Crème glacée, crêpe flambée ~ PV Caliban

Un footing. Juste ça. Parce qu'il voulait dormir ce soir. Parce qu'il avait besoin de s'épuiser pour ne pas avoir à fixer son plafond jusqu'à pas d'heure. Il déteste ces nuits-là, elles sont longues et vraiment pas productives.

Pas que ce soit un liseur, un dessineux, un artiste ou un intellectuel. Naan, c'est un sportif borné qui ne sait pas vraiment quoi faire de son temps libre. Et qui fait aussi en sorte de ne pas en avoir, du temps libre. Donc courir, faire du sport, s'épuiser, c'est bien, c'est pratique, c'est intelligent, c'est bon.

Et puis, il aime bien courir. Il se permet de passer un œil au travers du trou de serrure de son placard pour regarder dehors, pour s'attarder sur les courbes masculines. Sur les torses souvent sans t-shirt, sur les visages légèrement essoufflés.

Putain, oui, c'est ça. Alec se permet d'être ce qu'il est quand il court, d'être un petit peu plus gay. D'être un peu plus lui. Triste vie.

Donc là, il est content. C'est rare. Bon, on va pas pousser mémé dans les orgies en disant qu'il sourit, ça serait trop fort, mais quand même, il ne fait juste pas la gueule et c'est un point important, très important.

Un jour, il sourira et il sera beau, son entourage en est persuadé mais peu ont eu la chance de voir ça. Boudeur. Grincheux.

Il est chiant le gosse.

Il quitte le parc pour rejoindre la rue, remonter le centre et passer par les petites rue parallèle parce que c'est plus agréable. Il s'arrêtera pour s'acheter un bubble thé tien. Ca lui plairait ça. Il aime les trucs ultra sucrés.

Et éclater les bulles de sirop. Ca l'amuse.

Mais d'un coup, finalement, les bubulles disparaissent de son esprit, le thé est effacé.

Parce qu'il le voit lui, parce que la colère boue dans ses veines. Parce que ce sale rat est là, ce meurtrier, l'enfoiré qui l'a privé de son mentor.

Lui et son regard clair et perçant, impossible de le rater !

Alec ne cherche jamais à se restreindre, à retenir ses émotions brutes et furieuses, il ne laisse jamais son Feu s'étouffer dans sa poitrine.

Alors il accélère. Parce qu'il lui collera une dérouillée lui-même. Il accélère pour se taper un sprint finalement. Il est entraîné, il tient la distance.

Et il le rattrape. Il est pas doux, Alec. Il attrape l'homme par le col et le tire avec force dans la ruelle la plus proche, il écume de rage.

Il plaque son interlocuteur contre le mur, l'épingle comme un insecte, son bras vient s'appuyer en travers de ses clavicules.

Il est pas grand, le gamin, mais il est plein de rage. Il siffle entre ses dents.

-Caliban.

Il plante son regard noisette dans les flocons glacés de son interlocuteur.

-Tu montre vraiment ta sale gueule de traitre en public ? T'as pas peur, enfoiré.

Un mot de travers et il lui fait avaler ses dents. Il se le promet. Il s'enflamme vite, si vite.

@Caliban Mandrake

Âge : 37 ANS (03/10/1984) ❋ déjà aussi vieux qu'il est grand

that fire

caliban & alec

❋

Nothing’s changed, another days has gone full of lies, I only told what you want. You’ve hit the wall and I can tell 'cause you’re giving in to your to weakness : you’re so naive. I'll tell you all the things you wanna hear, you ramble on about how I’m that fire but if you knew, how far this is from real ... you walk away knowing I’m that fire!

Le pas est plus léger, et sans doute que mon cœur aussi. Sans doute que si j’étais un arbre, j’aurais des bourgeons sur la peau tout prêts à éclore en corolle.
Le printemps apporte avec lui cette douce odeur de renouveau, et je sais que tout ira bien. Je suis du bon côté, je combats pour les bonnes raisons, et tant que l’amour de Cael décorera mon annulaire, je n’aurai pas de raison de trembler. L’avoir retrouvé est un tel soulagement que je me demande quelque fois si je ne suis pas en train d’halluciner. Quelque part, au fin fond de l’Himalaya, j’ai cassé une partie de moi qui ne se réparera jamais. Entre deux interrogatoires et les stèles de carrelage trop blanc, j’ai tâché de gratter les joints de la pièce où je me trouvais. Sans me douter une seule seconde que le temps lui-même érodait ce qu’il me restait de mon ombre.
Mais ça va fonctionner, cette fois. On va faire les choses bien, du mieux que l’on pourra, et on trouvera un équilibre au milieu des chemins brisés. On va faire les choses bien, je ne m’arrêterai que lorsque Kane sera tombée et que, par-dessus ses cendres tièdes s’élèvera une justice nouvelle qui ne demandera qu’à briller.

En attendant, les oiseaux chantent dans les ramures du Nymph Garden. Caelan trouvait ça dangereux, de s’aventurer en public. Il faut croire que j’aime le danger ; la simple idée de demeurer loin de cet endroit plus longtemps après m’être fait libérer me donnait envie de hurler. J’ai besoin de savoir que la Nature a continué et que les bénévoles aussi, de voir que les citronniers ont poussé et qu’ils donneront bientôt du fruit.
Alors, non, peut-être que ce n’est pas prudent. Peut-être que quelque chose va m’arriver, et …

Je n’ai pas le temps de finir le fil de ma pensée qu’un coup violent me tire en arrière et que mes omoplates se heurtent à la rouge rudesse des briques. Pris en étau entre elles et le bras de mon adversaire, j’ai le souffle coupé une demi fraction de seconde.
Puis, la surprise de l’instant passée, je baisse les yeux pour détailler qui est mon interlocuteur. La flamme au poing, la haine à la gueule, la rage imprimée dans les cils.
« Alec. » je crépite entre mes gencives.
Le nymphe de feu caractériel qui était collègue de Caelan. Je me rappelle de lui. Imprévisible et embrasé, il avait des faux airs de Casey -en un peu plus jeune toutefois. Et puis, il avait complètement disparu de la circulation au moment où le besoin se faisait plus grand. La rancœur avait grandi face aux brûlures de Caelan qui avaient failli nous coûter trop cher.
Voilà qu’il réapparaissait, sans crier gare, vraisemblablement en colère pour une raison incompréhensible ? Non.

Un geste de main et la bourrasque vient le cueillir dans les côtes pour l’envoyer hors de portée, à un bon trois mètres du sol. Par en-dessous, je plisse les yeux pour mieux pouvoir le dévisager. Qu’est-ce-que c’est que cette histoire de traîtrise ?
« Si j’avais peur de quelqu’un, Spring, ce serait clairement pas de toi. » je crache face à l’injure. « C’est quoi, ton problème ? »

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Il est plein de haine, il est plein de rage. Qu'importe s'ils sont censés être dans le même camp. Et il croyait franchement faire le poids avec son accès de rage qui a prit par surprise son aîné. Incroyable optimiste... Parfois. Non en fait, c'est juste un abruti qui réfléchi en retard. Ou qui ne réfléchi pas. Mais pendant une demi seconde, il est fier. Incroyablement fier d'avoir réussir l'exploit de plaquer contre un mur le guide des nymphes des alizées. Incroyablement loin de l'idée que prendre quelqu'un par surprise pourrait quand même être la base de sa réussite.

Son prénom sur les lèvres de son interlocuteur lui fait froncer le nez, les sourcils aussi, la voix de Caliban nourri le brasier de colère qui prend racine dans la poitrine du gamin. Mais les choses vont bien trop vite pour qu'il comprenne la suite.

Son souffle se perd dans une exclamation coincée entre la surprise et la douleur quand un poing invisible s'écrase dans ses côtes pour lui faire quitter terre. Il n'aime pas ça.

Evidemment qu'il n'aime pas ça, il n'a plus la main sur la situation, ça s'est totalement retourné et il se l'est pris en pleine gueule. La haut, à trois mètres du sol alors que le regard perçant du nymphe qui le scrute d'en bas.

Alec se s'en jugé, il a l'impression que Caliban le regarde de haut... Malgré leur position respective, étrange sentiment qui continu de le foutre en rogne, encore, encore, encore.

La hargne marque son jeune visage, écrase ses traits encore très doux, pas vraiment marqué par le temps. On voit tout sur sa gueule, il ne sait pas cacher, il n'a pas apprit non plus. Bel incapable.

Et Caliban continu sur sa lancé, et Alec sent les mots lui brûler la gorge.

-Tu te fous de la gueule du monde ! C'est quoi mon problème ?

Il gesticule, le feu vient jouer sur le bout de ses doigts, rougit sa main, les filaments flammes viennent danser dans son regard.

-Lâche-moi ! Fais-moi descendre, enfoiré !

Laisse le t'affronter à la loyal !

-Je vais le venger, je vais te faire cramer ta belle gueule !

Son feu grossi, s'alimente de la chaleur, s'alimente de sa rage.

Et part.

Comme un boulet de canon.

Il va le roussir, voilà. Point barre.

-Je vais le venger, t'avais pas à le tuer putain !

Il gigote, il se secoue pour pouvoir retrouver le sol, la terre ferme. Il n'est pas à son aise la-haut, ça ne lui plaît définitivement pas. Encore moins que soit un nymphe aussi puissant qui le tienne comme ça. Est ce qu'il va le tuer lui aussi ? Comme son mentor ? Comment est ce qu'il s'y est prit, le Feu est si puissant ! Alors comment ? Ca n'a aucun sens !

Et le pompier... Et bien il se dit qu'il est bien trop jeune pour mourir... Encore plus pour mourir assassiné. Il a décidé il y a longtemps ! S'il meurt, ça sera en héro ! Il aura sa photo dans la caserne et on l'acclamera les larmes aux yeux ! Voila ! C'est ça qu'il veut comme mort.

Pas défoncé dans une allée comme un connard anonyme.

Faut que cette boule de feu touche. C'est tout.

@Caliban Mandrake

Âge : 37 ANS (03/10/1984) ❋ déjà aussi vieux qu'il est grand

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Nothing’s changed, another days has gone full of lies, I only told what you want. You’ve hit the wall and I can tell 'cause you’re giving in to your to weakness : you’re so naive. I'll tell you all the things you wanna hear, you ramble on about how I’m that fire but if you knew, how far this is from real ... you walk away knowing I’m that fire!

Ce n’est pas un hasard si la colère est sans cesse comparée à un brasier. Elle a quelque chose de dévorant, de ronflant, qui ne laisse rien sur son passage que les braises fumantes du bon droit et la certitude d’avoir raison. Même retombée, même éteinte, il y a des séquelles derrière elle, des paysages noircis de cendres et on n’en ressort jamais réellement indemme.
Et puis, je n’ai jamais connu de nymphe de feu qui ne soit pas prompt à la colère.
Alec est là-haut, gesticulant et vociférant comme un beau diable, et je ne sais pas si je dois le regarder avec cynisme ou avec pitié. Sa colère monte et gonfle comme la boule de feu à ses côtés ; il s’est pris pour une plante de Mario Bros, oubliant que ces attaques étaient les plus simples à déjouer. Vraisemblablement, il veut se faire mon juge, mon avocat et mon bourreau pour des crimes que je ne comprends pas. Je plisse un peu les yeux, comme si le simple fait de rapprocher mes paupières pouvait m’offrir des clés de compréhension face à ses critiques jusqu’à lors floues.
T’avais pas à le tuer, putain.
Rapidement, mon cerveau passe en revue les différents le qui pourraient être désignés par cette phrase. Mon père ? Non, ça n’aurait aucun sens, Alec ne le connaît ni d’Eve ni d’Adam ? Et puis, je ne l’ai pas réellement tué. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’une des victimes dont j’ai dû achever les jours durant la guerre ? Également impromptu, il n’y aurait aucune raison de me confronter si tardivement. Alors qui …
Casey.
La réalisation me broie les côtes tandis que la boule de feu n’est plus qu’à quelques centimètres ; ma réaction est instinctive. Des deux mains je convoque les vents pour qu’ils dispersent les flammèches, lâchant dans le même temps Alec qui retombe lourdement au sol.

Avec les précautions qui s’imposent, je m’approche de son corps à terre en priant les quatre éléments pour qu’il n’ait pas trop d’os cassés. Ma voix est un grondement sauvage qui monte des côtes, quelque chose de puissant que je ne suis pas certain de maîtriser moi-même. Après tout, j’ai le feu aussi et la colère rampe dans mon crâne.
« Écoute moi, Alec. » Le ton est plus grave et plus rude que j’aurais aimé qu’il le soit. « Je crois qu’on sait tous les deux que, qui que tu veuilles venger, tu fais pas le poids face à moi. »
De fait, je crois que la démonstration que nous venons de chorégraphier est suffisamment parlante d’elle-même pour se passer d’autres arguments.
« Alors, si tu as des reproches à me faire, et crois-moi que j’en ai aussi, on s’assied calmement et on en parle. Si tu tiens absolument à me confronter, tu risques juste de te blesser, et je pense que tu le sais. » J’aimerais que ça ait l’air moins condescendant de ma part, mais ça n’en demeure pas moins la vérité. Je lui tends une main sincère pour l’aider à se relever. « C’est toi qui choisis. »

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Il serre les dents en fixant son projectile qui file droit vers celui qui l’a transformé en simple ballon qui se balade au gré des courants aériens. Bon, un ballon lourd, sûrement… Mais un ballon quand même.
Alec, de son perchoir, se prend à rêver de voir les cheveux cramer, sentir l’odeur du feu qui grignote la peau. Il hurle vengeance et bordel, il veut faire mal. Là, d’un coup, il a oublié son séjour à Blackwater, il a oublié Alicia et sa seringue, il a oublié la douleur. Il a perdu quelqu’un à qui il tenait, qui lui permettait de réfléchir correctement, qui lui permettait juste de réfléchir en fait. D’être autre chose que ce feu follet qu’on ne tient pas, qui éclate et brûle, toujours plus fort, toujours plus chaudement.

Putain qu’il est con.

Et ça ne l’aide pas d’imaginer sa petit allumette cramer une nymphe guide. Qu’il est faible face à Caliban. Et au fond… Qu’est-ce qu’il le sait …

Mais un exemple, c’est toujours mieux pour les têtes brûlées comme lui. Ca aide, ça remet les idées en place.

D’autant plus quand Caliban, les pieds bien ancrés au sol, finit par repousser l’attaque de l’incendiaire. C’était si facile, comme chasser une mouche, qu’il en oublie son fardeau accroché dans les airs.

Alec n’a pas un son. Il dira plus tard que c’était parce qu’il n’avait pas eu peur, parce qu’il est fort comme un rock et plus fier que n’importe quel paon. C’est surtout que l’angoisse lui coupe la gorge de sa grosse boule qui lui bloque le souffle alors que la gravité le ramène brusquement sur terre.

Son corps s’écrase sans douceur sur le pavé. Son poignet à un « crac » très désagréable et lui, Alec à un « Humf » des plus élégants.

Mais tout ça, ce n’est rien face à l’orage qui gronde au-dessus de lui.

La nymphe a l’impression de se faire gronder par son père. Les mots le pique et le voilà qui grogne. Il sait qu’il n’est pas assez puissant et ça le fait tellement chier ! Caliban continu et Alec se redresse difficilement, un peu bancal, s’asseyant à même le bitume. Il entend, il écoute même, mais c’est plus fort que lui.

La main se tend devant son visage et il le repousse vivement de son poignet valide, gardant l’autre contre sa poitrine.

« Calmement » ? Ca ne fait pas parti de son vocabulaire.

Alors il grogne plutôt que de bouder parce qu’il n’est pas assez fort :

-Pourquoi tu l’as buté ? Qu’est-ce que ça t’apportais, hein ?

Il se redresse, histoire de paraitre un petit peu plus impressionnant malgré son mini mètre soixante-sept.

-Tu nous as trahis en nous privant de lui. Tu m’as privé de lui.

Putain, il avait besoin de lui, de cette figure presque paternelle qui retenait ses élans, ses éclats. Quelqu’un qui pouvait vraiment le contenir.

Quelqu’un d’agréable qui savait lui parler

-Pourquoi t’as fait ça, putain.

Il ne voulait pas. Il ne voulait vraiment pas mais sa voix craque.

Il ne l’a pas encore pleuré.

Et ça ne doit pas arriver devant quelqu’un d’autre.

Encore moins son assassin.

Mer 6 Sep 2023 - 16:44

that fire

caliban & alec

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Nothing’s changed, another days has gone full of lies, I only told what you want. You’ve hit the wall and I can tell 'cause you’re giving in to your to weakness : you’re so naive. I'll tell you all the things you wanna hear, you ramble on about how I’m that fire but if you knew, how far this is from real ... you walk away knowing I’m that fire!

La vue du poignet d’Alec me tire une grimace. Autant pour éviter la confrontation ; mon intention n’était en aucun cas de le blesser. Comme souvent, hélas, mon intention ne suffit pas et, en sentant qu’il repoussa ma main, un sourire triste ourle mes traits. A vrai dire, j’aurais fait la même chose si quelqu’un venait de m’occasionner une chute d eplusieurs mètres de hauteur. Aussi, je recule d’un pas et le fixe d’un air troublé.

S’il savait, bon sang. S’il savait l’impact que ses paroles ont sur moi, peut-être qu’il irait un peu moins fort. Ou peut-être pas, à vrai dire car, malgré les longs mois depuis, je n’ai pas purgé pénitence. Mais comment exprimer ce qui défile dans mon esprit à la mention de mon ami. La première fois que j’ai vu Casey, vraiment vu Casey, j’ai tenté de le tuer. Les propos qu’il a tenus, en ce jour de deuil, resteront à jamais gravés au fer rouge sur mon existence. Si je n’ai jamais eu de père, il était ce qui s’en rapproche le plus.
Et il est mort. Il est mort chaque soir, en m’endormant dans ma cellule, je pouvais repasser en boucle dans mes neurones déconnectés la silhouette fauchée par les flammes que j’ai vu des mes yeux ce jour-là. Tous les scénarios se sont élaborés les uns après les autres, ponctués de terribles et si auxquels je n’ai pas les réponses. Et si Castiel n’avait pas été là. Et si Cadmus n’avait pas été là. Et si la diffusion du Pacte de l’Ombre s’était déroulée autrement. Et si Cordelia Kane n’avait pas tenté de nous tuer. Et si la rage ne m’avait pas pris à la gorge, si je n’avais pas voulu sa mort là-haut, bien perché sur ce toît.
Et si je n’avais pas été là, qu’est-ce qui se serait passé ?
La litanie de mes regrets, maintenant, je la connais par cœur. Imprimée à l’encre sous ma peau, je tâcherai de ne l’oublier jamais tandis que, en voyant le feu consumer tout ce que j’abhorre, je sentirai la main pesante de Casey là sur mon épaule.

Aujourd’hui, ce n’est pas Casey, face à moi. Ce n’est qu’un gamin qui ne comprend rien et pourtant formule à voix haute les reproches que je me fais déjà. J’aimerais soupirer et m’en moquer, prendre mon envol et le laisser à ses fausses convictions. Mais il est nymphe, et je suis guide. Même si sa boussole est fêlée, il me faut toujours l’orienter.
« Tu dis ça comme si j’avais, de mes mains, mis fin aux jours de ton guide. » Et même si, dans mes sots délires, j’en avais parfois l’impression, j’ai dû me rendre à l’évidence ; ce n’est pas ce qui s’est passé. « Je connaissais déjà les Cearbhall que tu ne savais pas encore lire, Alec, alors ne fais pas comme si tu avais le deuil le plus lourd à porter. »
Pas la meilleure entrée en matière, je le reconnais. Quelque chose me dit cependant que la diplomatie ne fonctionnerait pas avec ce garçon.
« Il y avait Cordelia Kane, sur ce toit, Alec. Au cas où tu aurais oublié. C’est elle que j’ai tenté de tuer -sans grand succès, d’ailleurs. Et crois-moi que je regrette. J’aurais encore plus regretté, j’imagine, si leur putain d’hélicoptère m’avait foutu le grappin dessus. Mais c’est pas arrivé. Tu sais pourquoi ? »
Je lui jette un regard de défi, de ceux qu’on lance face aux questions qui n’attendent pas vraiment de réponse.
« Parce que Casey était là. »

Ma voix s’étrangle à la pensée de ce corps roussi que l’on enterrera jamais, aux funérailles que je n’ai pas eues et qui maintenant sont trop passées. Je songe à la grande silhouette de mon mentor qui tombe à genoux sur ce toit et au hurlement de détresse de Ciaran et moi qui partons, fauchés par les vents de Caelan pour aller se mettre à l’abri.
« Casey m’a sauvé la vie, ce jour-là. Je suis devenu un fugitif. J’ai passé six mois enfermé chez les Chasseurs, à attendre de pouvoir sortir et poursuivre ce qu’il a commencé. Je suis là, devant toi, parce qu’il l’a voulu. Parce qu’il a estimé que mon chemin et celui que je vais tracer valaient trop pour être sacrifiés, valaient plus que sa vie elle-même. »
Je finis par baisser la tête pour ne pas que mes larmes se voient ; mes poings sont serrés sur ces souvenirs que je m’interdis de laisser échapper.
« Ce serait un peu con que t’ailles contre sa volonté en me tuant, tu crois pas ? »

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Dim 29 Oct 2023 - 14:03

Il a mal. Il a sacrément mal même. Mais il a la fierté plus grande que la douleur. Et il ne présentera pas cette tête à celui qui a tué son mentor. Il ne lui donnera pas ce plaisir, jamais ! Mais bordel, qu'il douille ! Le poignet ramassé contre sa poitrine, le cœur au bord des lèvres et les larmes prêtes à couler. Il a mal partout.

Mais il est là, debout face à lui. Prêt à continuer à se battre s'il le faut. Et merde, il le faut, parce qu'il ne connaît que ça, il ne sait pas gérer sa frustration, sa tristesse et sa colère autrement. Il doit se faire mal et faire mal en retour pour oublier, c'est tout.

Il ne connaît pas le deuil, il ne sait pas vers qui se tourner. Iris ? Elle a déjà assez de problème avec sa propre vie. Ses collègues ? Non, il a une image à tenir.

Putain qu'il est seul face à ça... Si seul.

Mais lui, Caliban, il n'aura pas le droit à ses états d'âme. Non. C'est pas possible. Qu'est ce que ça peut lui foutre en plus ?

-Tu y as mit fin, te fous pas de ma gueule.

C'est ce qu'il a crut comprendre, Caliban a tué Casey. Voila. C'est en fait tout ce qu'il a voulu écouter, tout ce qu'il a retenu.

Mais là... Il a une autre version et il est obligé de l'écouter. Et les mots le heurte. Il fronce les sourcils quand on parle de son jeune âge, ça le touche et il détourne les yeux avec un grognement. Mais il écoute. Quoi qu'il puisse en dire, il écoute.

Parce qu'il a besoin de savoir.

Alors il écoute, les mots s'enfoncent dans son coeur, douloureux. La question s'enfonce dans sa poitrine, violemment.

Et il n'y répond pas. Evidemment qu'il n'y répond pas. Il a la réponse qui arrive toute prête et il recule d'un pas, il se sent comme acculé. La tête lui tourne.

Mais si c'est pas Caliban... ? Alors qui ? Vers qui est ce qu'il va pouvoir déverser sa colère ?

Il entend distinctement la voix qui craque, les sanglots qui l'étouffent.

Non. Non non non. Il ne sait pas gérer ça.

Il a vu les larmes scintiller sur les joues de son interlocuteur avant qu'il ne baisse la tête. Il est sincère. Il utilise des mots qui touchent, qui frappent.

Des mots qu'Alec n'aurait préféré jamais avoir entendu.

Il se mord la lèvre inférieure et reste droit, aussi droit que possible. Mais ses yeux brillent et brûlent. Il coule et les larmes avec. C'est trop dur.

Et il continu de faire semblant, se tenant droit, aussi droit que possible. Mais il ne trompera personne.

Jamais.

Pas même lui cette fois.

-Pourquoi... Pourquoi il est mort ?

Les barrières s'effondrent.

-Pourquoi il est parti ?

Ce n'est qu'un gamin après tout.

-Il m'a laissé tout seul. J'avais besoin de lui.

Il a un reniflement disgracieux.

-Il m'a laissé... Tout seul...

Sa main mobile vient cacher ses yeux.

Il sanglote finalement.

-Merde...

Jeu 30 Nov 2023 - 13:51

that fire

caliban & alec

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Nothing’s changed, another days has gone full of lies, I only told what you want. You’ve hit the wall and I can tell 'cause you’re giving in to your to weakness : you’re so naive. I'll tell you all the things you wanna hear, you ramble on about how I’m that fire but if you knew, how far this is from real ... you walk away knowing I’m that fire!

Moi-même, je lutte avec le motif. Les raisons de Casey m’apparaissent abstraites. Si Caelan a déjà évoqué la malédiction plusieurs fois, je sais aussi que ça n’a pas de sens qu’elle ait fauché le guide ainsi. Il était le plus fort de nous, le plus capable et, dans ses yeux, des mers d’huile brûlaient sans arrêt pour embraser ce qui doit l’être.
Il me manque.
Chaque jour passé à me rappeler est un jour où mon cœur se serre ; il n’était pas mon frère, seulement mon ami. En cela, je me juge indigne de partager l’amertume des deux Cearbhall qui sont restés. Il n’avait pas besoin de l’être pour que mon monde sur lui repose, cependant. Sans lui, l’échine courbée dans la poussière, j’aurais juste fini par imploser sous l’ardeur de mon propre feu. Peu de personnes sur cette planète ont su comprendre ma colère : il était de ceux là.
Il aurait su, également, redresser le menton d’Alec avec cette fierté dans les yeux, cette force, ce ‘sois plus fort que ça’ qui aurait permis à son disciple de se relever sans s’ébranler. De la même manière qu’il m’avait redressé, moi, il aurait passé une main sous l’aisselle d’Alec, l’aurait remis debout ; droit, fier. En cela, il me manque aussi.

Car maintenant qu’il n’est plus là, c’est à moi de tenir ce rôle.

Avec une délicatesse infinie, mon bras s’enroule autour des épaules du jeune homme. Je reste sur mes gardes ; il pourrait tenter quelque chose. Mais je n’ai jamais su rester face à une jeune personne qui pleure sans tenter de sécher les larmes qui arrachaient son visage triste. Le front d’Alec s’en vient reposer contre ma clavicule et nous restons ainsi, silencieux comme deux ombres amères, immobiles dans la matinée.
Sa peine, sa colère sont les miennes ; pendant une brève éternité, je ne suis pas bien sûr de quoi dire. Nez levé vers le ciel, je songe à ce qu’il est possible d’accomplir quand on est aussi flou que moi.
« Alec. » finis-je par prononcer d’une voix douce.
Les vibrations de mon thorax se fraient un chemin à travers les sanglots du jeune nymphe et, bien que ma gorge soit nouée, c’est à moi d’être son guide, cette fois. Je pose mon menton sur le haut de son crâne avant de poursuivre.
« Casey était un être extraordinaire. Un mentor, un frère, un guide nymphe. Mais ce qui le distinguait vraiment de tous le commun des mortels, c’était ses convictions. Sa foi. » Un sourire lassé se dessine sur mes lèvres tremblantes de peine. « Casey croyait en ce qu’il faisait, il était convaincu que cela était juste. Il est mort pour ça ; pour que ses convictions survivent, pour que d’autres prennent le flambeau qu’il a posé là. »
Je sens bien que les larmes me montent, à moi aussi. Comment trouver les bonnes palabres pour parler de celui qui est mort ? Comment honorer sa mémoire sans éclipser qui il était ?
« J’ai beau être anéanti, Alec, je pense que Casey n’aurait pas pu rêver meilleure manière de partir que celle-ci. »
Quelque part, es-tu là, frère nymphe, à contempler tes enfants tristes dans la noirceur de ton absence ?

Je me redresse aussi un peu, pour regarder mon interlocuteur dans les yeux. Ses iris sont rougis, gonflés, et je sens qu’il a sans doute honte de s’afficher ainsi à moi.
« Mais nous ne sommes pas seuls, Alec. Ni toi, ni moi. Que ce soit nos éléments ou que ce soit la cause des nymphe, nous n’avançons pas en solitaire. Nous sommes des centaines, des milliers, à avoir pour mission maintenant de continuer à avancer. »

code by valhdia

Dim 28 Jan 2024 - 21:31

C'est trop dur. Ca fait trop mal ! Il ne s'est jamais brûlé, le Feu ne lui a jamais fait mal. Mais pourtant, maintenant, il connaît la brûlure. Il a l'impression que son cœur se réduit en cendres pour renaître le lendemain. C'est fatigant, c'est douloureux. C'est incendiaire.

Et ça ne se calmera jamais. Parce que son mentor ne reviendra pas. Il est parti. Point.

C'est fini.

Et c'est sûrement ça, le plus douloureux.

Le bras de Caliban l'entour et si, initialement, Alec souhaite le repousser, il n'en fait rien. Il se tend à claquer comme un élastique mais ne bouge pas. Il laisse son front tomber, rencontrer l'épaule du nymphe face à lui.

C'est chaud, rassurant... Humain et vivant...

Les valves s'ouvrent, les larmes coulent. Silencieuses et lourdes. Il ne laissera pas ses sanglots se faire entendre. Il ne sera pas ce gars là...

Le Deuil noie tout.

Le cocon se referment quand Caliban pose le menton sur le haut de son crâne. Et ce sont finalement, enfin, ses mots qui font comprendre à Alec ce qu'il se passe, ce que son aîné ressent. Il a été égoïste, le mini pompier, ça lui arrive parfois, quand il ne sait pas géré. Et maintenant, il s'en rend compte.

Il n'est pas seul avec sa souffrance. Il n'est peut-être pas grand chose face à l'ami de longue date qu'était Caliban pour son mentor

Il l'écoute attentivement, sentant la peine se déverser en grandes eaux en lui. Il entend les larmes qui ne coulent pas dans la voix de son aîné. Il entend les trémolos et lui, Alec, choisi finalement de pleurer pour deux bonds. D'avoir les sanglots, les larmes et les tremblements. De pouvoir enfin n'être qu'un gamin anéanti par la mort celui qu'il voyait comme un guide, un grand frère.

L'acceptation douloureuse qu'il ne le reverra plus jamais.

Ses bras, maladroitement, viennent se poser dans le dos de Caliban. Ton poignet mobile permet à tes doigts de s'accrocher à son haut. Peut-être qu'il a aussi besoin d'un câlin ? Parce que, lui, ça lui fait du bien. Il sent quelque chose se libérer.

Aussi, il ne résiste pas quand son aîné se détache un peu pour le regarder. Le mini pompier détourne les yeux, honteux d'avoir autant pleuré, de ne pas avoir essuyer ses joues avant que Caliban ne le regarde. Mais il continu encore de l'écouter.

Et à nouveau, ses mots l'ébranlent.

Ce sont les mots justes, ceux qu'il avait besoin d'entendre.

Bien malgré lui, son regard revient scruter le bleu glacier.

-Pourquoi est ce que je me sens aussi seul, sans lui.. Si on est des milliers ...C'est lui qui me manque, les autres... Ce sont des électrons libres. On ne peut pas le remplacer lui...

Il déglutit.

-Je ne sais pas ce que je dois faire maintenant... Comment est ce que je peux étouffer la douleur ?

Il a chaud, son corps a absorbé le Feu qu'il a fait brûler un petit peu plus tôt, quelques hoquets secouent encore son corps.

A nouveau, il baisse les yeux, honteux.

-Je voulais pas être égoïste... Dé...

Oula, c'est dur, ça.

-Désolé...

Ses dents se serrent.

-De t'avoir attaqué.

Âge : 37 ANS (03/10/1984) ❋ déjà aussi vieux qu'il est grand

that fire

caliban & alec

❋

Nothing’s changed, another days has gone full of lies, I only told what you want. You’ve hit the wall and I can tell 'cause you’re giving in to your to weakness : you’re so naive. I'll tell you all the things you wanna hear, you ramble on about how I’m that fire but if you knew, how far this is from real ... you walk away knowing I’m that fire!

« Pourquoi est ce que je me sens aussi seul, sans lui.. Si on est des milliers ...C'est lui qui me manque, les autres... Ce sont des électrons libres. On ne peut pas le remplacer lui... »
Mes lèvres se tordent dans l’affreuseté tristement banale de ce qu’Alec tente de dépeindre : il y a des siècles, on écrivait que parfois un seul être vous manque et tout est dépeuplé. D’une petite pression de la main, je témoigne mon affection sur cette épaule encore trop jeune.
Non, on ne peut pas remplacer Casey.
On aura beau essayer, trouver des guides qui brûleront avec l’ardeur de mille soleils, ils ne seront pas Casey Cearbhall. On aura beau bâtir des ponts, embraser des contrées entières, il n’y aura personne qui danse au milieu des brasiers immenses comme le faisait mon presque père.
« Je ne sais pas ce que je dois faire maintenant... Comment est ce que je peux étouffer la douleur ? » Pas de réponse à apporter à ça – je me contente de rester là, droit comme la peine, triste comme la pierre, parce qu’on ne nous donne pas d’outil pour savoir ce qu’il faut [u]faire[/i], après. J’aimerais avoir des éléments à apporter, une sorte d’expérience de vieux sage que je pourrais partager avec un sourire sibyllin et des paroles moins anodines. Mais je n’ai rien à offrir, Alec, rien qu’une épaule sur laquelle pleurer et des plaintes qui se mêlent aux tiennes : nous avons tous les deux perdu, et c’est la Mort qui a gagné.
« Je voulais pas être égoïste... Dé... Désolé... De t'avoir attaqué. »

Il n’aurait pas contracté moins de muscles si on lui avait arraché une dent – cette simple pensée me tirer un petit soufflement de nez. Pressant encore un peu son épaule, je réponds avec un sourire qui brouille les larmes dans mes cils. « Je te pardonne, va. »
Car à quoi bon garder rancune, quand tout le monde le fait déjà pour nous ?
« Je n’ai pas de recette miracle, Alec. Je ne peux pas te promettre qu’en faisant un rituel à la Pleine Lune, toute ta tristesse disparaîtra. Mais je peux te dire comment, moi, je vois les choses. » Mes mains retombent et se placent, instinctivement, dans mes poches un peu trop trouées. « Une manière de rendre hommage à Casey, c’est de poursuivre ce qu’il aurait voulu. De faire en sorte que, même s’il n’est plus là pour en donner de nouvelles, ses anciennes idées ne meurent pas avec lui. »
Mourir. Le mot me scie le ventre en deux avec autant d’acharnement qu’un trente-six tonnes sur une cuillère.
« Et pour ça, il faut qu’on se batte. »

code by valhdia

Crème glacée, crêpe flambée ~ PV Caliban

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