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Borée Villacota
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Pseudo / Pronoms : Valhdia / elle
Messages : 334
Âge : 32 ANS (01/01/1990) ❁ elle pensait pas vivre aussi vieille
Nombre de dés : 3 dés + 1 dé pile/face
Résidence : SEATTLE ❁ par nostalgie du bonheur perdu
Profession : MAJOR O-4 dans l'armée américaine ❁ JUSTICIERE la nuit dans les rues, sous le pseudonyme de VIRAGO
Faceclaim : Mary Elizabeth Winstead
Pouvoirs/capacités : ZOUWU métamorphe et empathe ❁ pouvoirs usés par les larcins, GLITCHS quand elle tente de les utiliser ❁ formes favorites : lynx & caméléon
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Mar 2 Jan 2024 - 23:00
compelled to write with aching fearful hands
borée burrows - juin 2006

I am one of hundred thousand paying all that we can pay, standing for an object we can't see. Now raise our children proudly to be gracious for each day and remind them of the reasons they are free.


tw : déni de grossesse, accouchement, abandon d'enfant, ouin.

Il fait si terriblement froid.
Les néons sales de l’hôpital ont cédé gracieusement leur place aux lampadaires des rues sordides. C’est maman qui a ouvert le portail ; tu t’es contentée de plonger dedans avant que le médecin revienne. Désormais, te voilà catapultée en pleine rue, là où tu dois faire attention à ce qu’aucun passant ne heurte le précieux chargement de tes bras.
T’es faible, Borée ; tes jambes te tiennent à peine debout, t’as les bras tremblants à porter les deux choses les plus importantes que t’aies jamais eu à toucher, même ta tête tourne face à la ville et son assourdissant vacarme.
« You sure about this, bee? »
Comment est-ce-que tu pourrais être sûre de quoi que soit ? Derrière le rideau de tes larmes, tu repasses en boucle les dernières vingt-quatre heures. La Douleur foudroyante dans le ventre, de celles qui méritent une majuscule parce qu’il y a de très très grandes chances que tu ne connaisses plus jamais un mal de bide aussi terrible. L’affolement de maman, son regard supplicié à franchir la porte des urgences quand elle sait très pertinemment que vous n’avez pas les moyens de rembourser les frais de santé. La sensation de te déchirer de l’intérieur, à entendre le médecin parler à voix basse de déni de grossesse. Tes hurlements qui résonnent à tes propres oreilles sans comprendre ce qui se passe, quand on te dit qu’il est trop tard, qu’il va falloir pousser, maintenant.
Et que tu vas être maman.

« N-no. No, I’m not. »
Les sanglots reprennent à nouveau, agitent ta poitrine bien trop maigre pour supporter les deux bambins que tu tentes de ne pas brusquer.
La main de maman glisse dans ta nuque, colle ton front contre la peau de son cou. Incapable de prononcer le moindre mot, tu restes de longues minutes là, au milieu de la rue, à laisser les larmes sur tes joues s’écraser contre sa clavicule et tes épaules soubresauter sans pouvoir jamais t’arrêter.
« I’m scared, mom. » tu articules entre deux bris de voix.
Tu ne crois pas vraiment en Dieu, ni en quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs, mais il y a sans doute des démons dans l’ascendance de tous les Burrows pour que le karma se résigne à revenir sans cesse à la charge. Vous vous consoliez quelquefois en songeant que la foudre ne frappe pas aussi souvent au même endroit, qu’on ne peut pas encaisser sans cesse sans jamais remonter la pente. C’est ce que tu disais aux petits, en caressant les cheveux de Notos lorsqu’il peinait à s’endormir. Les bras d’Euros, autour de ta taille, et le regard inquiet de Zephyr agissaient comme des calmants profonds et tu te prenais presque à y croire.
Mais la foudre a frappé, encore, et tu te retrouves à seize ans écrasée par le rocher de Sisyphe que tu tentais de remonter.
« I know. » elle te répond, maman, sa voix douce comme du coton blanc sur les plaies de tes genoux d’enfant. « It’s okay to be scared, honey. »
La seule pensée qui t’obnubile, c’est que Joah ne doit jamais savoir.
S’il apprend pour les gamins, il tentera de leur mettre le grappin dessus, et il a tant d’emprise sur toi qu’il en aura aussi sur eux. Une vie meilleure, c’est ce qu’ils méritent ; ils peuvent pas l’avoir sous sa coupe.
Malheureusement, ils ne l’auront pas non plus sous la tienne.

Une mère, c’est ce que t’avais pas prévu d’être. Atlas aux épaules anémiques, tu mettais ton aménorrhée sur le compte de toutes tes carences, tes nausées sur le dégoût du monde qui te prend aux tripes chaque matin. T’avais déjà assez à penser avec tes adelphes, avec ton père et sa colère, avec ton ex et sa violence ; rajouter une variable de plus à l’équation de ta vie frêle semble un peu trop aléatoire. Le destin a une manière comique de gérer les choses, quand au lieu d’une bouche à nourrir il t’en apporte deux de plus. Vous êtes déjà six, à rallonger la soupe indéfiniment jusqu’à ce qu’elle ait le goût de flotte, à vous passer les mêmes vêtements rapiécés de si nombreuses fois qu’on ne se rappelle plus de leur apparence originelle, à vous blottir sous la même couverture pour ne pas grelotter face aux factures trop élevées du chauffage qu’on vous a coupé. T’as déjà pas de place pour toi, comment pourrait y en avoir pour eux ?
Une mère, t’aurais peut-être bien pu en être une dans d’autres circonstances, Borée. Après tout, t’as eu un bon modèle ; y a qu’à voir la tendresse immense avec laquelle Daphne repasse son bras autour de tes épaules. Maman, elle a su être la tienne pour que tu sois celle des trois autres, elle a passé tout ce qu’elle pouvait afin que, si elle meurt à la tâche, les petits soient pas sans défense. Elle te l‘a dit très sérieusement, un jour, « quand je serai plus là, borée, tu t’occuperas de tes frères et sœurs ». T’avais sept ans mais t’avais déjà compris que t’étais plus adulte qu’enfant, plus aidante que trop insouciante, plus appui profond que petite fille.
Une mère, c’est ce que tu seras à jamais, maintenant. Les deux nourrissons sont minuscules et, même en les laissant derrière, t’auras toujours ces quelques heures gravées dans le sel de tes larmes. Ils sont si petits, tous les deux. Si petits que ça te surprend pas que ton ventre ait jamais gonflé ; ils ont besoin d’un vrai foyer et, ça, tu peux pas leur offrir.
Qu’est-ce qui fera de toi leur mère, lorsqu’ils regarderont en arrière et n’auront rien d’autre de toi que quelques tares génétiques ? Les glitchs, peut-être. Ces côtes saillantes, ces muscles fragiles. Peut-être quelques cheveux bouclés – sauf si Joah a pris le dessus. Rien de plus. Tu ne seras plus rien. Seulement un souvenir inexistant, un instinct qu’on a pas vraiment, une absence qu’on hait ou qu’on pleure pour des maux qu’elle nous fait subir, sans jamais réellement savoir les maux qu’elle nous a épargnés.

Vous êtes devant l’orphelinat, maintenant. Il fait nuit. La porte est fermée.
Maman a trouvé un couffin et vous les avez posés là, tous les deux, blottis l’un contre l’autre sous une couverture assez douce. Ton empathie se fraie un chemin vers eux, éteint la pointe d’appréhension qui grimpe déjà chez le garçon. Comme de la pâte à modeler, tu leur insuffles la sérénité de traverser toutes les épreuves dont tu ignores tant la teneur.
La seule chose que tu sais, c’est que ça vaut toujours mieux que toi.
T’as rien à leur offrir, à ces mômes ; tes paumes sont vides et ton cœur encore lacéré par les griffes d’un plus fort que toi. T’aimerais te dire qu’un jour, tu pourras les retrouver et pleurer de fierté cette fois face aux adultes qu’ils seront devenus. Mais c’est même pas ce que tu leur souhaites.
Tu leurs souhaites de s’éloigner de cette ville de misère, de cet héritage de malheur. De trouver une famille aimante, de ne jamais se séparer. Tu leur souhaites de vivre des fous rires, des journées entières en pyjama, de ne pas travailler trop tôt et de pas se coucher trop tard. Tu leur souhaites d’avoir seize ans, un jour, aussi, et de jamais en arriver aux extrémités où tu trouves et qui creusent lentement ton bide. Tu leur souhaites de ne jamais avoir peur, de ne jamais avoir faim. Ils ne comprendront pas, peut-être ; ils t’en voudront un peu, sûrement. Mais tu restes persuadée qu’en grandissant, ils comprendront et, si un jour tu les recroises, tu ne verras pas tes enfants mais de beaux adultes accomplis qui ont eu une enfance heureuse.
T’arrêtes pas de pleurer, Borée, mais c’est peut-être l’idéalisme qui t’aveugle le plus maintenant.

« C-can I…? »
Pas besoin d’en dire plus. Maman a compris. D’une distance respectueuse, elle te regarde t’asseoir sur le parvis, arracher une feuille de papier au panneau d’affichage qui est là pour y griffonner quelques mots. Les seuls qu’ils pourront tenir de toi.
Joran, Aura,
J’aurais aimé vous garder près de moi. Je vous le jure. Mais je n’ai pas vraiment le choix. J’espère qu’un jour vous comprendrez.
Prenez soin l’un de l’autre.
Je vous aime tant.
De petites marques rondes s’écrasent sur le papier d’un jaune pastel, juste au-dessus de ces J que t’as bien du mal à tracer malgré des années d’entraînement. C’est ridicule. T’es ridicule, Borée, à pleurer une séparation d’avec des petits êtres étranges que tu ne connaissais même pas il y a de cela quelques heures.
Pourtant, t’as eu tort.
La Douleur, celle qui te troue le bide, c’est celle que tu connais maintenant en embrassant leurs fronts si doux pour la première et dernière fois. Tu pourras plus jamais être mère, tu le sens ; les cicatrices sont si profondes que tu t’en remettras jamais. Tu pleureras des litres entiers sans que tes adelphes comprennent. Chagrin d’amour, dira Daphne, et certainement que ce sera vrai. Aucun amour ne pourra égaler celui que tu ressens pour ces choses qui sont sorties de ton organisme, ces minuscules êtres de chair dont tu graves chacun des détails en négatif sur tes paupières pour pouvoir les regarder plus tard, sur l’écran noir de tes nuits blanches. Tu passeras ton temps à errer, à t’étouffer dans tes conjectures, tes hypothèses, tous ces ’et si’ qui auraient pu te faire du bien s’ils te siphonnaient pas la gorge. Tu tomberas amoureuse, sans doute, mais jamais tu ne t’autoriseras à oublier ces quelques instants sur les marches grises d’une ruelle laide.
Tu te répéteras un million de fois que tu faisais ça pour leur bien, pour leur donner une vie plus douce que celle que tu pouvais offrir mais, dans le plus noir des insomnies, t’es même pas sûre que ce soit le cas. C’est à toi de les protéger, et même si les protéger de toi te semble la meilleure des idées, peut-être bien que c’est la pire.
La vérité, c’est que t’es en train d’abandonner tes enfants.

Alors, tu hésites de longues secondes, le crayon suspendu en l’air, avant de plier la petite feuille et la glisser dans le berceau. Chaque pas te déchire, chaque mètre te coûte, et t’essaie de pas te retourner parce que si tu le fais tu sais bien que tu pourras plus les laisser.
Tu repenseras souvent à ces mots, les seuls que tu leur as donnés pour qu’ils apprennent à se construire. Tu te poseras beaucoup de questions sans jamais avoir les réponses. La plus violente de toutes, sans doute, est l’évidence qui te mitraille à chaque fois que tu y repenses.

Tu aurais dû signer Maman.


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