Burning oceans - Erade & Rhys

Sam 7 Jan 2023 - 14:08

Burning oceans

Erade & Rhysand

«If I could only stop my head, from going into constant infection, then maybe I can swim back to my own version of consistent sanity. Angelic demons, liquid dreams, transparent mountains of our own reality. »

Le 29 janvier 2022 – Phoenix.
Rhysand était toujours revenu chez les Idréis. Il avait beau leur cracher au visage, leur énoncer leur quatre vérités et leur affirmer tout le mépris qu'il leur vouait, il ne coupait jamais totalement les ponts avec eux. Encore une fois, ce soir là, il rôdait autour du vieil entrepôt que les illusions du clan enveloppaient, faisant croire au commun des mortels qu'il était abandonné depuis des lustres.

C'était là que sa mère était morte, bernée par les mirages des djinns, et bien que Rhys ignorait les circonstances exactes de l''horrible chute qui l'avait précipitée dans les ténèbres, il se doutait que les Idréis en étaient grandement responsables.
C'était là que Rhea avait été emprisonnée, longtemps auparavant, quand elle n'était qu'une enfant, et qu'elle avait subi ce lavage de cerveau qui l'avait rendue amnésique.
Mais c'était également dans ce bâtiment que Rhysand avait rencontré Isra.
C'était là qu'il avait été élevé, quand il n'était qu'un petit djinn qui ne connaissait rien du monde. Les Idréis avaient leurs défauts mais ils avaient toujours été là pour lui, c'était eux qui lui avaient appris à évoluer dans le monde, à se fabriquer une enveloppe, à contrôler ses pouvoirs. Et quand il avait failli mourir, blessé par les chasseurs, c'étaient eux qui l'avaient sauvé et soigné.
Pour toutes ces raisons, Rhys éprouvait des sentiments ambivalents envers eux.

Cela faisait plusieurs années que le jeune djinn vivait dans des squats, aux alentours de Phoenix. Ce jour là, comme tant d'autres, il s’était imposé dans le QG des Idréis, sans s'annoncer, comme s'il ne les avait jamais quitté, comme si tout était parfaitement normal entre eux. Sa grand-mère, la chef de clan, n'était pas là et Rhys s'était donc faufilé entre les illusions qu'il connaissait si bien, pour rejoindre la véranda. Un lieu en apesanteur, envahi de plantes grimpantes, où il espérait croiser l'un des membres de sa famille.

Le jeune djinn s'était installé sur une balançoire, suspendue aux poutres de fer, quand il entendit une présence. Installé sur la balancelle de corde, il toisa Erade. Le djinn s'avançait vers lui, manifestement alerté par son intrusion et peut-être surpris. Rhysand n’avait bien -sûr aucun moyen de savoir ce que Erade pensait ou ressentait. Autrefois et dans bien des circonstances, Erade avait tenté de se rapprocher de Rhys, qui n'avait jamais accepté de se laisser apprivoiser. Avait-il eut tort ? Le visage fermé, il l'observa s'avancer, jusqu'à ce qu'il puisse lui adresser la parole.

- Salut Erade. Alors, ça roule ?

Rhysand étira un sourire cynique. Il avait envie d'être méchant. Il avait envie d'être gentil. L'indécision le poussait à être moqueur.

- T'as une sale gueule. Fatigué, mon pauvre ? Les temps sont durs pour les salauds hein.

Il mima une fausse expression compatissante, dans un soupir exagéré. Rhys avait l'air de s'en foutre, en tous cas il faisait tout pour, un masque plaqué sur le visage.

(c) DΛNDELION

Burning Oceans

Je n’ai pas besoin de le voir pour savoir qui est là. Personne ne pénètre nos illusions sans être un minimum lié à notre clan. Et, même s’il rejette notre nom, Rhysand n’a jamais su cesser d’être un Idreis. Le voir en apesanteur, comme un enfant qu’il n’a jamais vraiment pu être, me rend heureuse d’une façon qui me pousserait presque à sourire. Mais je ne le dois pas. Car, si Ashem n’a pas su éduquer ce garçon, c’est mon travail d’être sa mère.

Je pensais avoir mis de la mort-aux-rats pourtant, mais les parasites reviennent toujours apparemment, mon petit Rhysand.

La douceur n’est plus une flèche à mon carquois depuis longtemps avec lui. Des années j’ai été l’adulte qui cherchait à être là pour lui, à le remettre sur le bon chemin, à le guider vers la grandeur. Il se démène pour être désagréable et rebelle, pour aller à l’encontre de l’intérêt collectif. Il est temps de tenter l’amour dur, de remplacer une main de fer dans un gant de velours par un regard de fer cachant un amour sans limite. Un amour peu démonstratif.

T’as la gueule d’un clodo qui aurait perdu ses deux dollars dans un bras de fer avec un pigeon unijambiste. Sérieusement, on t’a pas appris à utiliser des illusions pour au moins avoir l’air propre ?

Il est insolent et vulgaire, j’ai l’impression qu’il fait exprès d’ignorer mes enseignements en me genrant sur mon apparence actuelle et non sur celle que j’ai été pour lui. Je le fixe avec le visage fermé.

Écoute, je te laisserai me dire. Chez les Idreis, il fait bon temps pour être une gagnante, mais t’as jamais voulu être l’un comme l’autre, alors tu saurais pas de quoi je parle.

Soudain, je pose une main sur son épaule en faisant disparaître l’illusion à laquelle il parlait depuis tout à l’heure. Je souris, cruelle.

Tu viens faire quoi ici, mon grand ? T’as un bac de lessive sale, une ardoise à ton bar, besoin d’un conseil pour draguer la plus belle des pom-pom girls ? Tu sais, pour avoir le droit de faire des enfantillages, il faut mériter le nom d’enfant. On hérite pas, ici, on mérite.

Burning oceans

Erade & Rhysand

«If I could only stop my head, from going into constant infection, then maybe I can swim back to my own version of consistent sanity. Angelic demons, liquid dreams, transparent mountains of our own reality. »

Le 29 janvier 2022 – Phoenix.

Installé sur la balançoire, Rhysand dévisageait l'être surnaturel qu'il avait toujours considéré comme un membre de sa famille proche. Une famille dysfonctionnelle, toxique en diable, un clan de criminels endurcis, un gang qui était censé se serrer les coudes envers et contre tout. Le visage fermé, une moue aux lèvres, Rhys avait tout de l'allure du jeune con en pleine rébellion. A dire vrai, il n'était pas encore accoutumé à la nouvelle apparence d'Erade, si différente depuis son retour sur terre. Clairement, ça ne lui plaisait pas. Sa condition de djinn ne lui plaisait pas non plus, surtout pas les multiples séparations qu'elle engendrait inévitablement. Il n'en pouvait plus de tout ça, il avait juste envie de tout envoyer chier. De son côté, son toncle semblait déterminé à improviser une petite joute verbale de derrière les fagots. Allons bon. Rhys arqua un sourcil.

« Ouais, je reviens parce que j'adore ta mort au rat, même que c'est devenu mon plat favori. Bravo cuistot, tu t'améliores. » Erade conservait un visage fermé et sur ses traits désormais poilus, il était difficile de déterminer son état d'esprit. Dans l'incertitude, Rhys décida de surfer sur la vague sans se démonter, curieux de savoir où cette drôle de discution les mènerait. Un pigeon unijambiste, non mais franchement. Il esquissa un sourire décalé. « C'toi le pigeon. Je ferai des efforts de propreté quand j'irai voir des gens que je respecte. Pas aujourd'hui du coup. » Suite à un léger ricanement, il haussa les épaules. Les mots durs d'Erade ne le vexaient pas vraiment, il trouvait juste son style délirant. Au delà de tout ça, ça lui était surtout étrange de discuter avec quelqu'un qu'il était censé connaître depuis son enfance, mais dont le visage lui était si peu familier. « Faut croire que je suis pas assez bon menteur pour être un Idréis, hein tonton » Pourquoi il s'acharnait à s'exprimer au féminin ? Rhys n'en savait rien, ils n'en avaient jamais discuté. Lui-même ne savait pas trop comment s'adresser à ellui, alors au hasard, il choisissait l'insolence. Un mécanisme de défense tout trouvé, quand il se sentait perdu. Rhys était clairement déboussolé dans ses émotions, dans sa loyauté aussi. Erade lui avait menti au sujet de Rhea et ça, Rhys n'allait pas l'oublier si facilement. Sans doute qu'il aurait mieux fait de couper les ponts avec eux, mais il n'y arrivait pas. Parce qu'il était attaché aux Idreis, parce qu'il aimait Erade, malgré lui.

Quand l'illusion s'évapora soudainement, Rhysand cilla, avant de se retourner dans un léger sursaut. En voyant la face de son toncle derrière lui, occupé à lui balancer de nouveaux clashs tout fleuris, Rhysand mima quelques applaudissements ironiques. Il secoua la tête, ne sachant s'il devait sourire ou rouler des yeux. Qu'est ce qu'il venait faire là ? C'était une très bonne question et il prit le temps d'y réfléchir quelques secondes, son regard planté dans celui d'Erade. « Rien de tout ça, t'inquiète » , prononça-t-il d'un ton moins rude. Il s'humecta les lèvres avant de s'avancer prudemment, sur le terrain mouvant de la sincérité. « Je ne suis pas le genre de gamin ingrat qui ne vient que pour te brailler des caprices. Je suis conscient que vous avez toujours été là pour moi, vous, la famille, toi surtout... Mais on est arrivé à un point de rupture, Erade. Tu sais très bien pourquoi. Tu crois vraiment que t'as mérité le nom de parent ? »

(c) DΛNDELION

Burning Oceans

TW : relation familiale toxique

Rhysand ne garde pas sa langue dans sa poche mais répond à chaque pique avec une autre, comme un escrimeur infatigable, égalisant toujours coup après coup dans un duel qui pourrait être aussi immortel que nos existences éthérées. Tant pis pour la désescalade, il ne semble il y avoir que deux soucis : la reddition et le coup fatal. J’ai déjà été trop patiente avec lui dans le passé, trop douce et aimante, miséricordieuse au mépris de toute convenance. La pitié doit quitter mes yeux si je veux que mon enfant prodigue revienne et réclame son royaume d’ombres.

Alors qu’il semble baisser sa garde et son agressivité avec un ton plus doux et sincère, il tente un dernier coup en traître. M’accuser, moi, de ne pas avoir été une bonne parent ? Moi qui ai veillé sur lui quand son incapable de père l’avait abandonné, moi qui avait toujours montré de la gentillesse lorsqu’il sortait ses crocs, moi qui avait fait attention à ce qu’il ne soit entouré que par les meilleurs… Il semblerait que me chercher des excuses m’a trop épuisé pour lui en trouver. Je soupire.

Tu te trompes, Rhys, tu as toutes les qualités pour devenir un Idreis digne de ce nom. Toutes, sauf la volonté.

La joute continue et je ne le quitte pas des yeux, guettant une ouverture, une faiblesse à utiliser. Bien sûr, il doit déjà se douter qu’il n’a pas mis les pieds ici sans que des stratagèmes sinueux ne soient préparés pour lui, mais il y a peut-être, peut-être, une route plus simple et pacifique. J’en doute, honnêtement.

Je sais que nous sommes sur la rupture parce que TU es parti, gamin. Parce que tu écoutes plus la voix de ton humain et des autres éphémères comme lui plutôt que celles de ta famille. Et TU sais que d’habitude je réglerai ça de la bonne manière, à la façon Idreis. Mais tu ne portes pas de tenue d’enterrements, donc à ta place, d’abord, je mettrai un sourire sur ta tête de con, et, ensuite, je réfléchirai à voir comment TU peux continuer de faire en sorte de ne pas t’habiller en noir.

Il n’est pas capricieux, ni ingrat, mon garçon. JE l’ai éduqué mieux que ça. Il est courageux et généreux. À lui d’en faire une qualité plutôt qu’un défaut, qu’une cible.

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