The safest road to hell is the gradual one || Persephone

TW Meurtre, mention de maltraitances psychologiques et physiques

Elle vient au monde, Persephone, premier fruit de l'union de Nora et Isaak Fitzgerald, premier enfant, premier espoir. Elle est bercée dès son plus jeune âge par les histoires des dragons, pas ceux qui enlèvent les princesses mais ceux qui dominent dans l'ombre le monde. Isaak est souvent absent lors de ses premiers mois de vie mais plus le temps file et plus il est là, plus ils forment une vraie famille, tandis qu'à leur insu, le père laisse derrière lui un petit garçon humain désœuvré.

Elle n'a même pas encore un an, Persy, quand elle regarde avec de grands yeux le bébé qu'on lui présente. Elle ne comprend pas tout, ni l'agitation de ces derniers jours, ni les larmes sur les joues de sa mère. Elle ne comprend pas qu'elle a un frère pour la première et la dernière fois. Elle ne comprend pas, Persy, toutes les difficultés de cette grossesse-là et ses conséquences sur leur mère. Elle ne comprend pas encore non plus, Persephone, qu'il y aura aussi des conséquences sur elle et Achilles.

Persephone a cinq ans et Achilles en a quatre. Pourtant c'est lui le plus grand quand de ses mains soudain jaillissent des pouvoirs qu'il ne contrôle pas encore. Les yeux de leurs parents brillent et ceux de Persy aussi et elle redouble ensuite d'efforts pour égaler son petit frère. Mais déjà ses parents se détournent, trop occupés à admirer les prodiges de leur second enfant qui devient le plus important. Elle garde espoir, pourtant, Persy : elle n'a que cinq ans après tout.

Elle a sept ans maintenant, Persy, et toujours pas de pouvoirs en vue. Elle regarde avec envie Achilles qui reçoit son catalyseur et rêve de pouvoir elle aussi faire pousser des ailes sur son dos mais elle a de plus en plus de mal à se convaincre que son tour arrivera bientôt. Ses parents en tout cas n'y croient plus et quand ils lui accordent de l'attention, c'est seulement pour se moquer d'elle, la dénigrer, lui reprocher ce qu'elle n'est pas. Bientôt Achilles se prête au jeu, et elle devient la cible involontaire de jets de pierres précieuses. Bien sûr, quand elle plaide sa cause, ce n'est jamais elle qu'on croit. Alors elle se tait, Persephone, elle encaisse en silence les brimades, car après tout c'est encore pire quand ils ne la regardent pas. Elle fera tout pour ne pas être une ombre parmi d'autres dans les Champs d'Asphodèle.

L'entrée à l'école, avec un an de retard, est une révélation. Certes, Achilles est toujours là sur ses talons et il ne manque pas de répandre des rumeurs sur sa grande sœur qui atteignent les oreilles de ses camarades de classe. Certes, elle reste le bouc émissaire, la solitaire, la faible, la moche, à qui l'on ajoute aussi le qualificatif intello. Mais parmi d'autres humains qui ne savent rien du surnaturel, Persephone se sent spéciale, supérieure à eux. Elle, elle sait. Elle, elle les voit. Et si elle n'a pas de pouvoirs, c'est comme cela qu'elle se consolera. Elle s'acharne sur ses cours, prête à tout pour attirer une attention positive de ses parents sur elle et à chaque bulletin reçu elle attend avec espoir un compliment, une once de fierté dans leurs prunelles. Mais ses A+ les impressionnent à peine, donnant lieu au mieux à un hochement de tête. Achilles est moins fort qu'elle pour une fois et elle voudrait bien qu'on l'acclame et qu'on dise à son petit frère de prendre exemple sur sa grande sœur. Mais c'est toujours lui, l'exemple, lui le dragon, le prodige, l'héritier, celui qui fera prospérer leur jeune clan et lui donnera la grandeur qu'il mérite.

Son école propose des cours de danse classique et elle s'inscrit pour faire comme les autres filles de sa classe. C'est sa passion qui se déchaîne alors qu'elle enchaîne les pas en rythme ; elle se sent forte, elle se sent libre, elle se sent regardée. Alors elle s'entraîne sans relâche, répète des pas de bourrée dans sa chambre, esquisse des pirouettes maladroites jusqu'à savoir les maîtriser. Guidée par Terpsichore, c'est comme si elle s'envolait sous l'impulsion de la muse. Si elle n'est pas née avec des ailes, qu'à cela ne tienne, elle se fabriquera les siennes avec du tulle rose et des ballerines. Mais peu importent ses efforts pour virevolter toujours plus haut, la chute est toujours rude quand dans le public de ses spectacles elle ne voit pas leurs visages. A quoi bon, alors, s'acharner davantage ?

La première fois qu'elle lae voit, c'est en cours de français. Il s'applique, comme elle, il est discret, comme elle, pourtant elle ne manque pas de remarquer la bague qui orne sa main. L'appel de la professeure vient confirmer ce qu'elle pense : elle est dans la classe d'Helios Nightshade, dragon.ne de la famille gardienne. Elle saisit la première occasion pour aller lui parler ; un exposé sur Paris et ses monuments, et elle découvre un alter ego en son partenaire de travail. Comme elle, iel prend les devoirs au sérieux, et iel devient alors san partenaire d'études, cellui qui lui recommande des livres et lui apprend mille et une anecdotes sur l'histoire de la mode. Il tente de lui apprendre à coudre, même si elle n'est pas très douée, et elle lui montre des pas de danse qu'il reproduit minutieusement. C'est lui qui parvient à la persuader de persévérer dans la danse, lui qui la rassure sur son talent, qui la fait se sentir admirée. Iel lui coud même des tenues et ne manque pas une seule représentation.

L’amitié fusionnelle flirte avec les frontières de l’amour jusqu’à les franchir alors que les deux réalisent leurs sentiments respectifs et se mettent en couple. C’est une première fois pour Persy qui tâtonne mais rayonne, si heureuse d’être aimée, enfin, inconditionnellement. Plus que jamais, Helios est son soleil, le manoir Nightshade sa galaxie, et elle peut enfin exister dans cet univers où on veut d’elle sans rien attendre.

L’univers vole en éclat. La guerre vient tout renverser, venue de leur propre galaxie, tandis que Sapphire Nightshade met à feu et à sang un monde où Persy semblait avoir trouvé sa place. Terrée chez elle entre les discours suprémacistes de ses parents qui rêvent eux aussi d’un règne des dragons et les bruits des combats qui font rage non loin de là, elle attend la fin, terrifiée à l’idée de mourir mais sans doute plus encore à l’idée de le perdre lui, parce que s’il n’est plus là pour l’éclairer de sa lumière, vaudra-t-elle encore quelque chose ? Tout lui hurle que non, alors que la haine des humains au-dehors vient comme en écho amplifier celle du dedans. Plus que jamais, Persy est ramenée à ce qu’elle est, à ce qu’elle ne sera jamais.

Iel est toujours là, ellui aussi, et les retrouvailles la font bondir de joie. Elle se persuade, naïve, que tout va reprendre comme avant, qu’ils vont s’aimer aussi fort, qu’ils ont déjà surmonté tant que le reste paraîtra facile. Elle ne comprend pas encore, Persephone, que les ravages ne s’effacent pas à l’instant où le traité de paix est signé. La guerre a arraché le frère de son soleil et celui-ci a cessé de briller. Il est vivant, oui, mais quelque chose est mort alors que le monde brûlait. Leur relation tangue sur un fleuve de chagrins et de lamentations où ils naviguent sans but, jusqu’à un naufrage qui leur laisse un goût amer. Et quelquefois, dans sa peine et dans sa colère, avant d’être submergée par la honte, Persy se dit que tout serait plus simple si la mort avait pris son frère à elle, plutôt que de prendre Adriel. Mais elle ne peut rien y changer et le courant du Cocytus vient bientôt faire couler le radeau abîmé de leur relation.

C'est difficile de perdre à la fois son petit copain et son meilleur ami. Elle passe l'année en solitaire, Percy, le plus souvent plongée dans un livre à la bibliothèque du collège quand elle n'est pas en cours de danse. Un jour, alors qu'elle s'ennuie, elle découvre un forum d'écriture, sur lequel elle s'inscrit sans tarder, piquée par la curiosité. Elle s'y fait connaître comme Ekalnaws, le lac des cygnes dans un miroir, double référence au ballet qu'elle prépare et à ce conte où un cygne grandit chez les canards, haï de tous ses pairs puis rayonnant de grâce. Elle n'est pas une poète dans l'âme mais écrire apaise son esprit. Dans ses textes, elle met sa violence, sa douleur et toute sa haine, comme pour s'en débarrasser. Sans succès. Elle s'y fait une amie, confidente masquée par l'écran, et se livre petit à petit, trouvant du réconfort dans sa présence, même virtuelle.

Lassée de la danse classique, désireuse de voir autre chose, elle découvre le contemporain et s'y adonne avec passion. Elle redouble d'efforts pour briller, répète les mouvements jour et nuit, déterminée à devenir professionnelle un jour. Lorsqu'elle sera en photo sur des centaines d'affiches, alors peut-être que ses parents la verront enfin, viendront l'applaudir, diront fièrement qu'elle est leur fille, plutôt que de l'évincer des photos de famille. En attendant de briller au sommet de l'Olympe, elle lutte contre le courant de l'Achéron, encaisse les déceptions et les regards dédaigneux en se jurant pour garder espoir qu'un jour, elle n'aura plus à endurer leur mépris.

Hel est de nouveau dans sa classe et le cœur de Persephone s'emballe encore malgré elle. C'est Feyre qui vient recoller les morceaux, la priant de tout pardonner, de lui donner encore une chance. Alors ils reconstruisent ensemble ce refuge qu'elle a tant aimé. C'est le moment des découvertes, des questions sur l'identité. Persy ne sait plus vraiment si elle se reconnaît dans ce elle qu'on lui donne par automatisme. Ael se questionne et tourbillonne, aidé.e dans cette quête par Hel qui l'encourage sur son chemin. Mais lae dragon.ne a baissé les bras, a abandonné ses propres rêves et Percy ne parvient pas à le faire changer d'avis. Il essaie pourtant, l'humain, l'emmène à travers des portails zouwu direction Paris et Milan pour lui rappeler qu'avant iel voulait travailler là-bas. Mais c'est peine perdue : Hel pense bien trop à sa famille, et Percy ne peut que comprendre, elle qui vit pour les siens aussi.

Mais comprendre, ça ne suffit pas. Avec toutes leurs bonnes intentions ils ont pavé leur propres Enfers. Encore une fois la barque casse, quand Hel la laisse à la dérive pour secourir d'autres âmes damnées, et l'amour se noie dans le Styx. Elle veut en sortir invincible ou du moins le lui laisser croire mais elle est touchée en pleine poitrine, là où est son talon d'Achille. Alors Persephone danse sa peine dans les arabesques de sa colère et rejoint les pom-pom-girls du lycée, qu'elle a toujours regardée avec méfiance, de loin. Ael y trouve de nouvelles amies, un groupe dans lequel ael se sent bien, où ael a enfin l'impression d'exister. Elle devient bientôt incontournable pour les figures complexes et les pirouettes, forte de son expérience de danseuse, et dans les gradins avant chaque match c'est elle que l'on acclame vivement, elle et pas Achille le dragon. Elle fait partie des populaires, après avoir été la nerd invisible et l'attention lui fait du bien. Mais les projecteurs s'éteignent chaque fois qu'ael rentre chez lui et ne se rallument que pour brûler ses yeux de mots tranchants. Peu importe qui il devient, Percy ne sera jamais assez bien.

A la tête de cet Ordre de Caïn qui commence à faire parler de lui, c'est un humain, comme elle. Et ça le fascine, Percy, qu'un être aussi faible né parmi les puissants ait acquis un tel pouvoir. Il y a tant en commun dans leurs histoires et elle se prend à rêver d'atteindre un jour les étoiles elle aussi, d'être respectée, crainte, admirée. L'admiration se mêle à la honte, en entendant les critiques de ses parents à l'égard du Stonegold. Jusqu'à ce qu'une conversation houleuse entendue à la dérobée lui fasse comprendre que les similitudes entre eux ne doivent rien au hasard. Caïn est aussi le fils d'Isaak, qui l'a abandonné lui et sa mère, quand il a réalisé que son héritier ne serait pas le prodige dont il rêvait. Son destin, Persephone aurait pu le connaître, si Achilles n'avait pas répondu aux attentes, lui le fils parfait après tant d'erreurs comme Caïn, comme elle. Ael contient sa rage, pourtant, au prix d'un effort colossal, parce qu'ael a encore l'espoir de ne pas finir comme lui : un paria aux yeux des siens. Non, puisque ses parents sont encore là, Percy aura l'occasion de leur prouver sa valeur, de monter sur un piédestal qu'ils lui auront construit.

Alors Persephone rentre dans le rang, déterminée plus que jamais à être à la hauteur des désirs de ses parents. Elle s'engage dans un double cursus droit et études surnaturelles, avec l'objectif de devenir avocate spécialisée dans la défense des surnaturels. La fac, c'est aussi l'occasion de s'investir dans des dizaines de clubs et d'associations et outre la danse, Percy fait son entrée dans des associations militantes, notamment pour le féminisme et les droits des surnaturels. C'est là qu'elle rencontre Opale, une sirène sourde-muette rejetée par sa famille. Persy se sent comprise, elle commence à apprendre la langue des signes pour se rapprocher d'Opale et lorsque celle-ci lui parle de son projet de devenir gorgone, l'humaine la soutient. Et elle la suit dans ce projet, par désir elle aussi de faire partie de ce groupe et de ne plus jamais être seule, d'être puissante aussi, de faire partie de ce monde magique qu'elle n'a toujours fait qu'observer.

Les révisions succèdent aux actions militantes qui succèdent aux soirées étudiantes. C'est au cours d'une de ces dernières qu'elle recroise Hel, à sa plus grande surprise. Iel n'est pourtant pas du genre à sortir danser, toujours trop occupé à jongler entre sa famille et ses cours. Elle pensait avoir tourné la page, Persy, être passée à un nouveau chapitre de sa vie, pour effacer de sa mémoire ce conte de fées sans fin heureuse. Mais les eaux du Léthé lui-même ne peuvent rien contre son myocarde affolé par les réminiscences, les sentiments, la nostalgie. Et l'attirance revient, comme si elle n'était jamais partie, fidèle traîtresse décidée à la maintenir dans le passé. Persephone succombe encore une fois, raccroche ses ailes de fortune pour s'approcher à nouveau du soleil. Mais cette fois-ci, elle ne s'y brûlera pas les plumes. Elle retourne dans ses bras avec nonchalance, avec moins d'attentes cette fois-ci, car seuls ceux qui n'espèrent rien ne sont jamais déçus. Ils se voient moins souvent mais profitent à chaque fois et elle s'efforce de ne pas compter que sur lui, de se construire un univers à part, un univers qui survivra sans sa lumière si jamais elle devait s'éteindre.

 Des mois maintenant qu'elle s'imagine avec des serpents sur la tête, main dans la main avec ses sœurs, puissante et prête à faire une différence pour changer un monde bien trop injuste. Alors quand sa mission se révèle un échec, quand sa mentor résiste à ses supplications et les balaye d'un geste catégorique de la main, ses rêves sont réduits à néant, noyés dans les flammes du Phlégéton. Et c'est le fleuve de feu tout entier qui l'embrase alors qu'elle fait face à la déception, voyant une fois de plus quelqu'un d'autre atteindre ses rêves à sa place. Achilles est dragon et pas elle, Opale est gorgone et pas elle. Elle voudrait s'appuyer sur Hel mais il n'est pas là, une fois encore trop peu présent, pilier trop fragile pour soutenir son fardeau. Qu'à cela ne tienne, elle fera face seule ou trouvera de l'aide ailleurs. L'idée émerge bientôt, impulsée par un désir de puissance et de lien indestructible, celui qui unit un humain à son djinn. Elle trouvera son génie, sa bonne étoile, sa marraine la bonne fée, pour enfin voir tous ses souhaits se réaliser.

Après quelques mois de recherche, son appel est entendu et c'est Enfys qui y répond. La djinn millénaire n'a rien de la marraine de Cendrillon : elle est puissante, elle est impressionnante et au fond de ses prunelles se reflète la violence qui bat sourdement dans les côtes de l'humaine. Cette rage dont elle ne sait que faire, Enfys sait l'utiliser. Ensemble elles mettent au point un plan pour faire payer sa famille, un plan sournois, sans sang versé. Ce sont eux-mêmes qui vont se torturer, aidés par les illusions de la djinn qui leur susurrera à l'oreille des suggestions destinées à leur faire perdre pied. Doucement la famille suprémaciste devient réellement fanatique, paranoïaque, illuminée. Les conflits vont bon train et Persy les savoure, avec parfois une pointe de regret et de doute. Mais ce n'est rien, n'est-ce pas ? Ce n'est rien comparé à vingt ans de brimades et de désintérêt. Cette souffrance, elle ne l'inflige pas, ce sont eux qui l'ont méritée, eux qui se l'infligent à eux-mêmes. Parfois même, elle se dit que ça ne suffit pas, et se prend à envisager le pire avant de se raisonner. Elle n'est pas une meurtrière, et puis au fond d'elle brille encore cette lueur d'espoir trop ténue : elle peut encore les changer, gagner leur approbation, être enfin leur digne fille à leurs yeux.

Il a oublié son anniversaire. Ils avaient rendez-vous hier, c'était prévu depuis un mois. Hel lui avait promis d'être là parce que c'est bien trop important, parce qu'il est l'un des seuls à penser à le lui souhaiter chaque année. Ils devaient être ensemble hier, faire quelque chose de romantique. Hel n'a même pas daigné appeler ou même envoyer un texto. Rien que le silence et le vide, la solitude insupportable. Cette fois, c'est bon, c'est décidé, elle n'écoutera pas ses excuses. Elle le quitte sans préavis, sans lui laisser une chance de plus : il les a déjà épuisées. Elle s'était promis d'être forte mais la cire a fondu au soleil et ses ailes se sont détachées. Elle pensait ne plus rien attendre pour tomber de moins haut cette fois mais la chute fait tout aussi mal alors qu'elle sombre dans le chagrin. Elle l'aime autant qu'elle le déteste mais elle a compris la leçon : elle ne lui donnera plus la chance de la blesser encore une fois. Alors elle coupe les ponts, Percy, arrache les pages de leur histoire pour éviter la tentation de les feuilleter encore une fois.

Elle a beau être humaine, c'est la première à venir hurler avec des pancartes pour soutenir leur cause. Persy est là, avec ses ami.e.s surnaturel.le.s et toute sa colère, dans la foule qui manifeste contre le recensement que veut imposer le gouvernement de Cordelia Kane. Elle est là aussi quand un djinn sème la panique dans les esprits, dans le sien aussi. Elle en ressort ébranlée, l'humaine, et ne parlera jamais de ce qu'elle a vu ce jour-là. Avec cette illusion, c'est le dernier verrou qui saute et qui libère toutes ses pulsions. C'est elle qui va voir Enfys pour lui dire qu'elle est prête, qu'elle veut les faire payer une bonne fois pour toutes, qu'elle ne recule pas cette fois, qu'elle a cédé à la violence.

C'est avec une fascination morbide qu'elle les regarde réduire eux-mêmes en poussière ce clan dont ils avaient tant rêvé. Une folie meurtrière dans leurs yeux, les traits crispés par la colère, ils font tomber leur héritage en s'attaquant les uns les autres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Rien que des cristaux et du sable, rien que des morceaux de calcaire, rien que des corps tuméfiés, rien que le silence pesant. Juste avant que son père ne meure, Persy se tient droite devant lui, le surplombant de sa hauteur, renversement tant attendu des rôles qu'ils ont toujours joué. L'éclat de peur dans ses prunelles la fait se sentir enfin vivante, enfin reconnue et puissante.

L'horreur de son acte criminel lui apparaît seulement le lendemain alors qu'elle s'éveille d'un rêve sombre qui se révèle être un souvenir. L'angoisse, la culpabilité, les remords se ferment en étau sur sa gorge et Persephone, terrifiée, veut se rendre, expier ses fautes, racheter son crime, car s'il n'y a pas de sang sur ses mains, elle a observé sans agir. C'est elle qui a demandé à sa djinn de les plonger dans cette folie, elle qui a suivi toute la scène, confortablement camouflée, elle qui a ensuite fait en sorte que sa maison soit un brasier pour faire du crime un accident et effacer toutes leurs traces. Elle n'a pas versé leur sang mais c'est elle qui les a tués. Si elle ne part pas en prison, c'est uniquement grâce à Enfys. Enfys qui la retient penchée au bord du vide, Enfys qui lui fait voir ce que sera l'avenir si elle cède aujourd'hui à cette pulsion stupide de se montrer honnête, Enfys qui lui rappelle qu'ils l'avaient mérité, qu'ils n'étaient pas des anges, qu'en agissant ainsi elle s'est fait Némésis, divinité vengeresse prononçant sa sentence. Œil pour œil, dent pour dent. Ils ont détruit sa vie, elle a détruit les leurs. Alors, elle joue le jeu devant les policiers, actrice d'un drame bien sombre où elle joue tour à tour le choc et la tristesse de les avoir perdus. Une part d'elle se réjouit de les mener ainsi en bateau, de recevoir tant d'attentions sans qu'ils ne sachent rien, son crime caché derrière ses larmes de crocodile.

Le jeu dure bien longtemps et l'enquête s'éternise mais Persy veut aller de l'avant alors elle se rapproche doucement des adeptes de l'Ordre de Caïn, affirmant aux côtés d'Enfys sa détermination à aider. Elle finit par y entrer, sous le regard méfiant de ces surnaturels qui n'apprécient pas trop la race humaine. Même le seul autre humain ne fait que peu cas d'elle, acceptée uniquement pour les talents d'Enfys. Percy se voit reléguée aux tâches des subalternes, exclue des vraies missions, à l'écart des secrets. Qu'à cela ne tienne, s'ils veulent des preuves de sa loyauté, elle fera les siennes en se montrant plus motivée que n'importe quel autre membre. Avec un prosélytisme acharné, mais néanmoins subtil, elle démarche chez les étudiants, accepte toutes les missions, prend les critiques au mot et s'améliore sans cesse. Comme toute sa vie durant, elle espère, elle attend ne serait-ce qu'un regard scintillant de fierté de la part de ce frère qui ne sait rien du lien secret qui les unit.

Elle finit par lui dire, partagée entre peur et sourde obstination. Elle veut qu'il la regarde, qu'il sache qui elle est, qu'il la considère mieux, qu'il la voie comme égale. Ses révélations comme une mélodie de lyre lui ouvrent la lourde porte vers l'estime du leader. Il boit toutes ses paroles et pose mille questions sur ce père en commun qui les a tant blessés, ce père ignoble dont elle les a tous deux vengés. Elle prend de l'importance, Percy, n'est plus seulement la nouvelle recrue inutile et humaine : maintenant elle est sa sœur, qu'il garde à ses côtés. Il se tourne vers elle de plus en plus pour des conseils, la met dans les confidences, lui attribue de nouveaux rôles, notamment cette mission d'espionnage au sein de sa propre organisation. Persephone jubile, pour la première fois de sa vie reconnue par un membre de sa famille.

C'est sa voisine qui lui en parle à chaque fois qu'elle la croise, depuis plusieurs semaines déjà. Elle lui tend régulièrement des flyers avec des messages d'espoir et de lumière : retrouvez la puissance en vous, pour une âme forte et libérée. Elle finit par céder, Perséphone, par se rendre à une réunion juste pour voir, juste par curiosité. Les discours font leur chemin, des histoires un peu loufoques sur la part surnaturelle en nous que la science a voulu annihiler. Ça lui paraît un peu fou, Persephone, mais il y a quelque chose de magnétique, de convaincant dans les mots qui sont assénés avec tant de sérieux qu'elle finit par douter. Elle y retourne, une fois, deux fois, dix fois, se fait quelques amis là-bas, change ses habitudes au profit de rituels destinés à la rapprocher de son âme surnaturelle. Elle n'en parle pas à Enfys, de peur de briser la confiance fragile qui s'est tissée entre elles deux. What she doesn't know can't hurt her.

D'abord, c'était juste un murmure. Ténu, discret, si subtil qu'elle croyait souvent l'avoir rêvé. Mais la rumeur au creux de ses tempes enfle au fil des jours et bientôt elle ne peut plus ignorer les voix qui résonnent dans sa tête par vagues. Elle croit la perdre, sa tête, et toute sa raison avec, tente de noyer les intrusions avec un surplus de musique et de la relaxation mais c'est peine perdue. Persuadée d'être hantée par leurs fantômes un an après son crime, elle met plusieurs semaines à réaliser qu'elle se trompe. Ce qu'elle prenait pour le karma n'est que l'appel qu'elle attendait : elles l'invitent à les rejoindre. Confuse et toujours enragée par cet échec cuisant lors de son premier essai, Persephone tente de les ignorer. Mais elle sait bien que la tentative est vaine : les voix ne la lâcheront pas, jusqu'à ce qu'elle devienne gorgone elle aussi. Ou bien qu'elle sombre dans la folie. Dans les deux scénarios, l'une d'entre elles paiera le prix. Alors Persy tient sa langue, ajoutant ce secret pesant à celui qu'elle dissimule déjà. Trop consciente qu'à la seconde où Enfys saura, elle l'éliminera. A moins qu'elle n'agisse avant la djinn.

Aujourd'hui est un jour de deuil pour la team UC, qui perd l'une de ses plus farouches défenseuses. MAIS aujourd'hui est un jour de joie, car Persephone Fitzgerald est parmi nous !
Et quel délice, quel délice qui valait l'attente ! Avec sa chrono (presque) aussi longue que celle d'Enfys, tu nous livres encore une fiche-pépite. Ce que j'admire tout particulièrement, c'est que Persy est composé.e de plein d'éléments hyper hétéroclites : sa non-binarité, sa relation avec Hel, son envie d'être reconnue, son implication de l'Ordre de K1, la mythologie (les réfs sont incroyables ), les gorgones, la secte, les forums, la danse ... enfin, voilà, elle est complexe. Et sous ta plume, tout ça semble cohérent, si bien qu'on arrive à la fin et on se dit "bah oui. bah oui en fait."  
Bah oui, Noémim's nous a encore fait un personnage extraordinaire, et je sais même pas pourquoi on s'attendait à autre chose, finalement.

Alors vas y, file nous éblouir avec une pelletée de nouveaux sujets à traiter (le burn-out associatif, je t'ai vue), file RP avec ce superbe personnage et répandre ta bave d'escargot nimbée de paillettes de talent.   Je te valide avec amour.  

ATTRIBUTION DE DÉS Vu le niveau de ton personnage, tu commences le jeu avec 1 dé à ta disposition  Pour en savoir plus, n'hésite pas à te rendre sur ce sujet. 

ET MAINTENANT? C'est très simple mon petit crocodile, maintenant tu peux aller t'ébrouer dans les vastes plaines du rp  Tu peux aller vérifier dans les BOTTINS pour savoir quels sont tes petits voisins, ouvrir ton CARNET DE BORD pour y mettre tous tes petits éléments persos comme liens, rps, playlist, chrono. Si tu ne l'as pas encore fait, tu peux nous rejoindre sur le DISCORD DU FORUM. Si tu as un peu de mal à démarrer, tu peux te lancer dans la RECHERCHE RP. Si tu as un partenaire mais pas d'idée de RP, viens t'amuser avec le SYSTEME DE DES qui te donnera un lieu + une situation de RP !  Découvre aussi le SYSTEME DE POINTS qui peut toujours être utile   Si tu as envie d'avatars ou gifs ou moodboards, tu peux regarder dans les BOUTIQUES ou PASSER COMMANDE. Au plaisir de te croiser sur NOTD