wind of ashesbecause I'm bad at being good, and now I'm over it

Un sourire ironique s'étire sur tes lèvres alors qu'il te parle d'entraide et de survie. S'il y a une chose que tu sais faire, c'est bien survivre. Et si la vie t'a appris une seule chose, c'est qu'on survit en étant le plus fort dans ce monde pourri de l'intérieur. T'as été élevée à la loi de la jungle, au fil des foyers et familles d'accueils où les coups bas étaient légion et les alliances trop éphémères. Quand t'en as eu marre d'être trahie, marre d'être toujours la victime, tu t'es fait tes armes toi aussi, reproduisant les schémas que tu avais toi-même subi. Parce que c'est comme ça que ca marche, comme ça que le monde tourne, et si tu trouves ça bien trop injuste, au moins t'es pas idéaliste, a croire qu'on sauve le monde avec des gestes charitables. Si Azur veut s'en persuader, grand bien lui fasse, il est de toute manière assez riche pour que ses illusions ne lui reviennent pas en pleine face. Mais il n'arrivera pas à te convaincre.

Au moins, il est un peu lucide, alors que son nous se change en toi et qu'il s'extirpe de l'équation. Il a pas vécu la même chose, il n'est pas vraiment de leur monde, juste un de ces riches philanthropes qui cherche à faire sa bonne action du jour en faisant du bénévolat. Il prétend vouloir vous donner toutes vos chances mais il ignore consciemment ou non que vous aurez jamais les siennes. Il se sent sûrement bien le soir, persuadé de faire de son mieux, d'améliorer la vie des autres, d'être un bienfaiteur, un héros. Tu sais pas trop ce qu'il espère avec ses discours à deux balles. Est-ce qu'il a la prétention d'être assez doué pour réussir là où tous les autres ont échoué ? Ha. A la limite, peut-être que Rhea ou Zephyr trouveraient les mots pour te toucher. Car eux au moins ils savent, ne serait-ce qu'un peu, ce qu'on ressent quand on est abîmé par les déceptions et les espoirs qui ont fané. Mais on a envoyé Azur faire le sale boulot ou peut-être qu'il s'est proposé, comme un défi personnel, celui de convaincre la nymphe réfractaire de voir enfin la lumière.

Il essaie de t'amadouer en te parlant des autres, pauvres chatons abandonnés. Mais tu te sens pas coupable, London. Tu sais que certains petits t'aiment bien, justement parce que t'es dure et que tu leur apprends la vie. Et c'est pas ta faute si tu sais pas cohabiter, si t'es bordélique au possible, si t'as un langage de charretier, si tu fais des crises de colère pour rien. Ils ont qu'à construire plus de chambres, ils ont assez d'argent pour ça. « Vous savez que je pose problème non ? Ca fait quoi, six ans que je suis là ? Vous avez qu'à me laisser seule dans ma chambre pour que j'emmerde personne. » Chaque fois qu'ils t'imposent une colocataire, c'est la même chose, ça finit mal et ils le savent. Alors pourquoi s'acharner face à cette règle qui n'a connu qu'une seule exception ? Tu as tenté, London, d'être une coloc agréable, de tolérer la présence de l'autre et même de te lier d'amitié. Tu ne referas pas cette erreur.

Tu tires une bouffée de ta cigarette avant de le regarder pour lâcher la fumée. « Et puis c'est pas genre illégal de faire dormir une adulte et une mineure dans la même chambre ? » Tu connais pas la loi, London, et tu t'en fiches bien au fond, tu veux juste le titiller. Tu sais pas quel âge avait la dernière venue dans cette chambre, tu sais juste qu'elle était trop jeune pour avoir le droit de boire de l'alcool et sans doute trop jeune pour conduire. Tu sais juste que c'était une dragonne, alors s'ils ont envie qu'elle ait des colocataires plus agréables, ils ont qu'à l'adopter dans leur grande et belle famille Riverwood.