Whatever makes you feel better | JudAzur II

Elle voulait juste entretenir une bonne relation client, Elle. Elle savait que ce n’était pas vraiment nécessaire, mais ce contrat était une sécurité pour son business. Si tout s’effondrait, au moins celui là la maintiendrait à flot le temps qu’elle se redresse. Dirait-on plutôt que c’est le contrat qui s’était effondré. Voilà ce que ça lui coutait, de faire ce qu’on attendait elle. Jude n’avait jamais réellement eu d’ennuis quand elle suivait son instinct, cela faisait des dizaines d’années que cela l’avait sauvé de faux pas, d’impasses et de possibles faillites. Elle l’avait senti, en arrivant, qu’elle commettait l’erreur de l’année. Ho elle le sentait bien assez à présent que l’erreur était faite. Les jambes lui brûlaient, malgré l’anti-douleur .Elle pouvait sentir les vis et les plaquettes dans sa jambe la plus touchée. C’était bien peu agréable, mais les médecins disaient que la douleur s’estomperait assez dans quelques jours, assez pour que cela devienne supportable. Elle avait de la chance au moins, aucune complication n’était venue s’ajouter à ses blessures. Elle avait entendu d’une infirmière que les médecins avaient été surpris par son âge. Là où ils s’étaient attendu à trouver une personne âgée, c’était une femme d’apparence jeune qui leur avait été envoyée au bloc. C’était probablement grâce à ça qu’aucune complication n’avait été à prévoir. Le chirurgien et son équipe avaient fait assez attention pour éviter d’endommager de trop un corps fragilisé par les années. En tout cas, Jude n’irait plus jamais en gala sur un putain de Rooftop. C’était clair, net.  Maintenant elle devait en plus se préoccuper des factures qui arriveraient tôt ou tard. Elle ignorait dans que le genre d’hôpital elle avait été emmenée, si ce n’était qu’il était spécialisé surnaturels. Ça n’était pas plus mal pour ce point. Jude n'avait pas envie de faire savoir au monde humain qu’elle existait en tant que dragonne quasi immortelle. Et elle savait ses semblables bien plus volontaires à l’idée de cacher le fait qu’elle n’était pas recensée. Elle avait vu la police, peu après son réveil. Elle n’avait pas pu dire grand-chose. Pas qu’elle ait oublié, mais parce qu’elle ne comprenait pas encore tout ce qui s’était passé. Ça n’était que le lendemain de son réveil que cet homme vint lui rendre visite. Il s’était à nouveau présenté, et Jude se souvint de lui, sur le toit. Azur, c’était ça son nom. Elle n’avait pas réellement vu que la main l’ayant poussé était la sienne. Elle se souvenait de l’effet surprenant de lenteur pendant sa chute, comme si un vent soufflait depuis le sol pour la maintenir en l’air. C’était ça, qui avait ralentit la chute et avait évité de la tuer. Au final, deux jambes en miette c’était probablement mieux, surtout avec l’assurance des médecins qu’elle remarcherait normalement d’ici moins d’un an.

Elle devait simplement éviter de danser le Tango d’ici là.

Elle était bien trop fatiguée ce jour là pour entretenir une conversation ,elle se souvenait de très peu de choses après son réveil, mais elle savait qu’il n’était pas resté, avait il vu sa fatigue ? Elle avait probablement besoin de récupérer, car à son second réveil, deux autres jours étaient passés. C’était normal, selon les docs. Après une chute pareille, une expérience si proche de la mort selon eux, le corps avait besoin de repos pour se remettre, Jude avait dépensé beaucoup d’énergie à ne pas souffrir sur le chemin de l’hôpital, autant d’énergie pour échapper à la mort. Ils avaient dis que quand le cerveau vivait une expérience de mort imminente, il mettait tout en œuvre pour fouiller dans les souvenirs afin de trouver un moment similaire vécu, pour savoir comment y échapper. C’était pour cela que la vie défilait devant nos yeux, car aucun souvenir n’était équivalent, et que les souvenirs défilaient en vain. Pourquoi la dernière chose que Jude avait eu en tête avant de toucher le sol était une blonde aux yeux noisette était un mystère… Qu’elle ne souhaitait pas élucider, pas tout de suite. Tout cela, en plus des blessures, avaient éreinté son corps qui avait vraisemblablement exigé son repos.

Néanmoins, il ne fallu que peu de temps entre son réveil après ce long sommeil et l’arrivée d’Azur à l’hôpital. L’air de rien, elle ignorait tout de lui, et avait encore du mal à saisir pourquoi l’inconnu s’acharnait autant à la voir. Avait-il été prévenu de son réveil pour qu’il arrive si rapidement ? c’était étonnant… de ce qu’elle savait, Jude n’avait aucun numéro d’urgence enregistré. Personne à appeler s’il lui arrivait quelque chose. Jude tourna la tête vers lui, indifférente de le voir franchir le pas de la porte de sa chambre. Elle le décrivit du regard. Toujours propre sur lui, bien habillé. Même si le remord s’affichait si facilement dans son regard. Il tenait un sac en plastique dans sa main, Jude y devinait son contenu grâce à l’odeur qui se répandait subitement dans la pièce. Son estomac la rappela à l’ordre en un grondement silencieux, pour son propre bien être la femme n’avait clairement pas intérêt à le foutre dehors. Elle avait bien trop faim. La voix douce de l’homme et son accent français la sortirent de sa rêverie. Elle ne dit toujours rien en l’écoutant. Une ratatouille végé ? bravo Sherlock… Qui avait déjà vu une ratatouille autrement que végétarienne ? elle critiquait intérieurement, ho c’était pas méchant. C’était Jude après tout. Elle se redressa malgré tout, saisissant le triangle de plastique qui pendait au-dessus de sa tête tout en appuyant sur le bouton pour lever le dossier de son lit. Jude ne disait toujours rien, elle essayait de comprendre quoi penser de l’homme face à elle. Pendant que son lit terminait la manœuvre, Azur poursuivait.

Si elle gardait un visage neutre depuis son arrivée, elle ne su empêcher la surprise de couler sur son visage. Il allait… payer tout ? Même si un vent de soulagement la pris (ces factures allaient très certainement vider à sec ses économies) elle ne comprenait pas la manœuvre. Les evenements restaient un peu flous. Elle se souvenait du visage de cette enflure en face d’elle avant sa chute, mais pas de celui d’Azur, pourquoi c’était à lui d’assumer ces factures aussi salées soient-elles ? La suite la laissa perplexe, et porter plainte ? Elle n’y avait pas songé. Il était dans un premier lieu stupide pour une clandestine du recensement comme elle de porter plainte. Ça la mettrait bien trop en avant face à la justice, mais… Cela pourrait porter assez atteinte à l’homme qu’elle méprisait actuellement. Mais Azur lui.. ça n’était pas lui, le sujet de ses tourments. Elle haussa un sourcil puis lentement saisit le premier plat. C’est avant de l’entamer que les premiers mots depuis l’accident sortirent de sa gorge.



Sa voix était rouillée, fatiguée, mais pas une seule once d’hésitation ne l’avait fait bégayé. Elle poursuivit.


Elle se serait sans doute sentie pousser des ailes si Chambort avait fait irruption. Et il aurait probablement été résident d’une chambre ici également suite à sa visite. Elle prit ses premières bouchées de ratatouilles et de croc monsieur et c’était comme si un quelconque dieu avait baigné sa lumière sur elle en cet instant. C’était si bon !! Elle ne cacha pas ce plaisir, ni le soulagement de manger un bon plat. Elle savoura quelques bouchées supplémentaires avant de reprendre, s’essuyant la bouche du revers du poignet.


Elle avait besoin d’un regard extérieur sur la situation. Elle avait besoin de visualiser autre chose que sa propre vision du trottoir qui se rapprochait. Peut être que s’imaginer de loin tomber rendrait le vertige moins important.