By now I don’t need a fucking introduction

Dizzalyr | Enfys

D’aucuns, dans l’histoire de ce monde, avaient décrits Dizzalyr comme une fleur empoisonnée. Des poèmes avaient été écrits sur elle, parlant de fleurer son odeur et de ne jamais ‘en remettre, de s’écrouler le cœur bleui quelques minutes plus tard à peine.
Ces poètes, ces rêveurs, se trompaient.
Dizzalyr ne vous tuerait pas. Pas si rapidement. Pas si simplement. Dizzalyr était un poison qui s’insinuerait dans vos veines, des mois et des années durant, qui apporterait la corruption jusqu’aux ventricules de vos myocardes avant de vous embrasser, belle, létale, prenant vos derniers souffles entre les cils à ses paupières. La djinn était mortelle, puissante ; mais elle vous prenait lentement, comme une danse lentement consommée, un chat qui prenait du plaisir, voyant la souris à sa botte, de faire glisser sous son menton l’estafilade faite par ses griffes.
Caterina n’était pas la souris ; elle était, ou elle pouvait être, une seconde chatte pour traverser ces siècles d’un ennui morbide. Elle pouvait être le vent qui portait aux nues ses idées, les emmènerait plus haut, plus loin, vers des horizons inconnus que jamais Dizzalyr n’aurait touchés.

Ensemble, elles pouvaient écrire une histoire à deux plumes, s’emparer des dés de ce monde pour en bannir le moindre hasard et qu’éclate, sous leur férule radieuse, le frisson d’avoir triomphé.

« Marchez à mes côtés. » asséna-t-elle simplement. « Je ressens votre puissance, votre sagesse. Je ressens votre rage de vivre, votre mécontentement parfois face à la fureur des plus faibles. »  
Le ton de la djinn s’était fait grave, sérieux. Elle jouait gros, prenait des risques, à exposer ainsi ses failles et son cruel besoin d’allié. Pourtant, son intellect sentait que Caterina comprendrait. Qu’elle marcherait à ses côtés, dussé-t-elle faire des sacrifices, si Dizzalyr avait la force de demander suffisamment.
Aussi, s’arrêtant de marcher, la blonde leva-t-elle une main pour cueillir le visage de l’autre. Ses doigts rendus froids par l’hiver se posèrent sur la joue de la brune, dévalèrent la courbe de sa mâchoire et, tandis que son pouce frôlait le rouge de sa lèvre inférieure, le reste trouvait un chemin jusqu’à la blancheur de son cou.
Sa voix se fit plus douce, plus ronronnante, à mesure que les mots sortaient.
« Ils ne vous connaissent pas. Ils ne savent pas. Moi, je vous reconnais. »
Leurs souffles s’approchaient lentement, deux courants presque imperceptibles tout droit venus pour s’enlacer. Si le cœur de Dizzalyr avait eu un peu moins d’années, il se serait sans doute emballé à proximité de la belle, tant le trouble qu’elle suscitait pouvait devenir immense.

L’immortelle se pencha, doucement, et là où se trouvait sa main vint déposer ses lèvres claires sur une peau trop frissonnante. Nez perclus contre son oreille, elle murmura à l’étrangère.
« Je vous vois. »

Elles étaient deux fleurs carnivores, toutes prêtes à assaillir le monde qui semblait à portée de main. Si elles se passaient de tuteurs, elles grimperaient vers le soleil en s’enroulant l’une contre l’autre ; et alors, elles pourraient régner. Ensemble.

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