So I can feed the lie that I'm composed - Elisienna

So I can feed the lie that I'm composed

@Elisheva Eisenbach & @Sienna V. Iscariot

Why do you need love so badly?
Bet it's because of her daddy
Bet she was brutal and bratty
Bet that she'll never be happy

Les lumières rouges ont cessé de clignoter, depuis, les alarmes se sont éteintes quand les recherches se sont prolongées. Celles-ci sont toujours en cours pourtant, et le climat est tendu. Personne ne comprend comment deux prisonniers aussi bien sécurisés ont pu s’échapper de leur cellule sans que personne ne les remarque, alors qu’ils étaient affaiblis physiquement et leurs veines gorgés du sérum qui devaient les empêcher d’utiliser leurs pouvoirs. Personne ne comprend, ou bien personne n’a envie de comprendre. Parce qu’il n’y a pas tant que ça de réponses possibles à la question que tous se posent. Soit le sérum ne marche pas, soit quelqu’un les a trahi, et cette option est terrifiante.

Le QG de l’Himalaya n’est pourtant réservé qu’à l’élite, et Sienna en ressent la pointe de fierté à chaque fois qu’elle pose un pied là-bas. Elle y allait déjà plus jeune pour accompagner sa famille maternelle, mais ça ne fait que depuis quelques années qu’elle est assez haut gradée pour y avoir enfin sa place en tant que stratégiste du sixième Cercle. Sauf que les néons clignotants l’ont rattrapés, elle sait qu’elle n’a rien fait - qu’elle ne fera rien - mais qu’elle aurait pu avoir envie de le faire au fond. Et les chaînes de la culpabilité l’étranglent silencieusement, s’insinuent dans ses pensées pour lui souffler qu’elle n’a peut-être pas tant que ça sa place ici, même après l’avoir si durement acquise.

C’est peut-être pour cette raison qu’elle regarde une nouvelle fois les enregistrements des caméras, comme pour se prouver elle que ce n’est pas elle qui a fait ça. Ceux de l’heure exacte de l’évasion ont été effacé évidemment, alors elle regarde ceux d’avant, ceux d’après en espérant apercevoir un indice que tous les autres ont échoués à constater.

Quelque chose ne va pas, et elle déteste ne pas savoir quoi.

Il n’y qu’une chose, à force de revoir, qui lui paraisse étrange mais que son esprit refuse d’intégrer. Cette silhouette sèche qui se fond dans les ombres, là, dans le coin de cette caméra. Sienna connaît assez bien les habitudes d’Elisheva pour savoir qu’elle n’a rien à faire là en temps normal, qu’elle ne s’aventurerait jamais dans cet endroit. Et puis de toute façon avec cette image, impossible d’être certain que ce soit réellement elle. Alors pourquoi la combattante a cette sourde intuition au creux du ventre qu’il s’agit de la femme qui l’a regardé grandir ses dernières années, plus que sa propre mère ? Elle n’arrive pas à le croire. Ne veux pas le croire.

Pourtant, il faut qu’elle en ait le cœur net. Alors elle se dirige vers les laboratoires du bâtiment, là où elle sait que la scientifique se trouve sûrement. Comme prévu, elle ne met pas longtemps à la trouver ; et si la brune fait d’habitude attention à ne pas la déranger quand elle travaille, aujourd’hui elle n’a pas cette prévenance avec l’urgence au bout des lèvres. Ça ne s’entends néanmoins pas dans sa voix dénuée de toute émotion lorsqu’elle prend la parole.

-Hello, Elisheva. Could we go somewhere more private ? We need to talk.

Il n’y a pas besoin du ton pour que son interlocutrice comprenne vite la différence. Car elles sont pareil, ce sont deux taiseuses - et d’habitude, elles n’ont pas besoin de parler. Mais qui le saurait, à part elles ?

(c) DΛNDELION