chasing their tails trying to track us down ⍦ llyr & scyver & arcadia

2 avril 2022 - pennsylvanie

Llyr.

Jamais son prénom n’avait sonné aussi grave. Lui eut-elle servi du monsieur Asherah, voir du agent, sans doute l’ampleur de la discussion à suivre se serai-ellet trouvée toute autre. C’était ce prénom, cette simple syllabe, ces trois sons, qui avaient donné au triton la certitude pleine et profonde qu’il se passait quelque chose de grave. A la seconde où l’agente Barbosa avait passé la tête dans l’embrasure de porte de son bureau et prononcé son prénom, il avait su que c’était fini.

Nous les avons trouvés.

A toute allure sur les routes de campagne qui séparaient Washington du cottage isolé de Scy', Llyr repassait en boucle tout ce qu’il avait fait de mal. L’urgence le prenait à la gorge comme une poigne faite pour l’étrangler et qui ne s’en cachait même pas. La Tesla filait sans jamais vraiment ralentir, coupant chaque virage à la corde tandis que l’esprit du triton se repassait la discussion.

Je ne comprends pas bien pourquoi vous venez me donner cette information, Arcadia.

A dire vrai, il ne s’était même pas préoccupé d’où Scylla et River pouvaient bien être. Depuis leur départ, il avait erré comme un fantôme sans chercher à les retrouver, convaincu qu’il lui valait mieux faire son deuil plutôt qu’espérer. Son mariage était enterré avec l’amour si tendre et fou qu’il avait toujours pour River. De leur trio indivisible, ne restait que ce duo en fuite et lui, le diodon de la farce, enfermé dans son quotidien comme un loup de mer dans une nasse.
Désormais, il lui avait suffi de se poser la question pour que la réponse apparaisse comme une évidence. Bien sûr. Le cottage faisait l’endroit parfait : isolé, reculé du monde, investi par Scylla il y avait des années de cela lorsqu'elle avait besoin de prendre l'air.
Il n’y avait rien de surprenant à ce que le Bureau ait fini par remonter la piste, retrouver l’acte de propriété, éliminer les autres pistes pour que le chemin mène tout droit jusqu’à la jolie maisonnette. S’il s’en était préoccupé plus tôt, il ne serait pas en train d’enfreindre toutes les règles du code de la route pour arriver là-bas plus vite.

Notre équipe d’intervention s’y rendra demain ; j’aimerais vous proposer de nous accompagner.

Derrière le rugissement du moteur, un bruit peut-être encore plus fort s’agitait dans les tempes grisées par le trop-sérieux du triton. Il n’avait pas revu son frère depuis des mois et Scylla depuis des semaines ; à vrai dire, depuis que les deux étaient devenus fugitifs par sa faute, Llyr avait eu trop honte de lui pour oser ne serait-ce qu’effleurer ses sentiments à leurs égards. La colère, bien mauvaise compagne, rampait sans jamais l’embraser tandis que les flots de sa peine venaient peupler sa solitude. La seule certitude poignante, dévorante, qui lui transperçait l’abdomen à mesure que ses pneus d’hiver affrontaient les routes accidentées des montagnes de Pennsylvanie, fut qu’il ne supporterait pas de les voir captifs par sa faute.
Alors, puisque le FBI avait eu la grâce de l’avertir la veille du rapt, il n’avait pas plus réfléchi en se mettant derrière le volant.
S’il l’avait fait, il se serait rendu compte que le raisonnement ne tenait pas debout, qu’Arcadia était bien trop fine pour dévoiler ainsi ses cartes. Rongé d’inquiétude et de culpabilité, il ne voyait plus le panneau dans lequel il fonçait avec hâte, malmenant l’accélérateur autant que son rythme cardiaque.

Vous accompagner pour vous voir mettre sous les verrous mon frère et ma meilleure amie ? J’avoue ne pas vraiment y tenir.

En déclinant la proposition d’Arcadia, il s’offrait quelques heures de plus pour prévenir, pour leur dire de fuir. S’il avait bel et bien raison et que le couple se trouvait là, ils auraient ainsi le temps de partir. Si jamais ils n’étaient pas là, alors il n’y avait aucun moyen que le FBI puisse détenir plus d’infos que lui-même n’en avait.
Lorsque les pneus de la Tesla crissèrent sur l’allée en gravier, Llyr prit à peine le temps d’enclencher le frein à main avant de jaillir de la portière conducteur comme un diable sortant de sa boite. Ses chaussures de ville, peu adaptées au sol terreux de la petite cour, le pressèrent vers le porche en bois d’où il apercevait sans peine des lumières allumées à l’intérieur. Avant même d’atteindre la porte, il hurlait déjà à plein poumons, aiguillonné par cette urgence qui refusait de le quitter.
« RIVER !!! SCYLLA !!! »