Moonys / Queen of the sky

Mar 12 Sep 2023 - 23:57

Don't know how to shine brighter than you are to my eyes

Capoue, 345 avant J.-C.

Ce n’était clairement pas la première fois que je voyais la Lune. Comme Aédé, je l’avais vue nuit après nuit être chantée par mes mères. Comme Brtakamya, j’avais découvert comme elle servait de repères pour les voyageurs des déserts de Perse et du Sinaï. Mais, ici, dans cette villa de Capoue, elle semble avoir un éclat très particulier. Sa beauté est telle qu’elle a attiré mes yeux loin ma compagne qui repose sa tête brune sur mon épaule, à peine rassurée par notre étreinte.

Les dernières semaines ont été dures. Après avoir fui avec Mélété Pompéi puis Naples, nous avions trouvé chez Calpurnia un refuge. C’était la première mortelle que je voyais si intéressée par la défende de femmes étranges et étrangères et je compris vite pourquoi. Pour la première fois je découvrais une personne aussi surnaturelle que moi : chevelure serpentine, regard de pierre et Toile télépathique ; enfin, mon chemin croisait celui des formidables gorgones. Nymphes et gorgones possédaient une petite société secrète à Capoue qui nous avaient défendues et entendues. De plus en plus d’heures je choisissais de rester loin de mon humaine pour garder le contact de Calpurnia, jusqu’à passer de longues nuits à lui montrer les enseignements d’Aphrodite, les arts de la beauté et de l’amour.

Des ombres, toutefois, n’aimaient pas les lumières de nos beautés. L’aigle de Rome voulaient s’abattre sur nous et cherchait tous les moyens de pénétrer notre société et la cité. Depuis des jours, nous avions des soupçons d’espionnage et certaines de nos sœurs avaient déjà été capturées par l’ennemi, soumises à des sorts que nous ignorions encore. Passant ma main dans sa chevelure encore humaine, je tente aussi bien que possible de la rassurer.

Tout ira bien, Nia. Avec tes pouvoirs, nous saurons bientôt qui de nos prétendues associées nous mentent. Et, entre nos deux puissances et ta Toile, elles paieront bientôt pour leurs crimes. Nous serons li…

Je m’interromps en posant mes yeux dans ceux de mon aimée. Rien ne m’y évoque celle que j’ai appris à connaître. Un éclat entièrement différent brille, puissant et majestueux. La peur m’envahit mais elle est vaincue par la fascination. Sans un geste de recul, je continue avec la même douceur :

Calpurnia ? Tout va bien ?

Dim 8 Oct 2023 - 23:24

queens of the sky

moon & vanth

☾

A falling star fell from your heart and landed in my eyes. I screamed aloud, as it tore through them, and now it's left me blind. The stars, the moon, they have all been blown out : you left me in the dark. No dawn, no day, I'm always in this twilight in the shadow of your heart.

TW : pression psychologique, absence totale de consentement

La Toile.
Un mystère plein et entier pour moi. Je m’imagine le brouhaha d’un amphithéâtre dans lequel des dizaines de femmes auraient pris place sans qu’aucune ne prit la parole. Leurs esprits convergent, néanmoins, leurs langues se délient en pensées, et leurs regards s’orientent ensemble vers une direction commune.
Ce murmure incessant, ce bourdonnement m’apparaît comme la chaleur réconfortante d’une couverture après la pluie. Tandis que nous ne sommes que des agrégats de rocher dérivant comme des enfants triste dans l’encre brute de l’univers, elles sont toujours ensemble. Comment se sentir seul, alors ? Comment trembler, comment frémir, quand la vie est partagée, quand la cause est unique et que l’on sait bien qu’en tombant nous créerons une autre passerelle pour celles qui nous succèderont ?
Je ne saurais dire si j’envie cet état ou non. Moi qui ne connais que la lumière vertigineuse que Sun appose sur mes cratères, que les obscurs alignements où mes adelphes parlent en vain … cette solidarité est une sensation qui m’intrigue. Si je ne peux l’expérimenter, il faut bien que l’on me témoigne ce que tout cela représente.

C’est là que tu fais ton entrée.

Calpurnia, délicate beauté capouanne. Tu es de leurs plus anciennes, de leurs plus sages. Tu sièges dans leurs conciliabules et tu prends des décisions. Tes responsabilités sont grandes ; je les arracherai peut-être avec une brève mélancolie. Dans ta chevelure de guerrière, de longs serpents ondoient, dociles. Leur couleur de jais me fascine. Je songe, durant un maigre instant, qu’il serait peut-être dommage qu’ils s’en viennent à disparaître.
Tant pis.
Tandis que, d’un mouvement souple, je glisse ma conscience dans la tienne, je sens ton âme de furibonde qui se débat entre mes mains. Tu résistes à ma présence, me repousse avec toute la force que ton mental peut posséder. C’est trop tard, ma douce amazone. Désormais, si tu me rejettes, j’emporte ta vie avec moi.
Tu hurles et tu tambourines, un prénom s’articule dans ton désespoir anonyme. Vanth. Serait-ce la délicieuse créature qui se tient, droite, en face de nous ? Son visage s’inquiète pour toi.
« Vanth. » je répète à voix haute.
Je souris, et je sens en elle la puissance de siècles passés à errer dans le Purgatoire. Une djinn, hein ? Je vois que tu ne t’amouraches pas de n’importe qui. Mais je te rassure, ma beauté ; Vanth t’aura bientôt oubliée. Tu te flétriras comme une fleur triste tandis qu’elle retournera aux ombres dès la mort de Mélété. Elle ne pourra pas s’arrêter pour reposer à tes côtés.
Non, ne te fâche pas, ne hurle pas, Calpurnia. Si cette vérité te semble cruelle, dis toi qu’elle le sera plus encore pour elle. Pour moi. Tu fais partie de celles qui partent, celles qui n’ont pas les conséquences. Elle et moi nous tiendrons debout, quand le monde s’effondrera, avec seulement entre nos doigts la poussière des siècles passés. Alors n’agis pas de la sorte, à tenter de me repousser. Tu vas nous blesser toute les deux, et je ne veux pas ça.

Alors, sourions, Calpurnia.

« Oui. » fais-je en battant des paupières. « Oui, tout va bien. J’ai eu une absence, pardonne moi. Que me disais-tu ? »

code by valhdia

Sam 21 Oct 2023 - 11:53

Don't know how to shine brighter than you are to my eyes

Capoue, 345 avant J.-C.

Le sourire de Calpurnia suffit pour chasser les ombres et attirer mes lèvres. Elles ont toujours le même goût sucré, odeur envoûtante et douceur sensuelle et rassurante. Pourquoi, alors, est-ce que je ressens une distance dans son souffle ? J’ignore mes doutes en plaçant mon front sur le sien, cherchant sans ses yeux de la chaleur plutôt que des doutes.

Tu allais juste me dire que je n’avais rien à craindre parce que tu me protégerais pour toujours.

Est-ce mon corps qui est blotti contre le sien ou l’inverse ? Dire que nous sommes l’une contre l’autre semble tentant mais il est si tôt pour utiliser ce pronom. Tout va si vite mais aussi si naturellement : cela fait bien longtemps qu’aucune illusion n’a été nécessaire pour qu’une âme s’ouvre à moi aussi profondément. J’ai eu l’habitude de voir les ombres de la lumière, en Perse comme à Lesbos, mais la lueur des ténèbres qui brillent dans l’organisation de Calpurnia est de loin la cause la plus resplendissante que j’ai jamais servie.

Tu voulais me dire que demain nous combattrons l’ignorance aux côtés de tes sœurs, qu’avec le Soleil nous chasserions les aigles qui veulent nos innocences, mais que la Lune n’est là que pour nous deux.

Devrais-je résister davantage ? Mes doutes ne méritent-ils pas plus de considération ? Mes peurs peuvent-elles êtres guéries si vite ? La gorgone semble me dire oui. Les amours que j’ai tant chantées sur les rives de l’Ionie et gravées sur celles de Suse, je peux enfin les vivre. Je peux enfin plonger mes yeux dans l’écarlate d’Ishtar, sentir le parfum d’Isis et boire le nectar de Vénus. Vanth triomphera là où ses ancêtres n’ont goûtées que des cendres.

Et, je crois bien que j’allais te dire que j’espérais que la Lune ne se couche plus jamais pour pouvoir t’embrasser à jamais.

Je ne suis peut-être pas une gorgone télépathe mais on ne ment pas à Aphrodite.

queens of the sky

moon & vanth

☾

A falling star fell from your heart and landed in my eyes. I screamed aloud, as it tore through them, and now it's left me blind. The stars, the moon, they have all been blown out : you left me in the dark. No dawn, no day, I'm always in this twilight in the shadow of your heart.

TW : pression psychologique toujours, sexualisation

Des lèvres rondes se posent sur les miennes, dans une saveur de miel ardent prêt à se couler contre moi. Tes sanglots muets m’empoisonnent, m’empêchent de saisir la préciosité de ce moment inénarrable. Vanth est proche, son souffle tranquille s’appuie contre mon visage blême, et tu ne peux pas te retenir de me harceler mentalement.
Tais-toi, Calpurnia.
D’elle, je sens aussi la passion qui parcourt sa peau délicieuse. Ses yeux sont profonds, délicats ; ils ne demandent qu’à contempler l’enveloppe que je t’ai ravie. Sondant la mémoire de mon hôte, je capture des explications. Vanth est djinn, Vanth t’accompagne depuis quelques mois déjà dans ta quête, Vanth est sublime et envoûtante. En quelques battements de paupières, je vois la douceur infinie qui s’est nichée dans votre histoire. Pour un peu, je m’en voudrais presque d’être ainsi venue l’interrompre. Presque.
Car désormais, Vanth sera mienne. Sa peau sera contre mon corps, ses yeux glisseront sur ma personne et, quand tu auras cessé de lutter, nous trouverons peut-être un moyen que mes prunelles le cèdent aux tiennes lorsque tu me le demanderas. Pour l’instant il n’y a qu’elle, que moi, que la nuit encore jeune et cette pulsation chaleureuse qui s’anime au creux de mon ventre.

Mon front collé contre le sien, je porte une main à sa joue pour en savourer la douceur. Le grain est parfait, la texture pure et l’endroit embrassable à souhait.
« Je ne sais plus ce que j’allais te dire. » je confesse d’une voix tranquille qui fait vibrer toute ma poitrine. « Mais les mots que tu m’attribues semblent parfaitement convenir, ô ma beauté. »
De l’extérieur, rien n’a changé et rien ne changera jamais. Ton apparence est restée la même, aussi pure et brune que jamais ; c’est en interne que notre guerre se livre au milieu des reflets. Tu voudrais ta liberté, Calpurnia, tu me dis que tu préfères mourir plutôt que de n’être spectatrice d’une vie qui ne m’appartient pas. Ce que tu peux être dramatique ; voudrais-tu réellement que Vanth pleure ta mort, elle si éperdue ? Voudrais-tu que les graines semées lorsque tu contrôlais ce corps soient perdues à jamais demain, quand tes suivantes apprendront que leur leader a rendu les armes ? Est-ce réellement ça que tu veux, Calpurnia ?
Vanth mentionne plusieurs fois la Lune, et je ne peux m’empêcher de sourire. S’il en fallait encore un peu, je vois ses paroles comme un signe que je me suis bien incarnée. Or, donc, je cueillerai cette nuit et les plaisirs qui en découlent.
Mon pouce dessine tendrement la courbe de sa lèvre inférieure quand je me laisse aller à dire.
« La Lune ne se couche jamais réellement, mon aimée. Elle est toujours auprès de nous, elle veillera sur notre futur comme je veillerai sur tes jours. »

Et moi, puissante Lune descendue sur terre, j’imprimerai mon nom dans sa chair jusqu’à ce que, tremblante, elle soit mienne.

code by valhdia

Don't know how to shine brighter than you are to my eyes

Capoue, 345 avant J.-C.

La Lune est éternelle. Son éclat blanc se cache parfois, disparaît une fois par mois, mais il revient de plus belle. Elle revient toujours et règne dans l’obscurité. Elle seule soigne les jours et pour toujours arbitre les beautés. Les jours sont aux hommes, salement virils, mais les nuits grâce à elle sont douce et subtiles. Pour toutes les femmes, elle est ce grand bouclier d’argent.

Pas aujourd’hui, cependant.

Tu n’es pas Calpurnia.

C’est dit avec douceur, presque dans un murmure, car si je pense à la douleur j’irai immédiatement dans le mur. C’est prononcé sans surprise, à peine anesthésiée par l’horreur, le chagrin n’est pas encore de mise, de la mort seulement maintenant c’est l’heure. Mes doigts se glissent sur un couteau, ma main se plaque sur ses yeux. J’essaye d’oublier à quel point ils sont beaux, je chasse de moi tout ce que je veux. Elle m’avait dit que ça arriverait, que nos esprits seraient des proies, que nos coeurs devaient être prêts et nos adieux prompts et froids. La lame sous son cou n’a pas la même froideur ni mes larmes tombant sur ses joues sans couleur : la Lune n’a pas su veiller sur nos joies, ni Hécate protéger nos ébats.

Il y a un monde où on se retrouvera.

C’est tout ce que je peux espérer. Que cette immortalité tant détestée, cette malédiction de la vie, me laissera un jour près de ma mie.

queens of the sky

moon & vanth

☾

A falling star fell from your heart and landed in my eyes. I screamed aloud, as it tore through them, and now it's left me blind. The stars, the moon, they have all been blown out : you left me in the dark. No dawn, no day, I'm always in this twilight in the shadow of your heart.

tw : manipulation, simp/fascination malsaine, bref c’est moon quoi.

La lame sur ma gorge est une surprise élégante. Un peu dépourvue de finesse, soit, mais elle n’en est pas moins agréable. J’aime à songer qu’il y aura toujours des femmes prêtes à prendre les armes, à défendre ce en quoi elles croient avec toute la force qu’elles ont. Si tu lâches un glapissement dans l’arrière-boutique de mon crâne, celui-ci ne daigne pas franchir le triste rempart de mes lèvres.
A sa place, la rose de ma lippe indignée s’ourle dans un sourire de joie que je tends à la combattante.
« Non, je ne suis plus seulement Calpurnia. »
A quoi bon le nier ? Elle le sait. Ma comédie n’était pas suffisamment convaincante, je ne te connais pas encore assez pour faire une copie suffisante ; une leçon dont je tire les fruits pour mes incarnations suivantes. Je suis encore Calpurnia sans l’être, je ne suis qu’un ajout de taille à la faiblesse de ton cerveau.
Elle ne devrait pas en être surprise, au vu de son propre palmarès. Je réplique donc, sans la moindre colère.
« Mais tu es plus que Vanth, également, ô ma somptueuse immortelle. »

Calmement mais fermement, je pose une main sur son poignet et écarte sa main glacée qui tentait de me plonger dans l’ombre. Aveuglée par la nuit artificielle de ses doigts parfaits, je ne pouvais croiser son regard. Je sens bien qu’elle résiste un peu, mais l’air que je lis dans ses yeux est éploré plus qu’autre chose, incapable de faire le deuil d’une femme qui tient encore debout.
Ma voix se fait suave et douce tandis que, depuis son poignet, je remonte le long de son bras en une caresse que, trop de fois, tu as menée jusqu’à son coude. Mon regard ne trahit aucune hésitation, aucune peur. La mort n’est qu’un concept pour moi, quelque chose qui n’existe pas et ne parvient pas à m’effrayer même en me fixant dans les yeux.
« Si je te voulais le moindre mal, à toi, à Calpurnia ou à la cause que tu défends, tu serais déjà de retour dans les ombres de ton Purgatoire, djinn. »
C’est, tristement, la vérité ; je n’aurais eu qu’à allonger les ombres et enserrer sa nuque avec, pendre son corps à des supplices qu’elle ne saurait imaginer.
« Alors, bien sûr, tu peux trancher la gorge de ta gorgone dont la conscience est encore là, tremper tes mains dans son sang et vous meurtrir infiniment. Tu peux. Laisse moi simplement te dire que cela ne m’empêchera pas de revenir, dans dix secondes ou dans dix ans, plonger mon regard dans le tien. Mais je ne t'en empêcherai pas ; tu peux. »

Car je reviendrai, Vanth, et tu peux en être certaine. Mes yeux tentent de te le confesser ; tu m’as intéressé.e. Rares sont les âmes qui ont su faire, en quelques palabres à peine, naître un aiguillon de curiosité dans mon esprit déjà si las. Tu es sublime, Vanth, tu es belle. Ta beauté ne tient pas seulement à la courbure brune de tes traits, aux doux abandons de tes hanches dans les souvenirs de Calpurnia. Non, elle est bien plus profondément ancrée dans ce corps à peine bien tangible. Tu es belle car tu es puissante, tu es belle car tu es croyante, et je veux jouir de cette beauté jusqu’à ce qu’elle vienne à se tarir. Dussé-je être la source ardente de ce fléau qui t’assèchera, je viendrai épouser ton âme sur des constellations entières. Vampiresse de ce que tu es, je prendrai sans demi-mesure et, si nous l’acceptons toutes deux, il ne demeure plus qu’une question.
Que me laisseras-tu te donner ?

« Ou alors, tu peux succomber à la curiosité qui te tiraille et me demander qui je suis. »

code by valhdia

Dim 21 Jan 2024 - 12:07

Don't know how to shine brighter than you are to my eyes

Capoue, 345 avant J.-C.

Un sourire face à une lame est assez rare pour retenir mon ire. Mes lèvres, elles, sont retroussées par une haine qui me protège momentanément du désespoir d’avoir perdu Calpurnia. Toute l’éducation que Sappho m’avait donnée était tournée vers elle, vers ce soleil triomphant d’un amour qui transcende les noirceurs du vide dans lequel j’ai passé trop de temps, la perte de mon foyer et la lente réalisation que tous les hommes ne cherchaient qu’à abuser de mes pouvoirs et de mes compagnes. Aussi vite qu’une éclipse, elle m’avait été arrachée, prise par cet être dont chaque mot brûle de sadisme et de désir.

Une partie de moi est intriguée de voir d’une si petite bouche sortir les menaces méprisantes d’un tyran mais le reste est horrifié d’entendre la voix que j’ai tant aimée être à ce point incapable d’empathie et de conscience. Elle parle avec des mots que j’ignore et se prétend une alliée mais le sujet est aussi clair que peu original : elle se croit supérieure à tous les Olympiens mais ne résiste pas au charme d’une humble servant d’Aphrodite.

J’ignore ce qu’est la « djinn » dont tu parles. Et je sais tout ce que j’ai à savoir sur toi : tu aimes t’écouter parler et ne respecte d’autres vies que la tienne.

Mes mères m’avaient dit que mon père était un daimon, un intermédiaire entre le divin et l’humain, qui apportait l’extraordinaire sur Terre mais qui pouvait aussi y réveiller les Enfers. Je partage certains de ses pouvoirs et probablement que le parasite de Calpurnia aussi, à moins qu’elle ne soit une de ces créatures infernales qu’on disait vaincue et rejetée dans le Tartare. Qu’importe : elle n’est pas celle qui m’inquiète en cet instant. Dans son monologue, elle a laissé passer une information essentielle.

Tu dis que la conscience de Calpurnia est toujours là. Que dois-je faire pour que tu la lui rende ?

Je ne m’inquiète pas de savoir au bout du compte qui est celle qui se met entre mon amour et moi : là on nous ne brûlons que l’une de l’autre, ce genre d’être ne brûle que de parler de soi.

Sam 23 Mar 2024 - 19:23

queens of the sky

moon & vanth

☾

A falling star fell from your heart and landed in my eyes. I screamed aloud, as it tore through them, and now it's left me blind. The stars, the moon, they have all been blown out : you left me in the dark. No dawn, no day, I'm always in this twilight in the shadow of your heart.

« Cela est impossible. »
Là sont les seules règles du jeu que je ne m’échine pas à plier. Ma voix est blanche comme la neige triste qui recouvre tous ces souvenirs, aussi émue que je puisse l’être avec mon éternité sur les bras. J’ai pu faire ployer des empires à la simple force de mes mots, mais je ne peux pas déserter un corps que j’ai pris pour autel. Ou, du moins, sans le détruire au passage – quelque chose me fait soupçonner que ce n’est pas ce que tu veux, Vanth.
« Ma conscience et celle de Calpurnia sont désormais emmêlées, toutes deux les occupantes de ce corps dans lequel je me tiens. » Ô djinn qui s’ignore encore, immortelle au sang mille fois renouvelé, il est des destins que moi-même n’ai pas le pouvoir d’infléchir. Mes explications sont douces et lentes, comme on cajôlerait une enfant après de bien trop longs caprices. « Calpurnia peut continuer à vivre, pourvu qu’elle accepte cette cohabitation. Le jour où elle aura atteint la péremption de son enveloppe ; alors seulement, je m’en irai. Mais, à l’inverse, si je fais le choix de déserter – pour l’épargner, pour te la rendre –, son corps sera instantanément détruit et, j’en ai peur, sa conscience avec. »

Une ombre passe sur mes traits. Déposée ainsi aux pieds de Vanth, la condition de mon existence semble absurde : un éternel recommencement et la certitude que, quoi qu’il arrive, je finirai par consumer les hôtes qui daignent m’accueillir. Je dois paraître bien cruel·le à m’approprier des visages qui sont bien loin d’être le mien.
Mais si je n’ai même plus cela, qu’on me dise quel est mon visage. Je ne peux plus me contenter du néant glacé de l’espace, du silence absurde et trop noir dans lequel mon corps astral repose – l’infinité de ces instants ne sera bonne qu’à m’effrayer.
Le sourire qui se peint sur mes traits est presque désolé, tant j’aimerais apporter autre chose à la lourde détresse qui pèse sur les traits ciselés de la djinn. Malheureusement, je n'ai que mes desseins ; il lui appartient de les refuser mais, hélas pour elle, pas de les contrer.
« Tu n’as pas à faire le deuil de ta gorgone. Pourvu que tu m’acceptes aussi. »

code by valhdia

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