A light in the darkest night [Isalec]

Les fêtes arrivent. Et Alec, il aime les fêtes, même si ça se voit pas sur son visage, il adore. Il kiff, comme dirait les jeunes de son âge. Parce qu'il retrouve ses frères et sœur, ses parents. Ils vont se retrouver dans le grand salon de la maison familiale, ça va parler dans tout les sens, il va se faire charrier, on va l'embêter, le bousculer et il va gentiment s'énerver et beaucoup bouder. Ca sera parfait, comme les autres réunions familiales. Il a fini de faire ses cadeaux très en avance, il a pensé à tout, il a tout prévu et il s'est, comme d'habitude, bien énervé sur les papiers cadeaux.

Qu'il a fini par bâcler. Son père aura donc son cadeau dans un sac plastiques et trop de scotch.

Une patience d'ange, ce garçon.

Il attend avec impatience de pouvoir quitter son petit deux pièces pour rentrer. Mais ce n'est pas encore pour tout de suite. Demain. Il a même eu sa journée pour aller voir tout le monde. Magnifique. On lui demandera un feu de joie et lui sera joie de faire du feu. Quel humour.

Mais pour l'instant, il tourne en rond. Il fait froid dehors, il a déjà fait son footing ce matin, il n'y a pas d'appel de la caserne. Il n'y a rien à faire. Il n'allait pas se poser devant un film quand même ? Ou pire ! S'asseoir pour lire. Impossible.

Il est gavé. Il devrait peut-être aller se balader ?

Mouais.

Il tire sur sa chemise en lin un peu lâche et réfléchi à se changer quand des petits coups retentissent contre sa porte. Son sourcil se hausse.

Qui ?

Il s'approche et, vu qu'il est imprudent, il ouvre la porte sans jeter un œil au judas. Ses sourcils se froncent.

-Isis ?

Il ne l'a pas vu depuis longtemps. Elle a disparu … Puis lui. Alors qu'est ce qu'elle fait là ? Elle est vraiment là ?

Son regard sombre dévie sur la main qu'elle lui présente. Alec ne réfléchi plus. Elle est là, elle a besoin d'aide, point barre.

Il avise le sang sur la paume blanche et referme la main sur son poignet pour la tirer à sa suite. Il n'est pas très doux mais il est efficace Il connaît son amie, il l'a connaît bien et il ne lui infligera pas l’hôpital, qu'importe la profondeur de la plaie qui l'entaille.

-Comment tu t'es fait ça ?

Il a une tête un peu boudeuse. Comme d'habitude. D'un geste, il l'a fait asseoir sur son canapé avant de disparaître dans sa salle de bain et revenir avec sa trousse de toilette.

-Garde les yeux autre chose.

Il attrape sa main avec douceur cette fois-ci. Doucement, il nettoie à l'eau le sang qui a légèrement coagulé.

-Ca va piquer...

Oui, bon, il a que de l'alcool à 90° ici...

Mais il applique tout de même le coton imbibé sur la plaie.

Il n'y a pas de question, il n'est pas du genre à s'en poser après tout. Les choses arrivent et repartent, point barre. Parfois ça le blesse... Souvent ça le blesse mais encore plus souvent, il fait le fier et glisse tout ses sentiments sous le Tapis du Dénis.

Ce tapis déborde mais il continu d'y glisser tout ce qui peut l'impacter. Un jour, le tapis ne pourra pas contenir un sentiment de plus et tout lui explosera à la gueule. Il le sait. Et il continu de fourrer, toujours plus. Encore et encore plus.

Alors il n'a pas fait attention à ce qu'il peut dire. Autant prendre le moment présent. La main d'Isis dans la sienne. Il la sent, lui est toujours chaud, son feu qui parcourt toujours ses veine, il est un radiateur réconfortant s'il arrive à vous offrir un câlin. C'est rare...

C'est pas assez viril.

Toute son attention est concentré sur la peau entaillé, cherchant ce qui doit être fait au mieux. Mais il entend parfaitement les réponses de son amie... Amie ?

Non, ce n'est toujours pas le moment.

-Vraiment ?

Il redresse un instant la tête et s'attarde sur le visage de la sorcière. Sa petite phrase le touche. Profondément. Il reste une demi seconde béa, choqué. Coincé.

Et il se reprend.

-Toi non plus...

Tu es toujours aussi jolie. Mais qui est elle maintenant ? Et lui, hormis le fait qu'il n'ai pas grandi, est ce qu'il a changé ? Est ce que la prison l'a changer ? Elle est peut-être la seule à pouvoir lui dire. Il faudra qu'il lui demande... Mais plus tard.

Il attrape les strips dans sa petite boite à pharmacie et revient sur la plaie pour se soustraire à ses propre questions. Et finalement, elle l'achève et son armure craque...

-Non... Tu as bien fait. Ma porte sera toujours ouverte pour toi, Isis.

Et puis...

-Ca me fait plaisir de te revoir...

Ca lui a écorché la langue.

-Tu m'as manqué.

Il secoue un petit peu le tapis. Mais c'est Isis... Il a confiance en elle... Etrangement. Malgré tout.

-Tu as disparu...

Les pieds dans le plat.

Hypocrite... Parce que lui veut savoir mais il ne se voit pas parler de son séjour carcéral. C'est une période sombre qui hante ses nuit et le réveille en sueur, hurlant de terreur ou de douleur. Il a toujours besoin de vérifier que ses pouvoirs, que son feu est toujours là quand il se reconnecte à la réalité.

C'est trop sombre. Il préfère l'entendre elle.

-Qu'est ce qu'il s'est passé, Isis ?

Il relève les yeux pour les poser sur elle, dans les siens, comme avant, avec confiance et un brin de douceur qui se cache dans les filaments rouges qui parcourent ses pupilles.

Toujours la douceur caché au fond... Derrière la dureté apparente et si facilement contournable.

Façade en mousse.

Il ne l'a jamais oublié. Il n'est jamais « passé à autre chose » parce qu'Isis était équilibrée et droite et elle lui faisait du bien. Il aurait aimé l'avoir avec lui quand il se tordait de douleur dans sa cellule. Juste pour avoir une présence, du soutient. Quelqu'un qui aurait pu lui caresser les cheveux pour calmer son angoisse.

Il l'a imaginé parfois, ça lui faisait du bien... Mais ce n'était jamais assez réel. Si ça avait pu être elle, il est persuadé que ça aurai été bien moins pénible.

Mais il a été seul dans cette épreuve, il n'y avait pas Isis. Il n'y avait personne.

Juste lui, sa douleur et sa terreur. Bordel, comment est ce qu'il a fait pour en sortir et reprendre le boulot quelques jours après ? Un jour, ça lui retombera dessus et ça sera incroyablement douloureux. Il le sait... mais il ne veut pas le réaliser, cachant ça sous un « ça n'arrive qu'aux autres », « Si j'y pense pas ça arrivera pas », « Je suis plus fot que ça ». Le retour de bâton sera terrible. Prions pour qu'il ne soit pas seul à ce moment-là.

Bien qu'actuellement, c'est une autre paire de manche. Le sujet, c'est Isis et Alec choisi de se consacrer qu'à ça, à comprendre, à la retrouver.

-Je me doute...

Pourtant, il veut savoir, il veut les explications.

Et il les a. Elles glissent comme des bris de verres à son oreille. Il se sen blanchir. Et lui qui s'était plain. Quel idiot.

Comment est ce qu'il aurait pu deviner... ? Non. Il aurait pu deviner. On ne disparaît pas comme ça, sans laissé de trace.

Quel piètre ami il fait.

Toujours accroupi face à Isis assise sur son canapé, son corps se met en mouvement. Il entend son prénom et il se redresse. Naturellement, ses bras glissent dans le dos de son amie, sa poitrine rencontre la sienne avec douceur.

Il a l'impression qu'il risque de la perdre à nouveau, de la casser. Il se relève et l'entraîne avec lui. Il a besoin de sentir son cœur battre contre sa poitrine, de la sentir chaude et vivante contre lui. Son visage vient se perdre dans les cheveux long d'Isis.

Il ne serre pas, elle peut se dégager. Il aurait du demander l'autorisation avant... Il n'y a pas pensé... Il lui demandera pardon après mais avant...

-Je suis désolé...

Désolé qu'elle ai enduré tout ça, désolé qu'il n'ait pas été là, désolé de l'avoir laissé.

-Je ne te laisserais plus, je te protégerais, Isis.

Elle a fêlé sa carapace, elle a créé une brèche dans son armure. Alec laisse passer un petit peu de tristesse sur son visage, dans son câlin désespéré.

-Tu n'aurais jamais du subir tout ça...

Il est atteint, il se sent coupable, il s'en veut.

Il n'aurait pas du la laisser.

-Il ne t’arrivera plus rien de fâcheux... Je te le promets.

Des promesses, encore des promesses mais Alec, c’est le type de gars droit qui aime tenir sa parole parce qu’il pense qu’il n’a pas beaucoup plus à offrir. Il se trompe mais ouvrir les yeux n’est pas sa principale qualité, loin de là. Alors il reste là, les bras autour de son amie, à lui prodiguer toute la douceur dont il est capable. Parce qu’au fond, il en est capable. Largement capable. Loin de l’image de l’homme qu’il aimerait qu’on ai de lui, sous sa carapace, ce cœur mou qu’Isis touche du doigt est tendre, plein de douceur pour son ami. Parce qu’il comprend, parce que dans un sens, il connait bien que leurs douleurs soient différentes, leurs histoires aussi… Pourtant, elles rentrent dans le même grand sac de la perte de soi, une partie en tout cas.

Elle finit par s’éloigner pour lui faire face, pour passer les doigts dans ses cheveux avec douceur. Il ne la repousse pas, il ne la repoussera jamais. C’est Isis après tout. Elle observe la pièce, comme si elle arrivait à nouveau à son niveau, comme s’il la rejoignait, encore. Et le pompier se tait, il écoute et il est touché par cette vague de tendresse et de douceur qu’il ressent pour son amie.

-Merci pour ta confiance…

Il aurait voulu avoir d’autres mots mais ça n’a jamais été son fort. Ah si seulement il savait se poser pour lire tranquillement. Ca enrichirait son vocabulaire. Mais bon, se poser pour être tranquille, c’est bien trop compliquer pour l’hyperactif qu’il est. Il restera donc avec son vocabulaire classique. Ses mots resteront sincères dans tous les cas.

Elle plonge dans son regard et il le soutient avec force et sincérité, attendant patiemment ses mots qui ne tardent pas à arriver.

-Tu es ici chez toi autant de temps que tu le souhaiteras, Isis…

Le pompier est un solitaire, mais malgré son caractère bourru, il reste étrangement sociale, ses mots, il les pense.

Elle se ravise et Alec secoue doucement la tête.

-Tu as ta place ici, Isis. Tu as le droit de rester et je serais là si tu as besoin, je peux aussi ne pas être là si tu souhaites être seule.

Sa main glisse doucement le long du bras de son amie avant de se refermer avec douceur sur ses doigts.

-Rien n’est juste dans ce que tu as vécu, mais ça n’empêche que c’est arrivé. Moi, j’ai pas l’impression que ça soit injuste de t’offrir un toit et un peu de sécurité.

Il a un petit sourire qu’il espère confiant.

-T’as des fringues ou tu veux que je t’en prête ? Ca sera pas mignon ou sexy, mais au moins, ça sera confort.

Un sourire un petit peu plus grand.

-Tu as le droit d’être là, tu as le droit d’avoir peur, tu as le droit de craquer, Isis… Parce qu’ici, il t’arrivera rien.

Il réitère mais il a l’impression que c’est important qu’elle l’entende. Ses doigts se resserrent sur les siens.

-Je serais là pour toi.

Il ne l’a laissera plus.

Il a trouvé sa main, il a offert sa chaleur. Ce n'est pas qu'une flamme de colère, Alec. Il peut, quand il le veut, quand il fait l'effort, être un feu de cheminé doux et réconfortant. Mais ils sont peu ceux qui ont accès à ça. Il les tri sur le volet, il y fait attention. Cette facette de lui n'est pas pour tout le monde. Sinon on se rendrait compte trop facilement qu'il est gentil.

Il serait pas un « vrai » homme. Il a un cœur tendre. Ca ne va pas un cœur tendre. C'est trop doux. Il se ferait marché sur les pieds, on saurait qu'il est gay. Ca serait le pire ! Même Isis ne peut pas savoir ça. Personne. Est ce qu'il a bien planqué ses magazines honteux ? S'il héberge son amie... Il ne faut pas qu'elle tombe dessus.

Mais elle est plus importante que toutes ses pensées actuelle.

-Tu dis des conneries, Isis. Tu es mignonne.

Sexy, il ne saurait pas dire, le corps féminin, vraiment, ça ne lui créé aucune sensation, il ne sait pas juger ça. Mais mignonne, assurément.

Il lui sourit et s'apprête à aller dans sa chambre pour lui attraper un t-shirt quand il l'entend à nouveau. Son cœur se serre. Impossible de la laisser comme ça. Alec revient vers elle, ses mains glissent sur les bras fins de son ami et dans son dos. A nouveau, il la prend dans ses bras et la serre doucement contre sa poitrine.

-Tu ne seras plus seule, je te le promets. Reste autant de temps que tu le veux. Je suis là.

Il lui sourit légèrement en se détachant pour retourner dans sa chambre attraper le t-shirt trop grand et un jogging. Elle sera bien comme ça. Il en profite aussi pour lancer de l'eau chaude. Un thé pourrait lui faire plaisir.

Il revient ensuite vers elle et lui tend les vêtements avec douceur.

L'eau boue et il retourne en cuisine. C'est à ce moment là qu'il l'entend. Il se retourne dans sa kitchenette pour suivre son regard.

-Toujours... Ca …

Il va vraiment dire ça ?

-Ca m'apaise.

Fillette qui a besoin de calmer ses nerfs. Et pourquoi pas se mettre au yoga pendant qu'il y est ?

Et pourtant. Vraiment, ça lui fait du bien. Sa musique est douce, son archer glisse sans accroc et lui se perd dans un autre monde. Dans la douceur. Un endroit où ses pensées, son hyperactivité, les apparences, où tout disparaît.

Oh oui... Ca le soulage. Il se perd, son visage se détend, la colère fond. Il n'y a plus que lui et son petit cœur tout mou, sans carapace.

-Tu … Veux que je joue … ?

Il n'a pas eu de public depuis très très longtemps...

Il a l'impression de s'étouffer en l'entendant. Quelqu'un de bien ? Non. C'est pas quelqu'un de bien, de gentil ou de doux. Il ne veut pas être tout ça. C'est pas …

Si, c'est absolument ce qu'il est mais ce n'est pas ce qu'il veut être, pas devant les autres. Il veut être l'aura protectrice, il veut être celui qui sauve les prince...sses en détresse. Il veut être la virilité, pas le copain gentil.

Mais encore une fois, c'est raté.

Mais en même temps, c'est Isis... Est ce qu'il ne peut pas tout lui dire, à elle ? C'est sa meilleure amie après tout... Mais comment elle le verrait s'il lui avoue son petit secret de placard ? Est ce qu'elle viendra quand même le voir quand elle a des soucis ?

Est ce qu'il restera Alec  à ses yeux ?

Il ne veut pas être le meilleur ami gay chez qui ont vient chercher des conseils vestimentaires. Il veut pas être le gars chez qui on vient se planquer parce que le petit-ami veut pas regarder la dernière saison de Drag Race et ue « Bah, parce que t'es gay, tu dois kiffer ça, toi, les Drag ».

Et bah non, lui, ce qui le fait vibrer, c'est les concours culinaires. C'est moins gay... Voila.

Bref, il ne veut pas devenir ce copain là pour Isis...

Il veut rester lui. Il a bien trop peur de lui en parler finalement.

Peut-être un jour.

Pourtant il frémit quand sa meilleure amie lui dit qu'il est quelqu'un de bien. C'est faux. C'est absolument faux.

« Je te mens, Isis. Je ne suis pas quelqu'un de bien. »

Il ne trouve rien à répondre, le pompier. Rien du tout.

Mais il est ravi quand elle change de fringues, met les siennes et lui propose une porte de sortie.

Une porte de sortie qui l'exposera... Mais une exposition qu'Isis connaît déjà. Il faut juste qu'il arrive à se débarrasser de sa gêne, à déposer son armure.

-D'accord... Ca me plairait de jouer pour toi.

Il croit.

Mais ça l'apaise... Et elle aimerait... Et au final, elle lui demande avec une telle douceur que ca lui est parfaitement impossible de refuser.

-Pour le bon vieux temps alors...

Timidement, il lui sourit. Il ne ressent que rarement sa colère quand Isis est là, même l'hyperactivité semble se calmer. Elle est une bénédiction.

-Installe-toi.

Il regarde son appart comme s'il risquait d'être découvert avant de filer dans sa chambre et de revenir avec son étuis qu'il ouvre sur la table basse.

Son instrument, son violon, c'est peut-être l'objet matériel qu'il a de plus précieux, c'est ce qu'il sauve en cas d'incendie. Il en prend soin, il le fait réviser. Il le suit depuis tant d'année, ce violon...

Presque cérémonieusement, il le sort et le cale entre son menton et son épaule. Ses yeux se ferme. A l'instant, il joue pour Isis... Mais il n'y a que lui...

Son archet glisse sur les cordes, les premières notes s'élèvent et tout disparaît autour de lui. Rien d'autre n'existe que le son qui canalise toute son énergie.

Alors il se lance.

En réflexe, parce que c'est toujours la première mélodie qu'il lance, il se mit à jouer pour s’exercer, l'hymne de leur amitié.

Il y met tout son cœur, toute son âme...

Et tout son amour pour Isis.

Parce que c'est ce qu'il ressent pour son amie, de l'amour.

Pas pour des relation, pas pour être en couple...

Mais l'amour propre à ces amis pour qui on ferait tout.

Oh oui, il l'aime.