I'll be the pill that you wanna swallow when you're looking for the joy ∞ Esméandre

Sam 21 Jan 2023 - 1:46

I'll be the pill

• that you wanna swallow •

Los Angeles – Novembre 2016

C

assandre ne peut pas s’empêcher de danser devant le miroir de sa salle de bain. C’est puéril, digne d’un film à peine passable, mais la musique entraînante et sa bonne humeur ont raison du peu de résistance de principe qu’elle aurait pu offrir. Sa coloc Roxane est déjà partie en soirée, laissant à Cassandre tout le loisir d’amener son laptop dans la salle de bain et de mettre la musique à fond pour parfaire son maquillage. Elle ne peut pas garder le même que celui porté la journée, Esmée mérite bien mieux ; des touches de couleur supplémentaires, aussi subtiles qu’explosives, un regard sublimé, des lèvres qui sont là pour attirer toute l’attention. Une personne normale n’y serait pas insensible, et elle espère bien que Faolan ne fera pas exception à la règle pour cette fois.

Après une dernière vérification de ses bijoux d’or et d’argent scintillant à la lumière, de sa robe à dos nu et au bleu qui rappelle la part sirène de Cassandre et l’océan où Faolan l’a surprise la première fois, elle se juge fin prête. Et encore légèrement en avance par rapport à ce qu’elle avait annoncé plus tôt, si elle en croit l’heure de son réveil sur lequel elle jette un regard rapide. C’est pleine de satisfaction et de confiance que Cassandre finit ses préparations et laisse enfin derrière elle cet appart d’étudiant qui ne lui ressemble plus pour offrir sa présence aux rues de Los Angeles.

Pas longtemps. Tout juste le temps d’aller jusqu’à la boîte de nuit. Faolan est de passage en ville, et Cassandre ne peut pas passer à côté d’une telle occasion. Elle se déteste de se dire qu’ael lui manque dans les moments où iel est trop occupé·e par sa propre quête, mais elle se rattrape bien en se prouvant qu’elle n’a pas tant d’attachement que ça, puisqu’elle se jette aussi facilement sur les corps d’autres inconnus dans ces périodes de flottement. Ce n’est pas comme s’il y avait quoi que ce soit d’officiel entre elles.

Mettant de côté ses pensées incessantes et irritantes, Cassandre passe le videur avec confiance et aplomb. Elle est dans son domaine ici, peut-être même plus que Faolan avec le temps qu’elle y passe. Elle sort son téléphone pour ouvrir la conversation avec ellui, mais elle n’a pas besoin d’envoyer le message pour dire qu’elle est arrivée.

Elle lae voit.

La pénombre et la foule ne l’empêchent pas de repérer Faolan. Ou plutôt ses cheveux, qu’elle voit de dos, occupé·e qu’iel est à répondre à un homme qui lui fait la conversation.

Soit, c’est plus amusant comme ça. Profitant de l’inattention de Faolan qui manque son arrivée, elle se glisse entre les corps, échange mouvements de danses et levers de sourcils avec ceux qu’elle connait vaguement de regard ou d’un peu plus. Ce ne sont pas eux qui importent dans l’immédiat.

Ce qui importe, c’est le bar. Le bar, et le Mai Tai qu’elle se fait servir.

Très vite, ses pas retrouvent la piste en faisant bien attention à ne pas renverser la boisson, retrouvent le chemin qu’elle a emprunté à l’aller avant de prendre un embranchement et de se glisser derrière Esmée qui a l’air d’en avoir fini avec l’homme qui lui offrait un bout de conversation. Parfait.

Cassandre laisse ses bras agir pour elle, passer autour des épaules de Faolan pour lui présenter la boisson par derrière, comme une offrande suave. Aussi suave que la voix de Cassandre ronronnant déjà dans l’oreille de lae dragon·ne.

« Je m’attendais à ce que tu illumines déjà la piste de danse. Tu attendais quelqu’un peut-être ? »

CIARAN

Lun 13 Mar 2023 - 23:12

I'll be the pill

that you wanna swallow
When you're looking for the joy
Alone, I've been waiting
So long, it's true

Ça brille à t’en éclater la rétine, ça grouille et ça chante et ça crie à t’en éclater les tympans, ça coule et ça pique à t’en éclater la gorge, mais t’aimes ça. Y a des stimulis dans tous les sens et ça t’enchante, Esmée, quand tes neurones se transforment en paillettes multicolores et que tes pensées deviennent floues. T’es plus qu’une petite part de cette masse informe et arc-en-ciel, tu deviens rayon holographique qui ressort sous les néons et à la fois tu te démarques, boule disco qui peut pas s'empêcher de briller de mille feux. Mais t’aimes ça aussi, attirer l’attention, bien t’entendre avec tout le monde et être couvert·e d’admiration et d’affection. T’aimes ça, faire partie de cette foule de gens originaux et bigarrés que tu trouves fabuleux, et être fabuleux avec. T’aimes ça, l’ambiance nocturne et festive qui donne l’impression que tous les problèmes se dissolvent dans l’air chaud.

Tu sais qu’il y a des gens qui aiment pas Los Angeles, mais toi Faolan, t’adore toujours autant y aller malgré le décalage horaire. Là-bas ça peut parfois paraître fake et plastique c'est vrai, mais toi tu trouves que ça donne aussi l'occasion d'être une version de soi-même qu'ailleurs on verrait jamais ; ça te donne une profonde sensation de liberté, de pouvoir être à fond ce que t'as envie d'être, sans être rattrapé par ton passé ou les plus sombres pensées de l’intérieur de ta tête.

Ici, t’oublies que ça pourrait te rappeler toutes les nuits passées à boire avec Orpheus, ici t’oublies que t’en es réduit·e à traquer ~~vainement~~ celle qui te l’a arraché, ici tu peux pas te sentir seul·e, Esmée. Dans ce genre d’endroits ou de soirée, y a toujours la foule entière pour t’y mêler, y a toujours quelqu’un pour t’aimer. Au fond, t’en fous que ce soit pour ton apparence, ton nom de famille ou parce que t’as payé la dernière tournée. Ça t'arrange même, parce que tant que les autres te connaissent que superficiellement t’as pas trop peur. Tu te dis pas encore que tu peux les maudire, ou pire, les faire fuir parce que tu les auras dégoûté ou effrayé avec tous tes sentiments que trop ont déjà trouvés écoeurants.

C’est pour ça que tu préfères tout cacher sous des strass, Fao. T’habilles tes lèvres de gloss pour offrir ton plus beau sourire, ton regard de fards étincelants pour mieux capter celui des autres, ton corps de tes plus beaux atours pour qu’il donne envie aux autres de s’y perdre autant que t’as envie de te perdre dans les leurs, pour vous échanger un peu de chaleur.

T’as qu’à montrer le meilleur de toi-même, et ça te va très bien.

Il n’y a qu’une personne ici qui a entraperçu ce qu’il y avait dessous, et ironiquement, c’est celle avec qui t’as commencé à découvrir la ville. Alors sans doute qu’en sa présence tu compenses encore plus, tu fais en sorte de chatoyer de plus belle comme si ça pouvait lui faire fermer les yeux sur tes fêlures maintenant qu’elle les a déjà aperçu. Elles n’ont pas eu l’air de la repousser pourtant, Faolan, mais c’est toi qui n’es pas sûr·e d’être prêt·e à toutes les montrer. Même si ça serait mentir de dire que tu lui en as jamais (re)parlé, confession intime sur l’oreiller quand t’étais enivré·e, autant de tout ce que t’avais pris que de sa beauté.

Avec la brune c’est le jour et la nuit, sauf que c’est la nuit que vous vous amusez, que vous profitez et une fois le jour levé qu’éclatent les secrets que tu révèles à moitié, quand tu te sens plus assez bien pour les garder.

Et c’est elle que tu dois retrouver ce soir, Esmée. C’est un peu elle le cœur de cette ville quelque part, qui paraît la plus vraie et la plus réelle aux milieux des illusions aussi agréables soient-elles, et peut-être grâce à elle que tu ne sombres pas complètement au véritable chant des sirènes qu’est l’appel de ce doux mirage.

C’en est une pourtant de sirène, mais ça t’as jamais dérangé parce qu’elle est bien trop différente de celle que tu détestes tant. Cassandre, tu souris quand tu la vois, et tu souris quand tu l’entends aussi alors que sa voix mélodieuse arrive jusqu’à tes oreilles et que tu te retournes vers elle avec un air enjoué, et tu la prends dans tes bras en faisant attention à ne pas renverser ses boissons.

-Cass ! Évidemment que je t’attendais pour aller danser !

En te détachant d’elle, t’es frappé par son charme. Pendant quelques instants (de trop ?) tu te noies presque dans son regard océan, puis reprenant tes esprits tu jettes un coup d'œil aux cocktails qu’elle tient à la main, et tu réalises qu’elle te tend l’un d’eux.

-C’est pour moi ? Mais enfin, fallait pas, tu sais bien. Les prochains seront sur mon ardoise alors, et pas de protestations !

Tu trinques néanmoins avec ravissement, c’est un de tes cocktails préférés et t’es vraiment content·e de le boire avec elle, de passer la soirée à ses côtés, et toutes celles qui suivront. T’espères qu’il y en aura beaucoup d’autres, en tout cas.

-Prête à danser toute la nuit ?

CODAGE PAR AMATIS

Mar 14 Mar 2023 - 18:12

I'll be the pill

• that you wanna swallow •

Le sourire de Fao, c’est la vraie boule à facettes de la soirée. Il y a toutes les plus belles des émotions humaines qui se reflètent dedans, il rayonne, éclairé par la lueur de ses yeux d’émeraude. Ça crève les yeux qu’æl contrôle le cristal quand on voit qu’iel est ellui-même un amalgame de pierres précieuses, aveuglantes par leur beauté et éclatantes quand on lui donne l’attention qu’il faut.

Elle veut la lui donner cette attention, Cassandre. Elle veut qu’il comprenne la beauté de son âme, qu’il admette que ses fêlures ne sont pas des défauts mais des particularités, des zébrures qui montrent les marques du passé avec tout le potentiel de briller dans le futur. C’est comme ça que ce forment les plus belles pierres, celles qui ont vécu, celles qui ont souffert face à l’adversité et qui n’en sont ressorties qu’avec plus de couleurs.

« Ça me fait plaisir », c’est ce qu’elle répond quand il lui dit qu’elle n’avait pas besoin de lui offrir la première boisson. C’est vrai que d’habitude, c’est Fao qui paye, parce que les moyens de Cassandre sont limités, mais iel lui a donné goût au luxe, aux dépenses, et elle a envie de lui faire plaisir aussi, de lui rendre une infime partie de tout ce que lui apporte Esmée.

C’est naturel de prendre sa main. De répondre un « évidemment » parfaitement assuré et conscient que la danse s’éternisera autant qu’il le faudra et dans autant de lieux qu’elles le voudront. C’est naturel parce qu’elle a parfois l’impression que les mains de Faolan sont faites pour tenir les siennes, que si elle se considère elle-même comme assez faible, il n’y a rien de plus simple que de lae tirer quelques pas en avant pour trouver une zone un tant soit peu moins bondée.

Les pieds et les hanches dansent à l’unisson comme s’ils étaient faits pour ça, elle reste proche parce qu’elle ne veut pas perdre des yeux son phare brillant qui l’attire vers le rivage. Elle va s’écraser, Cassandre, parce qu’elle est aveuglée par sa lumière et attirée comme le pauvre papillon de nuit qu’elle devient.

Elle n’a pas encore assez bu pour être entièrement libre, mais elle ne veut pas gâcher ce moment idyllique. Les gorgées sont très fines, très espacées entre quelques mouvements pour profiter autant qu’elle le peut de la danse et de san partenaire.

Il n’y a rien à dire, rien à faire. Leurs corps parlent pour eux, leurs regards échangent un millier de mots sans que leurs lèvres n’aient quoi que ce soit à se dire. Pourtant elles se rapprochent, parce que Cassandre est avide et qu’elle lae veut pour elle, elle n’a pas peur de mélanger le rouge de leurs lèvres parce que les teintes iront bien ensemble et qu’au final, si elle est là c’est pour ne pas être seule. Elle a une main sur sa joue quand elle joint leurs lèvres pour de bon mais pas pour longtemps. Parce que c’est plus compliqué en dansant et qu’elle en garde pour plus tard.

« J’ai pensé qu’à ça de toute la journée, il fallait bien que ça arrive. »

Ses yeux chantent un millier de louanges, son sourire est à moitié coupable et entièrement charmeur. Elle ne veut rien ruiner avec Faolan, mais elle veut aussi vivre pleinement et ne rien retenir. Elle veut être elle-même et respecter ses désirs parce qu’elle a l’impression qu’il n’y a qu’avec ellui qu’elle peut vraiment le faire.

CIARAN

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