(G.I) Jingle bells, jingle bells, jingle all the way [Roren]

Il parait qu’il te faut de la thune, que ça serait plus gratifiant pour toi si elle était gagnée “correctement”. Il parait que tu peux pas continuer à vendre ton cul, que tes petit.e.s ami.es sont un peu trop possessif.ves pour ça et que c’est trop dangereux, un coup à leur refiler toutes les merdes qui traînent et plein que t’aurais sans doute déjà chopé si t’étais un simple humain. Il parait qu’en plus c’était pas un vrai travail, de faire ça, et tu rigoles toujours aux gens qui te disent ça. C’est pas parce que ça les dérange que c’est pas du vrai boulot de racoler des clients, ou de devoir tous les supporter. Les doux, les violents, les hypocrites, les refoulés - tout un tas de trucs, si on les mettait à ta place, qui leur donnerait envie de gerber.

Alors à force de chercher un peu partout et un peu tout, t’as trouvé quelque chose qui ressemble à un taf en ce début de mois de décembre Aaren, et l’ironie c’est que c’est pas plus légal. Mais c’est pas ton corps que tu vends cette fois alors ça les dérange moins, comme s’ils en avaient quelque chose à foutre de ça quand t’es en train de crever.

Et puis celui-là te fait un peu rire, au moins, t’es déguisé en putain de lutin. Mais t’es vulgaire et ça te colle à la peau, ça se voit dans ta façon de porter le costume, dans tes tatouages et dans ta posture, dans cette manière que t’as de t’appuyer contre le mur en fumant une clope comme si t’étais en train de racoler encore. C’est presque un miracle que personne ait encore appelé les flics, d’ailleurs, t’es sans doute sauvé pour l’instant par le bric à brac de conneries que vous avez à vendre, toi et le minus qui te lance des regards boudeurs depuis que vous avez commencé.

Il t’as à peine adressé deux mots et toi, tu l’as ignoré royalement. Tu l’as déjà vu au refuge mais vous vous êtes jamais parlé là-bas, alors c’est plus facile de faire abstraction de la boule dans ton ventre que te fout toujours les souvenirs de là-bas. Savoir comment il a atterri à Phoenix t'intéresse pas, et sans doute que l’inverse non plus, alors aucun de vous deux n’a eu envie de faire la conversation jusqu’ici.

Pourtant il s’approche de toi et tu baisses les yeux pour le regarder, il a l’air un peu saoulé mais c’est pas ça qui lui donne plus de crédibilité. Il te demande si tu veux pas changer de costume et tu te contentes de hausser les épaules en réponse, mais il change d’avis aussitôt et tu retiens pas un sourire sarcastique.

-Aaron. Ouais, heureusement qu’on est pas payé aux nombres de photos ou de bordel vendu. Enfin, j’crois.

Au final, t’en a pas grand chose à foutre. Et tu t’en fous un peu de son prénom aussi, surtout qu’il t’a observé avec désapprobation tout ce temps. C’est pour ça que tu donnes pas vraiment le tien correctement et que tu lui demandes pas le sien en retour. Paraître impoli t’as jamais gêné de toute façon, et puis il t’as déjà jugé comme tout le monde te juge en t’apercevant comme ça ; mais ça aussi, les idées prudes et blessées et le regards des autres, tu t’en fous. T’as arrêté de donner de l’importance à tout ça y a bien longtemps. Parce qu'au final, qu'est-ce qui en a vraiment ?