Got blood on your hands, how do you plead ? - Zephyr

Ariadne t’attends dans le grand salon. C’est tout ce que lui avait dit Faolan avant de lui poser une main sur l’épaule et de sourire tristement. Les quelques jours passés n’avaient pas encore atténués la douleur de la famille suite aux évènements de la Rose Noire et chaque échange était rempli de tristesse ou de colère, ou des deux. Zephyr s’était beaucoup isolé. Affronter le regard de ceux qui l’appelaient fils ou frère était devenu trop compliqué. Il n’avait pas le courage d’être dans la même pièce qu’eux et de partager leurs frustration. Pas le courage de continuer sans mensonge en observant la peine qu’il avait causé. Car tout ça était de sa faute. Il en avait conscience. Il avait faillit partir, prendre ses quelques affaires et quitter la ville, comme il avait toujours si bien fait. Il ne savait pas bien ce qui le maintenait encore ici. Quand ils sauraient, ils le mettraient dehors. Quand les Chasseurs apprendraient qu’il avait été trop lâche pour réellement participer à la bataille, ils le tueraient. Dans tous les scénarios possibles, son avenir n’était qu’un sombre nuage rempli de tourments. On ne fuit pas longtemps son destin, il vous revient toujours très facilement en plein visage. Zephyr avait fuit trop longtemps. Vécu une vie qu’il ne méritait pas trop longtemps. Dansé entre le bien et le mal trop longtemps. Quand il avait fait le chois d’ouvrir cette porte, il avait par la même occasion fermé celle que les Riverwood avaient ouverte pour lui, s’enfermant dans un étau de misère dont il était, encore une fois, le seul responsable.

Ariadne l’attend et pendant un moment, il se dit qu’il n’ira pas la voir. Il ne pourra pas mentir en sentant sa présence et sa grandeur. Ariadne avait toujours été fascinante avec une grandeur qu’il n’avait vu chez personne. Il ne pourrait pas supporter de lire le dégoût et la déception sur ses traits. Pourtant, la main sur la poignée, il reprend son souffle. Il ne courrait pas assez vite pour semer un dragon. Il pourrait encore tenter de mentir. Il avait passé ça vie à ça. Il pourrait peut-être tenter sa chance.

La musique qui baigne la pièce lui glace le sang. Il ne saurait dire si elle est belle ou non, mais pour lui, elle ne fait que rajouter à son angoisse et au caractère dramatique de la scène qu’il s’apprête à vivre. Il ne sait pas comment elle a pu l’apprendre, mais il se doute que si leur mère veut le voir, ce n’est pas pour parler du mauvais temps. Il hausse les épaules, s’assoit avec prudence sur le fauteuil en prenant soin de ne pas être trop près d’elle. Il a l’impression d’être un animal sauvage pris au piège devant les phares hurlants d’une voiture. Pourtant, peut-être reste-t-il encore une faible chance qu’elle se sache rien, il se dit pour se donner du courage. « Ca me fait plaisir aussi. » Il dit en contrôlant sa voix pour qu’elle ne tremble pas. D’un geste maladroit, il attrape la théière et rempli les deux tasses qui les attend sans oser croiser le regard de sa mère mais en sachant pertinemment qu’elle doit le fixer. « Fao m’a dit que tu voulais me voir ? » Il demande en plongeant lentement un sucre dans le breuvage fumant. « J’allais sortir, mais si c’est urgent … » Il ment en remuant sa cuillère dans sa tasse. Tout pour ne pas rester immobile, pris au piège.