce soir, Dieu dormirait sur ses deux oreilles.

« J’ai de la chance de t’avoir rencontré. »

Je déglutis. Des tables chutent et je préfère imaginer que c’est cette vision qui me file une sacrée fièvre. Je suis un enfant trop gâté, avec trop d’étoiles dans les yeux pour ne pas être aveugle, avec trop de comètes dans le crâne pour ne pas frôler la surface de la Terre et trop de satellites pour capter l’unicité des discours. J’avale et recrache ce qu’on me dit. Je transforme en terreau fertile de l’or et je me sens un peu martyr quand je dégrade ce que je touche.
J’ai de la fièvre, et je me demande si la bague d’Eric deviendrait terre, goudron, air ou eau si je la touchais.
Je suis un putain de prophète inversé, et j’ai des couronnes d’épines sur le crâne. J’ai du sang dans la rétine, mais je préfère imaginer que c’est le mien en bon martyr pour éviter de voir que c’est celui des autres.

Je rougis.
J’ai de la fièvre. Il y a du bleu à la lumière de mon visage et du rouge dans ma rétine.

Nous sommes une trentaine dans la rue. Nous sommes légions.  


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Jeu 26 Jan 2023 - 18:30
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Uprising

Tu leur offres ton feu .

Aucun de ces incapables n’aurait osé faire la moitié de leurs actions sans son discours. C’est fou ce que la langue d’un homme, la chaleur d’un groupe et les frissons de belles illusions peuvent faire. Ils vivaient une vie en apparence normale. Dave, la journée, il conduit des bus, il sourit aux grands-mères, il klaxonne quand il croise des collègues et laisse toujours les garçons jouer au ballon à l’arrière de son véhicule. Ses passagers seraient sans doute surpris de le voir balancer des chaises dans tous les sens, mettant sans dessus dessous cette terrasse autrefois si bien rangée. Abe, il est DRH d’une très grosse boite de pharmaceutiques. Pendant son divorce, pleins de gens sont venus témoigner d’à quel point il était plus apte et solide que son ex-femme. Est-ce que le jury aurait un verdict différent en le voyant balancer contenant et contenu sur les client.e.s terrifié.e.s ? Sans doute pas, avec son beau sourire et son nom de famille si élégant. Je te parlerai bien de Mike, qui jongle entre les tafs comme avec les bouteilles de vins qu’il balance dans la devanture, de Dan, qui regarde plus la WWE parce que c’est trop woke, et qui préfère largement mettre des croches-pieds à des civils sans défense. Mais la vérité, c’est que, sans toi, aucun de ces rats n’a le moindre intérêt. Tu es leur phare sombre et roux.

Tu seras le roi de cette terre .

Tu me parles de chance et je souris. Ton regard est plein de transcendance échouée, d’exaltation effondrée et de passion poussiéreuse. Tu es cet acteur déjà démodé alors qu’il a à peine vingt-cinq ans, cette chanson qu’on ne peut plus écouter après une seule semaine en haut des charts, cette pluie qui étouffe toutes les envies. Mais, moi, je veux voir ton come-back, je veux chanter les pires chansons sous ta pluie. Je te prends par l’avant-bras et dit en baissant les yeux sur les tiens :

« Il n’y a pas de chance, Amby. Seulement ce qu’Il veut. Viens avec moi à New York, nous ferons de Babylone une nouvelle Jérusalem pour les vrais croyants comme toi ou eux. »

Mon eau sera déluge ou guérison.

Et puis tout dérape. Au milieu de la cohue, une gorgone transforme Dan en statue de pierre. Tout les belligérants s’interrompent. Le doute court plus vite qu’un fuyard et les plans se fragilisent. Mais je ne comptes pas me laisser faire ainsi. Rassemblant le reste de mes pouvoirs, je glisse une faible illusion et je l’accompagne d’un cri.

« Regardez sur les toits ! Des projecteurs ! Ce ne sont que des mensonges, comme Ambrose l’a dit ! C’est une synagogue de mensonge, à peine plus réaliste que le dernier Marvel ! Ils mentent jusque dans nos rues ! »

Au mensonge, il ne manque que l’air de la vérité

J’ignore le regard dévasté par l’incompréhension de la gorgone qui a bien remarqué mes pouvoirs et qui me fixe, impuissante et trahie. Les sirènes de polices retentissent et je sonne la retraite.

« Nous sommes victorieux, croisés ! Ce n’est pas la fin ! »

Puis, tenant toujours Ambrose par le bras, je m’enfonce dans une rue annexe où nous montons vite dans un taxi. Assis à côté de lui je lui glisse :

« Tout va bien ? Pas trop secoué ? Tu verras, on s’amusera encore plus à New York, tu y es attendu comme l’élu. »

Les éléments n’ont pas d’importance. Toi seul, toi, seul, règne dans ton imagination.
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Jeu 16 Fév 2023 - 0:27





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La cohue continue, grince, hurle. Il me suffit de tourner légèrement la tête pour voir quelqu’un frapper une chaise, l’envoyer au sol. Mes paupières clignent. De l’autre côté, il y a ce type qui veut inscrire les raisons de notre colère sur un mur. Mes sourcils se froncent. Qu’il le fasse, mais qu’il s’enterre seul. Qu’il intègre au burin nos revendications, notre peur panique de l’oubli, notre sensation d’impuissance et nos phobies d’avenir qui se métamorphosent, nous laissant inlassablement sur un côté. Nous étions trop aveugles pour en déterminer le centre, incapables de comprendre que nous y étions encore, et que quelques autres individus, ça forme des coins dans lesquels on a pas envie de se fourrer.
Alors, qu’elle gueule encore, cette sourde révolte de chiffon. J’aime imaginer qu’elle fera mal, qu’elle sèmera la peur dans le coin des crânes des employés, qu’ils cesseront de parler de super-pouvoirs comme des banalités, qu’ils se pencheront sur leur mortalité comme nous autres, sur leur banalité comme nous autres. C’est le bordel, et avec Eric, on sourit.

Sûrement qu’il les remarque, mes pupilles qui sourient alors que le reste de mon visage reste impassible face à la déferlante d’informations devant moi. J’ai des merci qui se paument au creux de mes lèvres, et des rosaires à égrener au fur et à mesure que je réciterai des louanges. Je penserai prier Celui qui nous a réuni alors que je me perdrais dans mes images mentales.

L’impossible arrive.
Flash.
Un de nous se transforme en pierre.

Elles disparaissent, les étoiles de mes prunelles. Elles vont se nicher dans les failles de ma crédulité, dans les restes de mes doutes, dans la naissance de ma peur. C’est pas censé arriver, un humain qui se transforme en pierre. Au fond de moi, la sensation de chaleur contre la fenêtre de mon salon pénètre mes phalanges progressivement et l’odeur de souffre envahit mes narines. C’est pas censé arriver non plus, des enfants qui se transforment en souris. On était pas dans un conte de fées, il n’y avait ni fées, ni dragons, ni petites souris soldates. Je déposerai mes dents pétées sur l’autel de nos combats, et non pas sagement sous un oreiller en attendant que se passe des miracles. Je suis juché sur ma banquise trop glissante, et j’observe une ombre se dessiner sous mes pieds.
Et ça fait chier, parce qu’il faisait bien trop blanc, tout autour de moi. Le gars statue a pas une dégaine commode. Il est franchement moche, avec ses dents mal branlées et sa tenue de clochard. Je soupire d’un air las. Même en statue, il ne serait pas plus glorieux.
C’était peut-être un effet de groupe, quelque chose. Il y avait une solution logique. Il y avait des phénomènes effrayants, des combustions spontanées, des arrêts cardio-vasculaires soudains. Rien ne pouvait prédire des phénomènes jusqu’à qu’ils arrivent. Sûrement que c’était un de ces évènements étranges et fantastiques les premières fois, et qui deviendront juste explicables bien qu’horribles les prochaines fois. Je pourrai dire fièrement que j’étais témoin de la première fois où un gars s’est statufié en face de moi.

J’imagine des milliards de papiers à faire, et j’ai froid aux pieds à force de rester immobile sur ma banquise. Pourtant, il fait bien chaud, tout autour de nous. L’été a décidé de se calmer progressivement et les flammes de la colère pourraient nous réchauffer les os.
Pourtant, j’ai atrocement, horriblement, désespérément froid.

Eric prend la parole et soudainement, tout prend sens.

« Oh bordel. » je dis doucement en levant les yeux vers les projecteurs.

Des putain de projecteurs. J’inspire longuement, expire plus longtemps encore. Un frisson me parcourt. Ces malades allaient jusqu’à installer des projections dans la rue, quittaient joyeusement les studios où ils déclaraient avoir des pouvoirs pour voler le travail des autres. La peur me broie les os. Ils étaient capables et avaient les moyens de faire ce genre de choses, alors qu’imaginer du reste ? Est-ce qu’ils pourraient financer la modification de nos visions pour nous faire accepter leurs délires, voire jouer avec les hormones de notre consentement pour qu’on hoche sagement la tête comme de vulgaires clébards quand ils nous diront, tous joyeux, qu’ils ont des pouvoirs et pas non ? Est-ce qu’ils nous forceront à nous inventer, à nous aussi, des particularités surnaturelles, jusqu’à faire imploser la planète Terre et créer encore et encore des incohérences ?
J’ai froid aux neurones et le souffle court.

« Ils vont jusqu’à là. Jusqu’à là ils vont pour nous mettre leurs conneries dans le crâne mais … Mais c’est pas possible mais c’est … C’est complètement mais … C’est des putain de monstres, c’est même pas légal leurs conneries j’en suis sûr ! »

Je continue à tourner en boucle avant de percuter la banquette arrière du taxi. Mes yeux parcourent le paysage qui défile sous nos yeux. J’ai mis mon adresse, notre adresse. Je sais qu’elle voudra pas qu’Eric dorme à la maison. Au moins, il saura où me trouver, désormais.

« New York ? »

Je m’en fiche d’être secoué, d’avoir les yeux dans le vague et que les images de ce soir jouent en décalé dans ma tête. J’ai le corps dans du coton et je me tourne vers Eric, abasourdi. Il a l’air de parler une langue que je ne comprends pas. J’y suis attendu comme le Messie. J’ai un milliard de questions et j’espère que le chauffeur ne parle pas anglais, ou qu’il soit suffisamment idiot pour ne pas trop nous entendre. S’il pouvait passer un appel sur haut-parleur à un pote, ou parler à sa femme, ça m’arrangerait.

« … Tu leur as parlé de moi ? »

Ils sont revenus, les fracas de fierté et d’enthousiasme. J’ai cinq ans et j’apprends que j’ai fais quelque chose de bien, de grand, d’inspirant. J’ai souvent été à New York, mais cette fois, ce serait pour faire autre chose que de parler de biotechnologie et de synthèse du pavot. Je souris en mon for intérieur, tandis que je me mords les joues pour éviter d’exploser en confettis multicolores. Mon coeur bat à la chamade et mon genou tambourine nerveusement contre le sol du taxi.
Je me demande si à New York, le nom d’Ambrose Atkins a des lueurs d’espoir ou des ombres de désillusion. Avec ce que j’ai vu ce soir, je me dis que je pourrai en parler, de ces projecteurs à ciel ouvert pour projeter des illusions. J’ai peur, et eux aussi. On a plus en commun que quiconque, et on a à parler.

L’adresse brille sur le cadran et je regarde sur mon téléphone. Le visage de Nova-Blue sur mon fond d’écran vient causer une déflagration dans mon crâne.
Il n’y a plus de taxi, plus de peur, plus de New York, plus d’homme statue, plus d’Eric, plus de chauffeur qui parle trop fort, plus le bruit des pavés sous les roues, plus les roues de lumières qui alternent et dansent à chaque fois qu’on passe un lampadaire, plus les indications du GPS à voix haute.
Pendant trente secondes, mon téléphone m’absorbe et je détaille à nouveau ses fossettes, sa bague de rubis que je préférerai d’ambre, et son sourire sincère alors que je la prenais en photo derrière un gigantesque plat. Je me souviens, pendant ces trente secondes, de tous les détails de la scène, de nos rires, de nos remarques sur le fait qu’elle allait jamais finir, de nos hésitations à appeler le serveur, et mon rythme cardiaque s’accentue calmement, paisiblement, pour venir se nicher de l’estomac à la poitrine.

« Je pourrai pas trop venir enfin, je … Je suis pas sûr. »

New York me semble moins accueillante, au final. Phoenix a été une ville fantôme, une ville dégueulasse dans mes souvenirs, un peu poisseuse, jamais vraiment un souvenir heureux. Elle avait l’odeur de la crème solaire et des burgers trop gras, la sensation du sable dans les chaussures et de la pollution sur la peau. Elle brûlait mes yeux à chaque été et déglinguait ma vision avec des lunettes de soleil qui foutait un sale filtre entre la réalité et moi.

Et pourtant, à ce moment précis, Phoenix semble être la plus belle ville du monde.

« Tu te rappelles quand on s’est rencontré ? J’étais perdu dans un temple, à chialer beaucoup de choses. » Je marque une pause. « Vraiment beaucoup de choses, tu sais ? »

J’ai envie de fumer, mais je présume que ça se fait assez peu, de fumer dans un taxi. Pourtant, on a toujours plus de prestance quand on parle d’évènements horribles avec une Winston au coin des lèvres. Je pourrai me cacher derrière les volutes, occuper mes mains, et avoir l’air un minimum sûr de moi. Parler à Eric de ces sujets-là, c’était donner une force de frappe. Il ne me trahirait pas. Eric ne ferait pas ça. Définitivement, ce serait plus simple avec une cigarette. Je me sentirai moins con et vulnérable.

« Avant le bordel de 2013, j’aimais une fille. C’est ma première copine, le schéma classique, le genre avec qui on a envie de tout plaquer, faire un crédit immobilier, adopter un labrador et avec deux enfants qui s’appellent Jake et Sally. Sauf qu’on s’est séparés. J’ai pas compris sur le coup, et le bordel est arrivé. Les années ont passées, et vraiment, plus j’y réfléchissais, plus je me disais que c’était quand même mieux, avant. Avant tout ça, avant les projecteurs -ils vont jusqu’à mettre des projecteurs, tu te rends compte ?-, les conférences de surnatural studies, enfin, c’était plus doux, plus simple, plus … Plus … Mieux. Mieux. Vraiment mieux. »

A défaut d’avoir de quoi avoir de la prestance, je me suis posé contre la portière, le regard vaguement dans le vide à fixer les paysages trop lumineux pour ma rétine. De temps en temps, je regarde Eric, je souris, j’essaie d’animer l’histoire, qu’il comprenne, et qu’il la trouve, lui aussi, véritablement heureuse.
C’est pas parce que j’allais mieux que j’avais plus besoin de lui, au contraire.

« Puis on s’est rencontrés, toi et moi. C’était un beau bordel aussi, cet été. Je sais pas trop ce que j’ai branlé, mais c’était un peu n’importe quoi. A la fin, j’ai vraiment cru que j’allais péter un câble, partir m’isoler je sais pas trop où, dans sûrement un pays où ça parle pas anglais et que j’aurai eu l’air d’un con. Mais elle me manquait. Quelque part, elle me manquait, toujours, encore, parce que toutes les filles avec lesquelles j’avais tenté un truc, ça avait pas trop marché, parce qu’elle était là, toujours. Puis j’ai été à un mariage. Elle était là. Bourrée. On s’est revus. Ca s’est bien passé. »

Je déglutis, passe les détails. J’évite de faire dans le trop sentimental, des fois qu’il trouve que ce n’est pas un comportement de leader, d’homme. Pourtant, mon sourire me trompe pas. J’aimerai raconter la version longue jusqu’à lui tirer quelques expressions d’approbation, qu’il trouve ça mignon.

« Bref, j’habite chez elle, maintenant. On est de nouveau ensembles. Je suis pas sûr qu’elle voudra que je te suive à New York, ou alors, est-ce que je peux l’emmener, tu crois ? »
 


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Mer 15 Mar 2023 - 19:32
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Uprising
TW : violence verbale, manipulation, slut-shaming et sexisme, pensées absolument pas OK bref Erade va voir un psy stp

Je pourrai te tuer, Ambrose. Je te hais tant que je pourrais enfoncer un couteau dans chacune des tâches de rousseur jusqu’à ce que la seule galaxie qui te recouvre soit écarlate, loin de tes illusions bleues et mauves. Je te méprise tant que je pourrai te jeter sur la route pour te rouler dessus encore et encore et encore et encore jusqu’à ce que personne ne se souvienne ce qu’était autrefois cette tache dont je me suis fait une tâche de faire un chef-d’œuvre. J’ai envie de t’étouffer jusqu’à ce que le bon sens rentre enfin par l’asphyxie dans ton cerveau brumeux, que tu comprennes trop tard que tu as trop tôt baissé les armes et accepté d’être un chien docile, un tapis pathétique pour que la destinée te passe dessus sans aucune MAISPUTAINAMBROSETUTEFOUSDEMAGUEULE ?

T’es qu’une sale merde à rêver comme un con devant un fond d’écran alors que je te guide vers la réalité, à vouloir rentrer dans son appartement alors que je suis sur le point de te faire sortir du rang. T’as aucune putain de loyauté à celle à qui tu dois tout. Tu rêves d’un passé de saveurs coréennes et de chuchotements adolescents mais on s’en fout de ton existence où t’étais qu’un étudiant ignorant et que tu TUNESRIENSANSMOIAMBROSE Tu es trop faible pour que je puisse te laisser hors de ma vue plus d’une journée sans que tu ailles suivre la première traînée bourrée qui veuille bien foutre ta langue dans ta gorge d’enfant-roi. Est-ce que tu avales ses mensonges comme tu le fais avec mes vérités ? Est-ce que tu as les mêmes yeux pour cette succube prosaïque que pour mon angélique inconsistance ? Est-ce qu’elle essuie tes larmes avec la même puissance que moi ? Est-ce qu’elle est aussi bien que moi ?

Je vais te détruire Ambrose. Tu mourras pas rapidement comme ta mère, tu vas payer jusqu’au bout, tu vas souffrir dans un monde qui n’aura plus aucun sens pour toi, tous tes proches mourront sous tes yeux, lentement et horriblement, toutes tes fondations se briseront, tes convictions s’effondreront, tu vas baigner dans les hallucinations, les mensonges, les tortures, les absences, les NON

Je t’aime, Ambrose, tu peux pas me faire ça. Tu es parfait, tu es exactement celui dont le monde et moi avons besoin en cet instant. Tu dois me suivre, tu dois être avec moi et je dois être à toi pour que tout se passe comme il se faut. C’est elle qui JEVAISBUTERCETTESALOPE

C’est pas grave, Ambrose. On fera mieux. On ira de l’avant. On surmontera l’obstacle qu’elle nous tend. On brisera cette figurante pathétique qui t’empêche d’être l’empereur que tu dois être. On sera ensemble, toi et moi.

« Tu crois que l’Évangile dit que les Élus sont amenés à avoir un crédit immobilier et un labrador, Ambrose ? Tu crois que quand le Seigneur a demandé à ses apôtres de tout laisser derrière eux et de les suivre il voulait qu’ils retournent voir la mère de Jake et Sally ? »

Mon ton est ferme sans être brutal, je cherche à te montrer ma déception sans que tu entendes ma haine. Je fais signe au taxi de s’arrêter.

« Ce n’est pas grave, Héros. Nous y arriverons quand même. Mais, aujourd’hui, ton choix nous éloigne de la Victoire qu’Il veut. Médite là dessus d’ici à ce que je te recontacte. »

Mon visage est figé alors que je claque la portière derrière moi. J’ai envie de faire sombrer dans les hallucinations tous les couples que je croise. J’ai envie de brûler le Texas entier et toutes les traînées qui y vivent. Mais je me retiens. Je sais que tu es la Voie qui me permettra de te surmonter.  
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Ambrose Atkins
Ambrose Atkins
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CALL ME FIGHTER I'LL MOP THE FLOOR WITH YOU CALL ME LOVER I'LL TAKE YOU FOR A DRINK OR TWO YOU'LL GET OLDER MAYBE THEN YOU'LL FEEL SOME CONTROL

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NOVROSE ▲ voyous

I'LL BE A REGULAR GUY FOR YOU, I NEVER SAID I'D DO THAT WHY YOU LOOKING SO BEAUTIFUL TO ME NOW WHEN YOU'RE SO SAD ?


Uprising / Butter(f)lies II VV9QYNMO_o


Pseudo / Pronoms : Smanffson ▲ elle/iel
Messages : 510
Âge : 29 ans ▲ et pas toutes ses dents
Nombre de dés : 1 dé classique ▲ 1 dé en armes à feu ▲ contrôle hormonal et cérébral
Résidence : Phoenix ▲ avec Nova-Blue
Profession : Scientifique ▲ dans le laboratoire d'Elisheva
Faceclaim : Caleb Landry Jones
Pouvoirs/capacités : Botaniste ▲ Armes à feu (1 dé) ▲ contrôle hormonal et cérébral
Crédits : gerard-menjoui (av) valhdia (aes) awona (forte inspi signa) a-child-ish (icon signa)
Disponibilité RP : 20/? (nova-blue, lilith, london, elisheva, isaac, rogus, azariah, jasper, perséphone, azur, alec, dakota, dumas, alicia, odalie, cass, erade, mission 14, dès)
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Uprising / Butter(f)lies II Empty Re: Uprising / Butter(f)lies II

Mer 22 Mar 2023 - 18:26





uprising

⋆ This is what happens when you leave it to someone else If you want it done right you should just do it yourself You oversaturate your world with nothing but machines You might make everyone happy but you're dead inside, just like me


Derrière les vitres du taxi, dans nos sièges en cuir et notre bulle idéologique, sous un toit tranquille et le vent de la nuit palmant nos inquiétudes, nous allions rentrer ensemble.
Nous allions rentrer ensemble, pas vrai ?
Pas vrai, Eric ? Pas vrai, que tu allais me montrer ton appartement et le coin où tu entasses tes chaussures ? J’y verrai des marques inconnues, que les gens comme toi portent, et qui ne servent qu’à un confort pratique. Je remarquerai que ton tapis est très propre, et que tout est parfaitement rangé chez toi. On rentrerait ensemble, et je demanderai à déplier le canapé lit. On pourrait boire quelques bières, nos voix couvrant un téléfilm trop claqué pour nos idées décadentes. On s’enthousiasmerait à la victoire de notre armée, et nous serions des dirigeants du haut de nos tours de verre. La bise de Phoenix contre ma joue, à ta fenêtre je fumerai quelques cigarettes en espérant qu’un nouveau jour plus radieux se lèverait demain. Quelques étoiles m’inspireront des espoirs que je n’oserai pas leur chuchoter, et au loin, quelques commerces continueront à brûler.
Dans notre cage thoracique brûle le feu de notre rébellion, de celles d’autres personnes comme nous. J’attendrais de créer notre gigantesque trou noir, prêt à absorber dans notre inexorable centre tous ceux qui pensent pas comme nous, qui sont dans des marges trop lointaines et trop tranchantes. Si la nuit porte conseil, ni Dieu, ni même d’autres anges, auraient des voix plus rassurantes que les échos de notre rage. Je peux les imaginer nous applaudir de là-haut, et je te confierai mes certitudes d’un Paradis radieux, loin d’une folie terrestre qui commence à m’épuiser.

Nous allions rentrer ensemble, pas vrai ?
Pas vrai, Eric ? T’as bien travaillé ce soir, à me modeler à ton envie, à être mon Pygmalion, formant d’argile mes convictions et foutant le feu à mes certitudes. T’as été là, quand les doutes me bouffaient sur scène et que tu t’es levé contre eux. Tu pourrais te lever contre tout, tout le monde, toujours et tout le temps que tu resterai quelqu’un d’admirable. T’as le courage de l’ouvrir quand il faut, et la façon de parler de ceux qui pensent. T’es intelligent, Eric, ça se voit. Je pense que tout le monde le sait. Y a des regards qui trompent pas. Les gens le savent, mais ils osent pas l’avouer.
Les gens osent pas avouer qu’on a un peu raison, dans le fond.
T’élèves la voix si fort qu’elle semble toucher le divin, et moi, ça me fait à peine peur. J’ai un peu peur. Pourtant, c’est rassurant. T’as la dégaine des anges, des envoyés du divin, tu pourrais monter une secte, Eric, que je viendrai convaincu de devenir ton apôtre.

Nous allons pas rentrer ensemble, c’est ça ?
Alors, pourquoi tu te barres maintenant, Eric ? Tu parles d’élu et pendant un moment, je souris parce que moi, j’ai vraiment l’impression que t’as lu dans mon crâne pendant un instant, un moment, et qu’il était à nous, ce temps, qu’elle était là, cette seconde de symbiose. Pourtant, que dalle. Tu te lèves et saute sur le verre pilé de mes pensées.

« Eric, je-... »

Attends. Attends moi.
Ou alors, non, je m’attends pas.

Je sais pas.

J’ai envie qu’on la mène ensemble, cette révolution, je t’assure. Pourtant, j’y crois, à mon crédit immobilier, à mon labrador. J’ai abandonné l’idée des cinq gosses, alors peut-être qu’il y a un projet à caler là-dedans, tu penses pas ? Il y a un peu de place dans mes projets d’avenir pour te caler quelque part. Tu aurais une place moyenne, je ne te mens pas. Tu n’as pas les yeux suffisamment bleus, et tes fossettes se cachent derrière ta barbe. Pourtant, je t’en propose une. Je te propose que tu déposes les armes, qu’on en reparle.
Tu m’attends ? Je te demande de m’attendre ? J’en sais rien. Je ne sais plus ce que j’ai à te proposer, Eric, et à ce moment précis, ta voix résonne comme des balles dans mon crâne. Tu es déçu.
Oui, tu es déçu.
T’es putain de déçu, Eric. Ça se sent. Je me demande s’ils avaient des rêves avant de devenir apôtres, si Matthieu voulait devenir autre chose qu’un Elu. Lui aussi, peut-être qu’il avait une petite place pour Jésus, et qu’il a pris une place plus importante au fil du temps.

Non. Tu ne le penses pas. Tu penses que l’Evangile leur a dicté ce qu’il était bon à faire. Pourtant, je n’ai pas l’impression de l’avoir vu quelque part, cet Evangile dont tout le monde parle. Est-ce que c’était les projecteurs ? C’est ce que tu essaies de me dire, Eric ? Je crèverai d’avoir vu en des signes des coïncidences, j’espère que tu le sais. Il y aurait des conséquences qui se créeraient, et j’aurai que quelques bribes à sortir, des « j’avais pas vu », des « désolé » qui sonneront trop creux pour les victimes des impurs.

C’est de ma faute, pas vrai, Eric ?
La Victoire nous échappe. Il me punira. Il m’apportera du malheur quand j’ai décidé de me détourner de Lui. Il avait de grands projets. C’est que ce que Tu m’as dis la première fois que je l’ai vu. Les Miracles sont rares, précieux.

Quand la porte du taxi se claque, mes lèvres murmurent mon adresse, notre adresse. Je suis l’Elu de tous, d’elle et de ceux qui sont trop au centre pour voir les marges. Je suis en mission pour tous et tous me demandent des choses différentes. La porte de taxi claque et les roues crissent sur la route.
Eric n’attendra pas.
Le Sauveur non plus.
Les Miracles parlent d’eux-même.

Et face à eux, je demeure douloureusement trop sourd. Regardant mes genoux, ils semblent trop grands, trop longs, trop petits et trop frêles pour le poids des Miracles. Est-ce que les Elus ont déjà doutés ? Je relirai l’évangile selon Matthieu en rentrant, tentant de voir des audits dans les impôts.

New York, les Miracles, l’Election et les Prophètes me tombent dessus. Je suis un être divin sur Terre, et mon enveloppe d’humain semble trop flasque pour me permettre de marcher.  


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