Contrôle de recensement ー Alec Spring

Il faisait nuit. Parce qu'Alec ne dormait pas, évidemment qu'il ne dormait pas, il était de garde et il rêvait d'un peu d'action, il en avait besoin. Et puis, définitivement, il n'a pas assez bougé aujourd'hui. Toute cette inaction est une torture pour l'hyperactif qu'il est. Demain, quand l'équipe de jour prendra le relais et qu'il devra aller se coucher pour reprendre, ça sera la misère. I tournera et tournera encore dans son lit, jusqu'à ce qu'il se mette à râler en suite, il sera d'une humeur exécrable... Plus bougon qu'à l'ordinaire.

Mais il ne peut pas sortir, il ne peut pas aller faire un footing dans les environs. Il doit être là, il doit être prêt. Et tout le monde dort autour, définitivement, il ne peux quitter la caserne. Alors quoi ?

Alors il a choisi de faire un tour. Il restera sur le parking, proche de la caserne pour entendre la sirène si elle retenti mais assez loin pour pouvoir se dégourdir les jambes. Il n'a jamais aimé la salle de muscu laissée à disposition des pompiers de la caserne. L'odeur était forte et c'était trop statique pour l'amuser ou le défouler. Non définitivement.

Il se contentera de la cours. Il courra un peu en rond, ça va le faire chier mais au moins, ça le fatiguera un peu. Et au fond, c'est tout ce qu'il cherche.

Alors il se prépare une serviette et sort. L'air est moite ce soir, début d'été collant comme on ne les aime pas. Mais pour lui, dont la peau est plus chaude qu'un simple humain, ca devient légèrement lourd. La chaleur ne le dérange pas, jamais, l'humidité des soirées comme ça, plus. Ca lui pèse sur les poumons au pompier asthmatique. Mais il est têtu, Alec, plus que têtu, alors il commence sa petite course. Il fait le parking en long, en large, en travers...

Avant de tomber sur un policier. Un jeune. Un homme.

Alec s'arrête et le dévisage, bougon... Comme d'habitude donc.

-Excusez moi, puis-je avoir votre attestation de recensement, s'il vous plaît ?

Evidemment.

Et évidemment, il n'est pas recensé.

-Non. Vous ne pouvez pas, je suis en shift, je ne les ai pas sur moi.

On peut bien commencer par un petit mensonge.

--Vous devez les avoir en toutes circonstances, allez les chercher.

Alec, cet âne, relève le menton avec arrogance.

-Non.

Le flic pousse un léger soupir exaspéré.

-Il est trop tard pour jouer à ça, vous savez ?

Oh oui il sait, il fait bien bien nuit là, il est donc bien bien tard. Mais il tient sa langue.

-Ecoutez... Je fais que mon travail, montrez-moi vos papiers et passons tout les deux à autre chose.

A nouveau, Alec n'a pas un mot, il cherche surtout comment il va pouvoir se sortir de là.

A nouveau, le flic soupire.

--J'en conclus que vous n'êtes pas recensé.

Oh que ça le démange de lui répondre qu'il en conclu correctement. C'est si dur.

Mais le jeune policier s'avance surtout, il plante son regard dans celui de la nymphe de feu et ne le lâche pas des yeux.

Il dégluti, hésitant à fermer les yeux pour cacher les filaments flammes qui coulent dans ses pupilles.

Mais c'est trop tard. Le policier n'est pas dupe et il a vu... Parce qu'il en a des similaires.

Ce n'est pas du feu pourtant. C'est bien plus cliché si c'est de l'eau, évidemment...

Mais ce n'est pas ça non plus. Alec sait juste que c'est une nymphe, comme lui.

-Si vous ne coopérez pas, je vais devoir vous coffrer... Et vous finirez à Blackwater.

Et là, c'est la chute. Il aurait dû s'en douter pourtant que ça finirait comme ça. Il aurait peut-être dû partir en courant immédiatement, mais non.

Alec reste figé sur place, assailli par ses souvenirs. Blackwater, il connaît. Il connaît l'humidité qui rendait son souffle plus difficile. Il connaît les longues journées d'inactivité.

Et surtout, il connaît Alice et ses seringues qui prenait bien trop de plaisir à les lui enfoncer dans le bras. Encore et Encore. Le privant de ses pouvoir, le coupant de la Nature. Il ne pourra jamais l'oublier, elle le hante jusque dans ses cauchemars.

Il est coincé, figé dans sa peur. Il n'entend pas le policier qui le met une dernier fois en garde.

Il n'a pas fuit, il a raté sa chance. Il ne revient à l'instant présent que quand la main du flic se pose sur son poignet. Il a une réaction sûrement trop brutale quand il se dégage.

Assez brutal pour que ça ressemble à une résistance... Mais ce sont sûrement les flammes qui s'animent sur sa paume qui posent problème.

Putain, Alec...

-Ne résistez pas, ça sera plus simple pour tout le monde.

Il secoue la tête. Il ne viendra pas. Il ne peut pas retourner à Blackwater, il finira fou.

Perdu pour perdu !

-Je ne vous suivrais pas, je vous laisse tracer votre route et il n'y aura pas de blessés.

-Pas de blesser vous dites ? Non effectivement. Mais vous me suivrez.

Alec, totalement sur la défensive maintenant, allume sa seconde paume, près à se défendre et à fuir. Il va devoir abandonner son shift de ce soir. Il en a cruellement conscience mais il a d'autant plus besoin de sa liberté et de sa santé mentale.

Alors il se battra.

Mais le policier, ce quelqu'un comme lui, il le sait... Alors il est pas vraiment surprit quand ses flammes s'étouffent dans un « pfouit » tout ridicule et, surtout, que l'air fuit ses poumons. Ses yeux s'écarquille d'angoisse, de peur alors qu'il cherche à reprendre son souffle. Il ne sais pas comment faire.

Ses mains se posent sur sa gorge, sur du rien. Ces gestes ne l'aident évidemment pas. Il n'a plus un son, impossible de demander de l'aide à ses collègues. Il est tout seul ! Il a peur le gamin pompier rebelle !

Son regard se fait suppliant quand il se pose sur le flic en face de lui.

Qu'il est tombé bas ! Il lui faut son feu !

Mais il commence à voir des étoiles plutôt.

Non... Non non non !

Il ne peut pas y retourner. Encore moins pour un bête contrôle de recensement.

Un instant, il se demande s'il ne va pas juste partir en courant... Mais vu sa capacité à rester debout à l'instant T, c'est parfaitement inutile...

Alors quoi ?

Alors un jet d'eau incroyable balaye son ennemi qui perd le contrôle.

Alors les pompiers, son équipe, sont là pour lui. Une lance incendie entre les bras, son chef  a l'air énervé. Est ce qu'il l'a réveillé ?

Alec tombe à genoux, suffoquant, son asthme à son paroxysme, ça devient trop difficile d'aligner deux pensées cohérente.

L'eau continu de cracher sa puissance sur le policier qui recule encore et encore avant de simplement fuir.

-Alec, tu dois pas rester là. Il va te chercher maintenant.

La nymphe de feu lève un regard flou sur son collègue et hoche légèrement la tête...

On le prend par les aisselles pour le remettre debout, on le traîne plus qu'il ne marche vers la voiture d'un collègue où on l'installe.

Il n'a pas le temps de sentir le masque qu'on met sur son nez qu'il perd connaissance.

Oui, il a échappé à un contrôle aujourd'hui. Mais ce n'est pas grâce à lui, loin de là...

Il sait par contre, qu'il est à sa place dans cette équipe, qu'ils le défendront bec et ongle...

Et qu'il leur rendra la pareille.