Bowser I / She was a punk, he did ballet

She was a punk, he did ballet

4 août 2005

« Si Chicago était la couronne des États-Unis, le joyau du Nord, Detroit serait la pustule dans l’ombre. » Les mains dans les poches, tu regardes les passants avec les lèvres pincées et l’ai gêné tandis que ta prof continue son laïus en plein milieu de la grande avenue. « Tout ce que vous prenez pour acquis, les pauvres gens qui vivent ici ont du se battre pour l’obtenir. Tout votre quotidien, c’est du luxe pour eux. » T’as que quinze ans, mais t’es pas convaincu que ce soit très malin de venir dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville pour dire aux enfants le plus fort possible que, vraiment, ils sont bien plus riches que les adultes menaçants qui les entourent. T’es même pas sûre que Ms. Riche, votre professeur d’éducation civique au lycée privé catholique Saint-Michel, sache que les habitants de Detroit parlent anglais et comprennent donc très bien tout ce qu’elle dit.

Alors, c’est pas habituel pour toi, mais tu te fais tout petit au fond du groupe, presque plus observateur que participant. Et c’est là que tu la remarques. Une petite brune terriblement maigre, qui a les yeux cloués sur Ms. Riche. Un temps, tu as peur qu’elle veuille l’attaquer, puis tu comprends que son regard est seulement attiré par le sac Gucci de l’enseignante. Tu ne vas clairement pas plaindre une personne qui s’est fait voler un sac de cette valeur, alors tu te contentes d’assister au spectacle. C’est une voleuse très efficace mais, au moment où elle s’apprête à quitter la rue, elle se retrouve nez à nez avec deux policiers, qui ont l’air de la reconnaître.

Ça va à l’encontre de toute une partie de ton éducation, mais c’est complètement ce que tu te dis qu’il faut que tu fasses. Utilisant tes pouvoirs de dragon qui vient tout juste de passer ton niveau 2, tu fais s’envoler les casquettes des flics, leur faisant perdre d’attention la petite chapardeuse. Et, comble de la truanderie, tu quittes ton groupe (avec un peu moins de discrétion qu’elle, tu dois l’admettre). T’es pas sûr que Ms. Riche comprendra que tu sois parti juste pour parler à une fille mais tu lui diras bien un truc comme que c’est le principe d’une maraude d’aller aider les plus humbles, et que c’est ce que tu es allé faire.

Dans la ruelle, elle n’est plus là. Mais tu ne perds pas espoir si vite. Regardant autour de toi, tu remarques une pie, qui te fixe étrangement. Tu souris et t’envole grâce à souffle de vent pour te poser non loin d’elle. Bingo : derrière elle se trouve non seulement le sac mais aussi plusieurs bijoux et appareils électroniques. Tu t’assois en tailleur et commence à lui parler, sans bien te rendre compte de l’originalité de cette scène : un garçon de quinze ans, assis en tailleur sur un balcon abandonné face à un oiseau étrangement confiant.

Bonjour à toi. Je ne veux pas te dénoncer. Est-ce que tu vas bien ? Tes plumes, en tout cas sont très belles.

Ton accent français s’entend encore dans chacun de tes mots mais tu fais un effort, et tu souris de toutes tes dents blanches et bien alignées.

Dim 3 Sep 2023 - 21:48

she was a punk, he did ballet

borée & azur i

❁

Perfect by nature, icons of self-indulgence, just what we all need : more lies about a world that never was and never will be. Have you no shame, don't you see me? You know you've got everybody fooled.

TW : relation toxique, nudité d’une mineure

Joah est exigeant.
Ton ventre vide proteste encore de ce que tu t’apprêtes à faire. Il a dit que, pour déjeuner, fallait mériter son casse-dalle. Il t’a caressé la joue dans un sourire indolent et ajouté qu’il ne peut pas faire d’exception, parce qu’y faudrait pas que les autres se doutent à quel point t’es sa préférée, hein ? Tu sais pas trop pourquoi il refuse de le dire à tout le monde, que vous êtes ensemble, mais ça fait un petit moment que ça dure. Il a certainement ses raisons. Des raisons qui t’échappent, parce qu’il a raison, Joah, tu sais pas réfléchir aussi bien que lui, il réfléchit. T’es qu’une pauvre gamine de banlieue qu’a stoppé l’école à neuf ans. Même les tables de multiplication, c’est au-delà de ton niveau, alors c’est sûr que de gérer sa vie comme lui le fait, c’est pas à ta portée.
T’aurais bien voulu protester, quand il a pas voulu te filer un sandwich comme aux autres, mais il t’a souri et ça, c’est ça le problème. C’est son sourire. Ce putain de sourire. Il t’a envoyé un baiser du bout des doigts, en soufflant dessus pour qu’il t’atteigne, et toute envie de protestation s’est évanouie. T’as senti ton cœur se gonfler dans ta poitrine ; après tout, c’est pas grave si personne est au courant. Toi, Borée, tu sais que ce que vous avez, c’est réel. Tu l’aimes, et lui aussi il t’aime. Il te pardonne quand tu es malade -ça arrive souvent, ces derniers temps- et il t’embrasse la nuit tombée.
Ramène moi un gros truc, cette fois, ma puce, hein ?
Et t’as filé.

Maintenant, tu erres dans les rues comme une ombre de porcelaine, une aquarelle sur la noirceur d’une ville que tu connais par cœur. Tu es fatiguée, aujourd’hui, et la fatigue ça rend négligent. Sans doute que manger un peu aurait aidé, mais c’est clairement plus une option. Des yeux, tu scannes la foule qui peuple l’avenue principale du microcosme qu’est ton quartier. Y a un groupe de gamins qui ont à peu près ton âge. Leur prof leur parle et tu ne saisis que des bribes.
La pustule dans l’ombre.

Ces pauvres gens.

Tu renifles en avisant son sac. Gucci, un modèle qui a l’air hors de prix. C’est même pas le contenu qui t’intéresse, c’est juste la jolie pièce de cuir que vous trouverez un moyen de revendre. Joah trouve toujours un moyen.
Il te faut une fraction de seconde pour la délester du sac qui trône à ses pieds pendant qu’elle continue ses explications classistes et misérabilistes. Une fraction de seconde de plus pour parvenir au bout de la rue, où l’évidence finit par frapper. T’es fatiguée, et la fatigue, ça rend négligent. Ton pouvoir de vitesse glitche et tu te retrouves finalement à une vitesse de déplacement tout ce qu’il y a de plus humain, en plein sous le nez de deux policiers qui te reconnaissent en un clin d’œil.
Leurs regards experts oscillent entre ton visage éreinté et le sac que tu tiens serré contre toi comme si ta vie en dépendait.
« Tu cours où avec ça, Burrows ?! » grogne le plus moustachu des deux.
T’as pas le temps d’ouvrir la bouche pour trouver une explication qu’un courant d’air fait s’envoler leurs casquettes. Sans demander ton reste, tu te métamorphoses en pie et, quand leurs yeux reviennent sur toi, il ne reste de Borée Burrows que les vêtements que tu portais. Dommage, c’était ton dernier pantalon sans trous.

Trois battements d’ailes plus tard, tu reprends ton souffle sur le balcon abandonné où t’as l’habitude de te réfugier. Derrière toi, des babioles sans grand intérêt que tu n’as pas encore eu le temps d’offrir à Euros, ou de confier à Joah pour qu’il les répare. Tu prends le temps d’analyser ce qui vient de se passer : même avec une chance phénoménale dont tu es loin d’être pourvue, il n’y a aucune possibilité que la bourrasque ait frappé pile au moment et à l’endroit où tu en avais besoin.
Quelqu’un t’a aidée.
Tu en as la confirmation quand l’un des adolescents du petit groupe te rejoint sur le métal rouillé en volant à ta rencontre. Tu as déjà vu Papa et Notos réaliser la même opération un milliard de fois. Sans pouvoir t’en empêcher, tu le fixes avec attention ; est-ce qu’il y a d’autres dragons de vent à Detroit ? Lorsqu’il s’adresse à toi, avec un accent français à couper au couteau, tu croasses à son visage pour signifier que tu as compris. Tu n’as aucune raison de lui faire confiance. Aucune. A part ses dires. Et il n’a pas l’air très méchant. Sans doute que si tu te transformais en ours, tu pourrais lui faire suffisamment peur pour éviter que ça tourne mal.
Tu croasses une deuxième fois. Il ne bouge pas.

Bon.

Tu prends le parti de te retransformer et te retrouve, complètement nue, recroquevillée dans l’encadrement de la fenêtre. Tes petites mains viennent dissimuler le semblant de féminité qui se dessine sur tes côtes saillantes, et tu dardes un regard furibond sur lui.
« Qu’est-ce-que tu fais ?! » tu t’insurges. « J’avais pas besoin de ton aide, et certainement pas besoin que tu me suives ici ! »
L’inconnu est encore là. Peut-être qu’il comprend pas bien l’anglais ? Ou ton accent ? Peut-être qu’il est bête ? Tu le vois te fixer avec intensité et tu resserres tes bras un peu plus autour de toi, foncièrement mal à l’aise de n’avoir rien pour te couvrir. Ton ventre proteste à nouveau, tu le fais taire en posant une main dessus.
« Et aussi, j’ai un copain, va pas te faire des idées ! »

code by valhdia

Mar 10 Oct 2023 - 23:52

She was a punk, he did ballet

4 août 2005

T’es très fier de toi : tu vis une super aventure, t’as plein d’adrénaline et puis l’impression que, vraiment, même Alix il a jamais fait un truc aussi cool que ça. Peut-être que tu pourrais lui dire ça dans le mail que tu veux lui envoyer depuis ton déménagement, mais qui est bloqué dans une page blanche où tu vois pas le complexe. T’es super fier de toi jusqu’à ce qu’elle croasse. Merde alors. Tu parles pas le corbeau. Tu souris, l’air perdu.

Ce serait quand même beaucoup simple si… Ah, elle se transforme. Tu souris d’autant plus jusqu’à ce qu’il s’évapore. Oh. Oh, non.

Tu connais pas bien lez zouwus, tu t’étais pas préparé à ça. Maître corbeau n’a vraiment plus beaucoup de plumes et tu es un renard bien écarlate. Tu te retournes très vite, non sans avoir vu les yeux pleins d’un mélange de peur et de colère que tu ne désirais clairement pas voir au milieu de ton aventure.

Putain, putain, désolé, je suis désolé, attends...

En vitesse, tu enlèves ta veste et la pose derrière toi. T’es pas de Tours, mais tu n’as pas besoin de couper ton manteau en deux alors tu le donne tout. Petit, tu te rêvais gentleman cambrioleur avant de comprendre que ta famille était plutôt de ceux que Lupin cambriolait. Ado, tu t’étais dit que tu serais la rock-star la plus cool du monde et qu’à la fin de chaque concert, tu ferais monter sur scène tous les enfants à qui tu aurais offert des places. Mais, là, tu as une voix au fond du crâne qui grince de devoir te séparer de ta propriété et, surtout, de devoir expliquer à la prof pourquoi elle n’est plus là. Mais, au moins, quand tu te retournes, tu n’es plus face à un spectacle beaucoup trop européen (en tout cas, selon la vision de l’Europe de tes nouveaux compatriotes).

Désolé, je voulais pas t’embêter ou faire chier ton copain je voulais juste aider et…

Maintenant que tu la regardes un peu plus fixement, tu fronces les sourcils. Dans les comics, les voleuses sont pauvres, oui, mais aussi scintillantes et audacieuses. Elle, elle est terne du désespoir, grise de la peur et surtout maigre comme t’as jamais vu. Tu bafouilles un peu moins, aiguillonné par l’indignation.

Attends mais… C’est ton copain qui prend toute ton assiette ou quoi ?

T’as la franchise presque cruelle de l’enfance encore accrochée aux dents, le privilège d’une famille qui t’a bien protégée. Elle, elle a ton âge, peut-être, mais pas vraiment. Tu vois des siècles dans ses yeux tristes et magnifiques.

Mer 15 Nov 2023 - 17:07

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borée & azur i

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Tu frissonnes sous le regard de l’inconnu.
Vraisemblablement, il n’avait pas du tout anticipé son coup et il a l’air tout aussi mal à l’aise que toi de la situation. Peut-être même plus, car lui ne s’y attendait pas. Il se confond en excuses et en jurons tout en détournant le regard.
Ce n’est peut-être pas un si mauvais bougre, finalement.
D’une main tremblante, tu récupères la veste et l’enfile prestement, remontant la fermeture éclair jusqu’au milieu de ton torse prépubère. Le bas du tissu t’arrive à mi-cuisses et te permet de retrouver un semblant de dignité, que tu endosses en relevant haut le menton. Lorsqu’il se retourne, tu n’es pas moins abasourdie, mais tu es bien plus habillée.
Et lui, on dirait que c’est la première fois qu’il voit une fille de toute sa vie. Son regard te couve comme si tu étais à la fois le plus étrange des extra-terrestres et la septième merveille du monde. Tu en profites pour le regarder, toi aussi. Il est grand, nettement plus que toi -non pas que ce soit difficile. Son visage est allongé, il a les cheveux en bataille et des yeux très intelligents qui s’attachent à tout ce qu’il trouve. Pas bien épais, il a tout de même plus de stature que Zephyr ou toi. C’est certainement un garçon qui n’a jamais manqué de rien : ni de nourriture, ni de vêtements, ni de chauffage en plein hiver. Il ne vient pas de Detroit, lui.
Reformant le chemin parcouru dans ta petite cervelle d’oiseau, tu finis par aboutir à la conclusion qu’il devait être un des élèves de celle à qui tu as dérobé le sac.

En tous cas, il semblerait bien qu’il n’ait pas plus de tact qu’elle.

Tu t’insurges à nouveau face aux accusations directes que cet inconnu porte sur César. Il y connait rien, il a pas le droit de parler comme ça.
« Et je t’en pose, des questions, moi ?! »
Malheureusement, ton estomac décide de ponctuer cette phrase par un gargouillement sonore qui te fait soudainement rougir jusqu’à la racine des cheveux. Affolée, tu poses tes deux mains sur ton ventre comme pour le faire taire. Des yeux, tu explores le petit balcon métallique sur lequel vous vous êtes nichés, mais il n’y a pas d’autre issue que celle près de laquelle il est nonchalamment assis. Flûte.
« Tout le monde a pas la chance d’avoir un pique-nique préparé par sa maman chérie. » tu feules, comme un animal pris au piège. Vous êtes sur l’autoroute et le gars file à toute allure vers ta silhouette un peu trop fine pour résister à son impact. Pour tenter de te défendre d’une éventuelle incartade, tu croises les bras sur ta poitrine. « Qu’est-ce-que tu fais ici, d’abord ?! »
Bien sûr, ta question ne porte pas sur la raison pour laquelle il fait du tourisme dans ‘la pustule de l’ombre’, mais plutôt pourquoi il juge bon de suivre des pick pockets dans leur repère top secret pour leur adresser des compliments. Ou des insultes. Ou les deux.
Il doit pas avoir beaucoup tenir à ses affaires, en tous cas.

Parce que sa veste aussi a des poches.

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She was a punk, he did ballet

TW : vous avez l’habitude, du classisme et du sexisme

4 août 2005

Apparemment, ton ventre il a des questions à me poser, lui.

Bon, par contre la réponse que tu ne vas PAS lui donner c’est que ta maman chérie t’as pas préparé de pique-nique parce que vous avez une réservation avec toute ta classe dans la pizzeria la plus chic de Detroit. « Tester la cuisine de tous les jours des autres cultures selon ta prof. T’es pas assez renseigné pour savoir qu’elle raconte de la merde mais assez pour savoir que le magret de ta maman est bien meilleur. Ce n’est pas non plus une information à donner à la féline et famélique filou.

Je suis là pour apprendre les secrets de la super-voleuse zouwu de Detroit !

Tu dis ça fièrement, sans une once de honte ni de réflexion sur le fait qu’elle pourrait ne PAS vouloir te causer sur ce balcon. Si elle voudrait partir, elle le ferait, tu comprends pas bien plus loin qu’une vision libérale enfantine de la vie. Le rêve qui te pousse, c’est évidemment de devenir aussi fort que Batman. Bah oui, son super-pouvoir, c’est pas l’argent (tout le monde en a, de toute façon non?), les gadgets, le kung-fu ou le privilège blanc. Son super-pouvoir, c’est Catwoman, qui le conseille et lui permet d’arrêter les autres criminels. Et puis y’a les bisous mais, bon, ça c’est pas forcé et puis elle a un copain alors tu veux pas les embêter. T’espères juste qu’il est un peu mieux que le Joker.

Tiens j’ai une idée de deal ! Garde tout l’argent dans mon manteau et file moi ton adresse ! On pourra devenir des correspondants cambrioleurs, ce serait Arsène Lupin qui rencontre Montesquieu, trop cool non ?

Il n’y a pas à dire Azur : tu sais t’amuser.

Enfin, si tu veux évidemment ! Ah et si tu peux me rendre le reste de mon porte-feuille ? Y’a une photo de ma petite sœur et moi en haut de la Tour Eiffel avant qu’on parte aux États-Unis, t’auras du mal à la vendre mais pour moi elle vaut énormément.

Ven 19 Jan 2024 - 21:22

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borée & azur i

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La super-voleuse zouwu de Detroit.
Si tu ne t’en étais pas rendue compte plus tôt, c’est désormais officiel : jamais tu n’as rencontré quelqu’un avec des œillères de cette taille. A se demander comment il fait pour marcher avec sans que sa tête ne vacille sous le poids terrible de ce qu’il doit se dire à lui-même pour ne pas regarder plus loin que ses privilèges de mec blanc. Dans son monde, probablement que tu voles parce que tu es une sorte de super-justicière ou un truc du style, alors que t’es rien qu’une gamine affamée.
Ça pourrait te foutre en rogne si t’étais pas complètement sidérée par tout ce qu’il est en train de te dire. C’est comme regarder dans un miroir déformant et voir la vie que tu aurais pu avoir si tu n’étais pas une Burrows. Ce garçon-là, il a tout : l’argent, l’enthousiasme, le temps de faire autre chose que de travailler dur. Certainement que ses parents l’adorent, qu’il est bon à l’école et que toutes les filles voudraient bien ‘sortir avec lui’ – tu détestes cette expression. Il a tout, et tu pourrais presque caresser l’idée d’être dans un roman, de partir et vivre sa vie. Des romans, t’en as pas lu beaucoup, et tu secoues aussitôt la tête.
Jamais. Plutôt crever que de quitter tes adelphes, et c’est peut-être bien la seule chose que vous avez vraiment en commun, au-delà de Larsen Lupin et Monthékieu dont il te parle alors que t’as aucune idée de qui c’est. Du bout des doigts, tu sors le portefeuille pour regarder la photo entre les différentes cartes et papiers au nom de Gérard (sérieusement ?!) Roqrouge.
« C’est elle, ta sœur ? » fais-tu en examinant de plus près leurs sourires épanouis. Toutes les photos d’adelphité se ressemble ; vous devez avoir peu ou prou la même à la maison. Juste, pas sur la Tour Eiffel, ou aucune autre Tour d’ailleurs. « Elle est jolie. »
Après encore quelques secondes à regarder, tu finis par lui rendre son portefeuille, l’argent intact à l’intérieur. Joah poserait des questions, et t’as pas envie que ça te retombe dessus. Tu vas sans doute déjà payer le prix de ton retard et le fait de rentrer nue dans la veste de quelqu’un d’autre.

L’air très sérieux d’une adolescente qui ignore qu’elle n’est pas adulte, tu plantes tes petits yeux cernés dans le regard sincère du grand échalas. Ton empathie l’effleure du bout des ongles pour constater qu’il n’y a en lui pas la moindre once de malveillance. Ça t’attendrit un tout petit peu : il ne fait pas exprès d’être bête.
« Tu pourras m’écrire si tu veux, mais moi je bouge jamais de Detroit alors ce sera sans doute pas super intéressant. » Malgré tout, tu notes ton adresse sur un papier qui se trouvait dans la poche de sa veste et tu lui tends. « En attendant, je suis désolée, je vais devoir y aller. Mais si tu veux connaître le premier secret de la super voleuse zouwu, je peux te dire, Gérard Roqrouge. »
Tu te redresses et va pour te retransformer, un oiseau un peu plus gros cette fois pour pas galérer avec le sac à main Gucci et, avant que ta peau de jeune femme se transforme en plumes colorées, tu jettes dans un dernier clin d’œil.
« Premier secret : être une zouwu. »

code by valhdia

Lun 4 Mar 2024 - 19:54

25 octobre 2005

Salut Borée ! (je pensais écrire un nom de code secret mais vu qu'il faut que je mette ton nom sur l'adresse, ça tombe un peu à l'eau... comme les chutes du Niagara mdr)
Déjà j'espère que la carte te plaira, c'est très beau ici, mais surtout j'ai cherché partout et y'a pas de super-voleuse zouwu alors que y'a plein de touristes très riches qui font attention à rien parce que la ville est toute petite et mignonne. Et y'a plein d'oiseau et je crois que c'est tes copains non ?
Bref, si tu passes à Chicago, dis moi et je te présenterai ma soeur : elle arrête pas de dire que je t'ai inventé ça me saoule !
J.

KoalaVolant

Mar 5 Mar 2024 - 23:19

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19 novembre 2005

Coucou Jared,
Merci pour ta carte postale et désoler de pas avoir répondu avant. J'ai pas de nom de code, mais tu peux en trouver un si tu veut.
J'ai jamais été à Chicago et je crois pas que ce sera possible bientôt. Mais tu peut dire à ta sœur que j'existe ! J'avais pas de carte postale alors c'est juste du papier nulle mais je t'ai quand même mis une plume jolie dans l'enveloppe.
J'ai pas dit à mon copain que je t'écris, je pense il sera pas trop d'accord. Mais ma sœur elle sait. Peut-être elle a le même âge que ta sœur ?
Est-ce qu'il neige à Chicago ?
Borée

Mer 6 Mar 2024 - 0:09

24 novembre 2005

Salut Borée !
T'as un nom de déesse grecque déjà donc bon, je pense pas que y'aura de nom de code plus stylée. Imagine : mon nom c'est juste rouge.
Ce serait trop chouette si tu venais (et, ouais, il neige tout le temps ici, Albi me manque) mais en attendant je vais montrer la lettre et ta super plume à Maggy : c'est elle qui va être rouge !
En tout cas, je comprends pourquoi t'en parle pas à ton copain : j'ai un ami qui m'a expliqué que nos lettres ressemblaient à de la drague et je voulais juste te dire que je voulais pas te draguer et que je suis désolé si je t'ai fait croire ça.
BREF Ma cartecette fois elle est de Alcatraz : apparemment c'est là qu'on mettait les voleurs nuls : je suis content de savoir que toi t'y iras jamais parce que t'es trop forte !
J'espère que ta soeur va bien et que tu n'auras plus à voler pour être heureuse et qu'on se reverra.
J.

KoalaVolant

Mer 6 Mar 2024 - 17:58

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14 décembre 2005

Coucou Jared,
J'aimes bien ton prénom, t'es un peu dur. Mais si tu veux on peut aussi te trouver un dieu grec. Je te vois bien en Hermès (c'est bien lui avec les chaussures qui vole ?). Qu'est-ce qu'elle a dit Maggy quand elle a vu la plume ? Elle veut bien croire que j'existe, maintenan ?
Moi je sais que c'est pas de la drague parce que tu sais que j'ai un copain mais je pense que mon copain il voudra pas me croire, alors voilà.
Ca a l'air super Alcatraz, j'espère que tu t'es pas fait enfermer toi non plus. Tu y est allé avec l'école ?
Moi je suis un peu malade en ce moment alors c'est difficile de m'occuper quand même de mes frères et ma sœur. Mais j'espère que je vais guérir et après peut-être on se reverra !
Borée

24 janvier 2006

Hey Borée.
Je suis vraiment désolé pour le temps que j'ai mis à te répondre. La vérité c'est que j'ai montré la plume à Maggy mais que ma mère l'a vue aussi et elle a voulu savoir l'histoire et j'ai du mal lui expliquer parce qu'elle s'est mise très en colère et elle veut plus que je t'écrive. Elle m'a dit que je pourrai parler avec des voleuses quand je serai plus sur le testament mais que pour l'instant si elle trouvait ton adresse, elle te dénoncerait à la police. T'inquiète, je lui ai pas dit einh, et j'ai attendu qu'elle retourne à San Francisco pour une de ses affaires (elle est avocate, c'est pendant son dernier procès que je suis allé à Alcatraz, et, non, ils m'ont pas enfermé, j'ai rien fait de mal parce que te parler c'est pas mal, j'en suis sûr) avant de t'écrire.
Je crois que c'est la dernière lettre que je t'enverrai, c'est trop dangereux que la police te trouve.
Au fait, j'ai lu que Jared en fait ça veut pas dire rouge mais "Dieu fera descendre sa grâce". C'est genre dans la Bible. Même mon nom il me dit d'attendre que d'autres gens fassent des choses à ma place, j'en ai marre. Quand je serai adulte, j'attendrai ni Dieu, ni ma mère, ni ton copain. Je viendrai te retrouver et on sera Hermès et Borée les super-voleurs.
Au fait, je sais que c'est pas ton anniv einh, juste c'était une lettre discrète à acheter sans faire croire que c'était pour toi. Enfin, peut-être que c'est ton anniv je sais pas. Dans ce cas, bon anniv.
J.

KoalaVolant

Bowser I / She was a punk, he did ballet